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Communauté => Créations Artistiques => Littérature, Fictions => Discussion démarrée par: Great Magician Samyël le samedi 29 décembre 2018, 15:44:29

Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Great Magician Samyël le samedi 29 décembre 2018, 15:44:29
Miderlyr
-Une fiction collective-
Saison 2





Le concept

Miderlyr est une fiction collective se déroulant (dans un premier temps) à Miderlyr, une grande citée d’un monde fantastique anonyme et volontairement générique où tout est à faire et inventer.

Plutôt que de proposer une intrigue, Miderlyr entend proposer un cadre : il appartient aux participants de créer, ensemble, le monde dans lequel ils souhaitent faire évoluer leurs personnages. Dans ce sens, rien n’est établi à part le centre de l’univers : Miderlyr, une grande ville au carrefour des royaumes et des empires, où nains, elfes, humains, orcs et tout ce que vous pouvez imaginer se croisent et se côtoient dans un joyeux brouhaha de cultures et d’idées.

Miderlyr propose un système de saisons : au lieu de s’enfermer dans des personnages et des intrigues qui pourraient durer des années, il sera possible à tout moment, si le groupe y consent, de se dire qu’on a plus rien à raconter sur l’intrigue en cours, ou que les personnages ne nous intéressent plus, et simplement avancer et repartir sur quelque chose de neuf.

Chaque saison proposera ses entrées dans l’intrigue, des pistes sur ce qui se passe dans la cité au début de la saison et qui pourraient être la raison de la venue de votre personnage dans la ville, ou bien ce qu’il est en train de faire s’il y réside.

Ce qui m’intéresse le plus c’est la création collégiale du monde. Dans ce sens, seule la cité de Miderlyr en elle-même sera décrite avec quelques détails pour donner une base commune. Tout le reste, les royaumes, les états, les empires, la géographie, les ethnies qui peuplent l’univers, les religions, les panthéons, la magie (ou l'absence de), chacun est libre et invité d’apporter sa pierre à l’édifice. Peut-être que vous avez une idée cool pour une race de créature originale ? Peut-être que vous avez la bonne idée pour ajouter un twist à un cliché courant de la fantasy ? Peut-être que vous avez une idée pour un monde/une région complète que vous souhaitez tester ? Annexez la/le à l'univers. Foncez.

Les seules règles :
1°) Respecter le travail des autres : toute idée introduite est considérée “canon” et toute idée qui suivra devra prendre en compte ce qui a déjà été fait. Le "retconning" (l'idée de modifier ce qui a déjà été établi) pourra toujours être établi si cela sert l'intrigue ou si une majorité de participant le souhaite.
2°) Prendre du plaisir. Toujours.

Les inscriptions sont toujours ouvertes. Si vous voulez participer, postez un personnage et lancez-vous. Si vous écrivez un passage et que vous pensez que quelqu'un pourrait vous coiffer au poteau, n'hésitez pas à l'annoncer. N'hésitez pas non plus à vous consulter entre vous si vous faites intervenir les personnages des autres participants, c'est toujours plus sympa !


La fiche de personnage


Pour donner à tout le monde quelque chose avec quoi travailler, il vous sera demandé de fournir une fiche pour vos personnages “principaux”, ceux par qui vous allez explorer l’univers et faire avancer les intrigues. Il vous sera demandé de vous limiter à deux au maximum, mais vous êtes libres de changer de personnage à tout moment. (Si le précédent ne vous plait plus, si vous trouvez que le faire mourir ou disparaître peut être cool pour l’intrigue, peu importe.)

La fiche est assez légère mais permettra à chacun d’avoir une vision rapide et concise de votre/vos personnage(s). Libre à vous de détailler autant que vous le souhaitez.

[b]Nom :[/b]
[b]Age :[/b]
[b]Race :[/b]
[b]Profession :[/b]
[b]Catégorie :[/b]*
[b]Physique : [/b]
[b]Mental :[/b]
[b]Biographie :[/b]
[b]But : [/b]
*Saison 2 uniquement

Eclatez-vous sur la race de votre personnage. Optez pour du classique si vous êtes plus à l’aise avec ça ou inventez quelque chose de complètement neuf. Importez une race de vos propres fictions, pourquoi pas. Si vous sortez des sentiers battus, prenez le temps de nous parler plus en détail de cette race et donnez lui une place dans le monde. Même si vous optez pour quelque chose de poncé, comme un elfe par exemple, n’hésitez pas à les rendre plus cool/exotiques que ce à quoi nous sommes habitués.

La profession de votre personnage est grosso modo son titre, son statut, son métier, ce qui le définit le mieux. “Chevalier”, “Forgeron”, “Soldat”, “Médecin”, “Druide”, “Roi”, “Magicien”, “Escroc”, “Maître d’Armes”, “Manant”, “Prostituée”, “Débardeur” sont autant de professions viables. Mais si vous deviez décrire votre personnage en un mot, ça serait celui-là.

Le physique et le mental sont de courtes (ou longues, comme vous voulez) descriptions de l’apparence et de l’état d’esprit général du personnage. Gardez à l’esprit que plus ces rubriques sont détaillées, plus il sera facile pour les autres d’intégrer vos personnages dans leurs passages sans faire de OOC (“Out Of Character”, en gros le faire agir d’une manière en contradiction avec sa personnalité).

La biographie vous permet de nous parler de votre personnage plus en profondeur. C’est en général un court résumé de sa vie jusqu’à maintenant mais vous pouvez également y inclure d’autres détails comme ses goûts ou ses compétences.

Enfin, donnez à votre personnage un but. Ce qui le motive au moment où l’intrigue démarre. “Gagner le tournoi”, “Voler les bijoux de la couronne”, “Séduire madame la marquise”, “Survivre jusqu’à la fin du 7e round”, “Réussir un soufflé au fromage parfait”, “Rembourser mon prêt étudiant” sont autant de buts tout à fait convenables.


Les intrigues de la saison 2


Ci-dessous vous trouverez des pistes concernant ce qu’il se passe d’intéressant dans la cité au début de l’intrigue. Ces pistes peuvent vous donner des idées sur les raisons de la présence de votre personnage dans la cité et peuvent littéralement servir comme l’intrigue principale que vous souhaitez développer. Libre à vous de développer vos propres intrigues et motivations, bien évidemment. L’idée d’une fiction collective étant avant tout l’aspect collectif, essayez de rester ouvert à toute opportunité pour interagir avec les autres personnages. Si certaines pistes ne sont pas exploitées, nous les ignorerons purement et simplement. Aucune prise de tête.

Comme vous le constaterez, tout est très, très vague. C’est normal ! N’hésitez pas à vous accaparer ces idées, créer des personnages secondaires, donner des noms, créer des lieux, des organisations. Faites-vous plaisir.

1°) La bataille pour Miderlyr :
L’heure est proche. La Résistance s’apprête à un donner un grand coup à la Croisade, peut-être l’ultime horion. Aube l’Aveugle, la naine ancienne cheffe de la Guilde des Voleurs devenue capitaine de cellule, a enfin mis la main sur ce qu’elle cherchait frénétiquement depuis la Fracture : la Tiare de Sanderline ! La puissance incommensurable de l’artefact pourrait être l’avantage dont a si désespérément besoin la Résistance dans sa lutte pour reprendre la Cité. Mais manipuler un tel objet ne se fait pas à la légère, surtout lorsque l’on n’en connaît rien. Aube et ses alliés recherchent ardemment un érudit capable de les guider et le temps leur est compté : un agent capturé a craqué sous la torture et révélé à l’Inquisition les plans de la naine. L’étau se resserre sur la Résistance alors que les Répurgateurs remontent la piste de sang laissée par l’Aveugle dans sa quête désespérée pour la Tiare de Sanderline.

2°) Le Cercle Brisé :
Le Cercle Brisé a commencé comme un refuge, un havre sûr pour tous les sorciers, mages, enchanteurs, druides, chamans, astromanciens et autres telluristes fuyant le joug de l’Inquisition. Dans des caves, des sous-terrains, les égouts ou encore dans les cavernes aux abords de la Faille, ils se réunissaient pour survivre, trouver dans leur nombre la force de repousser les limiers de la Croisade. Leurs intentions étaient pacifistes, ils ne cherchaient qu’à exister dans un monde devenu fou et ayant rejeté tous les maux sur leurs seules épaules. Mais des dissensions ont récemment commencé à craqueler la cohésion du Cercle. Certains estiment qu’ils peuvent aspirer à mieux, qu’ils ne sont responsables de rien, que cette oppression systémique doit cesser. Ensembles, ils sont invincibles. Pas même la Croisade ne pourrait les arrêter, avec toute cette magie au bout de leurs doigts. D’autres, cependant, se montrent plus pondérés, arguant que c’est exactement ce genre d’idées qui les a placés dans cette situation en premier lieu. Le schisme est consommé. Les bellicistes, menés par un elfe nommé Alkebath ont quitté le Cercle et entamé les préparatifs pour un rituel sans précédent qui leur “accordera la place qu’ils méritent”. Le temps est compté aux membres restants du Cercle et leurs alliés, étrangers ou locaux, pour les retrouver et les arrêter avant qu’il ne soit trop tard. En prenant soin de ne pas tomber entre les griffes de l’Inquisition en cours de route.   

3°) Le prix du sang :
Saron de Lombard est un homme pieux. Chaque jour, il se rend à la chapelle proche de son manoir et s’assoit au premier rang. Les mains jointes, il écoute le sermon du prédicateur les yeux fermés, hochant la tête avec diligence. Chaque jour, avant de quitter la chapelle, il laisse un souverain en or tomber dans le panier tendu par le quêteur. Un souverain, la prime offerte jadis aux veuves des gladiateurs, le prix du sang. Un souverain par jour pour rester dans les bonnes grâces de la Croisade et de sa folie sanguinaire. Un souverain par jour pour détourner le regard des Répurgateurs de ses affaires. Rentré chez lui dans son manoir, Saron de Lombard s’autorise un verre de vin en s’approchant de la grande baie vitrée de son étude, qui surplombe la cour intérieure. Là, il reste quelques instants à observer les hommes et les femmes à l’entraînement. Une quinzaine peut-être, formés par les meilleurs. Quinze ici et des centaines ailleurs, partout dans la ville. Une armée clandestine d’anciens soldats, gardes, mercenaires, coupes-jarrets, gladiateurs, assassins, voleurs, disséminés partout dans la cité. Une armée, payée un souverain d’or par tête et par jour. Une armée, bientôt prête à faire payer à la Croisade le prix du sang à son appel. Bientôt, songe Saron de Lombard en prenant une gorgée de vin, son regard se posant sur la silhouette assise dans le coin de la cour, sa pièce maîtresse : l’enfant perdu de Pontifax d’Astragon.


L'Univers de Miderlyr - Saison 1 (https://docs.google.com/document/d/1QVpKJ4PoC_nYPQvo_XqIoGjyvLF_W_tkjOE6aNBRB20/edit?usp=sharing)

L'Univers de Miderlyr - Saison 2 (https://docs.google.com/document/d/1YNU5RM6J3S8QWXnhRH4P6QbIdp_8eI0cimeuVsfJGGE/edit?usp=sharing)

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Les personnages - Saison 2


Great Magicien Samyël
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Chompir
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Yorick26
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Achileus

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Vaati the Wind Mage
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Cap
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Aleit
En attente.


Linkondo
En attente.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Chompir le samedi 29 décembre 2018, 16:56:07
Personnages de la saison 1

Les personnages


Great Magicien Samyël
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Chompir
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Yorick26
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Aleit
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Voilà mon personnage, je me suis fait plaisir pour le coup.

Nom : Hundwiin Drakonia III
Age : 117 ans (correspond à un âge de 16/17 ans chez les humains)
Race : Draconien
Profession : Prince héritier
Physique : Hundwiin  Drakonia III mesure 1m95, pèse 110kg (les os de draconiens sont assez lourds), possède une musculature digne de son statut et est plutôt imposant. Il a des yeux rouges comme les rubis de feu, ses écailles sont sombres et forment une couche aussi résistante que l'acier. Il dispose de deux belles cornes brillants d'un rouge feu symbole de son appartenance à la famille royale. Ses ailes sont pliées sur lui pour donner une impression de cape et sont très biens entretenues comme on l'apprend chez la noblesse draconienne.
Mental : Hundwiin Drakonia III est très ouvert et cherche à enrichir ses connaissance. Il est bon, loyal et ouvert à la détresse. Néanmoins, il ne donne pas sa confiance facilement et reste sur ses gardes. Il est fier et sûr de sa force mais la prêtera toujours aux plus démunies. Il est protecteur envers le petit peuple mais sait tout autant bien paraître aux yeux des nobles. Il cherche avant tout à bien paraître aux yeux de tous pour être un bon roi, ce qui lui impose depuis son enfance à s'imposer moult barrières.
Biographie : Hundwiin (soit héros d'acier) Drakonia III est le prince héritier du grand roi Hundwiin Drakonia II qui règne sur le lointain royaume de Drakonia. Un antique royaume très loin à l'est de la cité de Miderlyr. La mère d'Hundwiin Drakonia III est morte à sa naissance. Son père le roi est souffrant et se fait vieux. Hundwiin III a suivis un très lourd apprentissage dans les arts magiques, les différentes langues, les armes, la musique, la danse, la religion Draconienne, sur la politique et l'art de la guerre, sur la culture, la géographie et la géopolitique. Bref, tout ce qui servira à en faire un grand roi.
Chaque noble Draconien reçoit à sa naissance une épée, celle de Hundwiin III est une très belle épée en obsidienne, de longueur convenable, noire et polie, très tranchante. Dans son pommeau est incrusté un rubis taillé qui se trouve dans la gueulle de deux dragons qui s’entrelacent pour former le pommeau et leur tête, la garde. Le rubis béni l'épée de son feu et permet à l'épée de devenir de feu. Cette épée porte le nom de Yoltuz (soit lame de feu), elle ne peut être brandie que par son maître car elle est liée à lui dès la naissance. Toute autre personne qui posera ses mains sur elle se verra réduit en cendre.
But : Hundwiin Drakonia III entreprend un voyage initiatique pour mettre en application de ce qu'il a appris, pour se parfaire et être digne de diriger un jour le royaume de Drakonia. La cité de Miderlyr est pour cela la meilleure destination.


Je viens poser ma fiche dans un premier temps, comme ça ce sera déjà fait. J'écrirais (surement dans la suite de ce post si aucun autre post ne se fait d'ici là) mon entrée en scène à Miderlyr.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Yorick26 le samedi 29 décembre 2018, 18:21:52
Une première planche. On verra ce que ça donne.

Nom : Cheiralba
Age : 30 ans
Race : Chimère Aranéo-humaine
Profession : Tisseuse de soie
Physique : Aux yeux de tous, Cheira apparaît comme une vieille femme. Son visage est marqué par les années, mais ses yeux gris témoignent d'une vivacité d'esprit propre à son âge réel. Une longue chevelure argentée encadre ce visage. Toujours coiffée de manière simple, elle descend jusqu'au bas du dos et recouvre les deux paires de bras supplémentaires qu'elle ne révèle qu'en de rares occasions en public. Ces derniers tenus cachés lui ont permis de garder une posture droite malgré la vieillesse de son corps.
Elle porte généralement une grande robe, souvent dans les tons blancs, à crinoline ce qui lui permet de dissimuler l'appendice volumineux qui lui permet de produire la soie qu'elle utilise pour confectionner les vêtements qu'elle porte ou qu'elle vend.
Mental : Cheiralba est loyale, fière de sa famille. Elle accepte son statut d'esclave artisane appartenant à la famille Du Murié et que sa vie est ainsi sacrifiée pour le profit de sa famille. Néanmoins, les Du Murié s'étant montrés cléments avec elle et doux jusqu'à la reconnaître publiquement, elle se considère cependant redevable envers elle se doutant du sort des 53 autres expérimentations.
Biographie : Cheiralba est le fruit d'une expérimentation issu des laboratoires de la basse-ville. Initialement connue sous la dénomination Expérience A54, elle a été commandée par une famille de marchand d'étoffes Du Murié afin d'améliorer la qualité de leur tissage et de leur soie. A cinq ans, elle en paraissait dix et commençait déjà à réaliser ses premiers tissus. La qualité de ses fils furent rapidement la renommée de la famille Du Murié qui réussit à cacher l'existence d'A54 cinq années supplémentaires. Un jour, une autre famille marchande jalouse de la réussite envoya un espion découvrir le secret de leur artisanat. La jeune fille fut découverte, mais l'espion fut également porté disparu. Tout comme le scientifique Sébastide Hordefeu qui avait mené les expérimentations.
Depuis, pour éviter toute surprise elle fut alors officiellement présentée comme Dame Cheiralba, une artisane étrangère n'appréciant peur les festivités et se mêler aux affaires. Les ragots autour d'elle suffirent à calmer les esprits et les autres familles cherchèrent d'autres moyens d'accroître leur profit jusqu'à apporter une concurrence loyale comme l'apport de dorures et des couleurs vives ou les justifications d'un tissu bioécoloéquitable. Néanmoins le mystère de Dame Cheiralba perdura. Quel âge avait-elle ? Qui était-elle ? Elle fut rapidement connue dans toute la ville par son nom ou par son surnom la Dame à la soie blanche.
But : Servir sa famille et aider à résoudre le mystère de la disparition d'Isabelle Valérianne.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Achileus le samedi 29 décembre 2018, 20:34:09
Eh bien, un projet d'écriture collective, c'est assez fun. Je m'inscris, en espérant produire quelque chose de correct.

Surnom : Le Serpent
Age : environ 30 ans.
Race : Demi Elfe (un parent elfe, un parent humain)
Profession : Psychopathe illuminé
Physique : Le Serpent est de taille moyenne, avec un teint beige clair. Il a de longues oreilles d'elfes, une allure humaine et un regard fou. Il a de nombreuses cicatrices ensanglantées au visage. Il se maquille souvent avec le sang de ses ennemis pour se donner un teint joyeux, selon lui. Il possède beaucoup de tics, comme sa manie de balader sa langue le long de ses lèvres lorsque qu'il parle, ce qui lui vaut le surnom de serpent.
Mental : C'est un personnage complètement fou. Il n'a pas de scrupules et n'hésite pas à tuer. Il préfère faire lentement souffrir ses victimes que de les achever en un seul coup. Il adore la mise en scène, et utilise souvent des techniques pour paraître plus intimidant et plus puissant qu'il ne l'est. Son objectif est de rendre le monde plus fou, plus cruel, plus "fantastique" selon lui.
Biographie : On ne sait pas grand chose du Serpent, pas même son vrai nom. Il maîtrise bien la magie et les arts de combats rapprochés. Il a tué par le passé, il n'hésitera pas à recommencer.
But : Son but est de faire sombrer Miderlyr dans le chaos en poussant ses habitants au bord de la folie.

Bon, le personnage est très largement inspiré du Joker... Je vais voir ce que ça peut donner dans un univers médiéval fantastique.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Vaati the Wind Mage le samedi 29 décembre 2018, 22:38:07
Voilà mes deux persos :

Nom : Alaïa Delma
Âge : 20 ans
Race : Elfe
Profession : Flemmarde/voleuse généreuse
Physique : Alaïa à de Lons cheveux blongs platines qui lui descendent en deux nates sur les épaules.  Elle est souriante et à de grands yeux verts. Elle s'habille souvent en nuances de blancs, sauf au sein de la guilde des voleurs oú elle est contrainte de s'habiller de manière plus discrète
Mental : Alaïa est un vrai coeur d'or. C'est une jeune femme pure et innocente, mais qui poursuit un but peu louable, curieusement. Disposant d'une plutot bonne maîtrise de la magie, elle est notamment très douée en guérison. Sa présence représente un véritable rayon de Soleil incongru au sein de la Guilde des Voleurs. Elle a néanmoins un côté maniaque et ne supporte pas le désordre.  Elle est tétanisée par les malheurs humains, et cherche donc à obtenir les pouvoirs de la Tiare de Sanderline. La cheffe de la Guilde l'intimide.
Biographie :  Alaïa est née au sein d'un foyer aimant et respectueux, et à étudié au Collègium supérieur de magie. C'est là qu'elle apprit les pouvoirs mystérieux de la Tiare de Sanderline. Ce n'est que lorsqu'elle décida d'aider les peuples en souffrance qu'elle se mit en tête de trouver la Tiare. Elle considère la Guilde des Voleurs comme un moyen d'y parvenir.
But : voler la Tiare de Sanderline et mettre fin aux souffrances universelles


Et la deuxième :

Nom : Imielda Shabah
Âge : 394
Race : Vampire
Profession : Étudiante/ Grande Prêtresse du Conseil des Ombres
Physique : Imielda à une peau très pâle, et de longs cheveux noirs. Elle a des yeux couleurs noisettes, et quand elle ne porte pas l'uniforme du Colegium, elle aime s'habiller en violet ou en rouge. Sa robe favorite est celle volée à une reine, rouge sertie de joyaux, ce il y a 275 ans. Au sein du culte, elle revêt une tunique noire sertie d'un peu d'or.
Mental : Imielda peut paraître sociable et amusante. Elle est aimée de tous, et cache bien son rôle de dirigeante du culte. Elle est en réalité froide et manipulatrice, blasée de tout ce que la vie lui apporte. Elle n'a de respect que pour elle même. Elle migre de cité en cité, et à trouvé en Mydelir un potentiel intéressant pour ses noirs desseins. Elle se fait passer pour une jeune fille, et assouvit sa soif de sang en rôdant dans les rues de la basse ville, pendant la nuit.
Biographie : Imielda est née il y a 394 ans dans la cité état d'Akoushov. Isolée et ayant peur des autres, elle se fit mordre par Olbiet Belmont alors qu'elle était seule dans la nuit, dans son repaire d'enfance, à ses 17 ans. Celui ci ayant décidé de l'épargner, la transformant ainsi en vampire, lui enseigna les différents pouvoirs dont elle disposait. Imielda révéla ainsi son plein potentiel, et devint une vampire très puissante, pouvant hypnotiser, voler ou se fondre dans l'ombre. Elle attira l'attention d'un démon, qui tissera un pacte avec elle. Afin d'emmener son retour sur le monde il a besoin d'un culte. Et Imielda va le lui amener en échange de grands pouvoirs. Elle fonda peu après son entrée le Conseil des Ombres au Colegium supérieur de magie, et les fidèles augmentent de jour en jour. Le Grand Tournoi apporte donc beaucoup de visiteurs, ce qui est parfait pour son entreprise. Chaque nuit, le Conseil se réunit pour prier Dazzrug, le démon, lui offrant occasionnellement des sacrifices.
But : Faire revenir Dazzrug grâce au Conseil des Ombres.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Chompir le samedi 29 décembre 2018, 23:09:58
La cité de Miderlyr, on dit d'elle qu'elle regroupe toutes les origines, qu'on y trouve absolument tout, qu'elle est vivante, de jour, comme de nuit. Elle a été fondée sur les berges de la rivières Aldérane, dans une région de plaine collineuse, par un seigneur de guerre humain dont le nom a été oublié. Elle est actuellement gouvernée par le Haut-Duc Pontifax d’Astragon et son conseil ducal qui siège dans la citadelle sur la plus haute butte de la cité. La ville se découpe en deux parties, la Basse Ville, lieu parfois insalubre ou s'entassent le bas-peuple. La loi du plus fort y règne et les exactions sont mains courantes, mais les rues restent paisibles. On trouve dans les hauteurs, la Haute-Ville, le cercle supérieur de la cité, là où résident les maisons nobles et les dirigeants des corporations et des guildes. On y trouve aussi le grand Collégium Supérieur de Magie, ordre duquel sont formés les plus grands magiciens du monde. Enfin, tout autour de la Haute-Ville se trouve le Grand Hall, haut lieu de commerce où se trouvent les guildes et autres corporations ainsi que nombre de marchands venus du monde entier.

En cette période, à lieu le grand le 33e Grand Tournoi de Miderlyr, un événement tenu une fois tous les dix ans. Pendant deux semaines  ininterrompues auront lieux dans l'ensemble de la cité, des jeux, des joutes, des spectacles, des affrontements théâtraux et encore pleins d'autres animations avec des prix juteux pour les vainqueurs. Dans toute cette effervescence, les vols et autres crimes seront de mises mais la Garde Ducale sera là pour veiller.




21 Juillet

Je suis Hundwiin Drakonia III, prince héritier du royaume de Drakonia, un lointain royaume loin à l'est d'ici. Après une centaine d'année à être formé à l'art de la cour, aux règles de bienséance, aux joutes, au maniement de l'épée, à l'art de la guerre et de gouverner ; j'ai entrepris un voyage initiatique pour mettre en pratique tout mon savoir et pouvoir devenir le meilleur roi possible. Pour cela, quelle meilleure destination que la cité de Miderlyr ? Accompagné de ma garde personnelle, je commençais à voir se dessiner, au loin, cette cité. Elle était bâtie sur le flanc d'une colline, au bord d'une rivière assez large pour y faire du commerce fluviale. Au sommet de la colline, on pouvait apercevoir la citadelle ducale, ainsi que la Haute-Ville, tout autour, se formait le Grand Hall, et à son pied, la Basse-Ville puis les champs. L'ensemble de ce paysage ressortait de la monotonie des champs et des plaines. La ville était construite en pierres blanches et grises, le genre de pierre que l'on ne trouve pas par chez nous. Le haut de la ville est très coloré, les toits colorées viennent habiller les plus hauts bâtiments de la ville. On pouvait observer ce lourd contraste entre les classes sociales d'un seul coup d'oeil. En effet, si on regardait au flanc de la ville, les bâtiments étaient bien plus sombres, plus petits et entassés les uns sur les autres. Enfin, on trouvait quelques maisons aux abords de la ville, près des champs.


Nous n'étions pas les seuls sur la route menant à Miderlyr, en effet, avec l'arrivé du 33e Grand Tournoi organisé par le Haut-Duc Pontifax, nombre de voitures et caravanes se dirigeaient vers la cité. On pouvait deviner de part leur manufacture, d'où elles venaient. Je pouvais reconnaître aussi lesquelles étaient de la noblesse, lesquelles étaient de chevalier. Sur le bas du chemin, marchait un long cortège de gens plus pauvre, venu des villes et royaumes alentours pour venir tenter leur chance aux différents tournois pour espérer gagner les prix. Lorsque nous passions devant eux, nombre de regards se posait sur notre voiture, souvent accompagné d'étonnement. Il faut dire qu'il ne s'agissait pas de n'importe quelle voiture, c'était la voiture royale de Drakonia. Elle était imposante, avec nombre de décors, dorures, écussons, et autres joyeusetés qui montrait l'appartenance. Les vitres étaient couvertes de magnifiques tapisseries draconiennes, le sceau royal de la famille de Drakonia y était cousu dessus au fil d'or. Il s'agissait d'un dragon qui s'enroulait autour d'un rubis, une couronne était dessiné au dessus et deux branches de laurier entouraient le dragon de part et d'autre.
La voiture était tirée par deux des meilleurs chevaux royaux, des chevaux à la robe noire comme le jais, ornés d'apparat royaux. Un seul d'entre eux est capable de tirer une charge de plusieurs centaines de kilos, ils sont grands et robustes, capable de tenir au trot pendant plusieurs jours et sont habitués aux climats les plus rudes.


Tandis que nous arrivions aux portes de la ville, je pouvais distinguer les tentes et arènes qui avaient été érigées pour l'événement, aux abords de la ville. Certaines portaient déjà des étendards pour montrer l'appartenance des chevaliers qui s'y trouvaient, j'arrivais à reconnaître quelques grandes familles nobles très connus de différentes nations mais la plupart m'étaient étrangères, je pouvais néanmoins deviner les origines de certaines selon leurs compositions, couleurs et éléments.
La voiture commença à ralentir, nous passions sous la grande porte d'entrée de Miderlyr, il s'agissait d'une porte fortifiée assez imposante, elle était réalisée en pierre blanche, deux tours venait de chaque côté de la porte, ils mesuraient plusieurs dizaines de mètres et possédaient un toit conique en tuile bleu. Au centre de la porte, se trouvait une grande cloche qui sonnait l'heure. Cette porte montrait toute l'importance de la cité et sa richesse. C'était la porte principale, là ou passait tous les nobles et autres riches marchands. Tandis que nous remontions tranquillement la rue, je profitais d'observer le paysage, nous passions sous le porche menant à la Haute-Ville, il s'agissait d'un large tunnel sous une grande tour qui sonnait l'heure.
Je fis signe à mon chauffeur de chercher un hôtel de ma prestance et de s'y arrêter, quelques instants plus tard, la voiture s'arrêta sur une grande place avec une fontaine en son centre. On ouvrit ma portière et un hôtel luxueux s'éleva devant moi. Il possédait un porche maintenu par deux énormes colonnes de pierre blanche et des parterres de fleurs colorées venaient embellir l'entrée. Le reste de ma garde s'occupa de porter mes bagages à l'intérieur de l'hôtel pendant que j'y entrais. Arrivé à l'accueillie, je me présenta à la jeune femme qui occupait cette tache. Il s'agissait d'une jeune humaine, j'aurai dit la vingtaine. Elle était brune et possédait des yeux verts, elle m'avait l'air assez petite de taille et plutôt mince. Lorsqu'elle me vit, je pu lire un léger étonnement sur son visage, il ne devait pas être commun de croiser des draconiens, même dans cette cité qu'est Miderlyr. Il faut dire que notre royaume était très éloigné et que les draconiens n'avaient pas pour coutume de voyager. Je m'avançai vers elle et me présenta :


« Bonjour mademoiselle, j'aimerai vous demander l'une de vos meilleures suites s'il vous plaît. Je vous pris aussi de libérer quelques chambres, à côté, pour ma garde. Je suis Hundwiin Drakonia III, prince héritier du royaume de Drakonia. Nous occuperons ces chambres pour une durée indéterminée, je vous pris de m'excuser pour cela.

- Nous sommes honorés que vous choisissiez notre établissement pour y résider monseigneur. Nous allons vous conduire à vos appartements. »

Elle appela derrière elle un certain Godfrey, peut de temps après arrivait un jeune humain, il avait des cheveux roux et possédait des taches de rousseur. Il était plutôt grand et se dirigea vers moi, me faisant signe de le suivre. Je fis signe à ma suite de porter les bagages. Le garçon d'hôtel me guida jusqu'au 5ème étage puis m'ouvrit une grande porte donnant sur une luxueuse suite. Un salon énorme, tapissé au sol d'une riche moquette rouge, on y trouvait de somptueux canapés et au fond, une grande vitre donnait vue sur la place. Devant elle, se trouvait des rideaux bleues en soie. Le garçon se retira sans que je puisse le remercier et ma suite déposa mes bagages puis ressortirent. Néanmoins, une personne était restée et se tenait devant moi, il s'agissait de la cheffe de ma garde personnelle, ainsi que de ma servante, c'était une draconienne un peu plus âgée que moi, elle était plutôt grande mais assez fine. Elle était assez belle il fallait le dire et elle était toujours très bien habillée et savait se tenir. Il s'agissait d'une personne de confiance qui servait ma famille depuis son enfance. Sachant qu'elle attendait des instructions, je pris la parole :


« Aarsu, je vous confie la mise en place de ma sécurité lors de notre séjour ici. Je compte sur vos compétences et votre discrétion. Vous séjournerez dans ma suite pour diriger l'ensemble des gardes.

- Bien mon prince, j'accepte ma mission avec honneur et m’assurerai de votre sécurité rapprochée.

- Merci Aarsu, je suis fier de toujours pouvoir compter sur vous, vous ne m'avez jamais déçu depuis mon enfance. Maintenant je vous pris de me laisser me reposer, ce voyage m'a exténué.

-Bien mon prince. »


Je me dirigeai vers la chambre, elle était très luxueuse, un grand lit à baldaquin prônait en son centre, ses draps étaient fait avec les plus belles étoffes de la cité. Sur le côté droit, contre le mur, se trouvait un magnifique bureau fait dans un bois très sombre, surement de l'ébène. Il y avait tout le matériel pour l'écriture de longues lettres : plumes, encre, papier à lettre, cire et cachet au sceau de l'hôtel. Je m'installa sur le lit, ôtant mes chaussures avant, puis je décida de me reposer. Je devais être en forme, j'avais pu lire sur les affiches dans le hall de l'hôtel que le tournoi d'épée aurait lieu demain et je tenais à y participer. Apparemment, il fallait s'inscrire le jour même dans la tente de l'intendante qui gère le tournoi.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Cap le samedi 29 décembre 2018, 23:28:59
Bon, je pars sur un perso pour l'instant, même si j'ai d'autres idées en réserve. Et je lirai les fiches plus tard (mais promis je le ferai) :-*

Btw Chmop plz pas du tout en italique. C'est plus relou à relire :niak:

Nom : Ivyal, dit l'invisible
Age : 16 ans
Race : Humain
Profession : Danseur d'ombres comme il aime le dire, voleur patenté pour l'autorité
Physique : Ivyal a un physique plutôt passe partout, ce qui est plutôt utile dans sa profession. Il possède un visage fin, des pommettes saillantes, des yeux bleus pétillants et une crinière noire de jais. Grand, svelte, élancé, il porte des habits de cuirs à multiples poches, toutes remplies d'objets plus ou moins utiles, mais toujours curieux. A sa taille pend une unique dague, à la lame sombre, un pierre rouge incrustée dans la garde, rayonnant d'une énergie mauvaise. Il ne possède pas d'autres armes apparentes, mais ce n'est pas parce qu'on ne les voit pas qu'elles sont inexistantes...
Mental : Ivyal est profondément épris de liberté. C'est son but, son idéal, et son présent, et il fera tout pour la préserver. Il n'a néanmoins qu'une parole, et une promesse donnée se doit d'être tenue, par tous les moyens. C'est pourquoi Ivyal s'engage peu, pour ne pas compromettre sa liberté.
Vif d'esprit, il manie les mots aussi bien que sa lame, n'hésitant pas à provoquer de quelques piques bien placées. Sûr de lui (peut être un peu trop), il se garde malgré tout de vanter ses exploits de voleurs ; sachant trop bien que les autorités ne sont jamais loin.
Cette assurance lui porte quelques fois préjudice. Ses capacités lui assurant une disparition quasi certaine, Ivyal a tendance à ne pas s'assurer d'une porte de sortie. Sa bonne étoile doit cependant être de la partie, il a toujours réussit à éviter la prison (ou désagrément du genre).
Ivyal est de nature méfiant, les rares personnes ayant sa confiance se comptent sur les doigts d'une main. De ce fait, il a tendance à abandonner ses alliés lorsque la situation se complique (lorsque sa parole n'est pas engagée évidement). On pourrait qualifier ce comportement de lâche, il préfère appeler cela une "disparition programmée pour éviter les ennuis".
Biographie : L'enfance d'Ivyal est celle de tout voleur. Abandonné jeune, il a erré dans les rues de la capitale Arvilyr, volant ce qu'il avait besoin pour vivre. Ses talents ont été vite repérés par la Guilde des Voleurs, qui l'a pris sous son aile, permettant à ses capacités de se développer pleinement.
Ivyal possède en effet des talents particuliers. Il ne sait pas d'où ils proviennent (et cela l'importe peu), mais ils lui sont grandement utiles dans son quotidien. Ivyal est comme protégé par les ombres. Ces dernières le masquent à la vue des gens, tout en renforçant ses capacités. Ce "pouvoir" est appelé à croitre, Ivyal le sens, mais impossible de savoir comment, quand ou pourquoi.
Recrue prometteuse et promis à une place de choix dans la Guilde, Ivyal n'est cependant pas intéressé par le pouvoir. Il se contente des missions confiées par ses supérieurs, sans jamais convoiter leur place. Des missions rares, pour son plus grand plaisir, mais souvent dangereuses ou difficiles, de par ses talents.
La dernière en date l'a conduit en Miderlyr. Il doit tout d'abord en apprendre plus sur la mystérieuse cheffe de la Guilde des Voleurs locale, et son ascension fulgurante. Et, si l'occasion se présente, il doit s'emparer de la Tiare. Après, un défi étant un défi...
But : Enquêter sur la nouvelle cheffe de la Guilde des Voleurs, et s'emparer de la Tiare de Sanderline
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Chompir le dimanche 30 décembre 2018, 00:13:59
Bon, du coup je me rajoute un deuxième perso parce qu'elle me plaît bien :

Nom : Aarsu
Age : 173 ans
Race : Draconienne
Profession : suivante/servante/porte-parole/cheffe de la garde rapprochée du prince Hundwiin Drakonia III
Physique : Mesure dans les 2.07 mètres, pèse 112 kg, elle est fine, assez belle et prend soin d'elle. Toujours bien habillée et se tient toujours droite. Elle possède deux petits cornes, des yeux jaunes brillant et des écailles tournant vers le bleu marine/violet. Ses ailles lui ont été coupées à la naissance car seul les nobles et les chevaliers de Drakonia peuvent en posséder.
Mental : Aarsu est dévouée à Hundwiin, elle est forte mentalement et ne titube devant rien. Elle ne connaît pas non plus la peur, sauf si son prince est en danger ou qu'il disparaît quelques instants. Elle s'inquiète très facilement à propos d'Hundwiin, ce qui lui vaut parfois beaucoup de frayeurs pour pas grand chose. Elle est loyale et obéit aux ordres de son prince. Elle est capable de prendre des initiatives de son plein gré et dirige à la perfection la garde rapprochée du prince. Draconienne à tout faire, elle réalise très bien toutes les taches administrative que peu lui donner Hundwiin. Elle a représentée à plusieurs reprises le prince héritier de Drakonia.
Biographie : Aarsu (servante de l'air) est née d'une servante et d'un noble de Drakonia, le père était un noble qui a payé un peu plus cher sa servante pour s'offrir certains plaisirs. À la naissance d'Aarsu, sa mère fut renvoyée en guise de sanction et les ailes d'Aarsu furent coupées. Elle se retrouvèrent dans la rue, elle est morte quelques années après. Aarsu à vécu une partie de son enfance dans la rue jusqu'à ce qu'un jour, la reine de Drakonia, lors d'une visite royale dans les bas quartiers du royaume comme elle avait l'habitude de le faire pour aider les plus démunis, vu Aarsu et décida de l'éduquer pour qu'elle devienne une servante. À la naissance du prince héritier Hundwiin Drakonia III, la reine mourra. Aarsu jura de protéger le dernier souvenir qu'il restait de la reine, celle qui lui avait donnée une nouvelle vie. Depuis lors, elle a suivi une formation avec les servantes plus âgées du palais royal. Elle jouait aussi avec le prince lors de son enfance et un certain lien s'est créé entre eux, notamment un rôle de confidente. Hundwiin décida de nommer Aarsu comme sa servante avant de lui donner beaucoup d'autres rôles.
But : Protéger et servir le prince Hundwiin Drakonia III, de sa vie, s'il le faut.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Cap le dimanche 30 décembre 2018, 12:38:04
Je suis beaucoup trop hyyyyyyyyyype (https://forums.puissance-zelda.com/puissance-chat/data/public/themes/pz/smileys/fuu.png)



16 juillet

La cité de Miderlyr était en effervescence. Les visiteurs, participants ou spectateurs du 33ème Grand Tournoi, apportaient une vie jamais égalée à la ville. Un brouhaha continu s'échappait des rues, occupées par la foule le jour, et par des ivrognes la nuit.
Je soupirai. Cette foule permettait certes de ne pas se faire remarquer, et de se fondre dans la masse, mais il y avait tellement d'informations à collecter qu'une seconde de répit n'était pas envisageable. Néanmoins, cette taverne était définitivement inintéressante. Savoir que la mère Mich'Ayl avait perdu son chat, ou que Sir Domjian avait ajouté une nouvelle conquête à son tableau de chasse n'était clairement pas ce qui m'intéressait.
Je bu une dernière rasade de bière, particulièrement âpre (et mauvaise à mon humble avis), avant de me lever d'un mouvement fluide. En quelques pas silencieux, j'atteignais la sortie, et je disparu en me glissant dans les ombres.
La nuit était claire, et je fus pris d'une envie soudaine de grand air. L'atmosphère de la ville, saturée de gens, était d'un seul coup oppressante. Trop de gens, trop d'odeur, trop de... J'avisai un tour proche, et un sourire éclaira mon visage. Voilà qui allait me faire du bien.

La tour fut simple à escalader. Les pierres étaient agencées de façon grossière, et les températures chaudes de la fin de l'été avait éliminé toute trace d'humidité. Perché à son sommet, je respirais le grand air, savourant le brouhaha de la ville devenu lointain ainsi que le paysage s'étendant sous mes yeux.
Un battement d'ailes me tira de ma rêverie. Un corbeau s'était posé à mes côtés. Je reconnu immédiatement l'animal du maître de ma Guilde, Maître Syal. Un message était accroché à sa patte, je m'en emparai avant de l'ouvrir. Je reconnu rapidement le code, et déchiffra le message

A l'Invisible,
Cela fait maintenant plus d'une semaine que tu es sur place, et nous n'avons toujours pas reçu de nouvelles. Te connaissant, je me doute que tout va bien, et que tu profites simplement de la ville. Néanmoins, n'oublie pas ce pour quoi tu es sur place, et n'oublie pas non plus que tu n'es pas le seul à avoir cet objectif...
La Dague de l'Ombre


A la fin de ma lecture, un léger sort s'activa, noircissant le papier afin de le rendre illisible. Il ne contenait pas d'informations essentielles ou compromettantes (comme toujours), mais il fallait le faire disparaitre. Je l'avalai.
Puis je m'approchai de la tête du corbeau, murmurant à son oreille une rapide réponse "Je n'oublie pas." avant de reprendre ma rêverie. L'oiseau me jeta un dernier regard empli d'intelligence, avant de prendre son envol. Mon maître aura sa réponse avant le lever du jour. Et moi, je devais me mettre au boulot.



Arrivé dans une ruelle sombre de la Basse-Ville, je m'arrêtai devant une simple porte de bois, surmontée d'un panneau délavé. Les couleurs avaient disparu depuis longtemps, mais un œil avisé pouvait encore deviner la gravure sur le bois. Une simple chope de bière, avec une dague plantée dans son anse. J'étais au bon endroit.
Je frappai trois coups rapides sur la porte, attendis deux secondes, puis frappa de nouveau trois coups. La porte s'ouvrir instantanément.
J'entrai sans hésiter. La porte se referma doucement, mais sûrement derrière moi. Le cliquetis de la serrure me le confirma. J'étais dans un sas faiblement éclairé. Une petite trappe s'ouvrit dans la porte devant moi, et une voix grave en émana.
- Prouvez votre bonne foi.
Évidemment. Ils ne me connaissaient pas, et se devaient d'être prudent. Néanmoins, les échanges entre nos deux Guildes étaient plutôt bons (du moins, jusque là), et je savais parfaitement comment entrer. Sans hésitation, je répondis le mot de passe. Un simple signe dans la gestuelle secrète propre aux voleurs. Confiance.
La trappe se referma instantanément, et le bruit des verrous s'ouvrant se fit entendre. Guilde des voleurs de Miderlyr, me voilà !
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Achileus le dimanche 30 décembre 2018, 13:16:50
20 juin

   Cela faisait trois heures qu'il marchait, habillé d'une longue cape noire. La nuit venait de tomber. Il s'arrêta pour consulter le panneau, sur lequel était marqué l'inscription “Miderlyr”. “Me voilà arrivé”, pensa t il. Il fit quelque pas sur le pavé. Les rues étaient vides. Il marcha plusieurs minutes. A un moment, il vit trois hommes se faufiler dans une ruelle. Il les suivit. Dès qu'il fut à une vingtaine de mètres, l'un des trois se retourna, le vit et appela les autres.
-Eh toi, qu'est-ce que tu fais là, à nous espionner ? Tire toi si tu veux pas d'ennui !
-Des ennuis ? Mais c'est ce que je cherche, justement !
-Comment ça ? Tu va les avoir, dit l'un en lui sautant dessus avec un couteau, et plutôt deux fois qu'une !
-Très bien, dit le voyageur en sortant une baguettes, essqe leva recht !
L'homme au couteau tomba au sol avant de commettre son méfait.
-Voilà ce qui se passe quand on oublie la politesse. D'ailleurs, dit il en s'adressant aux deux autres, vous non plus vous n'êtes pas très polis. Je vais vous corriger !
Il prit le couteau de l'homme mort, et avec une surprenante rapidité, le planta dans le corps d'un deuxième homme. Il n'en resta plus qu'un, ayant sorti son couteau et le brandissant avec terreur.
-Je n'ai qu’une question, mon grand, lâche ton jouet s'il te plaît.
-Jamais !
-Pour qui tu travailles ?
-La g… guilde des as… sassins…
-Intéressant… Tu vois, je ne te veux aucun mal. Baisse ton arme.
L'homme, terrifié, resta immobile.
-Oh, tu ne veux pas le faire… C'est dommage.
Le voyageur frappa l'assassin au pied, puis le prit à la gorge.
-Dis moi, où est donc le repaire de la guilde ?
-D… Dans le v… vieux port.
-Merci beaucoup, mon ami. Tu ne veux plus me voir ?
-N… non.
-Bien, tu ne me verra plus. A vrai dire, tu ne verras plus vraiment personne. Mais n'oublie pas. Si tu penses que je suis le diable, va vérifier, et si c'est le cas, passe lui le bonjour. Le bonjour de la part du Serpent.

   L'homme terrifiant qui se faisait appeler le Serpent pénétra dans l'enceinte du vieux port de Miderlyr. Il vit que derrière l'un des entrepôts brillaient une faible lumière.
-Me voilà arrivé.
Il se dirigea vers cette lueur, et découvrit une vingtaine de personnes en train de s'activer à différentes tâches. Certains aiguisaient leurs lames, d'autres classaient des dossiers.
-Bonjour à tous, cria le nouveau venu, je suis bien arrivé à la guilde des assassins ?
-Oui, maugréa un homme, ou ce qu'il en reste. Depuis que la guilde des voleurs a un nouveau chef, elle a pris de l'ampleur, et nous a écrasés par la suite.
-Vous m'avez l'air bien mal en point, dit le Serpent en ricanant. Je suis là pour vous remonter le moral. Qui est votre chef ?
-Il a disparu hier, sûrement tué par la guilde des voleurs.
-Écoutez moi bien, dit le voyageur en montant sur un tas de planches, je me présente, je suis le Serpent, votre nouveau chef. Désormais, vous êtes la guilde des assassins. Vous êtes le mal. Vous n'êtes pas là pour de stupides piécettes, contrairement à la guilde des voleurs pathétiques. Vous êtes de vrais criminels, ici pour détruire l'ordre établi. Alors, montrez aux gens de cette ville pourrie votre vrai visage ! Montrez leur que vous ne craignez rien ! Plongez cette ville dans le chaos ! Je veux que bientôt, mon seul nom terrorise la population entière !
Il partit sous des tonnerres d'applaudissements, et un homme s'avança vers lui.
-Fantastique, vous étiez fantastique !
-Merci. Est-ce qu'il y a un événement particulier en ville, pour nous présenter à la population ?
-Il y a le grand tournoi, dans un mois.
-Parfait. Cela nous laisse le temps de nous préparer. D'ici là, allez recruter de la main d'œuvre en ville.
-Mais monsieur, et s'ils refusent ?
-Vous êtes un assassin, non ? Montrez leur qu'il n'y a pas d'autre choix possible.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Sentinelle le dimanche 30 décembre 2018, 14:56:22
Nom : Judith Leiris.
Âge : 25 ans.
Race : Humaine.
Profession : Forgeron.
Physique : Judith est une jeune femme blonde d’une taille moyenne. Elle porte généralement ton tablier de forgeron descendu jusqu’à la ceinture pour lui laisser plus de liberté de mouvement lorsqu’elle ne travaille pas. On la voit souvent avec ses lunettes sur la tête, elles sont une protection de sa fabrication pour ne pas se brûler le visage en forgeant. (Ewi c'logique.)
(une image sera plus parlante, je vous ai concocté un dessin très rapide)
(Cliquez pour afficher/cacher)

Mental : Judith est quelqu’un de très jovial, très rieur. Elle rit d’ailleurs à longueur de journée. Si elle sait être mature et sérieuse lorsque la situation le requiert, elle passe tout de même la plupart de son temps à blaguer. Elle est d’un ordinaire très charmeur également, et ne se gêne pas pour séduire les jolies demoiselles qu’elle croise. Ce qui a d’ailleurs un don pour agacer son entourage proche qui la croient sans espoir à ce niveau-là.
Nous pourrions ajouter qu’elle est très maladroite, elle arrive à éviter nombre de catastrophe à la forge grâce à son savoir-faire incroyable, mais elle se blesse souvent partout ailleurs. Elle commence d’ailleurs à croire que les meubles de sa maison lui vouent une haine particulière pour qu’elle se cogne sans cesse le petit orteil dedans.
Globalement, elle est assez forte mentalement, elle arrive à faire face aux difficultés avec courage, mais se sent souvent très seule et ne dirait pas non à un peu d'aide lorsqu'elle se sent mal.

Biographie : Née d’un père et d’une mère forgeron, il n’est pas étonnant de la retrouver auprès de la forge et des métaux à sa vie adulte. Elle a appris ce métier toute sa vie et se passionne des armes, armures, ou tout autre objet forgé de la main de l’homme. Le forgeage est pour elle un art à part entière, pas seulement son métier, et elle le prend très à cœur. Son enfance n’a rien de bien particulier, son père était strict, mais rarement violent, sa mère était aimante. Ses parents sont partis habiter dans un village plus calme il y a quelques années de cela, lui léguant la forge avec confiance. Fille unique, elle n’aura rien à partager avec quelque frère ou sœur encombrant. La majeure partie de son temps est rempli par le forgeage ou la séduction ratée. (Car si je ne l’ai pas mentionné plus tôt, ses tentatives de drague marchent très rarement, elle n’est pas très douée.) Elle passe également une bonne partie de ses nuits à dessiner des plans pour une épée qu’elle pourrait qualifier de légendaire. Non pas une épée magique ou dotée de quelque pouvoir, mais une épée si finement forgée qu’elle en deviendrait une œuvre d’art.

But : Forger une épée « Légendaire » de ses propres mains. ( Accessoirement : réussir ses plans de séduction de temps en temps...)
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Yorick26 le dimanche 30 décembre 2018, 15:28:35
Hésitante, elle appuya sur la clenche de la lourde porte en bois en essayant de faire le moindre bruit possible. Lorsqu’elle poussa le battant un rai de lumière pénétra dans le couloir et une voix se fit entendre :

« Encore raté. Peut-être la prochaine fois. Oh, mais voyons. Ne restez pas béate comme cela derrière cette porte. Ne vous inquiétez pas, vous êtes la troisième servante que l’on m’attribue qui essaye de me surprendre en plein sommeil.
-   Oh non. M… ma Dame. Je ne voulais pas vous surp…p…prendre. Je souhaitais simplement ne pas vous réveiller trop violemment.
-   Combien de fois devrais-je vous répétez qu’il n’y a pas de ma Dame. Je ne suis qu’une employée de la maison, tout comme vous. J’insiste alors pour que vous me considériez comme votre égal. Je ferai de même de mon côté. J’ai certes appris à me comporter convenablement en société, mais ici, dans cette pièce, nous laissons de côté les étiquettes.
-   Bien ma Dame.
-   Joseffa. Faites un effort.
-   Je vais essayer. Sachez cependant que Sir Du Murié vous attend dans l’arrière-boutique. Il semblerait que ce soit urgent car il m’a fait mander auprès de vous en pleine nuit.
-   Je vois. J’arrive de ce pas. Dois-je vous suivre ?
-   S’il vous plaît. »

Cheiralba ne s’inquiétait pas outre mesure de ce rendez-vous nocturne. Le patriarche de la famille connaissait bien les habitudes de Cheiralba. Elle ne dormait toujours que d’un œil et était toujours sur le qui-vive. Elle mentait cependant lorsqu’elle affirmait qu’il s’agissait de la troisième domestique qui essayait de la surprendre en train de dormir. En réalité, toute employée de la maison des Du Murié s’étaient amusés à ce petit jeu, mais aucune n’avait réussi. Cheiralba sentait les vibrations de la soie. Dès son plus jeune âge, elle avait su tirer parti de cette capacité. Ne jamais être surprise. Ne jamais révéler sa véritable nature par inadvertance. Tout était prémédité, calculé et contrôlé. Ainsi, Joseffa n’avait pas quitté la pièce dans laquelle Sir Du Murié avait transmis ses ordres que le sixième sens de la chimère l’avait prévenu de son approche. Elle s’était alors redressée, s’était préparée en se coiffant et enfilant sa robe à crinoline et son corset spécial.
La jeune fille la précédait de quelques pas et avançait à l’aide d’une chandelle qu’elle tenait à l’aide d’une coupelle munie d’une anse. Les bougies faites de cire blanche étaient réservées au membre de la famille Du Murié. Cheiralba n’avait pas besoin d’éclairage pour se diriger. Elle connaissait parfaitement les lieux. A dire vrai, elle voyait très mal. Les jours de fatigue, elle était incapable de déchiffrer les messages qu’on lui adressait. Les Du Murié l’avait pourtant confié à un précepteur discret pour qu’il lui apprenne les rudiments de la lecture, assez pour comprendre les directives et les commandes qu’on lui demandait. Mais malgré cela, ses yeux ne voulaient cependant pas s’adapter et voyaient flou si bien qu’une domestique prenait la peine de lui lire ou qu’elle devait attendre que ses yeux se soient reposés pour arriver les signes couchés sur le papier.
Bientôt elles arrivèrent devant la porte menant à l’arrière-boutique. La jeune servante s’arrêta pour attendre Cheiralba qui marchait toujours quelques pas en arrière. Elle s’apprêta à appuyer sur la poignée lorsque la Dame blanche lui pria de ne rien faire :

« Laissez Joseffa. Je vais me débrouiller à partir de maintenant. Merci de m’avoir accompagnée. Allez donc vous coucher, il est bien trop tard ou bien trop tôt pour être éveillée. Demain sera une journée chargée et j’aurais besoin de vous vive et reposée. »

Sans attendre que la servante se soit assez éloignée Cheiralba franchit la porte et entra. La pièce était un fourre-tout compatible avec l’expression « désordre organisé ». Des rouleaux de tissus étaient entassés dans des cases sur les quatre murs avec des petits écriteaux placés en dessous de chacune d’elle. On pouvait y lire les caractéristiques de chaque toile : le nombre de fils utilisés, sa finesse, sa résistance, sa couleur et ses utilisations préférentielles. Au centre se tenait Horatio Du Murié qui congédiait son propre domestique. Cheiralba s’avança avant que ce dernier soit sorti et jeta un coup d’œil à la table qui se trouvait au centre de la pièce. Il s’agissait d’un meuble qui se voulait pratique. Il était assez haut pour ne pas avoir à trop se pencher pour utiliser ce qu’on y posait dessus. Habituellement, il était recouvert d’échantillon et de ciseaux, d’aiguilles et de mètres ruban. Elle avait été rangée à la fin de la journée et était maintenant mise à nu. Horatio prit sans attendre la parole :

« Peut-on parler librement ?
-   Si vous voulez savoir si des oreilles indiscrètes écouteraient à nos portes, je vous demanderai alors de bien vouloir patienter. Le temps que j’aille réitérer mes recommandations d’aller se coucher. Elle doit vouloir m’accompagner jusqu’à ma chambre. Veuillez m’excuser. »
Cheiralba se retourna par là où elle était rentrée. Joseffa ne put pas feindre de s’être relevée précipitamment en l’entendant revenir. La Dame blanche avait senti les tissus se frottaient entre eux dans le mouvement à travers la porte. Lorsque la lumière de l’arrière-boutique illumina les traits de la jeune domestique, elle révéla une surprise mêlée à la crainte.
« Chère Joseffa, je pensais avoir été claire. Il est une heure indue pour rester debout. Ne vous inquiétez pas, je retrouverai mon chemin. Retournez vous coucher, s’il vous plaît. Ne me forçais pas à vous accompagner jusqu’à votre chambre. Nous gagnerons toutes les deux du temps.
-   Bien ma Dame.
-   Encore un conseil que vous avez du mal à appliquer. Je ne suis pas votre Dame, et vous n’avez pas à m’attendre. Sur ce, je vous souhaite une bonne fin de nuit. J’espère que je n’aurais pas à me répéter.
-   Vous n’aurez pas à vous répéter, ma Dame. »

Reconnaissant sa énième erreur, la jeune servante tourna les talents rapidement et disparu dans le couloir. Quant à Cheiralba, elle retourna auprès de Sir Du Murié.

« Nous sommes enfin seuls. Vraiment seuls.
-   Je crains fort que nous allons devoir recommander Joseffa à une autre famille de la guilde. Elle fait un très bon service, mais une piètre espionne.
-   Laissez-lui une chance, ce serait la deuxième ce mois-ci que nous congédierions. Laissons-lui comprendre qu’elle a plus d’intérêt à nous être loyal qu’à nous espionner. Nous pourrions même la retourner contre son commanditaire et savoir qui en veut la famille.
-   Vous tenez le même discours à chaque fois. Nous avons certes des moyens de nous prémunir de fuites de notre secret que nous avons réussi à éviter jusqu’à maintenant, mais cela ne durera pas éternellement. Ce n’est surtout pas le moment. Sachez que notre famille va être encore une fois le sujet de toutes les rumeurs.
-   Que se passe-t-il ?
-   Vous vous souvenez d’Isabelle Valérianne, je suppose.
-   Oui, bien sûr. Je n’ai pas eu l’occasion de lui parler, mais les conversations qu’elle entretenait lors des soirées où nous étions toutes les deux conviées étaient enrichissantes et pleines de gentillesse.
-   On ne se fait pas une vie avec de la gentillesse, vous le savez bien. Son père également. Le pauvre Garfield est fou de chagrin. La rumeur dit qu’elle a été retrouvée dans la Basse-Ville. Les détails sont macabres. Je préfère éviter de les mentionner, non pas par pudeur, mais par crainte de ne dire que des mensonges et des racontars. Nous en saurons plus plus tard.
-   C’est affreux. La pauvre. Qui a bien pu faire cela ? Les gardes ont-ils attrapé le criminel.
-   Nous ne savons rien pour l’instant. Les autorités n’ont pas été impliquée jusqu’à maintenant. Ils seraient trop contents de mettre leur nez dans nos affaires et de régir notre commerce.
-   Quelle est notre implication dans cette histoire ?
-   Officiellement aucune évidemment. Mais les circonstances sont telles que les accusations partent dans toutes les directions et finiront bien par retomber sur nous. Les marchands accusent tour à tour les familles concurrentes des Valérianne. En échange, les membres de la guilde suspectent la corporation d’avoir placé le couteau sous la gorge de Garfield pour lui faire baisser nos prix, mais que ça s’est mal passé. Cet homme qui hier était si fort est aujourd’hui inconsolable. Il demande justice entre deux apitoiements. C’est aujourd’hui sa femme Carla qui semble prendre les choses en main. Elle nous a convié à une réunion. Nous nous doutons de ce que nous attendrons, mais nous ne pouvons pas ne pas y assister. Notre absence serait plus que malvenue. Tous les chefs de famille ont été « invités », mais aussi les maîtres des guildes des tanneurs, des teinturiers, des agrémentistes, des couturières, des tailleurs. Le Trium de la Corporation du textile sera également présent. Il s’agissait de leur fille unique et Dame Valérianne ne peut pas plus avoir d’enfant depuis sa dernière fausse couche. C’est leur famille qui est complètement dévastée, mais je crains que notre économie soit également impactée.
-   Nous vous faisons tous confiance pour qu’on tire cette situation au clair.
-   Hélas, cela prend une ampleur que je n’aurais pas soupçonné. Cette réunion est exceptionnelle et n’annonce rien de bon. On n’impose pas un rassemblement tel alors que nous sommes tous accaparés à nous préparer pour le tournois. Vous savez très bien que nos profits sont les plus importants en cette période. Les étrangers arrivent par centaines pour découvrir nos produits. Sans compter les commandes effectuées par la ville et par le Haut-Duc Pontifax d’Astragon en personne pour le tournois. Il est primordial que nous sauvions notre économie. C’est pourquoi j’aimerai que vous m’accompagniez demain.
-   Ce n’est pas ma place, Sir. C’est la place de votre femme Khayn.
-   Elle sera également là. Cependant ta présente possède un double intérêt. Elle témoignera de la sincérité de nos condoléances, mais je compte également sur tes capacités afin d’avoir le plus d’informations possibles. Je ne peux pas m’empêcher de penser que le responsable de l’assassinat sera présent lors de cette réunion.
-   Je vois. Je tâcherai de me rendre utile.
-   Merci. Je suis désolé de vous imposer cela. Je sais bien que vous avez beaucoup de travail avant que le tournois ne commence.
-   Ce n’est rien. Si c’est pour le bien de la famille, ce n’est en rien une obligation. Ce sera fait volontiers. »

Cheiralba baissa les yeux. Elle réfléchissait. Ce n’était effectivement pas un simple assassinat. Bien qu’il ne touche pas la famille Du Murié directement, les conséquences pourraient être imprévisibles pour toute l’économie de la ville.

« Où aura lieu la réunion ? Et quand ?
-   Ne vous inquiétez pas des détails. Je vous ferai mener un domestique pour venir vous chercher et vous accompagner jusqu’au lieu de la réunion. Nous ne connaissons pas encore les commodités. En attendant, je vous demande de faire comme d’habitude et de ne pas mentionner cette conversation à qui que ce soit. Vous pouvez vous retirer et vous reposer, ou au moins faire semblant.
-   C’est évident. Je vous souhaite une bonne fin de nuit. »

Cheiralba sortit alors et arpenta les couloirs en réfléchissant aux révélations qu’elle venait d’entendre. Elle ne pouvait pas faire grand-chose à part attendre que cette réunion ait lieu. Elle n’arriverait pas à dormir. Elle n’avait cependant jamais dormi de sa vie, cela n’était pas près d’arriver tant qu’elle ne serait pas morte. Elle avait par contre un peu d’ouvrage en retard à rattraper. Peut-être qu’en se dépêchant, elle pourrait se confectionner une nouvelle robe pour la réunion du lendemain. Elle aurait aimé porter les couleurs traditionnelles du deuil dans ce pays, mais elle n’avait pas le temps de faire appel à un teinturier pour qu’il utilise ses colorants. De plus, elle n’était pas censée être au courant de cette réunion et de l’assassinat d’Isabelle Valérianne. Tant pis, elle ferait comme à son habitude. Demain, elle serait la Dame blanche.

Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Vaati the Wind Mage le dimanche 30 décembre 2018, 19:01:56
Je marchais paisiblement dans les couloirs du Colegium. Souriante, le regard pétillant, comme d’habitude. Je portais mon masque d’étudiante banale et heureuse. Mon nom est Imielda Shabah, et aux yeux du monde j’ai 17 ans. Je suis convoquée chez Sir Kaylipt, le directeur de cette maudite école. Je vis  mes « amis » me sourire, et je leur fis  mon plus joli sourire en retour. Je ne devais pas attirer l’attention. Arrivée devant les lourdes portes de bois, j’ai toqué trois coups annonçant mon arrivée, puis pénétra dans le bureau de Sir Kaylipt. Le vieil homme observait paisiblement la cour de son école, tortillant sa longue barbe en même temps. Il daigna enfin se tourner vers moi, et me lança un magnifique sourire factice.
« Ah, Imielda. Je t’attendais. Je t’en prie, assieds toi je t’en prie. »

Je pris le siège en face de lui, toujours en train de jouer les filles normales. 

« Imielda. Tu es une étudiante modèle, la meilleure de cet établissement. Tu as des capacités vraiment... étonnantes pour ton jeune âge. Mais je n’aime pas tourner autour du pot : Imielda, une élève est venue me voir pour me dire qu’elle t’avait vu présider le Conseil des Ombres dont les étudiants ne cessent de parler. Elle avait apparemment suivi certains de vos membres après avoir enquêter. Sâche que je suis très déçu de...
-  Qui vous l’a dit ?
- Imielda ce n’est pas le problème. Qui qu’elle soit elle m’a parlé de vos rituels... Imielda, tu te rends compte que ce que tu as fais est...
-Je vous ai demandé, dis je ne me penchant sur le bureau, de me dire qui vous l’a dit. »

Je vis son regard changer. Mes yeux étaient plongés dans les siens. Je savais ce qu’il se passait : mon regard prenait la couleur de l’or, et j’etais en train de manipuler son esprit. Bien sûr il luttait. Plutôt bien même, mais il ne pouvait rien face à moi. 10 ans plus tôt, j’aurais probablement été défaite. Tout ce qui importait, c’était que quelques instants plus tarde, je quittais son bureau, toujour souriante, et que lui était persuader que je n’etais qu’une excellente étudiante, et une jeune femme tout à fait sympathique, et qu’avant d’oublier mon hypnose il m’avait avoué le nom de la garce qui m’avait dénoncée. La tuer ? Trop suspect. Je me suis approchée d’elle, doucement, sans laisser paraître ma rage. J’ai plongé mon regard dans le sien. Puis je suis partie, l’air de rien, comme si on s’était juste saluées. Je n’avais plus m’en faire à son sujet. Mon nom est Imielda Shabah, et je suis une vampire de 394 ans.  Le reste de la journée fut comme les autres: d’un ennui mortel, même pour une immortelle. Effectivement, je surpassais de loin tous ces abrutis, et j’etais obligée de me limiter pour ne pas me dévoiler. Effectivement, trois siècles d’avance crééent un certain fossé. Je savais lancer des sorts sans prononcer un mot, je devais quand même les dire, faire quelques erreurs pour ne pas créer de soupçons.  Le soir vint enfin, le Conseil des Ombres pouvait se réunir. Ayant réaliser l’erreur de laisser les portes du théâtre abandonné où nous nous réunissions ouvertes, au cas où de nouveaux arrivants souhaiteraient nous rejoindre, j’attendis que tout le monde vint pour les fermer d’un sort. Le théâtre, de forme circulaire, me plaçait en son centre. Premièrement, nous avons priés Dazzrug en silence. Dazzrug. Le seul qui, rien que par ses mots, me procure un immense plaisir. Dès que j’ai entendu ses mots pour la première fois, j’ai senti des frissons de bonheur me parcourir le corps. Je l’aime, et son retour me permettra non seulement de me révéler, mais aussi de vivre pleinement mon amour. Il reste toujours avec moi, m’accompagne et me conseille. Les prières finies, je leur annonça la bonne nouvelles :
« Les chers frères, mes chères sœurs. Sâchez que nous avons été épiées. Une jeune fille, parmi nos camarades, a décidé de nous dénoncer. Mais n’ayez crainte, elle a reconnu ses erreurs, et veut être pardonner.  Accueillez donc notre sacrifice : mademoiselle Tia Elmia. »
La jeune fille s’avança. Son visage ne transmettait aucune émotion. Elle portait une tunique blanche, et tenait un immense couteau. Elle s’agenouilla. Elle pria. Elle leva son couteau. Elle se suicida. Son corps s’abbatit sur le sol, et son sang coula sur le sol, et tomba dans la fosse qui entourait le théâtre. Le souffle de Dazzrug se fit entendre, le faisant frissonner de plaisir. D’un regard, et d’un geste de main, son corps fut dévoré par des flammes noires. Le reste de cette réunion s’écoula sans encombre, comme cela devait être. Je congédia mes fidèles, et me dirigea vers la basse ville. Il était temps d’exécuter ma proie. Chaque nuit, je suis une proie. Je l’observe, tapie dans l’ombre. Puis je passe à l’attaque et la vide de tout son sang. Il m’arrive de me rendre dans la Haute Ville, pour dévorer quelque noble ou influent de cette ville. Isabelle Valérianne était de ceux là. Je l’ai suivie plusieurs jours, ai observé chacun des faits et gestes. Et pourtant, à l’heure de la tuer, quelqu’un m’a devancé. Je ne sais pas qui, et je m’en moque. Néanmoins cela m’a rendu très... confuse. J’ai massacré tout un groupe d’ivrognes de la basse ville pour passer mes nerfs. Mais bon, ce genre de chose arrive.

En ce jour là, ma proie était un modeste marchand d’epices. Il venait de quitter un bar. J’attendis qu’il passe par cette ruelle sombre qu’il devait prendre pour rentrer. Je me fondis juste devant lui, exhibant fièrement mes crocs que je fais, d’ordinaire, cacher. Paniqué, il sortit un petit couteau de sa ceinture, et me l’enfonça dans le cœur. Je ne pus réprimer un gémissement de plaisir. La douleur est la dernière chose qui me fait encore sentir vivante. Je lui souris, et retira le couteau de mon cœur.
« Alors, on ne t’as jamais dis comment tuer un vampire ? »

Il était sanglot. C’était parhétique. Le goût de son sang était moins bon que celui d’un riche de la haute ville, qui était en bonne santé, mais plutôt correct. J’avais repéré dans les participants du tournoi un draconien. Je n’ai jamais goûté le sang d’un draconien. Je n’y n’y risquerai pas, malgré ma force supérieure à celle d’un humain ou double elfe, un draconien me surpasse. Le forcer à me rejoindre pour que sa force m’appartienne ne sera pas une mince affaire: il parait que les draconiens vivent exceptionnellement vieux, et s’il a plus de cent ans mes pouvoirs ne sont pas encore assez développés pour manipuler un être aussi développé. Mais bon, qui ne tente rien n’a rien ...
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Sentinelle le dimanche 30 décembre 2018, 22:24:25
Judith Leiris est dans la place !



Je respirai péniblement tandis que j’eus bientôt terminé mon dernier ouvrage. Une lame fine, fabriquée avec passion, forgée dans les flammes que j’entretenais depuis ce matin… Mais très clairement imparfaite. Je n’en étais pas très fière. Mais les affaires marchaient bien ces temps-ci, les précédentes commandes furent vendues en peu de temps. C’était peut-être lié à l’arrivée prochaine du Grand Tournoi.
Je ne m’y connaissais pas vraiment en affaires, je faisais plutôt du marchandage et mes compétences me permettaient de vivre, c’était tout ce que je nécessitais, mon enseigne "Lames Leiris" attirait probablement la clientèle par son nom audacieusement choisi. (J'en étais évidemment à l'origine, et je le trouvais fantastique, bien que je sois certainement la seule.)

Il était tard, le soir tombait doucement et me faisait signe d’éteindre ma chère forge. Dès que j’eus terminé avec ceci, je redressai mes lunettes de protection sur mon front et déboutonnai le haut de mon tablier afin que celui-ci retombe sur mes hanches et me laisse davantage de liberté. J’avais été au marché ce matin, le Grand Hall offrait une quantité incroyable de denrées alimentaires différentes voire exotiques, ce qui n’était pas pour me déplaire.
Mais surtout, cela voulait dire que j’avais ma soirée de libre !
Je n’avais qu’une seule envie, aller me ressourcer à la taverne.
Une fois que j’eus poussé la porte, je fus agressée par toutes sortes de choses : De fortes odeurs d’alcool et de nourriture, de torrides discussions agrémentées de cris, un brouhaha de chaises qui se percutaient. Typiquement le genre d’ambiance que j’appréciais en buvant une bière.
Je fis signe à la tavernière – plutôt mignonne, avouons-le, de venir prendre ma commande, et demandai promptement une bière brune qui me fut apportée dans les minutes suivantes.
Je pris mon temps, et au bout d’une vingtaine de minutes, je me relevai, ma soif étanchée, et me dirigeai sans grande conviction vers un grand panneau de bois vers l’entrée de la taverne.
Ce grand panneau de bois, c’était un tableau d’affichage, les gens pouvaient y accrocher des requêtes, des avis de recherches, les annonces officielles s’y trouvaient souvent aussi. Et moi, j’aimais bien les lire, il y avait des fois des choses amusantes.

« Enfants perdus :

-Mimilyn, 6 ans, blond, yeux marrons, très craintif. Perdu de vue dans le Grand Hall ce matin. »

Les avis de recherches pour enfants perdus ne m’amusaient cependant pas beaucoup, bien que le nom de celui-ci fut réellement ridicule. Je laissai mon regard se perdre sur le reste des affiches.

« LA MÈRE MICH’AYL A PERDU SON CHAT, SI VOUS LE VOYEZ, MERCI DE LE LUI RETOURNER DE TOUTE URGENCE. »

Ça par contre, c’était plutôt drôle. Un dessin du dit chat était joint en dessous, on arrivait à reconnaître le chat plutôt bien, un gros chat roux, borgne, la queue coupée et les pattes arrière toutes blanches, mais l’expression dont il avait été dotée était digne de louanges. Il était hilarant. Cette affiche devait être affichée au moins quatre fois sur ce panneau, elle y tenait à son matou ! Il était probable qu’elle ait affiché ceci dans toutes les tavernes de la ville, j’entendais même quelques clients en rire derrière moi. Elle vivait apparemment très près de chez moi, je n’étais pas sûre d’en être bien ravie.
Finalement, je restai près d’une demie-heure dans la taverne, avant d’en ressortir. Sur le chemin de ma petite maisonnette, j’aperçus un animal laid et taciturne. Il s’agissait sans nul doute du chat de la Mère Mich’Ayl, ça alors, quelle coïncidence ! Mais alors, cela voulait-il dire que j’étais moralement obligée de le lui rapporter maintenant… ?
Oui, indubitablement, c’était son chat, il était assez atypique, dur de ne pas le reconnaître immédiatement, de plus, il avait un sale caractère. Une fois que j’eus fini de tergiverser, je m’approchai de la bête pour l’attraper.
Je réussis, mais ne pus m’en sortir sans quelques griffures, quelle saleté, alors que j’essaie de le ramener à sa maîtresse !

Je décidai de m’en occuper demain et de le ramener chez moi en attendant. Arrivée à ma maison, une vieille dame me courut après en criant: « MON CHAT, MON CHAT !! » 
Elle me le vola des bras en un rien de temps, elle paraissait beaucoup trop en forme pour son âge… Enfin, la Mère Mich’Ayl avait retrouvé son gros chat roux a priori grâce à moi… J’imagine que ce n’est pas une mauvaise fin de journée.
Ma forge eût le temps de s’éteindre complètement pendant mon absence, seul mon sommier m’attendait désormais, et je ne me fis pas prier.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Great Magician Samyël le lundi 31 décembre 2018, 03:00:57
Content de voir que tout le monde est motivé ! Je mets le pied à l'étrier, je comptais faire plus mais la fatigue ma gagne je poursuivrais plus tard.

J'ai décidé de commencer à dater mes parties, pour qu'on puisse s'y retrouver, temporellement parlant. J'estime que Hundwiin arrive à Miderlyr le 21 Juillet, ça sera notre point de repère. Les festivités commencent donc le 22.

Enjoy !


