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L'émotion dans l'art
Yuan:
--- Citation de: D_Y le mardi 03 novembre 2015, 22:08:45 ---
--- Citer ---Un jour, une personne que j’estime beaucoup m’a dit « Une œuvre est réussie quand elle arrive à créer des émotions, quelles qu’elles soient, chez ceux qui la contemplent. »
--- Fin de citation ---
J'y pense depuis hier, à ta phrase, et je pense qu'il manque un truc. On peut ressentir de l'émotion devant un plat de pâtes bien assaisonné par exemple, de même qu'on peut être heureux devant quelque chose qu'on rattache difficilement à l'art. Je sais pas, tu peux avoir des frissons devant Avengers, si t'es un peu con, sans que ça ne soit artistique pour autant, mais un peu modelé par les goûts de la société dans laquelle on vit (j'imagine, sinon je ne vois aucune raisons d'aimer Avengers).
Je sais pas, par exemple je trouve que Retour Vers le Futur est un film inestimable, mais ce n'est pas une oeuvre d'art pour moi v.v Peut être trop familial ou hollywoodien à mon goût, mais je cherche dans l'Art un sentiment surhumain, une partie de réponse à la question primordiale, que je sens hors de portée mais à la fois si proche.
--- Fin de citation ---
Je saisis bien la nuance dont tu parles D_Y, mais je pense que tu as du mal à mettre le doigt sur ce qui te gêne exactement avec cette « définition » d'art. En fait, c'est parce qu'elle ne distingue pas l'œuvre d'art du divertissement.
Le sport est aussi un moyen pour nous de nous divertir, et parfois de ressentir des sensations fortes (l'émerveillement devant la technique des athlètes, la tension devant l'adversité, etc). Mais on s'accordera pour dire que le sport ne nourrit pas son public intellectuellement, qu'il a vraiment vocation de le distraire, le divertir (de son état de misère constant #Pascal). C'est pareil pour un tas d'œuvres, qui peuvent faire vivre des émotions, nous faire nous attacher à des personnages, passer un bon moment... mais qui n'ont pas vocation de présenter le monde sous un autre angle, de porter à réflexion. Retour Vers le Futur en est un exemple, je pourrais aussi citer les Star Wars, ce qui ne m'empêche pas de beaucoup les apprécier.
Donc non, ce n'est pas parce qu'un produit nous fait ressentir des émotions que ça en devient de l'art. Un exemple assez facile peut être celui des films d'horreur : en quoi est-ce différent de visiter une maison hantée ? On fait ça pour se donner un peu les chocottes, et à la fin on en est plus ou moins satisfait selon si le film a réussi à nous faire voyager ou pas. Mais on n'aura pas forcément redécouvert le monde.
J'adhère donc beaucoup à la vision de l'art de Bergson qu'a partagée Lypphie, qui est aussi celle d'Oscar Wilde au passage. #cultureconfiture
Après, il faut aussi noter que le « message » d'une œuvre, i.e. le changement de paradigme qu'elle procure en nous, ou la « leçon » qu'elle diffuse, ne sont pas forcément liés à l'intentionnalité de l'auteur. Et c'est là que tout devient très compliqué. Parce que la façon dont une œuvre nous affecte aura de facto un rapport subjectif, lié à notre vécu, et il devient donc de plus en plus difficile de se rapprocher d'une définition universelle de l'œuvre d'art, ou d'œuvre de qualité. Il y aura la façon dont elle s'inscrit dans son époque, comment elle contribue à son médium d'expression, etc... Oui, mais Retour Vers le Futur s'inscrit dans les 80s et c'est un film de qualité, alors comment trancher tout ça ? Qui décide de ce qui est une œuvre d'art ou pas ? Les critiques ? Bref, c'est vite compliqué, et quand on lance le débat avec des gens suffisamment peu motivés en philo, on retombe sur la vieille doxa du « d'toute façon les goûts et les couleurs ça s'discute pô », allons bon v.v
Mais personnellement, j'aime beaucoup cette discussion, je trouve qu'il y a beaucoup de choses à dire dessus (oui j'ai eu mon 20 en philo avec ça ;D)
Je finirai juste par conclure que selon le médium, il devient de plus en plus difficile de faire la distinction : la musique par exemple, où il n'est pas question de découvrir une autre réalité à travers le son (plutôt de voyager dans des ambiances différentes), et où la soupe musicale de certains films peut très bien nous faire ressentir des choses sans que ça vaille un sou sur le plan de la composition (slt einaudi). Et pour en revenir à l'émotion dans l'art, quid de la gastronomie ? On ressent rarement des émotions autre que le plaisir devant un plat beau et bon (ou du dégout s'il est mauvais lel), pourtant l'art culinaire est très riche.
