Je n'ai pas lu l'
Île Errante mais j'ai déjà un peu feuilleté d'autres mangas du dessinateur, qui a en effet un joli coup de crayon (même si j'ai l'impression qu'il dessine quasi le même charadesign de protagoniste féminin sur ses différentes œuvres ?), pour la peinture utilisée sur l'illustration de couverture, je pense que ça pourrait être aussi de la gouache mais je ne saurais pas dire à coup sûr.
Your Lie in April c'est du gros mélo comme je ne l'aime pas* où tous les personnages tournent en satellites autour du protagoniste masculin
(j'ai bien aimé les passages se concentrant sur la musique quand même et l'OP est tellement joli qu'il m'a fait continuer malgré tout)
*par là je veux dire que je peux apprécier certains types de mélodrames mais pas ceux du style Your Lie.
Actuellement, je lis des œuvres SF de Hagio Moto, je viens de finir
Gin no Sankaku (Le Triangle d'Argent), une œuvre d'un peu plus de 300 pages qui tourne autour d'une planète disparue du même nom et de son peuple qui aurait des capacités de "prescience".
L'histoire démarre comme une enquête qui semble mener à la possibilité de retrouver une trace de la planète ou des descendants de survivants de celle-ci et puis à ça s'ajoute des histoires de clonage, d'immortalité, de voyages temporels, de stabilité de l'espace-temps, bref ça devient très complexe voir un peu confus tout en restant très prenant et onirique. Mieux vaut ne pas détester les paradoxes temporels ceci-dit, pour apprécier l'évolution du récit et sa fin.
Cet onirisme donc, il se dévoile à travers les superbes dessins et compositions de Hagio Moto. J'adore vraiment ses mises en scène et la manière dont elle gère les jeux d'obscurité ainsi que certains passages avec des aplats de noir (Yumi Tamura ou Koyoharu Gotouge par exemple ont des usages un peu similaires, dans des ambiances différentes que j'apprécie tout autant) le tout est un plaisir pour mes yeux.
La musique notamment a une place très importante dans l'histoire et plusieurs des scènes les plus belles et marquantes en comportent.
L'univers graphique mélange des designs futuristes, notamment pour le monde "central" qui se veut à la pointe de la perfection technologique, et une inspiration de l'antiquité et du moyen-âge européen et arabe pour les planètes plus éloignées, qui répondent à d'autres règles et ont un statut différent.
Et là je lis
AWAY, une de ses œuvres les plus récentes en 2 tomes. La couverture m'avait tapé dans l'œil quand je l'avais découverte en cherchant des trucs sur 7Seeds (même magazine de prépublication ^^) et comme j'ai vu les tomes à la librairie Junku de Paris récemment, je les ai pris. Bon vu que c'est en japonais, je galère évidemment et je n'ai pour l'instant lu que la moitié du tome 1 mais j'aime beaucoup. C'est dans un tout autre esprit que Gin no Sankaku, plus ancré dans notre réalité puisque nous sommes sur Terre, en 2033, lorsqu'à la suite d'une tempête de neige, les enfants de moins de 18 ans et les adultes se retrouvent chacun dans des mondes parallèles séparés. C'est inspiré d'un roman de SF de Sakyô Komatsu dans lequel de la même manière, des enfants de moins de 12 ans se retrouvent dans un monde sans adultes.
Le premier chapitre nous montre le point de vue de divers adolescents, une dizaine de jours après la disparition soudaine des adultes. Certains se sont organisés en groupe pour se soutenir et surtout protéger les enfants les plus jeunes mais on voit aussi qu'évidemment il y en a qui ont fait bande à part et n'hésitent pas à utiliser de la violence pour s'accaparer les ressources trouvables dans les magasins. Et puis au moment où l'un des personnages atteint les 18 ans, il se retrouve téléporté dans la dimension des adultes et on découvre ce qui se passe de leur côté dans le chapitre 2, la manière dont le monde entier a réagi au phénomène (avec évidemment beaucoup de déni et des théories de la conspiration) et ce qui arrive aux jeunes adultes nouvellement revenus de "AWAY", le petit nom donné au monde parallèle dans lequel se trouvent les enfants. Autant dire que c'est pas forcément joli-joli quand des parents ont la haine que tu sois revenu mais leurs enfants non...
J'ai initialement trouvé un peu dommage le fait que les vêtements des personnages ne soient pas aussi fantaisistes que ce qu'annonçaient les illustrations couleur dont j'aime beaucoup le style. Après, on peut se dire que 2033 n'est pas si loin et que la plupart des gens ne porteraient pas des tenues aussi différentes de ce qui est en vigueur maintenant. Le dessin est beaucoup plus sobre que dans Gin no Sankaku, plus terre-à-terre pour maintenir la sensation de réalisme et de ce quotidien détraqué. J'apprécie le fait que les nombreux personnages ont des visages et des corpulences variés, là encore on peut comparer leur banalité, leur normalité à la beauté surnaturelle de quelques uns des personnages de Gin no Sankaku qui ont un statut presque divin.