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Les contes du Jardin de l'éternité

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John Craft:
Tiens, ça fait longtemps que je voulais commenter ici, et j'ai jamais pris le temps, c'est vrai... Eh, d'ailleurs, c'est "éternité", et pas "éternitée" ! :p
Sinon... ben si tu te souviens bien, j'avais parlé de ta seconde nouvelle dans le Journal de la Fiction ! ^^ Et je n'en avais dit que du bien ! :p Autant c'est très court, autant c'est un conte, donc c'est normal... De plus, l'ambiance est onirique, merveilleuse, splendide ! C'est joli, c'est touchant, c'est poétique ! J'adore ! Déjà que j'aimais tes dessins... :p Tricheuse !

Jielash:
Red ink>> Déjà, merci pour le commentaire :3

Je n'ai pas lu beaucoup de conte possédants de morale qu'on repère du premier coup d'oeil contrairement à une majorité des fables mais bon.
Je suppose que si il y a une morale il faut la découvrir dans les trois épreuves du génie.


--- Citation de: "Red ink" ---
"Je vais te sauver, Naiv. Je ferais n'importe quoi, je ferais tout pour toi. Tu le sais n'est-ce pas ? J'ai laissé mourir cet abruti, cet horrible et cupide nomade, je les aurais même tous tués s'il l'avait fallu ! Tu le sais n'est-ce pas ?"

Comment Naiv pourrait le savoir ? Et puis une fille si pure, dire après qu'elle s'en fout des nomades euh ... Cela casse un peu tout
--- Fin de citation ---


Ce que Vollmond pense que Naiv sait, c'est le fait qu'il viendrait la sauver et ferait n'importe quo pour elle (je suppose que tout le monde a remarqué le fanatisme dont il fait preuve envers sa petite soeur ? :3)

C'est normal que la Naiv avec qui Vollmond parle de cette façon, étant donné que c'est ce que Vollmond veut entendre.
Tu te souviens de ce qu'à dit la vieille femme ? il y a trois salles à passer où il ne faut rien toucher. Dans les contes traditionnels où il faut passer trois salles, la première est remplie de pièces d'or, la deuxième de pièces d'argent et la dernière de pièces d'or.

J'ai préféré faire un peu plus original en ne faisant qu'une pièce "typique" centrée sur les richesses, une deuxième sur les désirs du corps et une troisième sur les sentiments.
Notre génie est vicieux : Naiv EST la troisième épreuve. Il fallait que Vollmond réfrène son envie de parler à sa soeur, de la réconforter et aille dans la prochaine salle. J'avais d'ailleurs laissé un indice au moment où il retrouve sa soeur :

--- Citer ---il regarda le reste de la grotte et découvrit un passage étroit.
--- Fin de citation ---

Seulement, il était évident que Vollmond se laisse attraper au dernier piège du génie, à cette "fausse" Naïv à qui il n'a pas osé ne pas faire confiance.

Pour les descriptions, c'est vrai qu'il n'y en a pas énormément, j'ai parfois un peu de mal avec, je n'arrive pas à les rendre "vivantes" (en même temps, les contes ne sont pas toujours très descriptifs).

clo>> Merci ^^
Oui, l'idée est tirée des grottes magiques semblables à celle qu'il y a dans Aladdin.
C'est vrai que la découverte est un peu rapide, je ne savais pas trop comment traiter cet instant alors j'ai un peu baclé je suppose.

Mytho Man>> Merci du commentaire ;3

Yorick26>> Je ne touche à aucun pinceau (excepté celui pour l'aquarelle) de peur de faire des malheurs.
Je me demande comment tu as fait pour trouver ce sujet quand même, alors qu'il devait être enterré sous des tas d'autres écrits XD

Enfin bref, ton voeu est exaucé, voici une quatrième histoire. Très courte cette fois-ci (mes réponses aux commentaires sont carrélent plus longues que l'histoire en elle-même. wow /o/)

John>> C'est à cette heure que tu postes x3 ?! (le commentaire s'applique aussi à moi dans ce cas mais bon)
J''édite le titre >3>" *hop hop*
Pis bah merci beaucoup :3

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~

Minwa s'étira pendant quelques secondes et balaya du regard le cercle d'enfant qui s'était formé autour d'elle. Ses lèvres s'étirèrent en un joyeux sourire. Un peu plus loin, Johnathan, assis contre un bouleau les regardait avec un air méprisant, légèrement dégouté.
Le sourire de Minwa se fana.

"La prochaine histoire se passe dans un monde où les gens sont reliés par des fils rouges."
o~O~O~o

À la naissance, lorsqu'un enfant sortait du ventre de sa mère, il avait une cordelette rouge nouée autour du poignet. Dès que le cordon ombilical avait été coupé, on déroulait le fil rouge et on attachait l'autre bout au poignet de la mère.
Le père venait ensuite serrer la petite main du bébé dans la sienne et un autre fil rouge apparaissait, reliant leurs deux poignets.

