La nouvelle se répandit telle une traînée de poudre à travers toute la ville. Nombreux étaient les visages effrayés des paysans ce matin-là : les voilà mobiliser dans une nouvelle guerre.
La mobilisation était très large, concernant les hommes de 20 à 48 ans, le Royaume pouvait ainsi lever une armée de 70 000 hommes.
Les femmes ne disaient rien, les enfants étaient encore insouciants… Quant aux mobilisés, conscient de leurs responsabilités, ils commençaient déjà à se masser devant les bureaux de recrutement.
Dans tout le bourg, la vie était bouleversée. Chaque famille commença à se préparer de son côté à subir le conflit : les souvenirs de la guerre face aux Sheikas renégats sont encore récents. Sur la place principale, comme prévu, le roi se présenta à son peuple, au sommet d’une estrade de fortune. Le peuple, assommé par les circonstances se rassembla fidèlement autour, prêt à entendre des mots d’espérance :
-Peuple d’Hyrule, le Royaume Gerudo nous a déclaré la guerre. Après réunion du Conseil, j’ai pris la décision de réagir avec vivacité et fermeté. Nous combattrons sans fléchir. Je ne vous cacherai pas la vérité, cette guerre sera rude et coûteuse. Cependant nous nous devons de faire honneur à nos aïeux ayant défendu par le passé ces terres avec ardeur !
-Vive Hyrule ! tonna la foule d’un seul cœur.
Le roi repris :
-Hyliens Hyliennes, j’en appelle à votre sens du devoir, mobilisons-nous pour défendre nos familles et nos terres ! Notre armée est la meilleure de tout Hyrule, ses officiers sont déterminés et compétents, et nos futurs soldats seront je le crois, à la hauteur des circonstances. Je vous demande solennellement de vous unir, car l’union fait la force, et c’est avec cette force que nous vaincrons. Vive le Royaume d’Hyrule, gloire à Hylia !
-Gloire à Hylia ! Longue vie au Roi ! cria résolument la foule, avant d’applaudir avec ferveur son dirigeant.
Le roi se retira sous ces acclamations, le peuple entonna alors respectueusement l’hymne du royaume : Nation d’avenir
« Oh peuple élu des dieux,
Royaume à jamais défendu
Par le courage de nos aïeux,
Soit fort et victorieux.
Animés de volonté et d’espérance,
Portant la liberté et la justice en nos cœurs,
Habités par la persévérance,
Gardiens éternelles de notre grandeur.
Gloire et prospérité à jamais,
Tel est l’avenir de notre nation,
Qui ne cessera d’éclairer
Les générations qui nous succèderons. »
Le visage ému, chacun vagua à ses occupations prêt à défendre ses terres, sa famille, sa patrie. Tous savaient maintenant que l’avenir du royaume dépendrait de leur courage. Dans les heures qui suivirent l’annonce de mobilisation, une formidable ferveur patriotique se dressa alors : les hommes de 18 et 19 ans, de 49 et 50 ans demandaient ardemment de participer eux aussi aux combats. Les forgerons ne bronchèrent pas et redoublèrent d’efforts lorsque l’on leur ordonna de fabriquer gratuitement les épées pour l’armée. Au Ranch Lon Lon, le gérant, Talon, offrit ses meilleurs chevaux aux responsables de ravitaillement chargé de la cavalerie.
Malgré toutes ces bonnes nouvelles dont était informé le roi, et qui prouvait la détermination de son peuple ; le souverain restait sceptique quand à la réponse des peuples Kokiris, Gorons, et Zoras qui étaient les fournisseurs de l’armée d’Hyrule au niveau de l’archerie et de l’armurerie. Si ces derniers décidaient de rester neutre dans le conflit, l’armée royale se trouverait alors en pénurie de ravitaillement militaire. Hyrule ne pourrait alors pas tenir plus d’une semaine.
Sa Majesté fit convoquer ses meilleurs ambassadeurs pour aller convaincre les peuples de continuer et d’intensifier la production d’armement et même de se rallier sous la bannière d’Hylia pour abattre le fléau Gerudo. Parmi les diplomates, Findhel fût envoyé dans les Montagnes de la Mort pour ouvrir les négociations avec le peuple Goron. Nolph, un jeune et vif esprit, fût déployé chez les Kokiris pour consulter l’Arbre Mojo. Enfin Mabo reçu pour mission de se rendre au Lac Hylia afin de trouver un possible accord d’alliance avec le grand Roi Zora.
