Bonjour. Oui, ça fait longtemps que je n'ai pas poster. J'ai eu un peu de mal avec ce chapitre. Je vous conseille donc de relire un peu les précédents chapitres, pour bien se remettre dans le contexte. Quoiqu'il en soit, bonne lecture et à bientôt pour un nouveau chapitre :
Chapitre VIII : Le Royaume des Morts
Asmaël observait fixement la porte qui se dressait devant lui. Hermétiquement close, celle-ci était gigantesque, et semblait ne jamais devoir s’ouvrir. Le Seigneur Démoniaque était absorbé dans de profondes réflexions, le regard levé vers ce défi de plus lancé par les dieux. Assis sur une pierre au loin, Aézir pensait également, serrant contre lui un bijou ayant appartenu à Lyria. Le décor du Premier Temple était propice à ce genre de réflexion : quiconque y entrait était accueilli par un silence paisible, bercé par une légère brise. Le Temple était en ruine, ses piliers qui autrefois s’élevaient jusqu’au firmament brisés, et le plafond manquait. La nef était était décorées par les statues des Dieux, et menait vers cette immense porte. Soudainement, cette paisible atmosphère fut interrompue par l’arrivée d’Anguila. Comme pour annonçer son arrivée, ses pas avaient résonnés dans l’enceinte de l’immense bâtiment. En arrivant, elle ignora totalement la présence du jeune berger, bien que celui ci reconnut la femme qui l’avait renseigné sur Asmaël, pour s’agenouiller devant son Maître.
“Maître, dit elle. Vous avez été suivis : un jeune homme, élu des dieux, accompagnés par un vieux fou sont sur vos traces.
-... je vois… A ton avis, dans combien de temps arriveront ils ?
-Ce n’est qu’une question d’heure à présent, Maître.”
Asmaël sembla réfléchir un instant, puis, relevant la tête, demanda :
“Penses tu avoir le temps de faire l’aller retour en si peu de temps ?
-Vous en doutez Maître, dit elle avec un air malicieux.
-Pas le moins du monde, Anguila.”
La Grande Prêtresse se mit soudainement à danser de manière étrange, sa voix devenant suraiguë. Sans qu’il sache pourquoi, cette danse rendait Aézir extrêmement mal à l’aise. Anguila acheva sa danse alors qu’elle se contortionnait de manière inhumaine. Aussitôt, une sorte de porte apparut derrière elle, et un sourire satisfait se fit sur son visage. Derrière cette porte, se trouvait une large étendue d’eau. Profonde, noire comme la nuit, vide, et baignant dans un silence assourdissant.
“Que… Où est ce que ça mène, demanda Aézir, interloqué.
-Je ne trahis jamais ma parole, répondit Asmaël. Anguila va s’aventurer là où si peu de mortels et immortels ont eu le courage de se rendre : le royaume des morts. Mais d’abord, chère ami, si tu le veux bien, l’attente a été longue…
- Tout de suite, Maître !”
Aussitôt, elle se dirigea vers la porte, et d’un simple coup de poing, celle-ci vola en éclat, créant un immense nuage de poussière. Derrière elle, se trouvait une statue assez grande. Elle représentait un être auquel il semblait impossible de donner un genre, ayant une taille fine, une musculature légèrement développée et de longs cheveux. La statue était vêtue d’un habit pourpre brodé de fil d’or, et semblait tout juste achevée malgré les siècles qu’elle avait vécu
“Enfin, dit Asmaël avec satisfaction… Cela faisait si longtemps.”
Aussitôt, l’espèce de fumée qui composait son corps se fondit sur la statue, la pénétrant, son âme acquérant ainsi une nouvelle enveloppe corporelle. Il eut alors un immense sourire de satisfaction. De ses mains, il tâta tout son corps, palpa la moindre parcelle de sa peau de pierre. Alors, il se retourna, lentement, vers sa servante : “ Bien, dit il, j’ai conclue un marché. Il est à présent temps de remplir ma part.”
