Forums de Puissance-Zelda

Communauté => Créations Artistiques => Littérature, Fictions => Discussion démarrée par: Doutchboune le mercredi 13 mars 2013, 14:05:55

Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Doutchboune le mercredi 13 mars 2013, 14:05:55
Bonjour à vous, amis écrivains.

En fait, je vais surtout m'adresser aux écrivain du dimanche 29 février, ceux à qui il arrive parfois d'écrire trois lignes ou deux vers, mais de manière si occasionnelle que jamais ils n'ont envisagé d'ouvrir un topic bien à eux dans notre jolie section littéraire. Grâce à ce topic, ils pourront montrer leurs écrits, et les voir commenter, même s'ils n'ont pas l'intention d'aller plus loin en écriture.

J'espère encourager des talents cachés, des personnes peu sûres d'elles à venir poster leurs textes, et bien sûr j'espère que les écrivains plus chevronnés viendront commenter ces textes, tout en gardant à l'esprit l'amateurisme poussé de leurs auteurs.

Je tiendrai ce premier post à jour avec des liens vers chaque texte posté, afin qu'on puisse vite retrouver les écrits. Et sait-on jamais, si les retours sont bons, peut-être verra-t-on naitre des vocations ?  ;)

Donc, écrivains occasionnels, ne soyez pas timides, montrez nous ce que vous écrivez de temps en temps, si vous avez envie de partager :)

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Doutchboune - Un autre monde (http://forums.puissance-zelda.com/index.php/topic,7009.msg449548.html#msg449548) - Terres Médianes (http://forums.puissance-zelda.com/index.php/topic,7009.msg484057.html#msg484057) - Allaine (https://forums.puissance-zelda.com/index.php/topic,7009.msg540182.html#msg540182) - Une nuit (+ Remplir le Vide en lien) (https://forums.puissance-zelda.com/index.php/topic,7009.msg571847.html#msg571847)
Jophine - 77x53cm (http://forums.puissance-zelda.com/index.php/topic,7009.msg449555.html#msg449555)
Zelink - Terreur (https://forums.puissance-zelda.com/index.php/topic,7009.msg542925.html#msg542925)
Sentinelle - texte (https://forums.puissance-zelda.com/index.php/topic,7009.msg545439.html#msg545439)
Suijirest - Chapitre spécial de la fiction Les Crocs de Fenrir (https://forums.puissance-zelda.com/index.php/topic,7009.msg572783.html#msg572783)
Ravage - poème (https://forums.puissance-zelda.com/index.php/topic,7009.msg574913.html#msg574913)
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Cap le mercredi 13 mars 2013, 14:11:47
Cette bonne idée. J'passerais voir, et éventuellement commenter vos textes  :^^:
Voilà ton p'tit mot, Doutch ^^
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Doutchboune le mercredi 13 mars 2013, 14:18:55
Merci Cap ^^

Bon, et comme vous vous doutez, si j'ai lancé ce topic, c'est que j'ai moi-même un petit truc à montrer. Encore une fois, je me serai prise dans la spirale du concours d'écriture. Peut-être est-ce d'avoir vu Lypphie si déçu de ne pas avoir lu de SF, mais après la lecture du 2e thème, j'ai eu des idées. Bon, comme toujours, c'est très bref. Je pense aussi que certaines de mes influences et inspirations seront transparentes, mais j'espère en être assez sortie pour que ce que j'ai fait soit personnel. En fait, c'est une sorte de condensé des deux thèmes du concours, on pourrait dire... Je suis consciente de ne pas être écrivain, mais je tenais quand même à partager ce texte avec vous. N'hésitez pas à commenter, à critiquer, juste soyez pas trop méchants, s'il vous plait  :^^':


Un autre monde

J’aurais aimé vivre dans un autre monde. Le chant incessant du vent dans les feuillets des vitres de cristal des hautes tours de la ville bourdonnait à mes oreilles comme une plainte douloureuse. Ce son, ou plutôt ce bruit, m’avait accompagné depuis ma première seconde, et pourtant jamais je ne m’y étais habitué. J’aurais aimé vivre dans un autre monde. Cette pensée, elle aussi, m’accompagnait depuis aussi longtemps que je puisse me souvenir, et elle le faisait encore aujourd’hui, alors que j’arpentais les longues avenues rectilignes de la cité. Ses hautes tours cristallines projetaient leurs ombres, seulement interrompues par les lignes énergétiques courant au centre de la chaussée. A cette heure matinale, la circulation était faible, et le nombre de piétons que je croisai anecdotique. J’aurais aimé vivre dans un autre monde. Peut-être y aurais-je eu un travail intéressant ? Ici, il n’existait pas de travail intéressant, ou, tout du moins, on vous sélectionnait très tôt pour que ne vous fassiez que des choses qui ne vous intéressaient pas. Parfois, certains se plaignaient. Le plus souvent, ils étaient mutés. En tout cas, c’est ce qu’on nous disait, et on ne les revoyait plus. J’aurais aimé vivre dans un autre monde, mais j’étais trop lâche, trop paresseux, ou peut-être trop attaché à la vie pour essayer d’y changer quelque chose. Et puis, existait-il un autre monde ? Le mien se limitait aux frontières de cette ville, à l’extension de ce bruit entêtant. Personne ne pouvait en franchir les limites, nous disait-on, et toute entité extérieure était un ennemi.

C’est alors que j’aperçu une tache rouge dans le ciel, comme une goutte de peinture sanglante qui serait venue s’écraser sur un couvercle transparent. Le phénomène était nouveau pour moi. Je stoppai ma marche et scrutai le ciel plus attentivement. Une autre tache apparut. Puis une autre. En quelques minutes, ce fut comme si une entité géante et supérieure avait renversé un liquide visqueux sur le ciel. Autour de moi, tout était calme, les rares autres humains présents avaient eu une réaction similaire à la mienne, et sur leurs traits aussi, se lisait l’inquiétude mêlée à l’incompréhension. Un son d’une force exceptionnelle déchira alors mes tympans, et je vis le ciel se briser, mille morceaux translucides volant en éclats. Le dôme protecteur de la ville, dont j’apprenais à l’instant l’existence, venait de céder dans un fracas assourdissant. Oui, je devais vraiment être trop attaché à la vie, car j’eus le réflexe de plonger à l’abri, contrairement, je le sus plus tard, à nombre d’autres personnes témoins de la scène. J’eus aussi de la chance, je dois l’admettre. Une plaque vitrifiée d’au moins une tonne s’écrasa à moins de deux mètres de mon abri précaire, un véhicule garé au bord de la route. Ne pensant plus qu’à ma survie, je partis en courant entre les tours, cherchant un abri fiable. Ce n’est que lorsque je trouvai cet endroit suffisamment sûr que je pris conscience de nouveaux bruits dans mon environnement, et que je me posai la question du pourquoi. Je pris alors le temps de relever les yeux au ciel. Ces sons étaient ceux à la fois de tirs et de destructions. Une myriade d’engins volants lançait sur nos majestueux édifices des traits d’énergie condensée, et une pluie scintillante d’éclats de cristal chatoyait dans le ciel. La crainte de mourir ne l’aurait pas emportée, j’aurais pu trouver ce spectacle magnifique. Nous étions attaqués. Des êtres vivant au-delà de nos frontières étaient donc effectivement des ennemis. Pourquoi, je me demandai si je le saurais un jour. Lorsque je vis des rayons d’énergie fuser du sol, je compris que notre ville était prête à contrer ce genre d’attaque. Ou du moins possédait les infrastructures pour s’en défendre.

Mais je n’eus pas beaucoup plus le temps de m’appesantir sur cette guerre dont je ne connaissais ni les tenants ni les aboutissants. Près de moi, une onde d’énergie avait touché un de ces petits vaisseaux volants. Je vis une sorte de globe lumineux l’entourer, alors qu’il prenait une trajectoire rectiligne vers le sol. Il se posa sans douceur dans l’allée à côté de mon abri. Pétrifié de terreur à l’idée de me retrouver face à nos ennemis, je restai dans l’ombre, mais rien ne bougea plus. Les bruits des combats semblèrent s’éloigner, et derrière ces sons, je remarquai l’absence singulière mais réjouissante du chant des vitres de cristal. Sans que je n’aie rien eu à faire, mon monde avait changé. Je fus pris d’une impulsion subite et me précipitai vers le vaisseau. A travers la vitre, je vis le pilote, mort. J’ouvris alors la porte du véhicule, en extrayais le cadavre, et m’installai à sa place. Le tableau de bord paraissait ridiculement simple : deux boutons et un manche. Je pris une profonde inspiration, affirmai ma résolution, et démarrai l’engin. L’attaque alliée n’avait endommagé que le pilote. Après un décollage quelque peu chaotique, je m’envolai vers l’horizon, loin des ruines de ces tours qui avaient accompagné ma vie jusqu’alors.

Enfin, j’allais vivre dans un autre monde.
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Jophine le mercredi 13 mars 2013, 15:07:08
J'avais écris aussi (la seule fois de ma vie sans doute) un texte y a de cela deux ans, j'étais en seconde. À la base, c'était un sujet d'invention en classe, on devait faire une nouvelle à chute. J'avais bien soigné mon truc et je m'étais bien amusé. On m'avait reproché de dévoiler trop vite la chute, du coup, j'ai essayé d'enlever les trucs trop gros, mais j'ai pas fait plus de corrections que ça ! Donc, voilà, c'est un peu vieux, je ne sais pas si je l'aurai fait pareil si je devais l'écrire aujourd'hui, mais je crois que je l'aime bien quand même !

(Cliquez pour afficher/cacher)
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Doutchboune le mercredi 13 mars 2013, 15:11:09
J'aime beaucoup ton texte, Jophine. Bon, j'admets avoir saisi le truc au moment où tu la taxes de "pas bavarde", puis le prénom peu de temps derrière m'a confirmé mon hypothèse. Reste que j'ai quand même beaucoup apprécié le fait de dévoiler petit à petit la vraie nature du sujet, et même en devinant avant, ça reste vraiment plaisant à lire.

Bon, ça reste un avis de personne pas habituée à l'écriture, mais c'est chouette, bravo :)
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Cap le mercredi 13 mars 2013, 15:48:58
Bien sympa vos textes :^^:

Doutch, je reste sur ma faim. Ton texte se suffit à lui même, la fin n'est pas vraiment une fin, mais j'aurais bien voulut en savoir plus. Plus sur le monde que tu présentes, plus sur comment il fonctionne (ces gens qui disparaissent :niak:), plus sur cette guerre, plus sur tout. Ton univers aurait bien mérité d'être mieux présenté, décrit. Affaire à reprendre peut être ;)

Jophine, la chute est plutôt évidente (on se doute que, même si j'avoue ne pas avoir trouvé tout de suite :niak:), mais l'idée est cool. Ça aurait presque mérité de faire traîner légèrement en longueur et de noyer les indices sous une masse d'infos complétement inutiles.  :^^:
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Trictus McNatret le mercredi 13 mars 2013, 16:01:23
Doutchboune, je viens de lire ton texte, et il me pousse à rédiger une critique que j'espère construite. Parce que, franchement, il le mérite.

Je ne me suis pas penché sur l'orthographe, d'abord parce qu'aucune faute ne m'a sauté aux yeux à la  lecture et ensuite parce que je n'ai pas envie de jouer mon prof de français . Néanmmoins, sur le style et la syntaxe, j'ai quelques petites remarques...

- chant incessant du vent... J'ai cru comprendre que ta cité était à l'abri d'un dôme, n'est-ce pas ? Donc l'idée du vent me paraît curieuse. Toutefois, l'aération artificielle de la ville peut à mes yeux justifier d'éventuels courants d'air, ainsi que la notion de bruit évoqué après. En revanche, j'ai plus de mal avec le « chant du vent » suivi de « ce son, ou plutôt ce bruit ». Scrogneugneu, un chant comparé à un bruit ? D8
-Le chant incessant du vent dans les feuillets des vitres de cristal des hautes tours de la ville bourdonnait à mes oreilles comme une plainte douloureuse. La lourdeur handicapante de cette phrase... c'est bien trop long, pas assez ponctué et donc confus, il faut la relire pour être sur de la comprendre et elle pèse sur les poumons. Je pense qu'un petit découpage de cette phrase, à coup de verbes et de virgules, peut la rendre plus fluide!
-Ici, il n’existait pas de travail intéressant, ou, tout du moins, on vous sélectionnait très tôt pour que ne vous fassiez que des choses qui ne vous intéressaient pas.  Phrase maladroite, une répétition et une mauvaise formulation de la seconde moitié, compréhensibles, certes, mais peu correcte...
-Oui, je devais vraiment être trop attaché à la vie, car j’eus le réflexe de plonger à l’abri, contrairement, je le sus plus tard, à nombre d’autres personnes témoins de la scène. J’eus aussi de la chance, je dois l’admettre. Une plaque vitrifiée d’au moins une tonne s’écrasa à moins de deux mètres de mon abri précaire, un véhicule garé au bord de la route. Ne pensant plus qu’à ma survie, je partis en courant entre les tours, cherchant un abri fiable. Ce n’est que lorsque je trouvai cet endroit suffisamment sûr que je pris conscience de nouveaux bruits dans mon environnement, et que je me posai la question du pourquoi.
Les phrases sont bien formulées, seule la répétition par trop fréquente du mot abri vient entacher leur beauté x)

Niveau de l'histoire, j'ai trouvé quelques incohérences ; hormis cette notion de vent qui me semble malvenue dans un monde sous verre (encore que, comme dit précédemment, la ventilation intérieure pourrait le justifier), il y a aussi la simplicité avec lequel le narrateur parvient à s'emparer d'un vaisseau ennemi. Partant du principe que les attaques de la ville ne touchent que de l'organique, ce qui expliquerait la mort du pilote et l'intégrité de son appareil, je reste tout de même troublé par le peu de temps qu'il lui faut pour en saisir le fonctionnement. La ville contient-elle des véhicules antigrav assez similaire pour rendre le maniement de l'engin familier ? Ou est-ce son instinct de gamer qui lui a permis de saisir les subtilités de la conduite ? Je chipote, je sais, mais aussi anecdotique que cela puisse paraître, ça reste curieux.