__________

16 Juillet
   

   -Filleul, me dit-elle sur un ton qu'elle voulait probablement calme mais qui faisait un bien piètre effort à cacher l'excitation mal contenue de sa voix.
   Elle se dressait bien droite dans la lumière de l'aube, les mains sur les hanches, le regard fixé à l'horizon, sur la masse sombre et trapue de Miderlyr. J'étais, quant à moi, à genoux à ses pieds, m'échinant à sangler fermement les grèves de sa maudite armure.
   -Aujourd'hui est un jour glorieux. Rend-toi compte. La dernière fois que j'ai posé les yeux sur cette fière cité, c'était il y a dix ans. Elle m'avait alors avalée, mâchée et recrachée comme une malpropre, percluse d'hématomes et de cicatrices. Et bien nous y revoilà. Elle nous attend de pied ferme. Ma revanche sera glorieuse. L'on en parlera encore dans dix ans, dans vingt ans. Attend toi à entendre des chants sur les exploits que j'y accomplirai.
   Sans le voir, j'imaginais assez facilement le sourire suffisant qui devait s'être dessiné sur ses lèvres. Je relevai les yeux au ciel, grognant en forçant sur la sangle de cuir qui me résistait.
   -J'ai hâte d'y être, dis-je, pince-sans-rire.
   Comme à l'accoutumée, l'ironie de ma réponse lui passa au-dessus.
   -Je me doute bien ! s'exclama-t-elle. Qui pourrait passer à côté de pareille occasion de se faire un nom ? En tant que mon écuyer, il te faudra, toi aussi, faire tes preuves. J'ai beaucoup d'attentes à ton encontre.
   Je me figeai une seconde. Un frisson glacé me parcourut l'échine.
   -Je ne pense pas que les écuyers soient acceptés sur la lice, ma dame, avançai-je.
   -Oh ? Penses-tu ? Hmm... Il est vrai que je n'en ai jamais vu combattre sur le pré. J'avais simplement imaginé que leurs parrains ne les estimaient pas prêts. Ah ! Quelle déveine. Il nous faudra enquêter. J'étais très impatiente de te voir mettre mes enseignements à l'épreuve.
   -Dites moi si c'est assez serré, fis-je innocemment pour esquiver sa remarque.
   Elle fit deux pas en avant puis hocha la tête.
   -C'est parfait, comme d'habitude.
   Elle me tendit la main, m'aidant à me relever. J'en profitai pour lui jeter un coup d’œil critique, admirant mon travail par réflexe. En tant qu'écuyer, il faisait partie de mes attributions d'armer ma marraine chaque fois qu'il l'était nécessaire. Je détestais ça, au début. Le processus était laborieux et long. Il fallait attacher, sangler, s'assurer que rien ne bougeât de trop. Se souvenir de chaque partie, cubitières, jambières, solerets, éperons, épaulières, plastron. Et surtout, parvenir à la faire rester en place suffisamment longtemps pour finir de l'harnacher. Ce qui n'était pas une mince affaire.
   Mais la tâche, aujourd'hui, ne n’importunait plus autant, découvris-je subitement. Il y avait dans ce rituel une familiarité, un train-train confortable qui avait quelque chose d'apaisant. Et puis il m'était maintenant bien plus facile de l'occuper. Il suffisait de lui demander une histoire. Elle en avait des tas. Toutes sur elle, principalement.
   Satisfait, je lui tendis finalement son baudrier, auquel pendait sa lourde épée dans son fourreau richement décoré. Elle le prit en hochant la tête et l'attacha autours de sa taille. Elle avait fière allure une fois entièrement équipée, il fallait le reconnaître. Son armure intégrale avait été forgée dans un acier léger et légèrement bleuté, toute en courbes douces et élégantes. Son tabard recouvrait son plastron, arborant fièrement le cerf blanc d'Euphorie sur sa poitrine.
   -Ne tardons plus, filleul. Il me hâte de gagner la citée. Une bonne choppe nous fera le plus grand bien après ces semaines passées sur les routes à manger de la poussière.
   -Tâchons de ne pas faire d'esclandres, cette fois, grommelai-je.
   -Ce rustre l'avait bien cherché, rétorqua-t-elle en balayant ma remarque d'un geste de main dédaigneux. Quoi qu'il en soit, il y a une autre raison, bien plus importante, à mon impatience. Mon cher petit papounet est venu spécialement pour nous soutenir et d'après sa missive, il devrait déjà être intra muros ! Ah ! Oui, vraiment un jour glorieux.
   Il y avait toujours quelque chose de déroutant à entendre les mots « cher petit papounet » sortir de la bouche de cette géante toute parée d'acier, surtout sachant qu'ils étaient prononcés avec le plus grand sérieux. Malheur à ceux qui oseraient ricaner, faire une remarque ou à mal dire de son père. J'y étais cependant trop habitué pour que cela me fît encore réagir.
   Sentant son excitation gonfler, je m'empressais d'éteindre notre feu de camp et de ranger les restes de notre petit déjeuner dans les fontes de Caramel, notre cheval de trait, avant d'attraper sa bride et de le presser en avant, ma dame d'Euphorie ayant décidé de ne plus attendre, sa haute silhouette caracolant déjà à travers les hautes herbes en direction de la poussière de la grande route.
   Trouvant enfin un peu de répit et de calme, je ne pus m'empêcher de soupirer. Miderlyr. Un énième tournoi. Toute l'envie que j'aurais pu éprouver à pouvoir visiter cette citée légendaire était mouchée par l'idée que j'allais y passer la majorité de mon temps à suivre ma marraine et vaquer à mes devoirs d'écuyer. Et la connaissant, nous allions surtout écumer les tavernes et rôder près des lices, à attendre que son tour vînt de massacrer le pauvre hère qui aurait été désigné comme son adversaire.
   Cela me désolait, presque. Le Collégium de Miderlyr était parmi les plus réputés et que n'aurais-je donné pour pouvoir explorer le Grand Hall tout mon soûl. Mais telle était ma condition. Non pas qu'elle fut entièrement déplaisante. Ma dame d'Euphorie, bien que simplette d'esprit, était une femme juste et consciencieuse, à tout le moins. Il m'était déjà arrivé de croiser d'autres écuyers bien moins fortunés sur les abords des lices, qui me parlaient de bastonnades fréquentes, de rabrouements, d'humiliations publiques.
   Moi, je n'avais que les bleus récoltés à l'entraînement à montrer comme preuve de sa malice. Ou de son absence de, devrais-je dire. J'avais souvent la sensation d'être l'adulte et elle l'enfant. Elle était ainsi, entêtée, toujours l'esprit fixé sur un objectif à la fois, ne doutant jamais d'elle-même, fonçant sans réfléchir. Ce qui lui attirait tellement d'ennuis qu'il était presque miraculeux qu'elle fut encore en vie.
   -Filleul !
   Son appel me tira de mes pensées. Elle s'était soudainement arrêtée pour se retourner vers moi.
   -Ma dame ?
   -Il nous faudra acquérir un destrier. Il ne serait pas séant que je me présente sur la lice sur le dos d'un bourrin.
   -Oui, ma dame.
   -Et aussi, une épée. Je ne peux décemment pas laisser mon écuyer fouler l'herbe du pré avec la pièce de ferraille qui t'orne la hanche. Je pense qu'il est temps que nous t'équipions convenablement.
   J'avalai difficilement ma salive. Cela faisait presque deux ans que j'étais entré au service d'Eugénie d'Euphorie. Et autant de temps qu'elle me formait au combat. Un tremblement parcourait encore mon corps au rappel des premières leçons. Esquiver et bloquer les coups faisaient partie des fondamentaux, je l'avais vite compris, surtout qu'elle n'était pas du genre à retenir sa force, arguant que c'était à la dur que l'on apprenait le mieux. Je me couchais alors le soir au bord de l'épuisement, les muscles meurtris, la peau couvertes d'ecchymoses.
   Je m'étais amélioré depuis lors – une nécessité, pour ma survie – mais je ne me sentais pas prêt à ferrailler pour de bon. A vrai dire, je ne pensais pas que je le serais jamais. Cette vie m'avait été imposée. Je ne l'avais pas choisie. Jamais ne me serait venue à l'idée de combattre volontairement, fût-ce pour la gloire ou la richesse. L'entendre dire que j'allais devoir participer à ces tournois stupides me glaçait le sang.
   -E... Est-ce bien nécessaire, ma dame ? tentai-je de la dissuader. Assurément, si je ne peux prendre part aux combats, il n'y aura nul besoin pour cet investissement.
   -Nenni, filleul. Je le jure, sur le nom d'Euphorie, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que rien ni personne ne t'empêche de profiter de cet extraordinaire événement. Penses-y, filleul. Cette occasion ne se représentera plus avant dix ans ! Dix ans ! Ah ! L'attente a failli avoir raison de moi depuis ma dernière fois.
   Elle fit deux pas rapides pour réduire la distance qui nous séparait avant de poser l'une de ses grandes mains sur mon épaule. Je devais me tordre le cou pour lui rendre son regard.
   -Je sais que tu ne me décevras pas, Aldérique.
   Je déglutis. Elle avait ce regard, celui si sérieux, si assuré ; je savais que rien de ce que j'aurais pu dire alors n'aurait atteint son esprit obsédé. Vaincu - pour le moment -, je baissai la tête.
   -Je ferais de mon mieux, ma dame.
   -Tu feras honneur à ton nom, j'en suis certaine.
   Je la regardai repartir, immobile. Faire honneur à mon nom. Pour ce que cela m'importait, toute la maison Briancourt pouvait bien aller brûler dans un enfer quelconque. Ils m'avaient abandonné sans un regard en arrière, sans un mot d'adieu. Non, je n'avais décidément plus rien à voir avec eux. Seul mon destin propre m'intéressait.
   Soupirant de plus bel, je claquai la langue pour signifier à Caramel de reprendre la route.
   -Filleul !
   -Ma dame ?
   -T'ai-je déjà narré la fois où je me suis retrouvée seule et acculée face à une effroyable stryge ?
   -Au moins huit fois, ma dame. J'ai cessé de compter après cela.
   -C'était une nuit d'hiver glaciale. La lune brillait blafardement dans le ciel sans étoile...
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Achileus le lundi 31 décembre 2018, 13:35:43
Nom : Althanéa Liadon (Feuilleargent)
Age : 45 ans (très jeune pour un haut elfe)
Race : Haut elfe
Profession : RepoussOmbre (gardiens de la lumière sur Terre)
Physique : Althanéa est assez grande, avec de longues oreilles et des yeux bleus propres aux Hauts Elfes mais remplis d'un regard torturé. Elle a de courts cheveux bruns. Elle porte au cou un médaillon que lui a offert son père adoptif pour la protéger des forces du mal. Malgré le fait qu'il ne soit pas très efficace, elle le porte quand même, persuadée qu'il sert à quelque chose. Elle a quelques cicatrices dans le dos, et de grandes traces de griffures. Elle sait se rendre très discrète comme être le centre de l'attention.
Mental : Althanéa est résolue à combattre le mal sous toutes ses formes. Elle déborde d'énergie et s'efforce d'être la plus joyeuse possible. Elle se met des fois dans des colères noires incontrôlables quand quelque chose lui résiste. Elle se considère plus comme humaine qu'elfe, et s'intègre plus dans des communautés humaines. Elle déteste sa famille biologique et considère que sa famille adoptive est sa vraie famille.
Biographie : Althanéa est la septième fille des nobles du Royaume Elfique de l'Ouest Himo et Enna Liadon. Étant leur dernière enfant, le couple a confié son éducation à un homme qui avait déjà un fils et une fille : Monsieur Nathandem. Élevée parmi les humains dans un environnement sain, elle ne rejoignait sa famille elfique que lors de rituels ancestraux ennuyeux. Un jour, alors qu'elle n'avait que 10 ans, son frère adoptif qui avait le même âge qu'elle fut grièvement blessé par un goblin. Depuis ce jour, elle s'est jurée de combattre le mal afin de permettre aux gens simples de vivre en paix. Arrivée à ses 20 ans, elle fit ses adieux à sa famille adoptive et s'enfuit apprendre en profondeur la magie. Les Hauts Elfes ayant une capacité innée à la maîtriser, elle eût rapidement connaissance des sorts pour contrer les forces du mal. Elle entra à 25 ans dans le corps magique chargé de protéger la lumière sur Terre : les RepoussOmbre (ou gardiens de la lumière dans d'autres langues). Au cours d'un de ses voyages en terre sauvage de Draconie, elle fit la rencontre d'un pseudodragon, sorte petit dragon, et Arjhan devint son familier (créature qui assiste les magiciens dans leurs tâches). Récemment, le directeur du collégium afin d'enquêter sur le mystérieux culte qui y est pratiqué, le conseil des ombres, et le démanteler. Pour cela, il est nécessaire qu'Althanéa se fasse passée pour une professeur de défense contre les forces du mal.
But : Mettre fin au conseil des ombres.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Cap le lundi 31 décembre 2018, 14:27:43
Pour la temporalité. J'avais parlé de fin de l'été dans ma partie, mais tant pis, on va dire que juillet c'est la fin de l'été :hap:

Ivyal a passé plusieurs jours en ville avant de rejoindre la Guilde des Voleurs locale. Il doit être dans le coin depuis le 10, et les a rejoint vers le 16 je dirai. Quand aux événements suivant, je laisse le soin à @Vaati de les dater :8): (EDIT : c'est fait, j'ajoute la date)



Nom : Sylvanyël Al'Jak
Age : 23 ans
Race : Humaine
Profession : Invocatrice démonologue.
Physique : Deux traits particulier distinguent Sylvanyël des autres femmes de son âge. En premier lieu, sa magnifique chevelure rousse, qu'elle porte souvent attachée en une queue de cheval simple, mais efficace. En deuxième lieu, ses yeux vairons. Son œil droit est vert pétillant, tandis que son œil gauche est noir comme la nuit, brillant parfois d'une lueur rougeâtre mauvaise. Pour le reste, Sylvanyël est dans la moyenne. Taille moyenne, masse moyenne, visage moyen.
Sylvanyël n'est pas particulièrement coquette, ses recherches l'occupant beaucoup trop. Elle porte des vêtements souvent simple et pratique, loin des robes sophistiquées ou autres habits complexes de la haute-société. Elle aime néanmoins porter une longue cape pour sortir. Également, elle ne se sépare jamais de sa lourde sacoche, contenant tout un tas de bric-à-brac utile pour ce qu'elle appelle son métier ; le plus important étant son livre de notes.
Mental : Sylvanyël possède une volonté de fer. Une volonté totalement inflexible et parfaitement impliable qu'elle travaille et développe depuis des années. Si elle décide quelque chose, elle l'aura, point, et rien ne peut se mettre en travers de son chemin. Cette volonté est essentielle pour pratiquer son art, l'invocation. En effet, seule la volonté de l'invocateur peut faire plier la créature invoquée. Néanmoins, depuis une certain événement, Sylvanyël est beaucoup plus réticente à pratiquer l'invocation. Une peur de l'échec, et surtout, de faiblir face au démon, l'envahit, et elle ne souhaite pas relâcher une bête beaucoup trop puissante sur le monde. De ce fait, elle ne se résout à invoquer qu'en cas d'absolue nécessité.
Sylvanyël dort peu, et vit pour ses recherches. Tout d'abord l'invocation, puis, suite à certains événements, la démonologie, Sylvanyël veut toujours en savoir plus. Elle teste, expérimente, lit, apprend, écoute, et note toute trouvaille plus ou moins importante dans son inséparable carnet de notes. Pour mener à bien ses recherches, elle n'hésite pas à voyager, visitant bibliothèques, conciles de mages ou autres lieux de savoir. C'est d'ailleurs un de ses fameux voyages qui l'a conduit à Miderlyr, afin de visiter le Collégium Supérieur de Magie, et sa fameuse bibliothèque. Le laisser-passer n'a pas été simple à obtenir, mais elle l'a eu !
Biographie : Sylvanyël est fille unique de parents mages. Son père pratiquait l'évocation, tandis que sa mère s'était spécialisée dans l'enchantement. Tout deux étaient des mages reconnus par leur pairs, et plutôt puissants. Cependant, et contre toute attente, leur fille ne montra aucun talent particulier pour la magie. Ses parents, et notamment son père, furent particulièrement déçus.
Sylvanyël ne se laissa pas abattre, et se plongea dans les livres pour tenter de regagner la grâce familiale. Certes, elle ne possédait pas le moindre talent en boules de feu ou en boucliers magiques, mais elle pouvait toujours s'essayer aux autres écoles. Divination, illusion, transmutation, abjuration et même nécromancie. Toutes les écoles y passèrent sans qu'elle ne montrât le moindre talent pour l'une en particulier.
Sylvanyël se tourna alors avec l'école d'invocation. La décriée invocation. La détestée invocation. Les mages n'aiment pas cette école. En effet, dans cette dernière, seule la volonté est importante pour soumettre l'invocation, là où les autres spécialités demandent, en plus, du pouvoir et de l'imagination.
Sylvanyël se révéla brillante. Elle avait trouvé son école, sa voie dans la magie. Ce qui provoqua la colère paternelle, qui ne savait pas s'il préférait voir sa fille invocatrice, ou pas magicienne du tout. Mais Sylvanyël l'ignora, préférant perfectionner son art, espérant secrètement regagner l'estime de son père. Elle chercha, se renseigna, bouquina, testa, améliorant sans cesse sa technique, et développant sa volonté déjà forte.
Jusqu'à ce fameux soir de ses 19 ans. Voulant impressionner son père (une fois de plus), elle se lança dans l'invocation d'un démon, le puissant Thargraktrug. Face à lui, elle eu un instant d'hésitation. De faiblesse. Son cercle d'invocation se brisa. Le souvenir de cette soirée est flou, mais Sylvanyël ne doit sa survie qu'au sacrifice de ses deux parents. Dans l'urgence et face à la puissance de la Bête, ils ne purent la renvoyer dans les enfers, et ne purent que sceller le démon dans leur corps de leur fille.
Depuis ce soir, Thragraktrug vit dans le corps de Sylvanyël, tentant de s'échapper dès que l'occasion se présente. Un instant de relâchement, ou de faiblesse, et Sylvanyël sent la Bête s'agiter en elle. Après plusieurs années de cohabitation, ils commencent à s'habituer l'un à l'autre, mais la guerre fait toujours rage.
But : Eviter que Thargraktrug ne déchaîne sa puissance sur terre, et le renvoyer dans les enfers. Et, si d'autres jeunes (ou moins jeunes) tentent de faire une bêtise semblable à la sienne, les en empêcher.



20 juillet

Miderlyr. Enfin. La ville était en émulsion, mais je n'en avais que faire. Ces histoires de tournois ou autres joyeusetés ne m'intéressaient pas. J'étais là pour le Collégium Supérieur de Magie. Entre sa bibliothèque, et les différents mages présents, j'avais de quoi faire. Surement de quoi faire avancer mes recherches !
La traversée du Grand Hall se fit sans encombre. La foule était présente, mais pas intraversable. Des cris fusaient de toute part, plébiscitant des produits, tentant d'attirer le chaland. Les odeurs de toute sortes se mélangeaient. Toutes les couleurs envisageables étaient présentes sur les différents étals. Tout se mixait en une cacophonie pour les sens.
Ne me laissant pas distraire, j'arrivais assez vite à une entrée pour la Haute-Ville. Un peu en retrait, la foule respectait un cercle de vide autour. Deux soldats ducaux, reconnaissable aux blasons qu'ils portaient, gardaient le passage. Les lances à la main, ils portaient un regard attentif à la foule sous une apparente nonchalance et habitude. Je m'approchai.
- Stop ! On n'avance pas plus ! m'arrêta un des garde.
- Bonjour messieurs, répondis-je d'une voix posée, J'ai un laisser-passer pour rejoindre le Collégium.
Sur ces mots, j'entrepris de fouiller dans ma sacoche à la recherche du précieux sésame. En quelques secondes, je l'avais entre les mains, et le fit passer à un des soldats. Il le parcourut rapidement, s'arrêta quelques instants sur le sceau, qu'il approuva d'un hochement de tête.
- Bienvenue mademoiselle Al'Jak. Vous pouvez passer.
- Merci messieurs. Pouvez-vous m'indiquer la direction du Collégium s'il vous plait ?
- Bien sûr ! Prenez la deuxième à droite, et vous ne pouvez pas le louper !
Je le remerciai d'un hochement de tête avant de m'engager dans les larges rues pavées de blanc de la Haute-Ville.


Effectivement, impossible de louper le Collégium Supérieur de Magie. Le bâtiment, tout en colonnes blanches, imposait le respect. Pas de fioritures sur la façade, seulement une énorme rosace en vitraux de couleur au dessus de la porte.
Je gravis les quelques marches menant à la porte d'entrée, qui s'ouvrit à mon approche. Un léger sourire flotta sur mon visage. Un simple sort de détection, mais cela faisait son effet.
Le hall était grand, spacieux, lumineux et surtout plein de vie. Des mages passaient, certains plus ou moins pressés, d'autres discutaient en petits groupes. Cette pièce était certes le hall d'entrée, mais aussi un lieu de passage et de vie important du Collégium.
J'interpellai rapidement un mage, lui demandant où se trouvait le directeur, Sir Kaylipt. Avant toute chose, je devais me présenter à lui. La jeune elfe m'indiqua de façon claire et concise où se trouvait son bureau, avant de reprendre ses occupations.

Alors que je m'approchais de la porte du bureau, une jeune étudiante en sortit. Le visage pâle, de long cheveux noirs, un léger sourire sur ses lèvres, visiblement plongée dans ses pensées. Elle passa rapidement devant moi, tandis que la Bête grogna. Je la réprima en serrant les dents. Ce n'était pas le moment.
Je repris mon souffle, me redressa, m'assurant de faire bonne figure devant le directeur. Je toquai à la porte. Un Entrez d'une voie vaseuse me répondit.
Sans attendre, j'ouvris la porte. Le directeur, un vieil homme au crâne dégarni, était assis à son bureau. Le regard dans le vide, il tortillait sa longue barbe de sa main droite.
Je refermais la porte derrière moi, songeuse face à l'archimage que je voyais. Le directeur du Collégium n'était clairement pas dans son assiette.
- Bonjour Archimage Kaylipt, je suis Sylvanyël Al'Jak, chercheuse en invocation. Vous m'avez autorisé à poursuivre mes recherches dans votre bibliothèque, ce que je viens faire.
Mes paroles semblaient le reconnecter (un peu) à la réalité. Il balbutia.
- Bienvenue mademoiselle. Je...
Sir Kaylipt secoua la tête.
- Pardonnez-moi, j'étais ailleurs. Comme convenu, vous pourrez loger à l'Académie le temps de vos recherches. Maître Tyhal va vous faire visiter, je le convoque à l'instant.
- Je vous remercie.
Je le saluai, avant de quitter la pièce. Maître Tyhal allait arriver me faire visiter les lieux, et j'étais plus qu'impatiente de continuer mes recherches. Cependant, une drôle de sensation me faisait frissonner, et ne parvenait pas à me rassurer. L'Archimage était dans un drôle d'état, et la Bête semblait bien trop contente d'être ici...
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Achileus le lundi 31 décembre 2018, 16:12:20
22 juillet

   Il était 6 heures du soir et la fête battait de son plein. Le  tournoi avait commencé dans la journée, et les joutes s'enchaînaient de bon train. Depuis le haut du clocher du village, un homme seul observe les festivités avec un regard sombre.
-Ainsi, la ville est en fête. Cela ne va pas durer.
-Maître, dit un homme en arrivant, nous l'avons.
Deux autres personnes portait une quatrième. Ils lâchèrent le corps aux pieds de leur maître.
-Cher Maître Serpent, nous vous apportons un des membres haut placés de la guilde des voleurs. Il nous a révélé qu'ils prévoyaient de voler la tiare de Sandreline, un artefact extrêmement cher, en profitant de la diversion qu'offre le tournoi.
-Réveille-le.
-Bien, maître.
L'assassin donna un coup de pied à sa victime, qui ouvrit péniblement les yeux.
-Eh toi, le misérable. Le Serpent veut te parler.
-Alors, qu'avons nous là ?
-Je ne vous dirai plus rien.
-Vraiment ?
-Oui, je n'ai plus rien à dire. De toute façon, la guilde vous tuera ! Elle me connaît, elle vous retrouvera.
-Oh, mais j'y compte bien. Nous ne nous cachons pas misérablement dans des trous comme de vulgaires voleurs, nous.
-Vous mourrez ! Vous irez en enfer !
-Un jour ou l'autre, c'est sûr. Pars annoncer notre arrivée prochaine !

   Une fois les préparatifs terminés, Le Serpent se retourna vers ses acolytes.
-Bien, où en êtes vous du plan ?
-Tout le monde est en lieu sûr, notre nouvelle base est vide. Il ne reste que nous. Nos partisans ne bougeront pas avant l'heure du rendez-vous.
-Bien, tout se passe comme prévu.
-Maître, que faire des deux espions que la guilde des voleurs a envoyé dans nos rangs ?
-Faites leur faire une baignade qu'il ne sont pas prêts d'oublier dans la rivière.
-Bien Maître.
-Je vous laisse cinq minutes. Ne me décevez pas.

   Lorsque cinq minutes furent écoulées, le Serpent regarda la foule amassée en contrebas. Des milliers de personnes en train de faire la fête. Elles allaient vite devenir plus pâles. Il balança le corps dans la foule. Au moment où il toucha le sol, des cris retentirent. Le Serpent lança un sort qui teinta toutes les lumières en vert malsain. Puis il prit la parole, sa voix étant amplifiée par magie.
-Chers habitants de Miderlyr. Je me présente, je suis le Serpent. La personne que vous pouvez apercevoir à vos pieds n'est autre que le noble Raymond Thraryth, qui pour s'assurer des revenus convenables, a maintes fois travaillé avec la guilde des voleurs. Comme vous le voyez, il a payé le prix de ses crimes. Maintenant, si demain à 14h la cheffe de la guilde des voleurs n'est pas morte, je brûle une église. Je compte sur vous !
Finissant son discours, il se jeta vers la foule et disparut dans un nuage de fumée en sifflant avant de toucher le sol.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Chompir le lundi 31 décembre 2018, 19:01:43
22 Juillet

Enfin, le grand jour du début du tournoi était arrivé, on frappa à ma porte pour me réveiller, il s'agissait d'Aarsu qui était là pour m'annoncer que le petit-déjeuner était servi dans le salon et que mes servants étaient derrière la porte pour ma toilette. Je lui fis signe de les faire entrer et que j'arrivai après. Alors, un petit groupe de draconien entra et m'assista pour ma toilette, tandis que d'autres prépareraient mes plus beaux habits aux couleurs de notre royaume. On m'aidai à les enfiler puis on me para d'un magnifique collier d'or, incrusté de rubis et je mis ma lourde chevalière à mon doigt, elle était en or massif, avec un rubis poli de façon à être de forme ovale inséré dedans. La pierre servait de catalyseur pour ma magie. Une fois serti des mes plus beaux atours, ma troupe de chambre quitta la pièce et je pu me diriger dans le salon là où mon repas m'attendait.
Le soleil se levait à peine, il devait être aux alentours de six heure du matin. Aarsu était débout dans un coin de la pièce attendant que je m'installe. Je pris place sur l'un des fauteuils, très confortable d'ailleurs et ma suivante m'apporta mon plateau :

« Voici votre repas mon prince, veuillez à manger l'ensemble de la nourriture qui s'y trouve, vous avez besoin de prendre des forces pour le tournoi. Je tiens aussi à vous certifier que le goûteur est passé. »

Je la remerciai d'un geste ouvrit le plateau, il y avait là de la viande saignante, des oeufs brouillés, de la salade ainsi que du thé et deux petits pains, ce n'était pas une nourriture que l'on mangeait habituellement chez les draconiens mais il semblerait que l'hôtel n'était pas habitué à accueillir des membres de notre peuple. Je regardais Aarsu et lui dis :

« Cela va me changer de notre régime alimentaire, Aarsu. On est loin de nos fruits de feu, nos grenades et autres mangoustans qui composent notre repas du matin.
- Il est sur qu'il faudra vous adapter à la nourriture de cette cité mon prince, mais si vous voulez, je peux ordonner à ce qu'on aille au Grand Hall voir si une nourriture plus draconienne vous scierait mieux ?
-Je vous remercie de votre attention Aarsu mais je vais faire honneur aux habitudes culinaires de cette cité. Néanmoins, si vous pourriez envoyer une petite expédition pour essayer de trouver quelques fruits de chez nous, cela ne serai pas de refus.
- Bien mon prince, j'enverrai deux de vos hommes au Grand Hall dans la journée.
- Merci bien Aarsu, sinon, est-ce que mon armure a été préparée ?
- Oui mon prince, elle a été préparée et est prête à être emmener au lieu du tournoi.
- Bien, alors finissons ce repas et hâtons nous vers le tournoi, je dois encore m'inscrire. »

Je fini tranquillement mon repas puis me leva et nous quittâmes l'hôtel avec une partie de ma garde, Aarsu ayant au préalable pris soin de donner les ordres aux restes des troupes pour garder ma chambre et envoyer deux domestiques en mission au Grand Hall. Ma suivante me fit monter dans ma voiture, puis elle me rejoignait sur le siège en face du mien. La voiture partie en direction des abords de la ville, lieu qui avait été choisis pour les épreuves de joute. La ville était déjà active malgré l'heure matinale, nombre de marchands s'activaient pour monter les échoppes et sortir la marchandise. Des drapeaux et autres fanions de couleurs ornaient les fenêtres et les rues de ma cité. Avec tout cette  devenait difficile de circuler, même sur la grande route mais nous arrivâmes quelques dizaines de minutes plus tard au lieu du tournoi.
Aarsu me fit sortir de ma voiture et mes yeux se posèrent sur un énorme terrain où grand nombre de tente de toutes les couleurs se trouvaient. La zone était d'ailleurs très active, bon nombre d'écuyer s'afféraient dans tout les sens et de tente en tente, je vis certains chevalier et autres nobles sur les devants de tente discuter entres eux. Des enfants courraient entres les tentes dans l'espoir de voir des armes et armures de près et pouvoir voir leurs propriétaires, les yeux pétillants de doux rêves d'enfance. Je me dirigeai vers une tente ou se tenait un panneau estampillé « Intendance » devant. J'entai dedans et me présenta à l'hôtesse qui s'occupait des inscriptions. C'était à première vue une elfe au vu de ses oreilles pointues, partant sur le côté. Elle était blonde aux yeux bleus et me paraissait plutôt grande, même assise. Son visage était plutôt bien conservé mais je me doutais qu'elle n'était plus toute jeune. Elle me regarda sans avoir l'air plus étonnée que ça et dit :

« C'est pour vous inscrire ? Je vais devoir vous demander, votre nom, votre titre, un petit pécule de 100 pièces pour les frais de participation et de signer ce document.
- Je suis Hundwiin Drakonia III, fils du roi Hundwiin Drakonia II et prince héritier et je suis venu participer au trente troisième Grand Tournoi de Miderlyr. Aarsu, donnez lui les 100 pièces. »

Aarsu se plia et sorti 100 pièces draconienne d'une bourse attachée à sa ceinture qu'elle déposa devant l'intendante. L'elfe les examina puis, esquissa un sourire, puis repris la parole :

« Un prince, qui plus est, un draconien ; c'est pas commun même à ce tournoi. Veuillez signer ici et une tente vous sera assignée.
Je m'empressa de signer et lui rendis le document.
- Bien, votre inscription est finalisée. Vous serez à la tente numéro trente-sept. Pour la rejoindre, sortez d'ici et prenez la troisième allée de tente, ce sera la quatrième à votre droite. »

Je la remercia et me dirigea vers ma tente en suivant ses instructions. Il n'y avait l'air d'y avoir personne dans l'allée, sauf dans la tente en fasse de la mienne, ou une chevaleresse s'entraînait avec qui semblait être son écuyer même si du premier coup d'oeil, j'aurai plutôt cru à l'inverse. Il faut dire qu'elle était plutôt négligée avec ses longs cheveux noires rabattu en tresse et son long nez, mais nul doute possible, sa façon de manier l'épée le prouvait. Elle risquait d'être une adversaire coriace si je venais à tomber contre elle.

Aarsu me fit entrer dans la tente et me fit m'installer sur une chaise, elle ordonna à déposer mon armure et à l'installer au mannequin prévu à cet effet et de la faire nettoyer. Il s'agissait d'une armure en obsidienne polie d'un noir brillant et reflétant la lumière. Elle était sertie par endroit d'élément en or massif et était richement travaillé et pleine de détails. Le sceau royal de Drakonia ornait le plastron. Je déposai mon épée sur le râtelier d'arme et décida plutôt de m'allonger sur la couche dans un coin de la tente. Il semblait que la pression mêlé à l’excitation d'un tel tournoi, me faisait un peu peur et m'allonger me faisait le plus grand bien.
Aarsu s'approcha de moi et me fit apporter de l'eau fraîche présente dans les tonneaux de la tente. Je bu volontiers et me releva pour m'asseoir sur la couche et remercia ma servante :

« Merci Aarsu, il faut croire que ce tournoi me fait un peu peur, je me dois de le gagner, pour père, pour Drakonia, je dois être digne de devenir roi, si je perds un tel tournoi, il serait malvenu si cela venait à s'apprendre.
- Mon prince, n'ayez crainte, il ne fait aucun doute que vous allez gagner ce tournoi. Vous vous êtes entraîné toute votre enfance au maniement de l'épée et à l'art du combat, vous avez gagnez toutes les joutes du royaume fasse à des chevalier draconiens avec plus d'expérience que vous. Ne doutez pas de vous mon prince, vos adversaires, aussi forts soient-ils, n'auront pas la moindre chance.
- Merci à vous, vous me réconfortez pour un simple tournoi alors que j'en ai gagné grand nombre. Je dois bien vous faire rire.
- Je n'oserai jamais mon prince. Ce serait manquer de respect à votre statut, je ne pourrai me le permettre.
- Voyons, vous me connaissez depuis l'enfance, vous jouiez avec moi quand j'étais tout petit et m'avez toujours accompagné. Vous auriez le droit. Nos jeux d'enfance me manque, j'ai très vite été contraint de suivre une éducation très stricte, même si je parvenais à venir jouer en cachette avec vous, je me faisais réprimander et punir par mon professeur. Et je vous demande de cesser ces formalités de langage, la durée de notre séjour ici. J'aimerai pouvoir être traiter de manière normale pour une fois.
- Si c'est ce que vous voulez mon prince, je me plierai à votre volonté. »

Elle me regardait avec un regard plein de bonté mais je ressentais une certaine tristesse. Elle n'aimait pas que je réagisse comme ça, elle savait le poids que je portais sur les épaules mais je n'avais pas le droit de craquer ou de douter de moi. Je devais être fort en permanence. Je repris la parole :

« Aarsu ?
- Oui mon prince ?
- J'aimerai vous confier une tache pendant que je participerai au tournoi. J'aimerai que vous alliez à la citadelle ducale pour organisez une rencontre avec le duc et moi même.
- Bien mon prince, je m'exécuterai, j'irai à la citadelle ducale demander une audience de votre part, au Haut-Duc Pontifax d’Astragon mais il va me falloir une lettre de votre part signée et avec le sceau royal.
- Ne vous inquiétez pas, j'ai déjà tout prévu, j'ai pris le temps d'en rédiger une hier, prenez. »

Je sorti de l'intérieur de ma veste, une lettre cacheté que je tendis à ma servante, elle la pris et la rangea sur elle.

« Je vous pris de partir dès maintenant, prenez avec vous une petite escorte. Je me débrouillerai pour donner les ordres et me préparer.
- Bien mon prince, je pars de sitôt. »

Effectivement, Aarsu commençait à se diriger vers la sortie de la tente. Avant qu'elle ne parte, je pris la parole de manière hésitante :

« Oh heu... Aarsu...
- Oui mon prince ?
- Prenez soin de vous, on ne sait jamais ce qu'il peut se passer dans une telle cité lors d'un tel événement.
- Bien mon prince, je ferai attention, mais cela vaut aussi pour vous. »

Je ne fis qu’acquiescer d'un signe de tête. Je savais très bien qu'Aarsu serait inquiète si elle me voyait participer au tournoi et qu'elle était contre ma participation. Je préférai l'éloigner d'ici et lui donner une tache que j'aurai très bien pu remplir moi même en faisant envoyer la lettre. Tandis que je l'entendais donner ses derniers ordres à ma garde qui resterait avec moi. Je pris une grande respiration et me leva pour me préparer et m'entraîner.



Au départ je voulais directement commencer le premier chapitre avec Aarsu mais j'ai préféré avancer avec le tournoi pour être juste avant son commencement et introduire Aarsu et sa mission.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Great Magician Samyël le mardi 01 janvier 2019, 03:06:01
Aller, pour la nouvelle année je vous ai concocté une petite histoire.

Je me réveillai. Je m'étirai. Je me levai du lit. Je mangeai mon petit déjeuner. J'avalai mon jus d'orange. Je me brossai les dents. Je m'engageai sur le chemin de l'école. Je passai devant l'épicerie. J'arrivai à l'école. J'écoutai le professeur. J'étudiai avec assiduité. Je rentrai chez moi. J'embrassai mes parents. Je montai à l'étage. Je grimpai dans mon lit. Je m'emmitouflai dans ma couverture. Je sombrai dans le sommeil. Mais surtout je rêvai qu'à la première personne du singulier le passé simple du premier groupe se termine en ai.

 :hap: Par pitié.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Yorick26 le mardi 01 janvier 2019, 09:58:55
Sinon arrêtaiez d'utilisaier la première personne.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Linkonod le mardi 01 janvier 2019, 19:19:43
Comme je risque d'être moins régulier pour une fic co, j'ai décidé de m'inscrire avec un perso "semi-secondaire", un compagnon quoi. Je me suis mis d'accord avec Vaati pour faire un personnage qui va accompagner son personnage Alaïa. :oui:

Nom : Öhlraj
Age : ???
Race : Changeforme
Profession : Félin errant (?)
Physique : Öhlraj peut se métamorphoser en à peu près tout ce qu'il souhaite, mais se contente généralement de deux formes :
Mental : Lorsque qu'un changeforme se métamorphose, son caractère se transforme souvent. Aussi, sous forme de Gento, Öhlraj est très joueur. Il est curieux et s'intéresse beaucoup aux affaires personnelles des autres (et sa forme de chat l'aide pas mal). Il se fait passer pour l'animal de compagnie d'Alaïa mais n'apprécie pas trop être chouchouté. Sous forme humaine, il est bien plus discret et peu social. Cependant il peut se montrer très bavard quand on parle d'un sujet qu'il connait bien, et adore partager son savoir. C'est d'ailleurs un véritable puit de connaissances. Il reste généralement avec Alaïa, car il n'aime pas se retrouver complètement seul. De plus, c'est la seule personne à connaître sa nature de Changeforme.
Biographie :  öhlraj a eu un passé douteux qu'il a décidé de refouler, aussi personne ne sait ce qu'il a vécu avant de rencontrer Anaïa, un an environ avant notre histoire. Depuis, il vagabonde dans les quartiers de Miderlyr, à l'affut de la moindre info croustillante. Il essaie d'aider Alaïa dans ses projets comme il peut, mais n'aime pas s'engager personnellement dans des affaires.
But : Continuer sa vie discrète tout en apprenant de nouvelles choses
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Vaati the Wind Mage le mercredi 02 janvier 2019, 19:07:07
Et voilà l'intro de mon deuxième perso !
                                                                                                                                                                   

21 Juillet
Je quittais paisiblement mon logis, Öhlraj me suivant de près. Je veillais à ne pas mettre trop de distance entre nous deux, il n’aime pas être trop éloigné de moi. Je m’appelle Alaïa Delma, et Öhlraj est mon « chat ». Marchant vers la Basse Ville afin d’atteindre ma destination, je passai devant la maison de la Mère Mich’Ayl, qui jeta un regard plein de jalousie vers Öhlraj. Visiblement, elle avait encore perdu son chat, la pauvre ! Elle discutait avec un homme douteux, en lequel je reconnaissais le Père Luss Tukru. Il avait, selon la rumeur, joué de mauvais tours à certaines femmes, et promettait de les régler en échange de… Pouah, je ne voulais même pas y penser ! Je continuais donc mon chemin, en espérant que la Mère Mich’Ayl retrouverait son chat en toute innocence.

Si j’avais rejoint la Guide des Voleurs, c’était avant tout pour trouver la Tiare de Sanderline, comptant sur ses pouvoirs pour faire le bien autour de moi.  J’avais réussi par miracle à me faire accepter, ce grâce à Alabaross, un des membres de la Guilde qui a réussi à convaincre ses supérieurs que je pouvais aider. Néanmoins, il m’a dit que mes objectifs étaient quand même « très niais », et a dit qu’il me remettrait les idées en place ! Sur le coup, ça m’a vexée quand même… Mais bon, je suis sûre qu’il blaguait, et qu’en vérité il comprend mes objectifs. Je pense. Je suppose…

D’ailleurs, Öhlraj est du même avis, ce qui me plonge dans la perplexité. Même si lui me l’a dit avec un peu plus de tact quand même ! Néanmoins, il m’a toujours vivement déconseillé de rejoindre la Guilde, mais bon, je n’ai pas trouvé de meilleur moyen de remplir mon objectif…

Alors que je m’enfonçais dans la Basse Ville, je fini enfin par trouver l’enseigne délabrée indiquant l’entrée du Quartier Général de la Guilde des Voleurs. Je frappais trois coups à la porte, attendait deux secondes, puis toquait à nouveau. La porte s’ouvrit, et j’entrais directement à l’intérieur. Une fois entrée, une petite trappe s’entrouvra devant moi, et la voix familière posa la question familière : « Prouve ta bonne fois.
-Confiance, ai-je répondu du tac au tac. »

Immédiatement, la porte s’ouvrit, et je pu pénétrer à l’intérieur de notre repaire. Celui-ci était en réalité un immense complexe souterrain. Je n’ai jamais réussi à comprendre comment Aube, telle que notre cheffe se faisait surnommer, avait réussi à construire le repaire. Quoiqu’il en soit, je rejoignais rapidement la salle dans laquelle je m’entrainais avec Alabaross. Il disait qu’avec de l’entraînement, j’étais devenu plutôt douée au vol. Je ne sais pas si je devrais en être fière, mais en tout cas ça m’a fait plaisir de l’entendre me faire un compliment.
« Salut salut, ai-je lancé joyeusement en entrant dans la pièce.
-S’lut petite, a répondu Alabaross. Ah, toujours flanquée de ce chat à ce que je vois ?
-Eh, je t’assure qu’il peut être utile ! »

Comme pour me contredire, Öhlraj bailla et alla se lover dans un coin, en ronronnant paisiblement. C’était très petit de sa part, généralement sous sa forme Gento il ne fait que se faufiler partout où il peut pour entendre les conversations des gens. Faisant totalement abstraction d’Öhlraj, Alabaross tourna la tête vers moi. Alabaross était gigantesque, avait une forte musculature, des cheuveux noirs qui lui descendaient jusqu’en haut du dos, et avait un œil en moins. Malgré son apparence hum… impressionnante de prime abord, je vous assure que c’est quelqu’un d’adorable !
« Aube souhaite s’adresser à toute la Guilde ce matin. Tu sais que le vol de la Tiare approche, ça pourrait être important. Après ça, j’aurais quelque chose d’important à te dire petite. »

Nous nous rendîmes donc jusqu’à la salle qui servait d’auditorium à Aube, Öhlraj nous suivant de près. Lorsque nous arrivâmes, une bonne centaine de voleurs était là, et il en manquait une bonne douzaine. Je reconnu dans l’assemblée le jeune homme qui était venu d’une autre guilde. Alabaross disait qu’Aube devrait s’en méfier, mais moi je pense qu’on devrait surement lui faire un peu plus confiance ! Quoiqu’il en soit, une fois tout le monde arrivé, Aube apparut. Celle-ci gardait toujours une grande discrétion, et personne dans la Guilde ne connaissait son véritable nom. Elle était arrivée quelques semaines avant moi, et possédait déjà le complexe souterrain. A quoi lui servait-t-il ? Je n’en ai absolument aucune idée. Aube nous apparaissait toujours habillée d’une tenue noire, constituée d’une cuirasse serrée contre son petit corps et d’un pantalon bouffant toujours aussi noir qui en dépassait. Aube portait toujours une capuche nous empêchant de voir sa chevelure , et de somptueuses boucles d’oreilles serties de joyaux la coiffaient. Elle portait constamment un masque magnifique, fait en or, et représentant un visage abstrait. Deux ouvertures permettant de voir ses yeux, d’un bleu saphir magnifique.

Elle prit la parole :
« Mes chers camarades, aujourd’hui est la veille du tournoi. Comme vous le savez, celui-ci constituera une formidable distraction pour notre vol. N’oubliez pas, vous êtes mes yeux et mes oreilles, vous devez m’informer de tous les faits et gestes auxquels vous serez témoins. Je vous recommande également la plus grande prudence : la Guilde des Assassins semble avoir un nouveau chef, qui semble plus aggressif que le précédent. Si les Assassin veulent une guerre, ils vont l’obtenir, mais évitez de les provoquer jusqu’au vol de la Tiare. J’ai envoyé deux espions l’épier, nous découvrirons ainsi leurs intentions. Continuez les préparatifs du vol sans vous laisser distraire. Par ailleurs, l’Invisible ici présent nous apportera son aide généreuse, envoyé par sa Guilde. Je vous prierais de le traiter comme l’un des notres. »

Après cela, elle énonça les différentes tâches auxquelles étaient affectées les différentes équipes de la Guilde. Pour l’instant, étant toujours en formation, je n’appartenais à aucune équipe. Une fois la séance terminée, Alabaross me tira vers lui, et m’annonça fièrement :
« Ta formation est à présent terminée petite. Demain tu sera affectée à mon équipe, et nous accomplirons nos premières missions. Mais avant cela, tu vas avoir un petit examen final. Celui là, tu évitera de le foirer comme celui du Collégium ! »

Face à ce rappel, je rougis, embarrassée.

« Mais ne t’inquiètes pas, cet examen sera beaucoup plus simple : tu devras mettre en pratique mes conseils, et t’entraîner au larcin… en situation réelle, et ce sur de vrais citoyens. »
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Cap le mercredi 02 janvier 2019, 21:19:40
Je prends la suite du côté des voleurs, qui arrivera ce soir/demain matin :8):
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Great Magician Samyël le mercredi 02 janvier 2019, 23:06:16
Aller zou, une petite suite, comme ça. Parce que.

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16 Juillet

   Le soleil brillait haut à l'heure du midi. La chaleur était insupportable. Vêtu de ma simple tunique et de mes braies légères, je sentais malgré tout la sueur dégouliner le long de mes vertèbres. Je ne pouvais qu'imaginer la fournaise qui devait faire rage à l'intérieur de l'armure de ma marraine. Cependant, elle se tenait bien droite à mes côtés, stoïque. Habituée, sûrement, à ces conditions.
   Avec l'approche des jeux, les routes majeures qui reliaient les quatre entrées principales de Myderlir au reste du pays étaient noires de monde. Nobles et leurs escortes, marchands en caravanes, manants, chevaliers pleins d'espoir, artisans, toute cette foule se côtoyait bon gré mal gré, patientant dans la poussière et la canicule que leur tour vînt d'être inspectés par la garde du duc pour pouvoir enfin pénétrer dans la cité.
   C'était un processus lent et laborieux, qui mettait les nerfs de tous à rude épreuve. Ma marraine, bien qu'elle essayât de le masquer, commençait elle aussi à en souffrir. Je le voyais à l'ombrage de son regard, qui grondait d'une frustration refoulée.
   Pour se distraire, elle regardait de tout côté, essayant de repérer des visages ou des blasons familiers.
   -Regarde celui-ci, me dit-elle en m'indiquant un chevalier grisonnant qui se tenait à cheval à côté d'une voiture aux rideaux tirés.
   Son bouclier arborait une tour sable solitaire sur un champ d'azur.
   -Prestor de Lombard. Ce vieux renard ne paie pas de mine mais sache qu'il se fait une spécialité de faire vider les étriers aux jeunes fanfarons.
   Comme s'il l'avait entendu malgré la cacophonie ambiante, le seigneur de Lombard se retourna vers nous. Avisant ma marraine, il lui adressa un court hochement de tête respectueux.
   -Si ta lance doit un jour croiser la sienne, vise bas.
   J'écoutais à peine ce qu'elle me racontait, abruti de chaleur que j'étais. Je sentis soudain quelque chose me percuter par derrière, me faisant trébucher en avant. Je me retournai.
   -Excusez-m...
   Les mots me manquèrent lorsque je me retrouvai nez à museau avec un énorme bélier au pelage immaculé. Un massif anneau de bronze était accroché à ses naseaux et ses effrayants yeux jaunes aux pupilles horizontales me contemplaient d'un regard placide. Ses cornes monstrueuses s'entortillaient sur elles-mêmes, leur pointe s'encadrant de part et d'autre de mon visage.
   Je pris un pas de recul, par réflexe, et heurtai ma marraine, mur d'acier sur lequel je rebondis. Ma stupeur passée, je relevai les yeux, découvrant la cavalière de la bête. C'était une Naine, bien sûr – qui d'autre pour monter de tels bestiaux. Je restai un moment interdit. L'on m'avait souvent raconté des choses sur les Naines, d'horribles bonnes femmes avec des visages de sorcière et des barbes mangées de bestioles. Or, celle-ci était loin d'être déplaisante à dévisager. Certains aventuriers l'auraient peut-être même qualifiée de belle.
   Elle avait un visage aux traits prononcés de ceux de sa race, aux lignes volontaires qui respiraient l'assurance et la noblesse altière propre aux gens de pouvoir. Ses yeux d'émeraude aux reflets dorés et aux pupilles étroites glissèrent sur moi comme si je n'étais qu'une quantité négligeable, ses épais sourcils se haussant une fraction de seconde. Son nez large et ostensiblement cassé en son milieu se fronça d'un dégoût rapidement dissimulé qui se transmit à ses lèvres rebondies et peinturlurés de mauve. Ses oreilles décollées étaient ornées, du lobe à leur sommet, d'anneaux d'or et d'argent, ciselés ou non, sertis ou non et qui tintinnabulaient discrètement à chacun de ses gestes, accompagnant les mouvements fluides de sa véritable crinière de cheveux roux, parcourue de tresses épaisses terminées par de similaires anneaux, bien que plus épais. Plus curieux, elle arborait de longs favoris, taillés avec une minutie évidente.
   Elle portait une magnifique armure en plate dorée sur le plastron duquel avait été gravé la tête stylisée d'un nain casqué et qui laissait à nue ses bras épais aux muscles saillants. Un casque  à ailettes ainsi qu'un imposant écu et une superbe épée pendaient à la selle de sa monture hors normes.
   -Je me disais bien que je reconnaissais cette vilaine bobine, fit-elle en portant son attention sur ma maîtresse, sa voix profonde et suave.
   Un sourire mauvais déforma le coin de sa bouche, révélant des dents carrées à la blancheur de perle. Ma marraine pivota vers la nouvelle venue et son expression s'assombrit instantanément. Il ne fallait pas être devin pour comprendre que ces deux là se connaissaient.
   -Sigurndottir, grinça-t-elle à travers ses dents serrées.
   -D'Euphorie, répondit l'autre avec dédain. Comment se porte votre genou ?
   -Bien mieux que votre nez, de toute évidence, rétorqua aussitôt ma maîtresse.
   La Naine porta hâtivement une main gantée et ornée d'anneaux à son visage, touchant précautionneusement sa proéminence blessée. Elle se rendit vite compte de son geste et se força à reprendre les rennes de sa monture. Son sourire disparut, remplacé par une grimace colérique. Même ainsi perchée sur son bélier, ma dame la dépassait d'une bonne tête, la forçant à lever les yeux.
   -Il me tarde de vous croiser sur le pré, d'Euphorie. Je n'ai qu'une hâte, celle de contempler votre visage tordu de douleur implorant ma pitié.
   -Je constate que la dernière leçon que je vous ai inculquée n'a pas été suffisante. Vous me permettrez d'y remédier, Sigurndottir.
   -Vous vous oubliez, d'Euphorie. Vous vous tordiez dans la poussière, hurlant comme une truie à l'abattoir.
   -C'était vos propres hennissements de jument que vous entendiez, Sigurndottir. Ou bien étaient-ce vos suffocations, difficile à dire avec tout le sang qui pissait de vos naseaux.
   Lesdits naseaux se dilatèrent lorsque la Naine expira profondément. Ses yeux grondaient d'un orage de violence qui trouvait un écho quasiment identique dans ceux de ma marraine. Toutes deux avaient la main fermement lovée autour de la poignée de leur épée. Je constatais alors que la foule avait ménagé un cercle autour de la joute verbale. Les visages étaient tournés vers l'échauffourée, remplis d'excitation ou de crainte.
   La tension était tellement palpable, j'aurais certainement pu trancher l'air qui les séparaient et mon épée aurait rebondi comme ayant frappé de l'acier. Je remarquai juste alors que cette Sigurndottir n'était pas seule. Une jeune Naine se tenait à droite de sa monture, tenant  la bride de la bête. Elle était jolie, dotée d'une beauté plus discrète, plus simple, sans artifice. Son visage étroit aux traits doux arborait quant à lui une longue barbiche du même noir que ses cheveux tressés. Elle portait un gambison de cuir orné d'armes similaires à celles de l'armure de sa maîtresse.
   Elle me jeta un regard implorant, visiblement inquiète que la situation ne dégénérât. Je soupirai intérieurement. Il valait mieux, en effet, éviter un esclandre, surtout ici, au milieu d'une foule abrutie de chaleur et d'ennui qui n'attendait probablement que ce genre d'événement pour éclater en émeute.
   Je fis un pas en avant, venant me placer aux côtés de ma maîtresse.
   -Ma dame, dis-je de ma voix la plus douce, la plus diplomatique. Le seigneur votre père attend probablement notre arrivée. Nous devrions reprendre la route.
   Elle ne réagit pas immédiatement, comme si elle ne m'avait pas attendu. Puis, quelques secondes plus tard, elle expira profondément, forçant son corps à se détendre. Sa main s'ouvrit et son bras retomba le long de son flanc.
   -Tu as raison. Il n'y a aucune raison de le faire patienter à cause d'une nuisible. Partons.
   Elle se retourna et fit un pas en avant. Le ricanement de Sigurndottir retentit derrière elle.
   -C'est cela, d'Euphorie. Fuyez. Sauvée par une pucelle. Qui est-ce, d'ailleurs ? Votre servante ? Vous devriez la faire combattre en votre nom, elle proposera certainement un bien meilleur spectacle.
   Je sentis mes joues rougir sous l'insulte et surtout d'être, une fois encore, pris pour une femme. La servante de la guerrière baissa les yeux, visiblement mortifiée par le comportement de sa maîtresse. La mienne, de maîtresse, se stoppa et se raidit. Elle fit volte-face mais contrairement à ce que je m'imaginais, c'était un sourire triomphant qui se dessinait sur ses lèvres.
   -Vous avez raison, Sigurndottir. Ainsi, vous aurez enfin un adversaire à votre mesure, rétorqua ma dame en exagérant les deux derniers mots, ce qui provoqua l'hilarité de la foule.
   Ce fut au tour de la Naine de rougir violemment, mais sous le coup de la colère.
   -Eugénie, gronda-t-elle en faisant avancer sa bête.
   -Hyldegarde, gronda ma marraine en retour, lui rendant son regard noir.
   Elles s'avancèrent l'une vers l'autre. Hyldegarde se dressa sur sa selle, jusqu'à ce que leurs fronts se touchent et qu'elles se grognent à la figure l'une de l'autre, leurs nez s'écrasant l'un l'autre, leurs lèvres à quelques centimètres à peine, repliées pour dévoiler leurs dents serrées.
   -Je vais t'écraser comme la vermine que tu es, souffla la Naine avec rage.
   -Lorsque j'en aurai fini avec toi, tes ancêtres se couperont la barbe de honte.
   -Tu retourneras ramper en pleurant dans les jupes de ton père.
   -Ton nez ne sera bientôt plus seul à se lamenter de sa forme incongru, je lui dois bien ça.
   Elles cessèrent de s'insulter, se contentant de gronder sourdement comme deux chiennes luttant pour la domination. Je n'avais encore jamais vu ma maîtresse dans un tel état. Quoi qu'il se fût passé entre ces deux là, ce devait-être quelque chose de grave. Je m'imaginais déjà devoir expliquer à la garde pourquoi ma maîtresse et cette Naine étaient ainsi étendues dans la poussière, entre-tuées.
   Cependant, à la surprise générale, elles se séparèrent comme d'un commun accord tacite et toute leur animosité se vaporisa sous mes yeux ébahis, remplacée par un froid dédain.
   -Ne prenez pas trop vos aises, d'Euphorie, fit Hyldegarde en ordonnant à sa monture d'avancer d'un coup des talons. Votre séjour à Miderlyr sera des plus brefs. Je m'en assurerai personnellement.
   -Continuez de prendre vos désirs pour la réalité, Sigurndottir. Je vous verrai sur le pré.
   La Naine lui lança un dernier regard par dessus l'épaule avant de disparaître, avalée par la foule qui s'empressait de s'écarter sur son passage. Je poussais un soupir à pierre fendre. Je n'avais aucune idée de ce qu'il venait de se produire.
   -Qui était-ce, demandai-je en reprenant ma place aux côtés de ma marraine, tirant la bride de Caramel pour qu'il me suivît.
   -Hyldergarde Sigurndottir, fille héritière du thane Sigurn Olsgerson de la maison Excavard, seigneur souverain des Grimmonts.
   -Une princesse ?
   -Et pas des moindres.
   -Que s'est-il passé ? Je veux dire, pardonnez ma curiosité, mais tout ceci avait l'air fort grave.
   -Grave ? Ah ! Ne dis pas de sottises, filleul. Cette idiote arrogante pense m'arriver à la cheville, simplement car l'arbitre de notre unique duel a déclaré un match nul.
   Je clignai des yeux.
   -Un match nul ? Dans un duel ? Je ne savais pas que c'était possible.
   -Ca ne l'est pas, grinça ma marraine.
   Je venais visiblement de toucher un point sensible.
   -Mais il faut croire que la fierté de « sa majesté » valait bien une entorse aux règles ancestrales du noble art.
   Elle cracha par terre de dédain, un geste bien peu élégant que je ne lui avais encore jamais vu faire.
   -Prends moi au mot, filleul. Lorsque j'en aurai fini avec elle, il n'y aura pas que sa fierté qu'il faudra panser.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Cap le jeudi 03 janvier 2019, 15:01:13
Pardon, j'ai plus tardé que prévu :niak:



21 juillet

    Je maugréai. Les mains dans les poches, je marchais dans les rues peuplées de la Basse-Ville. Slalomant habilement entre les gens, je laissais mes pensées vagabonder. Mon enquête n'avançait pas. La cheffe naine, Aube comme elle se faisait appeler, ne se montrait pas. Ses seconds m'avaient reçu, me certifiant que les relations entre nos deux guildes resteraient les même, et m'encourageant à apprécier les festivités.
    D'un mouvement fluide, j'évitais au dernier moment un homme en armure légère, une hache pendant à son côté. Sûrement un concurrent du tournois en recherche d'une bonne taverne.
    Et rien sur la Tiare. Soit je n'étais pas dans le secret, soit le projet de vol avait été avorté. Cette deuxième inenvisageable il y a quelques jours, était maintenant devenu une possibilité. Les assassins causaient trop de problèmes.
    La foule se fit plus compacte devant moi. Les gens s'étaient arrêtés, observant visiblement quelque chose. En me hissant sur la pointe des pieds, je vis quelques jongleurs faisant quelques tours. Rien d'intéressant. J'avisai une ruelle sombre sur la droite et m'y glissai.
    Un homme, habillé de sombre, était appuyé contre le mur à droite. J'eu un mauvais pressentiment en l'apercevant. Pressentiment qui se confirma lorsque, du coin de l’œil, je vis une autre silhouette se découper à l'entrée de la ruelle. Je soupirai. Les ennuis étaient arrivés.
    L'homme face à moi se détacha du mur d'un mouvement souple, et me barra le passage :
    - Eh petit ! As-tu envie de ...
    D'une voix posée, je le coupai net :
    - Quoique vous proposez, je ne suis pas intéressé.
    C'était des assassins, à ne pas en douter. Les rumeurs courant dans la guilde disaient qu'ils recrutaient, je ne pensais pas que c'était de la sorte. En tout cas, hors de question pour moi de les rejoindre. J'avais d'autres choses à faire qu'infiltrer la guilde des assassins.
    L'homme face à moi ne s'étant pas repris, je continuai :
    - Maintenant, si vous voulez bien m'excuser...
    Je repris ma marche d'un air nonchalant. Après deux pas, je fus à la hauteur de l'homme devant moi.
    - Eh petit pas si vite !
    Il posa une main ferme sur mon épaule. Voulu poser une main ferme sur mon épaule. Des que j'avais vu son geste, je m'étais mis en mouvement. Appui sur la jambe droite, rotation, jambe gauche projetée violemment. Un craquement sec confirma la rencontre entre mon pied et son genou. Il s'effondra dans un grognement tandis que son comparse se jetait en avant.
    D'un geste fluide, je m'emparai d'une des petite dague de lancer d'une de mes poche. Rotation. Lancer. La lame se planta profondément dans la cuisse du deuxième assassin, qui en manqua de tomber. En deux pas, je fus sur lui. Un coup de genou bien placé, et il fut au sol.
    Une seconde de réflexion plus tard, je sortis une fiole de poison d'une de mes poches. D'un geste poli par l'habitude, j'enduisis ma lame noire du liquide transparent. Je fis une petite entaille au bras à chacun des deux hommes, qui tombèrent très vite dans les vapes. Ce poison était d'une efficacité redoutable, et l'enchantement de ma dague renforçait d'autant leurs effets.
    Je poussais péniblement les deux corps contre le mur. L'éventuel passant n'y verrait que deux alcooliques cuvant leurs trop nombreuses bières.
    Je repris ma route. Cette fois, j'étais pressé. Je devais regagner la guilde, et vite. Deux assassins prisonniers, ça pouvait toujours être utile.


    Une fois arrivé dans le repaire, je croisais rapidement un des seconds de la naine. Ce fut Elsyäh. Cette elfe, grande, toute en finesse, portait ses longs cheveux blonds attachés en une longue natte. Dans ses grands yeux verts luisait une lueur tantôt d'amusement, tantôt de mépris. Elle m'assura d'une voix douce que les prisonniers seraient récupérés rapidement. Alors que je prenais congé, elle me glissa qu'Aube allait s'exprimer dans l'auditorium, et que ce serait bien vu que je sois présent.
    Je me rendis donc dans la salle indiquée. Elle était déjà bien remplie, les voleurs discutant en petit groupe, attendant l'apparition de leur cheffe. Je m'installai tranquillement contre un mur. D'ici, j'avais une vue d'ensemble sur la salle, et surtout, sur l'estrade sur laquelle la naine allait se montrer.
    Quelques personnes arrivèrent encore, dont un étrange trio : un gigantesque humain au cheveux noirs, une jeune elfe aux cheveux platine et un étrange félidé. Puis, enfin, Aube apparut. Petite, vêtue d'une cuirasse serrée d'un noir profond, et d'un pantalon bouffant de la même couleur, elle avait surgi d'un passage discret à l'arrière de l'estrade. Une capuche recouvrait sa tête, tandis qu'un magnifique masque d'or cachait son visage. Seuls deux yeux d'un bleu saphir y brillaient, posant sur la foule un regard attentionné. Elle prit la parole :
    « Mes chers camarades, aujourd’hui est la veille du tournoi. Comme vous le savez, celui-ci constituera une formidable distraction pour notre vol. N’oubliez pas, vous êtes mes yeux et mes oreilles, vous devez m’informer de tous les faits et gestes auxquels vous serez témoins. Je vous recommande également la plus grande prudence : la Guilde des Assassins semble avoir un nouveau chef, qui semble plus agressif que le précédent. Si les Assassins veulent une guerre, ils vont l’obtenir, mais évitez de les provoquer jusqu’au vol de la Tiare. J’ai envoyé deux espions l’épier, nous découvrirons ainsi leurs intentions. Continuez les préparatifs du vol sans vous laisser distraire. Par ailleurs, l’Invisible ici présent nous apportera son aide généreuse, envoyé par sa Guilde. Je vous prierais de le traiter comme l’un des nôtres. »
    Je la scrutais pendant son discours, notant chacun de ses mouvements. Aucun signe distinctif apparent sur sa tenue, rien pour la reconnaître. Et pas non plus de tic ou de manière de parler particulière.
    Elle énonça ensuite les différentes tâches auxquelles étaient affectées les différentes équipes de la guilde, avant de rapidement nous souhaiter bonne chance et prendre congé. Tandis que la foule s'éparpillait tranquillement, elle disparu par où elle était venue. Je restais songeur. Première fois que j'apercevais la cheffe naine, et je n'avais rien appris. Il fallait donc passer à la vitesse supérieure. Prochaine étape, infiltration de ses quartiers !
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Sentinelle le jeudi 03 janvier 2019, 18:21:51
19 juillet

Je me levai, prête à accomplir la routine matinale. En ce superbe 19 juillet, j’observais sans motivation les marchands s’activer de bon matin. Ma fenêtre m’offrait une vue superbe de tout le Grand Hall. Ma forge se trouvait au rez-de-chaussée et principalement en extérieur (mettre une forge dans une maison n’étant pas particulièrement une bonne idée). Le premier, et seul étage de la masure me servait d’habitat.

Une fois toutes mes obligations terminées, je nouais mes cheveux blonds rapidement. Aujourd’hui était un jour différent de d’habitude, c’était le jour où je me rendais à la guilde.
Après quelques minutes, j’eus enfin fini ma marche et étais arrivée devant la lourde porte de la guilde.
La Guilde des Forgerons, dirigée d’une main de fer (excellente blague) par Ghildam l’Abrupt. Son physiquement imposait à la fois la peur et le respect, ses yeux très clairs contrastaient avec sa barbe brune et lui donnaient un regard insaisissable. Cependant, pour l’avoir rencontré plus d’une fois, je ne pouvais que m’attrister devant une telle réputation. En effet, il était un homme d’une gentillesse incroyable, toujours prêt à aider les apprentis forgerons. Sa maîtrise de la forge était sans pareille, et il était quelque peu mon modèle pour un jour forger une lame légendaire.

La Guilde des Forgerons était composée de trois allées, sans la moindre hiérarchisation. A vrai dire, c’était souvent un sacré bordel par ici. Mais ça ne me dérangeait aucunement, on ne pouvait pas dire que j’étais très organisée non plus. Tous s’affairaient sur différents projets de forgeage, des plans, des affaires d’argent…

Une guilde était un lieu de regroupement de personnes exerçant a priori la même profession. C’était le cas ici, mais je ne pourrais dire comment fonctionnaient les guildes de voleurs, mages, ou autres choses qui m’étaient très obscures. Beaucoup de camarades du métier se contentaient de se regrouper autour de grandes tables pour discuter de toutes sortes de choses, mais il y avait beaucoup de choses à faire ici. Moi, je venais surtout régler mes paiements de matériaux.
De nombreux forgerons achetaient leurs matériaux chez des particuliers, chez des marchands ambulants, peu importe, nombreuses étaient les possibilités. Les forgerons les plus modestes – comme moi, avaient plus d’avantages à les acheter directement à la guilde.

Je me dirigeai ainsi vers l’intendant chargé de recueillir mon paiement une fois que j’eus fini d’admirer la cohésion inébranlable de la guide. 
Une fois ma tâche achevée, je pouvais donner libre cours à mes déambulations. Je pris mon temps à observer quelques artisans à la tâche. Ils étaient pour la plupart très doués et je jalousais la facilité avec certains maniaient les métaux en fusion. Les plus impressionnants étaient bien souvent les fabricants d’armures. Pour l’instant, je n’arrivais qu’à forger des armures de cuir ou bien de fer léger. Je n’étais pas mauvaise cela dit, mais j’étais très loin d’atteindre leur niveau. La finesse et la solidité de certaines pièces d’armure me laissaient tout simplement sans voix. Toutes ces personnes concentrées dans leur tâche jusqu’à ce qu’ils eurent terminé ne me donnaient que davantage envie d’exercer ce métier.

Le forgeage était un art, à n’en point douter. Et un jour, je serais en mesure de parvenir à mes fins : Je forgerai une lame d’une qualité légendaire, sculptée délicatement et capable de fendre n’importe quoi. Une véritable œuvre d’art.
C’est pour cela que je m’entraînais chaque jour et parfois même la nuit.
Un bruit inhabituel me tira de mes pensées, je m’approchai de là d’où il semblait venir :
Un petit homme frappait de son marteau un matériau que je n’avais jamais vu, qui ressemblaient plus à un croc ou une griffe qu’autre chose.
Je m’approchai davantage, intriguée. Le petit homme me remarqua et m’adressa la parole en riant :
« Ça vous intrigue, hein ? C’est un croc de démon, je devrais pouvoir en faire une dague solide.
-Vous faites des armes en résidus de démons ?
- Quand j’ai les matériaux, oui. Mais il ne s’agit ici que d’un reste de démon mineur, elle ne deviendra jamais une lame aussi formidable que j’aimerais qu’elle soit. Il est très dur de se procurer des matériaux de démons intéressants pour le forgeage car ils sont très vite achetés par les mages, et leur sont souvent réservés… Va savoir ce qu’ils en font ces maudits mages.. Le moyen le plus sûre d’en obtenir est de s’en procurer soi-même. »

S’en procurer soi-même ? Comme si le commun des mortels pouvait trouver et affronter un démon pour récupérer des matériaux de forgeage. Je souris et remerciai le monsieur avant de repartir chez moi, je n’avais plus rien à faire ici.

Je ne pouvais m’enlever cette histoire de matériaux démoniques de la tête. Une fois rentrée chez moi, je m’assis et y réfléchit encore, jusqu’au coucher du soleil. J’avais déjà beaucoup entendu parler de la forge démonique, c’est un art très méconnu et très peu exploré puisque les matériaux sont quasiment inaccessibles. Mais une lame forger dans les restes d’un démon est assurément une arme extraordinaire. J’avais réellement envie d’en savoir plus sur tout ceci. Le forgeage démonique ne devait pas être bien différent du forgeage traditionnel, le principal problème restait les matériaux. Où pourrais-je trouver un démon ? Serais-je en mesure de le vaincre si je le trouve ?
Mes pensées se redirigèrent rapidement vers : « Où pourrais-je trouver quelqu’un capable de m’aider ? ». Le petit homme avait dit précédemment que les mages réquisitionnaient les restes de démons systématiquement, ils devaient en savoir davantage sur le sujet, ils devraient donc être en mesure de répondre à mes questions, voire de m’aider !
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Achileus le samedi 05 janvier 2019, 12:24:26
20 juillet

Il était midi lorsque Althanéa pénétra dans l'enceinte du grand collégium de magie de Miderlyr. À peine fut elle entrée qu'un vieil homme s'approcha pour la saluer.
-Dame Liadon, quel bonheur, vous avez bel et bien reçu mon message !
-Oui, Sir Kaylipt, je suis venue aussi vite que je le pus, mais la route fut difficile, et la météo peu clémente.
En réalité, elle était partie avec trois jours de retard, suite à un malencontreux oubli. Heureusement, le hasard voulu que le grand tournoi de Miderlyr débute juste après son arrivée.
-Peu importe, Dame Liadon. L'important c'est que vous soyez ici !
-En effet. Puis je visiter ?
-Laissez moi vous accompagner. Ce n'est pas tout les jours que l'on reçoit un RepoussOmbre, même dans un pareil établissement !
-Ce serait un honneur, mais si vous le voulez bien, je vais repérer les lieux seule. N'oubliez pas pourquoi je suis réellement ici.
-C'est vrai, je vous laisse travailler. N'hésitez pas à me demander si vous avez besoin de mon aide !
-Je n'y manquerai pas !
Elle se retourna et partit vers le bâtiment. Elle n'était pas fâchée de s'être défaite de ce directeur un peu ennuyeux et qui, surtout, avait une haleine affreuse qui lui rappelait certaines créatures peu ragoûtantes. De plus, visiter les lieux seule lui permettait d'amener son ami avec elle.
-Arjhan, siffla t elle en ouvrant sa valise, sort !
Un joli pseudodragon rouge sortit de la valise.
-Dis moi si tu sens quelque chose.
Elle referma sa valise tandis que la petite créature allait se nicher près du plafond. La magicienne continua sa visite sous l'œil de son familier caché derrière les lustres. Après quelques couloirs, elle tomba dans une aile consacrée aux appartements des professeurs et des invités. En effet, l'école accueille en permanence des mages, prêtres et autres druides afin de leur faire profiter de la bibliothèque et leur permettre d'étudier dans un environnement baigné de magie.
-Ah, dame Liadon, je vous trouve enfin !
-Monsieur le directeur, dit elle en se retournant, vous désiriez me voir ?
-En effet, je me suis rendu compte peu après notre entrevue que j'avais oublié de vous remettre la clé de votre chambre. J'ai donc parcouru l'école de long en large jusqu'à vous retrouver il y a quelques instants. Tenez, dit il en lui tendant un trousseau métallique, voici vos clefs.
-C'est très aimable à vous, et je vous remercie de tout mon cœur. Si cela ne vous dérange pas, je vais aller m'installer dans ma chambre. Au plaisir de vous revoir !
En réalité, elle espérait ne pas trop le croiser, étant donné son haleine qui assurément lui ferait perdre l'odorat en cas de surexposition.
-Moi de même, dame Liadon !
Elle se retourna et regarda le trousseau de clé. Il portait le numéro 347. Elle se rendit à la chambre indiquée. Une fois à l’intérieur de la pièce, elle s’allongea sur le grand lit, et s’apprêta à faire un petit somme lorsque son regard se posa sur un rouleau de parchemin scellé sur son bureau. Elle se leva à contre coeur et l’ouvrit.

“Pour Mme Liadon,

Voici votre emploi du temps. Il sera valable durant toute la période pendant laquelle vous occuperez le poste de professeur de défense contre les forces du mal au collégium supérieur de magie de Miderlyr.
Il prendra effet le 21 juillet à 13h”

Althanéa regarda sa montre à gousset qui ne la quittait jamais. Il était midi trente neuf.
“Alors c'est demain que je commence les cours. Je vais préparer le mien tout de suite. On verra ce que les élèves penseront de ma méthode.”
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Vaati the Wind Mage le dimanche 06 janvier 2019, 17:37:26
21 juillet




“Je sens des auras néfastes, Imielda. Il y a une multitude de personnes à Mydelir veulent du mal à ceux de mon espèce. Je ne peux savoir qui, mais je te conseille la plus grande prudence. Le jour de mon retour approche, sois prudente. N’oublies pas, j’ai besoin de toi. Et je t’aime.”

A ces mots, je ressentai une flamme me consumer de l’intérieur. “Je t’aime.” Rien au monde ne me réjouis plus que d’entendre sa voix prononcer ces mots. J’étais assise en tailleurs sur mon lit, dans les dortoirs du Collégium. Mon idiote de camarade de chambre n’étant pas encore là, je pouvais discuter paisiblement avec Dazzrug.

“Ne t’en fais pas, lui dis je. J’exterminerai de mes propres mains tous ceux qui te voudront du mal.
-Je n’en doutais point. Le Rituel devra bientôt être effectué, tu dois dès maintenant acquérir une épée rituelle. Je sens une présence approcher, nous parlerons plus tard.”

