Art > Littérature, BD et séries d'animation

Je bouquine !

<< < (201/202) > >>

D_Y:
On parle de Tolkien ici ?

Moi j'ai relu le livre récemment, me disant "je me laisse un pause entre les trois opus", résultat j'ai tout torché d'une traite, et sans forcer; la lecture s'enchainait comme un cour d'eau, un page-turner pour ma part. Chaque lecture se bonifie comme un bon vin.
J'ai lu en VO mais je comprendrais qu'on veuille pas s'infliger ça si on est pas trop à l'aise dans la langue. Mais de mémoire la trad. de Ledoux est assez nulle, et j'ai lu que celle Lauzon était bien mieux, faudrait que je la teste un jour.

Les films font pâle figure à côté de ce monument, t'as des passages c'est du cristal changé en lettres. Je ne dis pas qu'on doit forcément aimer ces livres, mais on ne peut qu'être d'accord sur le fait qu'en terme d'écriture, c'est d'une solidité sans faille, peut être même le livre le plus technique du XXe siècle en terme de cohérence linguistique (ce qui est logique vu le technicien derrière). Faut se laisser prendre au détour de chaque phrase, laisser son imagination voguer comme sur un océan tantôt d'un calme profond, tantôt déchainé.

Par ex -


--- Citer ---Come not between the Nazgûl and his prey! Or he will not slay thee in thy turn. He will bear thee away to the houses of lamentation, beyond all darkness, where thy flesh shall be devoured, and thy shrivelled mind be left naked to the Lidless Eye.
--- Fin de citation ---

T'as ça dans les films ? Franchement comme phrases qui font frissonner, ça se pose quand même bien. Et regarde en terme de construction grammaticale comment elles sont construites! En commençant par le verbe, avec les archaïsmes thee, thy, &c. qui ne sont pas là au hasard étant donné le background des Nazgûl et surtout de ce petit filou ci en particulier.

Y'a trop de passages de ce type, vertigineux, y'en a pléthores. Faut juste savoir les chercher et pas se baser sur les films qui à mon sens manquent très clairement de souffle épique. Car Tolkien c'est surtout ça :

(Cliquez pour afficher/cacher)






Qui est rébarbatif ?!

Chez Tolkien il ne faut pas s'attendre à du blockbuster version papier, ou du D&D. C'est bien plus que ça. Il faut en sortir la moelle de l'imaginaire et ainsi découvrir de quoi notre esprit est capable.
En plus, c'est un avis tout personnel, mais il me semble que la thématique écologiste et industrielle est très actuelle et ne fait pas de mal. C'est un livre très politique et même assez universel, car sa couche d'interprétations possibles donne le vertige.

Aimer la fantasy c'est aimer Tolkien qu'on le veuille ou non. Dedans t'as de l'insouciance féérique enfantine, du plus sérieux à la Arthur; de la dark fantasy hardcore (cf passage ci-dessus), du nordique, de la tragédie bien shakespearienne (Gollum), du fight qui fait frémir les poils de nez (Balrog versus Gandalf).

Bon j'arrête là sinon je vais partir sur le Silmarillion et ça fera le double voire le triple de ce que j'ai déjà dit. J'aime peut être Tolkien trop exagérément ? C'est pas un soucis de pas aimer, c'est comme Homère, l'Arioste ou Shakespeare; la littérature a des codes, il faut s'y conformer et se laisser en emporter, même si on aime pas l'eau il se peut qu'en se faisant du mal on finisse par aimer la nage.

Duplucky:
Bah écoute, il me semble bien que j'ai la version de Ledoux. Je te confirmerai ça ce soir quand j'ouvrirai le bouquin. Donc le soucis vient peut-être de là, mais je me souviens à une époque que feu Yan930 m'affirmait que la traduction était très soignées. Du coup, je sais pas. Et Lauzon, c'est celui qui a renommé la Communauté de l'Anneau en "Fraternité de l'Anneau" ?