BREF :niak:
--- Citation de: Leena le mardi 03 novembre 2015, 20:09:04 ---Déjà j'avoue ne jamais avoir vraiment été touchée par un tableau. J'aime contempler des dessins ou peintures mais je ne me souviens pas avoir déjà été marquée par une oeuvre. Je ne m'y connais pas particulièrement, je ne sais pas si ça joue, mais je trouve ça dommage parce que ça reste quelque chose que j'apprécie. Je n'ai peut être pas encore découvert la perle rare ^^
--- Fin de citation ---
Tu est loin d'être la seule, ne t'en fais pas ! En fait, je pense que ce qui fait que ce phénomène est très fréquent, c'est que pour manger du tableau, il faut vadrouiller de par les musées. Or, on finit par rarement le faire une fois passées les classes vertes de la primaire. C'est triste, mais c'est comme ça...
Mais il suffit de penser à des artworks d'œuvres qui t'ont plu esthétiquement, ou même des fan arts, voire carrément des plans fixes de films, pour comprendre toute la richesse de l'art visuel « simple » (qui se se suffit à une image). C'est incroyable tout ce que peut raconter une image unique, de par le mouvement qu'elle retranscrit, les formes qu'elle figure, la stylisation ou non, le choix des couleurs, l'angle de vue, la lumière...
Quand j'étais gosse, ma mère m'a donné un conseil qui m'a rendu dingue des musées : « Devant chaque tableau, imagine-toi l'image qui pourrait aller juste avant et celle qui pourrait juste après, parce qu'ils racontent tous des histoires. » J'en conviens, ça marche pas vraiment pour les portraits simples (et encore, quand on prend des personnages dont le regard a beaucoup de personnalité, comme Euler ou Van Gogh par exemple, ça devient dingue), mais pour n'importe quelle œuvre avec un minimum de mise en scène, on peut déceler ce que l'artiste raconte à travers un « simple » tableau, et ça vaudrait toute la durée d'un film.
Bref, je voulais juste sauter sur l'occasion de faire un plaidoyer pour le musée et pour les arts visuels :niak:
En réponse à vos posts, tous très intéressants à lire, je dirai juste que je suis content de voir beaucoup de gens citer des œuvres sur lesquelles je m'étais retenu d'élaborer. En particulier Van Gogh, où finalement je vais quand même développer un tout petit peu le détail sur lequel je l'ai mentionné.
Ce qui me fascine avec ses tableaux, et qui fait sans doute de lui mon peintre préféré, est sa façon de changer complètement notre regard à travers ses couleurs vibrantes et sa stylisation étonnante, inégalées dans l'histoire de l'art amha. Il m'est trop dur de citer un seul de ses tableaux, mais ceux qu'il a réalisé d'objets quotidiens m'ont beaucoup marqué, notamment celui-ci :
(Cliquez pour afficher/cacher)« Ben quoi ? C'est des chaussures. » Ben oui, c'est des chaussures. Mais quelle personnalité ! Cette disposition désinvolte, l'usure des souliers, l'éclairage terne... On peut s'imaginer ces chaussures nous raconter toute l'histoire de celui qui les a portées, comme si de par ce simple tableau, on s'imaginait tous les endroits qu'elles ont visités. Et c'est des chaussures. Je vous mets au défi de me trouver d'autres peintres qui arrivent à donner autant de vie aux formes d'objets du quotidien sans les mettre en scène, en les prenant tels quels, simplement en posant sur la toile leur façon de les voir.