Sitôt sa phrase terminée, Alraune entra dans la chambre. La petite sotte me fit un sourire, auquel je répondis par le plus pur des sourires possibles. Plus que quelques jours à supporter cette existence… Je devais tenir bon. La nuit tombée, je jetais un  simple sortilège afin d’endormir profondément Alraune, avant de m’enfuir par la fenêtre. Je me faufilais vers le nouveau point de rendez vous de notre culte, dans les sous sols oubliés du Collégium. Il ne restait que cinq jours avant le retour de Dazzrug. Le Conseil des Ombres était à présent assez puissant.  Les choses sérieuses pouvaient commencer. J’attendais l’arrivée de tous, voyant ravie que de nouveaux arrivants avaient rejoints les rangs. Une petite dizaine à peu près. Nous étions à présent précisément 189 croyants. Cela était parfait. Une fois tout le monde arrivé, je les fis entrer tous dans un immense cercle de poudre. J’étais au milieu de deux piliers.Une fois tout le monde entré, le cercle ainsi que les piliers s’enflammèrent de flammes rouges sangs, et je pris la parole:
“Mes chers frères, mes chères soeurs. Cet endroit dégage une aura magique immense. A partir de maintenant, le Conseil se réunira toujours ici. Je veux que vous tourniez toutes vos pensées vers Dazzrug. Pour nos nouveaux arrivants: ceci n’est pas un petit rendez vous pour votre dose de frisson démoniaque. Vous vous engagez en revêtant la tenue du Conseil des Ombres à prendre part dans une chose grande, et vous en serez récompensés. La cérémonie peut commencer. Ceci est le véritable commencement du Conseil des Ombres.”

Ainsi je leur fis gestes de s’agenouiller, et de prier. Ainsi je pus commencer:

“Yam Dazzrug, Ektal Kwal Jürdun, redictul amior nuelstra. Dekelterul  yut sapios et  yut powlega.”

Cette phrase avait été prononcée en langage démoniaque. Si je parlais cette langue à la perfection (un siècle ayant été nécessaire pour cela), aucun de mes fidèles ne la connaissaient. Néanmoins, elle eût l’effet escompté: un vent fort se mit à souffler. Je remarquais quelques regards inquiets: la puissance du démon commençait à se faire ressentir. Elle m’entourait, me englobait. Je me sentais entourée par lui... Le reste de la Cérémonie allait être effectué en un simple langage terrien.

“Dazzrug,Maître des monstres ancestraux Seigneur de la Mort et Pourfendeur des anges. L’heure heureuse de ton retour est proche. Adoré par tes fidèles, ton pouvoir fait trembler la terre. Que chacun ici se sache compris et écouté, aimé par toi. En croyant en toi nous augmentons ton pouvoir. Et plus ton pouvoir sera grand, plus ta générosité le sera.
 Toi qui fut scellé par les dieux tyranniques, ton retour annonce la joie sur terre.
Toi qui a connu l’Enfer créé par les divinités, tu viens nous en prévenir.

Tu es le seigneur des flammes et de la mort, et ton feu réchauffe nos âmes éperdues de toi.”

Le reste de mes louanges augmentaient l’intensité du vent, augmentant ainsi la croyance de mes fidèles, qui elle même faisait donc augmenter son pouvoir. Cela se passait de mieux en mieux.

Ainsi, à la fin de la cérémonie, les flammes finirent par s’éteindre. Avant de congédier l’Assemblée, j’appelais Alklebath à mes côtés. Alklebath était le seul mortel pour lequel j’avais de l’estime. Jeune elfe très talentueux, il était mon second, et également le seul à connaître mon âge véritable, ainsi que ma condition de vampire. Il portait un énorme sac, auquel il avait jeté un sortilège le rendant son fond. Il tendit alors à chacun des fidèles un masque et des gants en argents, tandis que j’expliquais leur fonction:
“Nous sommes aujourd’hui le 21 juillet, et dès demain matin le Tournoi de Mydelie commencera. J’aimerais que vous arpentiez la foule, et que vous attiriez le maximum de monde. Sachez très chers que le retour de Dazzrug est quasi imminent: si les choses continuent d’aller dans le bon sens, celui ci arrivera le 26 juillet. Ayez la foi, et répandez mes paroles. Si vous êtes menacés, prononcés simplement Obscurus  en tendant les mains gantées pour paralyser l'agresseur pendant dix secondes, vous laissant le temps de vous échapper.”

Sur ces bons conseils, je laissais mes fidèles prendre ces objets. Après tout, j’avais une nouvelle proie à traquer.
Généralement, je suis une proie environ une semaine avant de passer à l’action. J’obserse ses faits et gestes pendant la nuit, et un soir j’attaque. Je les choisi avec minutie: une personne à laquelle personne ne fait attention, et qui ne manquera à personne. Quand c’est un noble de la Haute Ville, j’attend généralement sa vieillesse. Généralement. Il m’arrive quelquefois de me faire un peu plaisir…
Quoiqu’il en soit, ma nouvelle proie était un chevalier déchu, veuf et sans enfants, et qui semblait quand même maintenir une hygiène de vie convenable. Un met correct en somme.

Cette nuit, je l’ai suivi de près, sous ma forme de chauve souris, tapie sous les toits. Il serait ma dernière proie avant le retour de mon bien aimé…
                                                                                                                                                                                       

22 juillet

Finalement, je rentrai dans les dortoirs, trouvant Alraune toujours autant endormie. Je me couchais, et profitais de quelques heures de sommeil.

Je fus réveillée par les premiers rayons du Soleil sur ma peau. En effet, l’un des avantages à être un vampire aussi âgé que moi est que vous devenez immunisé contre le Soleil. Cela était très pratique pour mon imposture en tant qu’étudiante. Je remarquais la présence d’une Haute-Elfe que je n’avais jamais vu avant. Cela était… intriguant. J’ai rapidement appris qu’il s’agissait d’une professeure de défense contre les forces du mal… Hum. De leur point de vue, et s’ils savaient, je représente peut être bien les forces du mal. Quoiqu’il en soit, nous verrons à quoi ressemblent ces cours…

Passant devant la bibliothèque, je remarquais également une jeune femme rousse, plongée dans un livre. Trop vieille pour être une étudiante, à coup sûr. Le Collégium accueillait souvent des curieux, mais elle m’intriguait. Je m’arrêtai pour la regarder. J’entendis Dazzrug me parler:
“Je sens une présence démoniaque émaner d’elle, mêlée à celle d’un être purement mortel. Je ne sais si ses intentions sont néfastes ou non.”

Mince, elle m’avait remarqué. Elle me regarda, intriguée. Je lui répondis par un petit sourire niais dont j’avais le secret, faisant comme si je la saluais, avant de m’en aller rejoindre Alklebath. Néanmoins, j’avais bien perçu quelque chose dans son regard avant de la quitter: elle se doutait de quelque chose. Son oeil noir, pour peu que l’on côtoie un démon quotidiennement et que celui ci consente à vous en apprendre sur son espèce, révélait une malédiction ou autre chose de ce genre. Si elle était nuisible, mieux valait en avoir le coeur net, et si c’était bien le cas, alors je l’assassinerai de mes mains. J’attirais donc Alklebath vers moi. Grand, mince, des cheveux bruns ténébreux et des yeux bleus, il se faisait régulièrement bourreau des coeurs au Collégium. Je lui dis donc:
“Je veux que tu t’approche de cette inconnue, et que me rapporte le plus d’informations à son sujet. Il ne faut prendre aucun risque.
-Très bien Imielda, j’y vais de ce pas.
-Parfait. De mon côté je vais tenter d’approcher cette nouvelle professeure. Sa présence n’augure rien de bon pour le Conseil. Les cours commencent dans une heure, je te retrouve à cette heure ci. Bonne chance.”
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Cap le dimanche 06 janvier 2019, 20:15:59
21 juillet

    Cette bibliothèque était passionnante ! J'occupais la place depuis le matin, et la nuit était tombée depuis longtemps. La salle était vide, éclairée seulement par la sphère de lumière posée sur son socle à ma droite. De nombreux ouvrages, anciens ou très anciens, étaient posés sur la table en trois piles : une pour ceux qui semblaient intéressants, une pour ceux qui l'était vraiment et enfin, la dernière, pour ceux qui était, finalement, absolument inintéressants.
    J'avais entre les mains un vieux traité de démonologie d'un autre temps. Ecrit en Haut-Elfique, je peinais à le déchiffrer. J'avais posé sur la table un dictionnaire pour m'aider dans mon étude. Lorsqu'une information me semblait pertinente, je la griffonnais rapidement dans mon carnet de note d'une écriture grossière et penchée.
    Je sentis la Bête grogner. Ah ! Tu rages car j'avais trouvé de nouveaux moyens de contrer tes semblables ? Et bien tu peux cont... Non ! Ce n'était pas ça !
    Une douleur me vrilla la tête. Quelque chose de puissant, terriblement puissant, était en train de gratter la frontière de notre réalité.
    Je pris ma tête entre mes mains, réprimant un gémissement. Non ! Quelque chose l'appelle. L'attire ici.
    La Bête gronda. Je la sentis monter. Non. Non ! Toi, tu restes où tu es !

    Après de trop longues minutes de lutte intérieure, je réussi enfin à La canaliser, me laissant exsangue. Heureusement que j'étais seule dans cette bibliothèque ! Je pris encore d'autres longues minutes à me reprendre complètement, la tête posée entre mes mains, me massant légèrement les tempes les yeux fermés, laissant ma respiration reprendre un rythme normal.
    Je profitais de ce temps pour analyser la situation. Quelque chose était appelé ici. Mais visiblement, il manquait quelque chose pour finir l'invocation. La frontière entre sa réalité et la nôtre tenait encore le coup. Mais pour combien de temps ? Et ce quelque chose... Vu la puissance qu'elle dégageait, et Sa réaction, il y avait de grandes chances que ce soit un démon. J'eu un frisson. Il ne fallait pas qu'il soit invoqué. Surtout pas !
    J'ouvris les yeux. Je ne pouvais pas en parler à l'Archimage. Son comportement bizarre à mon arrivée m'empêchait de lui faire confiance : soit il était dans le coup, soit il n'était plus maître de son esprit. Et si l'Archimage était tombé, cela pouvait être le cas de n'importe quel professeur. J'eu un nouveau frisson. J'étais seule. Seule pour empêcher un démon de fondre sur Miderlyr. Je soupirai. J'avais du travail !



22 juillet

    Dès les premières lueurs de l'aube, j'avais repris mes recherches. J'étais néanmoins nettement moins efficace que la veille. Une part de mon esprit restait occupé par mes découvertes de la nuit. Et surtout, cherchais à répondre à une question : comment empêcher ce démon d'être invoqué et de fondre sur la ville ?
    Ignorant les passages des premiers étudiants, je continuais à (tenter de) déchiffrer le Haut-Elfique. Que voulait dire laurië déjà ?
    Le regard sur mon épaule se fit insistant. Je m'arrachai de mon texte, et tournai la tête. Encore elle ! La jeune étudiante que j'avais croisé devant le bureau de l'Archimage. Le visage pâle, les cheveux noirs, elle me fixait, le regard un peu dans le vide. Je me préparait à contenir la Bête, comme la fois précédente. Étrangement, il n'en fut rien. La jeune fille me salua d'un sourire, et repris la route. Je restais pensive. Pourquoi ne s'était-Elle pas manifesté cette fois ?
    Je secouai la tête. J'étais tranquille pour cette fois. Je n'allais pas m'en plaindre ! Je repris mon travail.

    - Salut toi ! Tu es nouvelle ?
    Je relevai la tête. Un jeune elfe s'était assis sur la chaise face à moi. Les cheveux bruns, les yeux bleus, il flottait sur son visage un air mi-amusé mi-charmeur. Il continua :
    - J'ai vu que tu n'as pas fait de pause depuis ce matin ! Même pas ce midi pour manger un morceau. Je me suis donc permis de t'amener un petit truc à grignoter...
    Joignant les mots à la parole, il me tendit un simple sandwich. Drôle d'approche. Mon estomac ne me laissa pas plus de temps de pour penser. Il n'avait pas tort, et j'avais sacrément faim !
    Je m'emparai du pain, le remercia et croqua une bouchée. Il reprit la parole pour me poser une autre question :
    - Ton travail a l'air très prenant ! Sur quoi tu travailles ?
Son regard passait de mon visage, aux différents livres posés sur la table. Je déglutis et pu enfin lui répondre :
    - L'invocation. Je suis chercheuse, et je viens profiter de cette bibliothèque.
Il me jeta un regard admiratif.
    - L'invocation ? Whoa ! C'est génial ! Tu as déjà invoqué quoi ? Des chimères ? Des esprits élémentaires ? Des... démons ?
    Il avait murmuré le dernier mot en un souffle. Je me figeais un bref instant. Ce pouvait-il que... ? Non, il avait simplement lu le titre des livres traînant sur la table, certains étaient en communs et portaient des noms particulièrement explicites comme par exemple Manuel d'invocation, de domination et de révocation des démons jusqu'au troisième cercle.
    Il interpréta mon silence d'une autre manière :
    - Oh, tu ne préfères pas en parler. Je comprends, nous autres, mage, avons tous nos petits secrets.
    Disant cela, il me fit un petit clin d’œil.
    - Je suis ravi d'avoir fait ta connaissance. Je vais néanmoins devoir te laisser, mon cours commence bientôt. Au plaisir de discuter plus longuement la prochaine fois...
   Il se leva.
    - Au fait ! Je suis Alklebath. Dit-il en me tendant sa main.
    - Sylvanyël. Répondis-je en la lui serrant.
    Le jeune elfe me fit un dernier sourire, avant de filer comme il était apparu. Drôle de personnage. Pétillant, plein d'énergie, il inspirait la confiance. Néanmoins, j'avais d'autres choses à faire que me lier d'amitié avec un apprenti mage, aussi curieux et insistant qu'il puisse être. Je me replongeai dans mon travail.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Achileus le mardi 08 janvier 2019, 12:06:20
22 juillet

Althanéa était en retard, comme à son habitude. Visiblement, habiter au sein même du Collégium ne l’aidait pas à se lever à temps. C’était peut être la faute à ce pari stupide lancé dans une auberge le soir, mais bon, une cinquantaine de pièces pour une petite dizaine de verres, c’était un pari raisonnable selon elle. en plus, elle n’avait pas payé sa consommations, la laissant au perdant du jeu. Elle entra en précipitation dans la salle. Devant elle se tenait une classe qu'elle n'avait encore jamais eu, mais sa mémoire était trop floue pour qu'elle se souvienne de leur niveau. Qu'importe, elle n'en était qu'à son deuxième jour ici, elle aurait le temps de s'habituer aux élèves, du moins elle l'espérait.
- Bonjour à tous, et bienvenue en cours de défense contre les forces du mal ! Je me nomme madame Liadon, je remplace le professeur housset qui est malade pour une durée indéterminée.
- Bonjour Madame, crièrent les élèves en coeur.
- Bien, trèves de bavardages inutiles, commençons le cours tout de suite. Quelqu’un sait ce qu’est un loup garou ?
Plusieurs mains se levèrent, et la professeure en choisit une au hasard.
- Les loups garous sont des humains prenant une forme canine lors de la pleine lune, madame.
- Bien, et quelqu’un sait comment les tuer ?
- Il faut les toucher avec une arme en argent.
- Exactement ! Une arme en argent tue un loup garou sur le coup. L’argent est également efficace contre les vampires : il ne peut pas les tuer, mais les fait beaucoup souffrir. D’ailleurs, quelqu’un sait comment tuer un vampire ?
Une unique main se leva.
- Un pieu, dit la fille discrète assise au fond, madame, il faut utiliser un pieu.
- C’est exact… Quel est ton prénom jeune fille ?
- Imielda.
- Eh bien, Imielda, tu as parfaitement raison, il faut utiliser un pieu, de préférence en bois.
La jeune fille parut tressaillir, comme si la professeure venait effectivement de lui planter un pieu en plein coeur. Elle se tut alors.
- Bien, reprit Althanéa, il est temps de vous préparez à affronter ces fameux lycanthropes. Qui veut commencer ?
Le premier arrivé fut le premier servi. Un jeune élève, visiblement plein d’assurance, s’avança sur l’estrade. La professeure lui déposa un petit poignard aux reflets argentés dans la main.
- Quel est ton nom ?
- Hadrabal, madame.
- Bien Hadrabal, prépare toi. Prêt ? Demanda Althanéa en posant un coffre de bois en face de l’élève.
- Oui, ricana le jeune garçon avec un ton rebelle, toujours.
L’enseignante frappa trois coups sur le coffre, puis leva le loquet. Soudain, l’air paru oppressant, le soleil semblait s’assombrir et une forme sauvage émergea du coffre. On aurait dit un loup, mais un loup ne se tiendrait jamais sur ses deux pattes ainsi. C’était un loup garou, un chasseur de la nuit, féroce et impitoyable. Hadrabal poussa un hurlement et laissa tomber le poignard au sol. Il sentit le visage du lycanthrope se rapprocher de son visage. Il était sur le point de dévorer l’élève quand soudain, la professeure referma le coffre.
- Bien, comme vous le voyez il y a un fossé entre la théorie et la pratique, surtout dans cette discipline complexe. C’est pourquoi je vais vous enseigner, tout au long de l’année, les différents techniques pour garder son sang froid.
- Vous êtes folle, haleta Hadrabal, on ne peut pas se battre contre des monstres pareils !
- Allons, monsieur Hadrabal, auriez vous peur d’un simple changeforme ?
La professeure rouvrit le coffre en ne frappant que de coup, et un magnifique oiseau bleu turquoise en sortit.
- Comme vous le voyez, les changeformes sont des animaux très pratiques. Mais ne vous y méprenez pas : lorsque qu’un changeforme se transforme en une créature, il a le pouvoir de vous faire oublier sa véritable nature, et de fait, lui même change de personnalité. Pour arriver à distinguer si la créature en face de vous est réelle ou non, il vous faudra côtoyer longuement ces fascinantes créatures qui sont extrêmement difficile à trouver, bien que ce ne soit pas l’espèce la moins fertile, loin de là. Bon, assez bavardé, reprit Althanéa en faisant signe à l’oiseau de revenir à l’intérieur du coffre, qui veut essayer d’affronter un loup garou ?

La sonnerie de fin du cours retentit soudain. Difficile de rater le gros son de cloche, que l'école ne se décidait pas à changer malgré la possibilité de recourir à une alarme magique. Althanéa referma le coffre, au désarroi de l'élève qui était près à régler son compte au changeforme déguisé. Les élèves se précipitèrent vers la sortie en se bousculant. Dans cette mêlée, Imielda se fraya un chemin pour atteindre la proffesseure.
- Madame, demanda-t-elle, je peux vous poser une question ?
- Oui, Imielda, répondit Althanéa avec un grand sourire, il n’y a pas de problème.
La classe ne contenait plus que quelques élèves qui se pressaient de faire rentrer leurs affaires dans leur sac.
- Je voulais vous demander… Y a t il d’autres moyens que le pieu pour tuer un vampire ?
- Oui, dit Althanéa en s’efforçant de garder son sourire, il y a déjà le pieu, comme tu dit, et d’autres méthodes pour le blesser, comme l’ail, mais pour réellement le tuer, il te faut un pieu en bois, obligatoirement.
- Et je voulais aussi vous demander… Possédez vous un pieu ?
Son regard devint insistant et pénétrant. Althanéa sentit son pouls s’accélérer. Des images commencèrent à lui venir en tête. Des monstres, des tueurs, des adorateurs fous. Les yeux d’Imielda devinrent noirs et elle commença à murmurer d’étranges paroles à la prononciation obscure. Althanéa essaya de résister, en se focalisant sur quelque chose qui lui donnerait la force, et elle pensa soudainement à sa famille qu’elle n’avait pas vu depuis très longtemps. Elle se concentra fort sur cette image et une lueur rouge apparut dans ses yeux. Elle prononça une formule et Imielda ferma les yeux. Les visions s’arrêtèrent, et l’élève rouvrit les yeux.
- Excusez ma question, madame, sourit Imielda, mais je suis friande de connaissance. À demain.
Elle sortit de la pièce avec un naturel déroutant.
Althanéa se caressa la tempe. Que venait il de se passer ? Il lui avait semblé un instant qu’Imielda tentait de s’immiscer dans ses pensées... C’était impossible. Un sort aussi puissant nécessitait de très longues années d’études, et était réservé à l’élite de la magie. Même Althanéa avait du mal à y résister, alors l’utiliser… C’était impossible pour elle. Avait-elle rêvé ? Elle avait eu l’impression qu’Imielda n’avait rien vu de tout cela, peut être était-ce une hallucination ? Non, se dit elle, c’était réel. Une étrange connexion semblait les avoir reliées. Les images qu’elle avait vu était des images dont elle se souvenait avoir vécu,comme le tueur à la lame bleue qu’elle avait combattu en Guardégie, mais d’autres, comme les mystérieux fanatiques drapés de noir, lui étaient inconnus, et venait certainement de la mémoire de sa jeune élève. Elle fit rapidement le lien avec la véritable mission que le directeur de l’académie lui avait donnée : trouver un culte maléfique qui sévissait dans le Collégium et mettre fin à ses agissements. Mais le fait qu’une élève assez douée pour pénétrer son esprit, même partiellement, était signe d’un danger plus grave qu’elle ne l’espérait. Elle devait agir vite, et avant tout connaître la véritable nature d’Imileda, afin de savoir à quoi elle avait à faire.



Immiscer ça prend deux m, dingue non ? Ça m'a retardé tant de révélations.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Yorick26 le samedi 12 janvier 2019, 17:13:57
Cheiralba
Tisseuse enquêtrice
Date inconnue, quelques jours avant le tournois
Dans la grande salle des tisserands

La salle était pleine. Cheiralba jeta un coup d’œil autour d'elle. Les Valériannes occupaient une place centrale sur une estrade si bien que toute personne présent dans la salle de vente des tissus du Grand Hall pouvait, à défaut de voir les intervenants, au moins les entendre. Autour d'eux, à une distance raisonnable avaient été placées en cercle des chaises. On avait pris ce qu'on avait trouvé parmi les boutiques itinérantes ou habituelles ce qui donnait un ensemble dépareillé. Néanmoins, elles étaients toutes occupées. Les chefs de famille appartenant la guilde des tisserands occupaient le premier cercle. Dans le second cercle, se trouvaient les représentant des guildes connexes : les couturiers, les tanneurs, les agrémentistes, les raccommodeurs, les teinturiers s'étaient déplacés pour cette réunion un peu particulière. Ils étaient accompagnés des trois représentants de la corporation de la Soie. Il s'agissait d'un père et de ses deux fils qui se ressemblaient en tout point. Le vieil homme ne pouvait en aucune manière douter de la fidélité de sa femme. Les deux fils qui lui succéderont un jour le suivaient alors partout afin d'en apprendre le plus sur comment gérer la corporation des marchands.

Restaient alors les places debout. On y trouvait alors des personnes de moindre importance. Cheiralba en faisait partie, ainsi que Khayn Du Murié et quelques membres supplémentaires de la famille Du Murié. La femme araignée portait une de ces tenues blanches. Elle avait travaillé dessus toute la nuit. Elle ne l'avait pas fait de bout en bout. Elle l'avait complété l'une de ces anciennes tenues et changé quelques dentelles pour porter de nouveaux motifs. Mis à part elle ou quelques admiratrices qui guettaient chaque changement vestimentaire, personne n'aurait su qu'il s'agissait d'une reprise tant le produit initial était de bonnes factures et les retouches innovantes. Khayn Du Murié portait quant à elle une de ces robes préférées : une tenue entière couleur lie de vin qu'elle avait recouvert d'une dentelle noire, en signe de compassion au chagrin, qui recouvrait largement le haut de son corps et de manière plus serrée la partie basse de sa tenue. Si Cheiralba n'avait pas été connue pour son excentricité et pour ses coutumes étrangères, l'absence d'un élément vestimentaire noire aurait été pris pour un affront. La femme araignée ne supportait pas l'odeur des colorants utilisés qui persistaient malgré toutes les expériences qu'elle avait tenté. Rajouter du parfum n'avait fait qu'empirer les choses. Le nez fin s'en trouvait qu'encore plus agressé. Supporter toutes les odeurs dans cette salle était déjà un supplice. Pour l'instant c'était l'odeur des parfums floraux dans lesquels semblaient s'être baignées les femmes dans l'assistance. Le mélange était incohérent et écoeurant.

On semblait attendre encore que quelques personnes rejoignent la salle alors que celle-ci était déjà remplie à rabord. Au bout de quelques temps, Carla Valérianne se leva laissant à ses côtés son mari la tête basse assis sur une des meilleures chaises que l'on avait trouvé. Aussitôt le silence se fit. Ceux qui étaient encore en train de discuter avec son voisin quelques secondes plus tôt comprirent rapidement qu'il y avait quelque chose se passait, le mutisme fut alors communicatif. Lorsque Dame Valérianne fut assurée d'avoir toute l'attention de la salle, elle commença :
Cheiralba savait Dame Valérianne rusée, mais elle en avait encore une fois la preuve aujourd'hui. Elle faisait appel à une exaspération, une colère commune à toutes les personnes présentes dans cette salle du Grand Hall. La milice de la ville et plus particulièrement son chef avait toujours porté un oeil avide sur les transactions qui se déroulaient dans la cité. Les marchands comme les artisans en payaient le prix généralement au sens littéral. Pour éviter une visite des autorités officielles qui nuirait à la réputation et donc aux ventes, il était souvent nécessaire de faire quelques pots de vins. Quelques marchandises ou des bourses de pièces sonnantes suffisaient à éviter des pertes plus importantes. Et ceci était sans compter les sanctions qui pourraient être appliquées si on prenait au sens strict les lois établies. Quelques petits arrangements étaient monnaie courante dans les maisons nobles. Rien de bien fâcheux, toujours dans la moral, mais qui suffirait à ruiner une famille si cela était mis à nu. Les origines ou la nature de Cheiralba en était un parfait exemple.
Le Haut-Duc était indéniablement au courant, mais il fermait volontairement les yeux et demandait à sa police d'en faire de même. Mais leur chef était un homme droit et têtu qui n'appréciait pas d'être coulant envers ce genre de choses. Bien sûr, il n'avait pas le choix, mais le meurtre de la fille de la famille Valérianne aurait été une occasion trop belle pour la rater. Tournois ou non, il n'aurait pas pu s'en empêcher. Ainsi les marchands et les artisans n'avaient aucun intérêt à ce que l'affaire s'ébruite. Toute famille souhaitant prospérer avait son lot de secrets à garder intacts.
D'autant plus que le grand tournois était la période idéale pour faire des affaires. Il y avait certes l'affluence de nouveaux acheteurs et touristes qui permettait d'augmenter ses profits, mais la baisse de vigilance de la police était également une occasion supplémentaire de remplir ses coffres. Perdre cet atout, ce serait un échec qui se répercuterait sur les dix années à venir. Clara Valérianne savait très bien comment convaincre ses troupes et elle l'avait fait avec brio et en peu de temps.
Sous l'effet de la menace, les langues se déliaient et les esprits oubliaient les circonstances de cette réunion pour ne penser qu'à leurs intérêts personnels. En agissant ainsi, c'étaient eux qui se comportaient de manière égoïste. Dame Valérianne croulait sous les reproches qui fusaient tout autour d'elle. Tout d'abord ils ne venaient que du cercle le plus proche, puis même les personnes debout commençaient à chuchoter et à critiquer l'attitude de la famille en deuil. La femme qui se tenait auparavant droite et confiante semblait sur le point de défaillir.
La voix s'était fait forte et puissante de sorte à recouvrir toutes les autres.
Tout le monde s'était tu pour savoir qui venait de parler. Il s'agissait d'un homme brun et grand que Cheiralba n'avait pas jamais vu. Il regardait fixement la famille Valérianne en attente d'une réponse ignorant tous les regards qui pesaient sur lui. La Dame mit quelques secondes pour reprendre ses esprits et analyser ce qu'il venait de se passer pour savoir comment retourner la situation en sa faveur.
Cheiralba sourit. Dame Valérianne soumettait discrètement que non seulement l'aider permettait d'améliorer la situation, mais qu'il y aurait une éventuellement récompense. Une reconnaissance de dette ou bien plus, rien n'était clair. Mais ceux qui avaient perçu le message caché étaient déjà en train d'imaginer les choses les plus folles. Dans quelques instants tous seraient en train de chercher un moyen de s'attirer ses faveurs.
Les discussions animées allaient reprendre et Dame Valérianne perdrait à nouveau la main. Cheiralba savait cependant qu'elle ne flancherait pas. Elle mettrait tous les moyens pour protéger sa famille et la venger. Elle ne reviendrait pas en arrière malgré les menaces.
Cheiralba s'était exprimée en essayant de mettre le plus de fermeté et de confiance dans sa voix. Elle savait que son choix était déterminant et que même si elle n'avait parlé qu'en son nom, elle impliquait également sa famille. Elle se tourna vers Horatio. Comme tous les autres, son regard était tourné vers elle, mais contrairement à eux, il arborait un sourire de satisfaction. Il se leva de sa chaise et s'exclama pour que tout le monde l'entende :
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Vaati the Wind Mage le dimanche 13 janvier 2019, 12:38:05
                                                                                      Imielda
                                                                                         22 juillet


“Une invocatrice tu dis ?
-Oui, c’est ça.”

J’ai réfléchi quelques instants. Elle pourrait être un atout confortable pour le retour de Dazzrug. Les cours étaient à présent terminés, et je m’entretenais avec Alklebath.

“Elle pourrait nous être utile. J’aimerais que tu puisse la convaincre de rejoindre le Conseil. Mais surtout, reste subtil. Son oeil noir exprime clairement quelque chose de démoniaque, alors si tu lui parle directement de démon, elle pourrait se méfier.
-D’accord, génial, me répondit-il. Et toi, qu’as tu trouvé sur cette nouvelle professeure ?
-Ce n’est clairement pas une professeure. J’ai réussi à avoir accès quelques un de ses souvenirs. Disons que quelques uns sont… intéressants. Je ne sais pas exactement pourquoi elle est ici, mais je vais m’assurer qu’elle ne veuille aucun mal à Dazzrug. Son retour est dans précisément cinq jours si on continue sur cette lancée. Toi continues avec l’invocatrice, pendant ce temps je vais aller acheter une épée rituelle. Je compte sur toi !”

Sur ces mots, nous nous séparâmes. Un de mes fidèles m’avait parlé d’une forge au nom audacieux de “Lame Leiris”. N’ayant aucune idée de quelles forges étaient les meilleures, je devrais me contenter de celle là, en espérant que la qualité de la forge soit meilleure que la qualité du propriétaire à choisir les noms. Je me rendis donc au Grand Hall afin de visiter la forge “Lame Leiris”. Une fois arrivée sur place, je découvrais une jeune femme blonde, occupée à forger une lame quelconque. Une fois qu’elle me vit, elle me regarda de haut en bas avant de venir vers moi, d’ôter ses lunettes de protection, et de me demander d’une voix enjouée: “Bonjour mademoiselle, que puis je faire pour vous ?
-Salut, répondis je sur un faux air joyeux, j’aurais besoin d’une épée rituelle pour un office religieux !
-Oh, d’accord je vois…
-Mais ne vous inquiétez pas, c’est juste de la décoration !
-Parfait… aurez vous besoin d’un matériel particulier ?
-Oui, j’ai ce qu’il me faut attendez une seconde…”
Sur ces mot, je piochais dans mon sac et en sortis plusieurs lingots d’ un métal noir, et extrêmement lisses. De l’orichalque.
La jeune forgeronne sembla avoir un instant d’étonnement.
“Est ce que… C’est…
-De l’orichalque. Oui.
-Mais… Où est ce que vous l’avez trouvé ?
-Oh… Disons simplement que j’ai eu beaucoup de temps !
-Mais… on dit que c’est un métal…
-Légendaire ? Non, je vous assure qu’on peut le trouver facilement ! Enfin bref, serez vous capable de forger mon épée avec ce métal ?
-Euh… Oui, oui bien sûr, dit la jeune fille en prenant le métal précieux”

Effectivement, l’orichalque était un métal d’une rareté énorme. En trouver sur le marché noir aurait été presque impossible, mais guidée par Dazzrug, j’avais découvert un gisement. Ce métal est celui des dieux et des démons. Il avait des propriétés miraculeuses. Je sentais un regard soupçonneux, qui lorgna rapidement vers une autre partie de mon corps.
“Hum… Qu’est ce que… qu’est ce que vous regardez ?
-Hein euh… Oh rien, rien rien rien je vous assure ! Mais dîtes moi hum…”

Elle prit une grande inspiration, semblait légèrement stressée, et me regarda avec une leur de confiance dans l’oeil avant de me lancer:
“Dîtes moi, il me semble vous avoir déjà vu dans les parages du Collégium. Dans ce cas, pourriez vous me faire un sortilège de guérison ? Je viens de me blesser le genou en tombant pour vous.”

Je n’ai pas réussi à réprimer mon fou rire. Et j’espère que vous vous rendez compte d’à quel point il est rare de me voir rire. Enfin, de me voir rire sans jouer un rôle. Je n’ai réussi à reprendre mon calme que quelques minutes après, les larmes aux yeux, avant de m’excuser platement:
“Je suis vraiment désolée, ce n’est pas de votre faute, vraiment je euh…”

Un silence s’installa. Je vis que ladite Judith Leiris semblait non seulement déçue mais légèrement vexée.

“Je suis vraiment désolée, je n’aurais pas du réagir comme ça, ai je menti. Je reviendrai vous voir demain pour l’épée, tenez, voici comment doit être dessinée la garde. C’est très important de suivre ce dessin pour le rituel, ai je dis en lui tendant un dessin.
-Au fait, je ne vous ai pas demandé, dit-elle, après s’être relevé de son échec. Pour quelle religion le rituel sera effectué ?
-Oh, je suis désolée mais ceci est extrêmement privé. C’est une religion qui tient à rester discrète, vous comprenez ? Enfin bref, il est temps pour moi de m’en aller, je vous souhaite une bonne journée !”

Je n’étais pas mécontente de quitter cette forgeronne. Ses soupçons commencaient visiblement à apparaître, et ses méthodes de drague n’étaient absolument pas de mon goût. Quoiqu’il en soit, à présent j’avais l’épée.

Je ne prêtais aucune attention au tournoi qui se déroulait. De toute façon, bientôt, plus personne n’y prêterait attention. Il me restait encore quelques heures avant le début de la cérémonie de ce soir. Je voyais mes fidèles en train de prêcher leurs paroles auprès des nouveaux habitants amenés par le tournoi. Cela me rendait ravie, j’étais fière d’eux. C’est alors que je la vis. Elle. Althanéa Liadon. Elle était en train d’observer fixement un de mes fidèles, et était sur le point de l’accoster. Dès que celui-ci la vit, il tendit sa main en avant, criant le sort que j’avais conseillé. Néanmoins, Althanéa bloqua le sortilège d’un simple geste de la main, avant de fondre sur le pauvre garçon. Elle arracha son masque, et son visage se révéla. Je me couvrai rapidement de ma capuche. Elle ne devait surtout pas me voir. Elle aida le jeune homme à se relever, avant de le forcer à l’accompagner. Je les suivais de loin. J’étais affolée. Tout d’un coup j’eu une idée. Je me changeai aussitôt en chauve souris. Althanéa tenait fermement le fidèle par la main, ne relachant sa prise sous aucun prétexte. Alors, je me postai juste devant lui et manipula ses souvenirs. Dès qu’elle me vit, je sus qu’Althanéa savait que je n’étais pas qu’une chauve souris. Je fis en sorte de voler le plus loin possible, me sachant en sécurité: à présent, même le plus puissant des sortilèges de vérité ne changerait pas ce que le garçon dirait à propos du culte. Et surtout, il ne changerait pas sa version où j’étais une innocente victime.

Le soir venu, je remarquais une trentaine de nouveaux arrivants. Je bouillonnais d’une joie immense, en voyant cette  foule nouvelle. Le début de la cérémonie se passa comme tous les autres. Mais les visages de certains palirent quand ils virent arriver une jeune fille. Je l’avais vêtue de blanc, et une fleur couvrait ses cheveux. Je m’expliquais:

“Mes chers fidèles. Cette jeune fille, est une innocente. Mais sa mort est nécessaire, afin de faire revenir Dazzrug. Le rituel exige une offrande innocente avant le sacrifice final. N’éprouvez aucune peine: elle sait ce qui l’attend, et embrasse pleinement sa destinée.”

Aprèc ces mots, la pauvre jeune fille toute tremblante regarda l’assemblée, et acquiesça. Rien n’était vrai bien sûr. Mais je ne pouvais pas prendre le risque que certaines âmes sensibles quittent le culte.
Il fallait bien une offrande innocente, mais qui accepterait le sort de cette jeune fille ? Pire que la mort, de toute évidence: son âme n’allait pas seulement quitter ce monde, elle allait être dévorée, totalement absorbée par Dazzrug. Cette jeune fille allait tout simplement disparaître de cette réalité, sans aucun espoir à une quelconque vie éternelle. Je la plaçais au centre de l’assemblée. Je tournais toutes mes pensées vers mon bien aimé, et prononçais ces mots:
“Yam Ektal Kwal Jürdun, Dazzrug. Nuelstra plelectelius yal ec offere.”

Aussitôt, un râle se fit entendre. Un bras surgit des entrailles de la terres. Un bras vigoureux, couvert de symboles représentant des flammes. Il plaqua l’offrande à terre. Sa mâchoire apparut. Elle mordit la jeune fille qui, hypnotisée, gardait un regard vide. Bientôt, elle et son âme furent totalement engloutis, et Dazzrug disparut. Pendant tout le processus, je n’avais pas réussi à contenir des spasmes de bonheur. Vu cette vigueur qu’il présentait, son retour semblait arriver très prochainement...
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Chompir le dimanche 13 janvier 2019, 16:01:24
Aarsu
La servante et le Haut Duc
22 Juillet, jour de l'ouverture du grand tournoi de Myderlyr, aux alentours de onze heure
À l'entrée de la citadelle

Après avoir longuement marché dans les rues de Myderlyr et l'excitation grandissante, Aarsu arrivait enfin, avec son escorte, sur la route menant à la citadelle, elle était au sommet de la colline, toute de pierre blanche, fortifiée par des remparts et une seule grande porte protégée par la garde ducale et fermée d'une grande herse en fer. On pouvait distinguer derrière les remparts, une haute tour de pierre blanche ainsi que des maisons aux toits fait de tuiles bleues. Il devait s'agir là des bâtiments de la maison ducale. Aarsu prit le temps de regarder les remparts, elle pouvait observer des armes de défense sur le chemin de ronde tels des arbalètes et des catapultes ainsi que des membres de la garde ducale. Elle apercevait aussi des meurtrières, c'était décidément un lien bien gardé capable de résister a un siège de la ville.

Aarsu s'avançait vers la porte gardant la seule route menant à la citadelle et se présenta à un garde. Il s'agissait un soldat qui devait avoir la cinquantaine d'année, plutôt bougon, une moustache tendu dont il avait l'air de prendre grand soin, et une calvitie apparente. Le soldat dévisageai la draconienne l'air de dire qu'elle n'avait rien à faire ici. Aarsu sorti donc le sceau royal de Drakonia qu'elle disposait toujours sur elle en tant que cheffe de la garde du prince héritier Hundwinn Drakonia III et le tandis au garde. Celui-ci pris d'un geste brusque le médaillon l'air de montrer son mécontentement puis l'observa. Peu à peu, son visage pâli, il avait l'air de comprendre ce que ce sceau signifiait et s'excusa de tout son corps. Avoir une délégation du royaume de Drakonia, ce n'était pas tous les jours que ça arrivait :

≪ Pardonnez mon impolitesse, ma dame, avec les temps qui court et le tournoi, nous nous devons d'être le plus méfiant possible, et puis comprenez que ce n'est pas tous les jours que des étrangers se présentent aux portes de la citadelle, sans vouloir vous manquer de respect ou traiter des gens de votre importance d'étranger. Veillez me suivre, je vais vous conduire à l'intérieur de l'enceinte et vous indiquer où se trouve le conseil ducale qui pourra vous recevoir. ≫

À peine avait-il fini sa phrase qu'il commençait déjà à avancer pour guider cette délégation. Aarsu le suivait et elle fini par arriver devant la grande herse de la citadelle. Le garde fit beugla quelque chose d'incompréhensible et la herse commença à se lever. Une fois totalement ouverte, il fit signe à la draconienne et son escorte de le suivre et les guida devant le bâtiment qu'Aarsu avait repéré derrière les remparts plus tôt. Il s'agissait effectivement de la demeure ducale ou siégeait aussi le conseil. Ils arrivèrent devant un grand escalier de marbre blanc, une grande porte prônait en son sommet, c'était une porte de bois massif, très travaillée et sculptée, on pouvait remarquer les écussons de Myderlyr dessus. Le garde frappa la porte d'un anneau de fer maintenu par une bouche de lion, quelques secondes après, un valet vint ouvrir la porte et nous fis signe d'entrer. Le garde quant à lui se retira pour retourner à son poste. On appris du valet qu'il s'agissait du chef de la division de la garde ducale qui s'occupait de garder la porte de la citadelle et qu'il s'appelait Don. Il était plutôt rude aux premiers abords mais cela faisait trente ans qu'il occupait ce poste à la perfection.

Nous arrivâmes dans un petit salon d'attente et le valet nous fit signe de s’asseoir en attendant que quelqu'un vienne nous recevoir. Il empruntait une des portes du salon qu'il referma soigneusement derrière lui. La pièce était tapissé des plus magnifiques pièces qui étaient produites dans la cité, elles représentaient des scènes de chasse, ou bien des animaux, ou encore des joutes. Un magnifique tapis richement coloré et arborant les écussons du Haut Duc Pontifax d'Atragon se trouvait au centre de la pièce. Une magnifique et longue table d'ébène était dessus, ainsi que des chaises fait du même bois, avec un rembourrage en plumes d'oies et recouverte d'un dossier fait d'un tissus vert. Des chandeliers en or étaient posés sur la table ainsi que des corbeilles de fruits venus des royaumes alentours. Un grand lustre pendait du plafond, il était fabriqué en verre coloré, une pièce digne des plus grands artisans verriers.
À côté de la porte qu'avait emprunté le valet, se trouvait deux tableaux qui l'encadrait. L'un représentait le duc sous son meilleur profil tandis que l'autre devait représenter son épouse, décédée depuis longtemps hélas de ce que j'avais pu entendre. Il avait l'air d'une beauté magnifique, un teint frais comme les roses fraîches de la rosée du matin, des yeux d'un bleu saphir et un sourire magnifique d'une bonté incroyable. Des parures venaient orner son cou et une magnifique robe bleue l'habillait.

Le temps passait et j'avais eu le temps d'observer tous les détails de la pièce et de les mémoriser mais personne n'était encore venu à notre rencontre. J'entendais pourtant de l’agitation dans les pièces alentours, une agitation plutôt mauvaise qui avait l'air de cacher quelque chose. Le temps d'attente ne faisait qu'encourager mes soupçons ; que se passait-il ici. Tout avait l'air calme de l'extérieur mais le simple fait de demander une audience au Haut Duc à l'air d'affoler, ne sommes-nous pas les bienvenues ici ? On-t-il peur de nous ? Nous cache-t-il quelque chose. Non, cela ne devait être que mon imagination, le Monseigneur d'Astragon devait juste être occupé.
Peut de temps après mes élucubrations, un homme accompagnée de deux servantes entra par la porte que le valet qui nous avais amené ici avait emprunté. Il était plutôt petit et rondouillet, dans la soixantaine, il portait une perruque de noble et portait des magnifiques habits de velours, surement un des membres du conseil ducale. Il nous adresse la parole d'un pressé :

≪ Je m'excuse pour cette attente ma dame, je me présente, je suis le vice président du conseil ducal, monseigneur Louis d'Ornac. Monseigneur le Haut-Duc D'astragon ne peut vous recevoir mais vous pouvez me faire part de la venue de votre visite si cela ne vous dérange pas.

- Bien sur, je suis enchantée de faire votre rencontre, je vous remercie de nous accorder un peu de votre temps. Je suis Aarsu, suivante, servante et cheffe de la garde personnelle du prince Hundwiin Drakonia III, futur roi du royaume de Drakonia. Il m'a chargé de venir demander audience au Haut-Duc pour échanger avec lui. Je peux vous remettre sa lettre qu'il a rédigé. ≫

Je tendais la lettre au vice président qui l'a pris. Une servante s'approcha de lui pour lui tendre un couteau à lettre. D'ornac lu la lettre, des gouttes de sueur perlaient de son front. Il pris la parole d'un ton désolé et stressé en se raclant la gorge au préalable :

≪ Je suis sincèrement désolé mais cela ne va pas être possible de répondre à votre demande. Le Haut Duc est bien trop occupé et à donner des ordres, il ne veut recevoir personne lors du tournoi, il a énormément de travail avec son organisation et tout ce qu'il implique. Vous allez devoir prévenir le prince Hundwiin qu'il ne peut le recevoir.

- S'il ne s'agit que d'attendre la fin du tournoi, cela peut attendre. Le prince n'a pas encore décidé combien de temps il séjournerait à Myderlyr, mais il n'a pas l'intention de partir tout de suite après le tournoi.

- Huuum, je crains que nous ne pouvions vous donner de date pour le moment, faites savoir au prince de Drakonia qu'il pourra toujours demander une audience au Haut-Duc plus tard après le tournoi. Peut-être qu'il sera alors disponible. Enfin, ce n'est pas tout ça mais le conseil ducal a prévu de se réunir et je ne peux rester plus. Je vais hélas devoir vous demander de nous congédier, servante, je vous prie de les raccompagner à la porte de la citadelle. ≫

Louis d'Orna quitta alors la pièce et comme il l'avait ordonné, une servante vint à nous et nous fit signe de la suivre. Je quittai donc le bâtiment ducal avec cette étrange impression que notre délégation n'était pas la bienvenue, comme si nous venions jouer les troubles fêtes. Une fois de retour à la herse, Don était là pour la faire ouvrir et nous faire quitter l'enceinte de la citadelle. Il nous dit ces mots :

≪ Ecoutez moi, je ne sais pas ce que vous êtes venus faire ici mais cela m'étonnerait que vous ayez été bien accueilli. Peut après que vous soyez entrés, je me suis fait salement réprimander car les ordres étaient clairs, on ne devait laisser personne entrer. J'avais jugé qu'une délégation Draconienne pourrait déroger à cette règle mais il semblerait que non. Je vous dit pas la honte. J'espère néanmoins que vous avez pu faire ce pour quoi vous êtes venus.

- Je m'excuse de vous avoir causer ces réprimandes, hélas, nous avons été congédiés car le duc ne pouvait nous recevoir et le conseil ducal allait avoir une réunion. ≫

Don nous fit signe de le suivre pour nous raccompagner à la porte mais il s'approcha de mon oreille pour me chuchoter quelque chose :

≪ Ecoutez, je n'en sais pas plus mais il se trame quelque chose dans l'enceinte de la citadelle et le conseil ducal a l'air d'être impliqué et de cacher quelque chose. Après 45 ans à travailler pour la garde ducale, c'est la première fois qu'il se passe quelque chose du genre. Moi j'ai un grand sens du devoir, j'ai prêté serment devant le Haut-Duc et juré de le servir mais depuis quelques semaines, tout est étrange et les ordres ont changés ici. Je ne sais pas ce qu'il se trame mais je vous jure sur mon honneur que je le découvrirai. ≫

Les mots de Don résonnaient en moi et ne faisaient que renforcer mes impressions de tout à l'heure. Il se passe définitivement quelque chose dans la citadelle et le conseil ducal ne veut pas que cela se sache... Maintenant, qu'allais-je dire à mon prince par rapport à cela. Le connaissant, il voudrait rencontrer de lui même le conseil ducal et essayer d'en apprendre plus mais, si nous ne sommes pas les bienvenues. Il serait mauvais de créer des tensions entre la cité de Myderlyr et Drakonia. L'après midi est déjà bien entamée, le temps que je redescendes jusqu'au lieu du tournoi, Hundwiin aura peut-être fini ses joutes. Je profiterai de la route pour acheter de la nourriture dans l'un des nombreux stand qui jalonne les rues, histoire que nous mangions un bout.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Great Magician Samyël le dimanche 13 janvier 2019, 18:20:52
Hop, une petite suite. Je ne suis pas allé aussi loin dans le temps que je le voulais initialement, mais ça commençait déjà à faire un petit morceau. Je ferai sûrement une autre suite plus courte pour rattraper la ligne du temps assez rapidement. Enjoy !

__________
Aldérique Briancourt
Ecuyer (à son corps défendant) de madame d'Euphorie
16 Juillet – début de soirée
A l'intérieur de l'hôtel particulier de monsieur de Montalgure


   -Mon papounet à moi !
   -Ma fifille adorée !
   Ma dame d'Euphorie, ourse femelle d'une taille respectable pour pareil spécimen, attrapa son courtaud de seigneur père par les aisselles et le souleva du sol comme si son embonpoint proéminent n'eut été que la conséquence sévère d'une crise aiguë d'aérophagie. Sous les yeux amusés et habitués de la suite de mon seigneur d'Euphorie, et sous ceux plus écarquillés et atterrés du personnel de l'hôtel, ma dame fit tournoyer son auguste géniteur dans les airs, riant comme une petite fille. Loin de s'en offusquer, monsieur d'Euphorie faisait écho à ses éclats, s’esclaffant tout comme elle, le peu de cheveux s'accrochant encore à son crâne luisant voletant follement dans le tourbillon d'acier et de cliquetis métalliques.
   Après quelques secondes de ce manège tout à fait stupéfiant, ma dame reposa mon seigneur au sol, leur folle farandole se transformant en une étreinte franche et plus à propos.
   -Laisse moi te regarder, fit le seigneur d'Euphorie en prenant un pas de recul, ses yeux bruns et plissés aux coins observant avec fierté la haute stature de ma maîtresse. Par les dieux, je jurerais que tu as encore grandi !
   -Hélas, je crains que ce ne soit toi qui t'entêtes à rapetisser, mon papa, répondit l'intéressée avec un grand sourire.
   Ce spectacle me fit venir une curieuse idée à l'esprit. Je me demandai un instant quelle forme pourrait bien prendre mes retrouvailles avec mon propre père. Embrassades et accolades larmoyantes me paraissaient peu probables. Plutôt une secousse du chef, un soupir de déception, un regard lourd de reproches et peut-être mon épée en travers de son corps. Oui, cela me paraissait plus plausible. L'idée me fit sourire.
   -Et qui est-ce ?
   La voix du seigneur d'Euphorie me fit revenir à la réalité. Je clignais des yeux, m’apercevant que tous les regards étaient à présent sur moi. Je sentis le rouge me venir aux joues sous cette attention soudaine.
   -Mon papa, voici mon écuyer, Aldérique Briancourt, intervint ma maîtresse en posant une main ferme et rassurante sur mon épaule. Il me sert diligemment depuis bientôt deux ans.
   -Deux ans ? Diablerie ! Cela fait donc déjà si longtemps que je n'ai pu profiter de ta présence ? se lamenta le seigneur en tendant mollement sa main vers moi, son énorme chevalière gravée du sceau d'Euphorie scintillant vivement dans la lueur du soleil couchant que filtraient les hautes fenêtres du rez-de-chaussée.
   Je m'empressai de jeter un genou au sol et saisis sa main délicatement dans les miennes avant de déposer un léger baiser sur la bague. Je relevai les yeux, croisant son regard. Il m'adressa un bref hochement de tête, me signifiant que mon acte de dévotion était suffisant. Je restai un moment interdit. Il y avait dans ces yeux d'un brun tout à fait commun une étincelle que je n'avais pas vue jusque là. Le regard qu'il posait sur moi était bien différent de celui qu'il posait sur sa fille. Moi, il m'étudiait comme une pièce de viande exposée sur l'étal d'un marchand. Jugeant ma valeur peut-être, mon utilité. Il attendait de moi une obédience servile et tacite.
   Je n'étais que l'écuyer de sa fille chérie. La seule valeur que j'avais à ses yeux était que j'étais utile à ma maîtresse. Je n'avais entendu d'histoires de lui que de la bouche de ma dame, qui l’idolâtrait sans se rendre compte que le portrait qu'elle en faisait lui donnait l'air d'un idiot et d'un débonnaire. Et si son apparence, au premier abord, ne démentait pas ce tableau, il suffisait qu'il posât son regard calculateur sur vous pour que vous compreniez immédiatement qu'il était le seigneur d'Euphorie, l'un des suzerains les plus puissants des Terres Bannières.
   -Briancourt, tu dis ? reprit-il après que je me sois relevé. Un choix intéressant, ma fille à moi. Mais cette discussion peut attendre un moment plus propice. Il y a des affaires plus urgentes. Comme le cadeau qui t'attend dans la cour.
   Un grand sourire fendit les lèvres de ma marraine tandis qu'elle attrapait la main tendue de son père.
   -Un cadeau ?
   -Et pas des moindres, j'en suis sûr. Merci pour votre attention. Vous pouvez retourner vaquer à vos occupations, ajouta-il avec un signe de la main, congédiant les gens de sa suite ainsi que les domestiques qui avaient sans aucun doute été assemblés pour venir saluer l'arrivée de la fille prodigue.
   J'emboîtai le pas au père et à sa chevaleresse de fille, peu certain de ce que l'on attendait de moi.
   -Vous coucherez ici, bien entendu, reprit-il en opinant du chef et d'un ton qui n'admettait aucune réplique. Mon ami André m'a déjà fait savoir à plusieurs reprises à quel point il était heureux et honoré de nous recevoir pour la durée des jeux. Un peu de civilisation après la rudesse de la route ne pourra que vous faire du bien.
   -Bien dit, mon papa. Un bon bain chaud ne serait pas de refus.
   -L'eau est déjà fumante et n'attend que ton bon vouloir, ma fille à moi. Mais nous y voilà. J'espère que cela te plaira.
   Après un signe de main du seigneur, l'un des hommes d'armes portant la livrée d'Euphorie ouvrit la porte d'entrée de l'hôtel, dévoilant les pavés de la cour extérieure sur lesquels tapotaient nerveusement les sabots d'un immense cheval, un destrier colossal à la robe du noir de minuit et à la crinière du blanc de la neige. Ses naseaux se dilatèrent alors qu'une odeur familière lui arriva et les muscles puissants de son poitrail et de ses pattes se contractèrent ostensiblement tandis qu'il tirait sur la corde que tenait le palefrenier pour freiner son avance.
   -Tonnerre !
   Le cri de ma dame trouva un écho dans le hennissement puissant de l'étalon. Elle se précipita en avant, jetant ses longs bras autours du cou de l'animal qui en piaffa de plus bel, visiblement sensibles aux cajoleries de sa maîtresse retrouvée.
   -Je savais que cela te ferait plaisir, ma fifille, dit le seigneur d'Euphorie avec un sourire de contentement. Après tout, c'est le devoir d'un bon père de savoir ce genre de chose.



Aldérique Briancourt
Ecuyer (à son corps défendant, toujours) de madame d'Euphorie
19 Juillet – Tard dans la matinée
Grand Hall, aux abords des « Lames Leiris ».



   Ma dame referma sèchement la porte de la boutique. Elle fulminait, ses grands yeux turquoises grondant d'un orage mal réprimé. C'était la cinquième enseigne que nous visitions depuis notre arrivée au Grand Hall et nous étions toujours les mains vides.
   -Des excuses ! Encore et toujours des excuses ! gronda-t-elle en reprenant son chemin d'un pas vif. « Pardonnez moi, madame, mais notre carnet de commande est débordé. Vous comprenez, avec les jeux, gnagna, gnagni. », singea-t-elle le ton pédant du dernier commerçant visité.
   Je faisais mon possible pour tenir l'allure de ses grandes enjambées. Je me raclai la gorge avant de tenter :
   -Avec tous les combattants venus pour le tournoi, il risque d'être difficile de trouver quelqu'un qui accepterait une commande dans des délais aussi brefs, ma dame. Peut-être vaudrait-il mieux abandonner cette entreprise pour l'instant ?
   -Nenni ! J'ai juré, filleul. Nous ne partirons pas d'ici avant de t'avoir armé convenablement. Mon papa à moi approuve lui aussi cette idée. Tiens. « Lames Leiris ». Tentons notre chance ici. Il serait beau qu'un commerce battant pareille enseigne ne soit pas en mesure de nous fournir une lame de qualité acceptable.
   Soupirant intérieurement, je suivis ma maîtresse à l'intérieur. L'endroit devait être tout à fait charmant pour tout connaisseur des arts de la guerre. Des haches, des épées, des poignards, des lances, des hallebardes, des masses, de tailles et de styles divers, étaient exhibés sur les murs, sur des râteliers, les pièces plus communes remisées pêle-mêle dans des tonneaux. Même pour mon œil peu entraîné, la qualité générale des marchandises était apparente, comme en témoignaient  la lueur de l'acier poli et le détail des finitions.  Un comptoir occupait l'arrière de la boutique mais il était présentement déserté. Les bruits caractéristiques d'un marteau battant une enclume nous parvenaient d'une arrière-pièce.
   -Entrez, entrez ! s'exclama une voix de femme par-dessus la clameur de la forge. Je suis à vous dans une minute !
   Ma maîtresse souffla audiblement du nez, irritée, mais son humeur s'améliora nettement lorsque son regard se posa sur certaines pièces présentées sur des plaques d'exhibition clouées au mur.
   Je m'en allai de mon côté, flânant dans la boutique, laissant mes doigts glisser sur les poignées recouvertes de cuir, sur les lames larges et réfléchissantes. Depuis que nous étions entrés dans Miderlyr, j'avais un nœud à l'estomac qui ne daignait pas s'estomper. Je n'étais pas prêt au combat. C'était une certitude que j'avais et que ma maîtresse était loin de partager. Au contraire, elle n'avait qu'une hâte, celle de me voir fièrement mettre ses enseignements à exécution pour me défaire de mes adversaires sur le pré.
   L'idée de croiser le fer « pour de vrai » me terrifiait. Les duels courtois étaient encadrés par de nombreuses règles et sévèrement arbitrés mais cela restait des affrontements à armes réelles. Les accidents n'étaient pas rares et plus d'un preux avait perdu la vie sur le champ d'honneur. Mourir pour une gloire éphémère ne m'intéressait pas. J'avais bien trop de projets à concrétiser pour risquer ma vie pour une profession que je quitterai sitôt adoubé. Bien sûr, il était impensable que je m'en ouvrisse à ma marraine. Elle ne comprendrait pas et pire, cela risquait de la mettre en colère.
   Non, mon seul espoir était que ma candidature soit rejetée. Ce qui me semblait de plus en plus improbable aux vues des histoires que j'avais entendues depuis notre arrivée. La plupart des compétitions étaient ouvertes au tout-venant, à l'exception des plus prestigieuses.
   -Une belle dague pour une belle demoiselle, fit une voix à côté de moi.
   Je sursautai, arraché de mes pensées par cette intervention. Je pivotai raidement, sans me rendre compte que je tenais à la main une dague.
   -Oups, attention avec ça, s'exclama la nouvelle venue en m'attrapant délicatement le poignet pour m'éviter de l'embrocher.
   -P... Pardonnez-moi, bafouillai-je comme un idiot en replaçant la lame à sa place.
   La nouvelle venue était sans aucun doute la propriétaire, comme en témoignaient le tablier de cuir et les épaisses lunettes de protection qui lui enserraient le sommet du crâne et qui plaquaient ses longs cheveux blonds en arrière. Elle me dévisageait intensément avec un grand sourire. Sa main n'avait pas quitté mon poignet.
   -Je ne suis pas très doué avec ces instruments, dis-je stupidement, sans vraiment réfléchir.
   Elle m'avait appelé demoiselle. Elle pensait que j'étais une femme. Pour habitué que j'étais, il était moins commun qu'une autre personne du beau sexe commît l'erreur et cela rendait la chose étrangement plus gênante encore. Elle rit à mon excuse pathétique.
   -Ne vous inquiétez pas. Vous savez, moi-même j'ai toujours préféré les fourreaux aux lames.
   Je restai interdit. Ma bouche s'ouvrit et je sentis le rouge me monter aux joues. Etait-elle vraiment en train de... Alors qu'elle pensait que... ?
   -A... Aldérique ! m'exclamai-je tout à coup à haute voix.
   Ses sourcils se haussèrent. Elle n'avait pas l'air de comprendre mon soudain éclat.
   -Briancourt. Aldérique Briancourt. Je m'appelle. Je suis écuyer. Enfin. Je suis UN écuyer, ajoutai-je précipitamment en insistant.
   Il y eut entre nous un instant de flottement avant que la compréhension ne fleurît dans ses yeux.
   -Oh.
   Elle lâcha aussitôt mon poignet, comme si ma peau était soudainement brûlante.
   -Je... je suis navrée, dit-elle en prenant un pas de recul.
   C'était à son tour de rougir quelque peu.
   -Ce... Ce n'est rien, dis-je en baissant les yeux au sol. C'est une erreur com...
   -Ah ! Vous voilà, intervint ma maîtresse, sa grosse voix forçant notre attention sur elle.
   Elle nous rejoignit à grandes enjambées, portant à l'épaule une hache de guerre décrochée du mur.
   -J'espère que vous êtes ouverte aux affaires, attaqua-t-elle tout de go d'un ton mauvais. Je ne supporterai pas un énième refus.
   -Bien sûr, répondit la forgeronne d'un grand sourire, son attention me quittant immédiatement pour se concentrer entièrement sur la stature impressionnante de ma marraine. Vous cherchez quelque chose en particulier ?
   -Oui, cela même. Je souhaite armer mon écuyer ici-présent en vue des jeux. Mais je ne tolérerai aucun équipement de seconde main. Je souhaite lui faire forger une pièce sur mesure.
   -Je vois, répondit l'autre en nous faisant signe de la suivre jusqu'au comptoir. De quel délai parlons-nous ?
   -Trois jours, au maximum. Tout doit être prêt pour l'ouverture du tournoi. J'ose espérer que cela est possible.
   -Bien sûr, l'assura la forgeronne sans se départir de son sourire. De quel type de pièce parlons-nous ?
   -Une épée, de toute évidence. Rien d'extravagant, mais adaptée au duel et à la bataille. Fonctionnelle, avant tout.
   -Je vois.
   L'artisane me demanda ma main, qu'elle palpa du bout de ses doigts experts, prenant visiblement la mesure de ma paume.
   -Bien. Cela ne devrait pas poser de problème. Souhaitez-vous un style en particulier ?
   -Non, je fais confiance à votre jugement. A en juger par la qualité des marchandises que vous exhibez, je ne devrais pas être déçue.
   La femme hocha la tête, visiblement ravie du compliment.
   -Vous ne regarderez pas à la dépense, ordonna ma marraine. Je ne souhaite que le meilleur. Votre prix sera le mien. Et voici un modeste acompte pour vos frais, ajouta-t-elle en déposant une bourse rebondie sur le comptoir qui tinta joliment et qui n'avait de modeste que le nom.
   -Comptez-vous participer aux jeux ? demanda la tenancière en faisant discrètement disparaître la bourse derrière le comptoir.
   -Bien sûr, répondit ma maîtresse avec un reniflement dédaigneux, comme si la réponse allait de soi.
   -Vous devez être vaillante, vue votre... belle taille.
   -Ah ! Pour sûr.
   Un sourire arrogant fleurit sur les lèvres de ma dame et elle bomba le torse. Dieux, c'était reparti...
   -Je suis Eugénie d'Euphorie, chevaleresse au service du seigneur Gustave d'Euphorie, Pourfendeuse de la Stryge d'Orang, Exécutrice du Vampire d'Allançont, Trancheuse de la Vouivre d'Omen, triple vainqueresse du tournoi du Blansceau, Lionne d'Or des jeux de Brestecour. Et futur championne de Miderlyr, tenez-le vous pour dit, ajouta-t-elle avec suffisance.
   -Ouah ! s'exclama la forgeronne d'un ton que je ne parvins à déterminer, entre ironie et admiration sincère. Moi, je suis Judith Leiris. Je forge des armes.
   Son sourire radieux ne chancela pas une seule seconde.
   -De toute évidence, commenta platement ma marraine. Bien. Maîtresse Leiris, je pense que notre affaire est entendue. Vous veillerez à faire livrer l'épée à l'hôtel Montalgure. Je compte sur votre ponctualité.
   -N'ayez crainte. Je suis toujours à l'heure pour ces dames.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Cap le lundi 14 janvier 2019, 22:15:54
Je m'attelle à la suite du côté des mages du coup :oups:

Ivyal l'Invisible
22 juillet - tard
Guilde des voleurs
De l'infiltration au conseil de guerre

    Trouver les quartiers de la naine ne fut pas très compliqué. Laisser traîner des yeux ou des oreilles en toute discrétion était, après tout, largement dans mes compétences. Et obtenir les informations voulues faisait partie de mes talents. C'est de cette façon que j'appris la cheffe naine voyait les jeunes recrues ce soir. Je n'avais qu'à profiter de ce moment pour m'introduire dans ses appartements et enquêter à ma guise.
    J'arrivais ainsi devant une simple porte de bois, au bout d'un couloir désert. La porte semblait simplement verrouillée, mais une rapide inspection révèla une sécurité supplémentaire. Irradiant doucement du bois, une rune magique protégeait la porte, paralysant quiconque tenterait de crocheter la serrure.
    Ce sort discret était néanmoins commun. Je fouillai dans mes poches, en sortant un petit morceaux de papier sur lequel luisait une rune semblable, mais présentant malgré tout quelques différences minimes. J'appliquai le contre-sort contre la porte, à côté de la serrure. La rune sur la feuille noircit en un léger crissement. Tant que le papier resterait sur le bois, la protection magique était désactivée.
    La serrure ne me posa pas de problème. En quelques secondes, j'étais à l'intérieur. La porte se referma sur moi en silence. La seule marque visible de l'extérieur de mon intrusion était le petit morceaux de papier collé discrètement à côté de la serrure.
    Je jetai un regard autour de moi. Les appartements de la naine n'étaient pas très grands. Un lit occupait la place sur la gauche, accompagné d'une petite table de nuit en bois sombre. Sur la droite trônait un énorme bureau, couverts de papiers en tout genre. Une sphère de lumière magique y était également posée, éclairant toute la pièce. Une autre porte me faisait face, elle devait sûrement mener à une pièce d'eau. Il n'était pas rare de trouver une source d'eau dans le réseau de tunnels souterrains de la Guilde, et il était plus que probable que la cheffe naine en ait réquisitionné une.
    Je m'avançai vers le bureau. Je n'avais pas beaucoup de temps pour mes recherches : il ne fallait surtout pas qu'on me découvre ici sous peine de... Non, il ne fallait mieux pas y penser. Je passai en revue rapidement du regard les papiers sur le bureau. Ce n'était que des affaires en rapport avec la Guilde. Un arrivage chez un marchand, un pot-au-vin payé, untel en prison ou encore un commerce à faire couler. Du travail de chef de guilde quoi. Rien ne m'intéressant.
    La commode sous le bureau contenait, de toute évidence, les affaires classées. Je m'approchai alors de celle près du lit. Un rapide examen ne révèla ni piège, ni verrou, j'ouvris la petite porte de bois sombre. A l'intérieur se trouvaient quelques livres, et un petit coffret de bois, richement ouvragé. J'eus un petit sourire. Voilà une pièce intéressante !
    Je le pris entre les mains, et l'examinai attentivement. Le bois était clair, gravé de motifs abstrait. Un métal argenté -sûrement de l'argent vu la qualité de l'objet- couvrait les arêtes. Le coffret était clairement l'oeuvre d'un maître ébéniste. La serrure, verrouillée mais pas piégée, fut ouverte en quelques instants. A l'intérieur se trouvait un petit pactole. Quelques pièces d'or d'origine naine, au vu de la face, un rubis, deux saphirs et un diamant.
    Je résistai à l'envie de m'en emparer, et referma le coffret. Tandis que je verrouillais la serrure, je remarquai un détail qui m'avait échappé jusque là. Le coffret contenait un double fond ! Je l'ouvris rapidement, pour découvrir un médaillon doré sur lequel avait été gravé la tête stylisée d'un nain casqué. Une famille importante naine, mais impossible de me souvenir laquelle. Je pris quelque seconde pour mémoriser le motif. Les nains ne manquaient pas avec les festivités, et il ne serait pas compliqué d'obtenir quelques informations dans une taverne contre quelques bières.
    J'avais enfin une piste ! Autant ne pas m'attarder du coup. Je pris soin de bien ranger le coffret où et dans l'état dans lequel je l'avais pris avant de sortir discrètement. Je verrouillai la porte derrière moi, puis arracha le contre-sort. La rune de protection se reactiva en un léger bourdonnement tandis que le morceau de papier se consuma. Je disparu dans les ombres. Il ne restait aucune trace de mon passage chez la naine.


    Alors que je me rendais vers la taverne de la Guilde pour me rafraîchir après ces quelques aventures, Elsyäh vient à ma rencontre. Le conseil se réunissait en urgence, et il souhaitait ma présence. Je la suivis donc dans le dédale de galeries jusqu'à une petite salle. L'elfe me fit entrer avant de fermer la porte sur nous.
    La pièce était occupée par une énorme table circulaire, autour de laquelle siégeaient six personnes.
    Aube, évidemment. La cheffe naine faisait face à la porte. Elle portait son éternel masque d'or sous sa capuche noire. A sa droite siégeait son premier lieutenant, un jeune homme brun aux yeux verts à l'air décontracté que je n'avais jamais vu jusque là ; et à sa gauche se trouvait Ir'Saal, le maître mage de la guilde. Cet elfe à l'air plutôt hautain portait ses longs cheveux clairs détachés, et caressait nonchalamment sa petite barbichette tressée, les yeux dans le vague.
    Le tour de table se complétait par Gontran, un petit homme rondouillet au visage habituellement amical, Astrea, une féline aux multiples perles dans son pelage clair qui regardait ses griffes et une silhouette enroulée dans une longue cape noire irradiant d'une aura mauvaise. Il restait deux sièges, qui nous étaient visiblement réservés.
    Alors que l'on s'installait rapidement, Aube prit la parole d'une voix douce :
    - Au nom du conseil, je te remercie de ta présence parmi nous. Si tu y es convié ce soir, c'est suite à des événements particuliers. Ta venue dans notre Guilde est, initialement, pour nous aider à nous emparer de la Tiare. Mais d'autres priorités retiennent, pour l'instant, toute notre attention, et c'est la moindre des choses de t'en tenir informé. Kal, si tu veux bien continuer.
    Le jeune homme à sa droite pris la parole d'une voix grave.
    - Il y a moins d'une heure, les Assassins, représentés par un certain Serpent, ont exécuté un de nos contact, Raymond Thraryth sur la place publique. Puis il a demandé la tête d'Aube avant demain 14 heures. S'il ne l'avait pas, il a annoncé vouloir brûler une église.
    J'eus un sourire. Drôle de menace. Ce à quoi Ir'Saal réagit immédiatement :
    - Mais c'est absurde ! Une église ? Mais qu'est-ce que ça peut nous faire ? Jamais...
    - Calme toi Ir'Saal, le coupa Kal. Nous sommes tous d'accord, ces menaces sont ridicules.
    - Mais néanmoins présentes, continua Astrea. Nous sommes des voleurs, donc pas forcément bien vus. Mais si en plus nous refusons de livrer notre cheffe, ce sera de notre faute si une église brûle. Et cela devrait relancer les recherches pour nous localiser...
    Profitant d'un instant de silence, je pris la parole :
    - Les autorités auront, je pense, plus intérêt à chercher les assassins. Ce sont eux qui brûlent des églises, pas nous.
    Kal approuva mes paroles d'un hochement de tête.
    - Ils ont néanmoins pris assez d'assurance pour nous provoquer de nouveau...
    - L'arrivée de ce Serpent ne doit pas y être pour rien. Nos deux infiltrés ont des infos à son sujet ? demanda Elsyäh.
    - Pas de nouvelles depuis trop longtemps. Il est fort possible qu'ils aient été découverts... grimaça Kal.
    - Et nos prisonniers ont parlé ? répondit l'elfe du tac au tac.
    - Pas encore, siffla la silhouette en noir, mais cela ne saurait tarder...
    J'eus un frisson. Il irradiait de cette homme quelque chose de mauvais, et le crissement de sa voix me confirma une certitude : si les assassins ne parlaient pas, il leur réservait un sort pire que la mort.
    - Le conseil semble d'accord pour dire que la provocation des assassins de restera pas impunie.
    Aube marqua un temps d'arrêt, laissant aux membres la possibilité d'exprimer un éventuel désaccord. Personne ne le fit. La cheffe naine continua donc :
    - Préparez vos meilleures unités ainsi que vous. Dès qu'Iobolos obtient des informations, les représailles seront lancées. Nous avons que trop fermé les yeux sur les récents agissements des Assassins. Si c'est la guerre qu'ils veulent, ils l'auront.
    Je restai songeur un instant. Les Assassins étaient donc la priorité numéro un à régler pour la Guilde. La Tiare, malgré l'occasion en or provoquée par le tournoi, passait après. A moins que j'en sois écarté volontairement... La voix de la naine conclu le débat.
    - Le conseil est levé.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Cap le dimanche 20 janvier 2019, 17:35:16
Petit double post oklm :hap:

Sylvanyël Al'Jak
22 Juillet - Soir
Bibliothèque du Collégium
Quand une secte recrute

    Le soir était tombé, et j'étais toujours attablée dans la bibliothèque. Malgré mes réflexions de la veille, et ma volonté d'enquêter, j'avais passé une nouvelle journée plongée dans des vieux livres. Mais je n'avais pas oublié le puissant appel de la nuit, et je comptais, s'il se reproduisait ce soir, en profiter pour tenter de savoir d'où il provient. Même si j'espérais secrètement que ce ne soit qu'un mauvais ressenti de ma part, et que rien de tout cela n'ait été réel.
    - Je me doutais que je te trouverais encore ici...
    Je relevai la tête. Alklebath était revenu. Il me fixait, une lueur amusée dans le regard. 
    - Toujours dans tes traités d'invocation ?
    Je soupirai. Je n'étais pas venue ici pour rencontrer de beaux jeunes étudiants en manque de conquête.
    - J'ai du travail...
    - Peut être, mais il faut faire des pauses de temps en temps.
    Il s'assit en face de moi, un sourire flottant sur ses lèvres, avant de reprendre la parole :
    - Et si je ne viens pas, tu ne t'arrêtes pas. Tu trouves ce que tu veux dans tous ces vieux bouquins ?
    Il balaya d'un geste de la main les livres étalés sur la table avant de reprendre :
    - Le but de la magie n'est-il pas de pratiquer ? Ne faudrait-il pas que tu as ailles expérimenter ce que tu as pu découvrir ?
    - Et invoquer des démons ? Voyons, tu dois bien savoir que ce sont les créatures les plus dures à soumettre...
    Je n'avais pu m'empêcher de répondre avec virulence. Si ce jeune novice pensais pouvoir invoquer et contrôler un démon, il se trompait lourdement. Et hors de question qu'il fasse la même erreur que j'avais faite.
    Alklebath eut un léger mouvement de recul. Visiblement, il ne s'attendait pas à autant de force dans ma réponse. Il se repris néanmoins très vite et ricana :
    - Je ne pensais pas que tes recherches se focalisaient uniquement sur les démons...
    Il pris une grande bouffée d'air avant de continuer :
    - Ecoute. Je comprends parfaitement que tu ne souhaites pas invoquer de démon. Néanmoins. Sortir un peu pourrait te faire du bien. Et je... Tu pourrais nous faire une petite démonstration. On est quelques étudiants intéressés...
    C'était donc ça. Ils n'avaient sûrement jamais vu d'invocation et ils voulaient une petite démonstration. Je grimaçai. Leur but était louable, mais je ne pratiquai qu'en cas de nécessité. Pas pour le plaisir.
    - Je...
    Je m'interrompis. L'appel. De nouveau, si fort, si présent, si total. Je serrai les dents. La Bête allait forcément y répondre. Et surtout, impossible de chercher la provenance. La puissance courrait dans les murs du bâtiment, résonnant dans tout le Collégium. Le choix du lieu avait été bien pensé. Et surtout, j'avais été sotte de penser pouvoir en trouver la source.
    Alklebath me dévisageait. Il n'avait pas entendu l'appel. Soit il n'avait pas ressenti cette magie, soit il l'ignorait totalement. Par habitude, ou pire, par complicité. Je ne pouvais donc pas lui en parler. La Bête s'agita. Je devais m'en débarrasser. Et vite. Et pour cela, le plus simple restait encore d'accepter sa proposition.
    - Ok. On se retrouve où demain ?
    Un grand sourire éclaira son visage tandis que je réprimais un nouvelle grimace sur le mien.
    - Demain midi, sous le grand chêne dans la cour. J'aimerais te présenter quelqu'un avant tout.
    - Comme tu veux, soufflai-je.
    Je fermai les yeux un instant. Il était temps de m'éclipser.
    - Si tu veux bien m'excuser... Continuai-je en me levant.
    - Ca va pas ?
    La Bête grogna une nouvelle fois. Je déglutis avant de répondre
    - Pas vraiment. Je vais aller me poser un peu, ça ira mieux demain.
    J'attrapais rapidement mon carnet de notes tandis que je posais le petit écriteau Merci de ne pas toucher sur la table. J'avais pu négocier ce petit arrangement avec la bibliothécaire.
    - Je vais te raccompagner.
    - Non ! Grognais-je d'une voix trop grave pour m'appartenir complètement.
    Le jeune elfe eut un mouvement de recul devant cette violence verbale. Je déglutis avant de reprendre d'un ton nettement plus doux et posé, un léger sourire factice sur le visage :
    - Ca va aller, je te remercie. A demain.
    Et je partis sans me retourner dans les couloirs, laissant le pauvre Alklebath sur place. Mes appartements, une petite chambre gracieusment mise à ma disposition, n'était pas très loin. Il fallait tourner à droite, traverser ce grand couloir, grimper les escaliers, tourner une nouvelle fois à droite, et c'était la quatrième porte à gauche.
    Je verrouillais derrière moi d'un geste saccadé, avant de me laisser tomber sur le dos sur le lit. Les yeux écarquillés, le regard perdu entre les poutres du plafond, je tentais de mettre de l'ordre dans mes émotions. L'appel avait été bien plus puissant ce soir. L'invocation était pour bientôt assurément. Quelques jours tout au plus. Je profiterai de ma ballade imposée demain pour enquêter. En espérant que les étudiants ne soient pas trop insistants. Même si, étonnement, la Bête n'avait pas été trop pesante ce soir. Comme si Elle souhaitait plus me mettre en garde que profiter des événements... Décidément, ce Collégium était vraiment étrange...