La journée touchait à sa fin lorsque intervenu brusquement le chambellan dans la salle du trône:
-Sire ! Sire ! s’écria le serviteur
-Chambellan, que me vaut ton affolement ? questionna le roi.
-Pardonnez-moi Majesté, mais les troupes Gerudo viennent tout juste de passer la frontière, nos éclaireurs ont été capturés puis lâchement exécutés. Seul un membre de la garde en est revenu, sans bras.
Le regard du souverain s’emplit de haine. Le chambellan se décala ensuite sur la droite laissant le roi nez à nez avec le blessé.
-Majesté… gémit le soldat, leur armée est effectivement sur la frontière, elles sont des milliers, nos forces se sont faites écrasés, je suis désolé… finit l’atrophier avant de s’effondrer à terre, raid mort.
Daphnès Dartas Hyrule était complètement abasourdis. Comment l’attaque a pu être aussi rapide ? De quoi est capable ce peuple cruel et sanglant ? Comment faire face à cette armée ennemie déjà si bien engagée ?
-Veuillez retirer le corps de ce pauvre homme, annoncer la nouvelle à sa famille. Il sera décoré de l’Ordre d’Hylia. Affirma avec détermination le roi.
Le général Link se leva alors avant de déclarer avec fermeté et candeur au dirigeant :
-Demain à l’aube, avec la deuxième armée fraichement constituée, je repousserai cette tentative d’invasion.
-Accordé Général, montrez leur la réelle force de l’armée hylienne. Qu’Hylia vous protège.
Là-dessus, l’officier supérieur se retira au quartier général de l’armée hylienne, dans le sous-sol du Palais Royal.
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C’était probablement la réunion la plus importante de sa carrière. Le général en chef de l’armée d’Hyrule rencontrait ses conseillers et le corps des officiers pour discuter de la stratégie à mettre en œuvre.
-Garde-à-vous ! tonna un soldat de la garde royale dès l’entrée de Link dans la pièce.
Aussitôt tous les officiers se dressèrent fidèlement face à leur supérieur.
-Veuillez prendre place, commençons sans plus tarder, dit le gradé avec pragmatisme. Lieutenant, rapport de nos éclaireurs ?
-L’armée Gerudo a installé son campement le long de notre frontière commune. Leurs lignes s’étendent jusqu’en contrebas de la colline du Ranch Lon Lon. La cavalerie est à l’arrière en réserve, leurs troupes de choc sont postés sur les ailes de leur formation. Le gros de leur infanterie est massé au centre avec un corps spécial de faucheuse. Enfin l’arrière-garde complète le dispositif avec leur infanterie légère prête à s’attaquer aux éventuels points faibles que nous pourrions constituer.
-Qui dirige l’armée ? questionna un jeune colonel.
-La terrible sorcière de feu Koume… lâcha le lieutenant.
Ce simple mot suffit à marquer la stupeur sur tout l’Etat-major.
-Je m’oppose a prendre l’initiative, nous devons jouer sur la défensive sinon notre armée se fera écrasée, lança avec détermination le général Zangalph.
Quelques officiers osèrent acquiescer de la tête face à cette remarque.
-Général, débuta Link, vous êtes démis de vos fonctions.
L’incompréhension envahit brusquement tous les visages du corps de l’armée.
-Je ne tolérerai aucune hésitation et peur au sein de cet Etat-major, enchaîna froidement le militaire. Nous devons faire face et nous ferons face. La peur est justement ce que recherchent nos ennemis. La discussion est close à ce sujet, nous attaquerons les premiers sans réserve, finit l’officier général.
Là-dessus, le dégradé se retira avec colère et mépris.
Le silence s’imposa un instant, cette scène rude avait prouvé la volonté de Link face aux événements, rien ne pourra le faire changer d’avis.
-Des objections ? questionna avec sarcasme un conseiller.
-Mon général, commença un commandant de corps, je vous suis sur votre stratégie. Qu’en est-il de votre tactique quant au plan de bataille ?
