En 2002, j'avais 10 ans, et un dimanche, quand le cinéma coûtait encore moins de 4 euros, je suis allé voir, totalement par hasard et un peu à contrecœur, mais poussé par l'ennui,
Les Deux Tours.
Je ne m'étendrais pas sur la profonde influence que ce film aura eu sur ma vie. On l'oublie souvent mais cette trilogie était un tour de force à l'époque de sa sortie, tant en terme d'ampleur que de technique. Pour le moi de 10 ans, le Seigneur des Anneaux était un nom ringard, comme l'étaient les magiciens et les nains (bizarre de penser ça en étant gosse, mais j'ai eu une éducation particulière...), ce qui explique le fait de rentrer dans la salle à reculons. Ce qui n'est finalement pas si mal, puisque si j'avais su à quoi m'attendre, la claque aurait été sans doute moins percutante. Il faut vraiment avoir été gosse à cette époque et avoir connu ces films à la sortie ciné pour comprendre à quel point la bataille de fin (et encore plus celle de l'opus suivant) claquait sévèrement, ainsi que pratiquement tout le reste (personnages, univers, musiques, &c).
C'est un film que je cite avec plus de nostalgie que Jurassic Park (qui est mon autre grand classique d'enfance), parce que c'est celui qui m'a le plus scotché. Ironiquement, je dois dire avec regret d'ailleurs qu'aujourd'hui j'arrive difficilement à revoir cette trilogie, tant les défauts me sautent à la gueule et me rendent le visionnage désagréable (vie de merde...).
Pourquoi je raconte ma vie ? Parce qu'il y a dans ce film pas mal de scènes sanglantes et avec beaucoup de tripailles. Le
a son importance puisqu'on y voit vraiment des boyaux arrachés et on y ressent bien la barbarie et la sauvagerie des orques. Quelques minutes plus tard, nous voyons un tas de carcasses calcinées des même orques.
Et plus globalement, la bataille du Gouffre de Helm en plus d'être un moment de pur folie cinématographique (toujours dans le contexte de l'époque, hein
), c'est un moment où le spectateur ressent que la vie dans une bataille ne vaut rien ; tout le monde claque à tous les plans, y'a un gars du Rohan qui est borgne, orques/elfes/hommes transpercés, et en plus temporellement ça se passe sur toute une nuit, et psychologiquement le spectateur est enclin à se dire qu'une nuit dans ces conditions, ça doit être sacrément long.
Pire que tout cela, je tiens à dire que toutes les scènes avec Gollum sont un malaise ultime. C'est un étrange mélange de pitié et de "mais tuez le pour notre salut !". C'est de loin le personnage le plus tragique (encore plus dans l’œuvre originale), couplé au fait qu'en 2002 c'était techniquement incroyable, ce qui, encore une fois, est aujourd'hui oublié dans la profusion d'effets numériques.
Du coup je pourrais m'étendre des heures sur le fait que ce film m'a fait aimer le cinéma, puisque après coup j'ai enchainé toute la filmo de Jackson et... plein d'autres cinéastes. L'un de ceux là a été Coppola et assez tôt j'ai été confronté au
Parrain .
C'est de loin la saga qui a le plus marqué mon adolescence, je m'en souviens avec un mélange d'ennui (faut être honnête) et de fascination. Je dis "ennui" mais ce n'est peut être pas le mot, parce que dans le cas du Parrain c'est loin d'être péjoratif et ça fait la force de ces films, les intrigues sont plutôt brumeuses et il y a pourtant un "je ne sais quoi" qui nous plonge dans l'histoire. C'est avec ces films que j'ai découvert que la mise en scène et la photographie transmettaient des messages pratiquement plus importants que les paroles de personnages (ce qui grosso modo fait que la saga est un must see pour tous ceux qui s’intéressent un minimum à la technique cinématographique).
Mais bref on s'en fout, ayant revisionné la série récemment, je me suis remémoré cette scène mythique avec DeNiro en Sicile dans le Parrain II. C'est pour moi la scène représentative du film, puisque je m'en souvenais presque plan pour plan des années plus tard en y repensant ; le mouvement de DeNiro, l'intonation de sa voix, la couleur de la représentation de la Sicile... et le moment où il éventre Don Ciccio, qui avait massacré sa famille et qui avait provoqué son exil aux USA.
Sans parler de traumatisme, l'ensemble de la saga est un cas d'école de scènes mémorables. Chaque opus a son passage marquant. Je mets au défi quiconque de trouver anecdotiques les fins du II et du III. La dernière demi heure du troisième est un uppercut et une leçon de cinéma (tout le reste est bof mais rien que pour cette demi heure le film vaut le coup). Le deuxième quant à lui est encore pire, personne n'en sort indemne.
Mais no spoil ni pour l'un ni pour l'autre parce que si des films ont le potentiel de changer vos vies, ce sont ceux là