23 juillet - midi

    La lourde cloche du Collégium sonna douze coups. Midi. J'étais en retard au rendez-vous posé la veille par Alklebath. Je glissais mon précieux carnet de notes dans ma lourde sacoche, posai le petit écriteau sur ma table, et sortis hâtivement de la bibliothèque.
    Je n'eus aucune peine à trouver le lieu de rencontre. Le chêne était majestueux, et trônait au centre de la cour intérieur du Collégium, offrant une douce fraîcheur grâce à l'ombre de ses branches. Tandis que de nombreux étudiants passaient rapidement, sûrement pressés d'aller manger, deux personnes attendaient à côté du tronc. Je reconnus facilement Alklebath, qui me fit un signe de la main en m'apercevant. A ses côtés se tenait une jeune fille. Longs cheveux noirs, peau pâle, yeux couleurs noisettes pétillants d'énergie, et un sourire éclatant. Je l'avais déjà croisée par deux fois, mais surtout, elle avait éveillée la Bête. Et je la rencontrai maintenant directement. Cela ne pouvait être une coïncidence.
Alklebath fit quelques pas pour venir à ma rencontre.
    - Sylvanyël, je te présente Imielda. C'est elle qui mène notre petit groupe. Je lui ai un peu parlé de toi, et elle a souhaité te rencontrer avant de passer à la suite.
    Le jeune elfe s'écarta ensuite, me laissant face à Imielda. Elle pris la parole d'une voix douce, mais ferme :
    - Je te remercie de nous accorder un peu de ton temps qui doit être bien précieux. Alklebath m'a parlé de tes recherches bien prenantes dans la bibliothèque. Et puis, on s'y est déjà croisées je crois.
    Elle eut un petit rire clair et cristallin. Je lui rendis son sourire. Donc tout ce qu'Alklebath avait pu apprendre, il lui avait dit ? Pourquoi donc avait-elle besoin d'en savoir sur moi ? N'aurait-elle pas pu venir me voir directement ?
    - Je vais donc faire vite. Nous sommes un petit groupe d'étudiants cherchant à pratiquer l'invocation, mais nous ne sommes pas sûrs de nous y prendre comme il faut. Peut être pourrais-tu passer nous voir, et nous donner quelques conseils ?
    Je restais songeuse un instant. Pourquoi ne pas demander aux professeurs de l'académie ? La situation était louche. Mais cela avait peut être un lien avec l'appel que je ressentait chaque nuit. L'occasion était trop belle pour en apprendre plus !
    - Bien sûr ! répondis-je d'un ton enjoué. Alklebath m'en a déjà un peu parlé hier soir, et c'est un plaisir de pouvoir aider des débutants en invocation !
    - Parfait ! répondis la jeune fille d'une voix mielleuse, un grand sourire sur les lèvres. On se retrouve ce soir ici ? Disons 20 heures ?
    Elle me tendit sa main.
    - Ca me va !
    Je saisis sa main, signant notre accord d'une poignée de main.
    - A ce soir alors ! me sourit une dernière fois Imielda.
    Elle fit un signe de tête à Alklebath, avant de se retourner et partir. Le jeune elfe me fit un dernier salut de la tête, puis lui emboîta le pas.
Je restai un instant pensive. Cette rencontre était forte en coïncidences. A n'en pas douter, nombreuses questions allaient trouver réponses ce soir. Néanmoins, si c'était bien leur groupe qui était à l'origine de l'appel, il ne me restait qu'à trouver un moyen de les empêcher d'invoquer un démon. Plus facile à dire qu'à faire !
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Linkonod le lundi 04 février 2019, 01:03:31
Attention, pavé en approche. :miou:



Öhlraj
Ami / Animal de compagnie d'Alaïa
21 Juillet – veille du Grand Tournoi de Miderlyr
Vol à la tire en plaine rue

   En cette veille de Tournoi, la Basse Ville de Miderlyr s'activait dans tous les sens pour finir les préparatifs de l'événement. Certains partaient faire leurs provisions pour les festins des jours à venir, d'autres allaient récupérer leur matériel où s’exerçaient en plein air avant de tenter leur  chance dans les nombreuses compétitions du Tournoi. Des voyageurs venaient profiter de la ville pendant qu'ils en avaient le temps, et les nombreux commerçants en profitaient pour remplir leurs coffres, de manière plus ou moins honnête. Des vendeurs de journaux à la sauvette promouvaient l'édition du jour du Canard Fouineur, le quotidien le plus réputé de Miderlyr. L'édition spéciale qui portaient sur le Grand Tournoi avaient l'air d’intéresser grandement les passants, qui dévalisaient les stocks de journaux pour se tenir au courant des nouvelles infos à propos des festivités.
   C'est dans ce cadre agité qu'Öhlraj accompagnait Alaïa pour son examen de vol à la tire. Alabaross les guidait à travers la citée en lui donnant ses ultimes conseils de larcin.
 - Quand il y a autant de monde dans les rues, la discrétion est de mise ! Tu ne peux pas arracher un sac à quelqu'un et t'enfuir en courant, tu risquerais de te faire attraper en moins de cinq secondes.
 - Je vois... Donc il faut éviter aussi tout ce qui est rentre-dedans, j'imagine ?
 - Et bien, il y a du pour et du contre. Tu te fais remarquer par la personne que tu vole, ainsi que par les passants, ce qui est embêtant ; cependant lorsque les rues sont bondées – comme actuellement – c'est assez fréquents et les gens y font moins attention. Donc si tu a la main particulièrement habile, c'est faisable, mais sinon mieux vaut se faire discret.
   Après quelques recommandations sur le choix du lieu et de la victime, ils décidèrent d'effectuer leur larcin dans une allée en travaux. Alabaross laissa à Alaïa (et Öhlraj) une certaine distance pour l'observer à l’œuvre.
   L'heure était venue. Alaïa allait voler quelqu'un pour la première fois de sa vie. Malgré toute la préparation qu'elle avait reçue, Öhlraj n'arrivait pas à l'imaginer faire quelque chose qu'elle considère comme « malhonnête ». Elle était tellement innocente que passer outre ses principes devait la retourner. Il l'observait marcher de l'air le plus serein possible. Malgré l'inquiétude qu'elle devait ressentir, elle paraissait plutôt naturel et les passants devaient la trouver tout à fait normale.
 - Reste près de moi, Öhlraj. Tout va bien se passer, j'en suis sûre. Je vais trouver quelqu'un qui est facile à voler. Tiens, regarde, cet homme, là-bas, il a une bourse à l'arrière de sa ceinture...
   Elle n'avait pas l'air très convaincue par ces propos. Il valait mieux surveiller ses agissements, au cas-où. Alaïa s'approcha de l'homme en question, qui stationnait dos à eux en observant avec attention les passants. Elle s'approchait à présent discrètement, en calculant sa périlleuse manœuvre. Seul détail qu'elle n'avait pas dû prendre en compte : il portait une épée à sa ceinture, une armure en cuir et des jambières, signes distinctifs de la garde de la Basse-ville. C'était donc une très mauvaise cible pour une apprentie voleuse, en somme. Malheureusement, sous sa forme de Gento, Öhlraj ne pouvait que lâcher un miaulement pour tenter d'attirer son attention, et Alaïa était trop concentré pour remarquer quoi que ce soit.
   Elle sauta d'un pas léger – et peu naturel dans le dos du garde, et s'empressa d'ouvrir l'escarcelle. Mais elle hésita un court instant lorsqu'elle attrapa la lanière, et tira légèrement dessus. Des pièces tintaient. Catastrophe.
   Le garde entendit le son familier des écus qui s'entrechoquent, et alors qu'il s'apprêtait à tourner la tête Öhlraj dut prendre une décision. Il courut jusqu'au garde et se mis debout afin d'attraper la bourse avec ses griffes ; Alaïa eut le bon réflexe de s'écarter d'un pas au même moment. Lorsque le garde vit un chat en train de donner des petits coups de pattes à sa bourse, il lâcha un juron.
 - Malepeste ! Voilà que les chats sont attirés par l'argent, maintenant !
   Alaïa mis quelques instants pour réaliser ce qu'il vint de se passer et pour se calmer. Pendant ce temps, Öhlraj faisait de son mieux pour faire... le chat joueur. Et bien qu'il se forçat à jouer avec l'escarcelle, il y prenait vraiment du plaisir – son instinct naturel l'y poussait, après tout.
 - Oh, excusez-moi, monsieur ! Mon gento est incontrôlable dès qu'il voit quelque chose avec lequel il peut jouer !
 - Il va falloir lui trouver une laisse, mam'zelle ! Vous ne pouvez pas le laisser traîner comme ça votre gan... votre gint... votre chat, quoi. (Il se tourna vers Öhlraj et se mis à protéger sa bourse) Mais tu va me lâcher, sac à puce ! Morbleu, c'est vénal, ces bêtes-là !
   Quand le garde commença à tenter de lui donner des coups de pieds, Öhlraj s'écarta pour retourner auprès d'Alaïa, effrayé. Celle-ci se tourna vers lui et le souleva, chose qui l’insupportait. Il essayait de se débattre, mais la prise était bonne.
 - Allez, Öhlraj, calme-toi. On va rentrer si tu continue.
   Au niveau de l'improvisation, l'elfe n'était vraiment pas convaincante.
 - Aulrage ? Avec un nom pareil, pas étonnant qu'il tourne mal, vot'chat ! (Il jeta un regard dédaigneux aux voleurs) Bon, allez, circulez. Et surveillez cet animal !
   Ils s'en allèrent donc bredouilles. Alaïa avait raté son coup, mais au moins, ils s'étaient rattrapés rapidement... Mais qu'allait penser Alabaross ? Elle avait raté son coup, et en plus son chat supposé « inutile » agissait un peu trop intelligemment. La situation ne tournait pas à leur avantage... Surtout qu'Alaïa était bel et bien incapable de voler quelqu'un ! Il fallait trouver un autre plan.
   Öhlraj s'arrêta net et fit un signe à Alaïa : il se gratta l'oreille gauche une fois, puis l'oreille droite. Il se dirigea ensuite vers une venelle. Alaïa comprit le message et le suivit, sans dire un mot ; c'était un de leurs codes qu'ils s'étaient définis, lorsqu'il voulait communiquer quelque chose sous sa forme féline. Il rentra dans la ruelle et se cacha derrière un tonneau, afin de se métamorphoser discrètement. Après une brève concentration, son corps se redressa et il perdit en pilosité. Il se tassa un peu, et se fit pousser des vêtements et un chapeau noirs. Il s'était transformé en un leprechaun noir.
   Alaïa était resté dans la rue principale, et guettait en faisant semblant de chercher une personne à voler – une bonne initiative de sa part.
 - Bon, Alaï', il faut que tu t'organise mieux que ça pour réussir cet examen. Alabaross a clairement vu ce qui s'est passé, et c'est mauvais signe pour toi.
 - Oui, mais ne t'en fait pas, je vais réussir mon second coup ! J'ai juste mal choisi ma cible...
 - Je préfère qu'on ne reprenne pas le risque une deuxième fois... S'il me voit réagir pour te sauver une seconde fois, il sera certain que je ne suis pas un chat banal. Il a peut-être même déjà compris...
 - Mais ça, encore, ce n'est pas si grave que ça ! Il va juste penser que tu es dressé !
 - Non ! S'il rapporte que je suis un changeforme à ses supérieurs, ils vont s'intéresser à moi. Et je ne veux même pas imaginer ce qu'il risque de se passer... Bref, je vais t'aider sous cette forme. Je te propose d'essayer le rentre-dedans.
 - Quoi ?? Mais c'est bien trop difficile pour moi ! Je suis incapable d'être aussi habile !
 - Écoute, ce qui compte, c'est qu'Alabaross croit que c'est toi qui a commis le vol. En réalité, tu vas juste rentrer dans quelqu'un près de cette ruelle pour le faire tomber, et je me chargerais de dérober quelque chose. D'accord ?
 - Euh... Tu es sûr de toi ?
 - C'est la meilleure solution...
 - Bon, alors essayons...
 - Une fois fait, tu t'éloigneras d'ici, et tu me retrouveras au bout de deux-trois minutes. Et pense à vérifier ta cible !!!
 - J'y pense, j'y pense !
   Alaïa retourna  sur l'avenue et s'éloigna. Cette fois-ci, ce sera la bonne. Öhlraj attendit quelques longues minutes dans la ruelle, en guettant les passants. Très peu passaient près des ruelles, ce qui n'arrangeait pas leur affaire. Mais finalement, alors qu'il s'apprêtait à relâcher son attention, il entendit des bruits de course. En un instant, il vit Alaïa réapparaître en heurtant violemment une pauvre vieille. Elles tombèrent toutes les deux en poussant un cri, et un bruit douloureux se fit entendre à l'impact du sol. Öhlraj sortit rapidement de derrière le tonneau, toujours sous sa forme de leprechaun, et se dirigea vers les deux affalées. La vieille portait un collier perlé où trônait une pierre orangée. Alaïa avait vraiment choisi la cible idéale, cette fois. Il jeta un œil rapide dans l'allée et vit que certains passants les observaient avec attention ; aucun ne s'approcha, cependant. En longeant le mur de la ruelle, il s'approcha discrètement de la tête de la vieille, encore sous le choc, et trancha le fil avec ses ongles. Alaïa se releva, paniquée, et vit d'un coup d’œil qu'Öhlraj retournait dans la ruelle avec le collier. Elle aida la grand-mère à se relever.
 - Oh là là là là ! Excusez-moi, madame, j'étais pressée et je n'ai pas fait attention !
 - Aaah, bon sang, je crois que je me suis déboîté la hanche ! Faites un peu attention, jeune fille !
 - Je suis vraiment désolé, je n'aurais pas dû, Je... C'est de ma faute, je fais n'importe quoi...
 - Aïe aïe aïe, je crois que je vais devoir aller chez le thérapeute, maintenant !
 - Oh, non ! Je suis vraiment irrécupérable ! Ce n'est pas la première fois que ça arrive, vous savez ? Quand je suis dans l'urgence, je ne fais plus attention à rien, et à chaque fois ça me porte préjudice ! Depuis toute petite, je provoque des accidents. Tenez, une fois alors que je me rendais chez un droguiste pour acheter des balais pour nettoyer la verrerie que j'avais cassée chez moi, je me suis retrouvé face à–
 - Oui, bon, ce n'est pas si grave ! À mon âge on se fait mal pour un rien, vous savez ! Mais j'ai cru comprendre que vous étiez pressée, c'est ça ? Ne vous préoccupez pas de moi, ce n'est rien !
 - Oh, euh... D'accord. Encore désolée, madame !
   Alaïa repartit hâtivement, mais s'arrêta au bout de quelques mètres. Elle regarda la pauvre vieille qui peinait à se remettre en marche. Pourquoi s'arrêtait-elle si près ? Elle devait s'éloigner bien plus !
   Elle retourna en arrière.
 - Madame ! Pour votre hanche, ça a l'air assez grâve ! Laissez-moi vous prodiguer un sort de soin.
 - ...Vous êtes magicienne ?
 - Oui, je pratique depuis longtemps. Je peux ?
 - Oh, et bien... Oui, merci beaucoup !
   Öhlraj était déconfit. Elle était réellement en train d'appliquer un sort de guérison à la personne qu'elle venait de voler. Qu'est-ce qui lui prenait ? Il fallait qu'elle parte le plus tôt possible ! Alabaross devait aussi être abasourdi. Décidément, elle ne peut pas s'empêcher de vouloir aider autrui. Tout simplement incroyable.
   Le sortilège achevé, la grand-mère fut impressionnée son efficacité.
 - Mais... C'est tout bonnement incroyable ! Merci beaucoup, jeune fille ! J'ai l'impression que ma hanche est maintenant en aussi bonne état que lorsque j'étais jeune ! (l'elfe rougit du compliment) Elle est même en meilleur état que mon autre hanche !
 - Dans ce cas, je peux aussi vous faire un deuxième soin !
 - Vous le feriez ?
 - Bien sûr ! Ne bougez pas...
   Il n'en croyait pas ses yeux.



   Le sourire aux lèvres, Alaïa tendit le collier à Alabaross. Celui-ci s'empressa de le récupérer et l'examina un instant, avant de le ranger dans une poche intérieure de sa veste.
 - Et bien, si quelqu'un m'avait dit un jour qu'une apprentie voleuse tenterait un rentre-dedans pour son examen, et qu'elle soignerait sa cible, je ne l'aurais jamais cru ! En tout cas, chapeau, Alaïa ! Je t'annonce que tu es officiellement membre de la guilde des voleurs !
 - C'est vrai ? Génial !!! Je vais donc faire partie du casse de la Tiare de Sanderline ?
 - Et bien, je pense que oui ! On le saura ce soir, lors du briefing d'Aube. D'ailleurs, on retourne à la guilde, pour officialiser ton adhésion, et parce que j'ai quelques bricoles à y faire.
 - Allons-y, alors !
   Ils partirent donc en direction de la guilde, après une après-midi courte mais riche en émotion. Alaïa chantonnait, visiblement très fière de ce qu'elle avait accompli. Alabaross partageait sa bonne humeur, probablement ravi de ne plus l'avoir sous sa tutelle.
   Mais pour Öhlraj, quelque chose clochait. Alabaross avait clairement vu qu'Alaïa avait raté son premier vol, et qu'elle s'était arrêtée pour soigner sa cible, et pourtant il n'a pas hésité un seul instant à la juger apte. Pourtant il n'aurait pas été étonnant qu'elle soit recalée... Ça paraissait un peu simple.
 - D'ailleurs, chapeau pour ton coup de théâtre avec la vieille, c'était bien joué !
 - Quel coup de théâtre ?
 - Quand tu t'es mise à paniquer !
 - Ah, oui, bien sûr ! Je... suis assez fière de moi pour ce coup !

   ...Ce n'était donc pas un coup de théâtre.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Great Magician Samyël le vendredi 14 juin 2019, 20:31:07
Est-ce qu'on serait chaud pour tenter une saison 2 début/mi-juillet, pour profiter des vacances ?
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Chompir le vendredi 14 juin 2019, 21:03:34
Hum, moi je dis pourquoi pas, même si j'aurai des vacances qu'en août perso mais je pourrai toujours essayer d'écrire un week end ou l'autre. C'est vrai que cette première saison on a un peu tous laissé tomber, c'est un peu dommage mais j'avoue que j'ai pas eu le courage de reprendre de mon côté.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Linkonod le vendredi 14 juin 2019, 22:35:34
Je sais pas, j'ai l'impression que quand j'écris je fais bider la fic co... (https://forums.puissance-zelda.com/puissance-chat/data/public/themes/pz/smileys/cry.gif)
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Sentinelle le vendredi 14 juin 2019, 23:51:36
Ça me tente bien, personnellement. J'aurai peut-être appris à écrire d'ici là. :)
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Cap le samedi 15 juin 2019, 01:42:53
Des vackwa ? :hap:


Btw ouais, toujours chô ! C'est dommage qu'on ait pas continué la saison d'ailleurs :<
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Vaati the Wind Mage le samedi 15 juin 2019, 12:12:30
C'est dommage j'étais en train de me dire que j'écrirais bien quelque chose  :oups: Mais oui toujours chaud
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Cap le samedi 15 juin 2019, 14:50:46
Sinon go reprendre la saison 1 :hap:
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Achileus le samedi 15 juin 2019, 15:14:44
Je serai pour une suite de la saison 1.

Au moins finir l'intrigue du démon  :oups:
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Vaati the Wind Mage le samedi 15 juin 2019, 16:06:12
Vu que j'ai commencé à réécrire sur Alaïa depuis quelques temps, ce serait pas mal. Et puis conclure le démon serait bien aussi.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Vaati the Wind Mage le dimanche 16 juin 2019, 00:31:47
                                                                                Alaïa, 21juillet

Je descendais joyeusement la rue, Alabaross à mes côtés et Öhlraj me suivant de près, un sourire gigantesque sur mon visage. Je sentais le regard fier d’Alabaross se poser sur moi, bien que celui-ci ne l’avouerait jamais. Je ne sais ce que j’aurais fais sans Öhlraj ! Je lui dois toute cette réussite ! Il ne me restait plus qu’à continuer sur cette voie jusqu’à la fin des événements. Une fois dans le repère, Alabaross me félicita à nouveau, puis me dit d’attendre le soir, où Aube rencontrerait les nouvelles recrues. J’accepta en souriant, puis me mis à errer dans les souterrains qui constituaient le repère de la Guilde des Voleurs. Je me suis alors assise dans un coin, prenant Öhlraj sur mes genoux. Il avait sa forme Gento, et je le caressais tranquillement entre les oreilles. Vu son expression, il n’avait pas l’air d’aimer ça, et me jettait un regard assez mécontent. Néanmoins, il restait immobile, se laissant caresser et lançant un regard accusateur. Soudainement, je senti la main d’Alabaross se poser sur mon épaule.
“C’est l’heure, dit il. Prête à enfin adresser la parole à Aube ?
-Je suis prête, répondi je, un air angoissé dans ma voix.”

Oui, Aube me terrifait. Malgré sa petite taille, malgré le fait que ces yeux ne soient jamais posés sur moi, ou qu’aucune de ses paroles ne m’ait jamais été adressé. Il émanait d’elle quelque chose, une sorte d’aura qui faisait en sorte qu’on ne pouvait que la respecter, voir la craindre. Et c’est exactement ce que j’ai ressenti lorsque je suis entré dans la pièce où elle nous attendait, moi et les autres recrues. Celle-ci était simple, comprenant seulement quelques sièges et une estrade où se dressait la naine. Premièrement, elle nous félicita de notre réussite, puis nous souhaita la bienvenue dans la Guilde des Voleurs. Elle nous expliqua en quoi celle-ci devait être comme une nouvelle famille, comment nous devions la protéger, et d’autres choses encore que j’avais déjà entendu. Ensuite, elle descendit vers nous, afin d’expliquer à chacun le rôle auquel il serait assigné. Lorsque ses yeux, ces yeux qui ressemblaient à deux saphirs étincelants, se posèrent sur moi, une immense angoisse s’empara de mon corps. J’avais l’impression qu’elle ne regardait pas qu’une enveloppe charnelle, mais qu’elle scondait tout mon être, toute mon histoire, cherchant une qualité quelconque à exploiter du mieux qu’elle pouvait. C’est alors qu’elle leva une main, et se mit à caresser ma joue.
“Petite, dit elle alors… Tu as une peau pâle comme la Lune, et douce comme de la soie. Dans tes yeux, on voit l’incarnation de l’innocence, et tout ton corps dégage une immense pureté. Tu n’as vraiment pas l’air d’une voleuse… c’est parfait ! Tu sera assignée à l’équipe d’Alabaross, qui prépare le vol de la Tiare de Sanderline. Ton rôle sera d’être engagée en tant que domestique à, l’intérieur du manoir Montaliet. Avec ton physique de poupée, cela devrait être une chose aisée… Alabaross t’expliquera ton rôle par la suite.”
Ces yeux se posèrent ensuite sur Öhlraj. Elle posa sa main sur son crâne, et je senti alors ses griffes s’incruster dans ma chair, et son petit corps trembler sous les doigts d’Aube.
“Quel bel animal, dit elle alors, l’air songeur.”
Son masque, qui m’empêchait de déceler la moindre émotion sur son visage, ne faisait qu'amplifier l’étrangeté de la situation. Elle finit par partir, après avoir vu chacunes des recrues indépendamment. Je rejoignit alors Alabaross, afin de savoir ce que je devais faire.


                                                                        Imielda, 23 juillet, le soir


J’attendais tranquillement devant les portes du théâtre, légèrement excitées en pensant aux événements futurs : avec l’aide de Sylvanyël, le retour de Dazzrug s’annonçait imminent, voir immédiat. Je n’en pouvais plus d’attendre. Pour l’occasion, j’arborais ma robe préférée : volée à une reine il y a plusieurs années, elle était de couleur rouge sang. Ma longue chevelure noire de jais ondulait derrière moi, et j’arborais sur mon crâne la couronne sertie de diamants qui s’accompagnait de la robe, le poignet également orné de différents bijoux. Sylvanyël se présenta enfin, aux côtés d’Alklebath.
“Hey ! Sylvanyël, la saluai je ! C’est tellement génial que tu sois venue, cela me ravie !
-J’en suis très heureuse, répondit elle”
Il semblait y avoir un problème avec elle : elle semblait… contenir quelque chose.
“Tu es superbe, dit elle alors.
-Je te remercie ! Ce soir est celui où l’incantation portera enfin ses fruits…. quelque chose ne va pas ?
-Non, non, tout va bien je t’assure ! J’ai juste..un peu froid, mais ça ira mieux.
-Parfait… suis moi alors !”

Je l’introduit alors à l’intérieur du théâtre abandonné, à l’intérieur duquel nous attendaient tous les membres du Conseil des Ombres. Cette immense assemblée n’avait qu’un seul objectif: assouvir le mien. Accompagnée par Sylvanyël, je m’avançais vers ma place habituelle. Jamais les membres n’étaient venus aussi nombreux. Je pris la main de celle qui deviendrait mon associée, un sourire gigantesque, l’un des premiers à ne pas être un faux depuis fort longtemps, et prit la parole :
“Mes très chers frères, mes très chères soeures ! L’heure du retour de Dazzrug est arrivée ! Avec l’aide de Sylvanyël, ici à mes côtés, nous arriverons à le faire revenir ! Ainsi, vous obtiendrez tout ce que vous désirerez : l’argent, la gloire, l’amour… il vous l’offrira, en gage de son immense gratitude ! Mais trêves de paroles : ammenez le sacrifice !”

Aussitôt, ledit sacrifice fut ammené :il s’agissait du directeur du Collégium, Sir Kaylipt. Même si sa puissance avait baissé, elle restait néanmoins assez grande pour ramener Dazzrug. Je mis les bras en croix, et commença l’incantation, incitant Sylvanyël à me suivre.
“Ektal Kwal Jürdun…
-Imielda, arrêtes ça immédiatement !”

A peine avais je commencé à parler que la voix de Sylvanyël avait résonné, me laissant consternée. Je la regardais avec stupéfaction, tandis qu’elle s’avançait vers moi :
“Ecoutes moi Imielda, dit elle. Tu n’as pas à faire ça. J’ignore les raisons qui te poussent à agir ainsi, mais crois moi, c’est une erreur que tu ne veux pas commettre. Et tu es en train de dépasser les limites. Dazzrug est un démon très puissant, et tu n’arrivera jamais à le contrôler. Si tu faiblis un seul instant les conséquences seront dramatiques, j’en sais quelque chose… Allez, abandonnes maintenant, et rien ne se saura !
-Que… comment ? Abandonner ? Mais.. c’est le seul, c’est le seul intérêt que j’ai à vivre, répondis je. Tu.. tu ne comprends pas, tu… tu étais de notre côté ! Pourquoi nous trahir, je...
-Ecoutes, dit elle en mettant ses mains sur mes épaules, je sais ce que tu ressens : tu as envie de faire tes preuves, tu veux montrer que tu es capable de faire quelque chose. Mais ce n’est pas une bonne..
-Tu ne comprends rien , hurlai je ! Je vis pour lui, depuis plus de trois siècles ! Alors il reviendra à la vie, avec ou sans ton aide !”

Aussitôt, je fis apparaître des flammes sur mes mains, que je dirigea vers Sylvanyël. Avec une extrême rapidité, elle se saisit d’une dague qu’elle avait caché dans une manche de son vêtement, et me l’enfonça dans le coeur.
“Navrée Imielda, s’excusa-t-elle. Mais je ne peux pas laisser un deuxième démon s’échapper de sa prison..
-Tu, suffocai je. Tu… Tu n’es vraiment qu’une idiote, Sylvanyël.”

Devant son regard horrifié, je retirai lentement la lame de ce coeur qui avait cessé de battre, et le jetai à ses pieds. Profitant de sa stupeur, je l’envoyai de toutes mes forces valser contre le mûr. Aussitôt, quelques membres du Conseil des Ombres s’empressèrent de la maintenir en place. Je repris alors mon incantation :
“Ektal Kwal Jurdün Dazzrug, nuelstra yal delekteral offere ! Redictal amior nuelstra !”

Aussitôt, le corps du pauvre directeur fut  dévoré par les flammes, ne laissant pas même des cendres. Ces flammes, qui avaient surgi de manière soudaine, commencèrent alors à s’assembler, commençant ainsi à former un corps, petit à  petit. Je me suis alors avancé vers Sylvanyël, qui hurlait, me suppliant d’arrêter, et semblant se débattre.
“Pauvre petite chose, lui ai je dis. A part l’invocation, tu n’as vraiment rien pour toi. Maintenant, tout cela va enfin pouvoir s’achever. Ce rôle, cette école stupide… je suis enfin libre. Dazzrug va revenir, et tu ne pourra rien faire pour empêcher cela !”

Je découvris alors mes crocs. La jeune femme me lança alors un regard empli d’une leur de défi.
“Tu penses vraiment pouvoir m’arrêter ? Tu ne peux rien contre moi !
-Elle non, mais moi si !”

La voix avait surgit de nulle part. Je me suis retournée rapidement, pour faire face à Althanéa Liadon, qui se fondit  sur moi, une épée à la main. J’esquivais son attaque, avant de me retourner vers elle.
“Althanéa… ainsi, tu oses me faire face ?
-Imielda,me fit elle sur un ton agressif. Si tu n’arrêtes pas ça immédiatement, je n’hésiterai pas à te faire du mal !
-Je t’en prie essaye, rétorquai je en dégageant d’avantage mes crocs. Althanéa tenta d’abord de m’abasourdir à l’aide d’un sort de confusion, mais un bouclier efficace sut l’en empêcher. Je me fondis sur elle, rugissant, mes crocs en avant afin de la mordre. Celle-ci sortit alors un pieu, avec lequel elle tenta de m’assener un coup. Je l’esquivais rapidement, puis donna un coup de pied dans sa main, ce qui la poussa à faire tomber le pieu. Je lançai alors une incantation, et de l’électricité se mit à jaillir de mes mains. Tous mes fidèles s’étaient réunis autour de nous. Ils tentaient d’atteinfre la Haute Elfe, mais celle-ci esquiva chaque coup, neutralisant chaque élève sans pour autant leur faire de mal. Notre combat faisait rage, mes poings enragés frappant contre les boucliers qu’elle ne cessait d’invoquer, quand elle réussit à me repousser en arrière. Profitant de cette occasion, Sylvanyël, qui avait réussi à se dérober à mes fidèles, se fondit sur le pieu, le ramassa, et l’enfonça dans ma poitrine.





Imielda tituba, faisant quelques pas en arrière. Elle porta la main sur le pieu qui lui transperçait le coeur. Elle s’écroula sur le sol, avant de prononcer un dernier mot, qui l’accompagnerait dans la mort : “ Dazzrug…”
Aussitôt, sa peau, ses organes devinrent poussière. Imielda ne laissa de son passage que ses os, et un crâne, aux canines prohéminants. Tous les fidèles du Conseil des Ombres avaient été neutralisés, mais les flammes continuaient à former le corps du démon. Althanéa tendit une main à l’invocatrice, et l’aida à se relever. Elle prit le crâne de la défunte Imielda, et l’enfourna dans son sac, comme gage de sa réussite.
“Bon, dit elle. Il ne nous reste plus qu’à empêcher ce démon de revenir.”
Sitôt qu’elle eût fini sa phrase, les flammes achevèrent de s’assembler, créant une énorme colonne de lumière, qui fut vue partout en Mydelir, avant de s’éteindre.. Face à eux, se tenait un homme gigantesque. Des cornes, immenses et rougeoyantes, se dressaient sur son crâne. Il avait une immense cape, qui semblait être faite de lave, et son corps était couvert de motif incandescents. Dazzrug, le démon des flammes, se retourna alors vers les deux jeunes femmes.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Cap le dimanche 16 juin 2019, 00:51:26
Je shotgun la suite  :fuuuuuu:

Dont worry, je ne vais pas avancer beaucoup, que ce soir les voleurs et les mages. Par contre, je veux bien voir avec Achi ce que son perso va faire (en pv pour pas spoil si possible :niak:)
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Yorick26 le dimanche 16 juin 2019, 10:58:58
Moi je m'en fous je suis tout seul, je peux continuer comme je veux jusqu'à ce que j'ai sauvé la ville.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Cap le dimanche 16 juin 2019, 21:08:27
Bon. Je pensais conclure la saison 1 sur ce magnifique flou artistique, telle un ninja. Comme ça, comme l'avait proposé Konod, on reprenait plus tard, dans un temps plus ou moins long, avec de nouveaux persos et tout (une vraie saison 2 quoi). Sauf que Achi n'aime pas le flou artistique, et a entreprit de conclure pour de vrai la [spoil lisez le chapitre] :hap:

Du coup si ça va à tout le monde, après le chapitre d'Achi, on propose (GMS aux milles idées ? :oups:) une nouvelle situation initiale dans un futur plus ou moins proche (p'tre moins de scénarios possibles, histoire que chaque personne puisse interagir avec au moins une autre ? (je pense à toi Yorick)). Là dessus, nouveaux persos et c'est reparti ! A moins que vous ne vouliez tous repartir avec vos persos, et on continue les autres intrigues ? Comme vous voulez, le but est de se faire plaisir :oui:



Sylvanyël Al'Jak
23 Juillet - Nuit
Conseil des Ombres
Le subtil parfum du soufre


    Le soufre. L'odeur me prit le nez avant même que je ne me retourne. Et cette odeur suffisait à cristalliser toutes mes peurs. J'avais échoué. Le démon était libre, et maintenant bien présent dans notre monde. Le cercle d'invocation ne vibrait plus, libéré de toute magie. Imielda était morte, plus personne ne pouvait le contenir.
    Je déglutis difficilement. Du coin de l'oeil, je vis la Haute-Elfe pâlir légèrement, mais rester bien droite. À ma grande surprise, elle n'avait pas l'air de vouloir fuir comme les autres étudiants. Face à nous se tenait le démon, Dazzrug. Grand, rougeoyant, rayonnant de puissance, il se tournait vers nous, prenant lentement conscience d'où il se trouvait, et surtout, de l'absence d'entraves.
    Je sentais la peur monter, doucement, insidieusement. Je me mordis la lèvre. Hors de question de céder ! Il fallait faire quelque chose. Je me contraignais au calme. Si je paniquais, c'était la fin. Le Sceau d'Oul ? Je ne peux pas sceller un démon pour en libérer un autre. Le Sceau Senju ? Pas le matériel sous la main. La technique des Horadrims ? Trop puissant pour que... C'est alors que je pris conscience que quelque chose manquait.
À mes côtés, Althanéa incantait. Elle murmurait des paroles sourdes, à voix basse, tandis qu'elle tissait devant elle de ses doigts agiles. Quoiqu'elle voulait faire, elle n'aurait pas le temps. La magie démoniaque était bien plus rapide à incanter que la nôtre.
    Son sort fusa. Rapide, vif, mortel. Dazzrug leva la main, un léger sourire sur les lèvres. Un bouclier l'enveloppa instantanément. Le trait magique explosa contre la protection. La déflagration nous toucha de plein fouet. Je fus projetée en arrière, et retomba lourdement sur le sol. Un goût métallique envahit ma bouche tandis que je tentais tant bien que mal de me relever. Au moins la tête. Pour voir ce qui se passait.
    Althanéa avait aussi été projetée en arrière, mais était déjà debout. Elle devait sûrement s'attendre à ce genre de désagrément, ou simplement porter un charme qui la protégeait. Néanmoins, cela ne suffit pas face à la puissance du démon.
Dazzrug claqua des doigts. La Haute-Elfe fût soulevée dans les airs, les bras en croix, une aura rougeâtre autour d'elle. Elle tenta de se débattre, mais très vite ses yeux s'écarquillèrent et un cri silencieux s'échappa de ses lèvres. Mais seul le crépitement de l'air se faisait entendre.
    En deux enjambées, le démon arriva à ma hauteur. Je serrai les dents, m'attendant à un sort semblable. Une voix grave et rocailleuse s'éleva, visiblement amusée.
Tam te abdere hinc, Thargraktrug.
C'est là que je compris. Depuis l'apparition du démon, je ne sentais plus la Bête. Pour la première fois depuis ce fameux soir, la pression constante qu'il exerçait sur le sceau avait disparu. Il se cachait ! Je ne sais pas ce qui avait pût se passer entre les deux princes démoniaques, mais Dazzrug avait l'air de chercher Thargraktrug, qui n'avait aucune envie d'être trouvé.

- Tu as enfin compris fillette...
La pièce était noire. En face de moi, une sphère dorée. La seule source de lumière. Elle pulse doucement. Je m'approche, attirée. Je devine une silhouette à l'intérieur. Humaine, si ce n'est les cornes sur sa tête, et les ailes membraneuses repliées sur son dos. Il est assis en tailleur, flottant doucement dans sa prison. Ses yeux rouges brillants me fixent. Intensément.

 
- Damnum, nuelstra possum nec yas powelgas.
    Le sourire sur ses lèvres se fit plus carnassiers, montrant ses canines pointues.

- Il ne me libérera pas. Il profitera du sceau pour aspirer mon essence. Plus de puissance pour lui, et un Prince Démon contre lequel lutter en moins.

Le démon leva la main. Sa magie m'enveloppa tandis qu'il me soulevait doucement à sa hauteur.

    - Je sais fillette, tu ne veux pas me libérer, mais je ne veux pas tomber entre ses mains. Je te propose un marché. Mon pouvoir, contre sa destruction.

    Doucement, Dazzrug me rapprocha de lui. Et il commença à incanter.

    - Je sais que tu hésites fillette. Cela me répugne autant que toi, sache-le, mais il n'y pas d'autres solutions. Ta volonté fera la différence face à Dazzrug...

    La main droite du démon s'était entourée d'une aura mauvaise. Elle s'approchait lentement de ma poitrine.

    Une spirale noire était apparue sur la sphère dorée. Sur ma paume gauche apparaissait la même. Le risque était grand. Mais la situation était exceptionnelle.
    Alors que je posais ma main gauche au centre de la sphère, je murmurai :
    - J'accepte le marché...


    Le pouvoir déferla dans mes veines, repoussant Dazzrug et me libérant de son emprise. Mon oeil gauche brillait d'un rouge ardent tandis que ma chevelure de flammes flottait derrière moi.
    J'avais le pouvoir de le détruire ! Je poussais un grognement bestial, et canalisa toute ma, non, notre puissance sur le démon.
    Dazzrug ne se laissa pas surprendre, et envoya lui aussi tout son pouvoir. Nos deux sorts fusèrent et se fracassèrent l'un contre l'autre.


L'explosion magique fût dévastatrice, et illumina la nuit tout en marquant Miderlyr au fer blanc. Cette nuit ne sera pas oubliée.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Achileus le lundi 17 juin 2019, 21:08:20
Althanéa Liadon- 23  juillet

   Althanéa rouvrit les yeux. Décidément, le charme de protection qu’elle avait incanté au début du combat lui avait sauvé la mise… Même si elle s’était juste après fait mettre au tapis par Drazzug. Mais qu’importe, cela lui avait permis de se protéger de l’explosion qui était survenue juste après. Elle embrassa ce qu’il restait de l’amphithéâtre du regard.
    Tout ou presque était détruit. Le sol fumait encore. Heureusement, elle n’apercevait aucun cadavre sur le sol, seulement un crâne qu'elle imaginait être celui d'imielda, sans doute laissé tombé par la jeune fille lors du combat. Les élèves avaient eu le temps de quitter les lieux avant le massacre. Elle vit alors une masse informe bouger dans un coin. Elle s’approcha, sur ses gardes. Elle aperçu des plaies énormes, et vit que la chose bougeait à peine. Arrivée à son niveau, elle entendit comme un murmure :
- Shhhhh, encorrrrrre toi…
- Qui es tu ?
- Je suis Drazzug, le démmmmmon des neufs enferrrrrrs...
- Que s’est il passé ?
- Je te le dirai à une conditttttttion… Dis moi ce qu’est devenue Imieldaaaaaa…
- Elle est morte.
Il poussa alors un hurlement difforme.
- Bien, un marchhhhhhé est un marché… Un autre démmmmmon, grand ennemi de moi même, est venu m’attaqqqqqqquer…
- Ah ?
- Oui, il avait pris possession du corps d’une jeune filllllle, je ne sais rien de plussss… Maintenant, tue moi, je t’en priiiiiie…
- C’est rare qu’un esprit noir me demande ainsi la mort.
- Sans Imielda, je n’ai plus de raison de vivvvvvvvre… Crois moi, elle m’étais très chèèèèère...
- Je te crois. J’espère que tu la retrouveras… De l’autre côté.
Son épée acheva sa phrase. Elle la rangea ensuite dans son fourreau. De toute façon, avec ses blessures, il serait mort dans les minutes qui auraient suivies.
    L’enterrement du directeur du collégium s’était fait dans les pleurs et les cris. Nombre de gens haut placés vinrent, ainsi qu’énormément d’élèves. À l’enterrement d’Imielda, Althanéa fut la seule présente. Étant une vampire, Imielda n’avait sûrement plus de famille vivante. Althanéa avait décidé de l’enterrer avec les restes de Drazzug, c’était sûrement ce qu’ils auraient tous les deux voulus. Elle se reucueilla un instant sur la modeste pierre tombale, puis versa quelques larmes, en leur honneur. Elle pensa à ces rebuts de la société, incapables de mener une vie normale. Mais elle pleurait surtout pour elle, sachant qu'elle était pareille, sachant qu'elle était tout comme eux une ombre parmi les Hommes, destinée à ne jamais être vue et à veiller sur eux, sans un bruit, sans un souffle. Et elle sècha ses larmes, et se prépara pour aller trouver la jeune Sylvaniel, cette jeune fille qu'il avait croisé une fois au collégium et qui cachait un démon et menaçait le royaume entier.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Great Magician Samyël le lundi 24 juin 2019, 14:55:27
Pour ceux intéressés de rejoindre cette saison 2, sachez que le travail a débuté (https://docs.google.com/document/d/1YNU5RM6J3S8QWXnhRH4P6QbIdp_8eI0cimeuVsfJGGE/edit?usp=sharing) sur ce qu'elle sera.

N'hésitez pas à nous rejoindre sur le Discord (https://discord.gg/NpwRzy) pour discuter !
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Chompir le lundi 24 juin 2019, 15:50:34
Assez hype par la suite, j'ai déjà quelques idées ! Du coup j'ai pas bien compris mais ça commencerait quand la reprise ? Et c'est pas un peu court le coup de seulement 7 jours dans la fiction ? Ça me semble court pour réellement faire quelque chose des intrigues. Mener une révolte en 7 jours ça me paraît hyper court par exemple.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Yorick26 le lundi 24 juin 2019, 16:31:34
La révolte est en préparation depuis plusieurs années. Là on s'intéresse juste au point culminant de la chose.

Edition : Je pense me rejoindre à la révolte. Les talents de couture seront utiles en chirurgie de guerre. Peut-être sauverais-je un tendon ce qui me vaudra une grace ? Les vertus anesthésiques des dards des araignées pourraient d'ailleurs être très utiles. Y a-t-il une infirmerie, un centre de soin ? Bien sûr que non, tout est illégal. Je n'ai plus de famille, ma véritable nature a été révélée au grand jour mais ma famille hôte a été tuée pour avoir créer mon engeance. En pleine enquête, je n'étais pas là où on m'attendait.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Great Magician Samyël le lundi 24 juin 2019, 17:46:54
Comme dit Yorick, c'est le point culminant de plusieurs années de machinations et d'intrigues "off-screen". Chaque intrigue est pensée pour créer un énorme développement assez vite :

1°) La Résistance pourra-t-elle utiliser les pouvoirs de la Tiare assez vite et de façon suffisante pour remporter une victoire décisive ? L'Inquisition parviendra-t-elle à l'empêcher ?
2°) Les membres restants du Cercle parviendront-ils à empêcher le rituel imminent ?
3°) Saron de Lombard est presque prêt à lancer son putsch.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Chompir le lundi 24 juin 2019, 17:50:13
Okay, donc c'est libre à nous d'imaginer tout ce qu'il s'est tramé pendant des années pour directement passer au point culminant. Merci des réponses, vraiment hâte de voir tout ce que l'on créera pour cette saison.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Cap le lundi 24 juin 2019, 18:12:30
Je suis vraiment hype ! J'ai plein d'idées de persos et envie de faire revenir mes anciens. Le choix va être difficile :<
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Vaati the Wind Mage le lundi 24 juin 2019, 19:07:13
Voilà un de mes personnages :

Prénom : Saltior Tellardet
Âge : 45
Race : humain
Profession : Templier
Physique : Saltior est un homme grand, borgne, et arborant des muscles saillant. Il a une barbe qu’il aime entretenir, et des cheveux noirs de jais lui arrivant jusqu’au bas de la nuque. Plusieurs cicatrices couvrent son corps.
Mental : Saltior possède plusieurs facettes ; si vous êtes de ses amis, il aimera rire, boire avec vous. En revanche, c’est un inquisiteur zélé, accordant une totale loyauté à Zarastra, la respectant énormément, et l’admirant même. En raison de son passé, il éprouve une grande crainte à l’égard de la magie. Il brille en combat et peut être un bon stratège.
Biographie : Alors qu’il avait 10 ans, Saltior vit son village ravagé par les Ecliniens, une race se disant descendante des dieux. Il vit tous ses proches périrent sous leur magie, décimant les hommes, enlevant les femmes et les enfants. Saltior devint l’un des esclaves personnels de l’impératrice Eclinienne Eladora Lux, et la servit durant plusieurs année, avant que celle-ci ne l’offre à un de ses fils, qui avait conquis une nouvelle cité. Il resta quelques semaines sous la domination de celui-ci, avant que la ville ne soit attaquée par la Croisade, qui, bien que peu puissante à l’époque, réussit avec le soutien des esclaves, à massacrer tous les Ecliniens présents. Ils libérèrent les esclaves, et presque tous décidèrent de partir rejoindre leurs proches, mais pas Saltior. Celui-ci se voua corps et âmes à la Croisade, devenant un de ses meilleurs éléments. Lors de l’arrivée de Zarastra, celui-ci reconnut en elle quelqu’un d’exceptionnel. Il se voue depuis corps et âme à sa cause, exécutant le moindre de ses ordres, tuant qui elle désirait, combattant sous son nom. Un certain lien finit par se tisser entre les deux, marqué par un respect mutuel. Saltior, finit par devenir l’un des bras droits de Zarastra. A Mydelir, il est un membre éminent de la Croisade Zandriarchale, et est craint par nombres de résistants et de mages.
But : servir du mieux qu’il peut la Croisade Zandriarchale/ éliminer la magie et la résistance de Mydelir.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Achileus le mardi 25 juin 2019, 21:57:00
nouveau persoooooo

Nom : Paelias Liadon
Âge : 60 ans
Race : Haut Elfe
Profession : Artiste guerrier autoproclamé
Catégorie : Résistant
Physique : Paelias est de taille moyenne, avec des cheveux bruns mi-longs et des yeux bleus de Haut Elfe. Il est habillé souvent de manière extravagante.
Mental : Paelias est toujours souriant et joueur, voire moqueur. Il se considère comme un artiste instable, et peut paraître bizarre parfois. Il aime beaucoup toute les formes d'art, et également la guerre, car il considère que l'art de mourir dignement est le plus beau qui soit, avec celui de mener une vie chevaleresque.
Biographie : Etant le cinquième enfant de la famille noble Liadon, il avait peu de chances d'accéder au trône. Il fut alors placé sous la tutelle d'un professeur qui lui apporta une instruction noble. Il se passiona vite pour l'art sous toutes ses formes. Lorsqu'il rentrait chez lui, il parlait peu à sa famille, préférant peindre ou composer. Il passa cependant un peu de temps avec sa dernière soeur, Althanéa, qui aujourd'hui ne le porte pas dans son coeur, mais il reste le moins détesté de la famille à son égard, c'est déjà cela. Grand amateur de romans, il se passionne vite pour le combat, et l'apprend en cachette, car les nobles Haut Elfe ne sont pas censés maîtriser l'escrime, préférant la magie lors des duels. Il apprend les arts martiaux et le maniement de l'épée, et n'approfondit pas la magie, qu'il juge trop facile et peu esthétique. Il parcours ensuite le monde pour découvrir de nouvelles choses. Il tombe au cours de ses voyages sur le livre L'art de vivre et mourir, de l'auteur humain Pavel Kulenov. Il décide alors de mener une vie accomplie et hors du commun, qui se solderait par une mort digne des plus grands romans. Il a longtemps parcouru les royaumes, accomplissant de grandes choses, comme trouver la porte de Tevli au fond des montagnes de Greegs. Il est venu à Miderlyr depuis quelques temps déjà, et il cherche en ce moment à rassembler les mouvements rebelles pour faire chuter l'Inquisition.
But : A court terme, faire chuter l'Inquisition et devenir général de l'armée de Miderlyr. A long terme, unifier toutes les cités-états du centre puis unifier tout les royaumes, ou mourir en se battant à mort en duel avec un roi puissant et reconnu.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Cap le dimanche 30 juin 2019, 22:33:14
My body is ready ! (déso pour le pavé, j'ai essayé de faire court et synthétique :niak:)



Nom :  Syl
Age : 26 ans
Race : Humaine
Catégorie : Vétéran

Physique :
    Deux traits particulier distinguent Syl des autres femmes de son âge. En premier lieu, sa magnifique chevelure rousse, qu'elle porte souvent attachée en une queue de cheval simple, mais efficace. En deuxième lieu, ses yeux vairons. Son œil droit est vert pétillant, tandis que son œil gauche est noir comme la nuit, brillant parfois d'une lueur rougeâtre mauvaise. Pour le reste, Syl est dans la moyenne. Taille moyenne, masse moyenne, visage moyen.
    Pour passer inaperçu, elle a conçu un charme qui modifie son apparence : ses deux yeux apparaissent verts, et ses cheveux noirs de jais.
Syl porte des vêtements simples et solides, pratiques pour l'exploration. Elle a toujours sa sacoche qui pend à son côté, contenant du bric-à-brac ainsi que son fidèle carnet de notes.

Mental :
    Syl possède une volonté de fer. Une volonté totalement inflexible et parfaitement impliable. C'est ce qui lui a permis de tenir ces dernières années.
    Beaucoup de ses certitudes ont volé en éclat lors de cette fameuse nuit, et ses doutes, ses peurs, sont aujourd'hui plus que jamais présents. Elle tente de combler cette faiblesse, mais elle n'est pas dupe. Elle sait que Thargraktrug la connait, et elle redoute le jour où il l'exploitera. Si ce n'est pas déjà le cas...
    Syl est également rongée par le remord. Elle est persuadée que la Faille est de son ressort (malgrés l'expertise du démon), et cherche coûte que coûte un moyen de la refermer.

Biographie :
    Les événements de cette fameuse nuit l'ont changée. Les ont changés. Elle, et le démon qui l'habite. Ils n'avaient pas eu le choix. Pour la première fois en quatre ans, ils mirent leur perpétuel conflit de côté, et s'allièrent pour sauver leur peau. Le résultat fût dévastateur. Pour la ville, mais aussi pour eux.
    Lorsque le Sceau s'entrouvrit, laissant passer le pouvoir, un peu de leur essence respective se mélangèrent. Elle sut tout, sa puissance, sa frustration, son attente. Il sut tout, son arrogance, ses regrets, ses peurs. Et pour la première fois, ils s'écoutèrent et se comprirent.

    Le Sceau ne reprit jamais exactement sa place. Un peu de pouvoir s'écoulait, et Syl apprit à s'en servir. Elle n'eut d'autres choix que de s'en servir même si elle n'aimait pas ça. Aussi étrange que cela puisse paraître, Thargraktrug l'aida dans cette entreprise. Impossible de savoir s'il avait une idée derrière la tête, ou si les conséquences de cette fameuse nuit étaient plus importantes qu'escomptées. Quoiqu'il en soit, le démon était devenu un allié.

    Après avoir quitté la ville, Syl découvrit très vite qu'Althanéa suivait sa trace. Elle avait compris que la Haute-Elfe en avait après les démons, et il lui semblait plus qu'évident qu'elle tenterait de les attraper. Ou pire. Elle retourna alors à l'endroit dans lequel on ne penserait pas à la chercher : Miderlyr.
    La jeune femme découvrit avec horreur les conséquences de son duel : la Faille. Thargraktrug paru aussi surpris qu'elle. Il n'avait jamais entendu de duel entre démons qui avait ouvert des portails vers d'autres dimensions. Il lui assura par ailleurs que la Faille n'avait aucun lien avec les Enfers.
    Néanmoins, Syl se servit de son aura pour se cacher. Au plus près des irradiations magiques, elle pouvait entraîner la sienne sans risque d'être détectée. Sa magie devenue couleur démoniaque était ainsi cachée à la fois des chasseurs de sorcières, mais aussi d'Althanéa, dans l'hypothèse où elle revienne à Miderlyr.

    Syl passa aussi du temps près de la Faille à l'étudier. Et surtout, à chercher un moyen de la refermer. Malgré les paroles de Thargraktrug, elle se sentait coupable de son ouverture, et cherchait à la refermer. Très vite, ses aventures la conduisirent à rencontrer nombre de Traque-Faille et de Chasse-Fortune. Elle apprit assez vite leur code, et renoua avec la société grâce à eux. C'est grâce à ses rencontres avec eux qu'elle apprit ce qui se passait à la surface. Les luttes pour le pouvoir. La chasse à la magie. Les conspirations secrètes.

    A force de questions déguisées, et d'écoutes discrètes Syl apprit que des mages se cachaient dans les souterrains de la ville. Elle décida de les contacter. Ils auraient peut être une piste pour s'occuper de la Faille. Avant de les approcher, elle prit soin de lancer un charme afin de changer son apparence : elle cacha ses yeux vairons, et changea la couleur de ses cheveux en un noir de jais.
    Bien lui en prit. Elle s'attendait à beaucoup de chose, mais pas à tomber sur Althanéa. La Haute-Elfe s'était installée elle aussi à Myderlir, et était une des fondatrice du Cercle. Fort heureusement, Syl n'eut pas à s'approcher de la magicienne. Par contre, Aklebath l'aborda. Les mages étaient tombés dans une sorte de torpeur d'auto-apitoiement. Et le jeune elfe, rongé par la haine, cherchait à rassembler des gens prêts à se soulever.
    Le Cercle rassemblait toutes les personnes accusés de près ou de loin de sorcellerie, des hauts-mages du Collégium à la rebouteuse du quartier en passant par l'herboriste. Alklebath n'était pas sot, et réunissait les plus grands pouvoirs autour de lui.
     Après un temps nécessaire à son acceptation dans le Cercle, le jeune elfe l'aborda, et lui proposa de se joindre à eux. Syl allait refuser, ne voulant pas se mêler de la politique. Mais lorsque Alklebath mentionna un rituel sans précédent, la jeune femme tiqua. Elle savait l'influence qu'avait eu Imielda sur l'elfe, et il pouvait très bien préparer un nouveau rituel pour invoquer un autre démon. Elle devait s'en assurer ! Elle accepta donc la proposition du jeune elfe...

But :
Réparer ses erreurs, ne pas se laisser attraper par Althanéa et tirer au clair ce que veut Thargraktrug

Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Yorick26 le dimanche 30 juin 2019, 22:41:30
Reprenons notre fiche.



Cheiralba (33 ans) :
Catégorie : Vétéran
Race : Chimère Aranéo-humaine
Profession : Soigneuse.

Physique : Aux yeux de tous, Cheira apparaît comme une vieille femme. Son visage est marqué par les années, mais ses yeux gris témoignent d'une vivacité d'esprit propre à son âge réel. Une longue chevelure argentée encadre ce visage. Toujours coiffée de manière simple, elle descend jusqu'au bas du dos et recouvre les deux paires de bras supplémentaires. Ces derniers tenus longtemps cachés lui ont permis de garder une posture droite qu'elle n'a jamais perdu malgré la vieillesse de son corps.
Elle porte généralement une grande robe, souvent dans les tons blancs, à crinoline ce qui lui permet de dissimuler l'appendice volumineux qui lui permet de produire la soie.

Mental : Cheiralba est loyale, fière de sa famille. Elle a accepté son statut d'esclave artisane appartenant à la famille Du Murié et se sentait redevable envers eux. D'un naturel généreuse, elle met ses talents à la disposition de ceux qui sont dans le besoin en attendant de pouvoir se venger de ceux qui l'ont fait souffrir.

Biographie : Cheiralba est le fruit d'une expérimentation issu des laboratoires de la basse-ville. Initialement connue sous la dénomination Expérience A54, elle a été commandée par une famille de marchand d'étoffes Du Murié afin d'améliorer la qualité de leur tissage et de leur soie. A cinq ans, elle en paraissait dix et commençait déjà à réaliser ses premiers tissus. La qualité de ses fils furent rapidement la renommée de la famille Du Murié qui réussit à cacher l'existence d'A54 cinq années supplémentaires. Un jour, une autre famille marchande jalouse de la réussite envoya un espion découvrir le secret de leur artisanat. La jeune fille fut découverte, mais l'espion fut également porté disparu. Tout comme le scientifique Sébastide Hordefeu qui avait mené les expérimentations.
Depuis, pour éviter toute surprise elle fut alors officiellement présentée comme Dame Cheiralba, une artisane étrangère n'appréciant peur les festivités et se mêler aux affaires. Les ragots autour d'elle suffirent à calmer les esprits et les autres familles cherchèrent d'autres moyens d'accroître leur profit jusqu'à apporter une concurrence loyale comme l'apport de dorures et des couleurs vives ou les justifications d'un tissu bioécoloéquitable. Néanmoins le mystère de Dame Cheiralba perdura. Quel âge avait-elle ? Qui était-elle ? Elle fut rapidement connue dans toute la ville par son nom ou par son surnom la Dame à la soie blanche.
Lors de la Fracture, elle fut pourchassée et déclarée comme une sorcière. Elle se cacha dans la Basse-ville, puis dans les souterrains alors que les Du Murié se firent exécutés pour l'avoir protégée. Elle aide la résistance et les habitants près de la Faille en prodiguant soins ou dernier soulagement.

But : Se venger et survivre. Ou l'inverse.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 1
Posté par: Achileus le dimanche 30 juin 2019, 23:14:30
Nom : Althanéa Liadon (Feuilleargent)
Age : 48 ans
Race : Haut elfe
Profession : RepoussOmbre (gardiens de la lumière sur Terre)
Physique : Althanéa est assez grande, avec de longues oreilles et des yeux bleus propres aux Hauts Elfes mais remplis d'un regard torturé. Elle a de courts cheveux bruns. Elle porte au cou un médaillon que lui a offert son père adoptif pour la protéger des forces du mal. Malgré le fait qu'il ne soit pas très efficace, elle le porte quand même, persuadée qu'il sert à quelque chose. Elle a quelques cicatrices dans le dos, et de grandes traces de griffures. Elle sait se rendre très discrète comme être le centre de l'attention.
Mental : Althanéa est résolue à combattre le mal sous toutes ses formes. Elle déborde d'énergie et s'efforce d'être la plus joyeuse possible. Elle se met des fois dans des colères noires incontrôlables quand quelque chose lui résiste. Elle se considère plus comme humaine qu'elfe, et s'intègre plus dans des communautés humaines. Elle déteste sa famille biologique et considère que sa famille adoptive est sa vraie famille.
Récemment, elle est plus extrémiste et n'hésite pas à faire mal, surtout aux templiers.
Biographie : Althanéa a commencé par chercher Sylvaniel à travers Miderlyr, cependant elle se rendit vite compte qu'il se tramait pire. Elle fut l'une des fondatrices du cercle et est encore une membre active, qui cherche à faire se fondre les mages dans la masse. Elle fut assez bouleversée par la cruauté des agissements des Templiers, et elle arpente régulièrement la Faille en tentant de découvrir des secrets magiques, mais à vrai dire personne ne sait à quelle fin elle les utilisera. Elle a mené beaucoup actions de guérilla en surface. Elle cherche cependant toujours Sylvaniel, sentant comme une signature de démon flottant en l'air. Elle est en ce moment en train de fouiller la faille.
But : Mettre fin au régime, se venger des templiers et retrouver Sylvaniel.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Cap le dimanche 30 juin 2019, 23:27:46
Achi, vil brigand, tu me forces à modifier des trucs :h:


Btw Alklebath et Althanéa réagissent comment lorsqu'ils se croisent ? Elle sait qu'il était le second d'Imiélda, ça a du clasher non ? :niak:
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Vaati the Wind Mage le dimanche 30 juin 2019, 23:42:59
Nom : Alaïa Delma
Carégorie : Vétéran
Âge : 23 ans
Race : Elfe
Profession : Résistante solitaire


Physique : Alaïa arbore désormais une chevelure beaucoup plus courte, et son sourire d'antan n'est plus. Elle a une apparence négligée, portant des tenues discrètes et ne s'accordant jamais de temps.
Mental : Quelque chose s'est brisé en Alaïa : la jeune Elfe autrefois pleine de vie, innocente et altruiste s'est mue en une personne isolée, ne faisant plus confiance à qui que ce soit, dévastée par la rage, la tristesse et la douleur.
Biographie :  Alaïa est née au sein d'un foyer aimant et respectueux, et à étudié au Collègium supérieur de magie. C'est là qu'elle apprit les pouvoirs mystérieux de la Tiare de Sanderline. Au vu de sa personnalité d'alors, elle rejoignit la Guilde des Voleurs, dirigée par la Naine Aube, afin d'améliorer le monde avec les pouvoirs de la Tiare. Néanmoins, elle ne put servir le casse, la Faille interrompant toute activité de la Guilde. Par la suite, son passé au Collégium, ainsi que ses pouvoirs de guérison, furent découverts par la Croisade Zandriarchale. Sachant le sort qui l'attendait, elle tenta d'abord de nier, mais avoua tout sous la torture. Elle fut par la suite emprisonnée dans une cellule, attendant son exécution. Elle réussit à s'enfuir avec l'aide d'Öhlraj. Quelques temps après, celui-ci quitta Alaïa, et celle-ci ne le revit plus. Cette expérience brisa Alaïa, qui depuis changea radicalement de personnalité. Elle vit dans une petite cavité crée par la Faille, et consacre sa vie à combattre la Croisade. Elle commet des actes isolés : assassinats de Templiers, de membres mineurs... Elle refuse de rejoindre la Résistance, étant toujours terrorisée par Aube, et préfère ne pas intégrer le Cercle.
But : Combattre le régime en place, seule
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Achileus le lundi 01 juillet 2019, 00:04:31
@Capicule disons qu'Alkebath a vite su qu'Althanéa était de la partie, et il s'est arrangé pour ne pas la croiser (elle va souvent explorer la faille) et éviter de trop faire parler de lui... Jusqu'au jour où le cercle brisé s'est formé, et il est devenu un fugitif donc la question ne se posait plus  :oups:
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Vaati the Wind Mage le lundi 01 juillet 2019, 00:22:57
Je les imagine se croiser dans un couloirs chacun collé contre le mur opposé à l'autre.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Cap le mercredi 03 juillet 2019, 19:29:36
Aïe aïe aïe nouveau perso en approche. Déso j'avais des trucs à raconter :oups:



Nom : Aarath
Âge : Jeune
Race : Léonin
Profession : Tueurr
Classe : Croisés

Physique :
Aarath est un Léonin, et possède donc les caractéristiques propres à cette race. Grand, plus de 2 mètres, sa stature est imposante, toute en muscles. De nombreuses cicatrices marquent son corps, mais son pelage ocre les dissimule aisément. Sa longue queue équilibre ses déplacements, et lui confère une démarche souple et agile. Une épaisse crinière entoure son visage, de laquelle émergent deux oreilles arrondies, captant le son le plus infime. Deux yeux jaunes aux pupilles verticales brillent d'un éclat mauvais, offrant une acuité visuelle bien supérieure à celle des humains.
Aarath aime prendre soin de son apparence. Son pelage est toujours brillant et bien entretenu. Quelques perles de couleurs parsèment sa crinière, ainsi que des runes de protection d'une magie ancienne propre à son clan. Ces derniers lui sont d'une grande aide dans sa profession. Aarath porte également autour du cou un collier de huit dents, toutes des crocs de Léonin.
Aarath n'a pas besoin d'armes, il est une arme. Ses longues griffes rétractables terminant ses doigts et ses crocs pointus font très bien l'affaire. Néanmoins, il possède trois dagues au manche bariolé glissées dans sa ceinture. Don de son clan lorsqu'il réussit la Dernière Épreuve, il sent ses lames dans l'espace, et peut, en un battement de cil, les rejoindre.

Mental :
Aarath est un tueur né. Son entraînement a chassé toute trace de pitié en lui, laissant place à un guerrier froid, méthodique et efficace. Les années passées avec la Croisade Zandriarchale ont réveillé son côté sadique. Cherchant des distractions pour oublier ses fers, il a commencé à jouer avec ses proies. Le plaisir qu'il en tire l'incite à continuer, encore et encore.
Aarath est également fier et orgueilleux. Il n'a néanmoins qu'une seule parole, lorsqu'il s'engage, c'est un absolu duquel il ne peut dévier. Enfin, Aarath tient plus que tout à sa liberté, et compte les jours avant de la retrouver. Il ne sait pas encore ce qu'il fera à ce moment là, mais il l'attend avec une impatience grandissante.

Biographie :
Aarath est né loin au sud, sur les terres arides des Terres Sauvages. Élevé dans les plus dures traditions de son clan, il y a appris la seule loi qui régit ce monde : la loi du plus fort. Pour survivre, il faut être fort, sinon, c'est la mort.
Son apprentissage, difficile, fut marqué de huit Épreuves, chacune terminée par un duel fratricide. À mort. Chaque victoire offrait une dent supplémentaire sur son collier. Une dent de son adversaire, pour qu'il se rappelle toujours les vies qu'il avait prises.
Aarath devint un guerrier respecté de son clan. Mais son orgueil le perdit.
Un jour, les fiers guerriers Léonin croisèrent la route de la Croisade Zandriarchale menée par Zarastra Aubemantel. Ils étaient loin d'être la puissante armée d'aujourd'hui, aussi, malgré une large infériorité numérique des guerriers des Terres Sauvages, ces derniers pouvaient largement leur tenir tête. Afin d'éviter le massacre dans les deux camps, le combat fût soigneusement évité ; Zarastra obtient le droit de continuer sa route.
Aarath ne l'accepta pas. Les fiers guerriers Léonins de son clan ne pouvaient accepter d'être de même puissance que ce ramassis hétéroclite d'êtres faiblards. Il se présenta, seul, dans le camp des croisés. Et demanda un duel à mort avec l'orque noire.
Le duel fût rapide et à sens-unqiue. Aarath perdit. L'orque révéla une puissance, une rapidité et une technique inégalées. Et peut être inégalable.
Elle ne prit pas sa vie. Seulement 15 ans. Son code de l'honneur l'obligeait à accepter. Il accepta.

Aarath suivit donc Zarastra. Il obéissait à ses ordres, comme le pacte qu'ils avaient passé l'exigeait. Mais il n'hésitait pas à prendre des libertés lorsqu'il en avait la possibilité, et surtout, l'envie. Mais l'orque noire était une bonne meneuse d'hommes, et savait comment gérer ses troupes. Très vite, elle comprit comment fonctionnait le Léonin. Elle lui donnait des missions plus agréables pour lui et surtout, sans ambiguïté dans ce qu'elle voulait.

Lorsque Miderlyr tomba, il lui restait 6 ans. Il fut affecté à la chasse aux sorcières. Ce qui lui allait à ravir. Parcourir les rues, pister sa proie, la débusquer, tenter de la ramener en un morceau plus ou moins intact, ou simplement l'éliminer sans autre forme de procès.
Et puis, après un an à s'amuser dans la ville, Zarastra le convoqua. Et lui attribua une nouvelle mission : protéger, et surveiller Vespérale, l'homoncule ambassadrice de la Tour d’Améthyste.

Au début, leur relation fût froide. Glaciale même. Outre la frustration de ne plus chasser dans les rues de Miderlyr, Aarath ne comprenait pas cette étrange créature. Vivre pour servir. Quelle drôle d'idée. Mais après deux ans à se côtoyer mutuellement, leur relation tend à présent à se réchauffer.

But : Purger sa dette et retrouver sa liberté
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Intersaison
Posté par: Great Magician Samyël le vendredi 05 juillet 2019, 19:49:58
C'est parti.