Sinon, le texte ne m'a pas déplu. C'est une nouvelle à la fois très brève, bien racontée et intéressante, surtout sur le plan de l'interprétation. L'Apocalypse, synonyme de nos jours à la fin du monde, retrouve également son sens étymologique de « lever du voile » : avec la destruction du dôme, c'est toute l'artificialité (oui, néologisme) de ta cité, coupée du monde, qui s'envole. On découvre à quel point la ville enferme ses habitants tout en les protégeant, ce qui me semble une belle métaphore de la société. Et, surtout, avec la fin, vient un nouveau début pour le narrateur, enfin libre de s'enfuir. Il est d'ailleurs amusant de noter que ce narrateur, somme toute citoyen lambda, lucide mais pas révolutionnaire pour deux sous, attends d'être mis au pied du mur pour saisir une chance de fuir ce monde qu'il n'aime pas. Il y a une sorte de réalisme touchant dans cette situation qui m'a plu.

Ton style n'est pas déplaisant, et si l'on excepte une récurrence du vocabulaire et des termes employés (le chant du vent, le bruit entêtant, les tours de cristal, les morceaux et éclats...) et les quelques erreurs que j'ai relevé plus haut, ton texte est vraiment bien écrit. J'ai aimé le lire, et c'est à ça que tu dois ce pavé. C'est le premier écrit que je lis de toi, Doutch, est c'est suffisamment prometteur pour m'en faire espérer d'autres^^
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Doutchboune le mercredi 13 mars 2013, 16:53:01
Cap > je sais que c'est très concis, après j'ai toujours eu énormément de mal à développer mes écrits, quels qu'ils soient. C'est un reproche qui m'a suivie toute ma scolarité, toutes mes études. dès que j'essaye de développé, je tombe dans des répétitions, je tourne en rond et c'est très vite lourd (du moins est-ce l'impression que j'ai). Pour le développement du monde, je ne voulais pas en dire trop, car le récit vient du narrateur, et il est assez difficile d'amener les infos via le narrateur. C'est un choix que j'ai fait, c'est voulu. Comme ces gens qui disparaissent, le narrateur n'en sait pas plus, donc le lecteur ne peut en savoir plus. Après, si jamais un jour je venais à prolonger cette histoire, peut-être en apprendrait-il plus sur son monde ? Qui peut le savoir ? (oui, moi, je sais.... ou je devrais être sensée savoir :niak:).


Rictus > déjà un gros merci pour ta critique, ça me fait bien plaisir. Déjà, je suis d'ac avec toi sur les lourdeurs et certaines répétitions. Cette deuxième phrase, oui, est trop longue, trop de "de" à la suite. Je vais tenter de la reprendre autrement, je pense. Et peut-être changer le mot chant. Même si je voulais aussi montrer la différence entre ce son (qui est comme une vibration dans les feuilles des arbres, peut-être devrais-je employer le mot murmure ? je vais y réfléchir) et la perception négative qu'en a le narrateur. Ce murmure du vent dans les tours est le bruit de fond de son monde, et il identifie son monde à ce son. Il n'aime pas son monde, il n'aime pas ce son. Et c'est quand ce son cesse qu'il prend conscience du changement autour de lui, et qu'il décide de passer à l'action.

Pour ce qui est du vent, il est artificiel oui. Le narrateur découvre l'existence du dôme lorsqu'il cède, il n'avait pas conscience d'être enfermé avant ça, et donc on suppose que ceux qui ont construit ce dôme on recréé dedans un endroit "naturel" avec du vent. Après, ça peut peut-être juste être le système d'aération, puisque le vent est incessant (et sous entendu constant, même si ce n'est ptet pas assez explicite). Reste que la population ne sait pas qu'elle vit sous un dôme.

Pour le vaisseau, j'aurais dû développer un peu plus la scène, et je le referai peut-être. J'ai signalé la simplicité des commandes justement pour montrer que la prise en main serait forcément simpliste. Mais je t'accorde que si j'avais écrit comment il a tenté d'appuyer sur les boutons, comment le manche était en fait assez similaire à ceux de leurs véhicules, ça aurait été plus clair, je suis bien d'accord. Je pense que c'est la flemme de fin de texte qui est surtout responsable ici^^

En tout cas merci, je ne promets pas de nouveaux écrits (je me connais, j'écris vraiment très rarement) mais je vais essayer de peaufiner celui-ci :)
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Doutchboune le vendredi 14 mars 2014, 16:05:35
Allez, pratiquement un an jour pour jour, je ressors ce topic des fins fonds du coin littéraire pour une petite prose de ma part. Je préviens d'avance que ceux qui ne connaissent pas l'univers de WoW manqueront quelques références, mais je pense que le texte reste compréhensible quand même. Enfin, j'espère. Je mets quand même deux trois trucs pour aider (et qui hérisseront ptet le poil des puritstes mais bon) :
Draenei : race extraterrestre à peau bleue, avec des cornes et des sabots
Draenor : planète où ont vécu les draenei pendant une assez longue période
Outreterre : ce qu'est devenu Draenor après s'être disloquée dans le Néant
Crocilisque : sorte de crocodile à 6 pattes, assez courant dans l'univers.
Azeroth : planète de base de l'univers
Etheriens : race pensante au corps éthéré et qui s'est installée en Outreterre et où ils ont implanté leur technologie
Eco-dôme : dôme d'énergie éthérien capable de permettre le développement d'un environnement viable (sorte de serre, en mieux)


Terres Médianes


Les éco-dômes. A chacun de ses retours en Outreterre, elle prenait le temps d'aller les explorer. Ils étaient une preuve supplémentaire pour elle que l'Outreterre n'était plus Draenor. Il restait tellement peu des forêts d'antan. Et celles-ci, à Raz-de-Néant, n'avaient plus grand chose à voir avec la végétation d'Ashran*. Elle ferma les yeux, se remémorant son monde disparu. Les odeurs, c'était surtout les odeurs qui lui manquaient. Mais, avec le temps, elle apprenait à apprécier les nouvelles. Draenor n'était plus, l'Outreterre avait pris sa place, et l'Outreterre vivait, elle aussi. De la vie nouvelle, parfois. En tout cas, à part la rumeur d'un spécimen aperçu en Nagrand mais dont l'existence n'avait jamais été prouvée, il n'y avait qu'ici, sous cet éco-dôme, que l'on pouvait trouver des crocilisques, sur ce monde ravagé. Leur cuir était une manne, d'autant plus qu'il était différent de celui que l'on trouvait sur les espèces d'Azeroth. La draenei rouvrit les yeux et les leva vers le ciel. Le dôme luisait, voile rose au dessus de sa tête. Était-il responsable ? Elle hausse les épaules. Peu importait, en fin de compte. Les crocilisques étaient là, leur cuir aussi, et ça, c'était le point intéressant.

Un craquement non loin la fit s'arrêter net, et se concentrer sur son environnement. Elle cherchait du regard, elle écoutait de toutes ses oreilles. Il y avait quelque chose de gros, à faible distance. Peut-être la créature responsable de la piste qu'elle suivait. Avec maintes précautions, posant ses sabots silencieusement sur le sol du sous-bois, elle avançait dans la direction du bruit. Elle concentrait doucement l'énergie élémentaire au bout de ses doigts, juste assez pour pouvoir frapper en cas de besoin, mais sans pour autant attirer l'attention avec des bruits d'éclairs crépitants. Elle se méfiait surtout des lynx, qui s'étaient installés dans ces nouveaux environnements et qui y pullulaient. Mais la piste n'était pas celle d'un lynx, en fait, ce n'était pas celle d'une créature habituée aux forêts. Cette créature était peut-être plus quelqu'un que quelque chose, et cela rendait la draenei curieuse. Elle restait néanmoins méfiante, sachant pertinemment que cette personne n'était pas forcément amicale. Elle continuait sa progression, lentement, discrètement, remarqua des traces étranges, comme si les plantes avaient été touchées, manipulées, mais sans pour autant avoir été abîmées. Sa curiosité en était décuplée. La terre devenait plus meuble sous ses sabots, elle approchait donc du lac. Bientôt, elle aurait une vue dégagée, et elle serait enfin fixée sur la nature de sa proie.

Un grand plouf la fit sursauter, et c'est d'un pas plus rapide qu'elle franchit les derniers mètres qui la séparaient de l'espace clair de la berge. Tout près, quelqu'un était tombé dans l'eau. Elle ne vit qu'une masse de cheveux acajou couler, puis revenir à la surface. La personne semblait savoir nager, mais ce serait inutile face aux prédateurs reptiliens de ce lac. D'un regard, la draenei scruta la surface, et décela, comme elle s'y était attendue, les légères ondulations de surface qui trahissaient l'avancée rapide des crocilisques. En quelques bonds, elle fut sur le bord le plus proche de l'être qui semblait un peu perdu. C'était une humaine. Un genou au sol, elle tendit la main le plus loin possible, et dit, d'un commun teinté d'un léger accent des gens de sa race :
- Vite, prenez ma main, ne restez pas dans l'eau, c'est dangereux !
Pendant ce temps, elle continuait à concentrer son énergie. Il n'était pas question d'avoir recours à la force de la foudre tant que l'humaine était dans l'eau, mais dès qu'elle serait sortie, il faudrait agir. Les crocilisques monteraient sur la berge, elle le savait. Elle sentit alors le contact de la peau contre sa paume, et serra la main. Elle tira de toutes ses forces, hissant la femme sur la berge. Elles basculèrent toutes les deux, la draenei se retrouvant sur son séant, et l'humaine allongée à côté d'elle. Sans même lui jeter un regard, la cornue tendit le bras, et envoya un éclair dans l'eau, puis un autre. Elle scrutait la surface, en alerte, c'était tout juste si elle entendait la femme tousser à côté d'elle. Croyant voir une nouvelle ondulation, elle renvoya une salve, et attendit. Sa respiration était saccadée, mais ses yeux et ses oreilles n'avaient rien perdu de leur concentration. Le lac était redevenu calme. Les reptiles n'avaient pas assez faim pour risquer leurs écailles. Elle se laissa aller à un gros soupir de soulagement.

 
La femme reprenait ses esprits, et après quelques instants, elle se mit à genou, à côté de sa sauveuse providentielle. Pour quelqu'un qui venait d'être en grand danger, elle paraissait plutôt calme. La draenei se demandait si c'était parce qu'elle avait l'habitude des situations dangereuses, ou si elle était seulement inconsciente. En tout cas, elle était jeune, de ce qu'elle en savait. Elle la regardait, légèrement souriante, mais avec un petit froncement de sourcils qui trahissaient une vague réprobation.
- Merci.
La jeune femme était à la fois penaude et reconnaissante. Son sourire était sincère, et sa gratitude tout autant.
- Je suis désolée, j'ai été imprudente. Je ne suis pas sûre que je m'en serais sortie si une de ces bêtes m'avait attrapée alors que j'étais dans l'eau. Merci du fond du cœur.
- Oh, mais, c'est normal, je n'allais vous laisser vous faire dévorer devant mes yeux. Mais tout de même, cette zone est dangereuse, que faisiez-vous ici ?
L'humaine sembla vaguement suspicieuse, et répondit d'un ton un petit peu froid :
- Je sais que vous venez de me sauver la mise, mais... je pourrais vous retourner la question.
La draenei éclata de rire. Quelques semaines passées en Outreterre, et elle avait déjà oublié à quel point les humains étaient susceptibles. Et méfiants. Elle regarda le visage décontenancé de son interlocutrice, et, avec un sourire franc, reprit la parole :
- Je me nomme Lishaasi, et je suis trappeuse. Ces éco-dômes possèdent une faune toute particulière qui fournit un cuir d'une qualité spéciale. Surtout les crocilisques. A la base, j'étais venue ici pour chasser, mais je suis tombée sur votre piste, qui, je dois dire, m'a beaucoup intriguée... Vous faites quoi, avec les plantes ?
La femme semblait surprise, mais sa voix s'était radoucie.
- Et bien, je suis botaniste. J'étudie les plantes, les examine, les répertorie. C'est d'ailleurs en voulant en voir une de plus près que je suis tombée à l'eau. Je savais que c'était dangereux, mais je pensais pouvoir l'atteindre.
Elle marqua une petite pause et ajouta, dans un petit rire :
- Il s'avère que j'avais tort ! Je m'appelle Adelheidy Hamar, je viens d'Azeroth pour étudier ces fabuleuses installations.
Elle accompagna sa phrase un large geste désignant son environnement, mais aussi le dôme au-dessus d'elles. Lishaasi fit une légère moue.
- Vous savez, ces choses éthériennes ont peut-être ramené la vie ici, mais ça n'a pas grand chose à voir avec les forêts d'antan. Enfin, j'imagine que ça n'enlève pas l'intérêt qu'on pourrait porter aux plantes qui y poussent.
- Je crois que de mon point de vue, rien ne peut enlever de l'intérêt à aucune plante, mais je ne suis pas vraiment représentative de ma race. Non, en fait, c'est surtout parce que chez moi, la terre a été corrompue, et je recherche un moyen de faire renaître la vie dessus. J'ai pensé que ces engins pourraient m'apporter une forme de réponse.
- Oh, vous venez de ces terres du Nord, prises par les... Comment c'était déjà ? Des morts-vivants, je crois.
Adelheidy ne masqua pas sa surprise.
- Vous connaissez Azeroth ?
- Oui, je connais votre monde, j'y vis, même. Enfin, quand je ne fais pas un petit voyage dans ce qu'est devenu mon ancienne planète. Je loge dans la ville de Hurlevent, mais je me balade beaucoup, j'aime le grand air.
- Et bien, c'est surprenant de vous rencontrer ici, alors ! Je suis originaire du Nord, oui, mais depuis des années, je vis dans le Sud. Ces derniers temps, juste à côté de Hurlevent, d'ailleurs, dans le...
La draenei redressa la tête, elle avait entendu un bruit. L'enthousiasme de la discussion lui avait fait oublier où elles se trouvaient, la jeune femme et elle. L'air soudain sérieux, elle se releva, et tendit la main pour aider Adelheidy à faire de même.
- Cette conversation est passionnante, mais nous ne devrions pas rester ici. Je connais une clairière bien plus sûre, pas très loin. Je pense que nous ferions mieux de continuer à parler là-bas.
Une fois debout, l'humaine acquiesça, puis suivit la draenei à travers la végétation de la forêt.
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Cap le mardi 18 mars 2014, 20:48:55
Coucou !
J'ai enfin trouvé le temps de lire ton texte, et je dois dire que j'ai bien aimé. Je te rassure de suite, je ne connais absolument pas l'univers de WoW, et le texte reste parfaitement compréhensible. D'ailleurs, le lexique n'est presque pas utile, puisque tu ajoute quelques légères descriptions qui permettent tout de même de bien imaginer la scène (c'est un bon exercice, si l'envie te prend, essaye de te passer complétement du lexique).
Après, ce texte ressemble à un fragment de quelque chose de (beaucoup) plus grand. Je ne peux que t'encourager à le continuer :-*
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Doutchboune le mardi 18 mars 2014, 22:03:35
Bah, là, j'ai surtout mis le lexique, parce que ce sont des mots que je considère comme acquis pour mes lecteurs initiaux (Comme si tu parlais de Ganondorf, de gérudos, ou d'Hyrule dans une fic Zelda). Et ça fait effectivement partie de quelque chose de plus grand, mais pas écrit : je joue à WoW dans une guilde Role Play, et là, c'est en fait la première rencontre entre deux de mes persos. Ils (enfin, elles) ont chacun une histoire (l'humaine bien plus étoffée), mais que j'ai jouée en direct en jeu, ou en roleplay forum. Mais dans le cadre RP global de notre guilde, il y a eu une ellipse d'un an, et ce texte raconte un événement qui s'est passé pendant cette année que je n'ai pas jouée directement (même si je connais les grandes lignes de ce qu'il s'y est passé). Il y en aura peut-être d'autres, mais je n'en suis pas certaine^^

