Je m'suis r'gardé Rango. Plusieurs personnes en parlaient sur le topic ciné, je m'suis dit qu'il était temps qu'j'y jette un oeil.
Bah, au fond, j'ai... à peu près rien à en dire. C't'un film qui présente somme toute assez peu d'intérêt en dehors de son travail de réalisation et d'animation (sur ce plan, c'est impressionnant); mais en dehors de ça, l'histoire a été racontée 78 fois en bien mieux, plus original et plus prenant.
Détail : vous attendez pas à du "spoiler-free", lire une critique de film en s'attendant à pas être spoilé c'est comme aller dans un bar à gays à poil avec des jolies fesses luisantes et s'attendre à pas le retrouver mouillé dans une heure : tu l'auras dans l'cul et ce s'ra ta faute.
Le sujet, donc : un lézard domestique dont on ne connaît pas le nom et qui se sent très seul (ce qui est à peine appuyé quinze secondes et qui pourtant prendra un aspect "tournant" dans le film), qui donc s'amuse toujours à "jouer un rôle" autant qu'il peut avec des objets qu'il trouve comme s'il jouait la comédie avec eux (ce qui est à peine appuyé deux-trois minutes et qui pourtant prendra un aspect CENTRAL dans le film) se retrouve à chuter de la voiture de ses maîtres et doit partir chercher la "vérité" ou je ne sais quelle aventure qui lui fera découvrir "qui il est", je n'sais quoi. Un départ plutôt bateau mais appuyé par de la carrément belle gueule, ce qui en soi intrigue pour une introduction; mais il faudra attendre une bonne demi-heure et le démarrage du second acte (et le début "réel" de ce que Rango "s'invente un rôle", il était temps, et ça suffit rarement à nourrir la qualité de l'histoire, la prestation d'un seul personnage) pour que les choses commencent enfin à avoir lieu.
Autour de toute une histoire d'eau qui manque qui se résoudra de la façon la plus évidente du monde fomentée par le personnage qui s'avère être le méchant dès qu'on le voit parce qu'en fait on est pas censé le savoir, il y a toute une énorme partie du film qui ne sert à rien pour faire avancer l'intrigue où ils partent chasser des "voleurs d'eau" alors que la nana, qui deviendra évidemment sa romance alors qu'au fond ils ont absolument rien partagé de proche l'un et l'autre, dit depuis le DEBUT "mais j'ai vu un endroit où y a tout plein d'eau blabla", ce qui ne va évidemment pas ressurgir vers la fin (alors qu'il aurait suffi de lancer cette intrigue beaucoup plus tôt pour ne pas avoir à se jeter bras-ouverts dans une histoire qui, encore une fois, ne sert absolument à rien dans l'intrigue, à part amener des p'tites taupes qui ont un accent qui sonne entièrement comme quelqu'un qui n'a pas d'accent mais essaie de sonner comme s'il avait un accent et qui serviront à la fin à faire quelque chose qui pourrait se faire sans leur aide le moins du monde).
De la même façon, vient un moment où un personnage serpent qu'on aurait deviné tout aussi inutile dans le film s'il n'était pas arrivé genre au bout d'une heure, et qui d'un seul coup renverse totalement la situation de confiance entre le personnage et les villageois assoiffés en précisant des trucs on se demande "euh ouais wat et tu m'expliques comment il est au courant", on en vient à toute la phase du film où Rango part après avoir admis en trente secondes "oui en fait je vous ai totalement menti" sans même chercher ni rien, et on passe sur une phase qui se voulait de profondeur, mais qui ne fonctionne pas ici puisque, comme précisé plus tôt, Rango est A PEINE présenté comme un perso "solitaire"; sa solitude, sa tristesse, etc. n'est présentée que quinze secondes de la façon la plus distante et inexistante possible, ce qui fait que quand d'un seul coup il devient l'homme le plus malheureux de la planète, on se dit que ça sort un peu de nulle part.
Surgit évidemment le "bonhomme" qui vient relancer sa confiance en lui, une imitation d'Eastwood qui aurait pu être parfaite s'ils avaient pris le VRAI Eastwood ! Je continue de ne pas comprendre pourquoi ils ont préféré prendre un "simili" eastwood que le vrai, voire même qu'un personnificateur professionnel, au moins, quoi.
Vient le "retournement", quand on découvre la "vérité" (l'idée de parler de Las Vegas ici est vraiment bonne, ça donne une dimension plus forte puisque comme de "leçon" à l'aventure, mais ça tombe complètement à plat vu que tout le contenant de cette boisson est quand même pas bien recherché), et la phase finale où le méchant est puni, il revient et sauve tout le monde, etc.
En gros, c'est un film absolument magnifique qui a eu tous les éléments pour être une sacrée réussite, sauf de bons scénaristes/dialoguistes, ainsi que quelques doubleurs possiblement un peu plus travaillés dans leur rôle; Rango n'a rien d'un personnage "unique" dont on se souvient, dont les manies ou autres nous paraissent n'égaler que lui, ne correspondre qu'à lui : il ne présente absolument rien d'unique, et un autre doubleur (ou peut-être un autre directeur d'acteurs ?) aurait sûrement amené à quelque chose de plus remarquable. L'histoire n'amène à rien, puisqu'elle ne démarre sur rien et n'est motivée à rien. Elle est rampante.
Autrement, il y a énormément de références, dont quelques unes sont même plutôt amusantes; mais un film ne peut pas prétendre laisser sa qualité reposer sur des références seulement, parce que ça ne servirait qu'à chatouiller l'égo de ceux qui, dans le public, les reconnaissent, ces références. Une œuvre ne se reconnaît pas à ce qu'elle flatte, mais à ce qu'elle plait. Des références c'est bien beau, mais parce que c'est beau dans le film dont ça vient, pas dans le film dans lequel on les voit... surtout quand ils sont infiniment et définitivement meilleurs que celui-ci.
On pourrait même s'imaginer qu'il faut prendre l'histoire avec "ironie", qu'il cherche à se moquer des transitions bateau, des pivots scénaristiques faciles, des personnages creux et des rebondissements gratuits; mais le problème, c'est que pour se moquer de quelque chose, d'une, il faut beaucoup d'humour, de deux, il ne faut pas faire exactement la même chose que ce qu'on raille. Reproduire un prout pue tout autant.
Et c'est sur cette magnifique leçon que je donne un bon 11/20 à ce film : il ne vaut pas le coup, et c'est bien dommage, parce que ç'aurait valu le coup de le rendre valeureux.