Tout au long de sa vie, le nouveau-né serrerait les mains des autres personnes auxquelles il se présenterait, se liant ainsi à eux via le fil rouge qui apparaîtrait.
Durant toutes ces années, il vivrait entouré de dizaines, voir même de centaines de fils rouges, et à la fin, ses fils disparaitront avec lui.

Parfois, on s'éloignait trop des personnes avec qui le fil nous reliait. La longue ligne rouge s'étirait alors jusqu'à la ligne d'horizon et semblait infinie. Si l'on voulait revoir la personne, ne pas s'éloigner d'elle encore plus, il fallait aggriper le fil et tirer de toutes ses forces. Il fallait aussi y mettre tout son coeur, parce que l'on ne peut pas garder les gens près de nous seulement par la force.
Mais parfois il était trop tard et lorsqu'on arrivait au bout, il ne restait plus qu'un bout de corde rouge coupée.

Ellias n'avait jamais osé tiré sur un seul fil. Il n'avait tout simplement jamais été doué pour se lier avec les autres.
Ce n'est pas qu'il n'appréciait pas les personnes qu'il rencontrait, c'était seulement qu'il ne savait pas quoi leur dire ou comment réagir lorsqu'ils lui adressaient la parole. Alors il se taisait, continuait d'avancer et les regardait s'éloigner, sans oser rien faire.
De temps en temps, il arrivait qu'il reste plus longtemps avec certaines personnes, parce qu'elles allaient dans le même sens, suivaient une partie du même chemin que lui, mais une fois qu'ils bifurquaient et changeait de direction, Ellias ne pourrait plus les rappeler.
Il avait peur, tout simplement. Terriblement peur. Que ferait-il une fois qu'il aurait tiré jusqu'à lui une personne dont il avait du mal à se souvenir du visage ? Devrait-il s'excuser d'avoir laissé la personne à l'écart si longtemps ? Comment devrait-il engager la conversation ? Et si la personne se montrait méprisante, blessante, si elle lui disait qu'elle ne voulait plus le voir et coupait le fil si fragile qui les reliait ? Que pourrait-il faire si, lorsqu'il arriverait à l'autre bout du fil, il n'y avait déjà plus personne ?
S'il n'arrivait pas à trouver quoi dire, à se montrer suffisamment intéressant pour que ceux qu'il ramènerait à lui veuillent bien rester à ses côtés, leurs fils se couperaient. Et Ellias savait pertinemment qu'il n'était pas quelqu'un d'intéressant.

Alors il continuait de suivre le chemin monotone qui se traçait devant lui, laissant trainer ses fils qui s'étiraient sans cesse derrière lui. Sans jamais savoir si il y avait encore des personnes à l'autre bout, il continua à marcher et finit par mourir emprisonné dans sa solitude.

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À celle dont je n'ai pas osé tirer le fil.

John Craft:
C'est sublime, ma Linki... Vraiment admirable. Très beau !
Oh, moi j'avais compris que c'était pas une vraie Naiv ! :p Hahaaaaa !
Huhu, t'as édité, mais j'ai eu le temps de voir que tu avais oublié de répondre à mon com ! :p XD
Et je voulais dire un dernier truc mais j'ai oublié... J'éditerai !
EDIT : ça y est, je me rappelle ! XD Vollmond se tape un énorme "brother complex" ! :p

Yorick26:
C'est toujours aussi magnifique Linki. J'adore et cette petit histoire m'a rendu triste. Cela me rappelle tous ces fils rouges que j'ai brisé, ou que j'ai oublié de tirer. Cela me rappelle moi qui veut ne pas être trop attaché, qui n'ose pas rappeler tout comme Ellias au prénom, hélas, si tragique. Néanmoins certaines choses m'ont fait sourire. Cela m'a fait penser à un paramètre des Sims qui vous envois un message à chaque que l'on risque de perdre une amitié. Merci Linki. En plus d'écrire superbement bien tu  nous faire réfléchir monstrueusement. Je tiens à mes amis... même si la distance va s'agrandir, il va falloir que je tire sur un fil rouge, le fil du téléphone pour les rappeler vers moi.

Merci.