En tout cas merci de ton commentaire, ça fait bien plaisir :)
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Doutchboune le mardi 03 octobre 2017, 20:09:38
Je dépoussière ce topic (et qui sait, peut-être que d'autres s'en serviront) pour poster une petite nouvelle que j'ai écrite assez vite fait, pour un concours en interne de ma guilde, pour fêter les 10 ans de ladite guilde. Il fallait inventer une histoire de la vie quotidienne du bastion militaire qu'on habite, en mettant en scène un personnage non joueur, c'est à dire avec aucun joueur derrière. Bref, voici la petite histoire, qui ne demande à priori aucun glossaire ou background, à part ptet que notre guilde est un ordre militaire de petite taille qui loge dans un bastion austère, en bordure de la forêt, non loin de la capitale, à deux heures de marche maximum.

Allaine

Quand sa mère lui avait annoncé qu’elle avait trouvé un petit boulot, elle s’était d’abord réjouie, pour leur situation, précaire, il fallait le reconnaître. Quand elle a ensuite dit qu’elle aussi devrait mettre la main à la pâte, elle avait déchanté. S’en était suivi une longue conversation, pour ne pas dire confrontation, sur ses quatorze ans bien entamés, sur sa propension à laisser sa mère faire tout le travail, et que si elle n’était pas contente, les ponts de Hurlevent pourraient peut-être mieux l’héberger, finalement. Aide-lavandière, tu parles d’un métier…
- Allaine, arrête de rêvasser et étends ce linge !
La jeune fille grommela, et reprit sa tâche ingrate. Étendre le linge de sales vieux soldats, dans une horrible bâtisse loin de la ville. Au moins, les ponts des canaux étaient proches du quartier commerçant… Elle poussa un soupir interminable puis croisa le regard consterné de sa mère. Peut-être que, dans le fond, elle aurait bien voulu admettre qu’elles avaient toutes deux besoin de ce travail, que ce ne serait probablement que temporaire, que ce n’était pas si avilissant que ça, mais rien n’y faisait.

Depuis leur arrivée ce matin, elle avait laissé traîner ses oreilles, plus pour passer le temps que par envie de connaître les lieux et ses habitants. Elle avait compris que plusieurs lavandières s’étaient succédées, que parfois même, ce fut des membres de l’ordre qui avaient effectué cette tâche. C’était  au tour de sa mère de prendre le poste, et à elle de l’assister. Elle poussa un nouveau soupir, encore plus exagéré que le précédent, et vit du coin de l’œil sa mère lever les yeux au ciel. Celle-ci reposa le drap qu’elle portait dans le panier et regarda sa fille avec un regard légèrement contrit.
- Allaine. S’il te plaît. On ne va pas revenir sur la nécessité d’être ici, non ?
L’adolescente se tourna vivement, faisant voler sa longue tresse de cheveux clairs.
- Pffff, c’est nul ici, y a rien, et en plus, j’ai… euh… j’ai la peau des mains toute abimée, à cause des draps mouillés !
Dos à sa mère, elle ne vit pas le léger sourire qui anima ses lèvres. Et aucune ironie ne perçait quand elle lui répondit d’une voix douce.
- Ma chérie… Je sais ! Il y a du travail de reprisage, tu pourrais le faire. Comme ça, tu pourrais rester assise, en plein air, sans te mouiller les mains ni te fatiguer le dos.
Les épaules d’Allaine s’affaissèrent, et son air était loin d’être réjoui quand elle se retourna lentement. Elle faillit pousser un troisième soupir, mais se retint au dernier moment. Elle ne se départit pas de sa moue boudeuse alors qu’elle hochait la tête pour accepter la tâche qu’on venait de lui confier.

Les différentes affaires à repriser avaient été mises dans un petit panier, dans lequel elle ajouta le matériel de couture. Après avoir regardé le tout d’un air passablement dégoûté, elle le mit sous son bras et partit chercher un coin tranquille, loin du regard de sa mère, où elle pourrait travailler en paix. Elle avisa un mur de la bâtisse, ensoleillé, mais sur lequel quelques arbres projetaient une ombre synonyme de confort. Son regard se porta à peine sur les drôles de sacs remplis de paille montés sur des bouts de bois alors qu’elle choisit une place qu’elle considérait adéquate.
L’aiguille était bien en main, le fil passé dans le chas, et les trous se refermaient à un rythme tranquille. Quand même, atterrir dans ce trou, sans même un copain pour apprécier de petites pauses. Bon, elle devait bien admettre que l’odeur d’ici était plus agréable que celle de l’eau des canaux, mais le calme… Oh, ce que c’était calme. Elle était sur le point de soupirer à nouveau quand un vacarme se fit entendre.
Une voix autoritaire la fit sursauter, puis un grand bruit de casseroles qu’on entrechoque retentit. Levant les yeux, elle vit arriver des hommes et des femmes armés sur le terrain devant elle. Elle faillit se lever, mais vit très vite que personne ne l’avait remarquée. Elle posa alors son ouvrage, et regarda la scène.

Un homme, grand et viril, semblait commander les autres. Se cheveux longs attachés en queue de cheval dansaient au rythme de ses gestes. Sa voix résonnait, forte, donnant des ordres martiaux. Du moins, le supposait-elle. Et les hommes et les femmes face à lui de lui obéir, faisant de grands gestes qui se voulaient coordonnés. Le spectacle était fascinant.Tout était si viril. Elle entrouvrit le col de sa robe. Elle n’avait pas imaginé que la journée puisse être si chaude, surtout à l’ombre. Un instant, elle pensa à son ouvrage, mais ses yeux ne pouvaient se détacher de la danse de ces hommes.
Eux aussi devaient avoir chaud, car leur instructeur leur ordonna d’ôter une partie de leur armure, avant de leur imposer de nouveaux mouvements. Oui, cette journée était caniculaire, comment expliquer sinon que certains aient totalement dénudé leur torse ? Et qu’ils transpiraient autant sous l’effort. Toute cette sueur. Ces gouttes qui glissaient sur la peau, sous laquelle de puissants muscles bougeaient au rythme de leurs contractions. Elle ouvrit son col un peu plus, décidément, qu’il faisait chaud. Elle en avait le souffle court.

Absorbée comme elle l’était par les mouvements de va et vient des hommes, elle sursauta quand un grand coup de sifflet retentit. Le colosse viril venait de sonner la fin de l’exercice. La troupe rassembla ses affaires et partit en ordre dispersé. Allaine frissonna. Une légère brise était venue lui chatouiller le cou, et elle referma vivement son col. L’air pensif, un petit sourire aux lèvres, elle reprit son ouvrage.

Finalement, il n’était peut-être pas si mal, ce travail.
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Chompir le mercredi 04 octobre 2017, 17:10:26
Et ben, c'est vraiment de l'occasionnelle par ici. :hihi:
Ma foi, c'est vraiment sympa cette petite nouvelle. As-tu gagné le concours ? En tout cas ça a vraiment l'air d'être une super guilde avec une très bonne entente.

Pour la nouvelle, en elle même, elle est vraiment très rigolote. On voit que tu t'es amusé à la fin. :(8:
Ça sent la virilité toute cette sueur. :hap:
La petite histoire est bien sympa. C'est comme ça les entraînements dans votre Guilde ?
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Doutchboune le jeudi 05 octobre 2017, 11:53:22
C'est comme ça vu par les yeux d'une ado de 14 ans. Quand t'es celui ou celle qui sue, c'est moins agréable  :R

En tout cas merci, et pour ce qui est de gagner, j'en sais rien, les votes seront à la fin du mois  :hap:
Titre: Salon d’écriture occasionnelle
Posté par: Zelink le jeudi 11 janvier 2018, 21:07:45
                        
Terreur

   Test : erreur. Tes intestins se serrent. Ni ruse ni rires : stress nu. Une nuit sur tes sens se tisse et te nuit. Tu es sienne : intruse retenue entre ses rues ternes. Et tu erres.



(Le nécessaire point de contexte : je m’étais lancé le défi de taper un texte sans bouger la position de mes doigts sur le clavier. À partir d’une disposition bépo, je me suis placé sur ⇧, u, i, e, t, s, r, n, « . » et la touche d’espace. La touche de majuscule [⇧] m’a permis d’accéder à la casse capitale des lettres ainsi qu’au deux‐points et à l’espace insécable. Pari réussi ou n’est‐il pas ? En tout cas, je suis suffisamment satisfait ; avec aussi peu de lettres, c’est compliqué de faire bien plus long. :oups:)
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Chompir le jeudi 11 janvier 2018, 21:44:31
Tu te lances des défis étranges mais le défi est réussi et c'est beau ce que tu as écris, Bravo !  :oui:
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Sentinelle le samedi 03 mars 2018, 00:50:48
J'ai pas assez d'inspiration pour tenir une vraie heu... Galerie littéraire ? Du coup ce p'tit topic me convient bien, c'est une bonne idée ! C'est parti :miou:

  Je grimpai la pente avec difficulté, sans vraiment comprendre encore ce que je faisais ici. Mon souffle se saccadait, et j'étais forcée de m'arrêter presque tous les cinq mètres. Je n'étais pas vigoureuse du tout, mais cette côte était réellement ardue. Je profitais de chaque interruption -celles-ci durant environ une minute- pour admirer le paysage. Enfin, façon de parler. Il n'y avait guère de paysage ici, c'était une rue étroite, profonde, insondable, j'étais entourée de hautes maisons, pour la plupart assez anciennes. Quinze ans que je vivais ici, et c'était la première fois que je profitais de ce spectacle seule. Aucune autre structure n'était visible depuis cette rue, les habitations, hautes, cachaient tout le reste, c'était un peu coupé du monde. Je me souviens que je descendais en voiture cette rue tous les matins il y a cinq ans, pour aller à l'école.
Ah ! Je devais avoir l'air pathétique, ainsi épuisée, seule, transpirant dans le froid glacial du Cantal en janvier ! Mes mains avaient déjà commencé à devenir translucides, heureuse élue du Syndrome de Raynaud que j'étais. Je les mettais dans mes poches, ce qui créa une réaction de chaud-froid assez douloureuse. Ca faisait déjà dix minutes que je montais sans cesse à travers les rues, il était dix-sept heures. Je croisai un homme avec un bonnet, lui au moins avait compris qu'il faisait froid, je me sentais idiote, puis je vis une jeune fille dont le visage me rappelait vaguement quelque chose. Je ne la reconnus qu'après l'avoir dépassée, elle était dans ma classe il y a bien des années, c'était une fille timide, je me demandais ce qu'elle était devenue depuis.
La rue était assez oppressante, peu de gens osaient descendre, et j'avoue ne jamais avoir vu quiconque la monter. Je commençais cependant à en comprendre la raison, mes jambes me brûlaient terriblement. C'était pourtant un endroit magnifique, une vieille rue, au charme désuet, qui créait en moi un sentiment de mélancolie, voire de nostalgie. Je ne pensais pas qu'on pouvait ressentir de la nostalgie à mon âge, c'était un peu décalé et peu justifié, mais agréable.
Quand enfin je compris que j'étais arrivée dans ma rue à moi, mon visage s'illumina, j'en avais enfin fini avec cette montée. Je traînais un peu avant de rentrer, je devais être toute rouge et essoufflée. Ainsi, je ne rentrai que dix minutes après. La sensation de voyager seule m'avait emplie de bonheur, bien que je n'aie en réalité fait qu'un petit aller-retour dans ma propre ville, ce qui n'est pas exceptionnel, en relativisant...
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Chompir le jeudi 08 mars 2018, 17:33:44
Petit texte intéressant qui doit raconter une fin de journée ou tu rentres à pied chez toi. :8): J'adore la façon de rendre ce moment aussi insignifiant si beau en pouvant écrire un petit texte dessus.  :^^: J'espère que tu nous proposeras d'autres petits textes par ici.
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Doutchboune le lundi 03 février 2020, 23:31:23
Bon bon voilà, un concours artistique me fait repasser dans le coin, et au lieu de mettre à jour ma galerie (mais fichtre, y a du taf...) je décide de venir poster un petit texte que j'ai écrit il y a quelques mois. Il y a pour moi un contexte, mais j'ai volontairement tenté d'écrire quelque chose qui peut se lire de manière isolée, et qui peut s'imaginer tout à faire en dehors de ce contexte (que je ne nommerai pas, du coup^^)
Bon, c'est pour un public averti, même s'il n'y a rien d'explicite, je préfère prévenir.

