Il y a trois ans, je commençais à lire
7 Seeds et
j'avais écrit un post à propos du manga. Celui-ci vient de voir son dernier chapitre être publié à la fin du mois de mai et le tome 35 concluant l'histoire sortira en août. Un spin-off a été annoncé donc ce n'en est pas totalement fini pour la série mais ça me semblait être un bon moment pour en reparler.
Mais là, en relisant mon ancien post, je me dis "Zut, qu'est-ce que je peux dire d'autre ? Comment expliquer 7 Seeds autrement ? Comment convaincre quelqu'un de le lire ?" (non parce qu'en trois ans, j'ai pour ainsi dire réussi à convaincre absolument personne que je connais de tester mon manga préféré, bonjour le fail :(8:)
C'est bête parce que d'un côté, quand on a lu le truc, 7 Seeds semble avoir tout pour plaire à un bon nombre de gens : de l'aventure bien ficelée et scénarisée avec son lot de surprises et retournements de situations qui vous empêche de vous arrêter de lire avant d'avoir fini un arc, un bon gros cast de personnages bien variés et charmants dont le développement et les interactions sont succulentes, de la comédie et de la tragédie bien dosée ainsi que tout un tas de petits détails qui donnent tout leur charme à cet univers.
D'un autre côté, le manga a un style graphique de shojo manga old-school et très "gribouillé" qui rebute apparemment pas mal les non-habitués, les seuls quelques tomes du manga sortis en français sont un peu introuvables et il n'y a pas d'anime pour faire de la pub dessus.
Qu'à cela ne tienne, il faut faire avec. Comme dit plus haut, 7 Seeds possède une bonne tripotée de personnages et si vous avez une aversion irrévocable pour les récits à multiple protagonistes, ce ne sera pas pour vous. La série alterne en effet ses arcs entre différents groupes de personnages, une trentaine qu'on suivra jusqu'à la fin, en plus de nombreux personnages secondaires qui ne seront là que pour quelques chapitres mais ne manqueront pas moins de charme.
On commence l'histoire avec de courts arcs (le plus long faisant 2 tomes et demi) présentant nos protagonistes dans le monde mystérieux et plein de dangers qu'ils découvrent. Puis on passe à des arcs un p'tit peu plus long, allant de 3 à 5 volumes et contenant masse d'interactions et de développements entre les groupes, pour ensuite terminer sur l'arc final assez maousse d'une dizaine de tomes où tous les personnages se rassemblent et on peut voir les résultats de l'évolution de ce beau monde au cours du manga.
Les histoires de survie post-apocalyptiques sont parfois limité à un type particulier d'environnement des suites de la cause du cataclysme, on se retrouve souvent avec des terres infertiles où rien ne pousse, des déserts arides, des ères glacières, bref, tout pour compliquer la vie des survivants et aucun endroit épargné où se réfugier. Puisque 7 Seeds est une série longue et que nos personnages voyagent à travers tout le Japon, un unique motif pourrait cependant finir par être lassant, heureusement, les différents lieux s'avèrent justement souvent variés.
L'utilisation d'une division en saison sèche/saison des pluies (qui seront plus ou moins marquées selon les régions) permet de présenter diverses épreuves tout en montrant aussi le passage du temps. L'exploration se fera non seulement dans la nature (îles, mer, marais, forêts, désert, montagnes enneigées, grottes) mais aussi dans les ruines de la civilisation disparue (villes et abris divers) qui peuvent s'être retrouvées englouties ou fondues dans la végétation.
Dans ces environnements, le climat, la faune et la flore prennent tous part à créer des épreuves ou des puzzles que les personnages devront comprendre pour avancer et survivre. Il y aura évidemment des conflits humains mais ceux-ci ne prennent pas le pas sur l'importance de s'accorder avec cette nouvelle nature et ce besoin de "trouver sa place" dans ce monde, de manière à la fois physique et psychologique.
Si les environnements sont variés, il en va de même pour la manière dont les personnages y réagissent et s'adaptent. Chacun ayant ses propres capacités et connaissances en fonction de leur hobbies, leur passif et provenance. Rien que pour les deux héroïnes principales : l'une étant une asociale ultra-timide qui sèche les cours et reste enfermée chez elle à lire des romans, tandis que l'autre a passé une bonne part de son enfance à faire du camping et de l'escalade et a tendance à dire cash ce qu'elle pense, elles vont donc aborder les situations qui leur sont présentées de manière bien différente.