Jielash:
John>> On devrait peut-être dire "sister complex" non ? Vu que celui qui a un "father complex" c'est le fils et pas le père.
Mais c'est vrai qu'on peut considérer Vollmond comme ça XD

Yorick>> Merci beaucoup pour le commentaire \o/

Et hop, la cinquième histoire (5 mois après, haha)

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Cette histoire se déroule dans un étang.
Ce n'était pas un joli étang, pas un de ceux dans lesquels on va prendre plaisir à se baigner, il était toujours recouvert de lentilles et avait, en automne, un aspect marécageux qui rebutait les voyageurs. Les seules créatures qui y vivaient étaient celles qui étaient considérées comme des nuisibles.
C'était au fond de cet étang qu'avait décidé de s'installer la seule sorcière de la région.
Etant une sorcière, elle pouvait respirer sous l'eau sans problème et le climat aquatique, les algues, le sable boueux et les  poissons qui lui serviraient de voisins lui plaisaient bien. L'endroit était d'ailleurs plutôt calme et isolé, ce qui lui convenait parfaitement.
N'étant pas de nature très bricoleuse, elle avait proposé à une famille de carpes de s'occuper des travaux. En échange de quoi, elle s'engageait à leur fournir son aide en cas de maladie et à empêcher les humains de jeter leurs déchets dans les eaux de l'étang.

La sorcière put ainsi s'installer tranquillement dans sa maison sous-marine où elle espérait passer de longues et calmes journées allongée sur son sofa, un livre à la main, ou affairée devant son chaudron.
Lorsqu'elle avait du aller s'assurer qu'aucun humain des environs n’irait jeter de déchets dans l'étang, elle annonça aussi qu'elle offrirait ses qualités de guérisseuse à ceux qui viendraient lui demander des soins.
Les villageois l'avaient regardé d'un air étrange. Si elle ne se déplaçait pas, cela voulait dire qu'ils auraient à plonger et nager dans l'eau froide et boueuse pour l'atteindre. "Très peu pour moi", fut donc la réponse muette que chacun formula dans sa tête.

Pourtant, quelques mois après l'annonce de la sorcière, à l'arrivée de l'hiver, un des jeunes laboureurs du village tomba gravement malade. Aucun médecin ne réussit à le guérir et quelqu'un lança finalement l'idée d'aller demander service à la sorcière.
Comme le laboureur, incapable de sortir du lit, n'avait aucune famille pour s'y rendre à sa place on tira à la courte paille.
Ce fut l'idiote du village qui fut désignée et, quoique quelques uns suspectèrent une tricherie, personne n'alla rien y redire de peur de se faire envoyer voir la sorcière à la place de la jeune fille.
Celle-ci se rendit donc à l'étang. L'hiver était fort rude et la surface de l'eau était recouverte de glace, l'idiote ramassa une branche à moitié pourrie et alla frapper la glace avec. Au bout de quelques coups, la branche cassa et l'idiote alla en chercher une autre.
Elle recommença le procédé jusqu'à ce qu'un trou suffisamment grand pour qu'elle puisse s'y engouffrer soit formé. Elle lâcha sa branche abîmée et plongea dans l'eau glaciale.
La jeune fille fit quelques brasses vers le fond, repoussa du bras les longues algues verdâtres qui bloquaient le passage et, après avoir cligné des yeux plusieurs fois, elle aperçut la forme floue de la chaumière de la sorcière.
C'était une petite maison de bois et de paille. Un léger bandeau de fumée s'échappait de la cheminée en pierre qui dépassait du toit. La maison ne semblait en aucun cas affectée par le milieu aqueux dans lequel elle était plongée et la jeune idiote ne se posa même pas de question. La logique des fous allait bien avec la magie des sorcières.
Une fois arrivée devant la porte, elle toqua. On lui ouvrit immédiatement. L'intérieur de la maison n'était pas inondé, ce qui était plutôt profitable à la jeune fille qui commençait à manquer d'air. La porte se referma derrière elle dans un silence lourd. Il n'y avait personne pour l'accueillir.

Les murs intérieurs étaient formés par de gigantesques étagères remplies à ras bord de livres, de fioles, de bocaux et bibelots intrigants, parfois même repoussants. Les espaces entre chacune des étagères formaient des portes.
Au fond de la salle, un grand chaudron en cuivre était suspendu à une crémaillère, au dessus d'un tas de braises. Quelques bulles émergeaient à la surface de la mixture brunâtre qu'il contenait avant d'exploser dans un léger "ploc", brisant régulièrement le silence des lieux.
L'idiote promena son regard sur les bocaux de l'étagère la plus proche. Dans le premier s'entassaient des yeux de la taille d'une mouche, chacun d'eux était pourvu d'une petite paire de pattes qui brassaient l'air sans arrêt. Le deuxième bocal contenait trois gros fruits bleus qui avait l'air gorgés d'eau et le troisième bocal était rempli d'une poudre aux couleurs de l'arc-en-ciel. L'idiote s'apprêtait à examiner le quatrième bocal quand la sorcière entra dans la pièce.
"Que puis-je faire pour vous aider ?"
Elle avait parlé d'un ton froid, poli mais sans la moindre émotion. Ce n'était pas de la rudesse, c'était juste la manière dont toutes les sorcières s'adressaient aux autres personnes : avec une indifférence totale.
La sorcière de l'étang avait l'apparence d'une femme longiligne, aux cheveux et à la posture raide. Son aspect physique correspondait exactement à son caractère.
D'abord surprise de cette soudaine apparition, la jeune fille se ressaisit et expliqua le problème à la sorcière puis détailla tous les symptômes du malade lorsque celle-ci lui demanda des précisions.
"Je vois de quoi souffre cet humain  et j'ai une potion qui peut le guérir, répondit-elle d'une voix monotone, mais il faudra payer."
Devant l'air étonné de l'idiote, la sorcière annonça que tous les remèdes avaient un prix.

