Alaïa
Vétéran
Jour 7 avant la fin
Anciens réseaux d'égouts
Alaïa et Cheiralba
Après avoir un conclu notre marché, un silence pesant s’était abattu, tandis que nous nous avancions toujours plus dans les égouts. Craignant la présence d’autres pièges, je précédais Cheiralba de plusieurs pas, toujours alerte. Pour l’instant, aucun obstacle sérieux ne s’était dressé. Néanmoins, je restais sur mes gardes : pour continuer, nous allions devoir traverser une énorme salle, où autrefois arrivaient toutes les eaux de la ville. Cette salle était très proche de l’endroit où la Faille était apparue, et de fait, les monstres y apparaissaient plus souvent. Une protection supplémentaire très efficace pour qui aurait intérêt à se cacher, en somme. Sur notre chemin, nous avons croisé d’autres cadavres atrocement modifiés, mais je préférais ne pas y porter attention. Cheiralba, en revanche, semblait très intriguée par ces corps, et je me retournais parfois uniquement pour la voir penchée sur l’un d’eux. Alors, je la rappelais à l’ordre, et l’incitais à avancer. Je ne me retournais que rarement, simplement pour voir si elle suivait toujours…. ou si quelque chose ne l’avait pas emportée. Je préférais conclure cette collaboration au plus vite, tout en évitant de perdre Cheiralba : elle semblait avoir des compétences qui pouvaient m’être utiles dans ma résistance solitaire, et de plus elle reste nécessaire aux personnes qui la sollicitent, ai-je pensé, avant de me ressaisir : c’était ce genre de considérations qui m’avaient conduites là où j’étais…
Plus nous nous approchions de l’endroit où j’avais trouvé le corps, plus je ressentais un malaise grandissant, semblable à celui que j’avais ressenti quand j’avais commencé à errer dans les souterrains de la ville.
Finalement, nous avons atteints cette salle.... Plusieurs arrivées d’eaux, depuis longtemps inactives, ne faisaient que plus de tunnels, plus d’entrées…
La salle était ronde, immense, mais avait été grandement endommagé par l’apparition de la Faille, laissant un trou béant s’ouvrant sur les ténèbres, d’où pouvaient surgir d’horrible créatures, et ce à tout moment. Une étrange brume, que je n’avais jamais vu avant remplissait l’endroit. Mieux valait ne pas trop s’y attarder...
Je me suis accroupie près de l’endroit où j’avais retrouvé le jeune homme.
“Alors nous y sommes, dit alors Cheiralba.
-Oui, c’est bien ici, ai je répondu. Au moins, nous savons d’où il vient…”
En effet, plusieurs autres…. choses jonchaient le sol, et une longue traînée de sang s’enfonçaient dans un tunnel proche.
Nous allions nous y engouffrer, quand, au loin, je l’ai apperçu. Alors, je me suis redressée, et je l’ai regardé, figée. Il était là, sa forme mince se promenant innocemment au milieu des ruines. Son torse blanc le rendait flagrant ici bas, et ses yeux verts se baladaient, se posant sur moi par instants. Il finit par disparaître derrière une pierre. Mon premier réflexe fût de m’avancer de quelques pas, avant de m'arrêter : j’étais en train de foncer droit dans un piège. Une larme avait commencé à couler le long de ma joue, avant que je la balaye du dos de la main. Cheiralba, ayant remarqué mon désarroi, s’approcha de moi, et posa une main sur mon épaule
“Alaïa, dit elle… que se passe-t-il ?
-Nous devons partir, ai je rétorqué d’un ton sec. Maintenant.”
A peine avais je fais un pas que quelque chose me fit chuter. Je sentais une espèce de bras s’enrouler autour de ma jambe. J'eus à peine le temps d’hurler à Cheiralba de fuir, avant que cette chose ne commence à me traîner vers les ténèbres.
J’avais rapidement dégainé un couteau, mais j’avais beau le planter dans cette espèce de tentacule, celui-ci ne lâchait pas sa prise. Soudainement, avec une rapidité que jamais je ne lui aurais soupçonné, Cheiralba s’est jeté sur ce bras. De sa longue robe blanche, elle a fait dépassé une sorte d’appendice. On aurait dit une espèce de dar, long et noir. Celui-ci se planta dans le bras qui me retenait, qui aussitôt, me lâcha. Une sorte de plainte, lugubre, se fit entendre dans le noir. Je me relevais avec difficulté, aidée par Cheiralba. Sitôt qu’elle m’eût relevée, je dégageais sa main, avant de faire un pas en arrière, et de la scruter de haut en bas.
“Mais…. qu’est-ce que vous êtes, lui ai je demandé ?”
Mais elle n’eût pas le temps de répondre. La créature qui avait tenté de m’entraîner venait d’apparaître. Gargantuesque, celle-ci ne semblait être qu’un abominable tas de chair, sur lequel avait poussé des excroissances s’apparentant à des yeux, ou à des langues. De longs tentacules parsemaient ce corps infâme, prêts à traîner une éventuelle victime vers l’une des innombrables bouches de la chose. Tandis qu’elle lui faisait face, il émanait de Cheiralba cet air de dignité, cette aura si particulière qui l’accompagnait toujours. Moi-même, je fis avec difficulté un pas un avant. Tous les sorts que je pouvais lancer ne pourraient, et avec de la chance seulement, que blesser cette chose. Mais qui sait ce que Cheiralba cachait encore sous sa longue robe…
Avec une extrême rapidité, la créature m’envoya un énorme coup de tentacule, me projetant contre un des murs, avant que je ne tombe lourdement sur le sol. Ne restait plus que Cheiralba, seule, fière face à ce monstre que je ne saurais nommer. Le combat semblait impossible. Mais tout d’un coup, une forte lumière jaillit de derrière l’abomination. Un sort, d’une redoutable efficacité, toucha le monstre, et le projeta un peu en arrière. D’autres cris, semblables à celui qu’il avait poussé auparavant, sortirent de ces ignobles bouches. Une ombre, si rapide que mes yeux peinaient à la suivre, se faufila derrière son dos, et lança encore une fois ce sort, qui terrassa la créature. Puis, cette ombre s’avança vers nous, se révélant sous la faible lumière qui provenait de la surface. C’était une jeune femme, qui avait des yeux verts splendides, et une longue chevelure noire. Elle me tendit une main, que j’acceptais, et m’aida à me relever. Je sentais une douleur, se diffuser dans tout mon corps.
“Vous venez de faire face à un Azleye, nous dit elle tandis que Cheiralba s’approchait. Bien que ces créatures aient l’air redoutables, leur coeur est faiblement exposé à l’arrière de leur corps.
- Je crois bien que nous vous devons la vie, mademoiselle, dit alors respectueusement Cheiralba. Comment vous nommez vous
-Vous pouvez m’appeler Syl. Maintenant, j’aimerais comprendre ce que vous faîtes toutes les deux ici, visiblement sans défenses, et dans un lieu aussi dangereux ?”