Un jour, une personne que j’estime beaucoup m’a dit « Une œuvre est réussie quand elle arrive à créer des émotions, quelles qu’elles soient, chez ceux qui la contemplent. »
J'y pense depuis hier, à ta phrase, et je pense qu'il manque un truc. On peut ressentir de l'émotion devant un plat de pâtes bien assaisonné par exemple, de même qu'on peut être heureux devant quelque chose qu'on rattache difficilement à l'art. Je sais pas, tu peux avoir des frissons devant Avengers, si t'es un peu con, sans que ça ne soit artistique pour autant, mais un peu modelé par les goûts de la société dans laquelle on vit (j'imagine, sinon je ne vois aucune raisons d'aimer Avengers).
Je sais pas, par exemple je trouve que Retour Vers le Futur est un film inestimable, mais ce n'est pas une oeuvre d'art pour moi
Peut être trop familial ou hollywoodien à mon goût, mais je cherche dans l'Art un sentiment surhumain, une partie de réponse à la question primordiale, que je sens hors de portée mais à la fois si proche.
Mais bref, avant que ça parte en philosophie de comptoir à bière, je contribue au topic. Le sujet est en effet intéressant surtout que Yuan m'a permis de connaître la poésie de Lautréamont que je ne connaissais pas avant hier soir, et rien que pour ça, ce topic devrait être reconnu à sa juste valeur
En restant dans les livres, même si j'ai commencé la lecture intensive assez tardivement, j'ai toujours Edgar Allan Poe en tête comme auteur marquant, en grande partie grâce à son merveilleux livre
Nouvelles Histoires Extraordinaires qui m'a fait sacrifier des heures de sommeil pour arriver au bout. J'ai bien entendu lu une grande partie des livres de cet auteur, sans vraiment retrouver cette sensation unique cela dit, même si ses autres ouvrages restent plutôt cool (Arthur Gordon Pym, Histoires Grotesques et Sérieuses notamment). Si vous avez l'occasion, ne surtout pas hésiter, certaines de ces histoires sont glaçantes.
Pour rester dans l'américain, j'ai été pris de passion pour l'autodidacte Jack London et ses chef d'oeuvre comme
Croc Blanc, ou l'
Appel de la Forêt, mais surtout le
Loup des Mers. Ce dernier est une superbe leçon de vie, à moitié philosophique d'ailleurs, et très intéressant, parce qu'il met en lumière la valeur de l'existence (question ô combien complexe
).
J'ai également été assez mordu de mythologie (grecque mais je tenterai sûrement d'autres choses par la suite) pendant un temps. Mon premier bouquin là dessus était
Les Métamorphoses d'Ovide que j'ai dévoré en quelques jours tellement il était fascinant. Je l'ai dévoré de bout en bout, et j'ai ensuite enchaîné sur l'
Eneide de Virgile, que je trouve déjà moins percutant mais il y a, dedans, un chapitre dans lequel le héros (Enée, donc) descend en Enfer, à la manière de Orphée ou encore Ulysse. Sauf que chez Virgile, pour une raison que j'ignore, ça m'a complètement retourné le cerveau, et je l'ai relu trois fois à la suite tellement c'était prenant. Et bref, parce que la Genèse de l'Humanité et ses croyances est un des sujet les plus passionnant qui soit (pour ma part
) j'ai également lu
Le Paradis Perdu de Milton, qui n'est pas du tout de la mythologie grecque, pour le coup, mais qui est devenu, sans que je l'attende, mon livre de chevet, parce que c'est un peu un orgasme imprimé
Vaut-il mieux vivre enchaîné dans un bonheur illusoire ou vivre libre dans la souffrance ?
(non sérieux, lisez le, en plus la traduction française a été faite par Chateaubriand, et donc pas par Joe le Clodo).
Autrement j'ai beaucoup lu du travail de Tolkien, d'abord par le
Seigneur des Anneaux, comme tout le monde, puis je me suis surpris à adorer le
Silmarilion (que tout le monde déteste), et ensuite les
Contes et Légendes Inachevés et les
Contes Perdus. Un des plus grands auteur du XXe siècle, et pourtant j'ai une aversion inexplicable pour les romans de fantasy modernes, même si j'adore les vieux récits comme Beowulf (peut être un "c'était mieux avant" à échelle x10 ?).
Sinon je considère que
Alice in Wonderland et
Through the Loooking Glass sont les livres les mieux écrits du monde, et d'une extrême profondeur/richesse. Un retour vers l'enfance mais pas que, un non sens qui prend forme dans une parfaite utilisation du langage. Alice, ça ne peut pas exister autrement qu'en livre, et c'est en lisant qu'on s'en rend compte.
En terme de peinture, je ne m'y connais pas des masses, loin de là, d'ailleurs c'est ce qui m'accroche le moins, mais je suis quand même plutôt réceptif aux représentations mythologiques, justement, notamment les métaphores (bon y'a que ça dans la mythologie, mais vous avez compris).
Par exemple :
C'est un tableau représentant les Erynies, divinités persécutrices (en train de persécuter un type qui s'appelle Oreste, un matricide, mais osef
). Elles représentent les remords, en gros (d'ailleurs c'est le nom du tableau), et je trouve cette façon de les représenter vraiment excellente. J'ai connu ça justement en lisant Virgile, car dans le livre on retrouve une Erynie qui s'appelle Allecto (une nana pas gentille du tout), et j'étais curieux de voir de quelles façon on l'avait représentée.
De manière générale, j'aime les peintures de dieux et de choses divines (donc pas forcément catholiques, hein), et je peux passer des heures à me renseigner sur le sujet. Du reste, j'ai toujours été ultra fasciné par le tableau de Botticelli, la
Naissance de Vénus, pour une raison que j'ignore totalement (le premier qui me sort que c'est parce qu'on voit une femme à poil, je lui envoie du nu de Dup).
Ensuite, pour ce qui est des films, je vois franchement pas quoi dire là dessus. Il y en a plein que je peux me matter en boucle tellement ils sont magnifiques, c'est pas le problème : Blade Runner, Mad Max 2 (et Fury Road
), Conan le Barbare, Casablanca, King Kong, Le Kid, La Fiancée de Frankenstein, Excalibur, 2001 L'Odyssée de l'Espace, Gallipoli, The French Connection, et j'en oublie beaucoup. Mais voilà, j'ai tellement d'oeuvres qui m'ont marqués (ça se voit, je pense) que je serais incapable de dire lesquelles en particulier. C'est tout le 7e Art en général qui me heurte
Pour finir concernant la musique, ça va en surprendre certains mais c'est quelque chose qui a le pouvoir de me convaincre de l'existence d'un "Dieu" bien plus que certain livres saints. En écoutant certains compositeurs classiques, ça bouleverse les tréfonds de mon âme et je vois la vie d'une autre manière. Il me semble que du coup ça correspond bien, même plus, à ce que tu appelle comme émotion dans l'art
Je précise qu'elles sont rares les musiques contemporaines qui m'ont fait un tel effet. Pink Floyd peut être. Enfin bref, je suis un gros mordu de Verdi (surtout la Marche Triomphale), Bach (la Toccata
), Beethoven et ses magnifiques symphonies, Vivaldi (référence évidente) et surtout Mozart, qui, je pense, est un des plus grand génie que l'humanité a jamais fait
Pour la peine, son dernier Requiem, qui ferait changer d'avis n'importe quel athée :
(mais en vrai j'ai le plus écouté sa 25e Symphonie, le morceau le plus parfait qui soit)