Bon. On est dimanche. Donc entre aujourd'hui et mardi, il s'est écoulé pas mal de temps. Et puis, le film, je l'ai vu mardi, en fait. Ouais. Mais c'était un sacré bon film. Alors tant pis, je renomme le topic "Mardi j'ai vu..." parce que mardi, j'ai vu un film genre absolument magnifique. Vous voulez savoir à quel point il était magnifique ? C'est un film de Wes Anderson.
Je vais être honnête : de Wes Anderson, je n'ai vraiment vu que Fantastic Mr.Fox. Et puis des trailers, parce que j'ai un ami fanboy qui adore me saouler avec ce qu'il regarde, et qui essaye de me convaincre d'aller voir des trucs que ça fait des siècles que je veux voir. Mais je crois qu'il a pas compris le principe de la pauvreté... C'est triste. Bref. Mais du coup, j'avais déjà eu un aperçu de certaines caractéristiques de son cinéma : une caméra toujours très travaillée, qui fait de jolis tableaux, des histoires au synospis simples mais qui s'embrouillent pour le plaisir du spectateur, un savant mélange d'émotions et d'humour qui va faire du yo-yo avec le coeur des gens et surtout, surtout, une forte tendance à faire dire à son public : "What ? What ? WHAT ? ... Ok." Parce que, ouais, c'est assez WTF ce qu'il fait. Mais c'est ça qui est cool.
Et donc le film que j'ai vu s'appelle Grand Hotel Budapest. En bref, ça raconte l'histoire d'un auteur, qui raconte son histoire dans un grand hôtel où il rencontre le proprio qui lui raconte son histoire. Et celle de l'hôtel, aussi.
Oui, ça fait beaucoup d'histoires. Donc suite à une mise en abîme qui m'a laissé avec un sourire béat de contentement -le consommateur avide que je suis aime qu'on lui mélange la cervelle à la cuillère- j'ai pu me régaler d'un bon petit récit d'aventure qui ne dépayserait ni Tintin ni Spirou, aux côtés d'un lobby boy, Zero Moustafa, récemment engagé par Gustave, le très célèbre homme heu... tenancier ? D'un très célèbre hôtel.
En bref, entre-deux guerre, enquête autour d'un meurtre et conflit au sujetd'un héritage vont plonger les deux personnages principaux dans une suite de péripéties toutes plus rebondissantes les unes que les autres. Avec, au menu, des soldats à la gâchette facile, des bandits, un motard, une jolie pâtissière, un conservateur, un amateur de vieille dame et plein d'autres ingrédients savoureux.
Le scénario, tout classique qu'il est, est bourré de rebondissements agréable. Et malgré sa simplicité, l'histoire est d'une grande fraîcheur, d'autant plus qu'elle est assaisonné avec beaucoup de talents par un humour décalé, parfois assez grinçant, des plus délicieux, et des séquences émotionnelles bien servie. Ca se suit franchement bien, c'est vif, c'est fluide, c'est entraînant, et on a pas le temps de s'ennuyer, tant les séquences s'enchaîne vite et bien. Des rebondissements, il y en a, et ils sont parfois vraiment surprenant, ce qui est toujours agréable ; et de toute façon, si vous arrivez à ne pas être désarçonné à un moment ou à un autre par les évènements complètements random qui parsème le film, c'est que vous êtes trop blasé pour trouver la vie agréable, et auquel cas on ne peut rien pour vous.
Les images ? Miam. Franchement, Anderson SAIT comment on fait de l'image. Il a un don pour ça. Plans, couleurs, éclairage... L'immersion est totale, et le travail de toute beauté. J'étais juste halluciné par la qualité de ce que je regardais, les ambiances transmises avec beaucoup de subtilité, les séquences dignes de tableaux animés, les jeux visant à confondre le spectateur, etc. Bref, c'est clairement un des points forts du film, on en a plein les mirettes du début à la fin.
Les costumes et les décors sont au service de cette qualité de la prise d'image et ne peuvent qu'enchanter par leur qualité et leur harmonie.
Je tiens toutefois à prévenir les âmes sensibles qu'il y a éventuellement trois quatre scènes qui risquent de perturber leur fragilité... Rien de grave, bien sûr, mais disons que ça peut surprendre. C'est très bref, trop pour qu'on s'y attarde, mais ça fait son petit frisson quand même.
La musique ? Là encore, miam. J'avoue ne pas avoir été marqué par un morceau en particulier, mais j'ai trouvé que les pistes étaient justes superbes et concordaient parfaitement avec l'atmosphère qu'elles desservent. Les sonorités, très typés Europe de l'Est, sont fraîche, légère et enchanteresse, très entraînantes. J'en ai gardé un souvenir d'ensemble, certes : mais c'est un très bon souvenir.
Les acteurs ? Le film est pourvu d'un casting de malade. J'en dirais rien parce que j'ai adoré découvrir qui jouait quel rôle au fur et à mesure, et que c'était plus drôle comme ça. Quand à leur jeu, il est à la fois très bon et très décalé, pas mal caricatural . Et vous savez quoi ? C'est juste généralissime, ce que ça crée.
Alors voilà. Que dire d'autres, sinon que je suis allé voir ce film dans un état de déprime avancé, et que j'en suis ressorti avec un sourire d'enfant le jour de Noël ? Je me suis juste régalé. Vraiment. C'est clairement l'une des meilleures oeuvres du genre que j'ai jamais vu. Et vous savez quoi ? Je vous le recommande vivement.