Aaah les cours dehors. Une semaine complète de cours itinérant dans le Massif Central. Entre autre. Le pied. Souvenirs, souvenirs.
Mon parcours, il date un peu. Mais pour la faire simple, mon but (depuis que je suis gamine) c'était de devenir paléontologue. Avec les informations du CIO de ma ville, j'avais très peu d'infos sur un cursus à suivre. Je n'avais réussi à trouver que le fait qu'il faille faire de la géologie, et qu'au niveau DEA (donc à bac +5) ça se passait à Montpellier. J'aurais eu les moyens actuels de me renseigner, j'aurais su qu'il y avait d'autres moyen d'y accéder, et surtout j'aurais ptet bougé plus tôt pour aller dans une fac plus orientée sur le sujet que celle près de chez moi.
Mais du coup, j'ai choisi d'aller à la fac (au grand dam de pas mal de mes profs de lycée "mais t'as le niveau pour faire une prépa !!") et d'aller faire de la géologie, pardon des Sciences de la Terre -et de l'Univers par la suite, ça s'est ajouté en cours de route- dans la grande ville universitaire de ma région. J'avais déjà un faible pour la géologie, j'avais beaucoup aimé les cours de 4e, et tout ce qu'on avait fait au lycée (particulièrement en spé SVT). Je vais pas faire croire que tous les cours étaient méga intéressants et que j'ai tout kiffé, mais sincérement, j'ai beaucoup aimé mes études. J'adore la géol, j'ai une passion pour la carto, j'ai aimé la tectonique. J'ai fait beaucoup de stages de terrain, principalement de carto (15 jours dans les Baronnies, à faire la carte géol de son petit secteur de quelques km², par exemple
) mais aussi de la sédimentologie, du métamorphisme, de la géophysique (taper au marteau sur une plaque de métal pour prendre la sismique du terrain, c'est cool). Donner du marteau, casser du caillou comme un bagnard, ramasser des fossiles.
Bref, DEUG, Licence puis Maitrise de Géol en poche, je cherche à intégrer le fameux DEA de paléontologie. Sauf que, quand on vient d'une fac pas spécialisée dans le domaine (en maitrise, j'avais carrément plus de pal du tout au programme) et qui donne des notes qui dépassent pas 14 (c'était la note de notre major en maitrise, et c'était loin d'être un abruti...), ben quand vous postulez dans une fac où les profs notent jusque 20, ça passe pas.
Du coup, migration dans le sud (
) pour compléter mon parcours pour essayer d'intégrer le DEA un an plus tard, et pour ça, j'ai fait une année de Maitrise de Biologie des Populations et des Ecosystèmes (BPE). Ce que je ne regrette pas le moins du monde. Ça m'a permis de me mettre à niveau sur tout ce qui était évolution et thématiques évolutives, tout en découvrant des tas de trucs intéressants (bon j'ai toujours eu la fibre naturaliste et soif d'apprendre, donc forcément, c'était cool). J'ai fait mon stage de maitrise dans le labo de pal, et à la fin de l'année, ayant eu des résultats plus que satisfaisants et ayant plutôt fait bonne impression au labo, j'ai été admise pour le DEA.
Année de DEA, année charnière sur tellement de plans. A la fois pro (c'est mon diplôme le plus élevé), avec à la fois la joie d'avoir bien réussi et m'être placée haut dans le classement, mais malheureusement pas assez pour décrocher une bourse de thèse (dommage, un sujet intéressant m'attendait, mais les financements dans la recherche, c'est un monde impitoyable...). Beaucoup de changement voire de chaos dans ma vie personnelle, mais je ne regrette rien. Cette année a été difficile, éprouvante, mais je la chérirai toujours comme une de mes meilleures années tellement elle m'a apporté.
Pis ben... DEA de paléontologie. Youpi, je fais quoi ? Je veux vraiment faire de la recherche, j'aime ça. Je veux vraiment faire de la pal, j'aime ça. Je m'accroche. Je m'incruste. Avec la bénédiction de mes anciens directeurs de stage. Avec un DEA, on peut avoir un poste d'ingénieur d'étude. Mais ces postes sont hyper rares. Tant que je reste visible et connue, que je continue à faire de la pal même de manière détournée, je reste en lice pour le jour où un poste s'ouvre. Je finis aussi par sortir avec mon mec actuel qui était alors en thèse de pal, après pratiquement deux ans d'amitié.