Van Gogh est l'un de ces artistes dont chacun des tableaux me procurent un pincement au cœur en plus de tout ce qu'ils me montrent, à cause de ces couleurs qui sont posées avec tant d'émotion qu'on dirait que le bonhomme saignait sur sa toile... et du fait qu'il a complètement été bidé de son époque, oh mon dieu :cry: S'il y a bien un homme qui me fait croire en l'injustice sur terre, c'est lui :cry:
Et que serait ce post si je ne finissais pas par cracher sur Mozart, comme je le fais à chaque fois qu'on le mentionne en ma présence :h:
Pour ta défense D_Y, t'as cité l'œuvre de lui que je préfère, parce que ouais ses Requiem sont cools. Mais je le trouve absolument imbuvable en dehors de ça. C'était une révolution pour l'époque parce qu'il a juste simplifié la richesse qui s'était faite avant lui, mais je trouve ça d'une platitude infinie, et je préfère largement les deux grands bonhommes de la musique qui l'ont encadré dans le temps (Bach et Beethoven, donc). Mais Mozart, wtf, on sent qu'il était surchargé par les commandes et qu'il avait plus d'idées, et que contrairement à Bach il avait pas la Foi Du Seigneur pour lui montrer comment révolutionner le contrepoint avec chaque ligne de musique qu'il produisait :h: Y'a qu'à écouter ses œuvres pour piano solo pour découvrir à quel point il était à sec, à part quelques instants agréables, les mélodies sont souvent toutes pourries avec un accompagnement bidon à en pleurer, bref, le mec qui me fait crier #RendezNousLeBaroquePls plus que n'importe quel autre, comme s'il était la confirmation ultime que l'ère classique est à jeter :h:
Sinon @D_Y, toi qui aime la mythologie, je peux te recommander la musique pour ballet de Maurice Ravel (mon compositeur préféré, le génie de l'impressionnisme en musique) qui risque de faire vibrer ta sensibilité athée pour le divin : la suite Daphnis et Chloé. De préférence interprété par Karajan (on se trompe jamais avec lui), mais si tu veux une interprétation avec des chœurs pour donner une dimension encore plus irréelle au morceau, celle de Pierre Boulez respecte cette volonté première de Ravel. Le passage le plus emblématique est évidemment le lever du jour, qui a une narration musicale absolument magistrale.
Sinon, parmi les compositeurs que tu as cité (Bach et Beethoven étant des indétrônables, le premier ayant le mérite de mettre absolument tous les amateurs de musique d'accord), je trouve que ta liste manque de romantisme russe et allemand. Tchaikovsky, Shostakovich, Rachmaninov, Rimsky-Korsakov (et ses 4 autres bros), et de l'autre côté, Brahms, Wagner, Mendelssohn, Schumann, Strauss... Le romantisme ayant un grand regard sur les histoires mythologiques, il y a de quoi faire ! :)
Guiiil:
Pour ma part, quand je te vois parler de Retour vers le futur, D_Y, j'ai en mémoire un passage de City Hunter qui me revient, et où Ryo (ou Nicky) explique qu'une fois sur je-ne-sais-plus-combien-mais-c'est-beaucoup, un flingue d'une précision exceptionnelle sort de l'usine. Un flingue si bien calibré et si parfait qu'un artisan chevronné aurait du mal à obtenir une telle alchimie.
Pour moi, c'est un peu ce que ce film est, une alchimie difficilement atteignable, surtout dans cette usine qu'est Hollywood, un peu comme Ghostbuster (en restant dans les années 80). Ce n'est pas mon film favori, mais il fait certainement parti du haut du panier.
En restant dans le domaine du cinéma, je pense que mon coup de cœur émotion se situe du coté de The Truman Show. Un film qui m'a marqué dans ma jeunesse, et qui m'a montré combien Jim Carrey pouvait être bon acteur. Certaines scènes sont d'une justesse rare, et la scène finale une belle explosion d'émotions !
En restant dans le milieu du gros cinéma, je pense que je peux citer la fin de Toy Story 3, certaines scènes de Gladiator (la BO joue beaucoup), Mad Max (le deuxième et le dernier, qui réussi l'exploit d'être percutant, violent, sale, mais jamais gore), la scène de la caverne d'Atlantide, Pocahontas (Des sauvages), la première partie de Bernard et Bianca 2, La fin du Chateau Ambulant, Chihiro devant ses parents, le discours de la colombe dans Blade Runner, l'intro de Chariot de Feu...
