Dead Man
Western en noir et blanc
Synopsis :
Dans Dead Man, Johnny Depp incarne William Blake, jeune comptable parti vers l'Ouest américain en quête de réussite professionnelle. Au milieu des chasseurs de bisons, des hors-la-loi et des ruelles boueuses, Blake se sent perdu et n'a finalement pas accès au poste qu'il pensait avoir en arrivant en ville. Il se retrouve donc sans le sou dans une ville du Far West et ses pérégrinations ne font que commencer... Au programme, rencontre avec des Indiens, fusillades, escapades, le tout accompagné d'une très sympathique bande originale composée par Neil Young.
Critiques pouvant spoiler :
J'ai plutôt apprécié le film, même si je n'ai pas trop compris l'intérêt du noir et blanc par contre, j'ai du mal à voir ce que ça apporte au film, d'autant que ce procédé sur des films modernes donne un aspect plus artificiel qu'autre chose à mon sens.
Par contre, je ne trouve pas que le film soit caricatural, au contraire, il a un coté décalé, plutôt assumé, je trouve. C'est assez évident dans certaines scènes, mais encore plus dans les personnages.
Au delà de l'histoire plutôt simple qui raconte l’évolution d'un héros qui n'a plus rien à perdre, le film développe quand même une critique plus ou moins évidente de la société blanche. C'est assez visible, dans les paroles de Nobody (j'ai apprécié la référence d'ailleurs) durant tout le film. Ça ressort aussi beaucoup dans la scène finale, où William traverse le village indien, comme il l'avait fait au début du film en arrivant dans la ville "blanche" de Machine. Les deux séquences sont assez similaires, mais un contraste énorme ressort entre les deux communautés et finalement, le héros est mieux accueilli par un peuple qui n'est pas le sien.
Je ne connaissais rien du film, si ce n'est son réalisateur et son "genre". Et du coup j'ai été assez surpris du choix du noir et blanc, et aussi de retrouver Johnny Depp, décidément toujours partant pour les maquillages improbables. Le film est constamment décalé, tout en restant assez noir, ce qui le rend assez difficile à appréhender : est-il satyrique ? Non. Sérieux ? Pas tout à fait non plus. Et au final, ça ne m'a pas dérangé plus que ça, j'ai vraiment adoré l'ambiance du film, le n&b lui confère une aura assez trouble et propose des plans incroyables (j'ai eu quelques fois l'envie de prendre des prt screen pour avoir des beaux fonds d'écran) et le film est rempli de symbolique, plus ou moins profonde. Comme l'a dit Plag, il y a une critique de la société blanche, le héros d'abord tout à fait pacifique tombe dans la violence, pas par choix, mais pour survivre, et ça finit par le ronger, il devient un paria et se rapproche du sympathique Nobody qui a plus ou moins la même situation vis-à-vis de sa communauté. Et puis ça m'a fait penser à Skyfall, dans le sens où le héros "meurt" au début, et puis se reconstruit tout à fait différemment tout au long du film. C'est un homme mort, mais au final il devient un excellent tireur et tue (toujours un peu par malentendu) tous ceux qu'il rencontre, c'est très ironique. Je me demande même si le choix du n&b ne vient pas en partie de là (même si ça aurait été plus marquant si le film s'ouvrait en couleur, pour basculer vers le n&b à sa "mort". Au final, je comprends que le film puisse ne pas plaire à tous, mais je l'ai trouvé très riche en idées, en images magnifiques et j'ai vraiment été captivé par son ambiance. Il m'a fait penser à bien des égards à l'excellent western avec Dustin Hoffman "Little Big Man", qui a sûrement inspiré Jarmusch. Ne serait-ce que pour le tiraillement entre Indiens et Blancs, et aussi pour le chapeau et la dégaine du héros. Bref, j'essaierai de le revoir pour mieux l'appréhender.
Bon, je viens juste de le finir, donc se sera un avis "à chaud". Le film m'a pas un peu gêné dans le sens où j'ai pas compris plusieurs de ces codes.
Le premier, le film a une totale absente de saturation et j'ai pas compris la pertinence du choix. Je veux bien qu'on utilise un tel procédé mais s'il y a des raisons derrières, c'est bien mieux. Ici, s'il voulait jouer sur le côté mort, je me dis qu'une image avec une faible saturation aurait été plus judicieux. Voir utilisé un procédé qui fait que l'image perd petit à petit de sa saturation au cours du film. J'ai pas compris aussi le côté grotesque/caricatural du film. Genre dans le train, les voyageurs qui se mettent à tirer sur les bisons comme ça, wtf ? Le fait qu'ils ont éclipsé plein de points qui se justifie pas, disons que c'est fait hors champ (genre, l'avis de recherche du personnage principal, comment ils ont su ? Il est dit qu'il est allé à la chambre de la fille, vu que ce n'est pas un hôtel (donc pas de raison de se présenter), aucun témoin dans les environs n'auraient pu faire le lien entre Blake et la tuerie à l'étage. Il y a aussi ce trip avec le tabac, j'ai pas compris aussi, on dirait un running gag particulier... A un moment, lorsque Blake est seul, il voit un faon mort, une balle au cou, je me demande si c'est pas une référence à la première personne qu'il tue. D'ailleurs les marques de sang qu'il se tartine sur le visage à ce moment-là disparaisse, mais les marques faites par l'indien reste. Indélébile ? .
Après, attention, j'ai regardé le film et je ne me suis pas ennuyé, et en soit, ça m'a suffit, j'ai trouvé le film sympa, je ne pense pas le recommander, mais il est sympatoche quand même.
Tiens aussi, niveau caricatural, on a ce chasseur de prime cannibale aussi qui est pas mal wtf. Finalement on dirait une parodie du genre western et de ce côté manichéen souvent surexploité. Des fois, on a des scènes ridicules, genre le passage où un des chasseurs de prime dort avec une sorte de peluche/doudou. Pas compris ça aussi.
En soit, j'ai pas du tout parlé de la trame du film, finalement c'est le voyage de Drake qui le dirige vers sa fatale destinée.
Critique sans spoil :
Un film assez atypique rempli de choix artistiques assez curieux qui pourront rebuter les spectateurs les plus terre-à-terre. Reste une histoire initiatique assez intéressante qui critique allègrement la société "blanche" par rapport à celles des Indiens, et une photographie magnifique. Sans oublier les musiques de Neil Young qui contribuent vraiment à créer une superbe ambiance.
Et vous, qu'en avez-vous pensé ?