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Antiva
Citoyenne
Jour 13 avant la fin


   La corde toucha le sol poussiéreux avec un claquement sec qui résonna étrangement dans le silence de la Faille. Elle fut suivit une poignée de secondes plus tard par une paire de bottes qui atterrirent sans un bruit.
   En Chasse-Fortune aguerrie, Antiva resta un instant accroupie, l'oreille aux aguets, le cœur battant. Lorsqu'aucun cri ne retentit, qu'aucun raclement de pierre menaçant ne s'ensuivit, elle se permit de se détendre un peu. Son œil unique et entraîné scanna rapidement son environnement. Le Manoir Montaliet, autrefois riche et somptueuse enseigne de tout ce qui était détestable dans la Haute-Ville, gisait à présent sur un éperon rocheux au fond de la faille. Le bâtiment avait atterri sur son flanc, s'éventrant en partie et ne devant qu'à la solidité de ses pierres épaisses et le travail compétent de ses artisans de ne pas avoir complètement explosé.
   Antiva avait passé près de deux semaines à explorer la Faille depuis le rebord de l'a-pic, à la surface, se servant d'une longue vue de marine pour en fouiller les entrailles visibles et se basant sur la description vague donnée par son employeuse. Ses efforts avaient été récompensés. Descendre dans la Faille était toujours un jet de dés. Personne ne pouvait être certain de ce qu'il allait y trouver. La plupart de ses collègues d'infortune sous-estimaient bien trop les dangers qui y rôdaient.
   Cette descente-ci, cependant, allait être extrêmement lucrative.
   Expirant lentement, Antiva se redressa. Elle s'était laissée choir dans une vaste pièce au deuxième étage du manoir, passant par une fenêtre aux vitres éclatées. La disposition du lieu aurait désorientée quelqu'un de moins habitué aux étrangetés de la faille. Le sol était en réalité un mur. Lorsque le manoir avait sombré, tout l'imposant mobilier de la pièce avait chu également, créant sous les pieds d'Antiva un étrange parquet composé de commodes massives, de plateaux de table brisés, d'armoires défoncées, de coffres éventrés et de gravats poussérieux.
   L'immense lustre en fer pendait lamentablement contre le mur face à Antiva, mur qui quelques années encore aurait été un plafond. Se tordant le cou, la Chasse-Fortune jeta un regard à travers l'immense rectangle de la fenêtre au-dessus d'elle. Quelques dizaines de mètres plus haut, elle pouvait encore apercevoir les rebords déchiquetés des falaises de la Faille. Ainsi que des silhouettes incertaines, voletant lascivement dans l'éternelle brume fine qui tapissaient l'abîme en battant des ailles aux allures menaçantes.
   L'éperon rocheux jaillissant de la falaise sur lequel le manoir avait atterri ne se situait pas à une profondeur trop importante. Malgré tout, la remontée allait lui prendre un certain temps.
   Repoussant cette pensée déplaisante, elle se reconcentra sur sa mission. La salle dans laquelle elle avait pénétré le bâtiment ressemblait à une salle de trophées ou de trésor. Des têtes d'animaux exotiques empaillées étaient encore accrochées au plafond. Peut-être que la chance était de son côté.
   Sans perdre de temps, Antiva se mit à farfouiller dans les débris jonchant le sol. En essayant de rester le plus discrète possible, afin de ne pas attirer d'attention indésirable, elle s'échina à redresser des commodes brisées vomissant des vêtements fins et luxueux, à retirer des décombres des cassettes remplies de pièces de monnaie et de bijoux (dont certains qu'elle glissa dans sa besace), à repousser des blocs de pierre éclatés pour fouiller les recoins.
   Perdu sous les gravats et la poussière, elle exhuma un coffre volumineux en bronze massif. Elle dut s'arc-bouter pour l'extirper de son carcan de ruines, ahanant sous l'effort qu'il lui coûta pour le redresser. Le cadenas qui en gardait l'accès s'était cassé lors de la Fracture et pendait à présent piteusement sur le devant.
   Sans perdre de temps, Antiva ouvrit le coffre et s'autorisa un bref sourire. Le fond était molletonné avec du velours d'un pourpre sombre, protégeant et sécurisant ses trésors avec efficacité. Un cimeterre visiblement très ancien et à la lame large prenait le plus gros de l'espace mais c'était l'autre occupant du coffre qui retint son attention : un crâne humain à la mâchoire inférieure manquante, jauni par l'âge, et sur le front duquel reposait l'objet de sa mission : une tiare étonnamment simpliste, guère plus qu'une bande d'argent engravée de runes discrètes arborant à l'avant une longue pointe à la base épaisse, pouvant évoquer une feuille d'arbre.
   Un troisième objet tapissait le fond du coffre, un vélin bien plus récent que les deux autres reliques et sur lequel n'étaient gribouillées que quelques lignes. Antiva l'ignora, ne sachant de toute manière pas lire. Anxieuse de quitter les lieux au plus vite, elle tendit la main et s'empara de la tiare.
   Il y eut un flash lumineux avant que la Chasse-Fortune ne perdît connaissance, serrant la couronne dans son poing ganté.
***

Antiva
Citoyenne
Jour 7 avant la fin
-Début de matinée-



   -Vous l'avez trouvée, souffla Aube en soulevant à mains tremblantes la tiare devant le bandeau de soie noire qui couvrait ses yeux.
   Elle faisait mine d'observer la couronne sous toutes les coutures, ce qui poussa Antiva à s'interroger sur la cécité de la naine. Elle estima que ce n'était pas son problème.
   -Je n'ai qu'une parole, dit-elle en haussant les épaules.
   « En voilà un vilain mensonge, Antiva... »
   Un frisson glacé parcourut l'échine de la Chasse-Fortune et elle dut faire un effort pour ignorer la voix dans sa tête ainsi que le ricanement horripilant qui suivit. Nerveusement, elle posa la main sur la boule de bronze qui constituait le pommeau de son imposant cimeterre. Elle avait cessé de s'interroger sur les raisons qui l'avaient poussées à récupérer l'arme en même temps que la tiare : s'encombrer de ce volumineux objet lui avait causé des complications dans sa remontée. A présent, elle trouvait un curieux réconfort à triturer cette boule de métal. Son toucher était toujours frais et sa surface parfaitement lisse, comme poncée avec amour par les mains aimantes de ses précédents propriétaires.
   -Vous n'avez pas idée de ce que cela représente pour moi. Pour nous, reprit Aube en reposant la tiare sur la table.
   -En effet, rétorqua la Chasse-Fortune platement. Ce dont j'ai idée, cependant, est la récompense qui m'est due.
   Un sourire en coin déforma les lèvres de la Naine.
   -Bien sûr. Bien sûr. Les affaires, avant tout, hmm ?
   Aube frappa dans ses mains et quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit sur une jeune femme tenant dans ses mains un petit coffret. Elle le posa sur la table, s'inclina et se retira.
   -Allez-y, invita Aube d'un mouvement de tête. Tout est là, comme convenu.
   Antiva lui jeta un regard méfiant en s'approchant. A gestes prudents, elle souleva le couvercle et s'autorisa l'un de ses rares sourires. Elle s'empara des parchemins minutieusement pliés. Elle ne savait peut-être pas lire, mais cela n'était pas nécessaire pour déchiffrer une carte. Ou plus précisément, des plans. Elle déploya le premier d'entre eux sur le plateau de la table, révélant des lignes tracées avec talents et attention, détaillant un vaste périmètre du dédale des anciens égouts, à la périphérie de la Faille.
   Ces plans étaient d'une valeur incommensurable par les temps qui courraient. Ils allaient faire d'elle une femme riche. Et surtout, ils allaient lui permettre de vivre suffisamment longtemps pour en profiter. Repliant soigneusement le plan, elle le remisa dans le coffret avec les autres avant de le refermer.
   -Ce fut un plaisir de faire affaires avec vous, dit-elle en tendant la main.
   Malgré sa cécité, Aube la lui serra sans hésiter une seconde.
   -Vous savez, reprit l'Aveugle après un court silence, je... « nous » pourrions utiliser les services d'une femme de votre expérience, sur une base plus... « permanente ».
   Antiva n'en doutait pas un instant. Ce n'était pas la première fois, ni probablement la dernière, que la Résistance essayait de la convaincre de rejoindre leurs rangs. Mais les causes ne l'intéressaient pas.
   -Je suis désolée, mais votre conflit avec la Croisade ne m'intéresse pas. 
   -Je vois. Dans ce cas, c'est ici que nous nous quittons.
   Antiva hocha la tête, soulagée de constater que la Naine était une professionnelle avant tout. Récupérant le coffret sur la table et le sécurisant sous son aisselle, elle se dirigea vers la sortie.
   « Allons, allons, Antiva. Pourquoi cette précipitation ? »
   Une goutte de sueur perla à sa tempe et elle expira profondément.
   « Tu peux m'ignorer aussi longtemps que tu le souhaites, Antiva. Mais je suis là pour rester. »
   Elle posa la main sur la poignée. Mais alors qu'elle allait l'enclencher, son bras fut pris d'un spasme douloureux qui la stoppa.
   « Et puisque tu as décidé d'être une trouble-fête, il me revient donc de trouver de quoi nous divertir. »
   Un nouveau frisson parcourut son échine. Sans vraiment le vouloir, elle se retourna vers Aube.
   « Vous savez, à la réflexion, vous payez bien et vous m'êtes sympathique. »
   -Vous savez, répéta-t-elle inconsciemment, clignant des yeux, à la réflexion, vous payez bien et vous m'êtes sympathique.
   Aube, qui s'était abîmée dans l'étude de la tiare, tourna la tête vers elle, ses sourcils se haussant d'étonnement derrière son bandeau.
   « Je ne peux rien vous promettre mais je peux bien rester dans le coin encore un moment. »
   -Je ne peux rien vous promettre mais je peux bien rester dans le coin encore un moment.
   « Souris, Antiva. Toute cette raideur, c'est mauvais pour ton teint. »
   Luttant contre ses propres muscles, Antiva se fendit d'un sourire avenant. Le petit ricanement qui éclata dans son esprit lui fit monter les larmes à l'oeil.
   -Et bien, fit Aube, lui rendant son sourire et sans s’apercevoir de sa détresse, j'imagine que je ne peux pas demander plus pour le moment. Allez voir Jérôme au réfectoire. Il vous donnera à manger et un endroit où vous installer.
   Antiva s'inclina et sortit. Une fois seule dans l'un des couloirs obscurs du sous-terrain où la Naine avait établi son quartier-général, elle poussa un soupir tremblant.
   -Pourquoi, murmura-t-elle à voix basse en fermant les yeux.
   « Ah ! Enfin une réaction. Et bien parce que toute cette situation va être follement amusante, très chère. Cette pauvre folle pense enfin tenir une arme capable d'écraser cette... 'Croisade'. Mais tout ce que tu lui as donné, c'est une babiole brillante. La tiare n'a aucun pouvoir. Elle n'était qu'un vaisseau. »
   -Un vaisseau pour quoi ?
   « Pour moi, bien sûr. Et si je puis me permettre, tu es bien plus confortable que cette maudite couronne. »
   Antiva serra le pommeau de son cimeterre à s'en faire blanchir les phalanges tandis que la voix dans sa tête éclatait d'un nouveau rire mutin.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Vaati the Wind Mage le dimanche 07 juillet 2019, 15:28:26

                                                                                    Saltior
                                                                                   Templier
                                                                                Jour 7 avant la fin

J’étais agenouillé devant elle, alors qu’elle me tournait le dos. Auréolée, sa silhouette entourée d’une lumière presque divine, Zarastra semblait en proie à une profonde réflexion.  Elle m’avait convié dans sa résidence personnelle, et ce devait probablement être pour une requête importante. Soudainement, elle se retourna, me faisant face, afin de m’annoncer la mission à laquelle j’allais être assigné :
“Saltior, me dit elle. Depuis plusieurs années, tu officies en tant que mon meilleur bras armé. Pas une seule fois tu ne m’as déçu, et c’est pourquoi je t’assigne à une mission de la plus haute importance. Récemment, un rebelle nous a donné de précieuses informations concernant les intentions d’une cellule de la Résistance. Apparemment, dirigée par une naine, cette cellule prévoit de mettre la main sur un artefact ancien et puissant. Le rebelle ignorait de quel artefact il s’agissait, mais il assure que cette naine cherche à le posséder depuis plusieurs années, peut être même avant l’apparition de la Faille. Selon lui, elle serait dès à présent capable d’ébranler tout ce que j’ai construis. Bien que je n’en crois rien, cela reste préoccupant.
-Vous a-t-il renseigné sur l’endroit où se terrent ces résistants ?
-Malheureusement non. Bien qu’il nous ait largement renseigné, il a refusé de nous en dire d’avantage.
-Ca c’est parce qu’il ne m’a pas encore rencontré.
-Au cas où notre ami ne délierait pas sa langue, et ce même devant toi, ta mission est de traquer cette cellule. Une fois que tu l’aura dénichée, reviens vers moi. Je te confierai quelques hommes, et tu devra alors te charger d’éradiquer tous les résistants sur place. Néanmoins, tu fera la Naine prisonnière. Elle sera sûrement utile pour démanteler la Résistance.
-Je ne vous décevrai pas.
-Je n’en avais aucun doute.”

Une fois la discussion close, je quittais les appartements de Zarastra, me dirigeant vers les cachots de l’ancienne demeure Ducale. Cette cellule était loin d’être la première que j’allais traquer et éliminer. Et ce avec ou sans l’aide de notre prisonnier.
Lorsque je le vis, je ne pu réprimer un regard dégoûté : l’homme, dépourvu de toute dignité, était replié sur lui même, acculé dans un coin de sa cellule. Il avait un regard terrifié, et plusieurs ongles semblaient lui avoir été arrachés. Son visage était défiguré par de nombreuses plaies, et le sang séché recouvrait presque tout son corps. Je me suis lentement approché de lui, puis le prenant par le col, je le souleva d’une seule main à hauteur de mon visage. Il me lança un regard apeuré, semblant appréhender ce que j’allais lui faire.
“Puisqu’il semblerait que tu te soies montré peu locace sur un certain sujet jusque là, je te repose cette question : où se cachent tes camarades .
-Et qu’est ce que vous pensez…. pouvoir me faire de plus ?”

Je lui lança un sourire amusé.
“ Ne vous inquiétez pas : j’ai des méthodes parfois un peu plus originales que celles de mes comparses.”
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Cap le dimanche 07 juillet 2019, 20:03:08
Aïe aïe aïe je suis lancée :oups:



Syl
7 jours avant la fin
Souterrains
Complots et mystères dans les ombres du Cercle


    Tu es sûre que c'est une bonne idée fillette ?
    Je soupirai. Non ce n'était pas une bonne idée. Mais il n'y avait pas d'autres moyens pour tirer les choses au clair.
    Je m'arrêtai un instant, écoutant le bruit autour de moi. Le rendez-vous était fixé dans les profondeurs du réseau de cavernes près de la Faille. Les monstres étaient certes peu nombreux, mais malgré tout existants. Et puis, l'Inquisition rôdait toujours.
    Il n'y avait pas un bruit. Je n'avais croisé personne depuis que j'avais commencé à m'enfoncer dans les boyaux souterrains, et je commençais à douter du lieu et de la date du rendez-vous.

    Le lieu indiqué par le mage elfe était désert.
    - Peste ! crachais-je.
    Sur le mur fillette.
    Je me tournai vers l'emplacement indiqué par Thargraktrug. Maintenant qu'il l'avait pointé, effectivement, je devinais la discrète rune appliquée sur la pierre. N'importe qui de non averti serait passé à côté. Je m'approchai, et posai ma main au centre du cercle. Le tracé s'illumina doucement. Je chuchotai les quelques mots que m'avait indiqués Aklebath.
Pour que toujours la magie ait la place qui lui revient de droit...
    Le mur devant moi s'effaça, montrant un nouveau couloir. Je m'y engageais. À peine l'entrée franchie, les pierres reprirent leur place derrière moi, fermant tout passage.
    Je fis quelques pas qu'une voix forte s'éleva.
    - Plus un mouvement jeune fille !
    Je m'immobilisai. Je ne savais pas d'où venait ces quelques mots. Je ne voyais personne devant moi, il ne pouvait y avoir personne derrière moi. À moins que l'homme ne soit couvert pas une illusion.
    Alors que j'allais prendre la parole pour me présenter, je sentis l'air vibrer autour de moi. Je me mordis la lèvre. Ils voulaient s'assurer que je ne dissimulais rien. Sauf que mon déguisement ne devait pas tomber ! Je ne pouvais...
    Ne t'inquiète pas fillette, je m'en occupe.
    Je me rassènai quelque peu. La magie démoniaque fonctionnait différemment de la notre, elle ne serait sûrement pas détectée, et encore moins contrée.
    L'inspection magique dura une vingtaine de secondes. Puis l'air s'arrêta de vibrer, aussi rapidement qu'il avait commencé. Un homme apparut alors devant moi, un arbalète au poing. Un simple sort d'invisibilité ! Il n'était pas très grand, mais il dégageait de lui une assurance à toute épreuve. Ses yeux verts me fixaient d'un regard perçant.
    - Ton aura est étrange jeune fille...
    Je ne détournai pas les yeux.
    - L'influence de la Faille sans doute.
    Il haussa les épaules, visiblement moyennement convaincu par ce que je venais de dire. Néanmoins, il ne posa pas plus de questions. Il devait avoir une confiance aveugle dans son sortilège.
    - Allez, hâte-toi si tu ne veux pas manquer le discours d'Alkebath.
    Je ne me le fis pas dire deux fois, et continuai ma route.

    Le couloir débouchait dans une petite salle circulaire plongée dans l'obscurité. Un rapide coup d'oeil révéla qu'elle était bien remplie. Les mages discutaient par petits groupes, à voix basse. Mais impossible d'estimer leur nombre à cause de la pénombre. Je n'eus pas le temps de déambuler et de commencer à me mêler à eux. Alkebath apparu. Il était juché en hauteur sur un rocher, et un léger sort projetait de la lumière sur lui. L'assemblée se tut immédiatement.
    L'elfe parcourait l'assemblée du regard, savourant le silence qu'avait provoquée son entrée. Puis il prit la parole d'une voix forte :
    - Bonsoir mes frères et mes soeurs, et merci à tous pour votre présence. Si je vous ai tous réunis ici, c'est pour vous présenter, enfin, le plan que j'ai établis pour nous faire accéder à la place qui nous revient de droit !
Depuis toujours, les mages sont présents dans l'ombre des royaumes. Ils chuchotent aux rois les mesures à adopter. Ils gagnent des batailles d'un simple sort. Ils agissent dans l'ombre pour assurer la stabilité et la pérennité du gouvernement. Mais jamais, au grand jamais, leur place, et leur rôle n'a été reconnu ! Officiellement, les mages sont les sages gardiens du savoir, relégués dans leur académie.
Mais aujourd'hui, les mages, nous, sommes accusés de tous les maux ! Cette Faille, si elle s'est ouverte, c'est de notre faute ! Ce sont les mages qui ont tenté une énième expérience qui a échouée. SI Miderlyr est tombée, c'est de la faute des mages, qui ont ouvert ce fossé béant, duquel en sort des aberrations toutes plus horribles les unes que les autres. Et ces incapables ont échoué et à la refermer, et à protéger Miderlyr. Il ne reste plus rien à attendre d'eux...
Et bien le peuple se trompe ! Nous sommes là, plus forts, plus soudés que jamais ! Nous allons leur montrer de quoi sont capables les mages les plus puissants de la ville. De quoi nous sommes capables ! Rien ne peut résister à notre magie combinée, et nous allons leur montrer !
    Il se tut quelques instants, laissant à l'audience le temps de digérer ses mots. Puis il reprit, galvanisé par son discours :
    - Je vous propose un rituel. Un rituel sans précédent. Un rituel qui nous permettra de prendre le contrôle de Miderlyr. Unissons-nous, invoquons leurs pires cauchemars, laissons croire qu'ils se sont échappés de la Faille. Faisons les attaquer les croisés. Laissons pense que tout espoir est perdu pour le peuple. Puis nous apparaîtront, nous, les mages déchus. Et nous les arrêterons. Nous serons élevés en héros par les simples gens. Et nous pourrons alors prendre la place qui nous revient de droit.
    Il s'arrêta. Le public était songeur. Le flottement dura de longues secondes. Alkebath se tenait bien droit, les bras croisés sur son torse. Il portait à l'audience un regard hautain et amusé.
    Un demi-elfe prit la parole. Ses cheveux argentés tombaient négligemment sur ses épaules. Il portait une robe d'érudit bleue aux reflets de glace. Son aura était impressionnante.
    C'est son anneau fillette.
    J'ignorais les mots du démon pour me concentrer sur les siens.
    - Et c'est tout Alkebath ? Tu ne nous en dit pas plus ? Pas quoi, pas où pas quand ? C'est un peu léger comme plan, nan ? Ou alors, tu ne nous fais pas assez confiance pour nous en dire plus ?
    - Voyons Aryn, répondit l'elfe d'une voix douce. Tu sais comme moi comme l'information est importante. Si par malheur l'un d'entre nous tombait entre les mains de l'inquisition, moins il en sait, mieux c'est pour nous. Et puis, j'ai encore quelques points à régler, et des personnes à contacter.
    Alkebath ne laissa pas le demi-elfe répondre. Il continua d'une voix forte, cette fois destinée à toute l'assemblée
    - Aryn soulève néanmoins un point important. Je dois pouvoir vous contacter rapidement et de façon sûre. Si tout se passe bien, nous nous réunirons dans quelques jours, et nous procéderons au rituel à ce moment là. En attendant, je vous laisse vous emparer des bagues de communications que j'ai préparé.
    Un des hommes au pied du rocher ouvrit la caisse qui se trouvait à côté. Elle était remplie de petits anneaux argentés. Une pierre ronde était scellée sur le dessus. Cette dernière servirait d'affichage du lieu et de l'heure du prochain rendez-vous.
    J'attendis un peu que la foule se disperse pour m'approcher m'emparer de la mienne. L'objet était très simple, clairement de mauvaise qualité. Mais le sortilège était habillement dissimulé. Plus qu'à la glisser à mon doigt et...
    Je ne ferai pas ça si j'étais toi fillette.
    D'une impulsion mentale, je demandai à Thargraktrug de continuer.
    Il y a quelque chose de louche avec ce sortilège. Mais impossible de savoir quoi tant qu'il ne se sera pas activé...
    La voix du démon n'avait pas son air amusé habituel. Il y avait vraiment quelque chose (ou il voulait me le faire croire). Néanmoins, je choisi de lui faire confiance. Je glissai le bijou dans ma poche.
    N'étant plus pressés par leurs camarades, les mages autour de moi prennaient également un peu de temps pour observer la bague. Si beaucoup la passaient au doigt et partaient rejoindre leurs collègues, certains la faisait discrètement disparaître dans leur poche. Ils étaient rares, mais néanmoins présents. Mon regard croisa celui d'Aryn qui, comme moi, observait ses comparses, les mains dans les poches. Ses yeux bleus me fixèrent intensément. Je frissonnai avant de détourner le regard.
    Ne restons pas là fillette. Partons !
    Je m'éloignai rapidement. La salle s'était quelque peu dépeuplée, mais de nombreux petits groupes discutaient encore ensemble. Sans surprise, Alkebath avait disparu. Je secouai la tête. Plus rien ne me retenait ici, il était temps de quitter les lieux !
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Yorick26 le mardi 09 juillet 2019, 23:09:47
Ptite joueuse ?



Cheiralba
Vétéran
Jour 7 avant la fin
Souterrains
Intrigue indéterminée

La trace était ténue, mais elle était bien là, sous ses yeux. Une autre victime qui vociférait et portait sa marque.

≪ Arrachez-le-moi ! Je vous en supplie. Enlevez-le-moi. Enlevez-moi ça. Je… Ah. Ca fait mal.
— Je vais faire ce que je peux. Tâchons tout d'abord de te soulager. ≫

Les mots de Cheiralba n'avaient aucun effet. Le jeune homme, ou plutôt ce qu'il en restait, gesticulait et criait sur la planche de fer qui lui servait de lit de soins. Il devait n'avoir qu'une quinzaine d'année. La femme araignée avait l'impression de l'avoir déjà vu auparavant. Ce n'était alors qu'un enfant avant la fracture. Aujourd'hui, il aurait toujours dû n'être qu'un enfant, au lieu de ça, c'était plutôt quelque chose de difforme. D'un de ses membres elle se saisit d'une paire de ciseaux et commença à découper les vêtements de son patient. Il portait une simple robe de bure dont la couleur d'origine restait à déterminer. Le passage de cette dernière à travers les égouts de Midelyr l'avait teinté de marron et de noir. Le tissu était épais si bien qu'elle eu du mal à mettre à nu la poitrine du jeune homme. Et c'était sans compter les mouvements frénétiques de ce dernier qui menaçaient à chaque instant de se faire blesser par l'instrument de Cheiralba.
Une fois sa première tâche accomplie, la soigneuse improvisée pu se rendre compte des abjectes expérimentations qui avaient été réalisées sur ce jeune homme. Le tissu ample avait jusque là masqué l'aspect déformé de son bras gauche. Une couche kératineuse le recouvrait complètement jusqu'à sa poitrine émaciée par l'effort et la dénutrition, remontant même sur le bas de la gorge. On aurait pu croire que son membre était recouvert d'écaille, si des lueurs légèrement orangées ne se déplaçaient pas sous l'épaisseur vitrifiée de la peau. Une entité se trouvait dans se bras et semblait lui ronger les chairs lui provoquant cette douleur insupportable responsable de sa folie.

 ≪ J'aurais besoin que tu ne bouges pas pendant quelques secondes. Je suis moi-même quelqu'un qui n'est plus tout à fait humain, j'ai tâché d'en tirer parti. Je peux grâce à ça injecter grâce à mon dard un puissant anesthésiant. Tu ne sentiras plus la douleur, ni ton bras. Après nous discuterons.
— Faîtes vite. Je m'en fiche de savoir ce que vous allez me faire. Je ne veux plus souffrir.
— Très bien. Ferme les yeux. ≫

Étrangement, le jeune homme s'exécuta. Resserrant contre lui son bras valide, il attendit quelque chose. S'il avait gardé les yeux ouverts, il aurait alors vu Cheiralba retirer un pan de sa robe pour en dévoiler son appendice caudal terminé par un dard. Elle se retourna pour planter ce dernier à hauteur de l'épaule où se trouvait le plexus brachial. La peau s'était partiellement rigidifiée et la femme ne s'était pas attendu à autant de résistance. Néanmoins, l'aiguillon perfora la couche kératineuse et injecta son venin. Son patient ne s'endormirait pas tout de suite. Elle voulait discuter d'abord avec lui, mais il ne pourrait plus bouger le bras et comme promis, il n'aurait plus mal.
Les traits du jeune homme se relâchèrent et ce dernier se calma un peu. Assez pour oser ouvrir les yeux quelques secondes plus tard et observer enfin la vieille femme qui l'avait soigné et qui fermait un bouton de sa robe.

 ≪ Ca va mieux ?
— Qu'est-ce que vous m'avez fait ?
— Je croyais que tu t'en fichais. Comme je te l'ai déjà dit, je t'ai injecté un simple anesthésiant. Il ne durera que quelques heures. Le temps pour moi de trouver des alternatives ou des solutions à ton problème. Quel est ton nom ?
— Luxien.
— Très bien, Luxien. Pour comprendre ce que tu as et savoir comment te l'enlever. J'ai besoin que tu répondes à plusieurs questions. Tout d'abord, qui t'a fait ça ? ≫

Cela faisait maintenant deux ans qu'elle avait ouvert cet espèce d'hospice. La Fracture lui avait tout pris. Alors qu'elle recherchait l'assassin de la fille d'une grande famille marchande, elle avait commencé son enquête dans la Basse-Ville dans une zone qui ne fut pas touché. Très rapidement l'inquisition eut vent des particularités de la Dame Blanche et tout de suite son sort fut scellé. Elle était vouée à être tuée pour sorcellerie. Ce n'était évidemment pas le cas, mais un simple regard un petit peu curieux aurait confirmé à tous qu'elle était pire que ça. La vérité n'avait pas eu le temps d'éclater que sa famille qui l'avait adopté, avait été exécutée pour l'avoir protégée. Peut-être avaient-ils gardé le silence. Peut-être l'avaient-ils dénoncé sans pouvoir dire cependant où elle se trouvait. Pour l'inquisition, ils étaient complices et c'était bien suffisant. D'autres avaient été exécutés pour moins que ça. Désormais, elle était alors seule.
Elle avait commencé à haïr la Zandriarchie et bientôt elle rejoint un groupe de rebelles. Ce ne fut pas une approche directe. Elle les avait d'abord observé de loin, épiant grâce à ses sens développant leur mode de fonctionnement. Elle s'était rapprochée d'un certain Docteur Malassius. Il opérait dans un souterrain de la ville et avait ouvert une espèce d'hôpital. Tout le monde y avait accès si tant est que l'on en connaisse l'existence et que l'on jure de la garder secrète. Sur plusieurs années, l'hôpital avait recueilli toute sorte de gens : traque-faille, cherche-fortune, résistants. Le secret fut de nombreuses fois répandu, l'hôpital fut déplacé à de nombreuses reprises. La première fois, Cheiralba avait pu les avertir en s'aidant de ses sens développés et prévenir une fouille des lieux compromettantes. Depuis, elle avait rejoint les bénévoles. Le Docteur Malassius lui avait appris beaucoup de choses et elle avait vite appris. Il était un bon professeur et, elle, une parfaite élève.

L'année dernière, son mentor était mort d'une fièvre qui avait emporté tous les patients.  ≪ Ce sont les risques du métier. ≫ avait-il déclaré le front dégoulinant de sueur. Il  avait essayé de sourire pour rassurer son acolyte, mais la douleur et les quintes de toux qui l'assayaient ne lui permirent pas. Elle ne devait son salut qu'à sa nature chimérique. Elle n'avait pas contracté la maladie et avait pris le relais des opérations. Elle avait continué sa formation en essuyant de nombreux échecs. Peu des personnes qui faisaient appel à leur service étaient sauvables. Mais son venin était d'un incroyable réconfort. Bien dosé, il pouvait faire disparaître les petites douleurs localement. Bien dosé, il pouvait vous endormir à tout jamais. Un outil particulièrement précieux qu'elle avait perfectionné toute une année durant.
Elle avait également appris à écouter. Elle ne pouvait pas se montrer en plein jour et n'avait pas l'occasion de savoir ce qu'il se passait à la Surface. Elle ne pouvait pas s'éloigner de l'hospice trop longtemps ou trop loin. Trop de gens pouvaient avoir besoin d'eux, d'elle particulièrement, à tout moment.   

≪ Un vieux fou. Je ne sais pas qui. Vous pouvez me soigner ?
— Il me faut plus d'informations. Qui était-il ? Où était-ce ? Vous êtes venus ici par vos propres moyens, je le sais.
— Je ne sais pas. Je ne me souviens plus. Vous pouvez me soigner ? Vous pouvez me rendre mon bras ? ≫

Cheiralba devait peser ses mots. Malgré l'anesthésie, il était encore sous le choc. Lui dire la vérité, à savoir que son bras était irrécupérable, ne ferait que le bloquer. Elle perdrait une monnaie d'échange précieuse : l'espoir que tout redevienne comme avant. Si elle disait qu'elle pouvait le soigner, et ainsi lui mentir, il ne ferait plus aucun effort en attendant de pouvoir récupérer son membre. Lorsqu'il se rendrait compte qu'il n'en était rien, la trahison lui clouerait le bec. Elle devait plutôt être prudente et ne pas lui donner trop de faux espoirs… seulement en laisser quelques uns en essayant de faire bonnes figures.

 ≪ Je vais essayer, mais je ne vous promets pas de réussir complètement ou d'y arriver du premier coup. Je vous promets au moins d'essayer. Cela vous convient, Luxien ?
— Je vous en supplie.
— Souvenez-vous de ce qu'il vous a fait pour que votre bras devienne comme ça ?
— Non. Je crois que je ne préfère pas me souvenir. Je crois également que je me suis évanoui à plusieurs reprises. C'est comme dans un rêve. On passe d'une étape à l'autre sans transition. On était en train de chercher des reliques ou quoi que ce soit qui se vendent près de la faille. L'instant d'après on m'enfonce une tige dans le bras et j'hurle de douleur. Un moment encore plus tard je me réveille comme ça. Je tente de m'échapper et je cours dans la ville souterraine. Quelqu'un m'attrape et puis je suis ici.
— On vous a donc enfoncé quelque chose dans le bras. Les souvenirs vous reviennent. C'est bon signe. On va pouvoir en apprendre d'avantage sur ce qu'il vous a fait et ainsi réussir peut-être à vous guérir.
— Je ne veux pas me souvenir.
— Mais vous voulez guérir.
— Oui… ≫

Luxien n'avait pas le choix. Il le savait et, surtout, la femme araignée le savait également. Il existe des traumatismes qu'on n'arrive pas à se souvenir, d'autres qu'on ne veut pas retrouver. Il n'y avait ni dans l'un, ni dans l'autre aucune honte à ça. Cheiralba ne se souvenait pas de sa naissance comme tout un chacun. Ou plutôt de sa création dans son cas. Elle savait juste ce qu'on lui avait répété et on lui avait peu répété. Le secret ne devait pas s'ébruiter alors on lui avait rapidement dévoilé le strict minimum dès qu'elle fut en âge de comprendre. Depuis, les années passant ont fait le reste effaçant ici et là des détails qui en ce jour auraient pu se révéler bien utile. Peut-être lui avait-on dit ce qu'était devenu Sébastide. Peut-être avait-elle oublié, mais elle avait beau cherché dans sa mémoire, aucune information ne lui revenait. Luxien, lui, refusait de se souvenir. Se souvenir était souffrir à nouveau et tous les analgésiques de Cheiralba n'y feraient rien. Mais Cheiralba lui imposait un ultimatum : ne pas se souvenir ou guérir. Avait-il saisi la nuance intéressée de cette négociation implicite ? Pas nécessairement, mais il réfléchissait aussi vite que ses neurones le lui permettaient endoloris par la substance injectée par sa soigneuse. Il n'avait pas le choix et la femme aux cheveux immaculés lui laissait le temps de la réflexion et de l'acceptation.

 ≪ Je comprends que ce soit douloureux. Essayons autre chose, vous le voulez bien Luxien ? Parlez-moi plutôt du chemin qui vous a mené jusqu'ici. Laissons de côté les atroces souffrances qu'on vous a faite. Avez-vous remarqué un élément particulier sur votre route qui me permette de remonter à celui qui vous a fait ça et vous venger. ≫

C'était la première fois qu'elle lui parlait ouvertement de vengeance. Peut-être que l'idée que son tortionnaire ne lui ait pas fait ça impunément le motiverait un peu plus à fouiller dans ses souvenirs. Elle préférait cependant rester vague dans ses déclarations. Ses objectifs n'appartenaient à qu'à elle et personne d'autre.

 ≪ Je ne vous demanderai pas quelles directions vous avez prises. Ce serait être trop gourmande. Il me suffit d'un détail, d'une piste.
— Ce n'était que des tuyaux. Ils se ressemblaient tous.
— Etaient-ils en cours d'utilisation ? Vous souvenez-vous d'avoir marcher dans l'eau ?
— Je me souviens que oui. En tout cas sur la fin. J'avais plus de mal à marcher, surtout quand… surtout après qu'elle m'ait trouvé. Au sortir du… de là où je venais, les murs étaient plus usés et plus secs, comme oubliés. Après, mes mains glissaient sur les parois humidifiées et mes pas étaient plus lourds et plus pénibles. Je dus rapidement m'épuiser car c'est lorsque je suis tombé dans les eaux d'évacuation qu'elle m'a trouvé. Le bruit l'avait peut-être alertée. Je ne sais pas. ≫

Les indications étaient déraisonnablement imprécises, mais cela lui donnait une indication précieuse. Ainsi, Sébastide Hordefeu se tairait dans les anciens égouts de la ville. Sa recherche se résumait encore à une aiguille dans une botte de foin, mais la botte de foin venait de passer de gigantesque à plus ou moins grande. Une grande partie était inexplorée et à la connaissance de Cheiralba, il n'existait aucune carte des lieux. Pour autant, la femme araignée avait tissé sa toile dans les égouts de la ville si bien qu'elle connaissait parfaitement les environs entourant chacun des centres de soin qu'elle avait ouvert jusqu'à maintenant. Ses fils de soie, invisible pour l'oeil humain, discret pour un elfe, lui servaient d'alarme contre les intrus, mais également de repères géographiques.

 ≪ Qu'en est-il de cette femme qui vous a aidé ? Vous la connaissez ?
— Je ne l'avais jamais vue. Elle sentait plus les égouts que les égouts eux-même. Elle était dépenaillée. Une de mes semblables en somme. Elle était grande, les cheveux blancs ou gris, sauf qu'elle n'était pas vieille comme vous. Plutôt jeune, les oreilles pointues. Elle devait avoir du sang d'elfe qui lui coulait dans les veines. Mais on trouve de tellement de choses étranges près de la faille que je ne peux pas vous le certifier.
— Près de la faille ?
— Je pense. Lorsqu'elle m'aida à me relever, un courant d'air… enfin, je veux dire, qu'il y avait un courant d'air que j'avais presque trouvé salutaire me libérant pendant quelques instants de l'odeur de ma sauveuse. Je ne devrais pas dire ça, après tout elle m'a sauvé la vie et c'est bien ingrat de parler d'elle en ses termes.
— Elle n'en saura rien. ≫

Voilà que l'étau se resserrait. Cheiralba savait de quelle direction il venait grâce à ses fils, que son tortionnaire se trouvait dans les anciens égouts de la ville et que Luxien était passé près d'une embouchure près de la faille où il avait été ramassé par une elfe à l'aspect négligé qui, de toute évidence, connaissait sa cachette et les soins qui étaient prodigués. Une petite discussion ne serait pas de refus.

 ≪ Ne t'inquiète pas. Elle n'en saura rien. Tu dois être exténué, je vais t'aider à te reposer. Si j'ai besoin de t'opérer, il faut que tu reprennes des forces. Endors-toi. ≫

Faisant mine de poser sur lui une couverture, elle en profita pour injecter une nouvelle dose d'anesthésiant dans le bras déjà insensibilisé de Luxien dont les paupières se fermèrent au bout de quelques secondes. Il ne l'avait pas encore remarqué, mais son avenir était fichu. Alors qu'ils discutaient, la femme araignée avait remarqué que les marques avaient discrètement progressées. Elle avait envisagé de lui amputer le bras, avec de forts doutes que ça suffise. Maintenant, c'était peine perdue. Toute l'épaule était prise et la moitié de la nuque avait été envahie. Il était trop tard. Elle avait pensé à abréger ses souffrances, mais comme à chaque fois, elle ne pouvait pas s'y contraindre sans l'accord de son patient. Il était épuisé, ce n'était pas le moment de lui asséner le coup final avec cette demande. Et puis, elle gardait un infime espoir qu'elle trouve un remède au mal qui le rongeait. Ou un infime espoir qu'il puisse encore se rendre utile. Cheiralba doutait de ses propres intentions. Ne risquait-elle pas de succomber à un désir de vengeance qui lui ferait perdre raison et morale ?

Une fois qu'elle se fut assurée que Luxien était confortablement installé, elle sortit de l'hospice et en scella l'entrée. Et elle se mit en route… ou plutôt en chasse.



Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Cap le jeudi 11 juillet 2019, 23:11:39
Petit chapitre histoire de mettre en place des choses :_i _i:



Aarath
7 jours avant la fin
Palais des croisés
Le poids des secrets

    - Tu sens le sang Saltior.
    Le fidèle bras droit de Zarastra se tenait devant moi. L'air satisfait, il empestait le sang. Il était grand, mais je le dépassais d'une bonne tête.
    - Tu es allé interroger notre invité ? continuai-je d'un ton dépassé.
    - Décidément, on ne peut rien cacher à ton odorat Aarath, bougonna-t-il.
    Un mince sourire se dessinait sous sa barbe. Il continua :
    - Laisse-moi passer, je dois aller faire mon rapport à Zarastra.
    - Sans m'en dire un peu plus ? Voyons cher ami...
    Un sourire carnassier éclaira mon visage, tandis que je regardais distraitement les griffes de ma main droite. Saltior ne se laissa pas impressionner et répondit en un éclat de rire.
    - Aha ! Tu ne manques pas d'air. Zarastra t'informera si elle le juge nécessaire. En attendant, retourne donc jouer au chat de garde !
    Sur ces mots, il reprit sa route, passant à côté de moi. Songeur, le regard dans le vide, je méditais sur ses mots. Des informations que j'avais pu avoir, l'orc noire savait beaucoup de choses des résistants. Leur organisation, leur but, leur plan pour faire tomber la croisade. Mais il lui manquait une information capitale : leur emplacement ! Pour que Saltior ait cet air si satisfait, il avait forcément appris quelque chose. Et vu son empressement...
    Je plissai les yeux. Leur emplacement donc. Les prochains jours allaient vraiment être intéressants.

    Perdu dans mes pensées, mes pas m'avaient, par habitude, menés jusqu'à l'aile occupée par l'envoyée. Comme tous les matins, je la rejoignis, et m’enquis de ses occupations de la journée. Elle ne pouvait quitter ses quartiers sans que je ne l'accompagne. Officiellement pour garantir sa sécurité. Officieusement pour surveiller ses faits et gestes. Cette mission m'horripilait, mais j'étais obligé d'obéir.

    L'étrange créature était accoudée à la fenêtre. Elle ne se retourna pas lors de mon entrée dans la pièce. Elle observait la ville vue d'en haut, sûrement absorbée par ses pensées.
    - Salutations Vespérale. Quels sont tes plans pour aujourd'hui ?
    Elle se retourna, vive comme l'air pour poser sur moi ses yeux brillants. Son apparence était déconcertante, mais j'avais depuis longtemps arrêté d'en chercher une logique.
    - Je pense que... je vais comploter avec la résistance aujourd'hui.
    Régulièrement, Vespérale proposait un projet un peu fou. Si au début je réagissais en conséquence (notamment la fois où elle avait dit vouloir assassiner Zarastra), et elle s'en amusait beaucoup, aujourd'hui je tiquai à peine. Néanmoins, et elle le savait, je ne pouvais m'empêcher de répondre à sa provocation.
    - Avec la résistance voyons ça ? Tu as rendez-vous avec eux ?
    Elle eut un petit rire cristallin.
    - J'ai un contact. Ici même.
    - Dommage pour lui, il a atterri dans nos geôles. Et il a parlé.
    Je mis fin à ma phrase brusquement tout en fouettant l'air de ma queue. La réponse avait fusé, immédiate, bravache, et j'avais failli en dire plus. En dire trop.
    La créature ne sembla pas remarquer mon trouble. Elle continua de sa voix chantante :
    - Oh et qu'a-t-il dit ?
    - Rien, répondis-je en haussant les épaules.
    Ses yeux brillants me fixaient intensément. Je maintiens son regard. Après quelques instants, elle se retourna à la fenêtre.
    - Je vais rester tranquille dans mes appartements. Tu peux disposer, je ferai appel à toi si besoin Aarath.
    Un sourire s'étira sur mon visage. Une journée tranquille en perspective.
    - Très bien je te laisse dans ce cas.
    Et sur ces mots, je quittai la pièce, laissant l'homoncule à ses occupations.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Vaati the Wind Mage le dimanche 14 juillet 2019, 13:30:07
                                                                                           Alaïa
                                                                                  7 jours avant la fin
                                                                             

Je rentrais, éreintée, les vêtements couverts de sang, comme presque tous les jours depuis l’apparition de la Faille. Mon ancienne demeure, l’endroit où j’avais passé toute ma vie, avait été engloutie, avait disparu dans les entrailles de la terre. Et moi, j’avais sombré avec le Manoir Montaliet. Je n’en étais revenue vivante que par miracle. Lorsque je rejoignis la surface, je vis à quel point Mydelir avait changé. J’essayai tant bien que mal de m’en remettre, de retrouver des marques… Mais lorsque la Croisade découvrit mon passé au Collégium, tout ça prit fin. Je ne m’en suis sortie qu’avec l’aide d’Öhlraj, qui par la suite sembla décider que fuir la Croisade Zandriarchale était la meilleure option. Et depuis je passais mes journées, là, à errer dans les égouts, ou à parcourir la Faille aidant les égarés, et tuant les Croisés qui avaient le malheur de me rencontrer. En surface, cela aurait été impossible. Mais ici, après s’être perdus dans la Faille, avoir massacré quelques monstres ou décimer une cellule de résistance, ils étaient épuisés, blessés. Cela va sans dire, il m’arrivait quelque fois d’être moi-même blessée. Grâce à tout ça, mes compétences en combat, quoique toujours relativement faibles, s’étaient considérablement améliorées : je maîtrisais à présent quelques sorts de défense assez efficaces, et je restais une excellente soigneuse. Ainsi, je receuillais les égarés dans lesquels je ne reconnaissais pas un des Croisés, les soignais, puis les chassais. L’obscurité, la puanteur… tout cela faisait à présent partie de ma vie, et j’en étais devenue partie intégrante.
Quelquefois, les blessures étaient trop graves, parfois même incompréhensibles. Dans ces cas là, je devais m’arranger pour les délivrer à quelqu’un d’autres. Les rencontres se faisaient rares ici bas, mais parmis les quelques personnes que j’avais croisé, certaines m’avaient parlé d’une étrange vieille femme, qui les avait guéris, et qui gérait une sorte… “d'hôpital”. Elle semblait posséder des aptitudes étonnantes. L’un d’eux m’avaient d’ailleurs révélé où elle se terrait. Et depuis, j’y abandonnais les blessés qui dépassaient mes compétences, les laissant entre ses mains. Leur sort m’intéressait peu à vrai dire, du moment qu’elle les aidait du mieux qu’elle pouvait. J’avais trouvé un endroit pour me reposer dans ces égouts où, tel un animal en fuite, je me terrais depuis des années. Il était assez proche de la surface, assez pour que je puisse sortir occasionnellement.
Soudainement, un bruit me fit tressaillir. C’était un bruit discret, presque inaudible, mais quand on est habituée au silence total, ce bruit s’entend autant qu’un coup de tonnerre. On aurait dit un bruit de pas, celui d’une personne qui ne voulait pas se faire entendre. Portant ma main à la dague qui reposait sur ma ceinture, avant de me tourner vers l’obscurité qui me faisait face.
“Qui est là ?”
Aucune réponse, évidemment. J’avançai de quelques pas, pointant ma dague devant moi, prête à attaquer quiconque s’avancerait. J’attendais, sentant mon coeur battant follement dans la poitrine, et la sueur couler le long de ma nuque. Doucement, paisiblement même, une vieille femme sortit de l’obscurité. Elle avait une longue chevelure blanche, et portait une robe ample. Je devinai aisément de qui il s’agissait.
“Ainsi donc, vous vous êtes enfin décidé à venir me trouver, lui ai-je dis.
-Nous venons de recevoir un patient, répondit elle. Il est arrivé quelque chose d’étrange à son bras, et il dit avoir été sauvé par une Elfe vivant dans les égouts.
-Oui, je m’en souviens. Et alors. Vous avez besoin d’aide supplémentaire ? Je vous préfère vous prévenir, je ne peux absolument rien pour lui.
-Malheureusement, je doute pouvoir faire grand chose également… Néanmoins, ce n’est pas la raison de ma venue.”
Je m’assis, m’adossant dos au mur, avant de tourner mon visage vers elle.
“Quelle est elle alors ?
-A quoi bon se précipiter, dit elle avec un sourire malicieux. J’aimerais tout d’abord savoir qui vous êtes.
-Je m’appelle Alaïa, ai-je répondu en poussant un soupir. Alaïa Delma. Avec l’apparition de la Faille, disons qu’il ne me restait plus grand chose à la surface. Et que mon aide était plus utile ici. Et vous. Qui êtes vous ?
- Êtes vous en train de me dire que vous amenez des personnes grièvement blessées jusqu’à moi sans avoir la moindre idée de qui je suis ?
- Disons que… des échos m’ont été rapportés. Et de ce que j’ai entendu, vous avez bien aidé quelques personnes.
- C’est juste… Si je puis…
- Cessons ce jeu ridicule si vous le permettez. Qu’êtes vous venue faire ici ?
- J’aimerais savoir comment vous m’avez trouvé.
- Eh bien pour tout vous dire, ce fut assez laborieux : premièrement, quelques personnes m’ont dit qu’elles avaient été guéries par une femme mystérieuse. Certains en revenaient juste d’ailleurs. En quelques semaines, et en suivant leurs indications, j’ai réussi à vous retrouver. Néanmoins j’ai remarqué quelques… fils sur le chemin. Ils étaient discrets, mais loin d’être invisible. Je suppose que vous avez un lien avec eux n’est ce pas ?
- Décidément, on ne peut rien vous cacher !
-Et ensuite ? Vous n’allez tout de même pas me dire que vous êtes venues ici simplement pour me demander comment je vous connaissais ?
- Pour être tout à fait honnête, il y a effectivement une autre raison. Ce jeune homme dont je vous ai parlé, j’aimerais savoir où vous l’avez trouvé.
- Eh bien… cela fait quelques mois maintenant que je trouve des cadavres… étranges dans un certain endroit de la Faille.
- Que voulez vous dire par étranges ?
- Eh bien… on aurait dit que quelqu’un les avait volontairement déformés. Certaines parties de leur corps avaient parfois été remplacées, amputées, ou monstrueusement déformées… Au début, j’ai juste pensé que c’était dû à un quelconque monstre, mais au vu de la concentration anormale de ces corps, j’ai du me résoudre à l’évidence. J’ai quelquefois trouvé des personnes vivantes, bien qu’en piteux état. J’ai bien essayé de les soigner, mais ils étaient morts avant même que je puisse les emmener jusqu’à mon “logement”. Alors comme ce jeune homme était en bien meilleur état que les autres, j’ai pensé qu’en vous l’amenant directement, il pourrait s’en tirer… comment va-t-il ?
-Eh bien, pour l’instant il est encore en vie… mais l’état de son bras laisse présager le pire.
-.... oui. Je… je m’en doutais.
- Pourriez vous me mener vers l’endroit où vous avez trouvé tous ces corps ?
- C’est d’accord, répondis je en poussant un soupir. Si vous le permettez, mettons nous en route immédiatement.
- Parfait, répondit elle.”

Dans sa voix, j’avais décelé une pointe d’excitation, bien qu’elle ait tenté de la réprimer.
“Au fait, lui ai je demandé, je ne connais toujours pas votre nom.
-Je me nomme Cheiralba, a-t-elle répondu. Mettons nous en route.”
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Cap le vendredi 09 août 2019, 18:02:05
Bon. On va quand même pas laisser couler cette saison 2 à peine entamée, et bien prometteuse ?  :'(



Aarath
7 jours avant la fin
Palais des croisés
Aïe aïe aïe

    - Pardon ? rugis-je à quelques centimètres de son visage.
    Je tenais le messager par le cou, plaqué contre le mur. Un jeune humain, une vingtaine d'années tout au plus, blanchissait à vue d'oeil. Ses pieds s'agitaient faiblement en une tentative désespérée de toucher le sol tandis que ses muscles se paralysaient sous l'effet de la peur. Mes pupilles, rétrécies par la colère, captaient le moindre de ses frémissements.
    - Elle... Elle... Elle a disparue, bégaya de nouveau le gamin d'une voix frêle.
    Je grondais. La vile ! Rester tranquille dans ses appartements ? Par Obad-Hai, elle m'avait eu comme un lionceau !
    Je lâchai d'un coup le messager. Il empestait la peur. Le jeune homme s'affaissa au sol, visiblement partagé entre le soulagement et l'incompréhension d'être encore en un seul morceau. L'ignorant, je commençai à marcher en cercle, fulminant et battant l'air de ma queue. Comment avait-elle pu sortir au nez et à la barbe des gardes ? Pourquoi aujourd'hui ? Que comptait-elle faire ?
    J'interrompis ma marche.
    - Comment ? grognai-je sans regarder le jeune homme, toujours au sol.
    - Je... Je ne sais pas messire. Lorsqu'on lui a apporté son déjeuner, elle avait disparu.
    - Vous êtes des incapables... marmonnai-je.
    Songeur, je commençai à m'éloigner. Il me fallait la débusquer, et mettre au clair ses plans !
   - Je m'occupe de la retrouver, lâchai-je par dessus mon épaule à destination du messager.
    À défaut de surveiller les gens, il préviendrait les bonnes personnes. J'espérais. Je me mis en route vers ses quartiers. La piste commençait là.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Yorick26 le lundi 12 août 2019, 17:56:08
Cheiralba
Vétéran
Jour 7 avant la fin
Anciens réseaux d’égouts
Alaïa et Cheiralba

≪ C'est par ici.
— Ici ? Et il venait de quelle direction ?
— De par là. ≫

L'elfe pointait du doigt l'un des trois conduits qui se croisaient à cette intersection si on ne comptait celui par lequel elles étaient arrivées. Le trajet jusque là n'avait pas été très long, mais assez laborieux pour Cheiralba. Elle n'avait pas pu se déplacer en longeant les murs comme elle l'avait fait avant de rencontrer cette étrange Alaïa. Maintenant elle devait patauger dans l'eau sale des égouts. Autrefois ces vêtements blancs n'auraient pas supporté un tel supplice. Aujourd'hui elle était résignée à son sort, ainsi qu'à celui de la cité. Ainsi, ce n'était que pour éviter que l'eau imbibe le tissu et alourdisse la robe que Cheiralba tenta tant bien que mal de relever cette dernière.

L'elfe, quant à elle, se déplaçait avec beaucoup plus d'aisance, mais présentait un pas lent. Tant pour éviter de vexer ce qu'elle considérait comme une vieille femme que pour ne pas à avoir à attendre régulièrement que sa suiveuse la rejoigne. Malgré cette attention, elle menait la marche et gardait une certaine distance avec son accompagnatrice ce qui n'invitait pas à engager la conversation. Cheiralba ne faisait pas mine de vouloir parler non plus. Au contraire, elle restait attentive à tous les détails qui lui permettraient de retrouver son chemin. Elle ne pouvait pas se permettre de tisser un fil devant elle. Bien que l'elfe ait vu une partie de son ouvrage dans les égoûts de Miderlyr, elle n'avait peut-être pas compris quelle était son exacte nature.

Cheiralba ne souhaitait pas se l'avouer, mais elle était mal à l'aise dans ces égouts. L'obscurité ne la gênait pas d'autant que l'elfe s'était munie d'une lampe recouverte offrant une lumière tamisée suffisante pour distinguer le chemin à suivre et assez faible pour ne pas éblouir les yeux sensibles de la femme araignée. C'est l'humidité. Il était bien connu que les arachnides préféraient les endroits secs et peu ventilés. Cette angoisse l'empêchait de se concentrer convenablement. Par où était-elle passée ? Fallait-il d'abord tourner à droite, puis deux fois à gauche et continuer tout droit pendant trois intersections avant de reprendre sur la droite ou était-ce complètement autre chose ? Au fur et à mesure qu'elle progressait dans les égouts, elle avait perdu le chemin.

 ≪ Je crains de devoir vous demander de rester avec moi plus longtemps que prévu. Une fois arrivé à destination, je comptais vous libérer, mais je dois vous demander un service. Je suis complètement perdue. Pourrais-je vous demander de m'attendre pour m'indiquer le chemin du retour ?
— Non.
— Je vois. Tant pis.
— Je ne vais quand même pas vous attendre une éternité pendant que vous faites je ne sais quoi et pendant je ne sais combien de temps.
— Je comprends. Il n'est pas dans mon caractère à vous inviter à me suivre plus loin. Cela pourrait être dangereux. Quand on voit ce qu'on a fait à ce pauvre jeune homme, je ne voudrais pas vous imposer de vous mettre en danger pour moi.
— Ce n'est pas le danger qui me fait peur. Le danger est partout à Miderlyr. Le fait que je sois encore vivante devant vous est une preuve que je sais me débrouiller. Ce que je ne souhaite pas, c'est me mêler des histoires qui ne me regardent pas. C'est comme ça qu'on survit en ce bas-monde, si je puis dire.
— Vous n'accomplirez rien toute seule.
— Je suis toute seule et je vous aide. Cela me semble déjà pas si mal comme contribution.
— Et vous ? Qui vous aidera en cas de problème ?
— Personne. C'est le jeu.
— J'espère que vous n'aurez jamais besoin de mes services, mais si un jour cela devait être le cas, sachez que ce serait avec grand plaisir. En guise de remerciements. ≫

La jeune elfe s'était arrêtée, la tête baissée. Son regard était fixe et elle ne disait plus rien. Cheiralba s'attendait à une réponse de sa part. Elle semblait vouer une haine à quiconque s'approchait d'elle. Une carapace ? Cheiralba n'était pas psychologique pour deux sous, mais elle croyait comprendre ce que ressentait la jeune femme. Elle aussi s'était interdit de se lier avec d'autres personnes que sa famille. Pour éviter qu'ils connaissent la vérité sur sa nature. Et maintenant, pour éviter de souffrir à nouveau. Peut-être était-ce la même chose pour elle. Ou bien autre chose, mais il y avait quelque chose. Alaïa voulait que cela reste enfoui en elle, ce n'est pas Cheiralba qui irait contre sa volonté.

 ≪ On est arrivé ? C'est là que vous l'avez retrouvé ? dit la vieille femme une fois qu'elle fut arrivée à sa hauteur.
— Non. C'était un peu plus loin.
— Très bien. Alors pourquoi s'arrêter ? Allons-y !
— Non plus. Vous n'irez pas plus loin. C'est trop dangereux.
— Je vous demande pardon ?
— Regardez. ≫

Alaïa se baissa et trempa ses doigts dans l'eau croupie. Trois séries d'ondes concentriques se succédèrent à la surface, mais quelques centimètres plus loin les vibrations se répercutèrent sur un mur invisible. Au-delà, la surface du liquide restait aussi lisse qu'elle pouvait l'être.

 ≪ Vous allez avoir besoin d'une magicienne. Qui qu'il soit, il a placé un mur invisible. Peut-être empêche-t-il d'entrer et pas de sortir. Peut-être qu'il a placé après que votre patient se soit échappé. En tout cas, vous avez besoin de moi. Car je ne peux pas prédire ce qu'il adviendra de vous si vous faites deux pas de plus.
— Je vous remercie. Ma dette envers vous ne fait que s'allonger semblerait-il.
— Je tâcherai de trouver une compensation. Cependant, si je veux que vous me la remboursiez un jour, il faut que vous sortiez vivante de cette histoire. Je vais devoir m'assurer de votre sécurité un peu plus longtemps que prévu. Peut-être même que je vous ramènerai jusqu'à chez vous ensuite.
— Merci. Encore. Je crois comprendre que ça vous coûte.
— Ce n'est pas grave. Même si je vous ai dit que je ne me mêlais pas des histoires d'autrui, j'ai quelques menus projets où vos talents pourraient être utiles… Voilà ce que je vous propose. Une collaboration temporaire. Je vous rends service, vous me rendrez service et nous retournerons à nos activités respectives. Marché conclu ?
— Marché conclu. ≫
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Vaati the Wind Mage le jeudi 29 août 2019, 23:16:11
Alaïa
Vétéran
Jour 7 avant la fin
Anciens réseaux d'égouts
Alaïa et Cheiralba



Après avoir un conclu notre marché, un silence pesant s’était abattu, tandis que nous nous avancions toujours plus dans les égouts. Craignant la présence d’autres pièges, je précédais Cheiralba de plusieurs pas, toujours alerte. Pour l’instant, aucun obstacle sérieux ne s’était dressé. Néanmoins, je restais sur mes gardes : pour continuer, nous allions devoir traverser une énorme salle, où autrefois arrivaient toutes les eaux de la ville. Cette salle était très proche de l’endroit où la Faille était apparue, et de fait, les monstres y apparaissaient plus souvent. Une protection supplémentaire très efficace pour qui aurait intérêt à se cacher, en somme. Sur notre chemin, nous avons croisé d’autres cadavres atrocement modifiés, mais je préférais ne pas y porter attention. Cheiralba, en revanche, semblait très intriguée par ces corps, et je me retournais parfois uniquement pour la voir penchée sur l’un d’eux. Alors, je la rappelais à l’ordre, et l’incitais à avancer. Je ne me retournais que rarement, simplement pour voir si elle suivait toujours…. ou si quelque chose ne l’avait pas emportée. Je préférais conclure cette collaboration au plus vite, tout en évitant de perdre Cheiralba : elle semblait avoir des compétences qui pouvaient m’être utiles dans ma résistance solitaire, et de plus elle reste nécessaire aux personnes qui la sollicitent, ai-je pensé, avant de me ressaisir : c’était ce genre de considérations qui m’avaient conduites là où j’étais…
Plus nous nous approchions de l’endroit où j’avais trouvé le corps, plus je ressentais un malaise grandissant, semblable à celui que j’avais ressenti quand j’avais commencé à errer dans les souterrains de la ville.
Finalement, nous avons atteints cette salle.... Plusieurs arrivées d’eaux, depuis longtemps inactives, ne faisaient que plus de tunnels, plus d’entrées…
La salle était ronde, immense, mais avait été grandement endommagé par l’apparition de la Faille, laissant un trou béant s’ouvrant sur les ténèbres, d’où pouvaient surgir d’horrible créatures, et ce à tout moment. Une étrange brume, que je n’avais jamais vu avant remplissait l’endroit. Mieux valait ne pas trop s’y attarder...
Je me suis accroupie près de l’endroit où j’avais retrouvé le jeune homme.
“Alors nous y sommes, dit alors Cheiralba.
-Oui, c’est bien ici, ai je répondu. Au moins, nous savons d’où il vient…”

En effet, plusieurs autres…. choses jonchaient le sol, et une longue traînée de sang s’enfonçaient dans un tunnel proche.

Nous allions nous y engouffrer, quand, au loin, je l’ai apperçu. Alors, je me suis redressée, et je l’ai regardé, figée. Il était là, sa forme mince se promenant innocemment au milieu des ruines. Son torse blanc le rendait flagrant ici bas, et ses yeux verts se baladaient, se posant sur moi par instants. Il finit par disparaître derrière une pierre. Mon premier réflexe fût de m’avancer de quelques pas, avant de m'arrêter : j’étais en train de foncer droit dans un piège. Une larme avait commencé à couler le long de ma joue, avant que je la balaye du dos de la main. Cheiralba, ayant remarqué mon désarroi, s’approcha de moi, et posa une main sur mon épaule
“Alaïa, dit elle… que se passe-t-il ?
-Nous devons partir, ai je rétorqué d’un ton sec. Maintenant.”

A peine avais je fais un pas que quelque chose me fit chuter. Je sentais une espèce de bras s’enrouler autour de ma jambe. J'eus à peine le temps d’hurler à Cheiralba de fuir, avant que cette chose ne commence à me traîner vers les ténèbres.
J’avais rapidement dégainé un couteau, mais j’avais beau le planter dans cette espèce de tentacule, celui-ci ne lâchait pas sa prise. Soudainement, avec une rapidité que jamais je ne lui aurais soupçonné, Cheiralba s’est jeté sur ce bras. De sa longue robe blanche, elle a fait dépassé une sorte d’appendice. On aurait dit une espèce de dar, long et noir. Celui-ci se planta dans le bras qui me retenait, qui aussitôt, me lâcha. Une sorte de plainte, lugubre, se fit entendre dans le noir. Je me relevais avec difficulté, aidée par Cheiralba. Sitôt qu’elle m’eût relevée, je dégageais sa main, avant de faire un pas en arrière, et de la scruter de haut en bas.
“Mais…. qu’est-ce que vous êtes, lui ai je demandé ?”

Mais elle n’eût pas le temps de répondre. La créature qui avait tenté de m’entraîner venait d’apparaître. Gargantuesque, celle-ci ne semblait être qu’un abominable tas de chair, sur lequel avait poussé des excroissances s’apparentant à des yeux, ou à des langues. De longs tentacules parsemaient ce corps infâme, prêts à traîner une éventuelle victime vers l’une des innombrables bouches de la chose. Tandis qu’elle lui faisait face, il émanait de Cheiralba cet air de dignité, cette aura si particulière qui l’accompagnait toujours. Moi-même, je fis avec difficulté un pas un avant. Tous les sorts que je pouvais lancer ne pourraient, et avec de la chance seulement, que blesser cette chose. Mais qui sait ce que Cheiralba cachait encore sous sa longue robe…

Avec une extrême rapidité, la créature m’envoya un énorme coup de tentacule, me projetant contre un des murs, avant que je ne tombe lourdement sur le sol. Ne restait plus que Cheiralba, seule, fière face à ce monstre que je ne saurais nommer. Le combat semblait impossible. Mais tout d’un coup, une forte lumière jaillit de derrière l’abomination. Un sort, d’une redoutable efficacité, toucha le monstre, et le projeta un peu en arrière. D’autres cris, semblables à celui qu’il avait poussé auparavant, sortirent de ces ignobles bouches. Une ombre, si rapide que mes yeux peinaient à la suivre, se faufila derrière son dos, et lança encore une fois ce sort, qui terrassa la créature. Puis, cette ombre s’avança vers nous, se révélant sous la faible lumière qui provenait de la surface. C’était une jeune femme, qui avait des yeux verts splendides, et une longue chevelure noire. Elle me tendit une main, que j’acceptais, et m’aida à me relever. Je sentais une douleur, se diffuser dans tout mon corps.
“Vous venez de faire face à un Azleye, nous dit elle tandis que Cheiralba s’approchait. Bien que ces créatures aient l’air redoutables, leur coeur est faiblement exposé à l’arrière de leur corps.
- Je crois bien que nous vous devons la vie, mademoiselle, dit alors respectueusement Cheiralba. Comment vous nommez vous
-Vous pouvez m’appeler Syl. Maintenant, j’aimerais comprendre ce que vous faîtes toutes les deux ici, visiblement sans défenses, et dans un lieu aussi dangereux ?”
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Cap le lundi 09 septembre 2019, 23:03:12
Ce serait bête de laisser sombrer cette deuxième saison, nan ? :niak:




Syl
7 jours avant la fin
Anciens réseaux d'égouts
Une bien étrange compagnie

    Le plan, ou du moins l'esquisse de plan qu'avait présenté Alkebath me laissait songeuse. Un rituel sans précédent... Qu'avait-il derrière la tête ? Avec l'influence d'Imielda, et la situation actuelle, je redoutais qu'il ne pensât qu'à déverser les Enfers sur Miderlyr. Au sens propre comme au sens figuré. Mais une assemblée de mages tous plus puissants les uns que les autres le laisseraient-ils faire n'importe quoi ? Malgré le fait qu'ils soient désespérés, et qu'ils n'ont plus rien à perdre ? À moins que...
    Tu as trouvé quelque chose sur la bague ?
    La réponse fusa. Rapide, directe et visiblement contrariée.
    Non fillette, je n'ai pas percé son sort...
    Quelque chose lui résistait, et il n'aimait pas ça. D'autant que c'était une création d'une créature inférieure terrestre. Je réprimai un petit rire nerveux. Soit le sortilège était diablement puissant et subtil, soit il n'y avait rien à craindre, et Thargraktrug s'était trompé. Cette dernière option me paraissait nettement moins plausible, laissant juste planer un voile d'inquiétude. Mais qu'avait planifié Alkebath ?

    Perdue dans mes pensées, mes pas me guidaient à travers le réseau d'égouts. Vers la Faille. Il nous fallait profiter de son aura pour déployer un peu de puissance, et examiner plus en détails cette bague. Pour avoir fait ce chemin entre le monde de la surface, et la profondeur de la fissure de nombreuses fois, je le connaissais comme ma poche. Ce n'était certes pas le plus agréable à cause de l'odeur parfois forte des égouts, mais c'était un des itinéraire les moins dangereux, et surtout, l'un des moins surveillé.

    Alors que j'étais presque arrivée à la grande salle concentrant de nombreux tunnels, un écho se fit entendre. Un cri. Une voix de femme. Toute proche. Et visiblement dans une bien mauvaise posture. Je grognai en accélérant. Au vu des atrocités qui pouvaient émerger de la Faille, il y avait peu de chance qu'elle soit encore en vie lorsque j'arriverai. Mais avec un peu de chance...

    Je déboulai dans une grande salle circulaire de laquelle partaient de nombreux boyaux dans les ténèbres. Un rapide coup d'oeil me suffit à comprendre la situation. Une jeune femme était étendue sur le sol, tandis qu'une vieille femme, tout de blanc vêtue faisait face avec beaucoup de dignité à une créature infâme. Immense, ce n'était qu'un tas de chair sombre parsemé de tentacules, toute son attention focalisée sur ses victimes. Un Azleye. Son coeur, faiblement exposé dans son dos, me faisait face. Je n'hésitais pas plus. J'inspirai un grand coup avant de puiser dans la magie de Thargraktrug. Un frisson me parcourut l'échine 一 comme à chaque fois 一 tandis que mes mains se chargeaient de pouvoir.
    Le sort fusa. Rapide, précis, dévastateur. L'abomination poussa un cri affreux avant de se tourner pour m'attaquer. Mais je fus plus rapide. Anticipant son mouvement, j'avais bougé telle une ombre pour de nouveau être dans son dos. À nouveau, mon sortilège le frappa, en plein dans son point faible. Cette fois, ce fût suffisant. La créature s'effondra en un dernier râle affreux.
    Je m'avançai alors vers les deux femmes. Celle en blanc me fixait de ses yeux gris, inquisiteurs. D'un pas calme, je m'approchai de celle au sol. Arrivée à sa hauteur, je pu deviner des oreilles pointues dépassant de ses courts cheveux clairs. C'était donc une elfe. Je lui tendis une main pour l'aider à se relever, qu'elle attrapa immédiatement. Tandis qu'elle se redressait douloureusement, je pris la parole :
    - Vous venez de faire face à un Azleye. Bien que ces créatures aient l'air redoutables, leur coeur est faiblement exposé à l'arrière de leur corps.
    La vieille femme s'était approchée, et me répondit d'une voix douce teintée de respect :
    - Je crois bien que nous vous devons la vie mademoiselle. Comment vous nommez-vous ?
    - Vous pouvez m'appeler Syl. Maintenant, j'aimerais comprendre ce que vous faîtes toutes les deux ici, visiblement sans défense, et dans un lieu aussi dangereux ?
    La jeune elfe secoua légèrement la tête, avant de lever les yeux au ciel. Sa comparse prit la parole :
    - Je me prénomme Cheiralba, je suis... à la recherche de réponses et cette jeune elfe, Alaïa, a accepté de me guider dans ce dédale.
    Alors qu'elle parlait de sa voix douce et posée, je remarquai un léger pas de côté de la jeune elfe, ainsi qu'un regard en coin, vers le volant de la robe de la vieille dame. De la... Méfiance ? Néanmoins, elle ne dit pas un mot. Thargraktrug ne fit aucun commentaire : soit il n'y avait pas de menace, soit il jugeait que je n'avais pas besoin d'être informée.
    - Sans votre intervention fortuite, je pense que nous ne serions plus de ce monde, continua la vieille femme. Nous vous sommes reconnaissantes et...
    - Et je vous conseille de remonter vers la surface, la coupai-je d'un ton plus sec qu'escompté. Les lieux sont dangereux, et vous n'êtes clairement pas assez préparées.
    Cheiralba ne s'en formalisa pas. Elle continua, égale à elle même :
    - Je crains de ne pas avoir le choix, malheureusement...
    Elle se tourna alors vers la jeune elfe :
    - Si tu désires te retirer, je comprendrai. Je t'en ai déjà demandé beaucoup.
    Alaïa haussa les épaules.
    - J'ai pour habitude de tenir mes engagements.
    Je repris la parole :
    - Comme vous voudrez, je ne vous retiendrai pas. Sachez néanmoins que l'Azleye n'était qu'un avant-goût de ce que vous pourrez trouver plus bas...
   Un silence pesant fit suite à ma déclaration. Cheiralba et Alaïa se jetèrent un regard chargé de questions et d'appréhensions. J'en profitai pour les détailler du regard. L'elfe était frêle, sale, négligée. Une dague pendait à sa ceinture, et elle se tenait toujours l'épaule gauche. Sa chute avait dû être plus violente que ce qu'elle voulait admettre. La vieille femme était certes vive, mais son âge avancé n'apportait que faiblesse. D'autant que sa tenue, une longue robe à crinoline, blanche avant sa visite des égouts, n'était absolument pas faite pour ce genre d'aventure. Elle ne semblait pas armée, et aucune magie n'émanait d'elle.
    Je soupirai. Elles n'avaient aucune chance de survie.
    - Pour vous engager comme ça dans les profondeurs de la Faille, vous devez avoir une sacrée bonne raison. Une raison suffisamment bonne pour vous pousser à continuer, malgré le fait d'avoir frôlé la mort.
    Cheiralba hocha la tête. Je continuai mon discours avant qu'elle ne me coupât la parole.
    - Écoutez. Je m'engage aussi vers les profondeurs. Si vous le souhaitez, on peut faire un bout de chemin ensemble.
    - Mademoiselle, votre proposition nous honore, mais nous ne voudrions pas abuser de votre gentillesse.
    - Si on veut survivre ici, il faut se serrer les coudes. Tous les Traques-Faille et Chasses-Fortune vous le diront. Peut être que demain, c'est moi qui aurait besoin de vous.
    Cheiralba approuva mes mots d'un signe de tête. Alaïa, quant à elle, baissa légèrement les yeux. Je repris la parole d'un ton plus léger :
    - Et plus de mademoiselle. Je suis Syl. En route !
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Yorick26 le vendredi 13 septembre 2019, 12:52:11
Cheiralba
7 jours avant la fin
[Fin du premier jour]
Anciens réseaux d'égouts
Avoir confiance
Alba et Syl


Cheiralba peinait à comprendre ce qu'il se passait. Elle s'était lancée seule dans une quête qu'elle ne pensait pas vraiment pouvoir venir à bout, mais des coups du destin avaient rassemblé leur trois présences en ce même lieu. Il ne pouvait pas s'agir que d'un hasard. Les profondeurs de cet ancien réseau d'égouts étaient inexplorés depuis des années et voilà qu'un mage semblait y faire des expériences et que trois femmes s'y croisaient et allaient à s'entraider.
Et si c'était une ruse. Si le magicien qu'elle cherchait n'était pas celui qu'elle espérait. Cette jeune femme était de toute évidence une magicienne. Entre le fait qu'elle ait réussi à vaincre l'immondice qui les avait attaquées toute à l'heure et qu'elle ait pu pénétrer jusqu'ici en passant les barrières magiques, il n'y avait plus aucun doute. Elle pouvait être la raison de sa venue jusqu'ici. Et si tel était le cas, le savait-elle ? Savait-elle que Cheiralba était à sa poursuite ? Alors pourquoi elle avait sauvé leur vie ?

La vieille femme se sentit pris au piège dans une toile d'araignée qui n'était pas la sienne. Il allait falloir être malin pour ne pas mourir bêtement des mains de son adversaire. Jouer les innocentes et taire le plus de détails possibles tout en révélant assez pour inspirer confiance.

 ≪ Puisque vous insistez, Syl, je me dois de vous exposer un minimum la situation afin que vous sachiez quelles sont nos raisons de notre venue ici bas. Il serait injuste de vous garder dans l'ignorance. Vous nous avez sauvé la vie et vous risquez encore un peu plus la votre. ≫

Cheiralba laissa l'opportunité à Syl de répondre, mais elle semblait préférer garder le silence par prudence.

 ≪ Nous cherchons à débusquer, ou tout du moins en apprendre plus sur une activité qui pourrait porter préjudice à toute la population de Miderlyr. Nous ne savons que peu de chose malheureusement. C'est un témoin qui nous a mis sur la voie. Il nous a apporté la preuve que quelque chose se tramait par ici. Quelque chose de magique probablement. Nous ne saurions en dire plus, mais nous avons été confronté à une barrière magique que vous avons peiné à contourner.
— De la magie, dites-vous ?
— Exactement. C'est pourquoi votre présence parmi nous ne peut que me rassurer. Je crains que nous nous soyons aventurées dans une quête trop dangereuse pour toutes deux. Une magicienne à nos côtés semble être notre seule chance de salut.
— Savez-vous de quel type de magie il s'agit ? Combien sont-ils ?
— Je ne peux pas répondre à vos questions car j'en ignore tout simplement la réponse. Comme vous l'avez deviné, nous ne sommes pas des expertes en la matière. Nous ne savons même pas par où continuer. Les indices que nous avions à notre disposition nous ont menées jusqu'ici, mais, comme vous pouvez le constater, plusieurs chemins s'offrent à nous.
— Deux chemins peuvent être déjà éliminés. Ceux par lesquels nous sommes venues.
— C'est certain. Cela en laisse quelques uns. La salle est grande et les raccordements au réseau des égouts sont nombreux. Suffisamment pour qu'on se perde.
— Pourtant, il y a un moyen simple de trouver votre chemin.
— Ah oui ? Quel est-il ?
— Suivre la magie... ≫

La magicienne se retourna pour inspecter du regard les différentes possibilités qui s'offraient au groupe. Aucune lumière, aucun sort ne fut lancé. Elle restait simplement le regard plongé dans chacun des trous noirs qui perçaient la salle. Cheiralba ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'elles fonçaient toutes deux vers un piège. Quel autre choix avaient-elles ? Choisir un autre passage au risque de se perdre ? Deux chose l'une. Soit elle les menait en bateau et elle les amènerait sûrement dans sa tanière, ce qui était leur but originel ; soit elle était innocente et suivre la magie paraissait la meilleure option qui se présentait à elles. Et même si c'était un piège, la magicienne ne connaissait pas la véritable nature de Cheiralba, tout comme elle ne connaissait pas Alaïa. La vieille femme comptait sur son apparence pour garder un effet de surprise si jamais elle devait la combattre. Néanmoins, elle préférait croire qu'elles étaient tombées sur une bonne âme prête à l'aider. Si Syl était l'origine de toutes ces expériences, cela voulait dire que Sébastide Hordefeu n'existait probablement plus et sa vengeance perdrait alors en saveur. Elle en serait forcément déçue.

Rassurée par ses raisonnements, la vieille femme se détacha de la magicienne, qui inspectait un à un les orifices de sortie, pour s'intéresser plus attentivement à Alaïa. La jeune femme semblait amochée et se tenait l'épaule avec douleur. Alors que Cheiralba tendit une main pour l'examiner, la jeune elfe eut un mouvement de recul qui lui fit interrompre son geste.

 ≪ Il serait plus sage d'examiner cette épaule.
— Je ne préfère pas... ≫

La réticence dans sa voix était palpable. L'intonation se voulait menaçante, mais c'était de la crainte qui la modulait.

 ≪ Le danger ne va faire que se renforcer. Si je peux vous aider de quelques manières que ce soit, je me sentirai plus rassurée d'avoir au moins pu essayer. Pour la sécurité de nous toutes. Nous avons besoin également de vous. ≫

Alaïa semblait bien recevoir les messages réconfortants, mais elle ne lâcha pas son épaule pour autant. Elle était méfiante. Beaucoup plus méfiante qu'avant le combat contre la créature. La vieille femme la regarda dans les yeux avec intensité afin que l'elfe l'observe en retour. Afin qu'elle l'observe vraiment, qu'elle sonde son âme à travers un contact visuel forcé. Sans forcer le trait, sans faire semblant, Cheiralba essayait d'exprimer sa bienveillance et sa conviction d'être juste. Un moment passa. Assez longtemps pour que Syl revienne vers elle en annonçant toute fière :

 ≪ J'ai trouvé la sortie. Il y aura plusieurs embranchements, mais il y a des sorts de protections qui ont été placés dans certains conduits. Je ne peux pas les évaluer avec précision à distance, mais certains m'ont l'air d'être assez costauds. Il vaudrait mieux se dépêcher. 
— Nous vous suivons. Nous vous faisons confiance... ≫

Sur ces quatre derniers mots, Cheiralba posa sa main sur l'épaule intacte d'Alaïa et l'invita à avancer. Elle sentit un léger frémissement, mais devant la magicienne, il n'y eut pas de mouvement de recul.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Vaati the Wind Mage le dimanche 13 octobre 2019, 22:52:51
                     
   Alaïa
              7 jours avant la fin, fin du premier jour
                  Anciens réseaux d'égoûts
              Le début de la décadence



Bon sang, qu’est ce que c’était ? Cheiralba avait toujours semblé étrange, mais ce que j’avais vu… Était-elle une créature venue de la Faille ? Si oui, étais-je en train de m’enfoncer dans un piège ? Ce sourire…. Il semblait si naturel… Encore une désillusion ? Encore un abandon ? Une manipulation ? Jamais je ne la laisserai m’approcher, devrais-je en perdre mon épaule. Elle m’avait sauvée de la créature, certes, mais peut être voulait elle juste être celle qui me dévorerait.