Dans le cinéma à (relativement, pour certains) plus petit budget, je pense que je peux citer la scène finale du Concert, quelques scènes d'Historias mínimas, le mec au téléphone dans La Visite de la fanfare...
Dans le milieu de la littérature, je ne pourrais pas ne pas citer la danse finale du Faucheur, de Pratchett, ou bien l'épopée à cheval de Moite Von Lipwig, dans Timbré, du même écrivain ! Et comment ne pas citer... Eh oui, la Bible, et certains de ses passages qui me font encore vibrer (fortifiez-moi avec des pommes, car je suis malade d'amour (Cantique des Cantiques 2-5) :astro: ) :
(Cliquez pour afficher/cacher)L'amour ne fait point de mal au prochain: l'amour est donc l'accomplissement de la loi. (Romain 13-10)
L'Eternel ne considère pas ce que l'homme considère. l'homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l'Eternel regarde au coeur. (1 Samuel 16-7)
Comme ils continuaient à l'interroger, il se releva et leur dit: Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. (Jean 8-7)
Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l'espérance, l'amour ; mais la plus grande de ces choses, c'est l'amour. (1 Corinthien 13-13)
Car Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que tout homme qui croit en lui ne soit pas détruit mais ait la vie éternelle (Jean 3-16)
J'en reste là pour l'instant, mais il me reste encore à parler de l'Art tel qu'on le conçoit, les Bandes Dessinées et la Musique !
Leena:
--- Citation de: Yuan le mercredi 04 novembre 2015, 12:39:38 ---
--- Citation de: Leena le mardi 03 novembre 2015, 20:09:04 ---Déjà j'avoue ne jamais avoir vraiment été touchée par un tableau. J'aime contempler des dessins ou peintures mais je ne me souviens pas avoir déjà été marquée par une oeuvre. Je ne m'y connais pas particulièrement, je ne sais pas si ça joue, mais je trouve ça dommage parce que ça reste quelque chose que j'apprécie. Je n'ai peut être pas encore découvert la perle rare ^^
--- Fin de citation ---
Tu es loin d'être la seule, ne t'en fais pas ! En fait, je pense que ce qui fait que ce phénomène est très fréquent, c'est que pour manger du tableau, il faut vadrouiller de par les musées. Or, on finit par rarement le faire une fois passées les classes vertes de la primaire. C'est triste, mais c'est comme ça...
Mais il suffit de penser à des artworks d'œuvres qui t'ont plu esthétiquement, ou même des fan arts, voire carrément des plans fixes de films, pour comprendre toute la richesse de l'art visuel « simple » (qui se se suffit à une image). C'est incroyable tout ce que peut raconter une image unique, de par le mouvement qu'elle retranscrit, les formes qu'elle figure, la stylisation ou non, le choix des couleurs, l'angle de vue, la lumière...
Quand j'étais gosse, ma mère m'a donné un conseil qui m'a rendu dingue des musées : « Devant chaque tableau, imagine-toi l'image qui pourrait aller juste avant et celle qui pourrait juste après, parce qu'ils racontent tous des histoires. » J'en conviens, ça marche pas vraiment pour les portraits simples (et encore, quand on prend des personnages dont le regard a beaucoup de personnalité, comme Euler ou Van Gogh par exemple, ça devient dingue), mais pour n'importe quelle œuvre avec un minimum de mise en scène, on peut déceler ce que l'artiste raconte à travers un « simple » tableau, et ça vaudrait toute la durée d'un film.
