Bon allez, tout comme la semaine dernière avec Shaman King, cette fois c'est à
Saint Seiya que j'ai décidé de m'attaquer. J'ai donc (re)lu l'intégrité des mangas, et je reviens ici avec des choses à dire, même si tout le monde s'en fout.
J'ai un avis plutôt mitigé vis à vis de ce manga, et je ne sais pas trop comment l'aborder. Il est à la fois surprenant et médiocre. C'est difficile de savoir quoi en penser, au fond. C'est pourquoi, pour en faire une critique, je vais passer en revue point par point ses qualités et ses défauts... ce qui ne peut pas rendre justice à ce manga. Parce que oui, il est recouvert d'un gros enrobage de défauts, et que ce n'est pas facile de s'attaquer à ce que beaucoup considèrent comme un « manga culte ».
Il faut rendre à César ce qui est à César : les armures sont très belles. Pour commencer, et par ce que c'est ce qu'on voit le mieux : c'est moche. Il faut dire les choses comme elles sont, le style de Kurumada est vraiment laid. Tous les personnages ont le même visage (sauf pour les quelques PNJs inintéressants croisés ici et là, et Aldebaran qui se paye le luxe d'avoir un mono-sourcil - ce qui a au moins le mérite de le différencier des autres) et il faudra s'aider de leurs cheveux et de leurs sourcils pour les reconnaître. Qui plus est, ce visage que tout le monde se partage est très moche. Toujours dessiné d'un plan de ¾ ou de profil si vous avez du bol, voire de face pour les grandes occasions, il y a de très gros problèmes fort peu esthétiques avec la tronche des bonshommes. Tout d'abord, ils n'ont pas de front, et non ce n'est pas esthétique. Même s'il s'agit d'un effet de style que beaucoup d'autres dessinateurs avaient à l'époque, ça n'excuse pas le fait que tous les persos ont l'air d'être atteints d'une maladie congénitale dont j'ai oublié le nom (et j'ai pas envie de faire des recherches gores pour le retrouver) et qui fait qu'on n'a pas de front. Ensuite, ils ont souvent un œil qui se barre en couille et qui est beaucoup trop décalé par rapport à l'autre sur ces fameux plans de ¾ qui peuplent absolument toutes les pages de tous les tomes du manga. C'est vraiment ces deux défauts combinés (bien qu'ils s'arrangent un peu au fur et à mesure, on en retrouve toujours des exemples flagrants, même dans le dernier tome) qui font toute la laideur des visages.
Et les corps, parlons-en des corps. Les proportions et la perspective, kézako ? Parce que visiblement, ils ne sont pas de mise dans Saint Seiya. Alors oui, ça peut s'avérer rigolo au début, mais quand on commence à vraiment avoir besoin de comprendre ce qu'il se passe, ça devient très vite chiant. À cause de ça, les actions des combats deviennent illisibles et confuses, voire complètement ridicules lorsqu'elles sont mises en scène par un personnage en gros plan qui donne un coup de poing vers le haut, et le corps de son adversaire en arrière-plan qui voltige vers l'infini et au-delà. On croirait lire une BD humoristique alors qu'il s'agit d'un combat dramatique. Et ce n'est que le début des problèmes ! Parce qu'en plus de ça, l'auteur se sert parfois de grosses onomatopées inesthétiques pour recouvrir l'action et... avoir moins de choses à dessiner. Pratique, il faut l'avouer, mais lisible ? Pas le moins du monde.
Euh... C'est pas Kurumada qui risque de retranscrire ta beauté, coco. Ajoutez à cela quelques grossières erreurs de narration, et vous avez vraiment la totale. Un exemple très récurrent dans le manga est une faute dont j'ai horreur et qui, par bonheur, ne peuple que peu de mangas ou de BDs, mais qui arrivait à foison dans Saint Seiya : une case où la bulle de droite (lecture de droite à gauche) est plus basse que la bulle de gauche. On ne sait donc pas si on doit lire la plus haute des deux ou la plus à droite des deux en premier. Et même l'auteur ne le sait pas, puisque ça varie selon la case. Parmi les X fois où ce souci apparaît dans le manga, la lecture à suivre n'est jamais la même.
« Mais moi ce que j'aimais quand j'étais gosse, c'était les combats épiques entre chevaliers ! »
Pardon ? Épiques ? Relisez le manga avant de parler par pure nostalgie. Les combats suivent toujours le même schéma (comme c'est le cas de beaucoup de shonen, il faut l'avouer), mais se payent aussi le luxe d'être très vides. Les personnages utilisent toujours les mêmes attaques, d'ailleurs, Seiya, le héros, n'en a que 3. C'est une panoplie minable à côté de la plupart d'autres shonen typiques qu'on peut citer. Aucune action, aucune prise d'art martial n'est lancée en dehors des bidesques attaques propres à chaque chevalier, dont on fait très vite le tour et qui en plus se payent le luxe de « ne pas marcher deux fois sur le même chevalier » (ce qu'on commence à comprendre à force, vu comme c'est répété en boucle à chaque chapitre). Le seul plot twist de ce côté-là, c'est les armures qui évoluent, mais globalement les combats restent un des gros points faibles du manga.