-Au vu des informations du lieutenant, je crois que cette bataille est celle que nous attendions tous pour déployer notre arme, annonça fièrement Link, avec un léger sourire aux lèvres.
Les jeunes officiers prenaient un air satisfait aussi à leur tour, depuis leur entrée dans l’armée on leur parle de cette fameuse arme. Un véritable secret militaire dont seul le Conseil Royal connaissait la finalité. Préparé depuis la fin du conflit contre Bongo, jamais l’armée hylienne n’a eu l’occasion de tester ce projet.
-Soldats, vous connaissez maintenant toute la tactique que nous mettrons en œuvre. Dans sept heures, le soleil se lèvera. L’armée devra être prête à partir en marche vers la frontière Gerudo. Chacun à son poste !
-A vos ordres, général ! affirma d’un seul corps l’Etat-major.
Ce matin-là, une petite pluie tombait en Hyrule. Le ciel, pâle et froid laissait malgré tout de rares éclaircies éveiller les hommes dans leurs casernes. Les soldats se rassemblaient péniblement au-devant de la cité après avoir fait leurs adieux à leurs femmes et à leurs enfants. Le bruit des pas de ces êtres en armure se faisait entendre dans tout le bourg .Aux balcons, les familles se réunissaient conscientes que c’était peut-être la dernière fois qu’elles verront cet homme. Une masse se détacha alors du doux paysage d’Hyrule. Les cavaliers sortaient des écuries la rejoindre. Etrangement, pas une voix ne se faisait entendre au milieu de ces mouvements de corps incessants et tournoyants. L’armée se rassemblait : infanterie, cavalerie, chariots, musiciens, médecins militaires, archers, sous-officiers, officiers, généraux, … Tous se coordonnaient, mettant de côté leurs différents sociaux et hiérarchiques, l’union faisait ici la force. L’anxiété grandissante accompagnait cette cohésion elle aussi grandissante. D’un seul bloc, toute l’armée partait en avant, rien ne semblait pouvoir la stopper dans sa marche magistrale…
Arrivée à l’Ouest de la colline Lon Lon, les dix-huit divisions hylienne se stoppèrent brusquement. En face, à huit cents mètres à peine, les voilà : 18 000 gerudos, prête à en découdre, la haine se lisant sur chacun des visages. Sur le haut de la falaise, on apercevait la sorcière Koume, donnant quelques directives à ses chefs de bandes.
Immédiatement, les corps de l’armée hylienne se placèrent en formation, trois généraux se dirigèrent respectivement sur l’aile gauche, centrale et l’aile droite du dispositif stratégique. Les commandants rejoignirent, après ultime consultation avec l’Etat-major, leurs divisions respectives. Enfin, le cheval du général en chef Link se porta à l’avant des troupes. Faisant volte-face à ses 21 000 hommes, il les apostropha en ces termes :
« Soldats ! Fiers hommes d’Hyrule, fiers descendants de la déesse Hylia, fiers gardiens de la Triforce ; le temps de la peur est révolu ! Nous, défenseurs du grand Royaume d’Hyrule sommes aujourd’hui appelé à nous battre pour l’avenir et la sauvegarde de ces terres. C’est pourquoi je vous demande courage, audace et volonté. Le futur de ce monde est entre vos mains aujourd’hui ! Si nous échouons dans cette lutte, qui serons-nous alors à prétendre être les descendants des héros de la légende ?
Derrière nous, nos aïeux, notre histoire, nos mythes sont là pour affirmer que la flamme l’espoir ne s’éteindra pas. A jamais, nous devons faire honneur aux valeurs qui ont fondé notre Royaume.
Battez-vous. Battez-vous. Battez-vous, jusqu'à la victoire totale. »
Jamais les hommes n’avaient été aussi bouleversés. La sincérité et la mélancolie de leur général leur avaient offert une confiance inébranlable en la victoire.
Sept minutes passèrent. Les plus longues de toute une vie. Pas un bruit ne se produisit. Un silence absolu. Les soldats patientaient. Haletant, et plus prêt que jamais.
Soudainement, le général, d’une hargne majestueuse, retira de son fourreau sa lourde épée de fer. Respirant un dernier instant avant de déclamer avec panache :
« Pour Hyrule »