En bonus et à la suite de ce texte, je mettrai un lien vers un autre texte, nettement plus long, que vous pourrez aller lire si l'envie vous chante.

**************

Une nuit


     Elle attendait dans sa chambre, nerveuse. Elle portait une simple robe blanche en laine, confortable et rassurante, mais la douceur du tissu ne suffisait pas à diminuer son anxiété. Immanquablement, ses ongles rejoignaient ses dents, jusqu’à les quitter quand elle se serrait les mains. Avait-elle fait le bon choix ? Avait-elle eu raison de céder à ce désir qui couvait en elle depuis de longs mois, maintenant ? La sensation de chaleur qui envahissait son corps lui clamait que oui, et qu’elle n’avait que trop tardé, mais quelque part, son puissant sens des réalités lui lançait des reproches constants. Les conséquences allaient être ingérables, les retombées, si quelqu’un apprenait ce qui allait se passer ici ce soir, seraient probablement catastrophiques, pour elle et surtout pour son image.

     Il n’était pas trop tard pour reculer. Elle pouvait ne pas ouvrir la porte, feignant le sommeil. Elle pouvait avancer un malentendu, pour renvoyer son invité poliment, mais là aussi, elle craignait les conséquences, dans ce cas, beaucoup plus personnelles. Certes, pas de problème d’autorité, pas de bruits de couloir et autres ragots, mais ça aurait voulu dire la fin de cette relation piquante qui épiçait ses journées, l’abandon de cette occasion d’enfin remplir une partie du vide affectif qui la rongeait depuis tant de temps. Et plus prosaïquement, elle ne voyait pas comment elle pourrait gérer la frustration que le rejet de son désir immédiat engendrerait. Malgré la peur, malgré les doutes, tout son corps brûlait et palpitait d’envie longtemps inassouvie, et c’était alors qu’elle se laissait aller à cette sensation que l’on frappa doucement à la porte.

     Elle sursauta, et la panique refit surface, mais ce fut d’une voix douce qu’elle invita la personne derrière le battant à entrer. Elle sentait son cœur accélérer au fur et à mesure que la porte s’ouvrait doucement, et qu’il apparaissait. Il entra dans la chambre sans un mot, mais avec un sourire charmeur, qu’elle trouva un brin crispé, à moins qu’elle se fasse des idées. Il était toujours aussi beau. D’aussi loin qu’elle se souvenait, elle l’avait toujours trouvé agréable à regarder, mais elle n’avait jamais imaginé, jusqu’à peu, qu’il pourrait y avoir plus que de la contemplation entre eux. Cette pensée lui arracha un sourire, et elle leva les yeux vers son visage. Il venait de se retourner, après avoir refermé la porte en silence. Leurs regards se croisèrent alors qu’elle ouvrait la bouche, voulant parler mais ne sachant pas quoi dire. Elle n’eut pas à s’en soucier. Elle y vit un désir au moins égal au sien, mais aussi une étincelle de crainte, de retenue, qui la surprit chez cet homme habituellement si sûr de lui. Il y eut quelques secondes où le temps fut suspendu, puis il tendit la main et vint caresser sa joue, s’attardant sur la ligne de son menton. Irrésistiblement, leurs lèvres se rapprochèrent, et au moment où elles se rejoignirent, ce fut comme si les digues d’un barrage avaient cédé.

     Sans retenue, elle jeta ses bras autour du cou de l’homme qu’elle avait tant désiré, projetant son corps contre le sien. Ses doigts s’enfoncèrent dans ses cheveux, serrant plus intimement sa bouche contre la sienne. Ses mains à lui vinrent se plaquer contre son dos, l’étreignant avec force et passion. Leur baiser dura longtemps, temps pendant lequel leurs mains continuèrent leurs découvertes respectives. Elle explora les lignes de son dos, caressant chaque muscle de ses mains douces. Il parcourut ses courbes, dessinant les arrondis de ses hanches, de sa taille, de sa poitrine. De leurs gestes exploratoires, ils passèrent petit à petit sous les couches de tissu qui les couvraient encore, et le contact de leurs peaux fit monter leur excitation d’un cran.

     Leurs bouches se séparèrent, un instant, le temps pour leurs yeux de se rencontrer à nouveau. Ils ne montraient plus aucune crainte, plus aucun doute, seulement la flamme ardente d’un désir qui ne demandait qu’à être consumé. Sans la quitter des yeux, il la prit délicatement dans ses bras, la menant jusque sur le lit, non loin de là. Tout en le regardant, elle en profita pour déboutonner sa chemise, et défaire son pantalon. Une fois étendue sur les draps, elle entreprit de lui ôter ses vêtements alors qu’il remontait une main délicate depuis sa cheville jusqu’en haut de sa cuisse, soulevant sa robe par la même occasion. Puis, comme si le calme et la douceur avait trop durés, elle passa le bras derrière son cou et le plaqua contre elle, et l’embrassa langoureusement en lui mordillant les lèvres. La réponse ne se fit pas attendre, et il glissa ses mains le long de son corps, le dévoilant au fur et à mesure que la robe remontait. Leurs bouches se séparèrent le temps de laisser passer le vêtement, mais se retrouvèrent très vite. Totalement dévêtus, enlacés sur le lit, ils laissèrent libre cours à leurs envies si longtemps réfrénées et ce n’est que tard dans la nuit qu’ils s’assoupirent, l’un contre l’autre, épuisés mais heureux, flottants dans une bulle de félicité.

 

     Elle se réveilla en sursaut, et un coup d’œil par la fenêtre lui apprit que la nuit était bien avancée. La lune était basse dans le ciel, et inondait la chambre de sa lumière pâle. La jeune femme se mit assise contre la tête du lit, les bras autour des genoux. Son regard se posa sur l’homme à ses côtés, et elle sourit doucement. Elle savait que rien au monde ne lui ferait regretter cette nuit, même si le spectre des conséquences se faisait de plus en plus tangible. Là, maintenant, elle se disait qu’elle devait le réveiller, pour qu’il ait le temps de partir rejoindre ses appartements sans que personne ne puisse soupçonner qu’il avait passé la nuit avec elle, mais son sommeil serein l’en empêchait. Elle qui aurait parié qu’il aurait profité de son assoupissement pour partir sans bruit, elle était agréablement surprise de s’être trompée. D’un geste tendre, elle écarta une mèche de cheveux de son front, ce qui le fit frémir.

     Elle soupira. Les choses allaient être plus compliquées maintenant. Elle ne savait même pas ce qu’elle souhaitait réellement. Était-ce seulement l’assouvissement d’un désir ? La connivence de deux adultes enclins à passer du bon temps ensemble ? Y avait-il quelque chose de plus concret entre eux ? Désirait-elle aller plus loin ? Ce n’était pour le moment pas envisageable, pas dans leur situation professionnelle actuelle. Pour le moment, pour le reste du monde, rien ne s’était passé cette nuit et personne ne devait en douter. Elle hésita à le réveiller, pour lui demander son avis sur la question, mais se ravisa. Ce n’était peut-être pas le plus sage, ou le plus avisé, mais elle ferait comme ils avaient toujours fait, s’observer et agir quand ils atteignaient un point de rupture.

     Elle jeta un dernier regard à la fenêtre. La lune avait plongé vers l’horizon. D’un geste doux, elle réveilla son amant.

***************

Et le lien vers mon autre texte : Remplir le Vide (https://www.deviantart.com/doutchboune/art/REMPLIR-LE-VIDE-817191810)
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Chompir le mardi 11 février 2020, 10:40:21
Je viens de lire ton texte @Doutchboune et c'est un très beau texte, s'il y a un contexte, comme tu dis, sans l'avoir, on le lit tout aussi bien. En tout cas c'est une belle histoire entre ces deux amants et on peut s'amuser à deviner la situation de chacun. L'une une noble, et l'autre, surement un servant ?
Je prendrai le temps de lire ton deuxième texte et je viendrai en privé te dire ce que j'en aurai pensé. ;D
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Doutchboune le mardi 11 février 2020, 13:18:23
Merci, c'est très gentil !
Niveau contexte, ton idée peut correspondre, en effet, mais pour le coup, le noble d'origine, c'est lui, et pas elle. Elle est roturière. Mais le contexte est un ordre militaire, et elle est sa supérieure hiérarchique directe (sa n+2 pour faire moderne  :R ), et un officier supérieur de l'ordre en question.

Après, même dans le cadre du RP correspondant, ça reste totalement fictif, c'est juste une issue possible de prémices lancés par le joueur de l'homme, mais s'il continue au rythme où il continue, y a peu de chances que ça arrive xD

Pour l'autre texte, il fait 11 pages word, donc il est bien plus long, mais c'est une nouvelle qu'on peut qualifier de fanfic car clairement située dans l'univers de World of Warcraft. Après, je pense qu'elle se lit sans souci même si on ne connait pas vraiment l'univers, il suffit de se dire que le peuple concerné est constitué d'elfes accros à la magie (ils dépérissent quand ils ne sont plus approvisionnés en mana, pour simplifier). Sinon, la mise en page de DeviantArt est telle que le petit texte de commentaire que j'ai mis se retrouve après le texte, mais ça non plus ce n'est pas très important ^^

Reste que je serais bien contente d'en avoir un retour  ;D
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Suijirest le vendredi 13 mars 2020, 02:13:58
J'ai été pris d'une furie d'écrire, donc j'ai rédigé un chapitre "spécial" à ma vieille fiction Les Crocs de Fenrir.

Spécial car, il ne s'inscrit pas dans l'action quand je le publiais ici. Il se situe des années plus tard, et c'est la conclusion d'un arc. Je vous livre donc un petit résumé du contexte, nécessaire à la lecture.

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Voilà. Enjoy à ceux que ça intéresse !



Face aux épreuves, chacun a sa façon de voir comment réagir. Certains les affrontent directement pour les résoudre, d'autres les ignorent en attendant qu'elles se résorbent. Il y a ceux qui font la part des choses pour mélanger les deux attitudes, et enfin, il y a ceux, perdus dans leur indécision, qui ne font rien. L'homme était de ceux-là. Face au confinement du quartier, il n'avait rien décidé. Quand les points de passage avaient été barricadés, il ne s'en était pas ému. L'angoisse de ses voisins ne l'atteignait pas. La virulence des soldats ne l'inquiétait pas. Il se tenait à l'écart, sans rien attendre, sans rien tenter. Il vivait, la conscience tranquille, son quotidien inchangé. Dans de telles conditions, il n'avait pas plus de raisons de craindre un bombardement, que de s'intéresser à la jouvencelle qui marchait face à lui.

Frêle, petite, vêtue d'oripeaux, elle irradiait non seulement de la joliesse typique des adolescentes, mais aussi d'une terreur sans égale. A peine avait-elle remarqué la présence d'un passant, son allure s'était figée. Une main contre le mur, l'autre à la poitrine, elle tremblait comme une feuille, avançant pas à pas, les yeux rivés sur la vieille pierre craquelée. Cette fébrilité était si forte que l'homme l'avait éprouvée à un niveau physique, presque palpable. Cependant, trop habitué à la souffrance, et trop englué dans son désintérêt affecté, il refusa de s'arrêter, ou même de s'adresser à la demoiselle. Il marcha à côté d'elle, baissant les yeux à son tour et les poings légèrement fermés, tiraillé par ses restes de conscience. Après quelques mètres, il reprit son souffle, et derrière lui, il entendit un soupir de soulagement. Là-dessus, il reprit sa route, ignorant qu'il venait de croiser l'une des personnes les plus recherchées de la ville.

Dos au mur, Hel ne pouvait plus faire un pas. Son cœur réclamait un instant de répit pour reprendre un rythme soutenable, afin que ses aisselles et son sternum finissaient de se tremper de sueur, et que ses jambes repassent peu à peu du coton à la chair. Pourtant, trop consciente de sa situation, elle ne prit qu'une très courte pause, et reprit sa route, claudiquant et jetant son regard sur tous les recoins. Elle avait encore du mal à comprendre ce qui venait de se produire. Dans son esprit, elle revoyait la scène comme si son esprit avait été détaché de son corps, et qu'elle n'avait pu que contempler ses actes, pendant que son cerveau tentait en vain d'en reprendre le contrôle. Ainsi, elle revivait cet instant de pure panique, sans trop savoir ce qui l'avait déclenché. Elle revoyait le moment où elle avait bondi vers la porte ouverte. Elle revoyait ses mains s'acharner sur cette seconde porte condamnée, tandis que ses deux gardiens la talonnaient. Elle revoyait, au comble de l'incompréhension, ses bras repousser la carcasse du gigantesque Hod, accompagné d'un hurlement strident. Et pire que tout, elle revoyait ses bras s'emparer d'un fauteuil, lequel traversait la vitre la plus proche... et ce n'était qu'une fois que ses jambes en avaient passé l'encadrement, que sa raison avait enfin repris le dessus. C'était une fois lancée dans le vide, qu'elle mesurait les conséquences de sa détresse. C'était une fois rappelée aux lois de la physique, qu'elle avait quitté son état second. Dans l'infime laps de temps, elle avait pu se préparer à la pire des douleurs, ou à la fin brutale... mais c'était finalement sur un tas de paille, dans une grange au toit ouvert, que sa chute s'était terminée. Malgré cela, elle s'était réceptionnée sur les chevilles, puis sur les fesses, ce qui n'avait pas été sans conséquence. Il lui avait bel et bien fallu lutter contre une intense souffrance pour reprendre son équilibre. Mais, toujours mue par sa peur, elle n'avait pas attendu que ses gardiens reviennent la chercher. Au prix de quelques efforts pour stabiliser ses mains, elle avait tourné la poignée de la grange, et elle s'était lancée, au hasard, dans la première rue venue. De là, elle avait marché, jusqu'à croiser un passant. Là, sa panique voulut la reprendre, mais elle savait, au fond d'elle-même, qu'elle ne pouvait plus compter sur des sensations brutes. Il lui fallait, désormais, compter sur l'ensemble de ses facultés, car elle n'était plus dans ce paisible étage d'un immeuble condamné. Elle n'était plus une jeune fille enchaînée à un mur, elle avait bien plus à craindre que la faim, la soif et cet épouvantable ennui. Désormais, elle n'était plus une otage. Elle était une fugitive.