Enfin bref, on verra bien. Ca prendra le temps qu'il faudra mais je tâcherai d'y aller jusqu'au bout cette fois.  v.v (Par contre, tu fais grave flipper, à peine on évoque Tolkien que tu nous sors un de ces pavés.  O_O )

EDIT : Bon je confirme que j'ai bien la version de Francis Ledoux. Et donc après lecture du chapitre 1, je confirme qu'avoir vu plein de fois les films m'a bien aidé à mieux visualiser les scènes et à rendre le tout moins indigeste à lire. Mais l'écriture reste quand même très fonctionnelle : je ne vois aucune poésie ou maitrise des mots dans ce que je lis. L'abus des parenthèses n'aide pas à fluidifier la lecture. Il y en a tant que ça dans la version anglaise aussi ?

Et puis, pour souligner le niveau de la traduction, on a donc ce cher Bilbon qui cite tous ses convives dont un certain Fierpied (qu'il appelle bien comme ça.) Le principal concerné le corrige par Proudfeet avec une note de bas de page expliquant que Proudfoot est la traduction anglaise de Fierpied et Proudfeet son pluriel, avant que Bilbon ne se corrige en appelant le monsieur.... Fierpied.

Voilà, donc la qualité de la traduction du Seigneur des Anneaux par Francis Ledoux. Et j'en suis qu'au tout premier chapitre.  v.v

Yorick26:
J'ai fait une critique sur SensCritique sur un livre que personne n'a noté avant moi apparemment. Du coup je la partage.


Le Fléau des Rois : Le Chœur des Dragons (Tome 1)

Tout est une histoire de circonstance. Tout d'abord le confinement était l'occasion idéale pour me remettre à la lecture. Puis, j'avais envie depuis quelques temps de renouer avec ma liseuse. Et enfin, une publication de SensCritique sur Twitter parlait d'un nouveau livre de Fantasy. Je ne cherche pas beaucoup plus loin, je me lance. Il faut dire que le résumé est assez parlant : nous allons avoir droit à de l'esclavage, de la prostitution, de la violence et des intrigues politiques... Que des choses qui me plaisent quand c'est mélangé avec un peu de magie (dans un livre, entendons-nous...).

L'introduction me met à l'aise avec un concept que j'aime beaucoup : le fait qu'il s'agisse d'un récit. Ce premier tome est écrit par un certain Monsieur D'Lorus que l'on rencontrera plus tard dans l'histoire et qui par-ci par-là ponctuer le texte de ses propres commentaires et de ses propres notes permettant soit d'ajouter un peu plus de lore facultatif ou parfois nécessaire à la bonne compréhension des propos, soit d'ajouter une valeur plus personnelle au récit. On se méfie alors de ce qui est raconté car notre auteur peut mentir ou déformer la vérité. Et ce récit est lui-même la synthèse de deux récits : celui de Khirin, le personnage principal, actuellement prisonnier et contraint de raconter son histoire et celui de Serre, sa geôlière, une métamorphe anthropophage sadique, qui possède le talent d'absorber les souvenirs de ses victimes. On a donc encore une fois une nouvelle couche d'interprétation. De chapitre en chapitre, on change de point de vue. De plus, ces deux récits racontent l'histoire de Khirin mais à deux moments différents. Le premier concerne sa vie dans le Cercle inférieur de la ville au milieu du bordel tenue par sa mère adoptive, Ola, et au côté de Surdyeh son père adoptif artiste ; le second s'intéresse à sa vie en tant qu'esclave, acheté sur le marché après des enchères difficiles par trois membres d'une confrérie secrète. On sait déjà comment ces deux récits vont finir. Le premier finira par le fait que Khirin deviendra un esclave, le second par son emprisonnement. Ce n'est donc pas la finalité qui nous intéresse, mais le chemin parcouru qui nous importe. Il y a certes quelques chapitres à la fin qui permettent de conclure ce premier tome, mais cette particularité apporte un plaisir supplémentaire.