Anguila s’agenouilla une derrière fois devant son seigneur, puis elle daigna jeter un regard sur Aézir, qui commençait à se sentir de moins en moins bien.
“Dis moi à quoi ressemble ta femme, lui dit elle d’un ton sec.
- Elle…. Elle avait une peau semblable à la mienne, et de longs cheveux noirs et bouclés… Elle… Elle.”
Après avoir lever les yeux au ciel, l’étrange femme, si c’en était bien une, posa ses deux mains sur les tempes du jeune berger, qui semblait perdu. Elle les retira rapidement, puis lui dit d’une manière tout aussi froide :
“Je reviendrai rapidement avec l’âme de ta femme.”
Puis, elle s’engouffra dans la porte qu’elle avait créé. Devant elle, il y avait cette immense étendue d’eau, et au loin, à peine visible, la berge opposée. Anguila se dressait devant le nouveau à côté d’une des nombreuses portes reliant Corterra à ce sombre royaume. Sur premier obstacle du royaume des morts. Autour d’elle, des centaines, des milliers d’âmes affluaient vers leur dernière destination. Celle-ci marchaient à pas lents sur cette eau, sans créer la moindre onde : voilà qui différenciaient les morts des vivants. Sitôt qu’un être vivant poserait ne serait-ce qu’un orteil sur cette eau, il coulerait à l’intérieur, pour émerger à côté d’une des nombreuses portes qui reliaient Corterra à ce royaume particulier. Sur l’autre berge se trouvait une porte, gigantesque : celle-ci menait au Purgatoire, où les âmes étaient jugées par le dieu de la mort en personne, Deathanatos. Anguila était entrée dans son domaine, et allait devoir jouer avec ses règles. Par delà cette porte, s’en trouvait trois autres : une menant au Tribunal des mes, les deux autres menant vers les Enfers ou les Délices, selon le choix de Deathanatos. La résurrection des morts étaient formellement interdite, et Anguila s’exposait donc à un danger immense. De plus, les Faucheuses, créatures dérangeantes crées par le dieu de la morts, erraient dans son royaume, traquant les vivants ou les âmes qui chercheraient à revenir à la vie. Anguila sourit à la perspective de tous ces risques qu’elle allait braver. Aucun être humain ne pourrait franchir tous ces obstacles. Mais cela faisait quelques siècles qu’Anguila n’était plus un être humain.
Tout d’abord, elle se mit à flotter quelques centimètres au dessus du sol, survolant l’étendue d’eau sans la moindre difficulté. De toutes manières, pour les être tels qu’elle, les véritables épreuves se trouvaient au delà de cette porte. Elle pénétra l’entrée du Royaume des Morts d’un pas rapide et assuré. Derrière cette porte, toutes les âmes défuntes attendaient leur jugement. Certaines pleuraient, émettant des lamentations lugubres, d’autres attendaient dans le silence, le regard fixe et hébété. Anguila passa sans jeter un regard aux défunts, et pénétra dans les Délices, cet endroit supposément rempli de tous les bonheurs qu’il soit possible d’apporter, où les âmes des morts pouvaient même se délecter de nectar et d’ambroisie. Une fois entrée, Anguila se sentit immédiatement menacée : il fallait retrouver cette âme, et il fallait la retrouver vite, sous peine de devoir subir le courroux des Faucheuses. Anguila avait devant elle une plaine gigantesque, sur laquelle se dressaient de multiples palais abritant les âmes. Il y en avaient des millions, des milliards même ! Comme le disaient les légendes de multiples délices entouraient ces palais : des fontaines d’eau limpide, d’immenses buffets où se trouvaient cornes d’abondances ou ambroisie ; les mets les plus délicieux qu’on pouvait trouver en Corterra ou ailleurs, et d’autres merveilles toutes aussi splendides. En revanche, Anguila n’osait imaginer ce qui attendait les âmes qui n’avaient pas été jugées dignes de cet endroit…