Comme pour le lui rappeler, un hurlement se fit entendre, à quelques rues de là. Par réflexe, Hel sursauta et se retourna. C'était son nom, accompagné de phrases toutes faites, crié par un Ratatosk encore plus déboussolé qu'elle. Le son était trop lointain pour qu'elle risque de voir le hurleur débarquer dans la minute, mais il était trop proche pour être ignoré. L'adolescente se dirigea instinctivement dans la direction opposée aux cris, et pressa le pas. L'urgence lui fit oublier quelques instants ses douleurs et son souffle, jusqu'à ce qu'elle s'estime plus en sécurité. Alors, sans s'en rendre compte, elle se mit à pouffer.

"Pourquoi crie-t-il comme ça ? Pour que je sois sûre de sa position, et partir encore plus loin ?... Ils ont raison, ce garçon est vraiment... con comme un balai !"

Là-dessus, elle manqua de s'étouffer sur son gros mot, sur cette entorse à ses manières de jeune fille riche. Suite à cet interlude, elle reprit sa marche, aussi tranquille que possible. Elle avait pris assez de distance pour marcher simplement, sans faiblir l'allure. Grâce à sa toilette tout à fait ordinaire, les passants ne s'intéressaient pas à elle. Ils avaient d'autres chats à fouetter, de toute évidence. Maintenant, elle n'avait plus qu'à rejoindre la Gleipnir. Marcher, encore marcher, jusqu'à rejoindre un des douze points de passage. Une fois là-bas, tous ses soucis seraient enfin terminés. Cette idée la galvanisa pour de bon. Elle y trouverait des soldats qui la prendraient en charge. Elle recevrait un repas, elle remplirait un témoignage, et enfin, elle allait retrouver sa famille. Elle allait pouvoir serrer ses parents et sa sœur dans ses bras. Toute cette histoire ne serait qu'un souvenir de plus. Retour à son quotidien, le lycée, le théâtre, les promenades dans le paisible quartier de Draupnir. Finies ces journées éprouvantes sans savoir de quoi l'heure suivante serait faite... Le pire serait derrière elle, pour que le meilleur reste à venir. Presque malgré elle, sur cette formule un peu solennelle, elle se demanda ce qu'allait devenir le Blanc... cette idée lui fit voir mentalement son visage, son regard et ses mâchoires. Ce fut pour elle le moment de comprendre à quel point elle mettait la charrue avant les bœufs.

Rejoindre la Gleipnir ? Mais comment ? Elle n'était pas dans les belles allées de Draupnir. Elle était quelque part à Fenrir, elle n'avait pas le moindre repère. Les rues étaient presque désertes, et de toute façon, elle n'avait pas envie de demander son chemin. Comment savoir si elle n'allait pas s'adresser à un "canal" du Blanc ? Ramenée à la réalité, Hel se mit à observer son environnement, en repensant à ce jour, cet unique jour, où son père lui avait parlé du quartier pauvre.

"Ne te fais pas d'idées à son sujet, Hel. Tu n'y as pas été. Tu ne peux pas savoir si c'est vraiment l'enfer de violence et de misère qu'on décrit, ou si c'est juste comme ça qu'on préfère le voir. Tu ne peux pas savoir si c'est un quartier tout simple, bien rangé et ordonné. Si tu veux le savoir, il faudra que tu y ailles."

Elle y était, et le peu qu'elle voyait lui hurlait que la réputation du quartier était, en effet, un tissu de mensonges. Elle s'était imaginée, tour à tour, un lieu débordant de saleté, aux gens hagards et agressifs, ou un entrelacement de petites bâtisses anarchiques. Au final, Fenrir ressemblait énormément à Fafnir, mais fortement désargenté. Le pavement remontait aux temps anciens, la terre battue ressortait par endroits. Un arbre mort solitaire ornait un petit parc au sable maigre. Dans un coin, une charrette vermoulue accueillait un monticule d'ordures. Les façades des bâtiments étaient lézardées ou noires de fumée, leurs portes étaient écaillées ou défoncées, les fenêtres auraient mérité un solide coup de chiffon. Pourtant, malgré ce dénuement apparent, l'atmosphère était assez paisible. Il n'y avait pas cette tension des coins mal famés, comme cette ruelle obscure où Hel avait dû repousser les avances de son soupirant enivré. Un événement si marquant, si proche et si lointain à la fois, qui lui avait rappelé la faiblesse de son corps et l'appétit de l'homme. Hel ne put réprimer un frisson, et décida de se remettre en route. Ses yeux continuaient de papillonner, en quête du moindre panneau, du moindre repère. Logiquement, Fenrir est un lieu habité, pas une caverne. Les gens ne s'orientent pas en consultant les astres. Il fallait bien des directions. Certains angles portaient bien des noms de rues, mais ça n'allait pas l'aider. Hel avait besoin d'une flèche pour lui indiquer où trouver la Gleipnir. Si elle continuait de marcher tout droit, elle pouvait finir n'importe où. Pourtant, en désespoir de cause, c'est ce qu'elle continuait de faire, avancer, sans réfléchir...

"Eh, petite !"

Ce ne fut pas un petit sursaut, mais un léger bond, accompagné d'un hoquet de peur, qui agita l'adolescente. Incapable de garder une attitude désinvolte, elle pointa des yeux écarquillés sur les deux jeunes hommes qui l'avaient interpellée. Tassés sur un perron, ils portaient des vêtements tout aussi ordinaires que les siens. En fait, ils ne présentaient aucune particularité, de purs quidams, hormis le voile de doute qui déformaient leurs visages.

"Moi ?... Je... peux vous aider ?"

Hel avait essayé de se ressaisir, mais elle se sentit rougir en s'entendant parler. Cette fichue panique guettait toujours la moindre occasion de ressurgir. L'adolescente serra ses paumes sur les pans de sa robe rêche, espérant que la vilaine sensation l'aide à se calmer, mais les regards pesants n'y aidaient pas.

"Ben... Tu as l'air paumée. Tu n'es pas du coin ?
-Euh... non, pas du tout. Je suis de..."

Elle ravala ses mots d'extrême justesse, pour se retrouver encore plus désorientée. Il lui fallait un mensonge prêt à sortir et à convaincre, vite.

"Je suis de passage, on m'a guidée à l'aller. J'ai cru que je pouvais rentrer seule, mais... je ne retrouve pas mon chemin."

Si la jeune fille s'estimait assez satisfaite de sa trouvaille, ses interlocuteurs ne semblaient pas du tout convaincus. Ils échangèrent un regard plus suspicieux encore, avant que le même garçon ne reprenne :

"C'est pas génial pour une gamine de se balader comme ça par ici. Tu vas vers où, au juste ?
-Euh... Ne vous en faites pas pour moi, je vais me débrouiller.
-Est-ce que tu sais au moins où tu vas, là ?
-C'était... par là que je suis arrivée... A force de marcher, je vais bien reconnaître."

Elle n'eut que le temps de réaliser l'énormité qu'elle venait de prononcer avant que le visage des deux quidams ne se déforme de stupeur. Son vis-à-vis était presque debout quand il s'exclama :

"A force de marcher ?! Tu vas finir droit sur les remparts, si tu marches par là !
-Sur... les remparts ?"

Toujours incapable de se maîtriser, un sourire lui échappa. Les remparts. Si elle atteignait ce point de repère, elle n'avait plus qu'à tourner à gauche et les longer, jusqu'à la Gleipnir. Elle avait enfin un plan de route. Pourtant, son idée n'était pas du goût de son guide inopiné, qui s'était enfin levé pour se planter devant elle.

"Les remparts, gamine, c'est... c'est loin ! Tu en as pour au moins une heure. Et même après ça, si tu les longes, t'en verras pas le bout avant la nuit.
-Ah, mais je...
-Ecoute, si tu veux rejoindre Fafnir, le plus simple, c'est que tu prennes cette rue, là, à gauche... Tu marches tout droit, si tu tombes sur un mur, tu contournes... T'as qu'à garder ce cap. Tu tomberas sur la Gleipnir, à force."

La formule était douteuse, mais Hel n'avait que trop conscience qu'elle s'était comportée de façon plus que suspecte. Ils avaient sûrement compris depuis longtemps qu'elle n'était pas de Fenrir. Dans le fond, ils lui en avaient bien assez dit, et la proximité de cet homme la mettait mal à l'aise. Elle décida de couper court.

"Je... Je vous remercie sincèrement. Je vais suivre votre conseil."

Sans réfléchir, elle s'inclina légèrement pour appuyer ses remerciements, puis elle tourna les talons et s'élança, le pas toujours un peu gauche, sans se retourner. Elle s'engouffra dans la rue indiquée et reprit son errance, à une allure plus calme. L'espace d'un instant, elle se demanda si elle avait raison de faire confiance à cet inconnu, mais après tout, elle n'avait pas grand-chose à perdre, et ils n'avaient rien à gagner à lui mentir. Malgré cela, sa captivité l'avait rendue plutôt nerveuse, elle ne pouvait pas se défaire de ses doutes. Sa crainte la plus tenace restait, et s'ils étaient un "canal" du Blanc ? S'ils allaient galoper pour le retrouver et lui indiquer sa position ? Cette idée la saisit à la gorge si violemment qu'elle faillit trébucher. Le Blanc était un homme puissant de Fenrir, un maître de l'information. Son métier consistait à savoir ce que font les gens d'influence et à en informer ceux qui y voient un intérêt. Il écouterait n'importe quoi, n'importe qui. Ses oreilles et sa langue étaient son gagne-pain. Il suffisait qu'une seule personne la remarque pour qu'elle soit repérée... et ramenée à sa couchette, la chaîne au poignet. L'image de ce lieu d'inconfort, de ces interminables journées à regarder tourner le soleil, fit des ravages sur son estomac, et malgré le soleil au zénith, Hel se mit à claquer des dents.
Il fallait qu'elle se rende à la Gleipnir sans perdre un seul instant.

Le trajet ne lui laissa pas l'ombre d'un souvenir. Avant qu'elle ne s'en rende compte, elle avait atteint la vaste cour intérieure d'un complexe d'habitation aux allures de prison, et là, un brouhaha la ramena à la réalité. On y entendait des dizaines de gens crier, vociférer, exiger, supplier. Inquiète, Hel s'approcha lentement de la sortie de la cour, et elle vit une marée humaine, agglutinée contre une maigre ouverture entre deux barricades de blocs de bétons, surmontés de rouleaux de barbelés. La scène lui inspira des sentiments contraires. D'un côté, elle avait atteint la Gleipnir. De l'autre, elle avait été bien naïve. Cette frontière était fermée par les soldats. Elle l'avait entendue du Blanc lui-même. Chaque jour, il devenait plus difficile de la franchir. Il devait bien y avoir deux cents personnes entassées là. Sa seule porte de sortie était bouchée.
Il n'était pas question d'abandonner si près du but. Hel bloqua sa respiration et se lança dans la masse, profitant de sa petite taille pour se frayer un chemin à la force des coudes et de souplesse. Elle essuya quelques protestations indignées, mais chaque pied qui la rapprochait de son but lui faisait oublier cette grossièreté. A terme, elle se retrouva contre une barrière de fortune, face à un cordon militaire, une bonne vingtaine de soldats en uniforme bien alignés, le fusil à la main. Hel n'aurait pas pu se risquer à dire, à leur seule posture, si ces armes étaient chargées. En revanche, les traces de sang et les impacts de balles au sol répondaient largement à la question. Cette scène de violence la glaça d'effroi, pas tant par empathie pour les blessés, que par angoisse de rester coincée. Trop avancée pour reculer, elle tenta le tout pour le tout :

"Aidez-moi ! Je suis Hel, l'otage du Blanc ! Je me suis échappée, je veux rentrer chez moi !"

L'annonce ne suscita aucune réaction, ni de ses voisins de cordée, ni de leurs surveillants. La jeune fille retenta sa chance, en hurlant à pleins poumons, et cette fois-ci, elle obtint une réaction. Une jeune fille brune, à peu près de son âge, qui lui rétorqua :

"Arrête de mentir, toi ! C'est moi, Hel ! C'est moi qu'on va laisser sortir."

La fugitive se figea, et bégaya des dénégations. De son côté, la fausse Hel avait recommencé à crier ses mensonges. Évidemment, la nouvelle s'était répandue. Sans preuves ni témoins, toutes les jeunes filles brunes invoquaient son nom pour passer les contrôles. Ses hurlements valaient bien les siens. Gagnée à nouveau par la panique, Hel tenta d'escalader la barrière, et cette fois-ci, un soldat pointa son fusil sur elle en criant :

"Halte ! Descends de là, où je tire !"