Quant à l'histoire elle-même, j'ai eu un peu plus de mal. En fait, malgré les commentaires de D'Lorus pour nous réexpliquer certains morceaux de l'histoire, on doit prendre le train en marche et j'ai trouvé qu'il allait un peu trop vite. Là où j'ai eu le plus de mal, c'était les races et les peuples. Il faut dire aussi que la liseuse se prête un peu moins facilement à l'utilisation du glossaire. De plus, je l'ai découvert qu'à la fin, si bien qu'à chaque fois que j'avais le nom d'un peuple, je passais un petit peu dessus alors que c'était parfois essentiel de comprendre qui étaient les Jorats, les Vanés, les Quuros et qu'elles sont leurs histoires. J'en veux autant à moi qu'au texte. Le nombre de fois où j'ai cherché dans le Wikitionnaire de la liseuse ce que voulait dire "agolé" alors que c'était tout simplement un mot de fiction expliqué à la fin du livre. Je me suis senti bête une fois que j'ai fini le livre et que j'ai vu le glossaire. Il y avait également une carte des lieux, mais peu lisible dans le format liseuse. Et enfin, l'arbre généalogique. Je pense qu'il est effectivement nécessaire de s'y référer parfois pour s'y retrouver devant la complexité de la famille principale de ce livre, les D'Mon. Entre les incestes, les procédés magiques qui viennent mélanger tout ça et les mensonges sur les véritables relations familiales entre deux membres, on s'y perd plus qu'il ne le faudrait. Rien que pour comprendre qui est Khirin, il faut pratiquement les trois quart du livre pour arriver à en tirer une conclusion à peu près certaine... et encore. Alors oui, il y a un arbre généalogique à la fin, mais celui-ci reprendre toutes les informations disséminées dans le livre si bien qu'il divulgâche beaucoup des intrigues. Même si c'était compliqué, j'étais content de ne l'avoir découvert qu'à la fin de ma lecture. Dans l'idéal, il aurait fallu que je me fasse un arbre généalogique par mes propres moyens au fur et à mesure de ma lecture. Là, ça aurait été chouette... mais ce n'est pas quand tu es arrivé au milieu du livre que tu as envie de te lancer dans cette tâche fastidieuse.

Malgré ces difficultés à prendre la lecture d'un univers qui ne vous a pas attendu, j'ai dévoré ce livre (encore une fois le confinement a joué un petit peu). J'ai vraiment hâte de lire la suite des aventures du porteur du Fléau des Rois, du libérateur des démons etc. etc. Il y a évidemment certains personnages que j'aimerai voir Revenir, mais je crains que cela ne soit pas possible. La fin a prévu de laisser un bordel pas possible dans la Cité et il y a beaucoup de choses dans le Passé de Khirin qui reste à explorer. Hâte de lire tout ça et à suivre.

D_Y:
ATTENTION SPOIL :miou:

J'ai reçu une belle édition de His Dark Materials à Noël et je suis bientôt arrivé au bout de la trilogie. J'avais déjà lu le tome 1 mais jamais la suite car j'avais pas assez accroché pour continuer. Bien sûr j'aurais du, et ceux qui ont déjà lu savent qu'il y a une nette différence de rythme entre le premier et les suites :niak:

Détail tout bête mais comme je le lis en anglais cette fois, Pullman lui-même cite Paradise Lost pour expliquer d'où vient le terme "His dark materials", chose qui a été occultée dans la version française (logique puisque rien dans la version fr ne fait référence de prés ou de loin au titre VO). Si j'avais su que le livre est une relecture/énorme référence au poème de Milton (œuvre que j'ai beaucoup lue et étudiée donc les ref font plaiz') j'aurais sans doute continué, mais il n'y a vraiment aucun indice.