Du coup, je bosse pour le service des collections de l'Université. Bilan : jamais je ne m'orienterai vers la muséologie ou tout autre truc du genre, j'ai pas aimé du tout. Mais bon, ça fait des contacts, ça fait un salaire. Bon, je suis à mi-temps, on est à la fac, les moyens sont réduits. Du coup, il me prend une idée. Si pour m'occuper l'autre moitié du temps, je reprenais les cours ?
C'est comme ça qu'en plus de mon cursus de paleuse, j'ai ajouté une licence de géographie à ma panoplie. Je suis entrée direct en L3, géo plus orientée physique, avec des cours de SIG (
), des autres sur les risques naturels (Habitants de Séchilienne et en aval, tremblez !!), bref, je me suis fait plaiz. Je dois reconnaitre que j'ai eu du mal à durer sur toute l'année, et je pense que si le CPE n'avait pas ajouté son grain de sel, je n'aurais pas terminé l'année et eu mon diplôme.
Puis mon homme est devenu docteur, il a commencé à bouger pour les post-doc. Après avoir eu 6 mois de boulot de tri et tamisage de sédiment, j'avais repris mon taf dans les collecs, à plein temps (mais payé quasi moitié, dommage), mais ça ne me menait à rien, je pouvais plus encadrer mes chefs, et tous mes potes ou presque étaient partis de la ville pour raison de fin d'études. Du coup, la mort dans l'âme, je laisse la pal derrière moi et je suis mon homme. Oui, j'ai habité 5 mois à Grenoble, ensuite. Mais j'ai vécu dans ma grotte, c'est d'ailleurs une période où j'ai totalement quitté PZ, pendant plusieurs mois. Certains pézédiens ont déploré qu'on ne se soit pas vus à ce moment. L'un d'entre eux se demande toujours si on ne s'est pas croisés une fois, à la gare (j'habitais à côté, c'était tout à fait probable).
Puis les posts-doc continuent, et c'est parti pour une année en Allemagne. Je reprends du poil de la bête, et j'ai la chance d'obtenir des vacations au sein de la fac où bosse mon homme. C'est pas grand chose, mais refaire du tri de sédiment ça m'a fait très plaisir. Puis bon, j'ai continué à pouvoir parlé pal, à pouvoir parler recherche, même. Et quand mon homme a décroché un poste de maitre de conf' à la fin de cette année, je l'ai encore suivi, et j'ai encore mis les pieds dans un nouveau labo de pal.
J'ai commencé à faire un boulot un peu chiant, à faire la base de donnée bibliographique de plusieurs milliers d'articles que le labo avait reçu en donation, puis, ensuite, j'ai commencé à faire un truc qui m'a vraiment accroché : l'imagerie 3D. Faire la reconstruction des fossiles par ordi, pouvoir les extraire de la roche, les couper, voir dedans, sans abimer la pièce originale. Être intime avec chaque fossile, pouvoir en discuter avec le chercheur qui a demandé le scan. Bref, faire un vrai boulot dans un labo de recherche. Mais malheureusement, comme je le disais plus haut, les postes d'ingénieur d'étude sont rares. Créer un poste dans un labo, c'est au mieux des années de combat de la part des directeurs, et ça n'aboutit pas toujours. Et ensuite, le poste, c'est un concours (si un jour il se créé, j'y aurai toutes mes chances, mais ça reste un concours^^). Enfin, bon, j'ai bossé ces 6 dernières années, de manière décousue, pour le CNRS et l'Université, à faire des CDD plus ou moins longs, jusqu'à ce que d'un part, les budgets soient tellement réduits que payer un CDD soit pas possible, et d'autre part, j'ai accumulé tant de mois de taf dans le service public que l'ont ne veut plus m'embaucher par peur de la loi Sauvadet (alors que j'en suis loin, mais bon, ils prennent pas de risque, par exemple, l'Université n'embauche pas plus de 2 ans, alors que Sauvadet, c'est 6 ans de taf et encore, avec certaines conditions).
Du coup, aujourd'hui, je suis au chômage, à chercher à me reconvertir (je potasse pour le moment le traitement et l'analyse de données 3D), tout en croisant les doigts pour qu'un jour, un poste d'IE ouvre au labo, sait-on jamais
Désolée du pavé, mais du coup, j'ai été assez exhaustive sur mon parcours, histoire que ça soit plus instructif pour ceux que ça intéresse !