Il y a une vieille série de RPG tombée dans l'oubli le plus total (dont elle n'était jamais sortie de son existence diront certains que j'affectionne comme il se doit) et j'en avais fait tous les épisodes canoniques... sauf un. Le plus mauvais de tous, le mal-aimé, le honni, l'abhorré, celui qui a la réputation de violer le game design comme rarement cela a été vu de mémoire de joueur. Le jeu que n'importe qui d'à peu près sain d'esprit repoussera le plus loin possible de son parcours tant les qualificatifs qu'il traîne suffisent à justifier qu'on ne lui laisse pas sa chance. Mais voilà, telle est l'attitude qu'affecterait un humain normalement constitué et doté d'une moindre intelligence. Aussi ai-je testé ce fameux jeu acheté au détour de je ne sais plus quelle promotion du PSN.
Et je ne peux, sans surprise, infirmer aucun des reproches faits à ce jeu. Un encounter ratio intolérable, un gameplay rétrograde, une histoire relativement mal écrite, des personnages plats et sans substance, mais le pire du pire, c'est bien cet épouvantable bateau. Sachant qu'il avance d'un kilomètre en cinq minutes, que les combats sont espacés de sept secondes quand la console est au pinacle de la bonne humeur, que la distance minimale entre deux lieux visitables est de 40 km, et qu'aucun combat dans ces passages ne vaut la peine d'être mené vu le rapport dégâts pris/expérience gagnée, on tient sans doute le pire échec de game design que j'ai vu depuis très, très longtemps. Quant au gameplay, comme je l'ai annoncé, rien à en tirer : 4 personnages, un tour par tour le plus basique du genre, des magies à ne jamais gaspiller, et des combats incessants qui se plie à 99.999% à l'attaque simple, spammée jusqu'à la mort.
A ce stade, au bout de 8 heures à me flageller, je ne peux lui accorder qu'une seule vertu : sa mise en scène est, contre toute attente, plutôt dans le haut du panier. Riche de cut-scenes bien modélisées et animées avec un voice acting anglais pas dégueu de surcroît, c'est peine perdue que d'espérer me faire accrocher à une intrigue aussi mal torchée mais je salue volontiers cette prestation visuelle. Et d'ajouter qu'elle atomise sans problème le plus beau jeu de l'univers de tous les temps à ce niveau (hihi).
... C'est vraiment une réputation pas volée que s'est taillé le quatrième épisode de cette série, dont le second brille pourtant toujours au firmament du genre pour des raisons largement plus défendables (même si je lui préfère le troisième) et je suis soulagé de savoir qu'elle s'est reprise en main avec un cinquième épisode mieux géré de bout en bout. Pour autant, ça me conforte dans mon idée que le jeu vidéo au sens large pouvait survivre à la disparition de la licence Suikoden.