Comme on ne pouvait pas prendre le temps d'aller demander au malade s'il acceptait de payer ou non, à cause de son état, ce fut l'idiote qui dut payer à sa place.
La sorcière lui demanda le pendentif qu'elle portait sur elle. Celui-ci était le dernier cadeau que la mère défunte de la jeune fille lui avait donné et l'idiote hésita donc quelques instants.
Finalement, par peur de la colère dans laquelle se mettraient les villageois si elle revenait les mains vide, elle fit l'échange.
Une fois revenue au village, on l'inonda de questions sur ce qui s'était passé au lac. Le remède donné fut efficace et le malade fut guéri en un rien de temps. Emu par ce qu'on lui raconta de l'aventure que l'idiote du village avait vécu pour lui, il l'épousa.
Les villageois eurent bons nombres de ragots à raconter lors des semaines qui suivirent cette histoire et ils furent rassurés de pouvoir faire confiance à ce personnage extravagant qu'était la sorcière de l'étang.

Le temps passa, les villageois allèrent plusieurs fois demander de l'aide à la sorcière. À chaque fois, il fallait payer un prix qui changeait en fonction de la gravité de la maladie. Il s'agissait le plus souvent d'un meuble ou d'un objet rare, voir unique, et on surnomma bien vite la sorcière de l'étang "la collectionneuse".
Quand quelqu'un refusait de payer le prix, il repartait les mains vides, sans aucune exception.

Un jour, pourtant, un homme qui avait refusé de payer s'empara du remède de la sorcière malgré ses avertissements et l'utilisa pour sauver sa femme d'une épidémie. Le lendemain, la sorcière sortit de sa demeure et alla demander à l'homme de payer mais il refusa à nouveau. Le surlendemain elle revint à nouveau lui demander son dû pour la troisième fois mais il ne céda pas.
Le jour d'après, la fille de l'homme qui n'avait pas payé mourut.
Celui-ci entra dans une colère terrible, alla accuser la sorcière de cet assassinat partout dans le village et rassembla un groupe d'homme armés pour l'abattre.
Ils se rendirent à l'étang, plongèrent sous l'eau, défoncèrent la porte de la chaumière sous-marine et tranchèrent la tête de la sorcière. Ils ramenèrent le cadavre au village, le brûlèrent et éparpillèrent les cendres afin d'éviter tout risque de malédiction.

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"Une fois la sorcière tuée, on alla chercher tous les remèdes qu'elle avait élaboré et on les distribua à tous ceux qui en avaient besoin. Et voilà, fin."
Minwa avait conclut son histoire d'un trait et un sourire triste étirait ses lèvres. Le genre de sourire qui vous dit "C'est injuste n'est-ce pas ?".
Les enfants reniflèrent, ravalèrent leurs larmes et émirent quelques protestations. Seulement, chacun d'entre eux savait qu'une fois le conte fini il n'y avait plus rien à faire pour le changer.
"Bien, maintenant que le conte est terminé, vous pouvez partir. Et ça vaut aussi pour toi Johnathan.", ajouta Minwa en lui jetant un regard agacé.
Son interlocuteur détourna les yeux avant de répondre, presque à contre-cœur :
"Terminé ? Quand il manque bien la moitié de la fin je me demande comment ce conte peut-être terminé. Ne me dis pas que tu as simplement oublié ? "
Minwa hoqueta, comme prise en faute, et alors qu'elle ouvrait la bouche pour parler, Johnathan reprit :
"L'idiote et son mari construisirent pour la sorcière une tombe sur la terre et la famille de carpes une tombe sous la mer."
Les enfants qui s'étaient levés se jetaient des coups d'œil interrogatifs, ne sachant qui croire.
Minwa se releva à son tour et, après quelques bégaiements, elle finit par s'adresser à l'autre adulte.
"Que tu méprises les contes, au fond, cela n'a pas une grande importance pour moi mais ne viens pas les écouter dans ce cas. Surtout si c'est pour me faire la morale après."
Elle s'enfuit, sans attendre de réponse.

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