Bref, je voulais juste sauter sur l'occasion de faire un plaidoyer pour le musée et pour les arts visuels :niak:
--- Fin de citation ---
Bah écoute Yuan, j'ai justement visité quelques musées cet été, ça faisait un moment que je ne l'avais pas fait et ça m'a fait plaisir :^^: Même si aucun tableau/artwork/fanart ne me vient à l'esprit comme ça, je reste sensible à ce que tu appelles l'art visuel "simple". D'ailleurs j'aimerais bien rajouter une autre forme d'art qui reste dans le visuel : la photographie. Je pense que c'est quelque chose qui touche plus facilement les gens, dans le sens où un tableau peut être parfois abstrait et nous n'avons pas tous la sensibilité pour savoir apprécier ce genre d'art. La photographie est concrète, ça représente des choses qu'on connait, et l'on s'y identifie plus facilement (ce qui peut expliquer le fait qu'on y soit peut être plus sensible, même si ce n'est pas le cas de tous évidemment). C'est également quelque chose qui est à la portée de tous (non un selfie n'est pas une oeuvre d'art désolée), et qui peut paraître simple mais je trouve ça très compliqué de réussir à faire ressentir des émotions à travers une photo. Ça se prend en quelques secondes et ça permet parfois de capter l'atmosphère d'une scène, ou les ressentis des personnes présentes sur la photo. Il y a aussi pas mal de paramètres techniques qui rentrent en jeu. Je sais pas si je m'exprime assez bien (je ne pense pas) mais j'avoue être facilement touchée par une photographie. Il y en a d'ailleurs une que j'avais trouvé dans un article il y a quelques années, dont je me souviens parfaitement mais impossible de la retrouver X. Je vais essayer de fouiller un peu, parce qu'elle m'a particulièrement marquée.
D_Y:
@Yuan
No offense, mais je trouve que tu te mélange les pinceaux. Je m'explique :
Dans la première partie de ton post, tu me dis que je n'ai pas su mettre le doigt sur ce qui clochait dans la définition de l'art entièrement émotif. Pour ensuite me dire que le sport qui apporte des émotions n'est pourtant pas une oeuvre d'art, et donc que tout ce qui apporte de l'émotion n'est pas forcément artistique. Or c'est exactement ce que je disais dans la partie de mon post que tu cite. Je vois pas trop où tu veux en venir donc.
(complètement débile la citation de Pascal d'ailleurs, imo)
Pour l'appréciation subjective d'une oeuvre, je pense qu'il faut différencier les deux points dont tu parles, d'une les intentions de l'auteur, de l'autre l'appréciation subjective d'une personne. Pour ce dernier point, je pense avoir déjà répondu à Leena sur la question, il faut savoir faire la part des choses. Une personne peut être touchée au plus profond de son coeur en lisant Martine à la Plage, et rester de marbre devant Les Misérables, pourtant on connait la valeur artistique de ces deux œuvres. D'ailleurs affirmer le contraire (en gros, que l'appréciation de l'art est totalement subjective) me semble très proche dans l'idée au très pauvre "chacun ses goûts".
Quant à l'intention de l'auteur, j'avoue que je ne vois pas non plus où ça mène. Nombre de personnes se disant "artiste" font de la daube, quand des anonymes font des chef d'oeuvres reconnus bien plus tard. Et vice versa, des inconnus font de la daube et des "artistes" des tueries. Enfin bref, je ne vois pas trop en quoi ce serait lié avec la "leçon" que l'oeuvre nous enseigne, et si j'étais vraiment très croyant, je te dirais qu'une oeuvre réussie n'est jamais vraiment intentionnelle mais dépend d'une inspiration plus profonde et limite sur-humaine. Un truc qui nous dépasse quoi (mais bon je vais passer pour un gros con naïf là). Dans tous les cas, dans sa portée, l'art dépasse largement l'homme.
Enfin bref, je ne dis pas qu'on peut classer catégoriquement l'art. D'autant plus que je ne pense pas que la réussite d'une oeuvre dépende d'un quelconque message, mais d'une émotion apportée par sa beauté. MAIS ! Partant de ce principe il y a un hic. On est d'accord pour dire que l'émotion n'est pas le seul facteur qui explique la réussite d'une oeuvre, et je suis également pour dire que la subjectivité n'est pas maître dans la question. Mais pourtant, la beauté est un concept subjectif, alors qu'il me semble que certaines choses sont objectivement artistiques. C'est ce mystère et ce paradoxe qui rend le débat aussi intéressant, je pense ;)
Quant à savoir qui décide de ce qui est de l'art ou pas, les frontières sont effectivement floues. Retour vers le Futur est peut être une oeuvre d'art sans que je m'en aperçoive, va savoir.