Je dois avouer que pour le coup, la réaction de Shiryu est complètement naturelle. « Comment ? » « Mais moi, j'avais mon personnage préféré, et j'adorais [insérer nom de chevalier d'or ici] et [insérer nom de l'un des 5 protagonistes ici] ! »
Des personnages ? Où ça ? Parce que dans Saint Seiya, il n'y a que des coquilles vides, présentées sous forme de cliché immuables. Aucun personnage (à l'exception de Shura et de Canon, je pense) n'évolue. Ils véhiculent les mêmes idéaux, les mêmes blabla de merde, les mêmes attaques à la con, et ce de leur première apparition jusqu'à leur dernière. Seiya est sans doute le pire héros que j'ai jamais vu (en plus d'être un gros macho-machoman), Shiryu on sait qu'il va redevenir aveugle à chaque arc en plus d'être le chevalier trop bon trop con de base, Shun c'est une chochotte et pourtant c'est le moins pire des cinq avec Ikki, Hyoga il veut revoir sa môman et son Camus-nounichet, et Ikki il respawn du trou du cul de la terre à chaque fois que plus d'un des héros est KO. Et les chevaliers d'or, vous voulez en parler ? Parce que Mû, Aldebaran, Shaka, Dohko, Milo, Shura et Camus, ça peut passer (tout en restant très vides). Mais les cinq autres sont vraiment des puits sans fond tellement ils n'ont aucune personnalité ! Saga c'est le mec à la fois bon et méchant qu'on retrouve partout tellement c'est un archétype vu et revu (et interprété ici sans aucune originalité), Deathmask il est méchant et ça il faut bien le retenir c'est très important (parce que c'est la seule chose qu'on sait de lui, en fait), Aiolia est un chevalier trop bon trop con, Aioros c'est pareil mais en pire (bon pour sa défense on le voit pas trop), et Aphrodite je sais même pas quoi en dire tellement il a aucune personnalité (il parle de beauté du combat mais son style est inintéressant ? sympa le concept). Et il reste quoi dans tout ça, hein ? Saori ? Elle est pire que Zelda ou Peach !
« Mais l'univers hein, faut avouer qu'il est bien. »
Alors... Oui et non. Oui, l'idée de base, du cosmos, des constellations, de la mythologie, tout ça, c'est super, c'est même l'un des seuls points forts du manga. Par contre, les incohérences qui le peuplent sont à s'en arracher les yeux. Celle qui m'a fait le plus mal au cœur, et qui fera s'arracher les cils un à un à tous les amoureux de la physique, c'est le blabla sur les atomes. « Pour détruire, il faut détruire l'atome. » Hein que quoi ? Quoi ? Pardon ? Détruire l'atome, c'est ce qui cause les explosions nucléaires... On est loin de pouvoir le faire et encore plus loin d'en avoir besoin pour casser un bête rocher ! Et ce n'est là qu'un maigre aperçu des conneries qui sont déblatérées au cours de l'œuvre.
(Au passage, si quelqu'un a compris en quoi consistent les chevaliers noirs (pégase noir, dragon noir, etc.), et pourquoi ils ont les mêmes gueules que les héros, ça m'intéresse, parce que j'ai rien pigé, même en me creusant la tête.)
Moi non plus, je n'arrive pas à y croire... « Ouais mais bon merde, c'est une putain d'épopée épique, quoi ! »
Ben... Non. Le même schéma bidesque est répété au cours des trois arcs de la série (bien qu'il y ait plus d'originalité au cours de celui d'Hadès ; d'ailleurs soit dit au passage, si vous n'avez pas lu Saint Seiya mais êtes intéressés, vous pouvez sauter les deux premiers arcs, qui n'apportent rien à part un peu de contexte). Y'a les héros, y'a le but à atteindre, y'a des trucs sur la route (genre les 12 maisons ou les 7 pilliers), faut buter les mecs super forts qui défendent les trucs, faut arriver au but, faut le casser, on se défonce la gueule au fur et à mesure, mais on arrive à avancer, même si on n'est qu'un chevalier de bronze de merde, parce que même que y'a Athéna et que ben on est ses chevaliers. C'est... nul à chier.
Alors, il reste quoi dans Saint Seiya ?
Ben... Les armures, elles sont vachement cool les armures. Mais bon, quitte à lire le manga pour le design des armures, autant vous acheter les figurines Myth Cloth et on en parle plus.
Alors, vraiment, il RESTE quoi, dans Saint Seiya ?
L'arc de Hadès, selon moi. Il se détache un peu de la structure débile des autres arcs (en la respectant un peu, cela dit), et s'avère plutôt plaisant à lire dans sa globalité. Mais on y retrouve toujours le style laid, toujours les combats vides avec les mêmes retournements de situation à la noix, toujours les mêmes personnages vides, toujours les mêmes incohérences aussi violentes qu'un poing dans le nez. Mais il faut avouer que l'épopée est plaisante à suivre, que la lecture n'en est pas désagréable du tout, et que la morale à la fin apporte une certaine satisfaction. Une grande satisfaction, en fait.
Pour moi, ce manga est très étrange. Je trouve qu'il ne mérite pas son succès, et qu'il aurait dû commencer par l'arc de Hadès et ne pas perdre du temps sur tout le reste. Je ne sais pas trop comment le juger, parce que je l'ai moi aussi beaucoup apprécié quand j'étais gosse. Mais le redécouvrir comme ça, à froid, et voir tous ses défauts que je ne remarquais pas à l'époque s'étaler devant moi, c'était une expérience assez étrange. J'ai réussi à trouver le manga médiocre sans vraiment réussir à lui en vouloir. J'en venais même à me demander si j'aurai dû le relire et gâcher mon bon souvenir de l'œuvre. Mais une fois commencé, je n'allais pas m'arrêter en cours de route. Alors j'ai tout relu.
Et si on me demande ce que j'en ai pensé au final ? Si j'ai aimé ou pas ?
Ma seule réponse à cela est un hochement d'épaules... mal dessiné, comme l'œuvre de Kurumada.
Difficile à dire.
Voilou les zouzous, on se retrouve un de ces jours pour encore une autre review pleine de raj et de nostalgie.