Vu le vécu extrêmement différent des groupes, il se créé évidemment quelques étincelles lorsque certains se rencontrent et se rendent compte que même s'ils sont tous dans le même pétrin, leurs situations ne sont pas forcément similaires.
On attend ainsi avec fébrilité le moment fatidique où "l'élite de l'élite" doit rencontrer l'équipe des inadaptés sociaux (moment qui s'avère être absolument hilarant)
Car ce qui fait le sel de l'histoire c'est aussi ces rencontres, où se créé une coopération et une alchimie entre des personnages à laquelle on ne s'attendait pas. Et comme ça marche, on veut en voir plus, découvrir comment tous ces groupes vont se rencontrer, voir comment ils vont travailler ensembles, observer différentes combinaisons.
Il y en aurait des lignes et des lignes à écrire sur les personnages mais j'aimerais éviter de trop en révéler ou de juste aligner des descriptions pour présenter cette merveilleuse palette comportant un musicien prodige raté, un joueur de baseball au grand cœur tragique, une étudiante en architecture tyrannique, une présidente d'un club des bouclette enjouée, un joueur de trompette sociopathe, un ventriloque adorable à faire pleurer et cetera, et cetera...
Je parlais de petits détails qui rendent l'univers plus vivant et cela vient généralement des personnages, qu'on voit souvent dans des petites cases, en fond, vivre leur vie ou s'occuper à d'autres choses que ceux au premier plan, si bien qu'à chaque relecture je découvre de nouveaux détails en portant mon attention différemment sur les dessins. Les anecdotes ne manquent pas et il y a souvent des petits textes en dehors des bulles ajoutant des détails ou commentaires de la part des personnage en aparté.
Mais puisque je viens de finir... un petit mot sur la fin ?
Il n'y a pas à dire, l'arc de conclusion est long. Celui-ci commence en transition avec l'achèvement d'un autre et on pourrait le découper en plusieurs parties, entre l'introduction où tous les personnages se retrouvent dans une même zone par divers moyens, l'entrée en "contact" et la réalisation des dangers qui les ont fait se retrouver ici, ainsi que la découverte d'un élément qui va les forcer à rester plutôt que de s'enfuir immédiatement.
Il est long parce que les chapitres du manga sont publiés mensuellement et que même si ceux-ci sont bien remplis, il faut attendre pour avoir la suite. Cet arc a bien duré entre quatre et cinq ans, sur la quinzaine d'année que le manga a vécu (démarré fin 2001). Et il a semblé long aussi, aux lecteurs non-japonais parce que le groupe de scantrad qui traduit la série a pris un rythme totalement irrégulier au cours des dernières années. Je ne cacherais pas que j'ai parfois été frustrée et cela devait être sûrement pire pour ceux qui suivaient la série depuis encore plus longtemps que moi.
En le relisant d'un coup, comme je suis en train de le faire actuellement avec les tomes japonais, cela passe évidemment bien mieux quand on enchaine toute l'histoire sans grandes pauses.
Mais dans tous les cas, quand j'ai vu annoncé il y a trois mois qu'il ne restait "plus que deux chapitres" de 7 Seeds, j'étais horrifiée ! Deux chapitres ?! Ce n'était pas possible ! Il y avait encore tant de choses à faire et à voir ! Et c'est le type d'œuvre où on aimerait vraiment voir un épilogue nous montrant ce que deviennent les personnages maintenant qu'ils sont réunis, surtout quand on repense aux nombreux chapitres bonus de Basara, l'œuvre précédente de Yumi Tamura !
Quand j'ai ensuite appris que ces chapitres feraient respectivement 80 et 100 pages (soit un volume entier), je me suis ceci dit un peu calmée. J'avais tout de même peur que la conclusion reste abrupte, après un arc qui a quand même pris son temps pour se lancer.
Mais cette fin remplit parfaitement son cahier des charges, offrant au lecteur des moments tant attendus. Pas de grosses surprises si ce n'est un petit piège que Tamura nous tend en nous faisant croire un instant à la mort d'un perso totalement imprévisible (gros moment de flippe "Non, elle n'oserait pas ?!") mais ce ne sont de toute manière pas de twists surprenants qui seraient intéressants à la fin d'une telle histoire, d'un tel voyage. Les personnages sont arrivés à bon port et c'est le principal.
On a même droit à un retour sur un petit détail lancé dix-huit tomes plus tôt et qui aurait tout à fait pu ne mener à rien mais agrandit finalement un peu plus ce monde et réchauffe le cœur. J'en suis donc pleinement satisfaite.
Et maintenant, j'attends le spin-off pour voir ce qu'il nous réserve.