L’armée se mit en marche. La première ligne était constituée de garde de la citadelle. Ils menaient les divisons tout en restant en cohésion. L’entraînement militaire mit en œuvre par Link il y’a quelques mois portait ses fruits. Arrivée à 700 mètres des régiments Gerudo, les lieutenants ordonnèrent aux colonnes de stopper la marche. Le général Link, resté à l’arrière, fit signe au commandant de la cavalerie qui leva aussitôt le bras.
Koume observait avec intérêt les mouvements des troupes hyliennes. Il y avait quelque chose d’étrange dans la disposition tactique de l’armée d’Hyrule. Un élément lui avait échappée… Néanmoins, elle n’en fit rien et ordonna à ses archers légers de s’avancer.
Redoutant une salve dévastatrice sur leurs hommes, les lieutenants hyliens ordonnèrent à leurs soldats de reculer en vitesse. Un léger sentiment de panique s’empara de l’aile droite de l’armée. La sorcière gerudo profita de cette désorganisation pour faire charger toute sa droite. La stupeur était telle dans les rangs hyliens qu’ils ne purent encaisser l’attaque des troupes de choc. Si rien n’était fait, l’aile tomberait et les gerudos déborderaient alors et menacerai gravement le centre hylien.
Comprenant la gravité de la situation, un jeune capitaine ordonna l’envoie de la réserve. Elément qu’aurait souhaitait garder Link pour sa tactique… Un régiment de fantassins d’élites se détacha alors de l’armée pour en venir en soutien à l’aile. Là-bas, la mêlée faisait rage. Les hallebardiers hyliens se faisaient massacrer face à l’infanterie lourde gerudo. Leurs longues lances étaient inadaptées face aux sabres courbés et légers de leurs adversaires.
Link décida de garder immobile l’aile gauche. Il prit le risque de créer une faille dans son système en faisant charger son centre sur l’armée gerudo. Koume sauta sur l’occasion et ordonna à ses troupes de chocs de laisser l’aile droite hylienne pour attaquer par derrière le centre. Heureusement, les fantassins arrivèrent à temps et stoppèrent net la progression des troupes gerudo. Indécis, la sorcière envoya alors tout son centre contre attaquer les troupes hyliennes leur faisant face. Les archers gerudo débutèrent une première salve sur l’aile droite des soldats hyliens pratiquement dévastée. Le général en chef ne pouvait plus ignorait l’effondrement éventuel de sa droite qui pouvait mettre en péril toute son armée. Cependant, étrangement, il attendait. Les restes des hallebardiers furent totalement anéantis par l’action des arcs à longue portée gerudo. Les généraux sur la colline étaient sceptiques face à la situation et évoquaient déjà la retraite à leur supérieur, Link.
C’est alors que le choc entre les deux centres se fit, produisant une confusion totale. Les épéistes hyliens combattait avec ardeur face aux terribles faucheuses gerudo. La violence dans le corps-à-corps atteint son paroxysme. Or, une fois de plus, l’infanterie gerudo dominait. Malgré le courage et la ferveur de l’infanterie hylienne, ces derniers tombaient un à un, une véritable hécatombe.
Soudainement le commandant de la cavalerie hylienne abaissa son bras. Dévala alors du haut de la colline toute la cavalerie hylienne dans une charge absolument épique et magistrale. Toute l’infanterie hylienne se retira sur la droite pour dégager la charge. Les troupes gerudo se retrouvaient alors face à un élan inébranlable du fer de lance de l’armée hylienne : c’était l’élément qui manquait à Koume, la présence de la cavalerie lourde. Sourire aux lèvres, Link ordonna à ses arbalétriers, camouflés aux extrémités de son dispositif, d’abattre les restes des ailes gerudo. Les carreaux des arbalètes hyliennes transperçaient sans difficultés les armures légères des soldats du désert. C’est alors que la cavalerie frappa de plein fouet l’infanterie gerudo. La ligne ennemie vola en éclat, le centre était totalement enfoncé. Les fantassins d’élite, toujours sur la droite, poursuivirent l’offensive en faisant battre en retraite les troupes de chocs gerudo épuisées et démoralisées.
Dans un effort désespéré Koume envoya toute son aile gauche, gravement endommagée, en soutien de son centre et fit la grossière erreur d’envoyer sa cavalerie légère au contact. Mais la sorcière ne pouvait se battre à arme égale face aux chevaliers hyliens. Sans ses corps de lanciers, qu’elle avait laissés à l’arrière, ses troupes se feraient écraser. C’est alors que la chef Gerudo décida d’intervenir personnellement dans le combat.
