Pour savoir le temps qu'il va faire, rien de plus simple : regardez votre téléphone, demandez à google, ou regardez simplement le bulletin météo à la télé. Mais ne vous êtes-vous jamais demandé comment une prévision météo s'établi ? Comment on arrive à prévoir le temps qu'il va faire ? Pourquoi il pleut ?
Je suis sûre que vous vous posez un million de questions liées à la météo. Que ce soit sur le temps de façon générale, sur la prévision, sur les phénomènes extrêmes ou le changement climatique.
N'hésitez pas, posez vos questions ici. Etudiante en météo (et bientôt diplômée), je me ferai un plaisir d'écrire des pavés pour vous répondre :(8:
Petit sommaire de mes pavés [soon] :
Les dépressions de moyenne latitudeAvant toute chose, je dois vous parler de la
pression. Vous le savez sûrement déjà, mais nous vivons dans l'atmosphère (noshit), et cette dernière exerce une pression (en gros, on subit son poids) sur nous. Sa valeur moyenne est de 1013.25hPa à l'altitude 0, soit, le niveau de la mer. En météo, toutes les mesures de pression effectuées au sol sont ramenées au niveau de la mer. Ainsi, il nous est possible de les comparer.
Lorsque, dans une zone, la pression est supérieure à celles aux alentours, on parle d'
anticyclone. Les vents, autour du maximum de pression, vont tourner dans le sens horaire (dans l'hémisphère nord, c'est le contraire dans l'hémisphère sud) et vont avoir tendance à s'écarter du centre.
Au contraire, lorsque dans une zone, la pression est inférieure à celles aux alentours, on parle de
dépression. Les vents, autour du minimum de pression, vont tourner dans le sens anti horaire (dans l'hémisphère nord encore une fois, c'est évidemment le contraire dans l'hémisphère sud), et vont avoir tendance à se rapprocher du centre.
Cet effet entre les vents et le centre est lié à la force de Coriolis. Retenez simplement que cette dernière est provoquée par la rotation de notre planète, ça suffira !
Petit schéma illustrant tout ça Evidemment, le D est pour dépression et le A pour anticyclone. Vous pourrez aussi trouver le L pour dépression et le H pour anticyclone. Il s'agit alors de la notation anglais, soit low pressure area et hight pressure area (sisi, le vrai terme est vraiment ça. Mais rassurez-vous, on dit souvent que low et hight, ça suffit).
Alors, oui, petite précision pour ceux qui n'ont pas bien suivi : on peut parler de dépression pour des pressions supérieures à 1013.25hPa et d'anticyclone pour des pressions inférieures à 1013.25hPa. On compare la valeur à ce qui l'entoure !
Donc, si la pression au niveau de la mer (ou Pmer) est comme une nappe, les dépressions seront les "trous", et les anticyclones les "bosses". Et tant qu'on est dans cette analogie, on parle également de dorsale pour crêtes et de talweg (ou thalweg) pour les vallées. C'est le même vocabulaire qu'en topologie, ne soyez pas surpris !
Et d'ailleurs, les lignes que vous voyez sur les cartes météos, c'est les lignes d'égales pression (ou isobares). Grâce à ces dernières, on peut s'imaginer la "nappe" et se visualiser à quoi elle ressemble
Maintenant que le point sur la pression a été fait, on peut aborder les
dépressions des moyennes latitudes.
On va pour cela utiliser un petit outil qui s'appelle la
cyclogenèse. C'est une boîte noire pour le moment, mais dites vous qu'elle permet, à partir de quelques ingrédients, d'arriver à quelque chose comme ça :
Mais ce truc comme ça, qu'est-ce que c'est ? Et bien, c'est ce qu'on appelle une perturbation des moyennes latitudes, ou plus couramment, simplement dépression.
Je vais vous présenter leur schéma conceptuel. C'est-à-dire, leur forme de cas d'école. Très souvent, on se retrouve avec des trucs qui ressemblent (plus ou moins), ou des structures dérivées. Mais en connaissant notre schéma conceptuel, on va savoir comment notre truc-qui-ressemble-beaucoup-mais-pas-parfaitement va réagir. Bref.
Notre perturbation ressemble à un lambda :
Vous la reconnaissez toujours ? Sisi, ça correspond à l'image satellite plus haut, c'est la même genre de bestiole.
Du coup, on a un
front chaud, devant. Le trait rouge avec les demi-cercles (du côté vers lequel il avance) le symbolise, ça marche pour toutes les cartes météo !