Pétrifiée, Hel profita de l'oreille disponible :

"Monsieur, je veux sortir ! S'il vous plaît, dites-moi... Que dois-je faire ?
-Tu fais comme tout le monde, tu attends qu'on reçoive l'ordre de lever la barrière ! Et pour l'instant, tu descends de là, dernière fois !"

Toutes les forces l'abandonnèrent. Elle n'avait aucune envie de tenter une chance pareille. Elle avait échoué, si près du but. Elle était toujours prisonnière de Fenrir, une prison bien plus vaste que sa petite couche, mais d'autant plus dangereuse. Une prison remplie de milliers d'inconnus, dont quatre figures qui la traquaient. Envahie par l'apathie, l'adolescente rebroussa chemin. Plus proche de l'anguille que jamais, elle se glissa sans un mot ni un regard entre les corps massés. Revenue à son point de départ, elle sentit des larmes brûlantes lui monter aux yeux, et elle se mit à renifler bruyamment. Un hoquet lui échappa tandis que son corps tout entier se crispait de frustration.

"Eh ben, petite, ça ne va pas ?"

Trop irritée pour sursauter, Hel tourna la tête. Un jeune homme avenant la regardait avec un air inquiet. Plutôt petit pour un adulte, mais bien plus grand que la jouvencelle, il portait un costume à revers fatigué, ses cheveux blonds tombaient en cascade. Sa voix éraillée déparait étrangement l'ensemble. Tout à sa colère, Hel grogna simplement :

"Mêlez-vous de vos affaires."

Là-dessus, elle marcha, les poings serrés, vers les rues du quartier. Foutue pour foutue, elle allait marcher jusqu'à ce que ses pieds lui fassent mal, ou qu'elle retrouve le Blanc. Ou l'inverse. Plus rien n'avait d'importance. Dans sa tête cerclaient, tels des corbeaux affamés, des rêves de vengeance contre cet abruti de soldat. Elle ne regardait même plus où elle allait. Derrière elle, une voix caractéristique retentit :

"Il n'y a pas que la Gleipnir pour quitter Fenrir !"

Une phrase qui ramena une touche d'espoir. Hel s'arrêta brusquement et se retourna. C'était le jeune homme blond qu'elle avait croisé à peine plus tôt. Il gardait une certaine distance, comme pour ne pas la brusquer, mais sa main droite était légèrement tendue vers elle.

"On peut passer par certains souterrains... Ce n'est pas très confortable, mais c'est très utile. Par contre, avec les militaires dans cet état... Ils les connaissent, ces trous. Ça en laisse très peu. Mais il y en a encore."

Des souterrains... Oui, bien sûr. Le Blanc lui-même en avait parlé. Des égouts, des caves, des câbles sur les toits. Quand on est prêt à prendre des risques, on pouvait encore passer. Le jeune homme disait vrai.

"Je peux t'en montrer un. C'est assez loin, mais...
-Et on me laissera passer ?
-Oui, si tu es avec moi. Je connais les gars.
-Vous me promettez qu'il n'y a pas de risque ? Je peux vraiment aller... à Fafnir ?
-Oui, je te le promets. Par contre, viens par là, je n'ai pas envie de crier ça dans la rue..."

Le cœur serré, Hel fit un pas vers le jeune homme, avant d'être submergée par une épouvantable épiphanie. Elle cessa net son mouvement, tandis que l'homme élargissait son sourire :

"Jeune fille, si tu veux sortir de Fenrir..."

Mais qu'est-ce qu'elle était en train de faire ?! Le corps saisi de tremblements, elle regarda autour d'elle. Il n'y avait pas âme qui vive. Pas de témoins, pas de bruits, à part le brouhaha plus indistinct que jamais de la foule. L'endroit était parfaitement désert. Elle ne connaissait personne ici, surtout pas ce bienfaiteur impromptu. Même le cordon de soldats était loin derrière elle. Et elle avait failli se rapprocher de cet inconnu ? Au nom de quoi, de quelle inconscience agissait-elle ainsi ?

"... Non, je... Je ne préfère pas. Je... vais vous laisser."

Sur ces mots, elle tenta de courir, mais sa cheville la lançait trop, et de toute façon, il suffit de quelques enjambées à l'homme pour être à sa hauteur.

"Écoute, ma petite, moi, je veux juste être gentil...
-Monsieur, je vous remercie sincèrement, mais je..."

La main de l'homme se posa sur le poignet de l'adolescente, tandis qu'un sourire glacial éclairait ses traits. La poigne était ferme, et les doigts palpaient doucement la chair. Hel avait déjà connu ça. Ce fameux soir, dans la ruelle. Ce n'était pas une main sévère, ni une main aimante. C'était une main possessive, une main de désir. Le souvenir et la peur se mélangèrent en une fraction de seconde, et Hel poussa un hurlement.

"Lâchez-moi ! Au secours !
-Mais ferme ta !..."

Dans sa position, l'homme ne put que plaquer la tête de la jeune fille contre sa poitrine. L'odeur mâle lui emplit les narines, tandis que le tissu de sa chemise lui ravageait la figure. Au comble de la terreur, Hel tenta de le repousser, mais elle sentit ses pieds quitter le sol, puis elle entendit une voix déformée susurrer :

"Tant pis pour la gentillesse... Mais tu vas voir...
-LÂCHE-LA, BÂTARD !"

Pris par surprise par un cri défenestrant, le ravisseur obtempéra malgré lui, écartant les bras et laissant tomber le corps frêle, qui tomba au sol comme une poupée. Cette dernière n'eut pas le temps de se retourner, qu'elle entendait déjà un bruit sourd accompagné d'un gémissement. Passé cet instant confus, le bruit de deux respirations bovines emplit les lieux, suivi de plusieurs pas de course. Face à elle, deux paires de jambes, séparées d'une longueur de bras, et encore derrière, une petite foule qui se rassemblait. Ses yeux tentèrent de faire le point, mais n'eurent que le temps de voir une silhouette détaler, poursuivie par bien d'autres. Glacée jusqu'aux os, tremblant comme une feuille, l'adolescente fondit à nouveau en larmes, puis s'adossa lentement, très lentement au mur le plus proche. Là, elle joignit ses coudes et ses genoux, puis se mit à claquer des dents, les yeux écarquillés sur la poussière face à elle. Elle n'avait qu'une très vague idée de ce qui avait failli lui arriver, mais sa terreur la possédait à nouveau, pesant sur tout ce qu'elle avait risqué. Face à elle, la pointe d'une paire de bottes solides se plia, et une main blanche lui tendit un bout de viande séchée.

"Tu peux pas savoir à quel point je suis soulagé que tu ailles bien, Hel."

Cette voix chaude, mais tordue de colère, Hel la connaissait. C'était la voix qu'elle avait entendue pendant toutes ces soirées, son phare dans la nuit, sa seule certitude. La voix du Blanc. D'un geste, elle lui arracha la viande, et mit à la mâchonner frénétiquement. D'habitude, elle en détestait le goût et la texture. Ici, elle trouva réconfortant de sentir ses dents plonger dans la chair caoutchouteuse, la salive raviver les sucs, et de les avaler goulûment. Elle répéta ce rituel jusqu'à la dernière bouchée, en silence, sans prêter attention au Blanc qui se posait en tailleur face à elle en parlant aux quelques témoins encore présents. Quand elle fut assez calmée pour lever les yeux, ils étaient seuls dans la rue. Ce constat la vida de toutes ses tripes. L'aventure était finie.

"Si tu n'avais pas hurlé, tout à l'heure...
-Vous étiez là par hasard ?"

Elle se remettait à le vouvoyer. Difficile de savoir si c'était par reconnaissance pour son sauvetage, ou par amertume d'être redevenue son otage. Le Blanc tira un second bout de viande de sa veste, qu'elle refusa d'un geste de la main. Il répondit en mâchonnant :

"Bien sûr que non... Les deux garçons à qui tu as demandé ton chemin...
-C'était des canaux à vous ?
-Non, mais ils avaient entendu parler de moi. Ils ont cravaché pour me trouver... cravaché très sec, tu peux le croire. Quand ils m'ont dit qu'ils avaient vu une charmante demoiselle aux cheveux noirs courts, trop polie pour être du coin, j'ai failli faire une attaque. En tout cas, c'était malin de t'envoyer ici. Ils savaient que tu allais rester coincée... Ça me faisait un point de départ pour te chercher. N'empêche que j'aurais été moins vite à cheval pour venir..."

La conversation s'évanouit sur ces mots. Il y avait à la fois tant et rien à ajouter. Hel clapa la langue. A force de transpirer et de pleurer, plus la viande séchée, elle était déshydratée. Comme si la conscience de son état l'avait déridée, l'adolescente sanglota à nouveau, plus ratatinée que jamais :

"Les hommes sont tous des porcs...
-Écoute, Hel...
-Déjà, ce jour-là... où je... vous ai rencontré... Il avait voulu... me...
-... Je... C'est terrible, bien sûr, mais...
-... mais ils sont pas tous comme ça, oui, je sais...
-Enfin, tu as bien vu, quand tu as hurlé, une bonne douzaine de personnes sont venues. Pas pour ta fortune ou ta beauté... parce qu'ils ont entendu du danger. Et ils se sont lancées à la poursuite de... enfin, bref."

Le Blanc gardait sa distance tout en discourant. Il n'était même pas à portée de main. Il gardait d'ailleurs ses paumes en évidence sur ses genoux, comme pour montrer ses bonnes intentions.

"Hel... Tu en as bavé, je le sais bien, mais tu n'as que quatorze ans. Tu as encore...
-Arrête... votre baratin. Vous vous fichez bien de ce qui m'arrive."

Sur un ton un peu plus sec, le Blanc reprit en croisant les bras :

"Petite. Tu as empêché la purge au fusil de ce quartier et de tous ceux qui y vivent. Et  je ne crois pas t'avoir maltraitée...
-Tu m'as enlevée ! Enchaînée comme une criminelle ! Nourrie avec des déchets ! Abandonnée deux jours ! Tu as volé ma robe ! Tu as laissé un tueur me surveiller ! Et une prostituée !"

Les mots étaient sortis tous seuls, en même temps qu'un torrent de larmes, si violents et sincères que le Blanc en resta bouche bée. Le visage palpitant de fureur, Hel se moucha dans la manche de sa robe, et reprit, sèche comme un coup de fouet :

"Tes beaux sentiments, tes nobles intentions, je m'en tape. J'ai lu tes romans à quatre sous. Tu n'es pas un héros.
-C'est drôle... On m'a dit la même chose, une fois...
-Tu es un criminel. Tu m'as enlevée. La ville te jugera.
-Tout ce que j'ai fait, c'était pour...
-Tu es un criminel ! Point ! Tes raisons, tu te les gardes !"

A court de souffle, Hel inspira bruyamment, suant comme une bête. Il pouvait bien faire ce qu'il voulait, à présent. Plus rien n'avait d'importance pour elle. Elle avait vidé son sac, elle était à nouveau prisonnière de Fenrir et de Hvedrung. Comme on lui avait annoncé, à part attendre que ça passe, elle n'avait plus d'options. Souffrir, jusqu'à la fin de son épreuve, ou de sa vie. Et pourtant, en pensant au second choix, elle sentit sa poitrine se serrer. Elle ne voulait pas ça. Elle voulait continuer... à croire que le meilleur était à venir. Ses larmes, décidément intarissables, revinrent mouiller le tissu de sa robe. Face à elle, c'était un mur de silence, ébranlé par son éclat de voix. Un instant, fugace comme une brise, long comme une mélodie, passa, avant que l'homme ne se relève et dise, d'une voix aussi blanche que son surnom :

"Suis-moi..."

Revenue à son rôle d'otage, Hel obéit, sans poser de questions. Elle suivit sa silhouette plus que sa personne, perdue dans ses pensées, ou son absence de pensées. Ce ne fut pas le brouhaha qui la ramena à elle, au contraire, ce fut le silence qui l'entoura. Autour d'eux, les gens s'écartaient, quitte à repousser leurs voisins. Dans cette ambiance surnaturelle, presque sacrée, le duo arriva face à la barrière. De l'autre côté, les soldats s'excitèrent comme un cortège. D'un geste lent, le Blanc fouilla la poche intérieure de sa veste, ce qui poussa plusieurs soldats à épauler en criant des sommations. Finalement, le criminel sortit de son vêtement une bande de tissu noir, terminé par une dentelle blanche, qu'il agita au-dessus de sa tête. La pièce comportait quelques verroteries, une broderie grossière. C'était la manche d'une petite robe qui semblait dispendieuse pour le tout-venant, mais bon marché pour un œil exercé. Hel connaissait parfaitement ce vêtement. C'est celui qu'elle portait en arrivant à Fenrir. C'était la manche de sa robe.

"Je suis le Blanc, et je vous présente Hel, la vraie ! Je vous demande de la prendre en charge. Je me rends !"

Il avait ponctué sa seconde phrase en posant la main sur l'épaule de la jeune fille. Encore sous le choc de son agression, le premier contact l'avait dégoûtée, mais à présent, elle sentait que cette main était pleine de frayeur. Elle leva les yeux, et vit un visage déconfit, au bord des larmes. Une voix pincée glissa à ses oreilles :

"Je suis désolé."

De tout son temps en sa compagnie, jamais elle ne l'avait entendu dire ces mots. Elle n'eut toutefois pas le temps de goûter sa surprise, car déjà, deux baïonnettes les séparaient, tandis qu'une paire de mains gantées la soulevaient sous les épaules, avant de la poser doucement sur le pavé derrière la barrière, et de lui indiquer d'une tape le chemin du poste de garde. Confuse, l'adolescente exécuta machinalement toutes les consignes qu'on lui donnait. Avant de s'en rendre compte, elle était installée devant une table basse, dans un fauteuil garni de coussins, une couverture sur les épaules, une tasse d'infusion chaude entre les mains. Il lui fallut encore l'entendre de la bouche d'un officier pour bien le mesurer.