Mais bref, ça m'étonne que tous les cathos intégristes citent HP comme œuvre satanique et pas HDM vu comment le bouquin est anti-religieux au plus profond de ses pages v.v Non parce que l'intrigue où faut tuer Dieu lui-même et où on apprend que les anges rebelles qui ont suivi Satan sont en fait des gentils qui ont été injustement accusés ça se pose quand même niveau hérésie. Mais bon c'est pas si désagréable à lire au contraire, c'est même une relecture intéressante. Aussi, si Pullman n'est pas politiquement anarchiste je suis pape, comme quand on lit que les motivations d'Asriel sont d'éradiquer les notions de "royaume" et de "maitre". Ce qui me fait dire d'ailleurs que le livre est plus pour les adultes que pour les enfants parce qu'il y a des choses assez fines qui ne font sens que pour des adultes. Mais à mon avis il y a des parents culs-bénis qui ont acheté ces livres à leurs gosses sans savoir de quoi ça parlait, et rien que pour ça respect à Pullman et ses éditeurs :_i _i:

Par ailleurs autre chose qui me fait dire qu'un enfant ne comprend pas tout est l’ambigüité assez forte de certains passages, notamment viol (par ex quand les types touchent Pantalaimon à Bolvangar) et aussi références à la pédophilie dans l'église. Et globalement la brutalité de l'ensemble, il y a des trucs pas piqués des hannetons quand même (le monde des morts et la description de la chute dans les abysses :sweat:). Finalement je me demande comment la trilo de films annulée aurait fait pour les volets 2 & 3, vu comme ils avaient tenté d'occulter tout l'aspect anti-clérical du bouzin. Je m'imagine mal un "Amber Spyglass" avec la formule du film 2007.

Seul bémol que je trouve d'un point de vue littéraire. C'est bien écrit dans l'ensemble mais les dialogues manquent parfois de finesse, ou plutôt de naturel, et par moment il y a des figures de style assez bizarre (paragraphes entiers où chaque phrase comment par "And..." et il y en a 6 ou 7 de suite comme ça). Mais je pinaille c'est un page turner, c'est juste  que quand je lis que c'est le digne héritier des Tolkien ou autres, je suis en profond désaccord v.v Et aussi j'ai du mal à accrocher à l'intrigue de Mary. C'est personnel mais du coup ça me nique un peu le rythme du tome 3, d'autant plus frustrant que la partie avec les deux gosses et les espions est très haletante. Mais bon j'ai pas fini possible que ça décolle vers la fin :8):

Yorick26:
Pour ma part, je l'ai relu il y a pas longtemps (je pense entre deux saisons de la série télé (que j'ai bien aimé) et qui a le mérite d'avancer jusqu'à la fin du tome 2)) et j'ai toujours autant aimé. En tant que gamin j'avais déjà compris que c'était un livre anti-autorité et anti-religieux (il y met quand même la dose : toutes les références au péché originel, les anges, les Dieux). Je l'ai encore une fois apprécié dans ma relecture où effectivement, j'ai bien mieux approché les notions de mort, de passage à l'âge adulte, de sexe.

Il y a largement de quoi dire.

Personnellement, pour rester dans le même contexte "Série qui me pousse à la lecture", je me suis enfin lancé dans les Arsène Lupin. Je ne les avais jamais lu pensant à tord que ce serait vieillot et pas aussi lisible que ce qu'on prétend. En fait, c'est vraiment plaisant. J'ai fini le premier tome à une vitesse assez déconcertante (Le Gentleman Cambrioleur). J'ai bien entamé le second tome (Arsène Lupin contre Herlock Sholmès). Le seul défaut que j'ai à y faire, c'est que si j'interromps la lecture au milieu d'un chapitre, je suis bien souvent obligé de reprendre un peu plus en amont pour me remettre les éléments en tête.

Navigation

[0] Index des messages

[#] Page suivante

[*] Page précédente

Sortir du mode mobile