Malgré tout, la présence de Syl me rassurait : elle semblait assez puissante et je ne lui portais aucun soupçon. Néanmoins, je préférais garder mes distances avec ces deux étranges femmes, bien que condamnée à rester à leurs côtés, ce à cause de cette maudite blessure ; je marchais donc nettement en arrière. L’odeur commençait à devenir insupportable, et la lampe, que j’avais déléguée à Syl, commençait à être futile : c’était comme si l’obscurité opprimait la lumière, qu’elle l’empêchait de se diffuser. Nous marchions difficilement, sans dire un mot et une certaine tension commençait à s’installer. Quiconque était resté dans les failles assez longtemps connaissait cette odeur, celle de la mort, celle des corps qui en perdent l’aspect. Cette odeur de chair en putréfaction était forte et l’on se rapprochait de sa source quand la douleur due à ma blessure commençait à être insoutenable. La douleur avait été progressive et elle était maintenant à son paroxysme. Tentant en vain de l’intérioriser, je n’ai pas été en mesure de faire un pas de plus et me suis lourdement écrasée sur le sol trempé. Le bruit de ma chute attira mes deux comparses, qui me retrouvèrent adossée contre une paroi, avec une expression de souffrance imprimée sur le visage, bien que je tentais de la réprimer. Voyant Cheiralba arriver, je tentais de me décaler légèrement, mais la douleur me rappela vite à la réalité. Je lui ai jeté un regard de défi, lui faisant face.
“Je vous en prie, dit Cheiralba en posant sa main sur mon épaule. Je ne vous veux aucun mal. Croyez-moi, je ne suis pas ce que vous pensez que je suis. Je suis persuadé que vous vous faites des illusions à mon propos.
-Vraiment, lui ai-je lancé ?”

Syl nous regardait d’un air incrédule, tentant vainement de comprendre la situation. Cheiralba m’observa longuement, puis souleva le pan de tissu qui recouvrait mon épaule. Je détournai le regard, et l’entendis pousser un soupir.
“Ecoute, m’a-t-elle dit, je te conseille de ne pas regarder. Ton épaule est dans un sale état, mais si on agit assez vite, il sera possible de la sauver.
- Ne m’approche…. pas !
- La chute a été dure pour toi. Je l'ai déjà dit. Crois moi, je ne vous ferai aucun mal. Mon unique but est de vous guérir, d’accord ? J’ai sur moi le nécessaire pour stabiliser ton état, mais je vous conseille de faire demi-tour pour rejoindre l’endroit où nous nous sommes rencontrés. Vous vous reposerez en attendant que je puisse vous guérir pleinement.C'est grâce à vous que je suis parvenu jusqu'ici. Je n'ai jamais été aussi proche de mon objectif et je vous suis redevable. Mais il est hors de question que tu continues dans cet état.
- Et qu’est ce qui me prouve que ce n’est pas un piège hein ?
- Alaïa… Je vous en prie… soyez raisonnable.

Résignée, je commençai à laisser Cheirlba panser mes plaies, quand j’entendis un petit bruit métallique. J’ai alors entendu un bruit métallique au loin. Mes oreilles commencèrent à vrombir. Mon esprit commença à s’endormir, le sons devenaient distants, les silhouettes floues. Néanmoins, je pouvais nettement sentir quelque chose me saisir le poignet. Tout alla très vite : cette chose me traîna rapidement sur le sol. Trop rapidement. Tellement que Cheiralba et Syl ne purent pas me rattraper. J’ai été entraînée dans un tuyau , tortueux et sombre. L’odeur de charogne était plus présente que jamais. Finalement, ma course infernale s’arrêta, quand ma tête tomba lourdement sur le sol. J’entendis alors une voix
“Eh bien, celle-ci est en mauvais état… Tu penses vraiment qu’il pourra en faire quelque chose ? Oh mais… une elfe. Voilà qui plaira à Sébastide. Traîne-la vers lui… Je suis sûr que ça lui plaira.”


Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Chompir le mardi 15 octobre 2019, 20:10:27
Bon, retard rattrapé, progression, me voilà enfin !!!! :nain:


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Hundwiin Drakonia III
Vétéran
Jour 7 avant la fin
Dans les tréfonds de la faille, là où tout a commencé
Espoir


Le temps, le temps, le temps… Combien de temps s'est-il écoulé ? Le temps à l'air figé ici. Combien. Combien. Combien de temps s'est-il passé depuis que nous sommes descendus ? 3 jours ? Une semaine ? Des mois ? Je ne saurai le dire. Le temps est figé.

         Hundwiin Drakonia était posé sur ce qui semblait être un rocher, il ne saurait le dire réellement, cela semblait en être un au toucher mais il faisait trop sombre pour voir, ça aurait tout aussi bien pu être autre chose, mais cela n'avait aucune importance. Il était seul, plus personne n'était là, ils étaient tous partis, sûrement morts dans ce portail, dans cette faille. Ils avaient été aspirés. Il l'avait été aussi d'ailleurs. Ils étaient tous allés de l'autre côté, tous. Aussi bien Eugénie d'Euphorie : la noble guerrière ; Roland Vonldrann.; le valeureux nain qui aurait vaincu un dragon à lui seul ; Byleth Danilys : l'elfe à la vision de faucon qui ne ratait jamais sa cible ; Wraexius Hex : le plus puissant nécromant. Ils étaient tous restés de l'autre côté. Il s'étaient battus à ses côtés tout au long, ils s'étaient donnés corps et âme afin de refermer ce portail. Ils espéraient tous rester ensemble en le refermant et disparaître dans l'oubli. Mais non, cela ne put se passer ainsi. Hundwiin fut éjecté de la faille. Il n'en connaissait pas la raison. Pourquoi avait-il été éjecté, pourquoi ne pouvait-il pas rester avec ses compagnon ? Que s'était-il passé ? Il s'était pourtant résigné à disparaître. Enfin il lui semblait être le cas. Qu'était-il advenu de ses compagnons ? La faille s'était refermée devant ses yeux mais sa présence semblait toujours active. Certes les monstres ne sortaient plus, mais son influence était toujours présente. L'odeur était toujours là, l'oppression était toujours la même. C'est comme si deux mondes avaient essayé de fusionner ensemble.

        Hundwiin se ressassait encore et encore les mêmes pensées, il ne devait pas oublier, il ne pouvait pas oublier. Il devait porter en lui la mémoire et la bravoure des Paladins de la Faille. Ceux qui ont donné leurs vies pour stopper le flot d'abominations.
        Bien sûr, des monstres, il en restait. Hundwiin le savait très bien. L'aura du portail en attirait encore quelques-uns qu'il extermina. Ils faisaient office de nourriture dans ce lieu désolé. La chaire de ces monstres était répugnante, mais on finissait par s'habituer tant bien que mal. Hundwiin n'avait pas le choix de toute façon, pour survivre et tenir sa promesse faite pour ses compagnons, il devait vivre et remonter à la surface. Cela faisait quelque temps, selon lui, que des monstres n'étaient pas revenus dans cette zone. Hundwiin avait dû en éliminer une grande partie. Il le sentait à l'odeur qui avait une légère pointe de sang et de décomposition. Avec la forte chaleur, ce processus allait plus vite et si les monstres ne venaient plus, il allait commencer à manquer de vivres à attendre plus.
Il était temps de remonter mais aucune échappatoire ne semblait se présenter dans cet enfer. Il avait beau chercher encore et encore, rien ne semblait faire connexion avec les grottes du haut. Les monstres pourtant devaient bien arriver de quelque part. Mais il avait beau faire tous les murs, essayer de sentir les odeurs, il était totalement déboussolé par l'influence de la zone.

* * * * *

        La situation devenait critique, les monstres ne venaient plus et les vivres n'étaient plus. Hundwiin devait trouver par tous les moyens une sortie dans cette grotte immense. Le plafond était très haut et sûrement inatteignable, les monstres ne devaient pas venir de là, la hauteur aurait été mortelle, même pour eux. Non, il devait y avoir des grottes plus haut dans les murs, mais où ? Il faisait si sombre à cause de l'influence. Impossible de distinguer à plus d'un mètre. Il avait beau faire le tour en longeant les murs, il ne trouvait rien. Mais aujourd'hui, cela allait être différent. Il avait beau faire si sombre, il lui sembla voir une ombre sur un mur. Elle avait l'air de danser, de se moquer de lui, de son piteux état. Il pouvait presque l'entendre rire. L'entendre lui dire : "Regarde-toi, misérable que tu es, tu as tout perdu, tu vas mourir ici, petit dragon de pacotille. Ta promesse disparaîtra avec toi, vos exploits aussi. Cette faille sera votre tombeau."
        La rage s'empara de lui, Hundwiin allait la tuer, lui faire ravaler ses mots, il dégaina Yoltuz et s'acharna contre une ombre imaginaire. La faim, le manque de sommeil et le désespoir était en train de le faire sombrer. Hundwiin n'en prenait pas conscience et continuait de s'acharner, encore et encore, il ruait de coups un simple mur là où il croyait voir un démon.
        Après bon nombre de coups, Hundwiin reprit raison et comprit qu'il n'y avait rien devant lui. Il s'adossa contre le mur sur lequel il s'était acharné, empli de désespoir. Tout était fini, se disait-il. Il allait mourir ici, son hallucination avait raison. Alors qu'il était sur le point de se laisser tomber de désespoir, Hundwiin sentit comme un léger courant d'air là où il avait frappé. Pris d'une lueur d'espoir, il chercha de sa main d'où elle pouvait venir. Elle était là : une légère fissure dans le mur laissait passer un faible courant d'air. Hundwiin chercha de ses griffes à gratter la roche, il y avait un passage derrière, une sortie, sa sortie. Le draconien mit ses dernières forces à l'oeuvre afin de réaliser un trou qui lui permettrait de passer.

* * * * *

       Après de nombreux efforts, Hundwiin parvint à créer une brèche assez large pour passer. Il y avait bien une grotte derrière, une sorte de tunnel qui avait l'air de remonter. Hundwiin se pressa et puisa dans ses dernières forces, mais surtout dans l'espoir qu'il venait de retrouver et se mit à courir. Il allait remonter, il allait tenir sa promesse, il allait raconter à Miderlyr, au monde entier même, les exploits de ses camarades dans cette faille.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Cap le mardi 15 octobre 2019, 21:30:43
Aïe aïe aïe trop d'activité ici



Syl
7 jours avant la fin
Anciens réseaux d'égouts
Distension, discorde et disparition

    J'avançai prudemment, tous les sens en alerte. La maigre lumière fournie par Alaïa ne permettait pas de voir très loin. L'atmosphère, déjà oppressante, se faisait toujours plus lourde à mesure que l'on s'enfonçait dans les profondeurs.
    Thargraktrug avait détecté une faible source magique et c'était cette piste que l'on suivait à présent. Chaque intersection demandait un arrêt de quelques dizaines de secondes, le temps que l'on trouve le meilleur chemin. Ce qui renforçait d'autant plus la tension de la situation.
    Derrière moi, Cheiralba avançait fièrement. Elle tenait la cadence malgré ses vêtements alourdis par l'eau poisseuse, faisant preuve d'une solidité et d'une endurance remarquable pour son âge. Alaïa avait plus de mal par contre. Elle se tenait toujours l'épaule et marchait en retrait. Néanmoins, son visage n'affichait que de la détermination.
    Jusqu'au moment où elle tomba. La douleur avait été trop forte. Tandis que la vieille femme se précipita pour l'aider, je me demandais pourquoi elle n'avait pas demandé de l'aide. Je compris en voyant sa réaction. La jeune elfe avait... Peur ? Mais qu'avait-il bien pu se passer pour que de la crainte naisse entre elles alors qu'elles s'enfonçaient au plus profond de la Faille ? Non. Pour que Alaïa ait peur Cheiralba ?
    Perdue dans mes pensées, je ne prêtai pas attention au petit bruit métallique. Ce fut le cri de surprise des deux femmes qui m'alerta. Je n'eu que le temps d'apercevoir Alaïa trainée sur le sol et disparaître dans un minuscule conduit. Le bruit de la grille se refermant sur elle résonna dans le couloir redevenu silencieux. L'action avait duré une poignée de secondes.
    Nous échangeâmes un regard inquiet avec Cheiralba avant que je ne secoue la tête.
    - Un piège hum ?
    La voix de la vieille femme était acide. Je ne m'en formalisai pas.
    - Mécanique. Pas une trace de magie. J'avoue que je ne m'attendais pas à ça...
    Le silence se fit quelques instants. Cheiralba me fixait sans ciller, droite et fière. Je repris la parole :
    - Néanmoins, elle a été enlevée, pas tuée. Elle ne devrait pas être loin, je devrais pouvoir retrouver sa trace facilement.
    - Tant que vous ne nous guidiez pas encore dans un piège...
    Une nouvelle fois, son ton était froid et acerbe. Je soupirai. C'était donc ça le problème ? La confiance mutuelle ?
    - Cheiralba. Je comprends que tu sois méfiante. Après tout, tu es à la recherche d'un mage, et un mage apparaît comme par hasard pour vous prêter main forte. C'est un hasard, et ma démarche est vraiment sincère. D'autant que rien ne vaut un mage pour en affronter un autre. Et si je ne m'abuse, aucune de vous deux ne maîtrise la magie...
    Je laissais passer un petit silence. La vieille femme se tenait toujours très droite, face à moi, immobile et visiblement songeuse. Je repris :
    - J'ai bien vu ton altruisme et ton envie de soigner Alaïa, malgré le fait qu'elle ait peur de toi. Je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous, et je m'en fous. Mais si tu veux toujours l'aider, c'est maintenant. Je ne sais pas combien de temps ils la garderont en vie. Il faut se mettre en route !
    Sans attendre sa réponse, je me retournai et fit quelques pas dans le conduit avant d'envoyer une impulsion mentale pour retrouver Alaïa. Une jeune elfe, un peu plus bas,sa localisation devrait êt...
    Pourquoi fais-tu ça fillette ?
    Je grognai. Ce n'était pas le moment pour les questions métaphysiques de Thargraktrug.
    Regarde. Tu ne les connais pas. La vieille cache quelque chose, c'est flagrant. Elle a peut être tissé sa toile pour nous amener plus sûrement dans son piège. Et l'elfe. Rien ne dit qu'elle reste en vie le temps qu'on la retrouve... Es-tu sûre que ce soit une bonne idée fillette ?
    Je l'ai ! A gauche, plus bas. Deux... créatures avec elle. Inidentifiables.
    Elle ne nous apportera rien que des ennuis. Nous pourrions simplement nous... débarrasser d'elle. Et repartir. Qu'en dis-tu fillette ?
    Je soupirai avant de me retourner. Cheiralba s'était approchée de moi le temps que je sonde les conduits. Je plongeai mon regard vert dans ses yeux gris.
    - Je sais où elle se trouve. Elle en vie.
    Je marquais un autre temps. La voix du démon se faisait insistante et entêtante.
    - Sache que je ne te poserai pas de questions. Tout le monde à ses secrets. Néanmoins...
    Je ne pus résister. Ma voix se fit plus grave et mon regard se changea en braise alors que je m'entendis prononcer ces derniers mots :
    - Si d'aventure tu venais à nous trahir... Je te tuerai.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Vaati the Wind Mage le mardi 15 octobre 2019, 22:30:35
Saltior
7jours avant la fin
Appartements de Saltior
Le retour de l'impératrice




Le noir. Le noir total. Des ténèbres épaisses, opaques. Et dans cet océan de noirceur, je me tenais, seul, désemparé. Quand soudain, une lumière jaillit, plus éclatante, plus éblouissante, plus aveuglante que tout ce que j’avais jamais vu. Et dans cette lumière, je pouvais enfin distinguer une silhouette, qui se transforma en corps, celui d’une personne bien connue : Zarastra. Elle me regardait, puis soudainement son visage prit une émotion de dégoût profond. Elle regarda la lumière plus loin, puis son regard retourna vers moi. Témoignant d’un dédain profond, elle se retourna puis s’en alla. Pétrifié de honte, je tentai quand même de la retenir en tendant un bras vers elle. Quand soudainement, j’entendis un rire. Ce rire. Ce rire qui des années après m’empêchait encore de dormir quelquefois. Ce rire qui pénétrait ma chair, faisait trembler mes os, et irritait mes yeux. Ce rire qui restait mon seul véritable adversaire, le seul qui pouvait me mettre à terre. Ce rire qui appartenait à la personne dont seule la pensée me tétanisait.
“Saltior , s’exclama enfin la voix moqueuse. Si tu savais comme cela me réjouit de te revoir après toutes ces années !”

Prenant sur moi pour accomplir cet effort surhumain, je me retournai pour lui faire face. Et elle était là. C’était d’elle que venait toute cette lumière : et elle ne faisait pas que la diffuser, elle était cette lumière. Ses longs cheveux blancs étaient attachés autour de sa couronne. Son visage était toujours d’une beauté surnaturelle, et ses yeux posaient sur moi un regard indifférent. Ses lèvres noires étaient retroussées en un sourire sadique, et elle arbhorrait une robe superbe, où le blanc se mêlait à l’or. Eladora Lux, impératrice éclinienne, me faisait face à nouveau. Et soudainement, tout me revint : toutes ces tortures, tous ces ordres, ces années de service pour cette femme horrible.

“Enfin te revoilà. Si tu pouvais savoir comme tu as manqué à tout le monde au palais… Mais maintenant tout va redevenir comme avant ! Tu vas revenir parmis nous, et Je vais oublier tous ces incidents malencontreux. Allez Saltior, il faut y aller.”

Soudainement, Eladora devint gigantesque. Elle me saisit de sa main blanche, et me porta jusqu’à hauteur de son visage. Et elle se remit à rire. Ce rire dément, qui ne pouvait appartenir qu’à la pire des personnes que ce monde ait porté. Et puis, posant sur moi un regard très intrigué, elle se mit à presser mon corps. A le presser plus fort, toujours plus fort, jusqu’à ce que je commence à sentir mes os se briser. Mais je ne pouvais rien faire, pas même crier. Et elle continuait de sourire, et elle continuait à me fixer.

Enfin, mon corps se relevant d’un coup, je me réveillais, dans un lit trempé de sueur. Les événements de la journée avait été durs. Je me levai, me dirigea vers une commode, et but cul sec un verre de l’alcool le plus fort que je possédais. Sur mon corps, se trouvaient de multiples cicatrices : beaucoup venaient de combats. Mais les autres… elles se différenciaient immédiatement du reste. Elles étaient droites, à motifs, et extrêmement nombreuses. Eladora était incapable de blesser un être qui n’appartenait pas à son espèce. Sauf que me voir souffrir lui procurait un plaisir immense, cruel. Demander à ses sujets de me torturer devant elle ne l’avait jamais dérangé, au contraire, cela la détendait. Je n’étais pas un esclave, j’étais un jouet. Mais tout cela était loin derrière, mais malgré tout si proche…
Jamais Zarastra ne devait savoir comme cela m’avait marqué. Je serrai les poings : perdre ma valeur à ses yeux signifiait perdre ma valeur tout court. Et je préférais la mort à ce destin.

Les événements de cette journée avaient été longs et pénibles : malgré tout, elle avait très bien commencé, le rebelle nous avait révélé l’endroit où il se cachait avec ses alliés. Je l’ai alors laissé, en bien piteux état, mais il pourrait toujours servir. J’avais alors demandé à des hommes de surveiller les lieux nuit et jour, après m’y être rendu pour observer que plus personne n’y était, mais qu’on avait fui dans la précipitation. Malheureusement, ces rats avaient malgré tout pensé à prendre avec eux tout ce qui pourrait nous donner des informations sur la rébellion. Néanmoins, ils avaient laissé différentes potions, ainsi que quelques objets et armes magiques qui pourraient se révéler indispensable. Et la surveillance avait payé : nous avions capturé un rebelle. Un Eclinien. Ce fut à moi que revint l’honneur de l’interroger, cet imbécile étant revenu le jour même, tard le soir. L’interratoire fut long et pénible : l’Eclinien refusa de me répondre, et se murait dans le silence, malgré toutes les tortures infligées. Je dois malgré moi admettre que son silence le rendait respectable, dans une certaine mesure. Mais c’est à cause de cet individu que ces souvenirs sont remontés…
Il n’était plus qu’une ruine en cet instant. J’avais arraché tous les ongles de ses mains, il lui manquait quelques dents, quelques un de ces doigts avaient été brisés, et il était couvert d’échymoses. Il m’a alors regardé, et m’a jeté une lueur de défi. I Pour la première fois, il a alors commencé à parler :
“C’est donc vous Saltior Tellardet… l’esclave des Ecliniens hein ?
- Je vois que ma réputation me précède
-J’espère que vous garderez un bon souvenir de notre très chère tyranne…
- Aussi exécrable que vous visiblement. Toujours en vie ?
- Vous savez comment elle est… Increvable. Intouchable.
-Malheureusement…
-Empathis Memoriae.”

En entendant ce sort, je me suis précipité sur lui. Aussitôt son regard a changé. Ce n’était plus que du défi. C’était bien plus que cela. Pris d’une rage folle, j’ai commencé à le frapper, encore et encore, sans retenir mes poings. Après l’avoir salement amoché, je l’ai jeté au sol
“Vous croy… vous croyez vraiment, m’a-t-il lancé, que j’aurais été assez….stupide…. pour aller chercher ces objets après notre fuite ?”

Puis il s’est évanoui. Sa condamnation ne tarderait pas, et j’allais veillé à être le bourreau. Mais ces mots, ce sort… Ce serait un piège ? Ce serait lié au cauchemar. Peu importe ! La rébellion prendra fin, et Zarastra dominera...
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Yorick26 le samedi 19 octobre 2019, 15:09:18
Cheiralba
Vétéran
Jour 6 avant la fin
Vestibule du laboratoire de Sébastide
Syl et Cheiralba

Résumé du jour 7 avant la fin :
Citer
Cheiralba, ancienne expérimentation du docteur Sébastide Hordefeu, tient un hospice souterrain pour soigner sans discernement des rebelles ou des traque-failles ou autres blessés en tout genre jusqu'au jour où elle découvre Luxien. Il présente des remaniements anatomiques qui rappelle à la femme araignée les expérimentations qu'elle a subit par le passé. Les souvenirs du jeune homme sont flous, mais mènent jusqu'à Alaïa, une jeune elfe qui s'est isolé dans les égouts et qui avait amené le pauvre Luxien jusqu'à l'hospice de Cheiralba. Cette dernière, voyant se dessiner une opportunité de retrouver son créateur et de se venger, propose une alliance avec Alaïa afin de retrouver le laboratoire d'où provient le jeune homme. Sur leur chemin, elles rencontrent la magicienne Syl qui les sauve de l'attaque de créatures démoniaques résidant dans les anciens réseaux d'égouts. Cependant, Alaïa en sort blessé au bras et meurtrie dans sa confiance qu'elle commençait à porter envers Cheiralba. Malgré leur méfiance, le trio s'enfoncent alors un peu plus dans les tunnels se rapprochant de plus en plus du laboratoire de Sébastide, comptant sur la magie de Syl pour les diriger et déjouer les pièges protecteurs qui sèment leur chemin.

Alors qu'elles n'ont jamais été aussi près, Alaïa se fait capturer par un piège que ni Cheiralba, ni Syl n'avait vu venir et se retrouve dans le laboratoire de Sébastide. Sous la pression, Syl fait par de sa méfiance et laisse Thargraktrug, l'esprit infiltré dans la magicienne, s'exprimer qui en profite pour menacer de mort la femme araignée en cas de trahison.

Sommaire :



Ce n'était pas vraiment dans ses habitudes, et encore moins dans une telle situation, mais Cheiralba se mit à rire. Un rire clair et doux, qui partait loin amplifié sur les parois métalliques des canalisations de l'ancien réseau d'égouts. Elle essaya de se calmer, mais elle dû s'y prendre à plusieurs reprises avant de pouvoir prendre enfin la parole. En face d'elle, Syl semblait perplexe. La réaction de la vieille femme n'était certainement pas celle escomptée. Cheiralba, légèrement honteuse, ne put s'empêcher d'apporter quelques explications à son étrange comportement :

 ≪ Je suis désolé. Je n'aurais pas dû me laisser m'emporter comme ça, mais la situation était tellement cocasse... Vous essayez de m'intimider avec vos tours de passe-passe, vos changement de yeux ou de voix, afin de me demander de ne pas vous trahir alors que c'est à moi de vous le demander. Non. Vraiment. Je suis désolé. J'espère que mon rire ne trahira pas notre présence, même si je doute maintenant que notre arrivée soit une surprise.
— Je…
— Ecoutez. N'en dites pas plus. Vous ne me faîtes pas confiance, moi non plus. Je suis venu ici pour arrêter un magicien. Si vous êtes de mèche avec lui, alors bien évidemment que je vous trahirai et que vous essayerez de me tuer et probablement vous y arriverez sans le moindre mal. Si ce n'est pas le cas, je n'ai aucune raison de vous trahir. Donc cessez un peu vos effets de sons et lumières et gardez vos menaces pour celui qui a capturé Alaïa. ≫

Ses dernières paroles semblèrent rassurer la magicienne qui retrouva son allure habituelle. Cette dernière ne chercha pas à s'excuser et reprit la route comme si rien ne s'était passé. Cheiralba n'était pas dupe. Elle savait que Syl s'était inutilement ridiculisée. Elle aurait pu prendre au sérieux cette menace ou même envisager qu'il s'agissait là d'une ruse maladroite pour lui témoigner de sa bonne volonté. Mais non. Cheiralba avait certes peu vécu, mais elle avait beaucoup et vite appris. Dans des situations comme celles-ci, ce qui compte c'est l'instinct. Les réactions sont souvent dictées par la peur et l'agressivité, surtout face à une menace dont on distingue mal les contours. La femme araignée l'avait appris à ses dépens dès son plus jeune âge.

Les deux femmes couraient côte à côte dans les tunnels. Cheiralba qui, jusq'à maintenant était toujours en retrait, essayait de suivre le rythme de la magicienne au prix de quelques efforts supplémentaires. Une vie était maintenant en jeu. Quant à Syl, elle semblait concentrée, comme en perpétuelle recherche de quelque chose, sûrement d'Alaïa. A moins qu'elle ne contrecarre les pièges magiques que Cheiralba ne pouvait pas voir.

Au bout de plusieurs croisements ponctués de salles, Syl s'arrêta et ordonna à sa compagne de faire de même d'un geste de la main. Puis, toujours en silence, indiqua du doigt qu'Alaïa se trouvait derrière une lourde porte circulaire, en compagnie de deux autres personnes… créatures… choses ? Une manivelle permettait d'en actionner l'ouverture, mais la magicienne avait raison, il valait mieux agir avec prudence.

Cette dernière jeta un dernier coup d'oeil à Cheiralba, puis leva les yeux au ciel en signe d'exaspération, puis prit un air irrité. La vieille femme sentit alors un picotement léger la parcourir de la tête aux pieds. Elle aurait bien aimé savoir ce que cela signifiait, mais Syl avait déjà tourné la tête vers l'entrée de la prochaine salle dont la porte coulissait en silence.

Deux hommes semblaient se disputer. Tout du moins, ils en avaient la silhouette, mais leur grand manteau cachait une grande partie de leur corps. Ce qui en dépassait, que ce soit les chevilles, les mains ou le visage, était recouvert de bandages dont les auréoles laissaient imaginer un manque d'hygiène flagrant. A côté d'eux, un corps recouvert d'un drap reposait sur une table à roulette.

 ≪ Je te dis que c'est ton tour. Point final.
— Allez, sois sympa. J'ai pas encore cicatrisé de la dernière fois et j'ai bien peur que ce soit infecté. S'il me voit dans cet état-là, il va vouloir me charcuter encore.
— Non. Je ne vois pas pourquoi ce serait moi qui l'emmenerait à Sébastide. On s'était mis d'accord sur une fois chacun, à tour de rôle, c'est pour une bonne raison. Et je te rappelle que j'y suis allé la dernière fois.
— Justement. Comme ça ne fait pas longtemps, peut-être qu'il ne te fera rien.
— C'est chacun son tour. Point à la ligne. Et si tu continues à essayer de m'entourlouper, c'est mon poing en cataplasme que tu vas recevoir… On verra si ça aidera ta cicatrisation. ≫

Cheiralba serra les poings. C'était bien Sébastide qui était à l'origine de tout ça. Même si la colère et le désir de vengeance dominaient, la vieille femme ressentit une pointe de soulagement. Elle n'avait pas fait tout ça pour rien. Elle n'avait pas risqué sa vie, et celle d'Alaïa, pour une fausse piste. Restait la question de Syl. Allait-elle la livrer à Sébastide ou était-elle vraiment une alliée ?

Elle jeta un coup d'oeil à la magicienne, mais elle avait disparu. Une traîtresse… Elle la chercha des yeux et remarqua vite qu'elle se cachait sur le côté de la porte, à l'abri des regards des deux hommes toujours en train de discuter. Elle se rendit compte alors que plongée dans ses réflexions autour de l'implication de Sébastide, elle n'avait pas bougé d'un pouce et qu'elle n'avait pas noté les grands gestes que lui faisait Syl pour lui dire de se cacher. Le moindre regard dans sa direction et elle serait découverte.

 ≪ Mais qu'est-ce que vous faites là ? ≫

L'un des deux hommes avait fini par remarquer la porte ouverte et, a fortiori, Cheiralba postée en plein milieu du vestibule. C'était foutu pour l'effet de surprise. Le second personnage avait fini par lever la tête, lui aussi, pour voir ce qu'il se passait. A présent que la femme araignée les voyait de face, elle se rendit compte à quel point leur corps avait été remanié. Même sous les bandages, on pouvait distinguer des excroissances ou des altérations anatomiques qui n'avaient rien de naturelles. Des manipulations sûrement bien pire que celles qu'elle avait vues sur Luxien. Pires, mais suffisamment réussies pour les maintenir en vie.

 ≪ Maintenant, tu cours rejoindre Sébastide en emportant son nouveau spécimen tout de suite, pendant que je m'occupe de la demoiselle en détresse.
— Mais…
— Hors de ma vue. ≫

Le second homme n'insista pas plus. Il se saisit à deux mains du chariot sur lequel reposait le corps et se mit à courir en le poussant vers le fond de la pièce jusqu'à disparaître dans un virage. Il n'allait pas vite à cause du poids du corps, mais Cheiralba ne pouvait pas le rattraper sans se faire arrêter par l'homme qui les séparait. Pendant ce temps, ni le laborantin, ni les deux femmes n'avaient bougé. Cheiralba ne comptait d'ailleurs pas bouger. C'était bien son intention. D'une part, elle ne connaissait pas cet homme et la menace qu'il représentait, d'autre part, ainsi exposée, elle jouerait très bien le rôle d'appât. Une ≪ demoiselle en détresse ≫ avait-il dit ? On n'attrape pas une mouche avec du vinaigre après tout. Quoi de mieux qu'un peu de miel, une pauvre vieille femme sans défense, pour attirer cet homme dans sa toile.

Feignant la crainte, la femme araignée recula d'un pas, puis de deux tandis que son adversaire avançait d'un air confiant, allant jusqu'à rouler des épaules pour montrer qu'il dominait la situation. Sciemment, elle le laissa s'approcher et, convaincu de pouvoir faire main basse sur un nouveau sujet d'expérimentation sans le moindre effort, il ne remarqua pas Syl qui attendait à côté de la porte lorsqu'il la dépassa.

Un éclat de magie et le pauvre homme s'effondra sans dire un mot. La vieille femme jeta un coup d'oeil à la magicienne. Celle-ci arborait un sourire jusqu'aux oreilles et, la main fermée sous le visage, l'index relevé à hauteur de lèvres, elle souffla comme pour enlever un surplus de magie.

 ≪ Je crois que nous commençons à bien nous comprendre. Vous avez joué votre rôle à la perfection.
— Tu n'étais pas mal non plus… dans le rôle de la demoiselle en détresse.
— N'insistez pas ou vous verrez de quoi elle est capable, la demoiselle en détresse. Néanmoins, je me dois de vous informer que ce Sébastide est exactement l'homme que je cherchais. Nous avons un lointain passif et pour résumer, il est l'auteur d'expérimentation anatomique que la magie est loin d'approuver… même au temps précédant la faille. Il est plus que vital de l'arrêter, et si nous pouvions le tuer, cela ne serait pas de refus.
— Un lointain passif ? Est-ce que ça aurait un lien avec ce qui a effrayé Alaïa tout à l'heure.
— J'imagine que oui. Souhaitez-vous vraiment en savoir d'avantage maintenant ? Il me semble plus important de ne pas perdre de temps et d'aller arracher Alaïa des griffes de ce savant fou. ≫
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Vaati the Wind Mage le mardi 22 octobre 2019, 21:25:46
Alaïa
Vétéran
Jour 6 avant la fin
Laboratoire de Sébastide
Face face avec Sébastide


Je me réveillai difficilement. Mon corps était engourdi et je me sentai complètement perdue. J’essayai de lever un bras, mais celui-ci était attaché. Bientôt, je me rendis compte que j’étais attachée. J’étais dans une pièce, où une femme s’affairait à écrire quelque chose sur un calepin. Elle avait des lunettes, de longs cheveux noirs attachés de manière particulière et une blouse qui autrefois avait dû être blanche. Profitant de son inattention, je tentai de me libérer de mes entraves… sans succès, mis à part celui de me faire gémir de douleur. Elle me jeta alors un regard indifférent, puis se remit à écrire. Dès qu’elle eût fini, elle s’approcha de moi et commença à m’examiner de plus près. J’étais pétrifiée. Je ne savais pas pourquoi, mais cette femme me terrifiait : sa manière de bouger, froide, sans vie, ses yeux qui jetaient des regards méprisants et son visage toujours inexpressif, tout cela formait un ensemble assez dérangeant.

Soudain, la porte de la pièce s’ouvrit et en homme, quoiqu’il n’en avait pas tout à fait l’air, entra en faisant rouler une sorte de table à roulettes, où reposait un corps recouvert d’un drap blanc. Aussitôt, la femme perdit son visage impassible et se mit en colère :

 ≪ Mais qu’est-ce que vous faisiez ? Pourquoi cela a mis autant de temps pour ramener ce que vous avez trouvé ?
— Eh bien, Madame Mengel, c’est-à-dire que nous avons eu une… une déconvenue.
— Quel genre de déconvenue. demanda-t-elle en fronçant légèrement les sourcils.
— Il y a eu une intruse. Mais ne vous inquiétez pas, c’était juste une pauvre vieille femme. A l’heure qu’il est, l’autre tâche a du s’en occuper.
— Referme les portes.
— Mais Madame, je pense pas que…
— Est-ce que j’ai demandé ton avis ? Dois-je te rappeler ce qui t’est arrivé la dernière fois que tu m’as désobéi ? Ici bas, on ne peut pas se fier à la simple apparence. As-tu inspecté les environs ? Es-tu resté longtemps avec cette femme ? As-tu vérifié s’il n’y avait pas quelqu’un d’autre ?
— Eh ben…
— Non. Bien entendu. Je me demande pourquoi Sébastide tolère encore votre existence à vous deux…
— Je suis navré Ma…
— Va refermer les portes maintenant. On ne peut pas prendre le risque que qui que ce soit pénètre dans le laboratoire… Maintenant laisse-moi ! Je dois finir d’observer cette elfe avant de l'amener à Sébastide.
— Bien, Madame Mengel. ≫

Une vieille femme ? Ce pourrait il que ce soit Cheiralba ? Non… Impossible… Aussitôt, l’homme repartit. Madame Mengel posa alors son regard sur moi. Il était toujours aussi froid, aussi mauvais.

 ≪ Est-ce que tu peux toujours parler ?
— ...ou….oui.
— Alors dans ce cas tu ne dois pas être en trop mauvais état. ≫

Elle reprit son bout de papier, écrivit quelques mots supplémentaires puis appela quelqu’un. Aussitôt, quelque chose arriva dans la pièce. La créature était trapue, et recouverte d’une sorte de combinaison. Il saisit la table à roulette où j’étais installée, puis commença à m’emmener vers Sébastide. Madame Mengel nous suivait. Sur mon chemin, je pus observer de multiple portes, peut-être une vingtaine. Derrière elles, je pouvais souvent entendre des gémissements, des grattements. Derrière certaines, il semblait y avoir plusieurs personnes. Comment un bâtiment aussi grand avait pu rester caché, même au sein de la Faille ?

Enfin, je fus acheminée dans une grande salle blanche. Celle-ci contrastait énormément avec le reste du bâtiment. Elle semblait propre, pure. Néanmoins, au centre, se trouvait une gigantesque table d’opération. Un tuyau partait de dessous la table pour se jeter dans une rigole, elle-même se terminant dans une évacuation. Le long, des traces oscillant entre le jaune terne et le marron foncé ne laissaient rien présager de bon. Je frémissais à l'idée de la quantité de sang qui avait coulé par là à chaque opération et que personne n'avait jamais réussi à laver complètement.  Dans un coin de la pièce, me fixant, bougeant uniquement la pièce pour suivre mes mouvement. Il portait une combinaison intégrale en ce qui semblait être du cuir rouge. A son ensemble pendait de nombreux instruments qui réfléchissaient à qui mieux mieux la lumière de la salle. Leur vue me provoqua un sentiment d'angoisse que je ne soupçonnais pas possible, se rajoutant à l'effroi que je ressentais jusqu'à présent. Cherchant à détourner mon regard de mes futurs outils de torture, je levais les yeux vers le visage de cet homme. Seul son nez, long comme celui d'un corbeau, était vraiment visible. Sa bouche et son crâne étaient recouvertes de tissus. Quant à ses yeux, ils étaient masqués par d'épaisses lunettes. Sur l'une d'elles, deux lentilles grossissantes étaient raccordées grâce à des petites tiges métalliques.

 ≪ Alors tout va bien, j’ai examiné tout son corps et elle ne présente aucune blessure sérieuse si ce n’est à l’épaule, mais rien de trop grave.
— Très bien. Laisse-nous seuls maintenant Sofia.
— Attendez, Monsieur Hordefeu.
— Oui ?
— Je me dois de vous prévenir qu’il y a peut-être des intrus dans le laboratoire.
— Les portes ont été fermées ?
— Oui.
— Très bien, dans ce cas enclenche les fermetures hermétiques de la chambre opératoire. Je ne veux pas être dérangé. ≫

La femme quitta les lieux sans même se retourner, me laissant seule avec cet homme. Il s’approcha de moi, caressa ma joue. Il m’inspecta, promenant ses lunettes partout sur mon corps. Il resta longtemps sur mon épaule.

 ≪ Eh bien, eh bien, eh bien… Voilà quelque chose qui doit bien te faire souffrir, ma pauvre enfant. Mais ne t’inquiètes pas. Toi et moi allons trouver un intérêt commun à cette rencontre fortuite.
Connais-tu la pierre qu’on appelle obsidienne ? demanda-t-il. C’est une pierre très lisse, noire et extrêmement résistante. Elle donne son nom à une race de monstres, l’Etrobsi. Leur peau est semblable à l’obsidienne, noire, lisse, sans la moindre imperfection. Ils résistent aux chocs les plus terribles, mais ont une force… limitée. Depuis quelques temps, je tente de créer un croisement entre l’Etrobsi et une autre espèce. Les humains se sont révélés très insatisfaisants. Et je crois avoir trouvé… Normalement, les elfes ne se laissent pas attraper. ≫

Il alla ensuite chercher une sorte de tissu, qu’il imbiba d’un liquide étrange, puis il revint vers moi à nouveau en se rapprochant lentement.

 ≪ Les Elfes ont de grandes aptitudes magiques. Leur organisme est très différent des autres humanoïdes. C’est pourquoi je suis convaincu que cette fois… Ça marchera.”

Les souvenirs de Luxien ont surgi dans mon esprit et des larmes ont commencé à couler le long de mes joues.

≪ Non… non… non. ai-je imploré. Pas ça, s’il vous plait… Je vous en prie non…
— Allons mon enfant… Tu seras la première… La première d’une longue lignée de créatures dominantes. ≫

Alors, il plaqua le tissu contre ma bouche. Je tentai de me débattre, mais attachée, je ne pouvais rien faire. Je ne pu qu’observer mon environnement devenir flou, voir le monde disparaître. La dernière chose que je pu entendre fut la phrase de cet homme étrange :

 ≪ Après tant d’efforts… Peut-être te voilà enfin, Obsidianne. ≫
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Cap le dimanche 27 octobre 2019, 17:48:47
Syl
6 jours avant la fin
Laboratoire de Sébastide
Infiltration subtile et discrète

    — Un lointain passif ? Est-ce que ça aurait un lien avec ce qui a effrayé Alaïa tout à l'heure.
    — J'imagine que oui. Souhaitez-vous vraiment en savoir d'avantage maintenant ? Il me semble plus important de ne pas perdre de temps et d'aller arracher Alaïa des griffes de ce savant fou.

    J'eus un instant d'hésitation. La proposition était intéressante et ma curiosité ne m'avait jamais quitté. Néanmoins, des questions appelaient plus de questions. Et je ne pouvais répondre aux potentielles siennes.
    — Tu as raison. La vie d'Alaïa est en jeu. Allons-y !

    Les conduits des égouts avaient laissés place à des couloirs métalliques envahis par la rouille. Nous avancions prudemment, tentant d'atténuer l'écho de nos pas. Toute mon attention était portée sur la présence d'Alaïa, que je sentais au loin parmis d'autres sources de vie, ainsi que les éventuels pièges qu'il pouvait y avoir devant nous. Régulièrement, je devais désamorcer des glyphes magiques habilement placés sur notre chemin.
    D'énormes portes métalliques stoppèrent notre avancée.
    — Elle est derrière, murmurai-je doucement pour éviter que ma voix ne résonne trop. Et il y a du monde.
    — Pouvez-vous ouvrir cette porte ? demanda Cheiralba sur le même ton.
    Je pris quelques instants pour analyser la structure. L'ouverture était haute et large, et le battant, complètement métallique, était plutôt épais. Un glyphe de protection luisait discrètement, renforçant magiquement la solidité de la porte. Rien de bien difficile donc. J'eus un petit sourire carnassier :
    — Je peux. Mais ce ne sera pas très discret...
    — Et il y a-t-il d'autres passages ?
    Je pris quelques instants pour répondre. Le temps d'analyser rapidement les alentours, cherchant une potentielle deuxième entrée.
    — Hum. Pas à proximité en tout cas.
    — Très bien. Allez-y.
    Je hochai la tête avant de me placer face à la porte. Réprimant un frisson, je commençai par puiser la magie nécessaire pour mon sort. Désactiver la rune ne fut pas bien compliqué, elle se brisa dans un léger un éclat de lumière tandis que la puissance s'accumulait entre les mains.
    Un trait sombre fusa, s'écrasant contre la porte, qui crissa, se tordit avant de se faire projeter plusieurs mètres en arrière en un vacarme assourdissant.
    — Voilà, c'est ouvert, allons-y, appuyais-je une fois l'écho terminé.
    Sans me retourner, je franchis l'ouverture béante. La poussière retombait doucement dans ce que devait être l'entrée du laboratoire. Le battant de la porte avait écrasé ce qui semblait être le mécanisme d'ouverture, maintenant inutile, et... Un bras couvert de bandage ? Il se pourrait que le deuxième kidnappeur se soit trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Je haussai les épaules. Tant pis pour lui.
    Je désignai un tunnel avant de me tourner vers Cheiralba. Cette dernière se tenait au niveau de l'ouverture et regardait avec toujours un peu de surprise l'énorme battant sur le sol.
    — C'est par là, dépêchons-nous !
    La vieille femme secoua la tête avant de me suivre sans un mot.


    Nous courrions. Nos pas résonnaient dans le long couloir métallique. J'étais en tête, Cheiralba me suivait sans faiblir. Son visage ne reflétait que de la détermination. Au bout du couloir, une porte. Je m'arrêtai devant et fit un signe à la vieille femme. Une personne à l'intérieur. Seule.
    Je ne m'embarrassai pas des précautions d'usages, et fit voler la porte d'un rapide sort. Immédiatement, une douleur fusa dans mon épaule. Dans la petite salle, une femme se tenait derrière une table sur laquelle reposait un masse couverte d'un drap blanc. Elle avait de minces lunettes, ses longs cheveux noirs étaient attachés d'une manière particulière et elle portait une blouse autrefois blanche. Et surtout, elle pointait une petite arbalète de poing dans notre direction.
    — Je vous attendais.
    Encore une fois, je puisai de l'énergie pour la désarmer. Voulu puiser. La tête me tournait, et je peinais à me concentrer. Voyant mon trouble, la femme continua, un léger sourire sur le visage :
    — Les narcoleptiques sont décidément le meilleur moyen de traiter avec les mages...
    Je posais un genou à terre. La scène était de plus en plus confuse. Je sentis une main se poser sur mon épaule. Cheiralba ?
    — Et l'avantage de celui-ci est sa rapidité d'action...
    La dernière chose que j'entendis avant de sombrer dans l'inconscience fut un petit rire démoniaque...
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Great Magician Samyël le lundi 28 octobre 2019, 21:44:54
Salut, j'ai vu de la lumière je me suis permis d'entrer.

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Hyldegarde
A l’aube de la Fracture
Au pieds des remparts
Flashback : Rencontre sur le pré


   Un petit vent frais faisait onduler les herbes du pré et voleter les cheveux d’Hyldegarde sous son casque à ailettes. La lune, énorme et ronde dans le ciel, se reflétait sur le fil des lames tirées, sur les courbes des spallières et des plastrons lustrés.
   Il n’y avait personne alentours et hormis le léger brouhaha continu en provenance de la cité, le silence était total. Face à la Naine se dressait la silhouette impressionnante d’Eugénie d’Euphorie, la géante des Terres Bannières, sa rivale, la seule qui ait jamais réussi à la déjouer en combat singulier. Tout comme Hyldegarde, elle avait revêtu son armure complète.
   La Naine serra le poing, faisant crisser le cuir de ses gantelets en assurant sa prise sur la poignée de son long bouclier, sur le manche de sa hache d’armes. Cela faisait de longues années déjà qu’elle attendait ce moment. Une chance d’assouvir sa revanche, de prouver au monde qu’elle, Hyldegarde Sigurndottir, était meilleure, meilleure que d’Euphorie et sa taille improbable.
   Il n’y avait pas de place pour le doute. Elle s’était entraînée dure, affûtant sa technique contre des adversaires plus grands, mettant toutes les chances de son côté. Toutes ces années passées à rêver à cette chance, cette revanche contre la grande guerrière, contre ses grands yeux turquoises aux reflets d’orage, contre son nez trop long et son attrayant et éternel petit rictus suffisant.
   Cette confrontation au clair de lune était très peu protocolaire. Le tournois ne commencerait qu’au point du jour, après tout. Mais leur rencontre fortuite en ville, au détour d’une taverne, avait fait bouillir le sang d’Hyldegarde. Le simple fait de poser les yeux sur sa haute silhouette, aux courbes puissantes et parfaites comme celles d’une statue de marbre,  provoquait en elle une chaleur insupportable, nouait ses boyaux et faisait monter une bile de rage au fond de sa gorge.
   Elle ne comprenait pas vraiment l’aversion suprême que lui inspirait la belle humaine, ni son besoin obsessionnel de lui prouver qu’elle était sa supérieure mais elle n’en avait cure : elle allait lui faire payer son affront. Leur rencontre avait commencé par quelques piques presques amicales qui s’étaient vite transformées en insultes avant de laisser parler les poings. Il avait fallu leurs écuyers respectifs et l’aide supplémentaire de quelques gardes pour les séparer. Dans la mêlée, Hyldegarde avait lancé son gant à la figure de la chevalière, qui avait répondu en lui renvoyant son propre gantelet.
   Un duel pour l’honneur, donc, avec la lune comme seule témoin.
   Les deux femmes s’observaient sans bouger, visages fermés. Chacune respectait trop le talent de l’autre pour oser faire le premier geste et potentiellement ouvrir sa défense.
-Que vous arrive-t-il, d’Euphorie ? La peur vous tétanise ? railla Hyldegarde, tentant de pousser la géante à agir.
-Non point. Il s’agit de cette herbe, voyez-vous. Elle est si haute, j’ai du mal à vous distinguer en son sein.
Malgré la tension, elles sourirent.
-Vous ne m’en voudrez point, je l’espère, mais je me vois dans l’obligation de vous infliger une défaite cinglante et sans appel, reprit l’humaine en faisant, enfin, un premier pas prudent. Votre suffisance m’horripile et il est temps que quelqu’un la remette à sa place.
-Je n’en prends point ombrage. Après tout, rétorqua la Naine en prenant elle aussi un premier pas, il est difficile de garder rancune envers les simples d’esprit.
Arrivées enfin à moins d’un mètre l’une de l’autre, elles armèrent leur bras de concert, prêtes à trancher, une fois pour toute, entre leur technique respective.
Un tremblement de terre soudain et brutal les fit vaciller, perdre l’équilibre et s’effondrer en avant, dans les bras l’une de l’autre et dans un fracas d’acier et de grognements. Une lumière intense illumina alors le pré, tandis qu’au loin, derrière les remparts de Miderlyr, une explosion titanesque retentissait, fracturant la ville en deux…


Hyldegarde
Quelques jours avant la fin
Quelque part dans la Faille
Flashback : Au bord du gouffre


   La main ensanglantée et tremblante d’Hyldegarde jaillit au bord du précipice, ses doigts sales aux ongles cassés cherchant frénétiquement une prise le long de la pierre coupante. Puisant dans ses dernières réserves, elle se hissa en grognant sur la corniche, son plastron cabossé, rayé, fracturés crissant désagréablement sur la roche grisâtre. A bout de souffle, elle se laissa choir au sol, se souciant peu de l’inconfort provoqué par son long bouclier, toujours attaché dans son dos par son épais baudrier.
   Ses yeux fatigués se dardèrent sur le ciel, petite bande bleuâtre loin dans les nuées, par-delà les falaises déchiquetées de la Faille. Cette vision provoqua en elle un vague sentiment d’urgence, lui donnant la force de se redresser sur les coudes, avant que cette étincelle de vigueur ne soit aussitôt soufflée, l’apathie s’emparant d’elle. Des larmes silencieuses se mirent à couler le long de ses joues, traçant un sillon plus clair dans la saleté accumulé sur son visage.
   Elle resta un moment prostrée là, une peur soudaine, viscérale, la saisissant alors qu’elle constatait qu’elle n’avait aucun souvenir des événements qui l’avaient menée jusqu’ici, où qu’”ici” puisse être. Elle ferma les yeux, fouillant frénétiquement dans sa mémoire. Des images, des flashs lumineux, remontèrent ; une descente interminable, des couloirs tortueux, obscurs, percés d’alcôves remplies d’horreur innommables. Des cris, des pleurs, le tintement du métal.
Le visage d’Eugénie.
Eugénie la repoussant, ses yeux exorbités par la terreur, lui hurlant de… de…
Une douleur sourde se mit à poindre derrière ses orbites et Hyldegarde poussa un petit gémissement plaintif. Elle ne se rappelait plus. Tout ce dont elle se souvenait, c’était son ascension le long de l’a-pic. Prise après prise, se déchirant les mains sur la pierre cruelle et déchiquetée, concentrée sur son objectif.
Eugénie lui avait dit de… lui avait dit de… elle devait...
Son regard se focalisa sur un nuage qui passait au loin, là haut dans le ciel.
A quoi bon, à présent ?


Hyldegarde
Il y a 3 ans
A l'intérieur des ruines de  l'hôtel particulier de monsieur de Montalgure
Flashback : Une promesse


   -C’est de la folie, fit calmement Hyldegarde en s’adossant contre le seul mur encore debout, les bras croisés.
   Eugénie s’arrêta un instant de régler les sangles de sa cuirasse, poussant un soupir avant de reprendre.
-C’est la chose à faire. Quelqu’un doit mettre un terme à cette horreur.
La Naine baissa les yeux, caressant distraitement ses favoris et laissant le silence s’installer.
-Je suis navrée, reprit l’humaine attrapant son heaume sur une commode éventrée et se retournant, son harnachement terminé, mais je crains que notre duel devra attendre une période plus propice.
Hyldegarde releva le regard. Elle n’avait jamais vu la chevalière aussi sérieuse. Son rictus suffisant avait disparu, remplacé par une moue résolue et déterminée. L’orage qui grondait d’ordinaire dans ses si grands yeux s’était tu, terrassé par les étincelles du devoir et de la résignation.
Cette vision perça le coeur de la princesse des Grimmonts d’une façon qu’elle ne s’expliquait pas.
-Il faut bien avoir votre esprit étroit pour songer encore à de telles futilités dans un moment pareil, railla-t-elle mais toute bile s’était envolée de sa voix.
Leurs regards se croisèrent.
-Bien, allons-y. Les autres nous attendent. Je vous autorise à me suivre, d’Euphorie.
Les sourcils de la grande humaine se haussèrent de surprise.
-Vous..?
-Cela va de soi. Je ne peux décemment pas vous laisser vous accaparer toute la gloire. Et puis j’ai fait une promesse à votre père de vous ramener vivante. Afin de pouvoir vous détruire une bonne fois pour toute sur le pré.


Hyldegarde
Quelques jours avant la fin
Quelque part dans la Faille
Flashback : Manteaux de cuir

 
   -Je t’avais dit que j’avais entendu quelque chose.
   Une voix derrière Hyldegarde lui fit rouvrir les yeux. Puisant dans ses forces déclinantes, elle se redressa tant bien que mal. Deux individus émergeaient d’une ouverture dans la parois. Ils arboraient de longs manteaux qui ne laissaient à voir de leurs corps que des membres enroulés de bandages.
   -Une Naine, fit l’autre en claquant dédaigneusement de la langue, d’une voix qui sonnait étrangement.
   -C’est toujours mieux que de rentrer les mains vides, reprit son comparse.
   -A peine. Tu sais à quel point Sébastide a horreur des Nains. Rapport à leur structure interne, ou je ne sais quoi. En plus, celle-ci a l’air sur le point de clamser.
   -Qu’importe, on l’embarque. Les ordres sont les ordres.
   -Je me demande ce qu’elle fout là, tout de même. Regarde son armure. Une Croisée, peut-être ?
   -M’étonnerait. Ca fait un baille que la Croisade ne fout plus les pieds à cette profondeur.
   Les deux hommes continuaient de discuter en s’approchant, faisant comme si elle n’existait pas. Après s’être remise péniblement debout sur ses jambes flageolantes, Hyldegarde porta la main à sa ceinture, pour découvrir que sa hache n’y était plus.
   -Du calme, du calme, susurra l’un des deux en sortant des replis de son manteau une seringue. Tout va bien se passer…

Hyldegarde
6 jours avant la fin
Laboratoire de Sébastide
Bruit de couloir

   Hyldegarde n’avait aucune notion de l’endroit où elle se trouvait, ni de combien de temps s’était écoulé depuis qu’on l’avait jetée dans cette cellule. Au moins quelques jours s’étaient succédés, si elle s’en référait à la fréquence des maigres repas qu’on lui dispensait. Elle avait repris des forces, récupéré quelque peu de sa fatigue mentale. Sa mémoire lui faisait toujours défaut mais plus elle essayait de se souvenir, plus les migraines devenaient douloureuses.
Elle n’avait qu’une certitude glacée, douloureuse, celle qu’elle devait retrouver Eugénie, qu’elle devait accomplir quelque chose. Mais quoi ? Elle rongeait son frein. Elle devait sortir d’ici. De ce qu’elle pouvait voir en s'agrippant aux barreaux de la petite lucarne qui ornait la porte de sa prison, elle se trouvait dans un long couloir bordé de cellules identiques à la sienne, desquelles s’échappaient des cris et gémissements.
Parfois, un homme vêtu de la même manière que ses ravisseurs passait dans le couloir, poussant une table à roulettes sur laquelle se trouvait un corps sous un drap. Ces mêmes hommes passaient une fois par jour pour apporter de la nourriture rance et de l’eau croupie. Ils n’ouvraient pas les portes, se contentant de jeter leur bagage à travers les barreaux et empêchant la Naine de tenter une échappée par la force de ses poings.
Les mots de ses kidnappeurs lorsqu’ils l’avaient capturées ainsi que les hurlements qui résonnaient le long du couloir par intermittence lui suffisaient à comprendre qu’il se passait ici des choses terribles et que son tour n’allait pas tarder.
Elle était assise dans un coin de sa cellule, ruminant sur sa situation lorsqu’un bruit assourdissant la tira de sa torpeur. Un bruit proche d’une explosion. Intriguée, elle se hissa le long de la porte, s'agrippant aux barreaux et collant son visage entre les interstices, curieuse de voir ce dont il retournait et désireuse d’en profiter si cela s’avérait être une chance de s’échapper.     
   
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Yorick26 le dimanche 03 novembre 2019, 13:37:07
Cheiralba
6 jours avant la fin
Laboratoire de Sébastide
Catalepsie

Cheiralba se retrouvait seule. Alaïa était aux mains de Sébastide et voilà que son compagnon de route magicienne venait de se faire surprendre et mettre hors d'état de nuire. Deux femmes donc qui se faisaient face. L'une jeune et armée d'une arbalète. L'autre beaucoup moins agile et dépourvue d'arme ou de magie. Elle n'avait que son corps.

La femme araignée posa une main sur l'épaule affaissée de Syl. Le carreau avait traversé de part en part infusant au passage le sang de la magicienne du poison dans lequel il avait été plongé. Il valait mieux qu'il soit ressorti. Le tissu s'imprégnait déjà formant une tache sombre grandissante. Impossible de dire à présent quels avaient été les dégâts faits à l'intérieur, mais la magicienne risquait une perte hémorragique important si elle ne faisait rien. Cependant Cheiralba n'avait pas le temps de l'examiner. Elle se releva pour faire face à son nouvel adversaire, les doigts teintés de rouge qu'elle essuya sur le bas de sa robe qui n'était plus aussi blanche qu'auparavant.

La femme la tenait en joue avec son arbalète. Il ne lui avait fallu que quelques instants pour placer un second carreau. A vrai dire, Cheiralba n'aurait su dire s'il avait été placé là depuis le début, comme dans le cas des armes à deux coups, ou si elle avait usé d'une technologie novatrice pour que cette arbalète de petite taille se réarme rapidement. Elle n'eut pas eu le temps de se poser plus longtemps la question que la femme avait décoché son deuxième trait qui atteint l'épaule droite de Cheiralba. Cette fois le carreau resta planté dans la chair. La douleur arriva une demi-seconde plus tard. Par réflexe elle porta sa seconde main sur la plaie ce qui ne fit qu'intensifier la douleur. L'articulation était hors d'usage. Au mieux elle était luxée, au pire l'os était fracturé. Au moins, il n'y avait pas d'hémorragie.

Cheiralba releva les yeux vers son adversaire qui souriait et attendait. Cette dernière pouvait attendre longtemps. La femme araignée se saisit de l'empennage du carreau et brisa le tube à ras de la peau pour ne pas relancer le saignement. Elle l'extrairerait plus tard.

≪ Êtes-vous prête à rejoindre votre amie magicienne ?
    — Je compte bien vous tuer avant.
    — Vous n'en aurez, je le crains, pas le temps. Vous semblez l'ignorer, mais ce deuxième carreau était également imbibé de ce même narcoleptique dont souffre votre amie.
    — Oh, je ne l'ignore point. Je le sens bien lutter dans mes veines. Il aurait d'ailleurs déjà dû faire effet, n'est-ce pas. Si un simple passage dans l'épaule de la magicienne a suffit à l'endormir en quelques secondes. Avec la pointe qui distille encore son venin dans mon épaule, je n'aurais pas dû avoir le temps de vous répondre.
    — Je ne peux pas nier le bien fondé de ce raisonnement. Je ne sais quelle magie vous permet d'y résister, mais je gage que vous ne tiendrez pas assez longtemps pour me passer sur le corps. Surtout avec un bras inutilisable.
    —  Ne vous… Ne…  ≫

La vieille femme ne finit pas sa phrase. Elle qui se tenait s'était si fièrement relevée pour faire face à son ennemi se tenait maintenant accroupie. Elle n'avait eu le temps que de faire quelques pas pour essayer de prendre appui sur un mur. Cela ne semblait pas suffisant et elle s'allongea, glissant sans grâce le long de la paroi dans un bruit de frottement de tissus contre le métal froid du couloir. Une fois à terre, elle garda les yeux ouverts rivés vers le visage de l'assistante de Hordefeu sur lequel s'était dessiné un sourire victorieux. Seul un sommeil naturel pouvait les maintenir fermés.

≪ Voilà qui est mieux. Deux magiciennes à terre. Une elfe. La récolte est merveilleuse ces temps-ci. ≫

Sofia s'approcha doucement vers la femme araignée, l'arbalète toujours à la main. Arrivée auprès d'elle, elle donna un premier coup de bottine sur le corps de sa dernière victime. Aucune réaction si ce n'est de basculer un peu plus sur le dos. Les traits de Cheiralba étaient relâchés et ne transmettaient aucune émotion si ce n'est celle de l'apaisement. Prudente, la jeune femme asséna un second coup, cette fois plus violent, en insistant sur la pointe de sa chaussure directement sous les côtes afin d'atteindre le diaphragme. Malgré cela, la vieille femme resta figée. Satisfaite du résultat de ses tests, elle se tourna vers Syl qui gisait un peu plus loin. Une mare de sang s'était répandue sur le sol métallique, mais elle prenait déjà des teintes plus foncées. Bientôt ce ne serait qu'un épais paquet gélatineux d'hémoglobine coagulée. Elle fit les quelques pas qui la séparait d'elle, s'agenouilla et déposa l'arme pour pouvoir soulever l'épaule de la magicienne et en examiner la blessure.

≪ Le saignement s'est arrêté. Note pour moi-même, avec un peu de chance, elle pourra être opérée par Sébastide dans quelques jours… Il faudra la remettre quand même sur pied. Le sang qu'elle a perdu devra la maintenir calme pendant le temps de sa convalescence. Ensuite, il faudra prendre relais avec de nouveaux narcoleptiques. Bon. Ce n'est pas si pire. On a peut-être perdu les deux andouilles, mais je suis sûr qu'il fera de vous des cobayes qui pourront les remplacer. L'une comme l'autre doivent bien avoir une utilité quelconque pour Sébastide. ≫

Lorsqu'elle se tue enfin, elle remarqua que sa voix recouvrait jusque-là des bruits de frottements discrets. Elle tendit l'oreille pour en comprendre la signification, mais n'arriva pas à distinguer leur nature. Afin d'éclaircir ce mystère, l'assistante du docteur Hordefeu tourna la tête.
Derrière elle se tenait une vieille femme, ou ce qui lui semblait être une vieille femme car le bas de son corps ressemblait à une des expériences de Sébastide. La lumière aseptique du plafond du couloir n'éclairait pas le visage de cette apparition incongrue si bien qu'elle mit plusieurs secondes à comprendre qu'il s'agissait de la même personne qui se tenait effondrée quelques temps plus tôt. Pendant que ses pensées tentaient de trouver une cohérence à ses nouvelles informations qui étaient contradictoires avec ce qu'elle tenait pour acquises auparavant, la vieille femme était toute proche d'elle.

Par réflexe, Sofia tendit le bras pour attraper l'arbalète et se retourna pour pointer cette dernière vers cette adversaire récalcitrante. L'aiguillon de la femme araignée frappa à ce moment-là et glissa le long avant d'atteindre l'épaule de l'assistante. Sofia poussa un grognement de colère, furieuse de s'être laissée dupée et touchée. Elle ressentait une brûlure à l'endroit de l'impact, mais tint bon et ne lâcha pas son arme qu'elle dirigea à nouveau vers la femme araignée.

Ce n'est que lorsqu'elle actionna le mécanisme de l'arbalète que Sofia se rappela qu'elle avait déjà utilisé la deuxième munition. L'assistante se targuait d'être une tireuse exemplaire. Elle faisait mouche pratiquement à chaque fois et la puissance du narcoleptique suffisait amplement dans tous les cas à tranquilliser suffisamment sa cible pour qu'elle puisse en venir à bout à mains nus s'il le fallait. Sauf cette fois. Il y avait quelque chose qui clochait. Avait-elle raté sa cible ? Non, le sang sur la robe de la vieille femme prouvait qu'elle l'avait touché. Si elle n'était pas à contre-jour, elle aurait même pu distinguer un bout du carreau qui faisait saillie à travers le tissu. Elle ne voyait alors qu'une explication, la vieille femme avait réussi à utiliser un sort particulièrement efficace pour contrer les effets du narcoleptiques.

Le regard fixé sur le visage, elle ne se rendit pas compte qu'elle avait reçu deux coups d'aiguillon supplémentaire, un dans la jambe gauche et un dans le bas ventre. Elle ne sentit pas le quatrième, mais elle le vit venir puisque l'appendice de son adversaire se courba plus en avant afin d'atteindre cette fois la gorge de Sofia. Devinant quelle était sa cible, elle voulut alors se protéger le visage, mais elle se rendit compte que ses bras ne répondaient plus. C'est une dernière hypothèse d'une résistance naturelle aux narcoleptiques de son adversaire qui avait feint de s'endormir que l'assistante du docteur Hordefeu perdit connaissance.

Lorsque sa tête frappa le sol métallique dans un bruit mat à vous tirer des frissons, Cheiralba s'asseya pour faire le point. La première chose était qu'elle avait mal. Mal à l'épaule, d'une part, mais mal également au ventre. Les deux coups qu'elle avait reçus avaient été violents. Sans un don hérité de sa nature arachnide pour feindre la mort, elle n'aurait pas pu masquer ne serait-ce qu'un gémissement.

La catalepsie. Cheiralba s'en savait capable, mais ne l'avait pas expérimenté depuis longtemps. Elle avait utilisé une fois lorsqu'elle vivait encore parmi la famille Du Murié. Elle ressemblait alors encore à une enfant, et par farce, elle avait fait semblant d'être morte, inquiétant tout son entourage. Elle lutta le plus longtemps possible, mais les pleurs de sa mère adoptive finirent par venir à bout de sa patience. Elle fit semblant alors de se réveiller ce qui tira aux personnes présentes des cris d'effroi. Contente de sa plaisanterie, Cheiralba se mit alors à rire aux éclats. Rires rapidement interrompu par la gifle que lui asséna son père. S'en suivirent des pleurs de joie mêlés à la colère, de longues explications et surtout la promesse de ne jamais recommencer. Les Du Murié avaient disparu, la promesse était maintenant caduque depuis longtemps, mais la femme araignée ne put s'empêcher de s'en vouloir d'avoir trahi leur souvenir.

La femme araignée dégagea sans ménagement le corps endormi de l'assistance pour pouvoir examiner plus attentivement celui de Syl. Comme Sofia l'avait dit, le saignement s'était arrêté. Tout espoir n'était pas perdu, mais la femme araignée se retrouvait face à un dilemme. Si elle prenait le temps de soigner la magicienne avec le peu de moyen, ce serait autant de temps perdu pour sauver Alaïa qui était aux mains de Sébastide. Si elle partait au secours de la jeune elfe, elle devait abandonner Syl dans ce couloir avec le risque que sa plaie s'ouvre à nouveau et que l'hémorragie reprenne.

La vieille femme aux jambes dévêtues souffla un coup et repris sa concentration. Depuis qu'elle avait repris l'hospice dans les égouts, elle avait déjà été confronté à des situations similaires où elles faisaient face à deux urgences à la fois. La plupart du temps, elle avait pris les bonnes décisions en suivant des règles simples : sauve celui qui peut être sauvé, repousse les incertitudes. C'est exactement ce qu'elle choisit de faire. Repousser les incertitudes, en l'occurrence le sort d'Alaïa. Elle pouvait maintenir en vie la magicienne, elle en était sûre. La jeune elfe était peut-être déjà morte et en partant à son secours, elle risquait de les perdre toutes les deux.

Cheiralba détacha le reste du haut de sa robe pour libérer les deux autres paires de bras qu'elle gardait cachées sous son corset. Quelques mains supplémentaires lui seront d'un grand secours, d'autant que son bras droit était pour l'heure inutilisable, et lui permettraient de gagner du temps. Elle commença par dégager le côté de la plaie auquel elle avait accès du sang qui s'était coagulé à l'intérieur. Par chance, aucun nouveau saignement ne fut à déplorer. Profitant de l'anesthésie apportée par le narcoleptique administrée gracieusement par l'assistante, elle fouilla à l'aveuglette la plaie afin d'analyser à tâtons les dégâts que le carreau avait faits. Par chance, le projectile était passé entre les os du bras et de l'épaule épargnant la clavicule et l'omoplate. Les muscles et des petits vaisseaux n'avaient pas eu cette chance et avaient beaucoup saigné.

Cheiralba commença par recoudre tant bien que mal les muscles superficiels déchirés. Elle en laissa certains tels quels, ils cicatriseraient plus tard avec un peu de chance. Elle ne pouvait pas y faire grand chose de toute façon. Alors qu'elle commençait à recoudre la peau d'un côté, ses autres mains soulevèrent l'épaule afin de commencer le travail sur l'autre plaie. La suture avançait vite et en quelques minutes le trou laissé par le carreau était refermé de part et d'autres. Un examen rapide soulagea Cheiralba : même si sa respiration était beaucoup plus lente que la normale, elle était toujours vivante. Le poison qui s'écoulait dans ses veines était puissant.

La vieille femme hésita. Il était improbable que ça suffise, mais même si la plaie était suturée et qu'elle ne risquait plus de nouvelles hémorragies, la perte de sang couplée à l'anesthésie maintenant la vie de la jeune femme en danger. Si son cœur ralentissait encore, il pourrait s'arrêter complètement. Elle ne pouvait pas se le permettre. Le risque était trop grand. Bien qu'elle ne connaisse pas la nature du narcoleptique utilisé, elle planta dans le creux du bras de la magicienne son aiguillon. Au lieu de lui injecter un autre narcoleptique comme elle l'avait fait sur l'assistante, elle instilla un excitant.

Cheiralba attendit quelques instants que les premiers effets de son injection apparaissent. Si la respiration toujours aussi lente, les yeux de Syl, auparavant basculés vers le sommet de son crâne, étaient pris de mouvements saccadés erratiques. En quelques secondes, ses pupilles se dilatèrent et s'agrandirent jusqu'à recouvrir l'iris et la sclère. Du noir abyssal naquit d'abord une lueur rougeoyante qui se transforma rapidement en un feu incandescent. Bien qu'aucune chaleur n'émanait de ses yeux, son regard était fait de flammes qui éclairaient le reste de son visage. La vieille femme se souvint d'avoir été confrontée à une telle vision lorsque Syl l'avait menacée.

≪ Tout le monde à ses secrets. ≫ répéta Cheiralba. La magicienne avait dit cela avant de l’interdire de la trahir. Elle l'avait pris pour elle, car elle avait bien un secret qu'elle venait de mettre à jour, mais elle n'avait pas vraiment envisagé que c'était également le cas de la magicienne. Même si elle ne comprenait pas exactement ce qu'il se passait, elle se doutait bien que ce changement de regard n'était dû ni au narcoleptique, ni à son stimulant. La magicienne cachait des choses, mais pouvait-on en attendre moins d'une sorcière.

La vieille femme se détourna des yeux de la jeune femme pour s'intéresser au reste du corps. Des spasmes parcouraient les membres : des successions de contractions et de relâchements lentes qui n'affectaient qu'un bras ou une jambe à la fois. Cheiralba craint dans un premier temps qu'il se soit agi de convulsions dues à une réaction chimique, mais les symptômes ne collaient pas.

≪ Vieille femme, aide-moi à me relever. dit Syl avec la voix gutturale qu'elle avait employé auparavant pour la menacer.
    — Que le ciel soit loué ! Syl, vous êtes réveillée.
    — Elle est encore loin d'être réveillée. La fillette ne peut pas résister à la dose de cheval que cette femme nous a administrée. J'ai déjà eu du mal à m'en réveiller sans ton coup de pouce.
    — Si vous n'êtes pas Syl, qui êtes-vous ?
    — Ce serait trop long à t'expliquer et j'en ai pas spécialement envie. Retiens que je suis un hôte clandestin de la fillette et que pour l'instant il n'y a que moi qui puisse t'aider.
    — Vous êtes un ami de Syl, j'imagine.
    — "Ami" n'est pas le terme adéquat non. Utilisons dans un premier temps celui d'"allié". Cela répond ainsi à la question que je devine, à savoir si tu peux me faire confiance. Dans un premier temps, il le faudra bien.
    — Dans ce cas, je vais faire avec.
    — Que tout cela est adorable. Donc, si tu pouvais te rendre utile maintenant que tu m'as mis dans la case des gentils, je t'ai demandé tout à l'heure de m'aider à me relever. Il va me falloir encore quelques minutes pour que j'élimine assez de poison pour reprendre correctement le contrôle de son corps. ≫

Cheiralba s'aida de ses différents bras pour remettre sur pied le corps de Syl qui, à sa grande surprise, réussit à rester debout. L'équilibre était précaire, mais suffisant pour se tenir droit. L'hôte qui contrôlait la magicienne réussit à faire un pas, puis un deuxième. A ce rythme, il n'avancerait pas vite, mais il avancerait. La vieille femme prit le temps de raccommoder rapidement ses vêtements pour les rendre plus confortables. Il n'était plus question de cacher sa véritable nature, mais il était hors de question qu'elle déambule dans le laboratoire à moitié nue. Son appendice et ses bras surnuméraires resteraient visibles, mais le reste de son corps de femme serait au moins couvert par décence et par pudeur. Avec le tissu restant, elle en profita pour fabriquer une écharpe qui maintiendrait son bras endolori, puis elle rejoignit l'esprit qui contrôlait le corps de Syl.

Il avait plus avancé que ce qu'il avait imaginé et ses mouvements étaient plus naturels, presque fluides. Peu à peu, il devait se débarrasser d'assez de narcoleptique, par magie probablement, pour maîtriser de mieux en mieux les gestes de la magicienne.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Chompir le lundi 04 novembre 2019, 00:47:23
Hundwiin Drakonia III
Vétéran
Jour 7 avant la fin
Quelque part dans les entrailles de la faille
La capture

     Enfin, enfin l'espoir revenait. Malgré l'épuisement et le manque de force, Hundwiin était poussé par l'espoir de remonter. L'espoir de transmettre les exploits de ses camarades. Enfin il allait pouvoir tenir sa promesse, raconter leurs actes héroïques, la façon dont ils se sont sacrifiés pour refermer la brèche. L'enfer qu'ils ont connus. Les faire élever au rang de héros et ainsi honorer leur mémoire.