Elle était libre.
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Ravage le vendredi 01 mai 2020, 21:02:51
Tout le monde peut mettre sa création artistique littéraire ici ?
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Anju le vendredi 01 mai 2020, 21:04:08
Bien sûr, le salon a été créé pour ça. L'objectif est de permettre à ceux qui écrivent peu ou n'ont écrit qu'une fois de poster leurs textes sans avoir à créer une galerie.
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Ravage le vendredi 01 mai 2020, 21:37:40
Du jour à la nuit, des ténèbres à la lumière
Glissent les sables du Temps.
Ferme les yeux, sens le vent
Qui t'enveloppe de sa douce crinière.

Vois ton esprit, traverse le couloir des ans,
Reviens à de meilleurs jours.
Les souvenirs, rêves sourds,
Chassent les larmes et les tristes sentiments.

Comme une étoile dans la froide obscurité,
La nuit ne pourrait te taire.
Luis, ta joie est ta lumière,
Jusqu'à ce que l'Aurore ait tout illuminé.

Jette ce masque de vieillard qui t'enlaidit,
Laisse partir ta rancune.
Illuminé par la lune,
Tu marche aveugle, seul, vers un but indécis.

Lorsque les années auront apaisé tes peurs,
Tu regarderas ton âme.
Tu verras les sombres lames
De ton noir destin amplifier jusqu'à tes pleurs.

Fuis donc cette douleur qui te ronge et te souille.
De la dépouille à la rouille,
De la cendre à la poussière,
Le Temps lui-même a fui ceux qu'il n'a pas su plaire.

Revêts-toi des habits blanc de la Lumière,
Celle-ci te guidera.
Ne te retourne pas, va,
Va vite, évanouis les ténèbres de l'air.

Cours éperdument sur le sentier indécis,
La pénombre te poursuit.
Ta lueur semble faibli,
Les ténèbres t'ont-elles déjà englouti ?

Du givre au feu, du néant à l'éternité
Tournent les règles du Temps.
Evanouis dans le vent,
Le Temps semble t'avoir désormais emporté.

Bon évidemment ça vaut pas les textes de Doutchboune qui a le vrai feeling en littérature :^^:.
@Doutchboune: Aurais-tu fait terminale littéraire ? Bon après à l'époque ça s'appelait peut-être pas comme ça...

Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Doutchboune le lundi 04 mai 2020, 08:53:42
Moi ?!

Heu, non, pas du tout, j'ai fait bac scientifique, fac de science et je travaille dans la recherche scientifique  :^^:
Je m'y suis mise un peu par la force des choses (faire du RP sur forum, ça incite à écrire), mais à la base, écrire, c'est pas trop mon truc  :sweat:
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Ravage le lundi 04 mai 2020, 11:39:41
Comme quoi, le talent, on l'a ou on l'a pas. Ca ne s'apprend pas :^^:
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Doutchboune le lundi 04 mai 2020, 11:52:57
Je dirais pas ça. A côté de ça, j'ai beaucoup lu, et je me suis intéressée aux explications de texte que j'ai pu faire/lire. J'écris peu (et pas si bien que ça par rapport à beaucoup de gens ici) mais j'essaye de faire attention à pas mal de choses, comme le rythme, le champ lexical, éviter les répétitions (ou en faire volontairement). Essayer de faire passer de la tension, des émotions, en fait c'est surtout ça que j'arrive à écrire (enfin, j'espère). A côté de ça, je ne sais pas vraiment construire un scénar, un univers...

Bref, tout ça pour dire que je suis loin d'avoir le talent d'un vrai écrivain, et pour beaucoup dans mes textes, il y a de la réflexion sur sa construction, il ne faut pas croire que j'écris directement ce que je publie (et certains passages ne sont toujours pas très heureux, mais mon manque de patience fait que j'ai pas pris le temps de changer...)  :sweat:  Finalement, j'essaye de faire le même travail que quand on fait la composition pour un dessin.

Et le travail sur son texte (rythme, figures de style, construction...), bien sûr que ça s'apprend  :^^:
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Ravage le lundi 04 mai 2020, 14:55:57
Mais j'ai pas dit texte, j'ai dit talent :^^:
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Doutchboune le mardi 05 mai 2020, 17:25:24
Je voulais surtout dire qu'écrire un texte correct (et je pense que c'est valable pour tout), c'est pas une question de talent  v.v  Et je ne pense pas être talentueuse, vraiment, vu comme mes textes ont tendance à sortir au forceps  v.v
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Ravage le mercredi 06 mai 2020, 00:34:02
C'est que je dois être trop bête pour écrire comme ça, alors :^^:
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Anju le mercredi 06 mai 2020, 01:13:55
Arrête de dire ça, Ravage... Ce n'est pas une question d'intelligence. Si on a la passion et la motivation d'écrire (et qu'on lit beaucoup, en diversifiant les genres littéraires), on finit forcément par s'améliorer. C'est comme pour le dessin, la pratique d'un instrument de musique, le sport... plus on s'entraîne, plus on réussit.

C'est aussi une question d'âge. Plus on grandit, mieux on écrit. Personnellement, ça fait huit ans que j'écris, et même si mes textes sont toujours ridiculement mauvais, j'ai fait des progrès, et j'ai aussi une meilleure vision de ce que j'écris. Même ma manière d'écrire a changé. Je réfléchis plus avant d'écrire à ce que je veux faire. Et j'ai beaucoup de progrès à faire encore ! On peut toujours progresser.

Si tu aimes écrire, ne te décourage pas parce que tu trouves les textes des autres bien meilleurs. N'oublie pas que tu t'es déjà amélioré depuis tes premiers textes, et que tu vas encore t'améliorer si tu aimes écrire. Et enfin, très important : n'oublie pas d'y prendre du plaisir. Ne te focalise pas sur le fait d'écrire un texte de qualité ou très intelligent, écris juste ce que tu veux, comme tu en as envie. Et après, si tu veux, tu peux peaufiner ton texte, l'améliorer, le modifier pour qu'il soit meilleur. L'important est que tu prennes du plaisir à le faire. Enfin, c'est ma manière de voir les choses, elle ne te correspond pas forcément. Et je suis mal placé pour te donner des conseils étant donné que je fais un peu le contraire de ce que je viens de dire... Mais j'espère que ça t'aide un peu.

Voilà. C'était tout. Bonne journée à toi, et au plaisir de lire d'autres de tes textes !
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Chompir le dimanche 10 mai 2020, 14:03:57
Il n'y as pas de question de talent inné ou d'intelligence pour savoir écrire ou non. Ça s'apprend au fur et à mesure de pratique, on peut s'améliorer forcément en se penchant dans des études littéraires pour mieux maîtriser en détails les différentes formes et techniques d'écritures mais dans tout les cas on s'améliorer au fur et à mesure de ses écrits.
C'est aussi une question de culture, plus on l'éveille et on s'intéresse à différentes choses, plus on lit, plus on agrandi son univers et plus on sera à même de le développer et d'avoir des écrits plus complets et riches.

En tout cas ton poème est très beau @Ravage et tu écris déjà très bien. Te dévalorises pas du coup et continue d'écrire ! :oui:
Titre: Salon d'Ecriture Occasionnelle
Posté par: Suijirest le samedi 19 décembre 2020, 00:41:08
A l'attention directe de @Chompir qui m'avait dit qu'il voulait la suite de ce texte (https://forums.puissance-zelda.com/index.php/topic,9252.msg558534.html#msg558534), j'ai l'honneur de lui dire qu'il est exaucé. :niak:
Bon ça date un peu mais c'est pas nouveau que j'écris rarement. v.v



"... Comment t'as atterri dans les brigades, toi ?..."
La voix perçante émanait d'une tête posée sur deux poignets, eux-mêmes posés sur une table ronde. On y distinguait deux yeux ronds aux paupières biscornues et une bouche entrouverte, signe d'une profonde incompréhension. Face à ce visage dubitatif se tenait une carcasse nerveuse, qui n'avait pas cessé de faire les cent pas jusqu'à cette question incongrue. Autour d'eux, toutes sortes d'objets du quotidien s'entassaient dans un local trop austère pour être voué à l'habitation. Regarder le soleil gagner l'endroit n'était pas exactement un divertissement, et entendre les alentours s'emplir des bruits d'un quartier fréquenté n'avait rien de rassurant. Enfermés dans cet espace exigu, les deux garçons ne trouvaient rien pour occuper leurs esprits. Il ne leur restait donc qu'à choisir entre le dialogue et le silence.
"Tout le monde se le demande...  T'es un fils à papa bien élevé, poli et trouillard comme pas deux, alors...
-C'est pas tes affaires.
-... comment t'as atterri dans ce merdier ? Tu parles à personne, c'est pas facile de savoir.
-Je t'ai dit que c'est pas tes affaires. Moi, je te demande pas ce que tu as fait pour avoir eu une peine de trois ans.
-Je voulais juste...
-Point. Final. Je veux pas parler de ça à un... un...
-Euh, tu vas baisser d'un ton, on n'est pas copains et tu me parles pas comme ça."
Cet élan de sévérité trancha le fil de la conversation aussi nettement que le peu de sympathie qui restait entre les deux engagés-détenus, et fit tomber un silence encore plus pesant. Toutefois, le garçon trapu semblait désormais plus concentré sur le mépris de son partenaire, que sur leur avenir immédiat. Il n'était plus résigné à faire les cents pas en se triturant les mains, il était maintenant renfrogné dans un coin. Leur contact se résumait désormais à de brefs regards noirs, comme si leur échange n'avait servi qu'à réduire une source de stress pour en créer une autre. Tous deux avaient réappris qu'ils n'étaient pas du même monde, et qu'ils ne pouvaient pas s'entendre. Ils s'en doutaient depuis le départ, ce qui était une intuition était désormais une certitude. Chaque instant passé dans cette atmosphère s'était gravé dans leur souvenir, un moment qu'ils étaient voués à ne pas oublier.

(...)