Et Guiiil, heureusement, Hollywood a sorti plus de bons films qu'une fois sur "je-ne-sais-plus-combien-mais-c'est-beaucoup". Retour Vers le Futur est un super film mais dans les années 70/80/90 y'avait quand même un sacré choix sur des métrages qui avaient cette "alchimie" dont tu parles.
Sinon pour ta partie sur Mozart je trouve que t'as vraiment craqué. Ses symphonies (surtout la 25 et la 40 qui sont des tueries) sont tout le contraire de la pauvreté, de même que ses opéras (Don Giovanni et la Flûte Enchantée en tête), et j'en passe d'autre comme la Sérénade des Vents ou la Grande Messe. Je trouve une grande partie de son oeuvre absolument magnifique et je comprend pas comment on peut parler de pauvreté le concernant v.v
Mais oui, Bach et Beethoven sont des génies mais ont des styles quand même très différents, tellement que je pense que la comparaison n'a pas trop de sens. D'ailleurs point intéressant, Carl Philip Emanuel Bach, le fils de J.S, a été quasiment oublié alors qu'il était mieux considéré que son père dans le monde musical de son vivant. De quoi mettre en lumière la question fondamentale de l'appréciation d'une oeuvre, et aussi de dire qu'il y a mieux que Bach dans la vie v.v
Merci pour les conseils sur d'autres oeuvres classiques, sinon. Je connais déjà Ravel, Tchaïkovsky, Schuman, Strauss (2001, tmtc), que j'adore tous d'ailleurs. J'avoue ne pas trop connaître les autres de ta liste, mais j'aurais pu citer Dvorak ou Debussy qui sont pour moi des compositeurs majeurs. Mais je ne l'ai pas fait par simple gain de place et que citer tous les artistes que j'adore me prendrais un temps fou.
Yuan:
--- Citation de: D_Y le mercredi 04 novembre 2015, 19:57:57 ---No offense, mais je trouve que tu te mélange les pinceaux. Je m'explique :
Dans la première partie de ton post, tu me dis que je n'ai pas su mettre le doigt sur ce qui clochait dans la définition de l'art entièrement émotif. Pour ensuite me dire que le sport qui apporte des émotions n'est pourtant pas une oeuvre d'art, et donc que tout ce qui apporte de l'émotion n'est pas forcément artistique. Or c'est exactement ce que je disais dans la partie de mon post que tu cite. Je vois pas trop où tu veux en venir donc.
(complètement débile la citation de Pascal d'ailleurs, imo)
--- Fin de citation ---
J'aurais du relire ton post avant de poste0r le mien, en fait (avec les 3 autres entre deux, j'ai zappé que tu mentionnais le plat de pâtes par exemple). Mais bon ça ne changeait pas vraiment mon propos.
Pour Pascal, je ne l'ai pas cité, j'ai juste mentionné une partie de sa philosophie à laquelle je n'adhère vraiment pas, de façon un peu moqueuse, ni plus ni moins (autant j'adore certaines choses qu'il dit, autant « l'homme baigne dans la misère et se distrait seulement pour oublier son état » ça me blase un peu).
Pour le reste, j'ai l'impression qu'on dit quasi exactement la même chose mais que je me suis juste mal fait comprendre, mais bon. :niak:
(Et quand je parle d'intentionnalité, ça peut rejoindre la volonté surhumaine dont tu parles, ou « le génie/l'inspiration », puisque je parle juste de volonté de création, de l'idée. Par ex les croquis de Cézanne pour prendre un exemple au pif, qui a un trait très libre et expressif. Ou encore l'improvisation en musique. Ça ne veut pas dire que le mec se figurait l’œuvre finie d'un bout à l'autre dans sa tête avant de la coucher sur le papier, je pense que ce n'est de toute façon le cas d'absolument aucun artiste. Mais tu te doutes que Picasso choisissait délibérément de dessiner en libérant les couleurs et les formes pour créer le cubisme ; il maîtrisait son trait à un point d'en faire ce qu'il voulait, y compris de le rendre naturel, de le lâcher, de se permettre d'être désinvolte. Ce n'est pas du hasard.)