     Les couloirs tortueux de ce dédale semblaient se ressembler encore et encore. Il faisait sombre, très sombre, mais pour Hundwiin, ces couloirs étaient bien plus lumineux que l'enfer qu'il avait connu avant ; il y voyait bien mieux et arrivait à se diriger sans trop de problème. Parfois Hundwiin croisait quelques monstres mineurs qu'il tuait pour les empêcher d'atteindre la surface.
     Après plusieurs heures de marche à errer dans ce dédale sombre et sans vie, Hundwiin arriva à un grand croisement ou plusieurs embranchements se faisaient. Tiraillé par la faim et la fatigue, cette épreuve paraissait insurmontable, il était sur le point de craquer.
     Le jeune Draconien se laissa choir au sol. Ses forces le quittaient, l'énergie qu'il avait dépensée pour ouvrir une brèche dans le mur et sa course n'avaient pas arrangé les choses. Ses dernières pensées furent pour ses compagnons tombés, il pouvait presque les voir devant lui, à le regarder en train de le juger. Il était désolé, il n'aura su tenir sa promesse.

     Des voix se firent entendre, semblant lointaine. Hundwiin n'aurait pu dire ce qu'elles disaient, si au moins cela fut réel ou si c'était la folie qui le rongeait. De toute façon, cela n'avait aucune importance, c'était la fin pour lui. Il était sur le point de mourir. Il allait devoir faire face à son échec devant ses camarades, devoir leur faire face.
     ≪ Bon sang, regarde moi ça, un Draconien. Non mais tu y crois, un draconien ici. Et regarde son état. Tellement lamentable qu'on aura aucun mal à le remonter. Enfin… Il faudra quand même un brancard.
— Effectivement, c'est une sacrée trouvaille. Le maître sera fier de nous et va peut-être nous promouvoir à un meilleur poste. J'en ai marre de descendre dans ces cavernes à la recherche de cobaye.
— Allez, aide-moi. On s'occupe de lui et on le remonte. ≫
Hundwiin perdit connaissance, incapable de comprendre ce qu'il se passait. Son dernier regard se porta sur deux figures floues en blouse de cuir blanc qui essayaient de le porter.

* * * * *

     ≪ Mais qu’est-ce que vous faisiez ? Pourquoi cela a mis autant de temps pour ... ?
— Eh bien, Madame .... , .... une déconvenue.
— Quel genre de déconvenue ?
— Il y a eu une.... Mais ne vous inquiétez pas, .... A l’heure qu’il est, ....
— ... les portes.
— Mais Madame, ....
— Est-ce que j’ai demandé ton avis ? Dois-je te .... la dernière fois que tu m’as désobéi ? Ici bas, on ne peut .... apparence. As-tu inspc.... ? Es-tu resté long.... ? As-tu véri.... quelqu'un d'autre ?
— ....
— Non. Bien entendu. Je me demande .... vous deux.
— Je suis ....
— Va refermer les portes .... ≫
     Hundwiin avait repris conscience à moitié, Il avait été traîné sur ce qui semblait être un brancard. Il avait l'air d'être attaché et sous un drap. Il avait entendu une nouvelle voix, elle semblait être féminine, quant à l'autre, elle avait l'air d'être l'une de celle qui l'avait apporté ici mais il n'en était pas sur. Sa tête le faisait souffrir, il perdit connaissance à nouveau espérant mourir une bonne fois pour toute afin de quitter cet état lamentable.

* * * * *

     ≪ Quel état lamentable quand même, un si beau spécimen de Draconien, en plus il porte des ailes, forcément quelqu'un de la haute. Il est en état de choc, fortement dénutri. Rien qu'un cocktail de ma fabrication ne puisse pas réparer, mais je ferai mieux de prendre mes précautions avant de le remettre en état. Il serait dangereux qu'il reprenne trop de force et puisse se libérer. Et une telle créature, maître Sebastide serai ravi et cela l'aidera surement beaucoup. Ne perdons pas de temps et commençons les soins dès maintenant. Mon beau Draconien, vous allez goûter à un de mes filtres. Ils pourraient réinsuffler la vie à un cadavre. Mais pas trop. Pas trop. ≫
     La voix féminine dirigea le brancard vers le fond de la pièce et sortit des sangles plus puissantes afin de s'assurer que le draconien ne bouge pas. Elle injecta ensuite quelque chose dans le corps.
     ≪ Ces deux boulets ne vont jamais réussir à retenir cette vieille femme, je vais devoir te laisser mon beau, je reviendrai à toi après pour te conduire à monsieur Hordefeu. Tu vas lui être très utile. ≫

     La voix féminine était partie. Hundwiin reprenait petit à petit connaissance. Où était-il ? Il distinguait vaguement de la lumière et des formes sous le drap. Il sentait une perfusion dans son bras, elle devait l'alimenter et c'est elle qui lui avait redonné des forces. Tout espoir n'était peut-être pas perdu, il allait peut-être encore pouvoir tenir sa promesse. Pour autant, il était solidement attaché et dans un lieu inconnu où on ne lui voulait pas du bien. Il devait trouver un moyen de s'enfuir de là, mais comment, les sangles qui le maintenaient étaient très solides et malgré les forces qu'il récupérait, il était incapable de bouger. La femme avait dû lui injecter une sorte de paralysant.
     Soudain, un bruit assourdissant se fit entendre, de quoi pouvait-il bien s'agir ? Avait-ce un rapport avec ce qu'avait évoqué cette femme ? Y avait-il quelqu'un qui attaquait cet endroit ? Dans ce cas, cette personne pourrait peut-être l'aider.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Cap le vendredi 08 novembre 2019, 08:12:07
Syl
6 jours avant la fin
???
Relève

    Il n'y avait pas un bruit autour de moi. Pas de respiration. Pas de bruissement de tissu. Pas de bruit sourd. Le silence. Complet et absolu. J'ouvris les yeux. Tout était sombre. Quelques petits éclats de lumière flottaient dans les airs. Comme des petites flammèches. J'avais la bouche pâteuse, la gorge sèche. Sûrement un contre-coup de la toxine. J'avais été particulièrement imprudente, j'aurai facilement pu me protéger de ce carreau...
    Mon épaule. Je n'avais pas mal. Même pas une gêne. Rien. Etais-je encore sous l'effet anesthésiant ? Non. Je pouvais sentir mes poings se serrer et mes ongles appuyer sur ma peau. Que s'était-il passé ?
    J'avais encore du mal à me concentrer. Les idées s'enchaînaient sans que je puisse les saisir. N'entendant toujours rien, j'entrepris de m'asseoir. Je réussis sans difficulté. La tête me tournait, mais c'était supportable. Je jetais un coup d'oeil à mon épaule. Dans la pénombre, je ne vis rien. J'entrepris donc de la palper prudemment avec mon autre main. Rien. Pas la trace d'une blessure. Pas de trou dans le tissu. Mais. Comment ?
    Je regardais autour de moi. Des ténèbres. A perte de vue. Et autour de moi, en suspension, une multitude de petits éclats dorés. La lumière partait d'eux, douce, chaleureuse, pulsant lentement au gré de leur farandole. Je connaissais cette endroit. Je. Non. Impossible. L'angoisse me prit à la gorge tandis que j'appréhendais doucement la douloureuse vérité. Le Sceau avait explosé.
    — Tu te réveilles enfin fillette.
    La voix, grave, posée, aux résonnances gutturales provenait de derrière moi. Je n'avais pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s'agissait. Le démon. Thargraktrug. Ma tête me faisait souffrir, il n'était pas encore envisageable de me lever. J'entrepris maladroitement de me retourner. Le mouvement ne fut pas simple, mais je voulais au moins le voir et lui faire face.
    Je devinais sa haute stature dans la pénombre. Les grandes ailes membraneuses repliées dans son dos et les deux cornes torsadées qui émergeaient de son front donnaient à sa silhouette une forme étrange. Il se tenait bien droit, les bras croisés sur la poitrine. Ses yeux de feu étaient posés sur moi et brillaient d'un éclat amusé.
    — Ne fais pas cette grimace fillette. Tu sais comme moi que ça finirait par arriver.
    — Je... Je ne peux... m'entendis-je cafouiller.
    La bouche pâteuse, j'avais du mal à parler et articuler. Son petit rire stoppa ma tentative. Il fit quelques pas dans ma direction avant de s'arrêter à ma hauteur. Je n'essayais même pas de bouger, je savais que j'en étais incapable. Il s'accroupit alors pour se mettre à ma hauteur avant de saisir délicatement mon menton de ses longs doigts fins. Le contact était chaud et je pouvais sentir toute la puissance qu'ils contenaient, me faisant frissonner. Quoiqu'il envisageait de faire, je ne pouvais l'en empêcher.
    Je me surpris à le dévisager. Depuis tout ce temps ensemble, c'était la première fois que je pouvais le voir d'aussi près. Son visage, fin, était plutôt charmant, si ce n'est les deux longues cornes torsadées qui émergeaient de son front. Des petites dents pointues dépassaient sur ses lèvres trop sombres pour appartenir à un humain. Ses pommettes, saillantes, lui donnaient un air enjoué, appuyé par la flamme dansant dans ses yeux complètement noirs.
    — Regarde dans l'état où tu es fillette. Tu luttes depuis si longtemps. Forcément, tu es épuisée.
    Son sourire s'étira.
    — Repose-toi fillette. Je m'occupe de tout.
    — Non je...
    Ma faible protestation se perdit dans l'obscurité. Il avait disparu.


???
6 jours avant la fin
Laboratoire de Sébastide
Nouveaux alliés


    — Vieille femme, aide-moi à me relever.
    La voix de la magicienne avait prit des teintes plus graves et gutturales.
    — Que le ciel soit loué ! Syl, vous êtes réveillée.
    — Elle est encore loin d'être réveillée. La fillette ne peut pas résister à la dose de cheval que cette femme nous a administrée. J'ai déjà eu du mal à m'en réveiller sans ton coup de pouce.
    — Si vous n'êtes pas Syl, qui êtes-vous ?
    — Ce serait trop long à t'expliquer et j'en ai pas spécialement envie. Retiens que je suis un hôte clandestin de la fillette et que pour l'instant il n'y a que moi qui puisse t'aider.
    — Vous êtes un ami de Syl, j'imagine.
    — "Ami" n'est pas le terme adéquat non. Utilisons dans un premier temps celui d'"allié". Cela répond ainsi à la question que je devine, à savoir si tu peux me faire confiance. Dans un premier temps, il le faudra bien.
    — Dans ce cas, je vais faire avec.
    — Que tout cela est adorable. Donc si tu pouvais te rendre utile maintenant que tu m'as mis dans la case des gentils, je t'ai demandé tout à l'heure de m'aider à me relever. Il va me falloir encore quelques minutes pour que j'élimine assez de poison pour prendre correctement le contrôle de son corps.
    Cheiralba s'aida de ses différents bras pour remettre sur pied le corps de Syl. L'équilibre était précaire, les mouvements encore hésitants, mais il tenait debout. Les premiers pas ne furent pas faciles, mais rapidement, Thargraktrug pris de l'assurance dans la manipulation de ce corps. Une fois ses gestes devenus fluides, il désactiva avec un petit sourire le charme sur l'apparence de la jeune femme. Ses cheveux retrouvèrent leur apparence flamboyante. Il fit ensuite rouler son épaule fraîchement recousue, ce qui lui arracha une légère grimace. Néanmoins, son léger sourire ne le quitta pas : le travail était propre et le résultat lui convenait grandement.
    Il se retourna pour faire face à la vieille femme, qui s'était approchée. Cette dernière avait raccommodé ses vêtements, laissant apparaître deux paires de bras supplémentaires ainsi qu'un étrange appendice. Un de ses bras était tenu en écharpe, sûrement une séquelle de son combat contre la femme à l'arbalète. Le démon haussa un sourcil en détaillant l'apparence de Cheiralba, mais ne fit aucun commentaire sur cette dernière.
    — Vous avez l'air de bien vous remettre du poison, et ce, bien plus vite qu'escompté. Par ailleurs, vous devriez ménager votre épaule : je n'ai fait que des premiers soins rapides, la blessures pourrait se réouvrir après un mouvement trop brusque ou trop extrême.
    — Ca ira vieille femme. Allons-y si tu veux sauver ton amie elfe.
    Sur ces mots, le démon se retourna et se mit en route. La pièce n'avait que deux entrées, en éliminant celle par laquelle ils étaient arrivés, le chemin à prendre était tout tracé.
    Ils arrivèrent très vite dans une autre salle semblable à la précédente. Petite, elle était vide excepté le brancard laissé au milieu. Solidement attaché sur ce dernier était étendue une créature aux écailles sombres. Deux cornes rouges brillantes dépassaient de son front. Il avait tourné la tête dans la direction des nouveaux arrivants et les fixait de ses yeux rouges rubis. Un draconien.
    — Je... Aidez-moi... S'il vous plaît. demanda-t-il d'une voix faible.
    Le démon leva les yeux au ciel, complètement indifférent à la détresse du draconien. Cheiralba, quand à elle, s'était déjà approchée et examinait le corps de la créature de ses nombreux doigts agiles.
    — Nous n'avons pas le temps de nous occuper de lui vieille femme. Surtout si tu veux sauver ton amie elfe.
    — Cela ne prendra que quelques instants. Il n'est pas blessé, juste fatigué et retenu par ces sangles.
    Sur ces mots, Cheiralba entreprit de détacher les liens enserrant le draconien. Le démon n'attendit pas et se détourna de la scène. Si la vieille femme souhaitait s'occuper de toutes les créatures retenues ici, elle n'était pas prête de rejoindre l'elfe. Cette pensée lui arracha un sourire tandis qu'il s'engageait dans le couloir suivant. Il entendait des bribes de la conversation derrière lui mais ne prêta pas attention aux quelques mots qu'ils s'échangèrent.
    Devant lui s'étendaient de chaque côté du couloir des cellules fermées par d'épais barreaux métalliques. Si beaucoup étaient vides, certaines renfermaient des créatures plus ou moins identifiables et surtout, plus ou moins vivaces. Des gémissements se faisaient régulièrement entendre.
    Thargraktrug avançait lentendement, regardant avec curiosité des deux côtés. Si la plupart des occupants étaient prostrés et semblaient complètement amorphes, certains montraient des signes de peur à son passage, se tapissant au plus profond de leur cellule. Derrière lui, des pas se faisaient entendre : ceux légers de la vieille femme et ceux, plus lourds et plus patauds, de son nouvel ami draconien.
    — Mademoiselle !
    Une naine, le visage appuyé contre les barreaux, venait de l'interpeller. Contrairement à tous les autres prisonniers, elle semblait vive, volontaire et en plutôt bon état. Et surtout, c'était la seule qui s'était avancée en entendant des bruits de pas.
    — Je sais que vous ne faites pas partie des geôliers. Auriez-vous l'amabilité de me sortir de ce trou puant ?
    Le ton était sec et déterminé, appuyé par l'accent cassant du peuple nain. Le démon se plaça face à elle, la jaugeant du regard. De corpulence habituelle pour sa race, elle présentait également une musculature apparente et bien dessinée. Elle tenait fermement les barreaux, cachant une partie de son visage de ses poings. Des mèches rouges en pagaille chutaient sur son large front. Son large nez, ostensiblement cassé en son milieu émergeait de son visage. Elle fixait également le démon de ses yeux émeraude, ne montrant aucun signe de recul lorsque leurs regards s'attrapèrent.
    Ils se fixèrent quelques instants avant que Thargraktrug ne secoue la tête en soupirant. Cheiralba et le draconien étaient presque arrivés à sa hauteur. Le démon haussa malgré tout la voix afin d'être sûr d'être entendu par la femme araignée :
    — La vieille femme voudra te sauver aussi, pour sûr. Ecarte-toi !
    Sur ces mots, il tendit simplement son index, libérant un trait d'énergie en direction de la serrure. La naine n'eut que le temps de faire un bond en arrière pour éviter la déflagration. Le verrou explosa, laissant s'ouvrir doucement la porte en un petit grincement.
    Le démon se tourna alors vers Cheiralba, un sourire carnassier sur le visage :
    — Et voilà vieille femme. Une personne de plus de sauvée. Espérons que notre joyeuse compagnie arrive à temps pour sauver ton amie elfe.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Chompir le lundi 11 novembre 2019, 22:58:31
Hundwiin Drakonia III
Vétéran
Jour 7 avant la fin
Dans le labo de Sebastide
Sauvetage

     Quelques temps après l'explosion, la porte de la salle se rouvrit, Hundwiin avait peur de revoir son bourreau revenir mais ce ne fut pas elle qui entra, non. Il s'agissait de deux femmes de prime abord, mais à y regarder de plus près, la première avait des yeux rouges. Elle n'avait d'ailleurs pas l'air de lui prêter de l'attention et de l'aider. La deuxième femme ressemblait à une vieille femme mais elle n'avait pas grand chose d'humaine, il s'agissait plutôt d'une araignée. Elle portait un bras en écharpe, mais ne semblait pour autant pas mal en point. Aurait-il pu s'agir de la femme évoquée par les gardes de tout à l'heure ? Ces deux femmes se seraient-elles débarrassées de sa ravisseuse. Le draconien essaya de leur demander de l'aide malgré son état et son manque de force.
     ≪ Je... Aidez-moi... S'il vous plaît. ≫   
     La jeune femme ouvrant la marche leva les yeux au ciel, complètement indifférente à la détresse du draconien mais la femme araignée, quand à elle, s'approcha et commença à examiner Hundwiin. C'est alors que la première, continuant sa route pris la parole.
     ≪ Nous n'avons pas le temps de nous occuper de lui vieille femme. Surtout si tu veux sauver ton amie elfe.
— Cela ne prendra que quelques instants. Il n'est pas blessé, juste fatigué et retenu par ces sangles. ≫

     Sur ces mots, l'araignée commença à détacher les liens enserrant le draconien. La jeune femme quand a elle continua sa route, n'attendant pas sa compagne. Elles avaient l'air alliées mais pourtant elles n'avaient en aucun cas l'air d'accord sur leurs agissements.
     ≪ Ne lui prêtez pas attention. Disons qu'elle n'est pas très patiente et surtout méfiante. C'est un peu la force du destin qui nous fait faire chemin commun mais elle n'a pas mauvais fond, je peux vous l'assurer.... En tout cas, je ne sais pas ce que vous injecte cette femme, mais vous ne pouvez pas vous trimballer avec cette poche reliée à votre bras. Il vous faudra choisir, mais ne vous inquiétez pas, je vais vous injecter un petit stimulant qui va vous remettre rapidement sur pied. Vous n'aurez plus rien, à condition que vous me promettiez de vous reposer une fois que nous serons en sécurité.
— Daa… D'accord… Faites ce que vous pouvez faire je vous en remercie. ≫

     La femme araignée planta son dard dans le bras du draconien et injecta son "stimulant". Hundwiin reprit rapidement des forces et se releva pour s'asseoir sur le brancard et faire face à sa sauveuse. Maintenant qu'il la voyait dans son ensemble, il constata qu'elle portait une robe de belle couture retouchée. Elle disposait aussi d'un corps mi-humain, mi-araignée. Son visage était celui d'une vieille femme mais elle arborait un fier sourire et se tenait bien droite. Elle avait l'air de porter en haute estime les bonnes manières. Elle prit la parole la première.

     ≪ Pardonnez-moi, je ne me suis toujours pas présenté. Je me nomme Cheiralba. Je soignais les victimes  de la faille depuis la fracture mais nous discuterons en marchant, je suis assez pressée. En tout cas, comment vous êtes vous retrouvez là ? Il est plutôt rare de croiser des draconiens par ces temps, surtout ici dans la Faille. ≫

     Hundwiin n'avait pas l'air de bien tout comprendre, qu'elle était cette histoire d'inquisition, et ces expériences génétiques, qui était derrière tout ça et dans quel but ? Et cette femme, pourquoi était elle comme ça ? En était-elle une aussi ? Ça ne faisait que quelques semaines environ qu'il était descendu dans la faille avec ces compagnons, que c'était-il passé ? Beaucoup de question se bousculaient dans sa tête mais Cheiralba avait l'air pressée, et puis sa comparse avait mentionnée une Elfe à sauver. Hundwiin se redressa et essaya de marcher. Le stimulant lui avait fait le plus grand bien et il ne ressentait pas trop de difficultée dans ses mouvements. Il se retourna vers l'araignée et lui fit signe qu'il était prêt pour partir. L'araignée le rejoignit et ils continuèrent leur route.

     ≪ Merci infiniment Cheiralba, je vous dois la vie. Moi ainsi que ceux dont je porte la mémoire. Je vous serai éternellement reconnaissant. Si j'avais dû mourir ici, je n'aurais pas pu leur faire face... Oh pardonnez moi, je divague et je ne me suis pas présenté. Je suis Hundwiin Drakonia III, prince héritier du royaume de Draconia. Pour répondre à votre question, lorsqu'il y a quelques semaines, l'explosion a créée la faille, je suis descendu avec les plus valeureux de tous les guerriers qui se trouvaient à Miderlyr. Nous sommes descendus au plus profond de la faille afin de la refermer... Hélas mes camarades y ont tous perdu la vie mais leur sacrifice a permis de refermer la brèche et le flot incessant d'aberration qui s'en écoulait. J'ai réussi difficilement à remonter et à bout de force avant de tomber d'épuisement. J'ai ensuite été récupéré par deux hommes habillés tout en blanc et ils m'ont amené ici. Quand je me suis réveillé j'étais devant cette Sofia qui m'a attaché ici. ≫

     La femme araignée ne réagit tout d'abord pas. Elle avait l'air en état de choc. Les yeux grands ouverts à le dévisager. Elle reprit ses esprits au bout de quelques instants mais ne prit pas la parole. Elle continua son chemin et fit signe à Hundwiin de le suivre.

* * * * *

     Ils marchèrent un moment en silence. Un silence malaisant et gênant. Cheiralba décida finalement de briser ce silence.

     ≪ Écoutez-moi bien, Seigneur Drakonia, s'il faut vous appeler ainsi. Je ne sais pas si vous essayez de me mentir, mais vous aviez l'air convaincu de votre vérité. Pour le moment nous devons nous hâter. Une amie elfe du nom d'Alaïa s'est faite capturer par un scientifique du nom d'Hordefeu et il va sûrement l'utiliser pour je ne sais quelles expériences. Cet homme se terre depuis bien trop longtemps pour commettre ses méfaits si vous voulez mon avis et si je suis là, je compte bien en profiter pour l'arrêter une bonne fois pour toute. Maintenant que vous savez cela, soit vous vous rangez à nous, soit vous feriez mieux de quitter cet endroit. En tout cas je ne vais pas vous mentir, si vous restez avec nous, faites attention à vous. Nous sommes blessées toutes les deux et Hordefeu est quelqu'un de plutôt dangereux ; même si nous savons nous défendre. ≫
     À ces mots, Cheiralba affichait un léger sourire. Elle marchait fièrement devant, ouvrant la marche. Hundwiin lui réfléchissait, il ne pouvait ignorer sa sauveuse et son amie en détresse. S'il allait les aider ? Mais bien sûr qu'il allait le faire, après tout, il lui devait la vie.
     ≪ Vous pouvez compter sur mon aide Cheiralba. Je vais vous aider à sauver votre amie.
— Bien, votre aide nous sera très précieuse mais vous n'avez pas intérêt à nous faire faux bond.
— Ne vous inquiétez pas pour cela. Je vous dois la vie, je n'aurai aucune raison de faire cela.
— Bien bien. Essayons de rattraper Syl maintenant. Bien que dans son état elle soit très puissante, on ferait mieux de la rejoindre. Oh... et une fois tout cela fini, j'aurai quelque chose à vous dire. ≫

     Hundwiin imaginait que Syl devait être la jeune femme qui accompagnait la femme araignée au début. Par contre, que voulait elle lui dire, et pourquoi elle ne pouvait pas lui dire maintenant ? Néanmoins la situation pressait ils accélérèrent donc le pas afin de la rattraper.

* * * * *

     Hundwiin et Cheiralba marchaient maintenant côte à côte, ils arrivèrent dans un couloir rempli de cellules. Des personnes se trouvaient derrière, certaines hurlaient, d'autres se tordaient de douleur. Certaines n'étaient même plus humaines. La vision horrifique de cet endroit tordit les traits du visage de l'araignée en une expression de dégoût et de rage au visage de l'araignée. Décidément, elle avait l'air d'avoir un lien plus ou moins lointain avec cet endroit, ou tout du moins avec cet Hordefeu.

     Au bout du couloir, les deux compagnons aperçurent Syl. La jeune femme faisait face à une cellule. Elle haussa la voix :
     ≪ La vieille femme voudra te sauver aussi, pour sûr. Ecarte-toi ! ≫
     La serrure explosa à grands bruits puis la cellule s'ouvrit dans un grincement. Hundwiin et Cheiralba venaient d'atteindre Syl qui se retourna vers cette dernière, un sourire carnassier aux lèvres.
     ≪ Et voilà vieille femme. Une personne de plus de sauvée. Espérons que notre joyeuse compagnie arrive à temps pour sauver ton amie elfe. ≫
     Une naine sortie de la cellule, elle avait une musculature imposante ainsi que des cheveux rouges et une armure. Elle avait les yeux émeraudes et le nez cassé. Son regard croisa celui d'Hundwiin et resta un long moment à le fixer et à se frotter sévèrement les yeux afin d'être sûre de ne pas rêver. Le Draconien était tout aussi perplexe avant de s'exclamer :
     ≪ Hyldegarde ! Comment vous êtes-vous retrouvée ici ? Vous avez réussi à remonter vous aussi ? Je vous croyais morte, tout comme le reste de nos compagnons... Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis ravi. Si vous êtes vivante, peut-être que les autres ont pu s'enfuir aussi et sont en vie quelque part.
— Hundwiin qui aurait cru que vous auriez survécu... Alors comme ça vous aussi vous avez fini ici ? Me voilà rassurée, je pensais être la seule survivante. Cela me rassure. d'Euphorie est peut-être encore vivante quelque part... ≫

     Syl et Cheiralba échangèrent un regard étonné. La jeune femme lâcha, toujours avec un sourire carnassier :
     ≪ Regardez si c'est pas merveilleux vieille femme, ils se connaissent. La Faille est décidément trop petite...≫

     Hundwiin réalisa alors que Yoltuz n'était pas sur lui. Sa fidèle épée avait dû rester là où il fut récupéré par les deux hommes en blanc. Sans son épée il était moins puissant mais il serait toujours capable de se battre à mains nues ou de puiser dans ses forces pour utiliser le peu de magie draconique qu'il connaissait. En revanche, sa mission prioritaire allait être de récupérer son épée. Heureusement il était rassuré, personne ne pouvait s'en emparer.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Yorick26 le mardi 14 janvier 2020, 12:25:39
Cheiralba
Vétéran
6 jours avant la fin
Salle opératoire du laboratoire de Sébastide Hordefeu
Fil noir sur le cœur, fil rouge sur la gorge

Les bruits des pas de la petite troupe résonnaient le long du couloir leur donnant plus d’importance qu’ils n’en avaient réellement. Cheiralba avançait en tête, fière, mais fatiguée. Elle avait souffert un lourd tribut lors de son combat contre la jeune femme, mais l’espoir de rencontrer une dernière fois son créateur et de l’éliminer de ses propres mains étaient la meilleure des motivations pour la pousser à continuer. Bien qu’elle ne soit pas croyante, elle pria une identité quelconque pour qu’elle lui accorde assez de courage et de force pour que Hordefeu soit mis hors d’état de nuire une bonne fois pour toute. Elle ne savait pas à qui elle pouvait s’adresser, quelle divinité lui accorderait un moment, mais elle priait avec tant de conviction et de ferveur que si quelqu’un lui tendait l’oreille, alors son souhait serait forcément exaucé.

A ses côtés, Syl la suivait machinalement avec une indifférence assez inquiétante. La personne qui contrôlait actuellement la magicienne avançait de manière détachée comme si elle savait qu’elle allait s’en sortir et qu’il fallait simplement qu’elle attende que les choses se passent. En aucun cas le sort de Cheiralba semblait lui importer. Si elle avait libéré la naine, ce n’était que pour avoir l’occasion de faire preuve de sarcasme. La femme araignée jeta un coup d’œil vers cette dernière. Elle était en pleine discussion avec celui qui s’appelait Hundwiin, un peu en arrière.  Quel duo mal assorti… et pourtant ils semblaient se connaître. Cheiralba ne regrettait pas de les avoir secourus. Qui sait s’ils pourraient être utiles. Et puis c’était dans sa nature… mais elle regrettait naturellement d’avoir potentiellement perdu du temps qui lui aurait été nécessaire pour sauver Alaïa. Il avait fallu faire un choix. Un choix dont elle devait prendre toute la responsabilité. Et quel qu'il fût, il y aurait eu des regrets.

Elle détourna son attention de ce drôle de binôme pour se concentrer sur Syl qui s’était arrêtée devant une porte sur la droite. De grande taille, elle comportait deux battants qui n’avaient pas l’air très résistants. Plus loin, le couloir continuait pour donner sur d’autres portes et d’autres couloirs, mais c’était ici que la magicienne s’était arrêtée.

    ≪ L'elfe est là. Je peux également te dire qu’elle n’est pas consciente. Un autre homme est à côté d’elle. Il semble particulièrement occupé d’esprit et on dirait qu’il ne nous a pas encore entendu arriver malgré les jacassements des deux pipelettes que tu as choisi d’amener avec nous.
— Je vois. Dans ce cas, ne perdons pas plus de temps. Je vous laisse le plaisir de faire sauter tous les verrous de cette porte.
— Ce sera avec plaisir. Recule. ≫

Il n’y eu pas d’explosion cette fois-ci, à croire que la seconde personnalité de Syl avait un peu moins le sens du spectacle. Néanmoins, les deux battants métalliques de la porte tombèrent, de manière simultanée, dans ce qui avait l'air d'être une salle opératoire créant un vacarme. La propreté relative des locaux permit à la troupe d’observer la réaction d’Hordefeu sans devoir attendre qu’un nuage de poussières se dissipe. Le chirurgien avait suspendu son geste dans le vide. Il tenait à la main droite un instrument qui serrait dans ses mâchoires une aiguille courbée reliée à un fil. Cheiralba suivit ce fil pour voir où il s’insérait. Sur la poitrine dénudée d’Alaïa se dessinait une suture en zig-zag mettant bout à bout, côté cœur, la peau d’origine de l’elfe et, côté épaule, une surface noire et brillante. Le bras ne semblait pas encore déformé, seule sa matière avait l'air d'être changée. Le corps de la jeune elfe était étendue sur une grande table centrale. Deux autres tables à roulettes se trouvaient à proximité, l'une beaucoup plus petite que l'autre. Sébastide était sur le point de terminer, mais le temps que Cheiralba fasse mine de s’approcher, le chirurgien reprit ses esprits et lâcha son instrument pour se saisir d’un autre parmi ceux qui étaient disposés de manière organisée sur la tablette à roulettes sur sa droite.

Dans la précipitation, la femme araignée n’eut le temps de voir qu’un rapide reflet, mais ce qu’il en fit ne laissait pas d’équivoque. Il s’était équipé du manche de bistouri munie d’une lame et l’appliquait sur la gorge de l’elfe en appuyant assez fort pour que sa détermination soit bien visible. Les propos de Syl ne firent que confirmer les craintes de la femme araignée.

 ≪ Voyons, vieux fou. Crois-tu que ton acte désespéré va me retenir de t'exterminer ? ≫

Hordefeu mesurait les paroles de la magicienne et, en réponse, il appuya davantage. Le fil de la lame commençait à entamer la peau, mais le chirurgien ne quittait pas des yeux le quatuor qui venait de pénétrer dans sa salle opératoire.

 ≪ Vous venez pour elle. Ne me faîtes pas croire que vous n’avez que faire de sa vie.

— Honnêtement, sa vie m’importe peu. Si Syl était en face de toi, peut-être qu’elle t'aurait laissé une chance, mais je n’ai jamais parlé personnellement à cette elfe, tout comme le draconien et la naine. Ils veulent sûrement juste se venger de toi de les avoir enfermés. Il y aurait bien cette femme chimère que tu ne sembles pas reconnaître, qui hésiterait à risquer la vie de cette pauvre elfe déformée, mais elle semblerait qu’elle ait une dent contre vous. Si tu veux le fond de ma pensée, les abominations que tu crées ne devraient pas avoir le droit de vivre et ce ne serait que rendre service à ta victime si tu l’achevais.
— Vous ne le ferez pas.
— Dans quel monde crois-tu que l’on vit ? J’en ai plus qu’assez de partir à la rescousse de chacun et chacune. Puisque personne d’autre ne souhaite prendre de décision, je prends le risque. Je vais te faire exploser et tant pis si tu as le temps de lui trancher la gor... ≫
Cheiralba, qui avait les yeux tournés vers Sébastide et Alaïa, ne put voir, qu’alors que Syl finissait sa phrase, les yeux de la magicienne reprendre leur couleur originelle avant que cette dernière ne s’effondre. Hordefeu lui jubilait. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait, mais de toute évidence la chance était de son côté. Il y avait un obstacle en moins. Plus qu’une naine dénutrie, un draconien engourdi par des anesthésiques et une vieille femme au corps d’araignée blessée. La seule magicienne du groupe était à terre. N’avait-elle pas dit d’ailleurs qu’il était censé connaître la vieille femme ? La surprise se rajoutait à l'hébétude dans les yeux de l'expérimentateur. Il ne semblait pas en croire ses yeux…

≪ Oh. A54, c'est ça ? Je ne t'avais pas reconnu. Il faut dire que je n'ai pas l'habitude de voir à nouveau mes créations et encore moins après si longtemps. ≫

L'homme gagnait du temps. Cheiralba en était certaine, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de l'écouter. Une part au fond d'elle voulait comprendre. Quoi, elle ne le savait pas.

≪ Si je m'attendais à te voir ici. Tu sembles avoir bien vécu. Il faut croire que je m'étais pas tant trompé dans les dosages. J'ai le malheur de te l'annoncer, mais tu n'étais qu'un travail bâclé... Non, n'avance pas si tu tiens à la vie de cette elfe ! Votre magicienne est tombée, si tu veux la garder vivante, il va falloir d'abord m'écouter.
— Si vous comptez gagner du temps en attendant que vos sbires arrivent, je crains malheureusement qu'ils ne soient pas en état de répondre à votre appel à l'aide discret. Vous êtes acculé.
— Nous sommes alors dans une impasse. Je serai à l'abri tant que ma lame sera appuyée sur son joli petit cou. Et j'ai plus de temps que toi. Combien de temps te reste-t-il à vivre ? Tes commanditaires ont expressément demandé à ce que tu aies une vie courte. Tu le sens en toi, non ? Malgré la fougue qui t'anime, tu le sens dans ton corps. Il te supplie d'arrêter et de t'éteindre. Bientôt tu recroquevilleras sur toi-même, toi et tes petites pattes. Si cela n'avait tenu qu'à moi, je t'aurai donné une espérance de vie légendaire. Mais, je me souviens maintenant : "Nous vous demandons un outil de travail afin d'accroître notre renommée. Nous ne voulons pas un enfant qu'on devra garder toute notre vie. Quand nous aurons fait notre place parmi les marchands, alors nous n'aurons plus besoin d'elle. Une durée de vie d'une dizaine d'années tout au plus me paraît suffisant." Je ne pouvais pas et je ne voulais pas. Aujourd'hui, avec les expériences que j'ai réalisées j'ai acquis assez de connaissances pour pouvoir contrôler l'espérance de vie, mais à l'époque j'en étais incapable. Et je ne te souhaitais pas une mort prématurée. Tu étais comme une de mes filles.
— Je ne suis pas l'une de vos filles.
— Oh si ! Tu es l'une de mes filles. Chacune de mes créations est mon enfant. Votre amie, là, est une de mes créations, même si elle n'est pas finie.
— J'ai eu une famille. Ils m'ont aimé.
— Que tu es naïve... ≫

Derrière, Hildegarde et Hundwiin regardaient la scène impuissants. D'un côté ils étaient captivés par l'échange qui se déroulait sous leurs yeux, d'un autre ils préfèreraient s'en aller dans ce conflit qui ne les concernaient à peine. Néanmoins, ils se sentaient redevables et leur honneur les poussait à rester. Et puis, où auraient-ils pu aller ? Ils ne savaient même pas où ils étaient. La femme araignée et la magicienne avaient l'air de pouvoir les aider à les guider. Seulement, elles étaient coincés. Les deux compagnons voyaient bien que Cheiralba essayait de trouver une solution pour la sortir de là. Tant que la lame du bistouri menaçait la gorge d'Alaïa, elle ne pouvait rien tenter. Mis à part Syl, personne ne pouvait l'attaquer à distance et cette dernière s'était évanoui, sans aucune raison.

Hildegarde prit alors la décision s'en aller. Bien que la naine se trouvait dans son dos, elle entendait clairement ses pas s'éloigner dans le couloir. Ils furent bientôt suivis par ceux d'Hundwinn, plus lourds. Ils partaient chacun dans une direction opposée. Cheiralba avait du mal à croire qu'ils prenaient la fuite, mais il fallait se résigner. Les temps étaient durs depuis la faille et la survie de chacun importait plus que le devoir. Elle devrait se débrouiller seule.

≪ Tes amis ont l'air de ne pas trop tenir à vos vies. ≫ ne peut s'empêcher de remarquer Sébastide Hordefeu avant de reprendre son monologue.

La vieille femme n'osait pas détourner son regard du cou de la jeune elfe de peur de rater le moindre mouvement suspect qui la pousserait à agir dans la précipitation. Elle se contentait de répondre du mieux qu'elle pouvait aux remarques d'Hordefeu, mais elle l'écoutait à peine. Elle était certes venue chercher des réponses, en plus de le mettre hors d'état de nuire, mais elle savait que rien ne garantissait que ce qu'il disait était vrai. C'était probablement que des mensonges sortis uniquement dans le simple but de semer le doute dans l'esprit de Cheiralba et de lui donner une chance d'en réchapper vivant.

≪ Comment m'avez-vous créé ? Y en-a-t-il d'autres comme moi ? ≫

Des questions intéressantes... et la vieille femme comptait sur l'esprit volubile de Sébastide pour qu'il saisisse l'occasion d'exposer tout son savoir et de se laisser distraire. Pendant qu'il expliquait les différents processus existants de greffes, l'importance de l'embryogénèse, les principes de l'interspécificité, elle répondait alors de manière laconique à coup de "Je vois…", "Hum" et autres "D'accord.". Parfois elle se hasarda à répéter un mot dont elle ne comprenait pas le sens "Homonculus ? Qu'est-ce ?". Elle entretenait la logorrhée du chirurgien en espérant qu'il en oublie de maintenir son instrument appuyé sur la peau fragile d'Alaïa, mais rien n'y faisait. Rien ne faisait avancer la situation et ils perdaient du temps.

La vieille femme pouvait espérer que l'une des deux femmes endormies se réveillent, mais elle n'avait aucune idée de la cause pour l'une et elle ne savait pas combien de temps durerait l'anesthésie pour la deuxième. Pour cette dernière, si elle se fiait à ce qu'elle voyait, le réveil ne commencerait pas avant quelques heures sans un petit coup de main. La respiration était calme et régulière malgré plaie qui n'était pas encore refermée.

Alors qu'elle allait relancer la conversation sur le sujet de l'expérimentation subie par Alaïa, elle entendit alors Hildegarde revenir grâce à son ouïe plus performante que le chirurgien. Elle allait arriver par la seconde porte de la salle de chirurgie. La naine avait dû la remarquer et le sens inné de l'orientation dans les profondeurs chez cette race ne devait pas être usurpé.

Cheiralba savait très bien ce qui allait se passer. Hildegarde allait ouvrir la porte de manière plus ou moins silencieuse. Ses pas la trahirait à un moment ou à un autre. Alors Sébastide se retournerait pour connaître l'origine du bruit détachant un court laps de temps son attention des gestes de Cheiralba. Comprenant alors qu'il ne pourrait pas surveiller les deux intruses en même temps s'il ne se déplaçait pas, il tenterait soit de trouver un meilleur angle de vue. Les deux portes n'étaient pas assez éloignées pour qu'il n'en trouve pas un rapidement. C'était mieux ainsi, S'il s'était senti pris aux pièges, il aurait probablement sectionné la carotide créant une diversion suffisante pour lui donner une échappatoire. S'il n'avait pas mis en pratique cette stratégie jusqu'à maintenant, c'est qu'il espérait pouvoir s'échapper sans blesser Alaïa. Peut-être tenait-il un peu à elle.

Le scénario que Cheiralba s'était imaginé ne tarda pas à se réaliser. La seconde porte s'ouvrit dans un affreux grincement et derrière elle se trouvait Hildegarde qui essayait de se faire le plus discrète possible malgré le vacarme provoqué par la vieille porte qui n'avait pas dû être huilée depuis des années. Comme prévu Hordefeu se retourna avant de reporter rapidement son regard vers la femme araignée. Cependant cette dernière était prête à agir. Elle était bien trop fatiguée et trop loin pour pouvoir s'interposer entre Alaïa et le bistouri, mais elle avait préparé son dard. Sitôt qu'elle fut hors de vue, elle le planta dans le corps de Syl sans chercher à viser une partie du corps en particulier avant de reprendre sa position d'origine. Tant que ça agit… Elle avait réussi à ranimer sa deuxième identité avec de l'adrénaline une première fois. Avec un peu de chance, elle se réveillerait à nouveau. Elle ou la véritable Syl.

Pendant que la substance se déversait, Sébastide avait fait un pas de côté pour se trouver en face de ses deux ennemis, l'instrument toujours plaqué sur le cou de la jeune elfe. Elle n'aurait plus de carte à jouer. Hildegarde tenta de repartir par la porte d'où elle venait, mais le chirurgien l'en empêcha :

≪ Arrêtez-vous ! Ne bougez pas ! Vous m'avez fait le coup une fois, je ne me ferai pas avoir une seconde. Si vous bougez d'un millimètre, je lui coupe la gorge. Alors vous allez être bien sages toutes les deux. La plaisanterie a assez duré. Vous allez lentement vous allonger au sol, la tête face contre terre.
— Si je puis me permettre, vous nous donnez des ordres contradictoires. Doit-on ne pas bouger ou nous allonger pour que vous épargnez sa vie ? ne peut s'empêcher de dire Hildergarde avec une voix moqueuse.
— Faites la maline, vous. Allongez-vous et on verra ce qu'il arrivera à votre amie. ≫

La naine et la femme araignée s'exécutèrent de mauvaise grâce. Elles n'avaient pas le choix, mais gardèrent la tête levée pour continuer à surveiller les gestes de Sébastide. Une fois au sol, elles ne distinguaient plus ses mains cachées par les rebords de la table, mais elles savaient à la position du bras du chirurgien que la menace était toujours présente.

Pendant qu'il tenait en joug les deux femmes, il se saisit d'une table roulante qui n'était pas bien loin, laissée là pour ramener le corps de son expérience dans sa cellule une fois l'opération terminée. Il la cala contre la table opératoire et à force de tirer et de pousser Alaïa dans tous les sens, il parvint à la faire basculer sur la table à roulettes tout en gardant le bistouri en place. Il pouvait maintenant partir tout en gardant son otage, mais il n'en fit rien. Pour cela, il devait passer à côté de l'une ou l'autre des deux femmes qui se trouvaient chacune devant une porte. C'était risqué. Il prit alors le temps d'analyser la situation, mais malgré l'adrénaline qui lui donnait une perception accrue il ne s'intéressa qu'à Alaïa vaguement installée sur la table roulante, la distance qui les séparait de l'une des sorties, les deux femmes qui lui faisaient obstacle et les deux portes. L'une s'était refermée, l'autre avait ses battants au sol ce qui l'empêcherait d'emmener avec lui la jeune elfe. S'il voulait s'en sortir, il devait la laisser.

Cheiralba avait une autre perspective de la situation. Depuis l'entrée d'Hildegarde, elle attendait un changement dans le comportement de la magicienne. Une respiration plus rapide, la moindre vibration crée par un discret mouvement… N'importe quel signe. Elle avait d'abord cru que son injection n'avait pas fonctionné, mais maintenant elle le sentait arriver. Il y avait de la magie dans l'air. Les cheveux de sa nuque se hérissaient… Syl allait se réveiller...
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Cap le vendredi 14 février 2020, 14:17:40
Bonjour ça aura prit un peu plus de temps que prévu (oupsi), mais voilà, enfin, la suite. J'avais de quoi raconter



Syl
6 jours avant la fin
???
La volonté de l'invocatrice

    Le monde autour de moi était noir. Infini, parfaitement silencieux et juste éclairé par les quelques paillettes dorées flottant doucement autour de moi. Depuis que Thargraktrug avait disparu, je n'avais pas bougé. J'étais assise, la tête entre les mains, frottant doucement mes tempes de mes doigts. L'effet de la toxine se faisait encore sentir, tout mon corps semblait engourdit. Mes pensées fusaient néanmoins à toute vitesse et j'essayais tant bien que mal d'y mettre un peu d'ordre.
    Thargraktrug avait disparu. Le Sceau avait explosé. Il était libre. Ces trois mots représentaient l'absolue vérité et me terrifiaient.
    Voilà donc ce qu'il préparait. Tout ce temps à m'aider. À me prêter de sa puissance. C'était pour mieux fragiliser le Sceau. Et profiter de la première de mes faiblesses.
    Je maudissais mon imprudence. Ce carreau, que j'aurai pu facilement éviter. Cette puissance qu'il me prêtait, que j'ai accepté par facilité. Cette prétention, que j'avais eu plus jeune et qui m'avait tant coûté.
    Que me restait-il à faire maintenant ? Il était libre et contrôlait mon corps. Je grimaçais face à cette pensée. Un démon. Avec une enveloppe. Libre.
    Mon corps... Je relevais la tête alors que je prenais lentement conscience de la réalité. Peu importe où j'étais actuellement, ce n'était pas un lieu physique. L'effet du narcoleptique n'avait pas effet ici. C'était mon corps qui était impacté, pas mon esprit. Je n'avais aucune raison d'être diminuée ici, bien au contraire.
    Forte de cette conviction, j'entrepris de me relever. Je réussis sans peine, confirmant ma déduction. Maintenant debout, je jetais un regard circulaire : ma nouvelle perspective ne changea pas ma première vision. Il n'y avait que des ténèbres, à perte de vue.
    Je soupirais. Me voilà bien avancée. J'étais debout, certes libérée des contraintes physiques, mais toujours prisonnière ici.
    Quoique. Non. Thargraktrug était prisonnier ici. Un Sceau le retenait. Et malgré ce dernier, il pouvait voir et entendre ce qui se passait, ainsi qu'interagir en laissant filer de son pouvoir. J'avais de mon côté beaucoup plus de liberté que lui. Comment faisait-il ?
    — Thargraktrug... ?
    Ma voix était un peu rauque et mon ton plus hésitant qu'escompté. Néanmoins, le son porta jusqu'à se perdre au loin. Il n'y eut pas de réponse. Aucun changement autour de moi. Soit il ne m'entendait pas, soit il ne voulait pas me répondre. Tant pis, je me débrouillerai seule.
    Une nouvelle fois, je regardai autour de moi. Il n'y avait rien. Désespérément rien. La solution ne viendra pas de l'extérieur, j'en avais cette fois la certitude. Il me restait quoi ? Mes sens ? Je fermais les yeux, me concentrant sur mon ouïe. Il fallait bien commencer quelque part et c'était ce qui me semblait le plus simple. Pas un bruit. Tout autour de moi régnait un silence sourd et pesant. Juste écouter ne fonctionnait pas. Il fallait plus.
    Et j'avais plus. J'avais de la magie. Je puisais au fond de moi un peu d'énergie avant d'étendre mes sens et me concentrer à nouveau sur mon ouïe.

    ≪...dire qu’elle n’est pas consciente.≫

    Je sursautais, relâchant ma concentration. Contre toute attente, cela avait fonctionné. Instantanément. L'espace d'un instant, j'avais entendu d'une façon parfaitement claire une voix grave, posée, aux résonnances gutturales. La voix de Thargraktrug.
    Je fermai de nouveau les yeux afin de me refocaliser sur mon ouïe.

    ≪...ne perdons pas plus de temps. Je vous laisse le plaisir de faire sauter tous les verrous de cette porte.≫
   
    Une voix de vieille femme, emplie de force et de détermination. Cheiralba sans aucun doute. Elle semblait aller bien. C'était rassurant.

    ≪ Ce sera avec plaisir. Recule.≫

    Et elle s'était alliée avec le Thargraktrug. Ou plutôt, il avait accepté de s'allier avec elle. Que lui avait-il demandé en échange ? Pourquoi faisait-il cela ?
    Les questions se succédaient tandis que le bruit sourd résonna. Une porte s'écrasant au sol si je croyais les dires de Cheiralba. Voir. Il me fallait voir pour comprendre.
    De la même façon qu'avec l'ouïe précédemment, j'utilisais un peu de magie pour voir. Le résultat dépassa toutes mes espérances. Tout autour de moi, le monde devient blanc. Un blanc brillant et propre d'une salle d'hôpital. Cheiralba se trouvait un pas devant moi, arrêtée net dans son mouvement. Elle fixait l'homme au milieu de la salle. Celui était penché en avant sur le corps étendu sur la table d'opération, mais son regard passait rapidement d'un nouvel arrivant à un autre. Entre ses mains, un petit objet brillant qu'il appuyait sur la gorge de son patient. De sa patiente. Alaïa.

    ≪ Voyons, vieux fou. Crois-tu que ton acte désespéré va me retenir de t'exterminer ? ≫

    La voix de Thargraktrug était chargée de mépris. Le chirurgien prit quelques instants pour répondre. Quelques instants pendant lesquels il appuya davantage sa lame contre la gorge d'Alaïa. Quelques instants pendant lesquels son regard ne nous quitta pas.

    ≪ Vous venez pour elle. Ne me faîtes pas croire que vous n’avez que faire de sa vie.≫

    La voix était comme... usée. Je pouvais ressentir de la peur, de la détermination, de la fatigue et de la tristesse dans les paroles de cet homme. Il n'hésiterait pas. Il savait qu'il n'avait pas l'ombre d'une chance contre notre groupe. Menacer Alaïa était sa seule éventuelle porte de sortie, mais qu'une fois morte, plus rien ne nous arrêterait. Quoiqu'il fasse, il était perdu. Et il ne voulait pas être le seul à perdre.

    ≪ Honnêtement, sa vie m'importe peu. Si Syl était en face de toi, peut-être qu'elle t'aurait laissé une chance, mais je n’ai jamais parlé personnellement à cette elfe, tout comme le draconien et la naine.≫

    Thargraktrug n'hésiterait pas. Je ne savais pas ce qu'il faisait encore avec le groupe, ni pourquoi il continuait d'aider Cheiralba. Mais il en avait assez. Je pouvais sentir sa fureur et sa puissance monter lentement tandis qu'il continuait son discours.

    ≪ Ils veulent sûrement juste se venger de toi de les avoir enfermés. Il y aurait bien cette femme chimère que tu ne sembles pas reconnaître, qui hésiterait à risquer la vie de cette pauvre elfe déformée, mais elle semblerait qu’elle ait une dent contre toi.≫

    Jamais je ne l'avais entendu aussi loquace. Son pouvoir allait exploser d'une seconde à l'autre. Mais le chirurgien était prêt. Au moindre signe de magie, il trancherait la gorge d'Alaïa. Et aussi puissant que soit Thargraktrug, il ne pouvait rien y faire. Je ne pouvais pas le laisser faire.

    ≪Si tu veux le fond de ma pensée, les abominations que tu crées ne devraient pas avoir le droit de vivre et ce ne serait que rendre service à ta victime si tu l’achevais.≫

    — Tu ne le feras pas, affirmais-je d'une voix forte.
    Ce fut spontané, direct et assuré. Et à ma grande surprise, cela fonctionna. Contre toute attente, le démon apparut devant moi. Il rayonnait d'une aura de flammes tandis qu'il me répondit d'un ton chargé d'acrimonie.
    — Dans quel monde crois-tu que l’on vit ? J’en ai plus qu’assez de partir à la rescousse de chacun et chacune. Puisque personne d’autre ne souhaite prendre de décision, je prends le risque. Je vais le faire exploser et tant pis s'il a le temps de lui trancher la gor...
    — Non !
    Ma voix fut forte et mon ton sans appel. Il résonna dans l'infinité tandis que Thargraktrug, arrêté net, me regardait avec un air surpris.
    — Je...
    — Non laisse-moi parler. Je me suis engagée à aider Cheiralba et à sauver Alaïa. Je ne veux pas que ton arrogance ne soit la cause de sa mort.
    Je le fixais droit dans ses yeux de braise. Il s'était rapidement repris et affichait un visage sévère tandis qu'il me dominait de toute sa hauteur. Je continuai :
    — Pourquoi es-tu resté avec Cheiralba ? Pourquoi as-tu continué ce que j'avais commencé ? Tu n'avais aucune raison de le faire. Tu avais toutes les possibilités devant toi et tu as choisis celle qui, visiblement, te répugne le plus.
    Je respirai un grand coup, profitant de ces quelques secondes pour ordonner mes pensées. J'avais agit impulsivement, provoquant le démon frontalement. Et contre toute attente, il ne m'avait pas encore pulvérisée. Thargraktrug restait silencieux, me fixant les bras croisés, le visage fermé.
    — Je ne sais pas ce que tu veux. Je ne comprends pas. Au début, tu n'étais qu'une présence insistante. Je devais sans cesse prendre garde à ne pas te laisser la moindre once de terrain. Et puis, il y a eu les événements d'il y a trois ans. Et depuis, on cohabite. Tu m'aides. Trois ans, et tu n'as jamais profité d'une de mes faiblesses. Je ne suis pas dupe. Tu as eu des occasions, je le sais. Tu ne les as jamais utilisées. Au contraire. Tu m'as toujours aidée quand j'en avais besoin. Je pensais que tu avais un plan, que cela cachait quelque chose. Mais quand je constate ce que tu as fait là, pendant que j'étais inconsciente, je me permets d'en douter. Que veux-tu Thargraktrug ? Que veux-tu vraiment ?
    Il y eu un flottement. Le démon me fixait, un léger sourire sur les lèvres. Un sourire qui semblait triste, bien loin de son air provocateur. Je le fixais d'un air déterminé, attendant une réponse. Face à mon silence, il secoua la tête avant de s'asseoir tranquillement, les jambes croisées. Puis il me fit signe de faire de même.
    — Assieds-toi Sylvanyël Al'Jak. Nous avons à parler.
    J'étais estomaquée Je m'étais préparée à beaucoup de choses, mais sûrement pas à ça. Face à ma stupeur, Thargraktrug attendait patiemment. Toute la fureur et la colère qui irradiaient de lui il y a quelques instants semblaient à présent complètement volatilisées, laissant place à un calme absolu. Teinté de nostalgie. Et, pour la première fois en trois ans, il avait utilisé mon nom.
    Passées quelques secondes de surprise, je m'exécutai et m'installai devant lui. Il plongea son regard de flammes dans le mien puis il prit la parole.
   
    Et il raconta. Il raconta ce qu'il s'était passé, cette fameuse soirée d'il y a huit ans. Son combat contre mes parents. Sa défaite. Le Sceau.
    Il raconta sa rage. Sa frustration. Son envie de vengeance. Comment il passa ses premières années à déchainer sa puissance contre sa prison. À tenter, par tous les moyens de la briser. Sans jamais réussir.
    Il raconta le face à face avec Dazzrug. Pour la première fois, il eut peur. Ses chaînes le condamnaient face à son rival.  Alors il fit un pari : le pari de l'alliance. Et contre toute attente, j'acceptai. Malgré tous les risques. Malgré toutes les conséquences.
    Il raconta son espoir lorsque le Sceau s'ouvrit, sans jamais se refermer complètement. Mais son espoir se confronta très vite à une succession d'échecs. Quoiqu'il pouvait tenter, il n'arrivait pas à exploiter cette faille.
    Il raconta comment, lentement, il comprit la vraie nature du Sceau. Il n'avait pas été conçu pour être une prison. Il était la partie manquante du sortilège que je n'avais pas réussi à tisser ce fameux soir. Mais maintenant que j'avais accepté notre alliance, il se révélait. Thargraktrug était libre d'agir. Tant qu'il respectait la volonté de son invocatrice. Ma volonté.
    Et il se tut.

    Je restais silencieuse. Un picotement parcourait mes mains, mais je l'ignorais. Je digérai les informations que je venais d'apprendre. Le Sceau. Mes parents. Thargraktrug. Les pièces du puzzle se mettaient lentement en place tandis que je comprenais enfin la vérité. Tout s'expliquait.
    La sensation de picotement était devenue franchement désagréable. Au fil des secondes, elle s'intensifiait, devenant maintenant une vraie gêne.
    Comme en écho à ce désagrément, le démon sourit :
    — Il semblerait que la vieille femme ait besoin de notre aide.
    Face à mon regard interrogateur, il continua :
    — Elle tente de nous réveiller avec une de ses piqûres. C'est qu'il est temps d'y aller fillette !

Syl
6 jours avant la fin
Salle opératoire du laboratoire de Sébastide Hordefeu
La fin du combat

    J'étais allongée sur le dos. Le sol était froid et dur. Rapidement, je retrouvais conscience de mes sens et du monde qui m'entourait. L'air aseptisé. Ma gorge sèche. Ma bouche pâteuse. Mon épaule endolorie. Une respiration à ma gauche. Les grognements et le frottement de quelque chose de lourd un peu plus loin.
    Je gardais les yeux fermés, sans bouger, feignant l'inconscience. Je ne savais pas quelle était la situation actuelle, mais Cheiralba avait besoin de mon aide. Autant profiter au maximum de l'effet de surprise. Toujours sans aucun mouvement, j'utilisais la magie pour étendre mes sens et percevoir mon entourage.
    Je devinais la vieille femme allongée sur ma gauche. De l'autre côté de la pièce se trouvait une naine. Je ne savais pas comment elle était arrivée là, ni même qui elle était. Au centre, le chirurgien avait déplacé Alaïa sur un brancard tout en la menaçant de sa lame. Il allait se mettre en mouvement d'un instant à l'autre avec son otage. C'était maintenant qu'il fallait agir. Néanmoins, avant de tenter quoique ce soit, il fallait le désarmer. De façon suffisamment discrète pour qu'il ne le réalise qu'au dernier moment.
    Thargraktrug soupira.
    Ce serait plus simple de le faire exploser fillette.
    Sauf que ça ne se fait pas d'exploser les gens. Et puis, c'est la vengeance de Cheiralba, pas la nôtre. Désarmons-le veux-tu ?

    Le démon soupira une nouvelle fois, mais ne dit rien. Je sentais sa magie se concentrer au centre de la salle, en plein sur le bistouri de l'expérimentateur. Après quelques instants, ce dernier grogna, sensiblement de douleur, tandis qu'un bruit métallique résonna.
    À cet instant précis, la naine se releva. Elle avait enfin l'ouverture qu'elle guettait et elle était plus que prête à en découdre. Elle se laissa néanmoins surprendre par la rapidité d'analyse et l'absence de stupeur du chirurgien. Ce dernier projeta le brancard sur la pauvre naine avec une force impressionnante et inattendue avant de s'élancer à une vitesse surprenante et de disparaître par la petite porte. L'action avait duré une poignée de secondes. Au vue des capacités physiques de l'expérimentateur, il n'était pas impossible qu'il ait amélioré son corps.
    J'ouvris enfin les yeux. Avant de les refermer aussitôt, éblouie par la lumière.
    — Je commençais à désespérer de vous voir intervenir...
    En plissant les yeux, je devinais la silhouette de Cheiralba, accroupie à côté de moi. Elle repris la parole, toujours sur son ton un peu moqueur :
    — En même temps, il faudrait arrêter avec cette mauvaise manie de s'évanouir.
    J'eus un petit sourire. Sous son air un peu narquois, je devinais du soulagement. Elle venait de s'extirper d'une situation vraiment délicate et le dénouement était plutôt positif, si ce n'était la fuite du chirurgien.
    — Qu'est-ce que j'ai loupé ?
    — Vous êtes revenue à vous, ou c'est une troisième personnalité ?
    C'était donc ça le problème. Que s'était-il donc passé pendant mon inconscience ? Qu'avait-il... ?
    Je n'ai abîmé personne.
    Rassurant. Je pris le temps de m'asseoir avant de plonger mon regard dans celui de la vieille femme.
    — C'est bien moi Cheiralba.
    La naine nous avait rejoint, poussant tranquillement le brancard sur lequel était toujours étendue Alaïa. Elle s'arrêta un peu en retrait, comme pour nous laisser discuter. Elle semblait détachée, mais prêtait malgré tout une oreille attentive.
    La vieille femme laissa passer quelques instants, comme pour me laisser continuer. Puis, voyant que je ne reprennais pas la parole, s'en empara :
    — Je ne vous surprendrai pas si je vous demande des explications sur votre... "allié", comme il se qualifie lui même.
    Je ne pouvais pas tout lui dire. Je n'avais pas oublié Althanéa, toujours présente en ville et elle n'était sûrement pas la seule RepoussOmbre à Miderlyr. Je sentais que je pouvais faire confiance à Cheiralba, ayant elle aussi partagé son secret, mais la naine écoutait. Qui était-elle ? Je ne pouvais pas prendre le risque que certaines informations soient sues par les mauvaises personnes. Néanmoins, je ne pouvais pas laisser la vieille femme sans réponses. Cheiralba était curieuse et perspicace, elle chercherait elle même des explications, avec des conséquences potentiellement désastreuses.
    Je pris quelques secondes avant de répondre. Quelques secondes pendant lesquelles je choisis avec soin les mots que j'allais utiliser.
    — Je... C'est une entité qui a été scellée en moi il y a des années. Si au début la collaboration a été plutôt difficile, je crois que l'on commence à s'y faire.
    — Est-il conscient de ce qui se passe en ce moment ou est-il loin de tout ça et de cette situation ? J'aimerai le remercier pour son aide. J'aimerai en apprendre plus sur vous deux, mais en tout premier point j'aimerai le remercier.
    Je souris. J'appréhendais la réaction de Cheiralba, mais elle dépassait toutes mes espérances. Thargraktrug ne fit aucun commentaire.
    — Je lui transmets.
    — Merci. Merci encore à vous deux. Vous semblez exténuée et l'heure n'est pas aux confidences. Nous avons encore fort à faire. Même si nous avons arraché Alaïa des griffes de Sébastide, je ne serais pas sereine tant qu'il pourra encore pratiquer ce qu'il appelle son art. Je m'en veux de vous demander cela, mais peut-on encore user de votre bonne magie afin de le ramener à nous ?
    — Le ramener, non. Par contre, on devrait être capable de le localiser.
    — Ce serait parfait. En attendant que vous le retrouviez, je vais m'assurer de l'état d'Alaïa.
    La vieille femme se leva avant de se tourner vers le brancard. Elle glissa quelques mots à la naine, que je n'écoutais pas, ma concentration était déjà tournée vers mon sortilège.
    Ne t'embête pas fillette, le draconien le ramène.
    Quel draconien ? J'avais certes loupé des choses, mais je ne pensais pas que la traversée d'un laboratoire serait aussi riche en péripéties...
    Thargraktrug n'ajouta rien, je transmis donc l'information telle quelle. Nous n'avions plus qu'à attendre leur arrivée. Cheiralba était affairée aux côtés d'Alaïa, tandis que la naine s'était tranquillement installée contre un mur.
    Je fis de même. Mon corps avait souffert de ces dernières heures et ces quelques minutes de répit ne pouvait que me faire du bien. Plus qu'à attendre le retour du draconien escortant le chirurgien.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Chompir le dimanche 23 février 2020, 16:53:11
Hundwiin Drakonia III
Vétéran
Jour 6 avant la fin
Dans le labo de Sébastide Hordefeu
À la recherche de l'épée

     Après une discussion de leurs aventures respectives avec Hildegarde, Cheiralba et Syl s'arrêtèrent devant une grande porte qui ne semblait pas très solide. La magicienne fit sauter les verrous et la porte tomba dans un fracas. Derrière se trouvait une salle plutôt propre qui semblait servir aux opérations. Au milieu de celle-ci se trouvait un homme, un instrument à la main, qui tenait un fil plongeant dans le corps de ce qui semblait être une elfe endormie, allongée sur un brancard. À peine eurent-ils le temps de voir la scène que l'homme s'était empressé de saisir un bistouri et de le presser contre la gorge de la jeune Alaïa. Trop fatigués pour réagir, Hundwiin et Hildegarde ne pouvaient que contempler la scène avec effroi. Syl tenta alors de dissuader, sans grand effet, Hordefeu. La magicienne prête à utiliser sa magie s'affala au sol, inconsciente. La situation était critique, seule la femme araignée faisait face au scientifique, et elle ne ferait pas le poids. Hordefeu lança une discussion avec elle, une tentative pour gagner du temps et trouver un moyen de fuir. Hildegarde lança un regard à son camarade en direction d'une porte vers le fond, ils échangèrent un long regard qui disait tout pour des guerriers comme eux.

     ≪ Hundwiin je te fais confiance, je m'occupe de la porte, toi va retrouver ton arme, on ne sert à rien ici. Pour le moment, faisons mine de prendre la fuite et d'abandonner Cheiralba. Je pars devant, dépêchons-nous, tout va dépendre de notre rapidité et du sang froid de l'araignée. ≫

     En tout cas, c'est ce qu'il comprit.

     Hildegarde partit alors dans le couloir, suivit rapidement par Hundwiin qui choisit la direction opposée. Il devait se dépêcher et trouver la sortie, il savait bien que la naine était incapable d'être discrète et qu'arriver à la porte, le plan ne marchera pas comme elle l'espère. Heureusement, le laboratoire était désert, les hommes de main ayant pour la plupart été tués ou pris la fuite.
     Le jeune draconien reprit le chemin par lequel ils étaient arrivés jusqu'à revenir dans la salle où il était retenu plus tôt. Le corps de Sophia était toujours étendu sur le sol au milieu de brancards tombés. Il se dirigea vers la porte par laquelle était arrivé sa sauveuse et tomba sur deux cadavres écrasés derrière une porte qui avait dû être explosée. Le spectacle ne serait pas très beau à voir en règle général mais pour lui, ça n'était rien par rapport à ce qu'il avait vu au plus profond de la faille. Hundwiin enjamba la porte et par la même occasion les cadavres pour finir sur ce qui semblait être une salle avec plusieurs sorties. Le draconien essaya de repérer les chemins qui semblait s'enfoncer plus bas, par chance, un seul semblait descendre. Le jeune prince décida donc de l'emprunter. Au fur et à mesure, l'odeur des entrailles se faisait sentir, montrant qu'il était sur la bonne voie. Il était temps de se dépêcher et retrouver au plus vite sa chère Yoltuz. Heureusement, il était rassuré que personne ne puisse la prendre grâce au pacte qui les relie.


* * * * *

     Après une dizaine de minutes à courir parmi ce dédale de chemins, Hundwiin parvint à retrouver l'endroit où il s'était fait capturer. Il chercha au sol sa fidèle épée jusqu'à la trouver dans un coin. Enfin. Enfin il retrouvait son épée. Avec elle il serait enfin capable de se battre et de venir en aide à Cheiralba. Que se passait-il dans le laboratoire ? Est-ce que l'araignée a pu tenir bon face à Hordefeu ? Est-ce qu'Hildegarde a réussi son plan ? Il n'avait pas le temps pour ses questions, il n'y avait pas de temps à perdre. Hordefeu semblait être un homme beaucoup trop intelligent pour se faire prendre dans le piège de la naine, et surtout, il disposait d'une otage.
     Hundwiin puisa dans le peu de force qui lui revenait pour remonter au labo, le temps pressait de trop. Faisant travailler sa mémoire pour ne pas se tromper de chemin parmi ce dédale, il arriva bientôt à l'entrée du laboratoire. Une bonne demi-heure avait dû passer depuis son départ, il espérait qu'il ne soit pas trop tard, que ses camarades ne soient pas tous mort. Ces pensées faisaient remonter son échec par rapport à ses compagnons d'infortune qui avaient trouvé la mort dans les tréfonds… Non. Non. Il ne devait pas penser à cela. Hildegarde avait survécu. C'était un signe. Un signe de garder espoir. Un signe que ses anciens camarades puissent être toujours en vie, quelque part dans la faille. Cette lueur d'espoir lui rendit quelques forces et surtout, la volonté de venir en aide à sa sauveuse.

     En entrant dans le laboratoire, il tomba nez à nez sur Hordefeu qui semblait prendre la fuite. L'elfe n'était pas avec lui. L'avait-il tué ? Et où était Cheiralba et Hildegarde ? Sans hésiter et en pensant au pire, Hundwiin dégaina son épée et barra la route du scientifique.

     ≪ Tss. Ma parole, que des gêneurs, que des gêneurs ! Toi, dégage de là. Tu te crois capable de me tenir tête ? Regarde ton état, tu tiens à peine debout. Tu es bien trop épuisé.
— Il n'en est pas question ! cria le draconien. Qu'avez-vous fait de mes camarades ?
— Oh, si tu savais… Je te rassure, elle n'a rien senti du tout. Endormie comme elle était, c'était une belle mort. Les deux autres aussi n'ont rien senti. Elles étaient bien trop faibles pour me résister, tout comme toi. Maintenant si tu tiens à la vie, laisse-moi passer.
— Il n'en est pas question ! Vous mentez ! Vous mentez forcément ! Elles ne peuvent pas être mortes. Non c'est impossible ! Vous semblez bien trop pressé de fuir.
— Laisse-moi passer imbécile ! À moins que tu préfères les rejoindre ? ≫

     Hordefeu tenta une percée, il arriva en un éclair face au Draconien et lui décrocha un coup de poing dans l'estomac. La violence de l'impact fit légèrement reculer Hundwiin. Comment ce scientifique pouvait-il être aussi fort ? Avec la fatigue, il fallait faire attention au moindre mouvement de l'homme.

     ≪ Alors mon dragonnet, on abandonne ? Tu vois bien que tu ne tiendras pas longtemps.
— Silence vieux fou. Si tu crois pouvoir me vaincre ici, tu te trompes misérablement. Rien ne se mettra en travers de mon objectif. Je ne peux pas mourir, pas tant que je ne l'aurai pas réalisé.
— Pfff. Ce que vous pouvez être saoûlant vous les Draconiens. Heureusement qu'on peut remercier les Djins de leur travail. ≫
     Ces derniers mots résonnèrent dans l'esprit du prince. Que voulait-il dire par là ? Que s'était-il passé avec les Djins ? Lors de son départ encore récent, les Djins et les Draconiens entretenaient une relation assez pacifiste et disposaient d'accords commerciaux. Non, cet homme n'était qu'une langue de serpent cherchant à le déstabiliser.
     Hundwiin prit le temps de se calmer et renforça sa prise sur son épée. Tant qu'il avait Yoltuz, Hordefeu n'avait aucune chance. Le draconien se concentra sur les mouvements du scientifique. Il allait attendre qu'il passe à l'assaut pour en finir.

     Hordefeu se lança d'un bond vers son ennemi, le prince dragon pris une grande respiration et, d'un coup d'épée, il lui trancha le bras. Dans un cri de douleur, Sébastide s'effondra au sol mettant sa main restante sur la plaie béante. Hundwiin approcha sa lame et l'appuya contre son cou. La situation était renversée et le scientifique se retrouvait dans une situation proche de ce qu'il avait fait subir à l'elfe.

     ≪ Espèce de draconien de merde, tu vas me le payer sale fils de chien ! Comment as-tu pu oser ?! Je refuse de mourir ! Je ne peux pas mourir ! Mon oeuvre, mon oeuvre n'est pas terminée ! Je dois la continuer ! J'en suis si proche ! Si proche… Hordefeu sombra en larmes.
— Sache que je me retiens de te trancher la tête. Mais je pense que certaines personnes ont plus de raison de te tuer que moi. Je vais te ramener devant elles vieux fou et tu vas payer pour toutes ces atrocités que tu as pu commettre. ≫

     Hundwiin attrapa le scientifique et le mis sur ses épaules. L'homme ne sera plus capable de rien, il était fini et ne faisait que hurler un mélange de rage et de douleur. Le draconien pris la direction de la salle d'opération en espérant tomber sur ses camarades.
     Après quelques minutes de marche, il parvint devant la porte, au sol menant à la salle opératoire. Il y découvrit Hildegarde et Cheiralba mais surtout Syl qui avait repris connaissance, autour du corps d'Alaïa.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Vaati the Wind Mage le samedi 07 mars 2020, 17:48:33
Alaïa
Vétéran
Jour 6 avant la fin
Dans le labo de Sébastide Hordefeu
Le réveil


Une douleur vive s’était propagée dans tout mon corps. C’était tout ce que je pouvais ressentir, tout ce que percevais, mais je n’étais pas capable d’hurler, de communiquer, ou simplement de bouger. Petit à petit, des sons, distants, commencèrent à parvenir jusqu’à mon oreille, et une lumière, blanche et éblouissante, m’aveugla quelques instants. Je pus alors reprendre contrôle de mon corps. J’étais encore dans cette espèce de salle de chirurgie où j’avais été acheminée précédemment, aux côtés de Cheiralba, Syl, et d’une naine et d’un draconien que je n’ai pas pu reconnaître. Sébastide était attaché, faisant face au petit groupe, et ayant perdu un bras. Dès que je fus complètement réveillée, je voulu hurler, mais la douleur était si violente que je ne pus même pas respirer. Cheiralba se précipita vers moi, et je lançai vers elle un regard désespéré, tandis que des larmes coulaient le long de mes joues.
“Ne t’inquiètes pas, tout va bien se passer, dit-elle. Nous tenons Sébastide captif, tu es en sécurité avec nous.”

Petit à petit, la douleur devint moins diffuse, et tandis qu’elle se dissipait, je poussai des cris, pleurant à cause de son intensité. Mais rapidement, quelque chose me frappa : je n’étais pas capable de bouger mon bras droit, et il me faisait beaucoup plus mal que le reste de mon corps. Lentement, terrifiée par ce que j’allais découvrir, je tournai la tête vers ma droite. Mon bras… mon bras semblait être fait d’une surface noire, lisse, froide. Je portai ma main gauche sur ma bouche, et poussai un autre cri.
“M…. mon bras ?! Qu’est ce que vous avez fait à mon bras. ?”

Je me mis alors à sangloter, choquée de ce que je venais de voir.

“Je suis navrée, me dit alors Cheiralba. Tout ce que j’ai pu faire, ça a été d’achever ce que Sébastide avait commencé : j’ai recousu votre bras. Je m'engage, si vous le souhaitez, à l'amputer s'il vous répugne trop, mais je ne pouvais pas prendre cette décision à votre place. Il fallait que j'attende votre réveil… Prenez votre temps.”

Sans lui répondre, je la regardai, toujours en sanglotant, tentant d’exprimer tout ce que j’étais incapable de dire. La douleur finit enfin par se dissiper, et je me redressai, tentant de me tenir plus droite : je ne pouvais pas supporter de m’humilier davantage. Mon bras pendait, inerte, ne faisant que me rendre plus inutile encore. Je ne pouvais déjà presque pas me battre avant, j’étais à présent handicapée. Tentant encore de saisir tout ce qui venait d’arriver, je tournai la tête vers Cheiralba, et c’est en voyant son air compatissant que je compris alors ce qu’elle et Syl venaient d’accomplir.