Le trait bleu avec les piques (toujours du côté vers lequel il avance), c'est le
front froid.
Et entre les deux, le
secteur chaud. En gros, lorsqu'on voit passer une perturbation, on passe d'air froid, à de l'air plus chaud (passage du front chaud), puis on arrive à de l'air frais (passage du front froid).
Petite coupe verticale Au passage des fronts, on observe de la pluie. Le front froid caractéristique présente une bande relativement fine, mais très intense de précipitations, là où le front chaud présente des précipitations moins intense, et plus étalées (en largeur j'entends. Regardez le schéma ci-dessus, il est relativement explicite).
Le secteur chaud peut lui aussi présenter des précipitations, mais nettement mois importantes.
Lorsque le front froid rattrape le front chaud, on parle d'
occlusion. Elle est symbolisée par un trait violet, avec des demi-cercles et des triangles.
Je ne rentre pas plus dans les détails. C'est la zone de l'enroulement de la perturbation, et dites-vous que ça pleut pas mal dessous !
Enfin, à l'arrière de la perturbation (donc, sur sa gauche), on a la
traîne. Plus ou moins marqué suivant les cas (plus de détails du pourquoi lorsqu'on parlera de convection, promis), il peut être complètement absent. C'est typiquement le temps où il semble faire beau, et vous vous prenez une averse 20 minutes plus tard.
On la repère facilement à l'arrière de la perturbation avec cette multitude de petites tâches blanches de nuage. Bon, sur l'image, il y en a vraiment beaucoup !
Du coup, faudra aussi que je vous explique les images satellite et donc pourquoi celle la semble penchée et pas les autres Enfin, sachez qu'une dépression ne donne pas systématique une perturbation. Une dépression, c'est un creux dans la "nappe" de pression. Une perturbation, c'est notre truc en lambda qui apporte de la pluie chez nous. Et sachez aussi que les fronts peuvent être de taille différentes : pour une même perturbation, on peut avoir un front chaud tout petit, et un énorme front froid. Tellement étalé qu'il rejoint le front chaud de la perturbation suivante. Ça fait des situations sympas à étudier après !
Les tempêtes de 99Oui, les tempêtes. Parce qu'il y en a eu deux : Lothar et Martin, qui ont traversés la France les 26, 27 et 28 décembre.
Ce sont des perturbations des moyennes latitudes. Simplement un peu plus violentes que d'habitude. Il faut quelques facteurs favorables pour observer un creusement très marqué et souvent rapide (on parle alors de 'bombe' quand le creusement est suffisamment rapide). Les vents peuvent atteindre des valeurs importantes. D'ailleurs, en météo, on parle de tempête quand le vent moyen dépasse les 100 km/h.
Petit point sur
Lothar et un autre sur
Martin. Et pour en savoir
plus. Beaucoup de détails techniques cependant.
- Peut-il y avoir d'autres tempêtes de ce genre ?
Et bien, oui. Les tempêtes de 99 ont été qualifiées de "tempêtes du siècle" parce qu'en moyenne, on ne devrait en voir qu'une comme tous les cents ans. Mais c'est une moyenne, et rien n'interdit d'en revoir une cette hiver.
Après, on a régulièrement des tempêtes sympathiques (dans le sens où ça souffle fort, hein) en France, suffit de voir Klaus en 2009, Xynthia en 2010 ou, plus récent, Zeus en 2017. Vous pouvez jeter un coup à la
base de données de Météo France (qui s'arrête en 2015 je ne sais pas pourquoi), ou à celle
d'Infoclimat (qui recense tous les phénomènes météo, ne vous noyez pas sous les infos).
Je ne veux pas vous faire peur. On a des tempêtes régulièrement en France, mais elles sont rarement aussi destructrices que celles de 99 ou Xynthia. De plus, n'oubliez pas que Météo France veille, et a pour mission, entre autre, d'alerter face à tout phénomène météo potentiellement dangereux. La vigilance (créée d'ailleurs à la suite des tempêtes de 99) œuvre dans ce but.
Vous vous installez aux côtés de la jeune fille. Sans vous laisser placer un mot, elle prend la parole :
"Regarde ! Ce nuage - c'est un cumulus congestus -, on dirait un renard. Et celui là - un cumulus fractus tout mimi -, on dirait une tranche de fromage. Et le gros là bas - un magnifique cumulonimbus capillatus -, on dirait qu'il écrit un message : Cap est quatrième meilleur PZ team. C'est génial n'est-ce pas ?"