-> Pour moi le metal est un mouvement à la base fortement contestataire (Black Sabbath, puisqu'il est de notoriété publique qu'il s'agit du principal groupe qui a monté le metal, qui à défaut de l'avoir totalement inventé l'a amplement concrétisé) qui allait à l'encontre de la morale, à l'encontre de la norme. Que ce soit musical ou bien apparent. Quoiqu'il en soit, à l'époque de Black Sabbath, tous les auditeurs dudit groupe étaient considérés comme des originaux.
Le metal alternatif est, pour moi ce qu'on pourrait nommer le metal convenu, il y a des codes bien concrets qui vont de la production correcte à la musique intéressante mais dans la norme musicale, aux ambiances également très banales et peu sophistiquées (en d'autres termes il ne serait pas faux de dire qu'une bonne partie des thèmes du metal alternatif a déjà été fouillé et refouillé par des mouvements musicaux antécédents, à commencer pour le classique pour les airs épiques et grandiloquents, etc. On trouve des perles, évidemment, le metal progressif en est une, mais il y a des groupes de metal progressif qui créent des ambiances véritablement progressives et non pas un étalage de technique, certes très intéressant, mais à mon sens plus présomptueux qu'autre chose (non je ne vise pas Dream Theater xD De toute manière, j'aime titiller ce groupe, je ne crache pas sur les musiciens qui sont vraiment excellents mais bien sur leur musique que je trouve tout simplement indigeste), je pensais notamment à Opeth, qui va chercher des sonorités Death, ou bien à Pain of Salvation, tout ce genre de groupes qui ont tendance à être effacé derrière la grosse pointure du metal progressif (Dream Theater donc). Mais tout ça était une énorme parenthèse. Bref, on trouve des sujets très différents entre le power, le speed, le heavy, l'indus, le metalcore, le progressif et le neo, mais à mon avis, ça reste trop "déjà vu".
Ce qui fait la richesse du metal (et je suis d'accord que chaque style a ses richesses, mais je pense que le metal extrême travaille beaucoup plus les expérimentations et la contestation que le metal alternatif) c'est donc les voyages qu'il nous faits entreprendre (comme toutes sortes de musiques après tout), mais il ne nous permet pas de nous évader à proprement dit, il nous fait entrapercevoir des terres désolées et ravagées, où l'esprit humain est en proie aux pires saloperies qu'il puisse être possibles, des sentiments détériorés qui, après la tristesse, le chagrin, sont devenus la haine, la démence, le mépris, la misanthropie, la solitude, la mélancolie, la dépression, le désespoir, la décrépitude, la noirceur, les ténèbres, la souillure, le suicide, l'ésotérisme. Le metal extrême nous plonge dans un monde qu'on n'a pas l'habitude de côtoyer, les méthodes pour y parvenir sont particulièrement osées, par exemple, quelle personne saine d'esprit irait écouter du Darkthrone? La production est nulle à chier, la musique minimaliste n'a rien à envier au rap (attention je n'ai pas dit metal extrême, en l'occurence black metal = rap), la musique en elle-même semble ne pas s'écouter par plaisir. (bon, j'avoue j'ai réduit au black metal en fait). Pourtant, elle dégage des sensations riches car elles sont inconnues : ça peut être de l'incompréhension face à cette musique "venue d'ailleurs", ça peut être de la fascination, de l'effroi, de l'empathie, on peut même s'y retrouver soi-même dans cette musique glaciale et désincarnée.
Le black metal est également vaste et brasse une foule de thèmes (entre le suicidal black metal, le symphonic black metal, le pagan, le raw, le brutal, le viking, et toutes les expérimentations qui ont été faites à partir de ce genre).
Concernant le Death Metal, on va trouver des trucs moins intéressants car largement plus "débiles" au niveau des thèmes : la mort, le corps humain souillé, la putréfaction, la dissection, le gore tout simplement (cf : les jaquettes de Cannibal Corpse xD). Toutefois, si la partie sujet est beaucoup moins passionante, on trouve des musiciens absolument époustouflants (que dire des batteurs de brutal death ou de technical death ? ou bien les guitaristes qui sont véritablement incroyables ? Les bassistes qui ne sont pas en reste) encore une fois, des expérimentations ajoutent des ambiances et des instruments supplémentaires (là où le death devient intéressant pour moi). Par exemple le death "oriental" d'Orphaned Land qui est particulièreent déroutant, ou bien le death progressif de Disillusion, le death melo d'In Flames ou Dark Tranquility... Le death inclassable de Gojira au passage ! Comme les musiciens ont des potentiels de capacité énormes, certains la mettent au profit d'une techniquité sans faille ou bien d'une ambiance plus travaillée (comme la scène dite death progressive où l'on retrouve Opeth, Agalloch, Edge of Sanity, Evergrey...). Soit dit en passant, les thèmes du Death Metal traditionnel sont absolument évités. certains des thèmes se rapprochent même plus du black voire du metal prog (et donc alternatif).