Le « message », c'est ce que l'artiste essaye de faire passer (émission) par son œuvre (le médium) à son audience (le récepteur). La valeur que ça a (ou n'a pas) est jugeable sur ces trois critères : est-ce que l'idée valait le coup, est-ce que c'est bien mis en œuvre, et qu'est-ce que ça provoque chez l'audience (je simplifie bien sûr). Et oui, on peut ressortir l'éternel exemple du glandu qui se croit être un génie incompris mais qui produit de la merde aux yeux d'autrui (érotisation du soi à travers l'art) ou celui du Van Gogh qui a révolutionné la peinture mais tout le monde trouvait ça trop pourri (canons de l'époque qui parlent pour les gens ? audience inéduquée et ingrate ?). C'est pour ça que l'art s'ancre dans le temps et les subjectivités.
Le fait de ne pas avoir de message peut très bien être tout l'apport artistique d'une œuvre (beaucoup d'artistes modernes et contemporains ont bossé là-dessus, et l'absurde en est devenu un concept récurrent dans l'art).
Le divertissement de certaines époques peut être l'art d'autres époques. Le cinéma était au début une attraction de foire, ça a commencé à changer près de 30 ans après sa création. De même pour les jeux vidéo, on en est encore à un stade où c'est un simple divertissement, et pourtant il a été prouvé à de maintes reprises qu'il était possible de faire vivre des émotions profondes à travers ce que ce médium a à offrir (Ico, Shadow of the Colossus, Journey...).
Par exemple, quand je dis que Star Wars n'est pas une œuvre d'art, c'est parce que je ne vois pas derrière de réflexion profonde, de « point de vue », d'enseignement au spectateur à travers le médium. Il n'y a pas de propos de fond, l'œuvre est. Ce qui n'est pas un mal ! On y voyage, on y passe un très bon moment et c'est grandiose.
On peut évidemment me sortir des interprétations de chaque ligne de dialogue de Star Wars pour me montrer à quel point j'ai tort et à quel point c'est super profond, mais bon, c'est comme pour tout, ça. :niak:
Bref, j'ai du mal à m'exprimer, je m'arrête là.
Juste pour finir sur Mozart : Je n'ai plus de souvenir des symphonies et opéras que tu cites, mais je connais bien ses concertos (violon et piano) ainsi que son travail pour piano solo, et ça ne me fait juste rien vivre. Les procédés d'écriture sont aberrants d'évidence, et quand je vois exactement comment un musicien a écrit sa musique, c'est comme si je voyais le secret d'un magicien : ça ne prend pas sur moi. J'arrive à m'attendre à chaque développement, chaque résolution d'accord, et ça me blase. Ce n'est pas que Mozart d'ailleurs, c'est également le cas d'autres compositeurs classiques, et c'est pour ça que cette période m'ennuie profondément. On est loin des folies du baroque ou des excès du romantisme, qui eux me surprennent bien plus.
Si Mozart a une qualité, en revanche, c'est son génie de la mélodie, ça je veux bien le reconnaître. Mais son harmonie nada, c'est creux. Je pourrais ressortir des partitions pour appuyer mon propos et m'énerver dessus, j'ai souvenir de l'avoir fait moult fois en solfège. v.v Enfin, je le réécouterai je te dois bien ça.
En comparaison, d'autres compositeurs enfoncent vraiment leur auditeur dans leur harmonie (Ravel, Debussy, Tchai, etc), travaillent davantage sur le son. Je trouve ça bien plus audacieux (et judicieux) que le combo bateau mélodie+accompagnement.
Quant au petit Bach que tu cites (j'ai pris la sale habitude de l'appeler « l'autre » Bach ), il a fait plein de trucs cools pour l'avoir écouté à plusieurs reprises, et oui, de son temps il était plus adulé que JS. Mais il faut savoir que JS Bach c'était un peu le syndrome Van Gogh : gros bide de son temps, il a fallu attendre que Mendelssohn le déterre pour qu'on redécouvre tout ce qu'il a apporté à la musique. De son temps, il était d'ailleurs dans l'ombre d'autres compositeurs allemands (Telemann) et il est mort comme une merde dans la neige :cry:
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