Petit point rapide sur les deux ou trois heures passées sur
Xenogears.
A première vue, ce jeu rassemble pas mal de trucs que je ne supporte pas : la mecha, le style anime des années 70-80, une caméra à huit angles passablement merdique (une anecdote suivra) plus un ratio fréquence/durée des combats pas optimal et un déroulement qui empeste le "comme par hasard".
Mention spéciale au personnage de Citan, l'archétype même du mentor qui me donne une envie démesurée de sortir mon baffeur. Le mec ultra-humble "oh mais je ne suis qu'un homme un peu cultivé" qui sait absolument tout sur tout et tout le monde, qui dégueule sa science de partout et qui, en prime, a le même pouvoir que les Six God-Generals : celui d'apparaître à peu près n'importe où à compter de la milliseconde où on puisse avoir un tant soit peu besoin de lui.
Ce genre de perso, c'est comme les blagues longues. On craint toujours le
pitre pire
(putain le jeu de mots involontaire) mais si on sait les raconter/les introduire... Ben finalement ça passe. Sauf que là j'regrette mais c'est outrageusement raté. Autant Elly est un modèle de personnage superbement introduit et à sa place, autant Citan c'est la projection du "le scénariste veut que tu saches un truc, joueur con, et il veut aussi que tu ailles à cet endroit précis pour x raison, alors voici le super medium qui va le faire avec toutes les facilités du monde. Pense à dire merci, p'tit ingrat". Va crever, sérieux.
La caméra, bon sang, je regrette pas d'avoir vécu assez longtemps pour vivre ça.
Xenogears est un RPG à combats aléatoires. Ca signifie que le reste du jeu est en exploration. Sauf que c'est du Squaresoft alors on veut que ça pète, que ça se démarque sa mère, quoi. Du coup, le perso peut courir, oui, mais il peut aussi sauter. Et c'est là que ça se corse. Quand on mélange la 3D, isométrique ou non, et des sauts, on insinue tôt ou tard la grosse galère. Là, ça a pas traîné. J'ai quand même eu droit à l'élite toute génération confondue de l'epic fail de level design.
Prenez un ravin. Un p'tit ravin à la con, quoi, tu marches tu sautes tu le passes. OK. Un enfant de deux ans y arriverait. Prenez un ravin long. Une p'tite course, un saut, tu te rates au mieux la première fois parce que tu calcules mal la longueur, mais après t'y arrives sans problème. Maintenant prenez ce ravin long. Mettez la caméra dans la position la plus intuitive du monde, celle à laquelle on pensera dans 99,999...% des cas. Je parle bien sûr de la caméra dans le dos. Imaginez que vous franchissez le ravin aussi simplement que vous vous grattez le nez. On est d'accord ? Ben ajoutez-y un putain d'arbre de merde, opaque et épais à souhait, pile entre votre personnage et votre caméra dans cet angle précis. Ca fait que la façon de faire la plus simple relève de l'aveuglette totale. Vous devez donc gérer avec un autre des sept angles à votre disposition. Tous les angles peuvent faire l'affaire, sauf, bien entendu, sinon c'est pas drôle, celui auquel vous pensez forcément et inévitablement en tout premier ! Je signale aussi au passage un désert dans lequel les dunes sont trop hautes et glissantes pour être prises de face, faut les contourner, ça signifie plus de pas et donc plus de chances de combats aléatoires !
T'es un studio qui fait du RPG depuis plus de douze ans, et tu sais pas que les joueurs préfèrent toujours la vue dans le dos et détestent les manœuvres au pifomètre ou rallongées pour le plaisir de la chose ? Non mais allô quoi !
(si vous me passez l'expression)... C'la dit, le jeu a quand même une force indéniable dans la mise en scène et la narration, l'histoire si on oublie les interventions de l'autre susnommé me tient bien en haleine, l'émotion circule vachement bien, les persos si on oublie le susnommé ont une étincelle qui captive, le gameplay est intéressant (sérieux un perso qui fait du kung-fu c'est pas la classe ?) et puis je m'accroche à sa réputation de "meilleur scénario de tous les temps", alors je vais poursuivre, mais mon ressenti est assez mitigé dans le fond.
Vincerp : y a au moins un jeu pour lequel je suis le premier et l'un des plus fervents à soutenir que c'est ce qui aurait dû être fait.
Si tu as beaucoup de choses à raconter mais rien à faire vivre, bah alors adapte ton média à ton contenu.