Je passe au dernier point en ommettant volontairement le Thrash Metal (qui ne connaît pas après tout ? Slayer et tout le monde a compris), le "Dark" Metal, genre qui a tendance à de plus en plus se mettre en valeur avec des groupes comme Dissection, Deinonychus... Des groupes qu'on ne peut pas trop classer mais qui tiennent soit du black soit du death et qui tendent vers des ambiances fortement ... sombres comme son nom l'indique xD, le Grind aux ambiances encore plus gore que le Death sauf que c'est limide du foutage de gueule (écouter Dying Foetus, Cock and Ball Torture, ou bien encore Ultra Vomit et Gronibard, les leaders de la scène grind française) et mettons le Gothic Metal (j'entends par là Type O Negative, Theatre of Tragedy...). Mon dernier point est donc le Doom Metal, le dernier-né des trois "grands" mouvements représentatifs du metal extrême puisqu'il né concrètement en 1996 avec Thergothon (alors que Black et le Death commencent déjà à dater) (alors qu'en réalité des groupes comme Black Sabbath, Paradise Lost, My Dying Bride ou encore Candlemass avaient ouvert le filon). Le Doom Metal le plus "bizarre" des genres puisqu'il exploite la lourdeur de la musique et en fait une musique lente, lourde et qui s'enfonce inexorablement (écouter Stream From the Heavens pour vraiment comprendre, du groupe Thergothon, ne serait-ce que pour comprendre) jusqu'à arriver à la mort. Je crois qu'au niveau gaieté et festivité c'est le genre le plus abouti (cynisme inside). C'est tout simplement la musique qui donne envie de se pendre.
Maintenant, reprenons le débat. Où sont les richesses ? D'autant qu'on peut encore se demander si le bien fondé est véritablement utile, nous, humains, avons tendance à démoraliser quand l'occasion s'en fait sentir (à défaut de l'opprtunité d'être triste, nous n'en avons des fois totalement pas le choix), alors pourquoi se mettre dans la tête des choses qui vont moralement nous achever ?
Les richesses, pour commencer on la trouve des diversités des genres et dans l'originalité des thèmes dans le sens où les derniers à les avoir sortis du placard étaient, concrètement, les romanciers gothiques ou élégiaques du 19ème / début 20ème. Ces thèmes sont, pour la plupart malsains, nuisibles à la santé mentale d'un être humain pourrait-on dire. Mais ils sont de cela qu'ils sont fascinants. On ne sait pas comment les prendre. Sont-ils effrayants ? Sont-ils attachants ? Ils possèdent ces deux dimensions. Le metal extrême est riche de par la fascination qu'il fournit à celui qui se sera donné les moyens de s'y reconnaître. Je suis beaucoup plus touché par un album qui parle de détresse (Mournument de Deinonychus) qu'un album qui va parler de... Bah de rien de concret justement. Qui va avoir plusieurs pistes qui ne se complètent qu'à moitié dans un album et qui ne possèdent que peu d'ambiances à fournir, seulement une musique agréable à l'oreille mais qui ne permettra pas à l'esprit d'aller plus loin.
Tu vois, c'est un peu comme si je disais "il s'agit-là d'une musique qui n'est que la médiatrice entre la musique elle-même et le monde où elle veut nous amener". Au pire des cas on pourra dire que le metal extrême et le metal alternatif sont aussi riches l'un que l'autre (c'est même certain), mais d'une part ma préférence pure et simple se porte sur l'extrême et d'autre part, les thèmes abordés dans le metal extrême sont tout simplement plus originaux que ceux de l'alternatif.
(Attention, il s'agit là de généralités, ne croyez pas que ma vision du metal est diamétralement figée, je ne prendrai pas en compte les posts qui eux-mêmes n'auraient pas compris cette parenthèse en compte).