"Tu veux vraiment lui faire confiance ?"
Le silence avait été brisé à nouveau. Le garçon trapu pouvait presque voir les limites de sa patience approcher. Le soleil était désormais haut, les bruits du quartier ne lui inspirait plus aucune crainte, ses narines s'étaient habituées à l'odeur mêlée de gras, de sueur et d'épices bon marché. Il ne risquait rien en ces lieux, mais cela se limitait à quatre murs et un toit. Autour de lui, un quartier l'attendait toujours. Il restait un long trajet à parcourir pour rendre compte de son enlèvement, et comment savoir ce qui l'attendait au détour de chaque rue ? D'ailleurs, son ravisseur non plus ne devait pas en mener large, sous son visage impavide. Il pouvait bien jouer au vétéran, il avait la trouille, lui aussi, comme il l'avait avoué un peu plus tôt. Avec une légère expiration, il répondit, toujours aussi maussade :
"Je sais juste que j'ai pas envie de me trimballer à Fenrir fringué comme un soldat, ni de rentrer à poil. Croire en lui, en un dieu ou au destin, ça se vaut.
-Mais... c'est juste un gamin.
-Regardez qui cause."
Un sourire sarcastique illumina ce visage jusque-là si sombre. Ratatoskr se mordit les lèvres et regretta sa phrase.
"Moi, je mise mes billes sur sa pomme. Si toi, t'as envie de faire ton grand garçon pour une fois dans ta vie, vas-y, je te regretterai pas."
Cinglant mais réaliste. C'était peut-être le pire avec lui, son talent pour dire les vérités blessantes en un minimum de mots. Peut-être était-ce pour ça que les autres détenus évitaient de le fréquenter. Son aura lugubre et tous les ragots sur son compte, ça comptait pour quelque chose, sans doute. Pourtant, on ne lui connaissait pas de protecteurs, on ne le respectait pas comme subalterne. D'ailleurs, tout isolé qu'il était, il avait quand même tendance à montrer les crocs à la moindre occasion, et bien qu'il sache se défendre, ce n'était pas un lutteur d'exception. Non, de toute évidence, ce qui lui valait sa réputation et sa solitude, c'était ce fameux coup d’œil. Il savait voir les faux-semblants et les mensonges, comment les exploiter pour faire sortir les gens de leurs gonds. Il connaissait la peur des plus grands bagarreurs, ou la faiblesse des gradés de sa brigade. Pas besoin d'enquêter sur leur passé, ni de les fréquenter. Il n'avait qu'à les observer. Comme il le disait lui-même, leur attitude parlait. Des fois, c'était à se demander si elle ne hurlait pas à en éclater les fenêtres. Il trouvait toujours les moyens d'exaspérer les gens. Mais pour son malheur, il ne planifiait pas ses saillies, il n'en prévoyait pas les conséquences. L'étincelle sur la poudre était sa raison d'être, et le moment de l'explosion, son plus grand plaisir. Aussi le voyait-on toujours seul, rejeté, toxique. A force d'être ridiculisés ou, pire encore, remis en cause, détenus et militaires avaient pris leurs distances avec lui. Peut-être était-ce pour cela qu'il donnait tant de lui-même dans les tâches ingrates qu'on réservait à son grade d'opérette. Peut-être était-ce cela qui l'avait mené là, d'ailleurs ? Nul n'en savait rien. Ironiquement, ce garçon si doué pour percer les gens à jour avait un certain talent pour garder son propre passé nimbé de mystère.
Ratatoskr encaissait encore la répartie quand la porte s'ouvrit en grinçant, ce qui le fit sursauter. Instinctivement, il se tassa contre le mur pour ne pas risquer d'être vu. Le garçon aux cheveux noirs, lui, eut l'air à peine surpris. Un petit garçon pénétra l'espace, les bras chargés de vêtements. Sans ambages, il les posa sur la table et lança :
"Je n'ai pas trouvé mieux. Mettez ça. Je vous accompagne."
Il était petit et frêle, ses cheveux fins tombaient en pagaille autour de son visage, et il portait des hardes tellement élimées qu'on pouvait voir à travers. Son teint cuivré et ses yeux bridés trahissaient ses origines davantage que la diction nette et sans accent de ses courtes phrases. Il avait été la première personne à repérer les deux intrus au petit matin, et il leur avait aussitôt ouvert sa porte. Il les avait ensuite invité à attendre qu'il leur trouve d'autres tenues, plus discrètes. Il s'était refusé à leur proposer les habits de son père, invoquant des affaires d'honneur ou de traditions. Ratatoskr avait aussitôt loué sa droiture, mais l'autre s'était moqué : des habits d'adultes seraient forcément trop grands pour eux. L'enfant n'avait pas relevé la remarque.
Ses trouvailles ne valaient pas beaucoup mieux que sa propre défroque. De vieilles culottes courtes serrées par une corde, une chemise de laine distendue, un pantalon noir délavé avec une jambe déchirée sur toute la longueur et enfin, une tunique bouffante de femme. Pas de chaussures ni de sous-vêtements. Ces oripeaux allaient probablement être la risée du quartier, mais ce serait toujours moins dur à porter que des uniformes militaires. Tandis que le blondinet s'emparait des culottes et de la chemise, tout en rougissant d'avance du spectacle qu'il allait offrir, le brun se levait et s'inclinait devant le jeune garçon :
"Je te remercie sincèrement, Susa."
Il envoya un regard éloquent à son compagnon, qui bredouilla :
"Euh, oui. Tu nous sauves la vie."
Ratatoskr se senti rougir de honte. Il s'était jeté sur son butin sans même penser à remercier son bienfaiteur. Pour lui, à part quitter Fenrir, rien ne comptait. La gratitude ou le devoir passaient au second plan. Peut-être même que ce gamin aurait pu demander absolument n'importe quoi, il aurait accepté sans conditions, et sans trop d'intention de les tenir non plus. Mais pour l'instant, le gamin ne semblait pas avoir de doléances. Il retourna à la porte en disant :
"La Gleipnir est un peu loin. Il faudra marcher longtemps. Restez près de moi."
Les deux garçons échangèrent un dernier regard et lui emboîtèrent le pas, sans un mot de plus. Mais à cet instant, Ratastokr sentit son anxiété reprendre le dessus. Ses jambes devenaient presque trop raides pour avancer, et son esprit se cherchait des raisons de ne pas tenter sa chance. Néanmoins, son ravisseur n'eut pas besoin de remettre un coup de pression. Sa raison lui hurlait suffisamment fort que ce serait une perte de temps. Rester sur place ne lui apporterait rien. Aucun secours ne viendrait d'ailleurs que d'eux-mêmes, il lui fallait donc se prendre en main. Il prit une grande bouffée d'air vicié, se donna une petite tape sur les cuisses, et se remit en route, toujours aussi peu dégourdi. Leur guide ouvrit la porte d'entrée, et les trois garçons regagnèrent la ruelle où ils avaient atterri la veille. Deux embranchements plus tard, ils avaient atteint l'avenue où le chariot les avait quittés. Désormais, ils étaient sur le chemin du retour, mais surtout, ils étaient dans la tanière du fauve.
Ratatoskr avait souvent fantasmé le quartier de Fenrir avec son esprit d'enfant bourgeois, d'après toutes les rumeurs et les faussetés qu'on lui avait rapporté. Dans de telles conditions, même avec la plus fertile imagination du monde, il n'aurait pas pu approcher la réalité. Au fil des années, à force d'entendre des lieux communs ou des concours d'exagération, son imagination avait forgé un lieu émanant d'un chaos primordial, l'extension et l'expression de la plus basse condition humaine. Il y voyait des bâtisses, des rues et des conditions de vie aussi laides et anarchiques que ses habitants, fiers de leur crasse et de leur ignorance. Il pensait tout à la fois qu'ils n'accepteraient jamais sur leur territoire quiconque menacerait leur isolement, leur fière différence, mais qu'en même temps, ils maudissaient le reste de la ville pour leur dénuement et leur injuste réclusion. Oui, Ratatoskr ne pouvait pas imaginer ce que ce lieu était, il ne pouvait qu'y projeter ses propres peurs. Pour son esprit étriqué, la Gleipnir était la frontière de l'espèce humaine. Passée cette ligne, c'était le cloaque où se concentrait toute l'immondice de Midgar, les inadaptés, les réfractaires à l'ordre et à l'harmonie, les quantités négligeables. Réceptacle des activités licencieuses, abandon de la vertu, amour du vice, tels étaient l'essence de ce lieu où jamais ne traînent les braves gens. C'était la mauvaise conscience de la ville qui avait pris forme, bruit et odeur. Ainsi se la représentait-il depuis sa prime jeunesse. Et à présent, il pensait qu'il aurait préféré s'en tenir à cette image, plutôt que d'en avoir fait l'expérience.
Le soleil était bien assez haut pour leur permettre de profiter du moindre détail de la scène, mais encore trop bas pour effacer toutes les ombres, et surtout, le froid de l'hiver qui s'installait. Les jouvenceaux frissonnèrent dans leurs tenues grotesques, l'un de froid, l'autre d'effroi. Ce qui s'offrait à sa vue était si ordinaire que c'en était à la fois décevant et angoissant. L'avenue de terre battue était bien droite, les façades des immeubles étaient jaunies par le temps, les volets à persienne accusaient leur âge. Aux bords des portes, toutes sortes de déchets s'accumulaient. Des gens aux tenues un peu usées discutaient en petit groupe, sans même leur prêter attention. Dans un angle, une charrette à bras passait, tirée par un homme criant sa marchandise. De l'eau, du grain, du bois. Finalement, Fenrir n'était pas très différent de Fafnir, à part une pauvreté plus prononcée. Partout où le regard se posait, le manque d'argent s'exprimait. L'état des murs ou des fenêtres était une chose. Les détritus omniprésents en étaient une autre. L'absence de boutiques complétait le tableau. L'endroit semblait voué à l'habitation de gens dans la gêne. Cependant, il n'était pas ce bourbier hostile que le garçon s'était représenté durant toutes ces années. Décontenancé, perdu dans sa contemplation et son ironique déception, il se fit tirer la manche par son ravisseur, qui lui lança sèchement :
"Tu feras le touriste plus tard ! Baisse la tête et lève les pieds, on va pas t'attendre."
Et là, dans un mélange de stupeur et de docilité, il s'exécuta. Sans poches pour glisser les mains, il se contenta de marcher, son petit paquet de vêtements enroulés sous le coude. Décidément, il n'aimait pas ce type. Il profitait de toutes les différences entre eux et du moindre instant de faiblesse pour devenir un vrai petit roquet. Que ce soit sur le physique ou l'attitude, s'il pouvait avoir un soupçon de supériorité, il s'en faisait un festin. Mais l'instant ne se prêtait pas aux disputes, aussi le blond serra-t-il les dents pour se forcer à garder le silence. Le jeune immigré les toisa tous deux avec un regard étrange, puis il se mit en marche.
Les rues se succédèrent, toutes comparables à la première avenue. Tout à fait normales, bâties selon des plans d'architecte, et désargentées. Des têtes aux fenêtres les fixaient parfois, des passants se retournaient. Ces frusques ne passaient vraiment pas inaperçues. Dans un élan de paranoïa, Ratatoskr avait pensé que c'était leurs chaussures de l'armée qui les trahissaient, jusqu'à ce qu'ils regardent les pieds qui l'entouraient : ce n'était pas un modèle si rare que ça. Peut-être y avait-il pas mal d'anciens soldats... ou détenus ? Impossible de le savoir. Toutefois, toujours mal à l'aise, le jeune bourgeois ne pouvait s'empêcher de raser les murs, ni de lever la main à ses cheveux par réflexe, pour abattre son chapeau. Mais il n'avait pas de chapeau, ni de veste, ni de bottines. Encore plus embarrassé, il releva le menton et croisa le regard de son compagnon. Ce dernier, de toute évidence, se retenait de lui tailler un costume de sa langue acérée. Sa posture ramollie, ses bras croisés et son regard stupide en étaient autant de signes. Comme pour se passer de mots, il secoua la tête et reprit sa route. Là-dessus, le guide se retourna, les observa, et leur dit :
"Arrêtez de marcher comme des soldats. Marchez comme des gens."
Interdit, Ratatoskr repensa à sa démarche, et il comprit qu'il avait pris un pas cadencé sans même s'en rendre compte. Cette découverte le décontenança. En quelques semaines, il avait oublié comment marcher normalement. La règle s'était gravée, à force de sanctions et de remarques, jusque dans ses muscles. Il se prit à imaginer la contrainte des militaires au quotidien, ceux qui comptaient les années de service, et cette pensée lui donna le vertige. Soucieux de conserver son anonymat, il fit quelques pas en essayant de bonne grâce d'avoir l'air naturel, et l'autre fit de même. Mais moins d'une minute plus tard, le jeune garçon reprit, l'air terriblement gêné à travers sa grimace :
"Ça ira. Marchez comme des soldats."

(...)

Comment s'était passé le reste du chemin ? Impossible de le dire. Ils avaient marché, simplement. Personne ne s'était adressé à eux, ils n'avaient rencontré aucun obstacle, ils n'avaient pas échangé une parole. Une simple promenade, qui aurait pu durer une dizaine de minutes ou une heure entière. Passée la brutale découverte du quartier, les souvenirs s'étaient faits vagues. Par contre, il se souvenait très bien de leur arrivée sur une vaste étendue longiligne, divisée par une rainure de bronze. L'air froid avait subitement disparu, mais ses entrailles s'étaient gelées. Incapable de respirer, Ratatoskr avait couru jusqu'à cette frontière, cette ultime démarcation. Dans son élan, il fit quelques pas de plus, et il s'arrêta net. Presque essoufflé d'avoir couru une dizaine de mètres, il voulut inspirer à fond, mais ses poumons refusaient d'obéir. Il dut attendre que ses bronches veuillent bien se gonfler, lentement, puis se vider, à peine plus vite, tout en regardant ses paumes rougies sur ses jambes flageolantes. Il pouvait aussi discerner son sourire, son regard trouble, et tous les signes de démence qu'il montrait. Mais par-dessus tout, il entendait cette réalité. Il la comprenait. Il l'embrassait. Il la chérissait. Son cauchemar était enfin terminé. Il était de retour à Midgar.
Cette idée avait débloqué, d'un seul coup, toutes ses fonctions vitales. Il put prendre une immense bouffée d'air frais, comme s'il émergeait du fond de la mer, la bouche ouverte en un rond parfait. Après deux appels d'air, il put se redresser, encore un peu tremblant. Le froid lui piqua les joues, les mollets et les doigts et toutes les parties nues de son anatomie. De nouveau maître de lui-même, il se retourna, et vit son ravisseur en pleine conversation avec leur secoureur. Et une fois de plus, la honte le submergea. Décidément, il était bien ingrat. Pris en faute, il prit appui contre le mur et décida d'attendre, aussi longtemps que nécessaire, que leur entretien se finisse. Cela avait d'ailleurs duré un bon moment, au point qu'il doive se lever de son poste et faire quelques exercices pour se réchauffer. Il avait aussi senti la moutarde lui monter au nez à force de les voir faire leurs messes basses sans se rapprocher. Avec le recul, pas une seule fois il n'avait envisagé de les rejoindre. La Gleipnir était redevenu ce rideau de fer invisible, cette frontière infranchissable. Et même au-delà de ça, sans son uniforme, il était redevenu un respectable citoyen. Pour un peu, ces dernières semaines à enchaîner les humiliations n'auraient jamais existé, et il allait pouvoir reprendre sa vie. Ratatoskr se sentit un peu perdu à cette idée. L'espace d'un instant, il se demanda quelle était son identité. Un fils ? Un outil ? Un bon-à-rien ? Un vagabond ? Où se plaçait-il, au juste, lui qui n'avait jamais rien fait de cette fameuse vie, qui n'avait rien accompli de lui-même, qui avait toujours fait ce qu'on attendait de lui ? Aussi loin qu'il se souvienne, il n'avait jamais travaillé en classe parce qu'il le voulait. Il le faisait parce que c'était ce que son père exigeait, de la même façon qu'il avait appris la clarinette et tout le reste. Un fils de Draupnir est forcément la fierté de ses parents, un point c'est tout. Peut-être était-ce cette incertitude qui l'avait poussé à commettre ce geste stupide, celui qui avait tout démarré. Cet insignifiant vol à l'étalage, commis dans une échoppe appartenant à sa famille, aurait pu être l'expression de sa souffrance, de son insatisfaction. Il n'arrivait pas à être heureux de cette vie, alors il voulait l'écorner, pour voir si une autre allait prendre sa place. Un acte de rébellion qui lui avait coûté bien cher. Son père n'avait pas pris sa défense. Un fils qui trahit sa famille ne méritait aucune pitié. Il l'avait traité comme le dernier des délinquants de droit commun, exigeant la plus lourde peine possible. Le jeune garçon avait donc dû choisir entre trois mois de réclusion, et six semaines de service...
Un claquement sortit l'adolescent de son introspection. Ce dernier balaya les lieux du regard, et constata que son ravisseur était à présent à genoux, les mains jointes, dans une position de supplication. Sur le coup, cette vision était hilarante, mais quand son secoureur joignit lui aussi les mains pour baisser la tête, il comprit. C'était une promesse solennelle. Ils juraient sur leur âme. Cela dura une poignée de secondes, puis le ravisseur se releva, et chacun prit une direction opposée. Le plus grand marcha vers la Gleipnir, tandis que le petit regagnait les venelles de Fenrir. Une fois la bande de métal franchie, Ratatoskr lança à son compagnon :
"Vous parliez de quoi ?"
Et celui-ci de lui répondre, les mains aux hanches, sans même s'arrêter :
-Si t'étais bien élevé, tu serais resté et t'aurais écouté."
... Bon. Celle-là, il ne l'avait pas volée.