C’est l’élément que redoutait Link, manquant des ses fantassins envoyés trop tôt, il décida d’envoyer 150 hommes de la garde royale en urgence.
La sorcière faisait des ravages, usant de sa magie de feu elle brisa l’élan hylien. Une pluie de feu s’abattait sur la cavalerie, les chevaux brulaient au cœur de la mêlée. Les chevaliers, à terre, étouffait dans leur lourde armures en fer forgé. Des auras de feu apparaissaient brusquement, projetant et enflammant les soldats, restant néanmoins tenace au cœur de ce cataclysme.
C’est alors que la garde royale s’imposa. Les lourds boucliers en acier, capable de résister à la magie, formait une ligne de défense redoutable. Dans un rang absolument parfait, la garde avançait au milieu des flammes, elle était absolument inébranlable dans sa marche. Malgré les assauts répétés de Koume et de ses troupes, le corps ne cédait point. Toute la fureur ennemie se déchaîna avec haine et fanatisme sur les soldats hyliens tenant la ligne avec ferveur et détermination au cœur du chaos brûlant. Pas à pas elle avançait. Dans un élan de rage la sorcière envoya un terrible rayon de feu au centre du corps. Boucliers largement endommagés, le capitaine de la garde ordonna la charge. Brusquement, déposant leurs protections à terre, les hommes s’élancèrent héroïquement face au dernier carré gerudo, anéantissant toute résistance.
Le corps central de l’armée du désert s’effondra alors. La sorcière se retira aussitôt, emportant avec elle sa garde personnelle encore intacte, et les débris de son armée dévastée…
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Il eu fallut encore attendre trois longues minutes avant que l’armée d’Hyrule prenne conscience de la retraite ennemi, tant la confusion était terrible sur tout le front…
-Hourra ! hurlaient les soldats au cœur de l’allégresse, victoire ! Victoire !
-Gloire à Hylia ! s’exaltaient l’Etat-major.
-Longue vie à notre Général ! Vive Link ! s’écriaient ensuite le reste de l’armée.
Des cris de joies se faisait entendre sur toute la plaine d’Hyrule, le soleil surgit enfin au cœur de l’euphorie générale. Partout on scandait l’hymne du Royaume. Les soldats, pleurant de joie, venaient se jeter dans les bras de leurs camarades.
Néanmoins, cette réjouissance éclatante fut de courte durée. Rapidement les hommes, à la recherche de leurs compagnons d’armes, prenaient conscience de l’étendue des pertes et de la terrible réalité. Les corps, calcinés pour certains, avaient envahit le champ de bataille au cours des combats.
Vint alors la fin des cris d’ardeur. Le silence s’interposa brusquement, seulement gêné par les cris et les gémissements d’effroi des survivants, des atrophiés, des brulés… La dure atrocité de la guerre s’imposa brutalement. Alors, les quelques secondes d’allégresse prirent fin dans les pleurs, l’incompréhension et la rage… Une rage débordante d’envie de vengeance, une rage d’en finir…
L’armée de Link avait remporté la victoire, mais une victoire à la Pyrrhus. Le bilan des morts ne tarderait pas à tomber et le généralissime savait que celui-ci n’améliorera pas le moral des troupes… La bataille avait été extrêmement couteuse. Enfin, l’arme sur laquelle comptait Link pour sa victoire efficace n’a pas était finalement opérationnel…
Les hommes se déployaient donc sur la plaine encore ensanglanté afin de récupérer les corps, et rechercher les éventuels blessés. Tâche terrible et effroyable pour chacun de ces soldats encore sous le choc des images violentes et barbares des combats. On amassait péniblement les corps, on rassemblait les armures encore intactes, les épées, les hallebardes, les boucliers, les casques…
Un émissaire royal intervint alors à la rencontre de l’Etat-major.
-Messieurs, voici une missive urgente de sa Majesté, énonça le messager.
Link s’empara du document dont il comprenait l’importance. Effectivement, trois sceaux étaient apposés sur le papier.
-Au nom d’Hylia ! s’écria le général, c’est inespéré !
-Monsieur pouvez vous nous expliquer, demanda avec impatience un général.