Dans ces rues, dans ces plaines, marchaient, s’amusaient des milliards d’âmes, venant de Corterra ou d’ailleurs, de toutes les planètes crées et régies par les dieux, et Anguila devait en sortir une, spécifique. Cette tâche semblait insurmontable, et Anguila devait se dépêcher : au loin, elle avait vu se glisser la silhouette malsaine d’une faucheuse. Ces créatures, hautes d’environ deux mètres, procuraient un sentiment de gêne à quiconque les regardait : des haillons noirs couvraient partiellement ces choses, et de ces haillons dépassait une chair blanche couverte de cicatrices. Leur visage était très grand, comparé à leur corps frêle. Une faible lueur apparaissait dans leurs grands orbites ténébreux, et une rangée de crocs dépassait de leur bouche, dénuée de lèvre, et qui semblait n’être que la trace d’une blessure. Enfin, elles tenaient dans leur main longue, pâle et griffue, une faux gigantesque, sertie de diverses ornements. Telle était l’apparence des gardiennes du royaume des morts. Anguila s’enfuit vite, courant à en perdre haleine dans les rues de cette immense ville. Petit à petit, les regard des âmes se faisaient pesants sur elle, et elle sentait qu’au loin, plusieurs Faucheuses s’étaient lancées à sa poursuite. La servante du Seigneur des Démons pressa d’autant plus le pas. Les Faucheuses étaient réputées pour être de redoutable guerrière, et Anguila ne pourrait combattre plus d’une Faucheuse à la fois. Elle établi une connexion avec cette âme, grâce aux souvenirs qu’elle avait lu dans l’esprit d’Aézir, et de ce fait, savait exactement où elle se trouvait, et par chance, elle était relativement près. Anguila courait à en perdre haleine, osant quelquefois un regard teinté de regret vers tous ces bonheurs auxquels elle ne pourrait jamais accéder. Mais tout cela représentait également tout ce qu’elle haïssait chez les dieux : ce luxe, cette opulence qu’ils s’offraient, mais qu’ils refusaient à ceux qu’ils ne jugeaient pas dignes d’y accéder. Ceux qu’il préférait enfermer dans les Enfers. Une race entière emprisonnée, scellée… Quelle cruauté, se disait elle.
Anguila, cet être froid, qui avait appris à réprimer toute émotion, ressentait pour la première fois depuis des siècles une peur sincère pour sa vie : plus elle approchait de l’âme de Lyria, plus elle sentait la présence des Faucheuses derrière elle, leur souffle arride et leurs rires cruels. Elle sentait leur regard de chasseur la traquer elle, la proie qui avait osé profaner leur domaine. Enfin, elle vit au loin l’âme tant convoitée : elle la regardait, la fixait comme on fixait une abomination. Ne faisant nullement attention à se regard, Anguila se rua sur cette âme, puis utilisa une invocation afin de retourner vers Corterra. Avant de disparaître avec l’âme de Lyria, elle eut tout juste le temps de se retourner, faisant face aux Faucheuses qui se ruaient sur elle avec une extrême rapidité. Cette vision hanta Anguila jusqu’à la fin de ses jours.
Finalement, celle-ci fut de retour devant son Maître, empoignant fermement l’âme de Lyria. Celle-ci était devenue inerte, et Aézir ne pouvait cesser de la regarder. Lyria avait une peau mâte, et de longs cheveux bouclés lui descendaient jusqu’au bas du dos. Asmaël s’approcha de cette âme, et délicatement, la pris dans ces bras. Il ferma ses yeux quelques instants. Soudainement, des os, du sang, un système nerveux, des organes.... tout cela apparut, formant une nouvelle enveloppe charnelle pour Lyria, identique à celle qu’elle possédait de son vivant. Puis, tout aussi délicatement, le Seigneur Démoniaque la posa sur le sol.“Ta femme se réveillera d’ici peu, dit il. A présent, il est temps d’honorer ta part du contrat : je sens la présence de l’Elu approcher, et il n’est pas seul… J’aurai besoin de toute l’aide nécessaire."