-Les peuples Zoras, Gorons et Kokiris nous assurent de leur soutien pour la guerre ! Ce n’est pas une alliance certes, mais cette coopération économique assure nos arrières, en termes d’équipement militaire, sur le long terme. Informez en le responsable de l’armement.
-Bien général, répondit l’émissaire.
Sur-ce il s’en alla sur son destrier vers la cité d’Hyrule.
C’est alors que le général responsable de l’armée de l’Ouest intervint.
-Link, les médecins militaires viennent de me transmettre le bilan humain des combats.
Tout l’Etat-major retint son souffle.
-Sur nos 21 000 déployés, nous avons perdu 4 141 soldats de la garde civil, 1 233 fantassins de nos rangs d’élites, 2 080 épéiste de notre infanterie régulière, 954 chevalier de notre cavalerie lourde et 12 gardes royaux ; soit 8 420 soldats, plus d’un tiers de nos effectifs… L’armée gerudo, sur ses 15 000 soldats déployés, en a perdu 7 512, plus de la moitié de ses effectifs en somme.
Le visage du généralissime se perdit dans une haine infinie. Tant d’homme avait périt, ce n’était que la première bataille, et tout le potentiel des gerudos n’avait pas été mis en œuvre.
C’est maintenant que commençait la guerre, la vraie.
Une guerre d’usure. Cette fois si, ce ne sera pas comme au temps de la guerre contre Bongo, ou ce fut le nombre qui faisait pencher la balance. Mais aujourd’hui ce sera bel et bien l’ascendant technologique et stratégique. Le Royaume ne pouvait plus attendre dans ces conditions. Ces canons promis par les célestiens il y’a un an et demi devaient absolument être livré dans les plus brefs délais… C’était l’arme décisive qui permettrait à Hyrule de conserver un ascendant technologique certains face à l’armée Gerudo.
-Bien, commença Link, au vu des circonstances actuelles, j’ordonne le retrait temporaire de toute l’armée. Nous perdons notre temps à tenir ces positions. Celles-ci ne nous sont d’aucune importance économique et militaire, finit le général en observant les falaises frontalières gerudo, alors conquises.
-Pardonnez moi, questionna le responsable de l’armée du Nord, mais que projetez vous quand à la suite des opérations ? Devrons nous attaquer la cité gerudo ou rester sur nos positions dans l’attente du renforcement de nos troupes ?
-Nous n’avons pas les moyens d’assiéger la ville gerudo. De plus, le fleuve qui coupe leur territoire en deux est risqué à capturer. Néanmoins, la meilleure défense étant l’attaque, nous prendrons l’initiative.
-Mais quelle offensive préconisez-vous alors ? interrogea un commandant de division.
-La guerre économique, rétorqua Link.
-Qu’entendez vous par là général ?
-Le peuple du désert est très isolé territorialement. Il possède peu de ressources au vu de ses terres, malgré une exploitation habile des cultures du désert. Si nous coupons son accès au fleuve, nous supprimons alors son poumon économique. Nous les aurons à l’usure. Il faut harceler toute leurs voies de communication qui pourraient éventuellement acheminer des ressources. Leur commerce doit être anéantit, affirma avec force le généralissime.
L’ensemble de l’Etat-major semblait satisfait face à cette stratégie, d’autant plus que ça permettrait de gagner du temps. Temps se révélant être précieux, l’armée hylienne avait besoin de ces canons. Ils se révéleront décisif dans la suite des combats.
Là-dessus l’ordre de retrait de l’armée fut donné. Les soldats, épuisés et brisés, partirent en permission dans leurs foyers, à la recherche de réconfort et de paix.
Le calme revenu sur la pleine ; l’obscurité s’abattaient sur les terres d’Hyrule. Au cœur de la nuit, les cris sourds des morts retentissaient. La souffrance des sacrifiés d’aujourd’hui faisait écho aux supplices des cadavres tombés au champ d’honneur quelques années auparavant. Les soldats hyliens, encore sous le choc, se revoyaient au milieu de la mêlée sanglante. A jamais, ils seront hantés par l’effroi de ces combats abominables. Leur conscience souillée, ceux-ci savaient néanmoins que demain il faudra reprendre les armes. Demain il faudra à nouveau s’élancer à travers l’atrocité et le désespoir. Ayant perdus tout sens de justice et toute notion du bien, les hommes, assoupis, étaient prêt à affronter les cauchemars et les visions des ténèbres…