“Vous… vous m’avez sauvée ? Mais… Pourquoi ? Pourquoi avoir pris ce risque ?
Il était hors de question de te laisser aux mains de Sébastide. Par ailleurs, il me fallait des réponses. Il fallait que je le vois, que je le questionne… “

Je me mis à tousser, fébrilement, puis je tentai de descendre de la table d’opération, aidée par Cheiralba, qui soutint mon corps. Tournant la tête vers ma gauche, je vis, posé dans une coupelle en bois sur une table encombrée par plusieurs instruments de chirurgie, le bras qu’il m’avait arraché, baignant dans une petite flaque de sang. Me retenant de pleurer à nouveau, je dirigeai un regard haineux vers Sébastide.  Celui-ci me rendit mon regard par un sourire sordide.
“Tellement de potentiel gâché, soupira-t-il alors. Si j’avais pu t’achever, tu aurais pu être l’unes de mes plus glorieuses créations…
-Qu’est ce que… qu’est ce que vous m’avez fait ?
- Là n’est pas la question, ma petite… La question est plutôt qu’est ce que tu aurais pu devenir ? Si cette expérience avait abouti, toi et moi, nous aurions pu accomplir tant et tant de choses… sans moi, tu ne seras qu’un autre monstre de foire lâché dans ce monde.
- Je… je ne comprend pas.
- Bien sûr que tu ne comprend pas. Tu n’as jamais été en capacité de comprendre.”

Cheiralba s’avança vers lui tandis que nous parlions. Elle le fixait, une expression d’intense mépris se lisant sur son visage. Alors qu’elle le fixait ainsi, je lui trouvais l’air plus digne et plus noble encore qu’auparavant. Les deux se fixèrent ainsi pendant quelques instants, l’un ayant le regard fixe, impassible, presque mort, l’autre le toisant de haut en bas, contenant visiblement toute sa colère.

“Tu ne m’as toujours rien dis depuis que je suis revenu A54. Tu semblais pourtant brûler d’impatience de me questionner tout à l’heure. Quelle est la raison de ce silence inopiné ?”

Cheiralba ne lui dit rien. Elle se rapprocha de lui, puis se pencha afin de se mettre à son niveau, puis le regardant droit dans les yeux, une expression presque apaisée mais néanmoins ferme sur le visage, elle dit :

“Je n’ai pas besoin d’en savoir d’avantage.”

Tout d’un coup, avec une violence que jamais je ne lui aurais prêté, Cheiralba se jeta sur le scientifique, le plaquant contre le sol. Elle planta une dernière fois son regard dans celui de Sébastide. Une lueur de défi brillait dans les yeux du scientifique, comme s’il défiait sa création de le tuer. Soudainement, Cheiralba découvrit son dard, et le planta dans la chair de Sébastide. Celui-ci commença à se convulser, de l’écume sortait de sa bouche. Il se mit à émettre un faible râle, mais Cheiralba laissait son dard planté dans son corps. Au bout d’une vingtaine de secondes, Sébastide cessa ses convulsions. Son corps se raidit. Il était mort. Alors, seulement, Cheiralba ôta son dard, reprit sa posture droite, puis considéra le corps qui était à ses pieds : son créateur gisait, son visage baignant dans l’écume qui sortait de sa bouche et le sang qui coulait de son bras. Me tenant à côté d’elle, je regardais ce corps avec un mélange de haine et de soulagement. Puis, je jetai un premier regard vers ces autres personnes à qui je devais la vie, puis fis quelques pas vers eux.

“Je…. je vous dois la vie.”

Je me tenais là, face à eux, misérable, baissant les yeux. Ils n’avaient aucune raison d’être venus me chercher, et il était stupide de croire que leur but principal avait été de me sauver, et je ne m’en rendais compte que maintenant. Si je n’avais pas été enlevée par Sébastide, je ne m’en serais pas sortie. Parce que je ne suis pas importante, pour personne. Pourquoi le serais je ? Je ne suis qu’une elfe faible, incapable de se battre. Et j’ai beau avoir changé, j’ai beau m’être renfermée, je suis toujours cette elfe niaise qui n’aspirait qu’à faire le bien avec ces objectifs stupides, et qui n’était même pas capable de voler correctement. Tôt ou tard, j’allais retourner à ma solitude. C’était là qu’était ma place, après tout. Toute ma vie, je n’ai aspiré qu’à attirer l’approbation ou la sympathie de quelqu’un. C’est tout ce que je peux faire. Je voulais être une bonne voleuse pour m’attirer la fierté d’Alabaross après avoir rejoint la Guilde, et je voulais par dessus tout rester près d’Öhlraj. L’un était probablement mort, l’autre m’avait abandonné. Et c’était ma destinée de perdre tous ceux en qui j’accordais ma confiance. Cheiralba, Syl… personne ne pourrait combler ce vide que j’avais en moi, parce jamais je ne pourrais être importante pour qui que ce soit. Jamais je n’aurais de valeur. Jamais je ne pourrais être utile. Au contraire, tout ce que j’avais jusque là, c’était mettre tout le monde en danger en me faisant enlever comme une idiote, et à devenir plus handicapante encore. Et même quand j’avais essayé de faire le bien, tuant des membres de la Croisade, qui sait quelles en ont été les conséquences à la surface ? Le mieux que je pouvais faire, le seul cadeau que je pouvais délivrer à ce monde, c’était de disparaître, silencieusement, dans la cave où je me terrais, après avoir quitté ce laboratoire, pour y mourir, rapidement, sans souffrance. Personne ne serait là pour me pleurer, je ne manquerai à personne. De toute manière, il n’y a jamais eu personne pour me pleurer. Suite à toutes ces réalisations, qui m’étaient parvenues grâce à ce sauvetage, j’empêchai les larmes de couler le long de mes joues, puis, me redressant, dis d’un ton froid, bien que j’ai tenté d’y insuffler toute la fausse joie que je pouvais :
“Jamais je ne pourrai vous remercier comme il se doit.
- Ne perdons pas notre temps en galanteries, dit alors la naine. “

Dès qu’elle eût fini sa phrase, elle me jeta un regard perplexe.

“Il faudrait plutôt déterminer la suite des événements.”
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Yorick26 le lundi 06 avril 2020, 22:35:19
≪ Il faudrait plutôt déterminer la suite des événements. ≫

Les regards s'étaient tournés naturellement vers Cheiralba. La vieille femme sentit tout d'un coup son corps prendre conscience de son âge, qui plus est avait été particulièrement meurtri ces dernières heures. L'adrénaline et l'instinct de survie avaient jusqu'à maintenu en arrière la fatigue. Elle pouvait maintenant se reposer et réfléchir. Il y avait des questions qu'elle n'avait pas encore eu le temps de se poser. Ce que lui réservait son avenir en était une.

Les regards posés sur elle en disait long. Ils la considéraient à l'heure actuelle comme leur chef. Après tout, c'était elle qui avait lancé cette investigation dans les souterrains. Elle avait rencontré Alaïa et l'avait engagé. Syl les avait sauvées et les avait rejointes. Hundwiin et Hyldegarde avaient été sauvés sur le chemin. Et maintenant ? Maintenant, elle avait eu sa vengeance. Peut-être aurait-elle pu attendre un peu avant de tuer Sébastide pour lui soutirer des informations, mais elle n'avait pas pu se retenir. Il y avait cette colère, cette rage qu'elle avait enfoui au plus profond d'elle. C'était fait, mais elle regrettait. Elle qui avait passé les trois dernières années à aider les plus nécessiteux, elle avait laissé parler sa haine et ne s'était plus contrôlée. Pour tout dire, elle s'était faite peur.

≪ Je suis désolé. Je ne sais pas quoi faire ensuite. J'imagine que la première chose à faire est de sortir d'ici et de reprendre nos vies. Bien qu'elles ne soient pas très glorieuses, elles étaient tout de même moins dangereuse que ce qui nous est arrivé. Pour ma part, avec la permission d'Alaïa, j'aimerai examiner son bras et m'assurer qu'il n'évolue pas de manière anormale. J'ai vu des choses faites par cet homme qui me donnent le frisson. Je ferais tout pour que cela ne t'arrive pas.
ㅡ Je crois que… que ça va aller. Je ne suis pas sûr de vouloir être l'objet de nouvelles expériences.
ㅡ Nous ne te ferons pas de mal, intervint Syl. Nous sommes responsables de ton état et même si nous sommes venus pour te sauver, nous n'avons pas réussi à te récupérer indemne. Je ne crois pas que des expérimentations fassent partie des intentions de Cheiralba. Il s'agit d'une personne bonne et honnête de ce que j'ai pu en juger.
ㅡ Effectivement, reprit Cheiralba. Si nous ne nous soucions pas de ton sort, nous n'aurions pas tout fait pour te sauver. Tu m'as aidé à arrêter Sébastide et je te suis redevable pour milles raisons. Comme tu peux le voir, je ne suis pas tout à fait humaine non plus. Je crois que tu l'avais compris. Je suis le fruit de Sébastide, tout comme toi. Sauf que je n'ai pas vécu avant de le rencontrer. Je suis née telle qu'il m'a conçu. Et j'ai réussi à me faire une vie loin de son influence ; il n'y a donc aucune raison que tu ne puisses pas faire de même. Il est hors de question de te faire souffrir à nouveau, mais je ne peux pas, après t'avoir arrachée aux mains de Sébastide, m'arrêter à mi-chemin. Je dois garder un oeil sur toi. Au moins pour un temps. Jusqu'à ce que je m'assure que tout aille bien. ≫

Comme pour s'assurer que tout allait le mieux, gênée d'être le nouveau centre de l'attention, Alaïa mobilisa son bras. Les mouvements étaient plus fluides que tout à l'heure à croire que de minute en minute elle réapprenait à s'en servir. La peau restait noire et brillante comme l'obsidienne, mais elle semblait avoir gagné en souplesse. En voyant cela, la vieille femme ne put s'empêcher de sourire. Cela rassura un peu la jeune elfe. Ce fut cette dernière qui reprit la parole :

≪ Vous voyez ? Je me sens mieux  de minute en minute. Vos soins sont prodigieux.
ㅡ Je ne suis pas sûr que mes soins soient les seuls responsables de votre guérison aussi rapide. Je crois que cette nouvelle peau que vous avez obtenue possède un certain nombre de vertus. Notamment celle de se régénérer et de cicatriser plus vite que ce que permet une peau d'elfe normale.
ㅡ Avant qu'il ne m'anesthésie, je crois me souvenir qu'il m'avait parlé de cette peau qu'il voulait me greffer. Maintenant qu'on en parle, cela me revient peu à peu. Il a parlé d'une race, qui s'appelle l'Etrobsi. Leur peau est très résistante, mais cela compense un manque de force. Je crois qu'il voulait me rendre invincible… ou quelque chose comme ça.
ㅡ Je n'ai jamais entendu parlé de cette race. admit Cheiralba.
ㅡ Il s'agit d'êtres informes, conscient mais incapables de prendre suffisamment de consistance pour se déplacer correctement ou construire quoi que ce soit. précisa Hyldegarde. ≫

La jeune naine, qui jusque là n'avait rien dit, fut soudain le centre des attentions de tous les protagonistes. Remarquant sa fatale erreur, elle qui voulait en finir le plus vite possible et se faire discrète poussa un long soupir. Elle n'en avait pas envie, mais s'il fallait en passer par là, elle donnerait les explications que les yeux tournés vers elle semblaient réclamer.

≪ Nous avons asservi il y a bien longtemps ce peuple. Vous pouvez me juger s'il vous le souhaitez. J'aurais bien des choses à dire sur vos pratiques, ici même à Miderlyr. Bientôt on apprendra que cette Fracture est entièrement votre faute. ≫

A ces mots, Syl détourna le regard. Elle était partagée entre l'idée qu'elle ait pu contribuer à la catastrophe qui avait sévi il y a trois ans et le fait qu'elle soit obligée de retenir Thargraktrug d'étrangler la naine. Elle fixa son attention sur l'anneau finement gravé qu'elle sortit de sa poche. Elle avait presque failli oublier la mission qu'elle s'était donnée. Peut-être que ce n'était pas de sa faute. Peut-être que cela l'était et peut-être que ce ne serait pas réparable. Elle n'arrivait pas à l'accepter, mais surtout, elle ne pouvait pas rester là sans rien faire alors qu'un autre rituel de grande ampleur se tramait dans les souterrains de la ville.

≪ Nous les avons utilisés pendant des siècles comme protection. Rien ne peut les traverser, rien ne peut les scinder en deux. De leur vivant, ils ont la dureté de la pierre, mais la fluidité de l'eau. Une fois mort, ils se figent ne gardant que la première des propriétés. Parfois, nous en trouvions dans les mines, coincés entre deux rochers comme un filon d'obsidienne. Nous avons eu alors l'idée de les étouffer entre deux plaques de métal. Après avoir donné forme à ces deux plaques de métal pour façonner une fausse armure, il n'y avait plus qu'à attendre trois semaines et trois jours pour révéler l'armure la plus résistante qui soit : un assemblage d'Etrobsis morts.
On n'en trouve plus dans les Terres Bannières à présent. Leur espèce a disparu depuis des générations et leurs armures faites pour un nain ne sont souvent pas assez ajustées pour pouvoir être utilisées à nouveau. Je ne sais pas comment ce savant fou à réussir à s'en procurer un et encore moins il a fait pour tenter de le greffer à votre bras, mais s'il a réussi, c'est à mon sens un véritable don.
ㅡ Un don ? répéta l'elfe.
ㅡ Exactement. C'est cependant qu'il n'ait eu le temps de faire que votre bras. Imaginez vous un peu, recouverte de la tête au pied de cette peau noire. Ni les armes, ni la magie ne pourrait alors vous atteindre. C'est la meilleure des protections. s'enthousiasma la naine.
ㅡ C'est mieux ainsi. reprit Cheiralba. Tant que nous ne connaissons pas les conséquences de ce genre de greffe sur une elfe, il est préférable de ne pas s'emballer. Je crois avoir vu ce que cela donnait sur un humain, et il n'y a rien de bien à en tirer. Et même si, dans le meilleur des cas, une greffe de peau totale prenait, qu'adviendrait-il d'Alaïa ? Elle serait coincée dans une armure. Pourrait-elle encore respirer ? Pourrait-elle encore pratiquer la magie ?
ㅡ Je vous en prie… Cessez de parler de moi comme si j'étais une nouveauté ou une attraction. Je peinais déjà à m'accepter en tant qu'âme perdue au milieu de ces souterrains, me voilà affublée d'une nouvelle difformité. Vous parlez de moi comme si je n'étais plus une personne mais un enjeu. Vous ne valez pas mieux que ce Sébastide. Pourquoi m'avoir sauvé ? Ne vouliez-vous donc que sauver l'expérience de ce Hordefeu ? s'emporta Alaïa.
ㅡ Si, ça n'avait tenu qu'à moi… répondit discrètement la naine dans sa barbe.
ㅡ Ce n'était pas mon intention. Je te prie de m'excuser. C'est bien toi que nous voulions sauver. Toi, Alaïa. Celle qui m'a amené jusqu'ici et sans qui rien n'aurait été possible.
ㅡ Et celle qui a payé de son corps pour que tu puisses parvenir à tes fins. Si je ne t'avais pas croisé, j'aurais continué à survivre sans rien demander à qui que ce soit. C'est de ta faute ! Tout ça est de ta faute et tu ne t'en sors qu'avec une petite blessure à l'épaule. ≫

Le désespoir et la fatigue, masqué par la colère, se lisaient dans les yeux de la jeune elfe. Elle était fatigué de tout cela. Fatiguée de vivre encore et encore en attendant que le temps fasse son oeuvre. Elle ne pouvait se résoudre à se donner la mort. Ce n'était pas à elle de décider, mais elle attendait que le moment vienne. Au lieu de cela, elle héritait d'une nouvelle difformité qui, potentiellement, repoussait un peu plus son échéance.
Cheiralba s'approcha de la jeune elfe pour tenter de la calmer et de la consoler, mais sa réaction fut vive et haineuse. Elle se dégagea du semblant d'étreinte de la vieille femme et laissa sa colère s'exprimer :

≪ Lâchez-moi, espèce de monstre. Cela aurait dû être vous. Je vous déteste. Je vous hais au plus… Qu'est-ce que … ?≫

Alaïa sentit une brûlure lui remonter progressivement le long de la jambe, suivi rapidement par une sensation d'engourdissement. Elle n'avait ni vu ni senti lorsque la vieille femme avait planté son aiguillon dans son mollet. Lorsqu'elle comprit ce qu'il se passait, la jeune elfe se contenta de dire ≪ Vous m'empoisonnez. ≫. C'était un constat, mais c'était aussi un reproche. Cette phrase signifiait la fin du peu de confiance qui demeurait entre les deux femmes. Alaïa tenta de s'éloigner la femme araignée, mais au bout du second pas, ses jambes se dérobèrent sous elle et elle s'effondra sur le sol. Cheiralba fut assez proche d'elle pour qu'elle ne se brise pas le crâne dans sa chute.
Les deux femmes partagèrent leurs larmes. L'une pleurait de culpabilité, l'autre de rage. Quand la respiration de l'elfe fut plus calme, signe qu'elle s'était endormie, la femme araignée proféra des excuses :

≪ Je suis désolé, Alaïa. Cela te fait encore beaucoup trop à assimiler d'un coup. Même si tu as dormi pendant l'opération, ce n'était pas reposant. Ton corps lutte encore. Ton esprit se retourne contre ce qu'il peut et essaye de comprendre. Je ne peux pas t'en vouloir. A nous aussi il nous faut du temps. ≫

Personne autour d'elles n'osaient dire un mot. Tous avaient l'impression que ce qu'ils pourraient dire dans cette situation serait au mieux gênant, au pire déplacé. Alors ils s'abstinrent.

≪ Syl. Je te la confie. J'aimerai pouvoir l'aider, mais elle a raison. C'est de ma faute si Sébastide lui a fait cela. Je l'ai amené à lui.
ㅡ Tu sais très bien que ce n'est pas de ta faute. Cet homme est le seul responsable de tout ceci. Il est le premier à t'avoir fait souffrir. C'est encore lui qui a capturé Alaïa. C'est encore lui qui a choisit d'expérimenter sur elle. Ne t'inquiète pas, elle comprendra.
ㅡ Pas si je reste avec elle. Peut-être que si je lui laisse le temps, alors oui, elle comprendra. Mais si je reste à ses côtés, à surveiller sa blessure et que tout aille bien, elle ne verra en moins que mon sentiment de culpabilité et, par conséquent, la raison de son handicap. C'est pour ça que je te demande cela. Je sais de quoi cela a l'air. Je donne l'impression de me défausser d'une charge que je ne voudrais pas, alors que c'est le contraire. J'aimerai pouvoir l'aider, mais je crois que le meilleur moyen de lui permettre d'accepter tout cela, c'est d'être aux côtés de quelqu'un qui se soucie d'elle et en qui elle peut avoir confiance. Et je ne corresponds qu'à une seule des deux catégories.
ㅡ Madame, intervint Hundwiin, ne vous inquiétez pas pour elle. Elle saura retomber sur ses pieds. Maintenant que le Portail au fond de la Faille est fermé, Miderlyr devrait reprendre son train de vie habituel.
ㅡ Que dîtes-vous ? tiqua Syl.
ㅡ Ce n'était donc pas seulement sous l'effet du choc et de l'anesthésie. Vous pensez vraiment que la fracture a eu lieu il y a quelques semaines. comprit soudain la vieille femme.
ㅡ Bien sûr que oui. Plusieurs jours après la Fracture, nous avons formé de valeureux guerriers et nous sommes descendus à l'intérieur de la faille afin de détruire la source de tout ces monstres. Je pensais être le seul en avoir réchappé, mais la présence d'Hyldegarde prouve le contraire.
ㅡ Vous faisiez partie des Paladins de la Faille ? précisa Syl.
ㅡ Oh ! Je vois que notre renommée nous précède. Je ne pense pas que notre réputation serait faite avant que j'ai pu remonter à la surface. Surtout en si peu de temps. Mais il faut avouer que mes camarades et moi avons fait quelque chose d'admirable.
ㅡ Je suis désolé, mais je crains que ce que je vais vous annoncer vous choque. De ce qu'on sait, les Paladins de la Faille sont tous morts… il y a plus de quatre ans.
ㅡ C'est impossible. Hyldegarde, dîtes-leur.
ㅡ Hey ! Ne vous servez pas de moi pour raconter vos histoires. Je ne peux pas dire qui a raison, mais l'un se trompe forcément. Il me manque des morceaux de mémoire. Au moins quelques semaines d'après vous, plus de trois ans d'après d'autres. S'il me paraît invraisemblable d'avoir perdu les souvenirs de plusieurs années, ces deux femmes semblent d'accord. Deux avis valent mieux qu'un.
ㅡ Mais mon avis compte. Vous me connaissez, tout de même.
ㅡ Non. ≫

La réponse fut brève, mais elle ébranla le Draconien. Qui devait-il croire ? S'il ne croyait pas en lui, que devait-il croire. Il était complètement perdu.

≪ Mais, je ne comprends pas. Vous y étiez. Je vous ai vue. Il y avait Roland Vonldrann, un de vos congénères. Il y avait Madame d'Euphorie, Byleth Danilys et Wraexius Hex. Je ne me souviens peut-être plus de tous les noms. Mais je suis sûr de vous avoir vue. ≫

Le désarroi qui assaillait Hundwiin était tant palpable qu'il ne vint à personne l'idée de répondre et de lui dire qu'il se trompait. Il saisit sa tête entre ses deux mains massives comme pour l'empêcher d'exploser.

≪ Vous êtes tous fous.
ㅡ Je ne peux que parler pour moi. J'ai perdu la mémoire et peut-être nous sommes nous rencontrés. Je me souviens avoir rejoint d'Euphorie dans cette entreprise insensée qu'est de s'enfoncer dans la Faille afin de… Je ne sais pas ce que nous souhaitions faire, mais nous étions pleines de bonnes intentions. Peut-être que nous avons formé un groupe appelé les Paladins de la Faille. En tout cas, ces dames ont l'air de connaître leur existence. Je ne suis pas folle, je suis amnésique et cela me chagrine bien plus que ce que vous pouvez imaginer. S'il y a quelqu'un qui a l'air de devenir fou, c'est vous.
Imaginons… Nous nous sommes tous les deux approchés de très près de la faille. Nous souffrons tous les deux d'amnésie. Peut-être souffrons-nous des mêmes maux.
ㅡ Je ne suis pas amnésique. ≫

Hyldegarde ne répondit pas. Elle s'était déjà beaucoup trop impliqué dans cette discussion. S'en suivit alors un silence assez pesant où tout le monde assimilait les dernières informations. Cheiralba fut la première à rompre le calme apparant en se levant. Elle commença par ajuster comme elle put sa tenue. Elle était déchirée à de multiples endroits et il en manquait une grande partie. Elle essaya encore quelques instants de faire bonne figure, mais même ses talents de tisseuse ne parvinrent qu'à raccommoder quelques accrocs ici et là. Alors qu'elle secrétait quelques fils de soie nécessaires à son travail, Syl ouvrit la porte aux confidences.

≪ Vous vous souveniez de lui ?
ㅡ Absolument pas. J'étais trop petite, répondit la femme araignée sans demander de qui elle voulait bien parler. Je ne l'ai pas vraiment connu, mais mes parents… mes parents adoptifs étaient honnêtes avec moi et m'ont expliqué que j'étais le fruit d'une expérience, d'une commande. Je sais que cela peut paraître froid et impersonnel, mais je vous jure qu'ils m'aimaient. Ils m'aimaient comme un membre de leur famille. J'aurais dû mourir avec eux. Je… J'arpentais les rues de la basse-ville à la recherche d'indices sur l'assassinat de la fille de la famille Valérianne lorsque la Fracture est survenue. Depuis je me suis cachée. Comme une lâche. Je n'ai ni trouvé son assassin, ni pu venir en aide à ma famille. Je les ai abandonné.
ㅡ Ne vous en voulez pas. Nous nous sommes tous retrouvés à devoir faire des choix où il n'y avait aucun bon choix. C'est dans les pires moments que l'on fait face aux pires dilemmes.
ㅡ C'est gentil de vouloir me réconforter Syl. Je… J'aurais… Je vais bientôt mourir. Le temps s'écoule plus vite pour moi que pour vous. Je ne dois pas être plus âgée que vous deux, mesdemoiselles. Et pourtant, vous me voyez-là, devant vous comme une vieille femme usée. Si je survis encore un ou deux ans, j'aurais de la chance. Et qu'ai-je accompli pendant ces trois ans ? J'ai tenté de soigner de pauvres âmes qui ont dû succomber quelques instants plus tard.
ㅡ Vous avez arrêté cet homme fou. ≫

C'était Hundwiin qui avait interrompu la conversation. Il n'osait pas lever la tête, mais avait pensé pendant quelques secondes à autre chose.

≪ J'ai arrêté Sébastide. C'est vrai, répéta Cheiralba.
ㅡ Ce n'est pas une mince chose, confirma Syl. Ce n'était pas qu'une vengeance personnelle. C'était un monstre et vous avez bien fait. Repensez à l'homme que vous avez promis de sauver. Certes vous ne pouviez rien faire pour lui, mais combien d'autres seraient tomber entre ses griffes. Rien que parmi nous, il y en a deux qui vous doivent la vie. ≫

La vieille femme se mit à réfléchir. Peut-être avaient-ils raison après tout. Mais cela ne suffisait pas à la consoler. Il fallait qu'elle en fasse plus. Elle avait une dette envers sa famille, et elle… Sa décision était prise. Cela faisait un moment qu'elle gardait cette idée en tête, mais il fallait qu'elle le vérifie. Remotivée, elle tira d'un coup sec sur ses vêtements, se détourna de ses camarades et déclara :

≪ Je reviens. Syl, encore une fois, je vous confie Alaïa. Je sais que je me répète, mais je tiens à elle. Sans elle, je n'aurais pas pu donner un sens à ma vie. Je vais fouiller le laboratoire et je préfère ne plus être là lorsqu'elle se réveillera. Sébastide a eu depuis la Fracture plusieurs laboratoires. Il y a forcément quelqu'un derrière tout ça. D'où vient le matériel ? Comment cela a pu être construit ? Quelqu'un devait le financer et je veux savoir qui. Lui aussi mérite de mourir. Ce sera ma nouvelle quête.
ㅡ Je viens avec vous, s'empressa de dire Hundwiin derrière elle ≫
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Yorick26 le mercredi 29 avril 2020, 12:35:28
Cheiralba et Hundwiin
Vétéran
Jour 6 avant la fin
Dans le bureau de Sébastide Hordefeu
Le carnet brûlant

Cela faisait maintenant plus d'une heure que Cheiralba et Hundwiin fouillaient dans le bureau de Sébastide Hordefeu. Ils avaient trouvé un petit local dans une pièce reculée évidemment désorganisée. Des dossiers s'empilaient par terre formant des tours à l'équilibre précaire, certains s'étaient déjà renversées. Peut-être que les différentes explosions de Syl avaient leur part de responsabilité. Toujours est-il que ce désordre ne facilitait pas la tâche : impossible de savoir où commencer à chercher.

≪ Ce serait tout de même plus aisé si on savait au moins ce qu'on cherche. se plaignit le draconien.
ㅡ Je vous l'ai déjà dit. Tout ce qui peut nous mettre sur la piste d'un commanditaire.
ㅡ Cela aurait été plus simple s'il avait rangé tout cela. C'est une espèce de foutoir. Comment pouvait-il s'y retrouver là dedans ?
ㅡ Pouvait-on s'attendre à mieux de la part de ce savant fou…
ㅡ Est-on sûr qu'il y ait un commanditaire, au moins ?
ㅡ Comment le saurais-je ? Je pense que c'est le cas. Il y a forcément un financement quelque part.
ㅡ Pourquoi cherchons-nous quelque chose qui n'existe peut-être pas ? Nous pourrions tout simplement partir et reprendre nos vies.
ㅡ Moi, peut-être. Même si j'ai envie de faire plus. Vous, cela me semble compromis.
ㅡ J'oubliais que vous êtes intimement persuadée que nous avons fait un bon dans le temps et que l'histoire a basculé dans je ne sais quelle frénésie.
ㅡ Il n'y a qu'en rejoignant la surface que nous n'aurions une réponse, mais si vous êtes ici à chercher dans ces papiers, au lieu de remonter, c'est que vous avez peur d'avoir tort et de découvrir la vérité. Il le faudra bien, même si elle ne vous plaît pas.
ㅡ Vous viendriez avec moi ?
ㅡ Pas sans une bonne raison. Si je ne trouve pas de raison de remonter, je ne le ferai pas. Je ne risquerai pas ma vie là-haut. Je vivais déjà recluse avant la Faille, je n'irai pas dans la cité juste pour me prouver que j'ai raison.
ㅡ Que ferez-vous alors, si vous ne trouvez rien ?
ㅡ Je ne sais pas. J'imagine, que je reprendrais mes soins clandestins. Même si Sébastide Hordefeu est hors d'état de nuire, j'aurais de quoi faire. Peut-être même pourrais-je utiliser son matériel... ≫

Le Draconien n'osa rien dire de plus et reprit ses recherches. Peut-être que la vieille femme avait raison. Il aurait pu partir vers la surface pour prouver qu'il avait raison et ensuite prouver sa valeur, retrouver son royaume. Et glorifier ses compagnons de route. S'il ne l'avait pas encore fait c'est que le doute s'était immiscé. Il était le seul à ne pas croire en cette perte de mémoire. Et si … ? Chaque remise en question lui était inconcevable. Qu'était-il devenu de son royaume ? Il n'osait pas le demander à Cheiralba de peur d'entendre une réponse qui ne lui conviendrait pas. Si elle n'avait rien dit sur le peuple des Draconiens, peut-être n'y avait-il rien à dire ou alors la réponse était-elle si terrible qu'elle n'avait pas osé le lui dire pour le ménager.
Auparavant, il ne se serait jamais laissé aller ainsi. Il savait ce qu'il avait vécu et pourtant il se laissait se mettre en doute par des inconnus. Peut-être avait-il sous-estimé la fatigue qu'il éprouvait… Après tout, il revenait d'une dure épreuve. Héroïque même et il en était ressorti… Peut-être pas indemne, mais il avait survécu. Il avait peut-être dormi pendant plusieurs années, comme tombé dans un état de sauvegarde et de préservation avant d'être retrouvé par ses hommes du laboratoire. Mais si tel était le cas, cela voudrait dire qu'elles avaient raison. C'était inconcevable. Et Hyldegarde…

Hundwiin se rendit compte que cela faisait plusieurs minutes qu'il ne cherchait plus et qu'il était perdu dans ses pensées. Délaissant la pile de papiers sur lesquels étaient griffonnés des textes illisibles aux côtés de dessins qu'il pensait être des schémas anatomiques, il reporta son attention sur le prochain objet. Il s'agissait d'un petit cahier comme il n'y en avait plusieurs autres dans la salle à ceci près que celui-ci se trouvait près du Draconien. Ce dernier le saisit sans ménagement au risque d'écorcher la couverture de cuir avec ses griffes, puis sous l'effet de la surprise le lâcha précipitamment. Le bruit de sa chute ne fut pas impressionnant, mais suffit à attirer l'attention de Cheiralba qui, devant le visage surpris du Draconien, ne put s'empêcher de demander :

≪ Quelque chose ne va pas ?
ㅡ Non, ce n'est rien. J'ai été surpris. Ce cahier est bouillant.
ㅡ Voyons voir cela. ≫

La femme araignée rangea ce qu'elle était en train de lire de manière à pouvoir reprendre sa lecture là où elle en était facilement, puis se rapprocha du dit-cahier. Lorsqu'elle voulu s'en saisir à son tour, elle se ravisa. Il émanait effectivement une chaleur torride à l'approche du cahier si bien qu'elle était sûre de s'infliger des blessures profondes si elle allait juqu'au bout de son geste. Au lieu de cela, elle regarda attentivement l'ouvrage remarquant que les feuilles empilées sous lui ne prenaient pas feu.

≪ J'imagine que vous n'aviez pas senti cette chaleur avant de vous saisir de ce cahier ?
ㅡ Je ne sais pas vraiment. Je n'y ai pas fait très attention, je l'ai pris machinalement et ce n'est qu'après que j'ai senti une impression de chaleur. Il n'est pas fréquent que je ressente une telle impression en dehors de chez nous. Notre peau est particulièrement résistante.
ㅡ Je sais. C'est pour ça que je suis d'autant plus surprise qu'avec une telle chaleur que cette salle n'ait pas pris feu avant. De la magie très probablement. Ce qui voudrait dire que ce livre est protégé et, par conséquent, il a quelque chose à cacher.
ㅡ Vous voulez que j'appelle la magicienne ?
ㅡ Je ne sais pas. Vous pouvez le manipuler ?
ㅡ J'ai dit qu'il était bouillant, mais en vérité, il est tout juste chaud. Pratiquement tiède. ≫

Cheiralba sourit. Hundwiin faisait preuve d'un orgueil si mal caché que c'en était presque ridicule, mais la vieille femme s'abstint de relever. Elle savait que la peau des Draconiens était effectivement résistante et peut-être que Hordefeu n'avait absolument pas prévu qu'un membre de cette espèce puisse avoir un intérêt à lire le contenu de ce cahier. Une chance pour elle, bien que Syl aurait pu aisément rompre le sort.
Sans que la femme araignée ait à en dire d'avantage, Hundwiin ouvrir le livre en son milieu à une page prise au hasard. Le Draconien n'avait pas pris la peine de reprendre le cahier entre ses mains, probablement pour que Cheiralba puisse lire, elle aussi, mais aussi parce que tenir l'ouvrage n'était peut-être pas si indolore que ça.

≪ Bravo, Hundwiin ! Cela a l'air d'être exactement ce que nous cherchions. Tournez la page pour voir. Regardez… Les pages suivent le même schéma. On retrouve ici le montant… C'est quand même incroyable que même les chiffres sont pratiquement illisibles. En bas nous avons la signature… Elles sont toutes différentes ce qui voudrait dire qu'il doit s'agir du commanditaire. Tournez encore la page s'il vous plaît. Ah… Attendez revenez en arrière. Regardez. Mais oui, on dirait que c'est exactement le même texte sur ce passage-là. Difficile d'en être sûr. Il écrivait vraiment comme un cochon… Pardon je m'emporte.  ≫

Le Draconien, alors qu'il suivait les ordres en tournant dans un sens ou dans un autre les pages, n'osait rien dire. Ce n'était pas son histoire qui se jouait là et il n'avait pas vu encore la vieille femme dans un état si euphorique. On aurait presque dit qu'elle avait rajeuni de quelques années si cela était possible.

≪ Franchement, Hundwiin ! Je pense que nous l'avons. Nous avons le livre qui nous intéresse. A en croire les dates que nous voyons en bas de chaque page, il a exercé pendant des années. Si ça se trouve, en cherchant un peu, nous trouverions le contrat qui me concerne.
ㅡ Vous voulez qu'on le cherche ?
ㅡ Je… L'idée est tentante, je dois l'admettre, mais non. Je ne suis plus là pour me venger. J'ai eu ma vengeance, je suis là pour venger Alaïa. Je la vengerai et je vengerai toutes ses autres victimes dont vous faites partie avec Hyldegarde. Pour cela il me faut détruire l'homme qui lui a permis de vivre ses dernières années et de continuer ses travaux. Regardons ce qu'il y a à la dernière page.
ㅡ Vide, dit le Draconien après s'être exécuté.
ㅡ Revenons en arrière et regardons la dernière page remplie. Cela devrait être son dernier contrat. ≫

Arrivé à la dernière page qui n'était pas blanche, les deux acolytes se penchèrent au-dessus du cahier.

≪ Honnêtement, depuis le début je n'arrive pas à relire ses pattes de mouche.
ㅡ Moi non plus. Mais ce n'est pas ce qui nous intéresse… Regardez la date. Il s'agit du dernier contrat et pourtant la date indique 1291. Cela fait donc plus d'un an qu'il travaille sur le même projet… Et regardez le montant. Il est exorbitant par rapport aux autres contrats. Voilà qui est rassurant.
ㅡ Rassurant ?
ㅡ Il n'y a donc qu'une seule cible à atteindre. Imaginez s'il y avait plusieurs commanditaires. Cela aurait été une chasse à l'homme qui m'aurait découragé. Maintenant, je n'ai qu'un homme à chercher. Un homme que je crois connaître.
ㅡ S. de Lomband…
ㅡ Saron de Lombard, si je me souviens bien. La dernière fois que je l'ai connu, ce n'était qu'un petit marchand de seconde zone qui arpentait le Grand Hall. Il a contacté à plusieurs reprises notre famille pour obtenir notre tissu en l'échange de… services qui déplairent à mon père. Ce fut une colère mémorable. ≫

Le sourire qui s'était dessiné sur le visage de Cheiralba à l'évocation de ce souvenir s'effaça aussitôt.

≪ Je n'ai jamais su quels étaient ces dits services. Tout ce que je sais, c'est qui ne voulait pas que le nom de notre famille soit associé à ce genre de pratique. C'était un marchand sans importance et cette histoire fut vite oubliée.
J'imagine que, vue la somme versée pour les expériences de Hordefeu, il a su profiter de la situation et faire fortune.
ㅡ On sait donc que c'est un simple homme riche.
ㅡ Absolument pas. D'une part, ce n'est pas un homme riche, mais un homme très très riche. Et par conséquent, un homme aussi fortuné ne peut pas être aussi simple. En tout cas pas simple d'accès. Il y aura forcément une garde personnelle pour protéger sa personne. Surtout en ces temps difficiles. Enfin dans l'hypothèse où les temps sont difficiles…
ㅡ Je n'ose même plus vous contredire. répondit Hundwinn piqué par la remarque de la femme araignée. Ce n'est pour autant pas que je vous crois. Tout ce que je vois pour l'instant est plus logique dans votre conception des choses, mais vous pourriez me raconter n'importe quoi à propos de ce Saron de Lomband.
ㅡ Lombard.
ㅡ Saron de Lombard. Je ne le connais pas, mais je ne suis qu'un étranger à cette ville. J'avais de toute façon d'autres projets que de vous accompagner dans cette guérilla.
ㅡ Vraiment ? Vous avez pris une décision ?
ㅡ Il faut tout d'abord que je remonte à la surface. Et ensuite, je dois annoncer que nous avons réussi à endiguer le flot des monstres sortant de cette faille. Ensuite, une fois que notre équipe aura eu son moment de gloire, je repartirai pour mon royaume.
ㅡ Je n'essaierai pas de vous avertir à quel point votre projet me semble difficile à effectuer. Rejoignons les autres, ensuite nous remonterons à la surface ensemble. Si jamais vous souhaitez alors mon aide, je vous la proposerai sûrement. ≫
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Cap le jeudi 07 mai 2020, 19:22:51
On remercie Yorick très fort qui a quasi tout fait :oups:



Syl
6 jours avant la fin
Salle d'opération de Sébastide Hordefeu
Reprendre confiance

    J'étais assise à même le sol froid, le dos plaqué contre le mur. J'avais les yeux fermés, la tête relevée contre le mur. Maintenant que je m'étais arrêtée, toute la fatigue accumulée de ces dernières heures me tombait dessus. Je pouvais sentir mon épaule irradier sourdement de douleur. Fort heureusement, ma blessure avait été raccommodée immédiatement par Cheiralba... Et la magie de Thargraktrug était très sûrement à l'oeuvre.
    Autour de moi, tout était calme. Cheiralba et le draconien, Hudwiin je crois, étaient partis fouiller le bureau du chirurgien. La vieille femme voulait en savoir plus sur lui et sur qui pouvait être derrière toutes ses recherches. S'il y avait quelqu'un, c'était forcément quelqu'un de très riche. Donc de très puissant. Sa quête de vengeance venait de prendre un sacré virage.
    Et avec elle, le draconien. Quel étrange personnage. Persuadé que la Faille s'était ouverte récemment et surtout, de l'avoir refermé. J'eus un petit sourire triste. S'il savait que je, non, nous, avons passé presque trois ans à l'étudier pour savoir d'où venait son aura, sa puissance et les abominations qui pouvaient en sortir. Il allait être déçu lorsqu'il remonterait à la surface.
    A côté, je pouvais entendre le souffle d'Alaïa. Endormie par une toxine de la femme araignée, elle dormait paisiblement. Je désaprouvais le geste de Cheiralba. La panique et le désespoir de l'elfe étaient compréhensibles, et la trahison de la piqûre la rendrait encore plus dure à raisonner à son réveil. Elle commençait à s'agiter, son réveil ne tarderait pas.
    Hyldegarde s'était prostrée à côté d'elle, la tête entre ses mains. J'avais essayé de discuter un peu avec elle, d'en savoir plus sur ce qu'elle avait fait dans la Faille et sa présence dans le laboratoire. Mais les réponses laconiques et taciturnes de la naine m'avait rapidement découragée. Je la laissais donc veiller l'elfe tandis que je reprennais quelques forces pour la suite.
    Suite qui s'annonçait au moins tout aussi chargée. Avant ma rencontre dans les égouts avec ces deux femmes, j'avais pour objectif de comprendre ce que voulait faire Alkebath. Et l'en empêcher si cela pouvait présenter un risque pour le monde. Il avait soif de pouvoir, ça se sentait, et l'influence qu'avait eu Imielda sur lui était considérable. Hors de question qu'il reproduise un rituel de la même envergure. Peu importe ce qu'il pouvait bien vouloir invoquer. Ou produire. Et puis, qui pouvait prévoir l'influence de la Faille dans ce genre de magie ? C'était prendre un risque trop grand pour la ville. Rien ne...
    ㅡ Je crois qu'elle se réveille...
    La voix rauque de la naine venait de briser le silence. La respiration de l'elfe s'était accélérée, devenant moins régulière. Et je pouvais l'entendre s'agiter.
    Il me fallu quelques clignements de paupière pour me réhabituer à la luminosité de la pièce. Je pris le temps de me lever tranquillement, ménageant mon épaule, avant de m'approcher d'Alaïa.
    Le temps que j'arrive à sa hauteur, elle avait ouvert les yeux, avant de les refermer aussitôt. Il y avait définitivement trop de lumière dans cette pièce. L'elfe passait maintenant sa main gauche devant ses yeux, les frottant doucement.
    ㅡ Comment te sens tu Alaïa ?
    Elle ne répondit pas immédiatement. Elle entreprit tout d'abord de se relever, s'aidant tout naturellement de son nouveau bras. Une fois qu'elle fut assise, elle tourna la tête vers moi pour plonger ses yeux dans les miens avant de me répondre :
    ㅡ Aussi bien que quelqu'un qui vient de se faire empoisonner lâchement après être devenue une monstruosité.
    Son ton était sec et froid. Glacial même. Il n'appelait aucune réponse. Mais j'allais devoir lui en fournir une.
    ㅡ Alaïa je...
    J'eu un instant d'hésitation. Qu'Alaïa attrapa.
    ㅡ Cela ne m'importe pas. Ce ne sont plus mes histoires. J'ai assez donné. J'ai été trop gentille, encore une fois. Je voulais juste aider et voilà le résultat. Je suis devenue... Un monstre.
    Sa voix se brisa sur ce dernier mot. Mais elle gardait son air droit et fier. Les larmes avaient assez coulé.
    ㅡ Ton apparence ne change en rien ce que tu es vraiment.
    ㅡ Épargne-moi ta philosophie à deux sous, veux-tu ? Je ne veux pas des conseils d'une parfaite petite magicienne à la vie facile.
    Elle détourna la tête, fixant son regard sur son bras droit. Je jetai un coup d'oeil à Hyldegarde. Elle regardait la scène, l'air un peu absent. Elle ne serait ni une aide, ni un soutien. Il faudrait se débrouiller seule.
    ㅡ Peu importe la vie que tu penses que j'ai eu Alaïa. Non, ne m'interromps pas s'il te plait. Laisse-moi parler. Je ne te connais pas beaucoup. Je ne connais rien de ton passé à vrai dire. Tout ce que je sais de toi, c'est que tu es quelqu'un de bien. Tu as accepté d'aider un vieille femme qui en avait besoin. Alors que, depuis la Faille, nous ne vivons que pour nous-même et pour notre survie. Même avant, nous étions un peuple égoïste. Tu savais qu'il y aurait des risques en l'aidant. Il y en a toujours depuis la Fracture. Et malgré les mises en garde répétées, tu as choisi de continuer. Ce n'est pas ce que j'appelle être un monstre. Tu es sûrement la plus humaine d'entre nous. Enfin, la plus elfe, mais tu vois ce que je veux dire.
    ㅡ Je…
    ㅡ Je n'ai toujours pas fini. Tu es celle qui a le plus souffert aujourd'hui, donc tu as le droit de plaindre. Tu as le droit de critiquer ton sort, mais tu n'as pas le droit de dire que tu es un monstre. Tu n'as pas le droit de te dénigrer. Je maintiens ce que j'ai dit. Tu n'es pas un monstre. Tu juges ton bras à son apparence. Qui sait ce qu'il est capable de faire ? Ce que tu es capable de faire ? Ce n'est pas ton bras qui te définit. Alors oui, les enfants te regarderont bizarrement dans la rue, et les Croisés risquent de ne pas trop apprécier... Tu n'en seras pas plus ou pas moins différente d'un nain, d'un humain, d'un draconien ou même d'une femme araignée.
Je sais ce que tu vas dire. Que c'est facile pour moi de dire ça. Que je parle sans savoir. Sans connaître. Que personne ne peut te comprendre. Sache que mon passé n'est pas aussi lisse et lumineux que tu ne le penses. J'ai, moi aussi, ma part d'ombre, ma monstruosité ou mon démon, peu importe comment tu l'appelles. Il m'a fallu beaucoup de temps pour l'accepter. Pour simplement tolérer sa présence. Je regrette presque d'avoir perdu autant de temps à lutter. Je réalise doucement tout ce que nous sommes capables d'accomplir. Et je ne parle pas de Cheiralba, qui a dû naître, vivre et grandir. Elle a dû se construire. Toi, tu sais qui tu étais sans ce bras. Tu sais qui tu étais avant.

    Je m'étais un peu laissée emporter. La dernière partie de mon discours n'était pas complètement destinée à Alaïa. Je me retrouvais dans ce que renvoyait l'elfe. J'avais l'impression de me voir, des années en arrière, juste après cette nuit tragique. Des années… et même quelques jours auparavant. Ma lutte contre ma singularité, contre Thargraktrug, n'était terminée que depuis quelques heures. Mais j'avais vécu bien des années au cours desquelles je me détestais au plus haut point. Et je ne souhaitais pas qu'elle traverse la même chose.
    Alaïa ne répondit pas. Elle n'avait pas bougé depuis que j'avais commencé à parler. Je laissais passer quelques instants avant de me redresser.
    ㅡ Prends le temps qu'il te faut.
   Hyldegarde avait relevé la tête et me fixait, les yeux brillant d'une étrange lueur. Je soutiens son regard quelques secondes, avant de me détourner, un étrange frisson me parcourant l'échine. Je repris alors ma place, contre le mur.
    Le silence s'installa. Alaïa toujours perdue dans ses pensées. Hyldegarde toujours prise dans mutisme. A moins qu'elle ne respectait le besoin de tranquillité de la jeune elfe.

    ㅡ Pourquoi êtes-vous encore là ?
    La voix d'Alaïa était chargé de tristesse.
    ㅡ Pourquoi ne pas être parties avec Cheiralba ?
    ㅡ Je n'allais tout de même pas te laisser toute seule, même sous bonne garde d'Hyldegarde. En plus, j'avais promis à cette vieille folle de prendre soin de toi.
    ㅡ Je doute qu'elle s'en soucie.

    Je n'avais pas spécialement envie de prendre la défense de Cheiralba. Elle s'était comporté de manière égoïste. Plutôt que d'affronter ses problèmes, elle les avait mis en pause pour laisser aux autres le soin de s'en occuper en son absence. Je m'étais également imposé une mission, et je l'avais depuis trop longtemps négligée. Le poids de ma tâche revient se poser sur mes épaules déjà bien assez endolories. Je soupirais. Pourquoi étais-je encore là ? Parce que tu es trop bonne. Cette pensée résonna dans ma tête sans arriver à savoir si elle venait de moi ou de Thargraktrug. Il y avait dans ces quelques mots un aveu de faiblesse que je balayais d'un coup de main imaginaire. Je venais de donner une leçon à Alaïa sur la nécessité de s'accepter tel que l'on est. Dans son intégralité. Je venais d'accepter au prix de nombreux efforts la présence d'un démon en moi, ce n'était pas pour détester la seconde moitié de mon être. Celle qui me définissait le plus, d'autant plus.

    ≪ Bien sûr qu'elle se soucie de toi. Même si je n'approuve pas ce qu'elle a fait, je sais qu'elle se soucie de toi. Elle a tout fait pour te sauver. Si pour toi ce bras fais de toi un monstre, ce qui est faux, je le répéterai autant de fois qu'il le faut, pour elle c'est un échec. Elle n'a pas réussi à te sauver. Elle t'a mis en danger et tu es celle qui en a payé le prix le plus fort. Tu n'as pas besoin de lui rappeler à quelle point elle est responsable. Elle le sait.
Moi aussi, je me soucie de toi. Même si Cheiralba a une vendetta à mener, même si j'ai des recherches à approfondir, nous ne t'abandonnerons jamais. Nous sommes des camarades. Des compagnons.
    ㅡ Des compagnons… reprirent ensemble Hyldegarde et Alaïa. ≫

    La naine, qui jusque là restait plongée dans son mutisme, réagit au mot "compagnon". Les yeux dans le vague, elle semblait plonger dans des souvenirs insondables. Alaïa avait le même regard. Pour elles deux, la notion de compagnon, d'amitié de fortune évoquait un passé qui semblait douloureux.

    ≪ Parfois, il vaut mieux être seule. J'avais des compagnons… Je veux dire. Nous avons vécu certaines choses dans cette Faille. Je ne me souviens pas. Je ne me souviens pas de tout en tout cas, mais des bribes me reviennent. De chacune d'elles je retire l'impression de perdre un être cher. Les aventures que nous vivons créent un lien entre nous et des fois il devient si fort que lorsqu'il se brise, les deux extrémités ne s'en tirent pas indemnes. A votre regard, je vois que vous comprenez ce que je veux dire. ≫

    Depuis qu'elle était sortie de sa cellule, la naine n'avait pas souvent parlé aussi longtemps. Etait-ce la rareté de ses paroles ou le fait qu'elles trouvent particulièrement écho dans le passé de la jeune elfe qui faisait que cette dernière était particulièrement attentive et réceptive ? J'allais intervenir pour la contredire et rappeler que les compagnons étaient des appuis et des aides sans quoi les grandes entreprises ne sont pas pas possibles, lorsque Hyldegarde reprit la parole :

    ≪ Ne regrettez jamais d'avoir eu des compagnons, Mademoiselle Alaïa. Même si, comme vous, j'en ai souffert, je ne dois pas le regretter. Si ma mémoire était encore valide, je pourrais vous expliquer plus vivement de la nécessité d'avoir des compagnons. Hélas, les choses sont ce qu'elles sont. Je vous ai parlé de bribes de souvenir tout à l'heure. En vérité, elles concernent principalement une personne. Une personne que je refuse d'apprécier. Dans tous mes souvenirs, elle reste ma principale rivale, bien qu'elle ne représente qu'une menace symbolique. Je me souviens bien du mépris que je ressens envers cette personne. Enfin je devrais dire, que je ressentais. Quand je pense maintenant à elle, c'est une tristesse que je n'explique pas qui m'envahit. Une tristesse en désaccord avec tout ce que je sais de notre relation.
    Je n'y vois qu'une explication. Mes souvenirs effacés cachent la source de ce paradoxe. Qu'avons-nous vécu pour créer un tel bouleversement dans mes sentiments ? Je ne saurais vous le dire et ce n'est pas faute d'essayer de me souvenir. Je suis à la recherche d'un morceau de mon passé depuis mon réveil dans cette cellule. Mais il y a eu quelque chose qui a créé un lien entre elle et moi. Quelque chose qui est passé outre notre inimitié. La plus simple des explications est ce besoin de faire d'elle un compagnon.
Je sens bien que mes explications ne sont pas claires. Même pour moi, j'ai du mal à y croire et à les comprendre. Je ne suis sûr de rien. Je ne vis qu'avec des suppositions. Mais vous, Mademoiselle Alaïa… vous qui avez encore accès à votre passé. Ne craignez pas la main qu'on vous tend. Vous en avez besoin. Il est vrai que si le lien se brise, vous souffrirez. Cependant, cela sera pire si vous restez seule. Même si cette femme araignée a des méthodes douteuses et honteuses, elle veut votre bien. Et, Mademoiselle la magicienne, ici présente, est restée à vos côtés. Cela me semble être deux personnes en qui vous pouvez faire confiance pour vous porter et vous soutenir. Et j'imagine sans mal que, que vous décidiez de suivre l'une ou l'autre si jamais leurs chemins se séparent, vous saurez vous montrer indispensable. Que vous le vouliez ou non, vous faites maintenant partie des leurs. ≫

Lancée comme elle l'était, je m'attendais à ce qu'Hyldegarde continue encore un peu, mais elle n'en fit rien. Ce n'était pas important. Elle avait dit ce qu'il fallait dire. Je n'aurais pas utilisé les mêmes mots, mais sa sincérité était plus efficace que n'importe quelle tournure de phrase. Même si je trouvais que certains passages étaient confus, la longue tirade de la naine semblait trouver écho avec Alaïa.
La jeune elfe regarda vers moi en quête d'une réponse. Cela se lisait dans ses yeux, mais je ne me souvenais pas qu'une question ait été posée. Dans le doute, je me contentai d'acquiescer de la tête et de sourire. Cela semblait suffire à Alaïa qui, à son tour, se mit à sourire. Un sourire discret, mais un sourire quand même qui faisait plaisir à voir.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Yorick26 le jeudi 07 mai 2020, 19:23:05
Cheiralba et Hundwiin
Vétéran
Jour 6 avant la fin
Dans les couloirs du laboratoire
Du fromage et du pain
 
  ≪ Vous pensez que la jeune elfe vous pardonnera ?
    ㅡ Pourquoi prenez-vous la peine de préciser à chaque fois qu'elle est jeune. Il n'y a qu'une elfe dans notre groupe disparate, il n'y a donc pas de confusion possible avec quelqu'un d'autre. A chaque fois que vous prenez la peine de préciser "jeune", je me sens encore plus vieille que je ne le suis. Et c'est déjà beaucoup.
    ㅡ Pardon, je ne voulais pas… ce n'est pas du tout ce que je voulais dire. C'est que je n'ai pas encore bien retenu comment elle s'appelait et que…
    ㅡ Ne vous excusez pas. Nous sommes tous fatigués… Nous avons fait une longue route jusqu'à ce laboratoire, sans prendre le temps de dormir ou de manger. Vous, vous sortez à peine d'une anesthésie dont les effets peinent à se dissiper, quant à Alaïa…
    ㅡ L'elfe…
    ㅡ Même si elle sort elle aussi de deux anesthésies également, je l'imagine également épuisée. Comment pourrait-il en être autrement ? Capturée, torturée, mutilée… trahie par moi.
    ㅡ Vous ne l'avez pas trahie, vous avez pensé à son bien être.
    ㅡ Si je n'avais pensé qu'à son bien être, je ne l'aurais pas prise par surprise. J'aurais pris le temps de lui expliquer et… et d'affronter son regard.
    ㅡ Ne soyez pas si sévère envers vous-même. Vous l'avez sauvé. C'est ce qui compte. Vous vous êtes proposée pour la soutenir et elle vous a rejeté et malgré tout vous avez continué à vouloir la soutenir avec vos moyens. Des moyens… bon… D'autres auraient peut-être mieux convenus, mais… ≫

Hundwiin s'immobilisa et sa phrase resta en suspens. Cheiralba le regarda alors… Depuis qu'elle l'avait délogé de son brancard, il avait une allure plus noble. Son dos découplé lui donnait lui donnait un air plus vigoureux et fier. Loin de s'intéresser à la vieille femme, il regardait plus loin dans le couloir quelque chose accroché sur le mur. La femme araignée pesta intérieurement contre sa myopie et se rapprocha.

 ≪ J'essayais de retenir le chemin pour sortir d'ici. Cette carte est faite à la main et en mauvais état, mais elle peut nous être utile.
    ㅡ Vous plaisantez j'espère. Nous n'allons tout de même pas être précautionneux On prend cette carte avec nous. Vous pouvez la retenir si cela vous chante, mais nous n'allons pas la laisser là. Je doute qu'elle serve à Hordefeu. ≫

Avant qu'Hundwiin ait eu le temps de la rejoindre, la femme araignée avait saisi de part et d'autre le cadre accroché au mur, le souleva pour le désinsérer et le jeta par terre, ce qui fit hoqueter le draconien. Avec des mouvements prudents et du bout de la chaussure, elle chassa des gros morceaux de verre puis ramassa la carte qui s'en sortait presque indemne. Le Draconien avait raison, elle était en mauvais état, mais restait très lisible. Elle offrait une parfaite compréhension de la disposition du laboratoire, mais donnait surtout un plan des alentours et des meilleurs moyens de rejoindre la surface. Un atout majeur pour ce qu'elle avait à faire.
   La vieille femme plia la carte en quatre pour qu'elle soit plus facile à la lire et fit demi-tour pour rejoindre Hundwiin qui n'avait en définitive pas bouger pendant tout ce temps. Arrivée à son niveau, ce dernier se pencha pour mieux observer la carte. Il avait certes une bonne vue, c'était toujours plus facile à voir lorsqu'il avait l'objet sous les yeux. Cependant, il fut surpris que Cheiralba ne s'arrêta pas pour lui montrer la carte. Au lieu de ça, elle continua son chemin sans lever la tête. Puis voyant qu'elle n'était pas suivie, elle se retourna et pointa du bout du doigt un endroit particulier sur la carte :

 ≪ Vous venez ? J'ai trouvé la cantine du laboratoire. Je doute qu'il y ait un grand cellier rempli de victuailles, mais cela fera du bien à tout le monde si on arrive avec un peu de pain et du fromage. Même si vous me dites que vous n'avez pas faim, je ne vous croirai pas.
   ㅡ Vous plaisantez ? Je pourrais manger l'intégralité de deux ou trois banquets à moi tout seul. Et je ne vous parle pas de vos repas de pacotille. Je vous parle de vrais festins avec…
   ㅡ Laissez-en tout de même pour tout le monde. J'ai dit "pain et fromage", pas des daurades farcies ou que sais-je encore…
   ㅡ On se contentera d'un repas frugal alors. Et promis, j'essaierai de me retenir. ≫
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Great Magician Samyël le lundi 11 mai 2020, 19:01:45
Antiva
6 jours avant la fin.
Repaire de Résistance d’Aube l’Aveugle
Le chapitre tant attendu (Il paraît).

        -Antiva ! Antiva !
   La Chasse-Fortune fut tirée d’un sommeil sans rêve par Jérôme, la jeune estafette qui la secouait doucement par l’épaule. Dans l’obscurité du dortoir, elle ne voyait que le blanc de ses yeux écarquillés.
   -Aube vous demande. Plusieurs chefs de cellule sont arrivés pour une réunion, et le boss voudrait que vous y participiez.
   Antiva cligna plusieurs fois des yeux, essayant de chasser la fatigue et de comprendre les mots qui sortaient de la bouche de son interlocuteur. Elle grogna vaguement quelque chose, qui sembla suffisant pour le jeune homme. Il hocha la tête.
   -Je vous attends dehors.
   A pas feutrés pour ne pas réveiller les autres Résistants encore endormis, l’estafette s’éclipsa. La Chasse-Fortune, récemment convertie Résistante à son corps défendant, resta un instant à contempler le plafond bas et craquelé d’où s’échappaient de grosses gouttes d’eau, qui s’écrasaient sur le sol dans un “plic-ploc” agaçant. Elle était allongée sur une paillasse inconfortable mais avait connu bien pire. L’odeur cependant était assez désagréable. Une odeur d’humidité et de moisissure, typique des égouts sous-terrain, mélangée au remugle des corps sales et entassés.
   “Aller hop, hop, debout, chère Antiva ! Une belle journée nous attend.” éclata soudain la voix dans sa tête, la faisant sursauter.
   Sa main tâtonna instinctivement à côté d’elle jusqu’à trouver son cimeterre, qu’elle serra contre elle. Un frisson la parcourut. Ce n’était pas un rêve.
   “Un rêve éveillé, peut-être.” fut-elle taquinée.
   -Je deviens folle, murmura-t-elle dans le noir.
   “Oh non. Non, non. Tu es parfaitement saine d’esprit. Ce qui tient du miracle quand je… eurgh… vois ce qu’a été ta vie jusqu’ici. Tout à fait effrayant. Bravo !”
   La Chasse-Fortune prit une grande inspiration et résolut d’enfin faire face.
   “Oui ! Enfin !” la voix dans sa tête semblait extatique, et sonnait comme celle d’une petite fille trépignante à qui on offrait enfin le jouet tant attendu.
   -Qu’est-ce qu’il m’arrive ? chuchota Antiva, après avoir jeté un coup d’oeil autour d’elle pour s’assurer que personne n’était réveillé pour l’entendre.
   “Absolument rien ! Tu es parfaite comme tu es, ma chérie. Simplement, hmm… disons que toucher la tiare à mains nues n’était peut-être pas la meilleure idée que tu aies eues jusqu’ici.” un ricanement mutin lui arracha une grimace.
   -Qu’est-ce que tu me veux ?
   “Moi ? Oh, pas grand chose. Je m’ennuyais depuis tellement longtemps dans cette triste tiare. Je veux seulement m’amuser. Vivre ta vie, pour un temps.”
   La Chasse-Fortune leva une main pour se masser la naissance du nez, sentant une migraine poindre.
   -Comment je me débarrasse de toi ?
   “Te débarrasser de moi ? Oh, Antiva. Ma chérie, tu me blesses. Je pensais que nous avions quelque chose, toi et moi.”
   -Quelque chose ? Je n’ai jamais demandé à t’avoir dans ma tête et je…
   Des souvenirs de la veille, lorsque le contrôle de son corps lui avait été douloureusement ravi, lui remonta en mémoire.
   “Tout cela ne dépend que de toi.” souffla la voix, sur un ton cajoleur. “Si tu es une gentille fille, je n’aurais plus besoin d’avoir recours à ce petit artifice. Si tu es une mauvaise fille, en revanche…” La voix laissa planer un petit silence pour appuyer sa menace, avant de reprendre sur un ton plus enjoué. “Enfin, pour te répondre, je crains hélas que tu es coincée avec moi pour… hmm… le reste de tes jours.”
   Antiva grogna de dépit en se redressant.
   -Il doit forcément y avoir un moyen, murmura-t-elle.
   “Oh oui, bien sûr. Lorsque tu mourras, je serais happée à nouveau dans la tiare. Et crois-en mon expérience, c’est un procédé absolument affreux. Essayons de délayer cela le plus longtemps possible, veux-tu ?”
   -Mourir n’est pas vraiment dans mes plans.
   “Oui ! Tout à fait.” Antiva pouvait presque entendre la voix désincarnée frapper dans ses mains comme une fillette.
   -Bon, soit, concéda la Chasse-Fortune en se mettant debout après avoir enfilé ses vêtements. Il semblerait que je n’ai pas trop le choix, pour l’instant.
   “Ouip !”
   -Comment je t’appelle ? Sanderline ?
   “Oh ! Par les Sables, non ! Non, non, non ! Rien que de repenser à ce dégoûtant vieillard… bouargh.”
   -Ce n’est pas toi, Sanderline ? Pourtant ta couronne maudite porte ce nom.
   “Sanderline était mon dernier “hôte”, si j’ose dire. Une expérience tout à fait déplaisante. Tu es on ne peut plus agréable à parasiter, ma chérie. Quoiqu’il en soit tu peux m’appeler… hmm… pourquoi pas Maîtresse ?”
   -Oublie ça, grogna Antiva en ouvrant la porte.
   “Ma Reine ?”
   -Pire.
   “Quelle rabat-joie. Yashajshkath suffira.”
   -Yachache-quoi ?
   “Vous autres sudistes… eurgh. Appelle moi Yash, et n’en parlons plus.“ 
   -Ah, vous êtes prête !
   Jérôme, qui l’attendait dans le couloir, interrompit leur conversation.
   -Parfait. Suivez-moi, je vous prie.
   Antiva lui emboîta silencieusement le pas, ne sachant trop à quoi s’attendre. Sa vie avait pris une drôle de tournure, et si abruptement. Tout était encore un peu flou. Autours d’elle, les Résistants s’activaient le long des couloirs étroits et humides de leur repaire secret, quelque part dans les anciens réseaux d'égout sous la ville. Certains lui lançaient des oeillades méfiantes, d’autres des regards plein d’espérance. Elle-même ne savait pas trop ce qu’elle allait bien pouvoir faire dans cette machine. Elle n’avait aucune allégeance envers qui que ce fût qu’elle-même. La seule raison pour laquelle elle était encore là était le caprice de Yashachekya…
   “Yashajshkath. Et ce n’était pas un caprice.”
   Ignorant la voix, Antiva se fit la réflexion qu’elle se sentait comme une feuille ballottée par le vent. Elle ne se sentait plus maîtresse de son destin.
   Jérôme l’introduisit dans la pièce où hier à peine elle avait remis la tiare à la naine Aube. Cette même tiare qui était toujours posée en évidence sur la table où elle l’avait vue pour la dernière fois. Plusieurs personnes tenaient une conversation tout autours. Il y avait Aube, bien sûr, mais également un homme grand et blond, bien habillé avec un visage taillé à la serpe et des yeux bleus perçants. Ses beaux atours et la belle rapière qui pendait à sa ceinture le peignaient comme un noble.
   Il y avait également un elfe, d’un âge vénérable, comme en témoignait son visage fripé. Il portait une longue robe académique et se reposait sur un long bâton de bois tordu. Un mage, probablement. Il y avait d’autres personnes, toutes arborant des airs soucieux et graves mais rien ne les faisait sortir du lot.
   Seule Aube adressa un petit signe de tête à Antiva lorsqu’elle entra. Ce qui était étrange, étant donné sa cécité.
   -Ainsi donc tu as trouvé ta chimère, disait l’homme en se frottant le menton, d’un ton prudent.
   -Oui, répondit la Naine. Grâce à Antiva, ici présente.
   Le noble lui adressa à peine un regard en coin et sembla aussitôt l’oublier.
   -Et alors ? Explique nous comment ta babiole va nous aider à renverser la Croisade.
   Un sourire contrit fleurit sur les lèvres de l’Aveugle alors qu’elle posait une main sur la couronne.
   -Elle ne nous aidera en rien, je le crains, duc Prestor. Elle n’a aucun pouvoir.
   Une vague de murmures parcourut l’assemblée.
   “Je te l’avais dit. Ce n’est qu’une couronne moche. Le pouvoir, c’est moi.”
   Une goutte de sueur perla à la tempe d’Antiva et elle se tourna furtivement de droite et de gauche, prise d’une paranoïa soudaine. Et si quelqu’un pouvait entendre la voix dans sa tête ?
   “Rassure toi, ma chérie. Je ne suis qu’à toi.” Yash éclata d’un rire mutin, ce qui ne fit rien pour rassurer la Chasse-Fortune.
   -Explique toi, reprit le duc Prestor à qui la moutarde semblait monter au nez. Trois ans que nous te déléguons des ressources et des hommes pour chasser ta baleine blanche. Et tout ça pour… rien ?
   Le vieil elfe, qui était jusque là resté silencieux, leva la main pour réclamer le silence.
   -Nous ne pouvions pas le prévoir, commença-t-il d’une voix chevrotante. La tiare est peut-être dénuée de pouvoir, mais cela n’a pas toujours été le cas. De nombreux écrits attestent de ses capacités, dont le journal de Sanderline lui-même ! Nous ne savons pas ce qu’il s’est passé.
   Le duc souffla par le nez et s’empara de la tiare, l’observant sous toutes les coutures.
   -Sommes-nous certains qu’il s’agisse bien de la relique ? Se pourrait-il que votre voleuse ait rapporté une imitation ?
   -Impossible, fit Aube en secouant la tête. Toutes les sources convergeaient. Cette couronne est la Tiare de Sanderline. Aucun doute n’est possible.
   L’elfe passe une main au-dessus de la relique et celle-ci luisit d’une légère lueur bleutée l’espace de quelques secondes.
   -Quelques résidus d’énergie s’y attardent encore, voyez.
   -C’est une déception, je vous l'accorde, reprit la Naine. Mais ce n’est cependant pas la raison pour laquelle j’ai convoqué ce conseil.
   Elle prit une grande inspiration.
   -Nous sommes compromis. Un de nos hommes a craqué sous la torture.
   “Oh-oh.”
   La nouvelle ne provoqua qu’un silence pesant. Tout le monde savait ce que cela voulait dire.
   -Que savait-il ? demanda le duc en serrant les poings.
   -Je ne sais pas exactement. La localisation de ce repaire, c’est certain. Pour le reste, nous devons envisager le pire.
   Prestor se passa une main dans les cheveux, fermant les yeux en soupirant.
   -D’abord le fruit de trois ans d’effort réduit à néant, et maintenant, ça. Est-ce que cette journée peut devenir plus noire, encore ?
   -Peut-être suis-je en mesure de l’illuminer, duc.
   Toutes les personnes présentes se tournèrent vers l’entrée, vers cette nouvelle voix qui venait de s’élever. C’était une femme comme Antiva n’en avait jamais vue. Sa peau était d’un noir profond, que la caresse des torches teintait de bleu. Ses longs cheveux blancs voletaient sobrement derrière elle, comme portés par une brise invisible. C’était ses yeux, cependant, qui firent reculer Antiva et lui firent porter la main à son cimeterre, instinctivement. Ils étaient parfaitement rond et ne semblaient jamais ciller, lui évoquant le regard d’un oiseau rapace. En outre, son bras gauche n’avait rien d’humain. Il s’agissait d’un tentacule long et duveteux, qui s’enroulait paresseusement autours de la taille fine de sa robe élégante mauve et noire.
   “Méfie-toi d’elle.” chuchota Yash dans son esprit, d’une voix étrangement sobre et sérieuse.
   Aube l’Aveugle leva les mains pour intimer le calme aux Résistants qui faisaient mine de dégainer leurs épées.
   -Et vous êtes ? demanda-t-elle calmement.
   -Je la connais, grogna le duc d’une voix mauvaise. C’est une ambassadrice, de l’Arézumie.
   -Oui, c’est exact, hocha la nouvelle arrivante. Mon nom est Vespérale.
   Elle se fendit d’un sourire qui dévoila sa double rangée de crocs et qui fit se dresser les poils sur la nuque d’Antiva.
   -Qu’est-ce que vous fichez ici, s’enquit Prestor sans lâcher la poignée de sa rapière. Et comment diable avez-vous réussi à vous infiltrer ?
   -Je ne suis que l’humble servante de mon Maître, déclara l’Homoncule en faisant une petite révérence. Je vous apporte sa volonté. Il désire vous apporter son soutien dans votre entreprise.
   Elle se redressa, ses yeux d’oiseau se fixant sur Aube.
   -Des fonds, des informations, un nouveau lieu pour votre… “repaire”.
   A mesure qu’elle énumérait, elle comptait en même temps sur sa main humaine.
   -Et, peut-être ce qui vous intéressa le plus, de quoi remplacer votre couronne par quelque chose de plus… “concret”.
   -Tout cela est fort généreux, fit Aube prudemment après un instant de silence. Mais qu’est-ce que votre “Maître” désire en retour ?
   -Le succès de votre entreprise, répondit l’Homoncule du tac au tac, sans sourciller. Il partage votre vision et souhaite vous voir réussir. Oh et, j’ai failli oublier, une petite condition préalable.
   -Laquelle ?
   -Trois fois rien, vraiment. Il faudrait que vous assassiniez un Croisé pour moi. Son nom est Aarath et vous ne pouvez pas le manquer, il ressemble à un gros chat tout mignon !
   Vespérale fut pris d’un petit rire, qui provoquait un contraste effrayant entre sa voix douce et ses crocs terrifiants. De plus, même en riant, ses yeux ne bougeaient pas.
   -Mais j’exige que sa mort soit sans douleur. Je l’aime bien.


Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Great Magician Samyël le dimanche 17 mai 2020, 20:57:29
Vespérale
7 jours avant la fin
Quartiers de l’émissaire d’Arézumie

   -Je vais rester tranquille dans mes appartements. Tu peux disposer, je ferai appel à toi si besoin Aarath.
   Un sourire fleurit sur les lèvres du Léonin. Il semblait heureux de pouvoir quitter sa compagnie.
    -Très bien je te laisse dans ce cas.
   Le visage de marbre, Vespérale le regarda quitter les appartements, penchant légèrement la tête sur le côté, comme un oiseau rapace observant une proie. Elle trouva dommage de devoir bientôt le tuer. Elle l’aimait bien.
   Après avoir attendu quelques minutes sans bouger, elle fit mander sa servante Yasmina. La vieille femme fut à la porte une poignée de secondes plus tard.
   -Vous m’avez demandée, Divine ?
   -Oui. Je vais comploter avec la Résistance aujourd’hui.
   La servante n’eut presque aucune réaction, se contentant d’hocher la tête.
   -Puis-je vous aider en quoi que ce soit, Divine ?
   -Oui. Fais mander mon déjeuner. Mais je ne serai plus dans la pièce lorsqu’il arrivera. Tu comprends ?
   -Oui, Divine. Dois-je agir surprise ?
   Vespérale déroula le long tentacule qui lui servait de bras gauche et s’en servit pour se gratter pensivement le menton.
   -Oui. Je pense que cela sera plus crédible. Fais donc.
   -J’agis, Divine.
   Sans un autre mot, la servante s’inclina et referma la porte. Sans se retourner, Vespérale recula jusqu’à s’adosser au mur ouest de sa chambre, là où le soleil de midi entrant par la fenêtre produisait une ombre profonde et dense. Agitant mollement son tentacule, elle usa d’une étincelle de pouvoir pour donner à ses cheveux la même couleur d’ébène impénétrable que sa peau. Puis, elle ferma les yeux et attendit.
   Au bout de quelques minutes, le croisé chargé de lui apporter ses repas frappa à la porte.
   -Votre déjeuner, émissaire.
   Sans attendre sa réponse, ce qu’il faisait à chaque fois pour essayer, en vain, d’ennuyer l’Arézumienne, le soldat ouvrit la porte et pénétra dans la pièce, Yasmina sur ses talons. Le garde fit quelques pas pour déposer un plateau garni de victuailles sur la table basse au milieu de la chambre. Il lui fallut quelques secondes pour constater qu’il ne voyait l’Homoncule nulle part.
   Fronçant les sourcils, il se tourna en tout sens, essayant de la repérer.
   -Madame ?, s’enquit-il à haute voix.
   Puisqu’aucune réponse ne lui parvenait, une appréhension mauvaise commença à s’emparer de lui. Avisant la fenêtre grande ouverte, il s’y dirigea et se pencha. Il faillit s’étrangler en découvrant la corde que Vespérale avait attachée peu avant l’arrivée d’Aarath  à une petite excroissance sous la rambarde et qui pendait dans le vide jusqu’au sol, quelques mètres plus bas.
   -Bordel, jura-t-il entre ses dents.
   Il se retourna vers la servante, qui le regardait avec une expression curieuse.
   -Y a-t-il un problème, monsieur ?
   -Un problème ?, mugit le croisé. Un gros problème ! Cette saleté s’est enfuie !
   La femme porta une main à sa bouche et ses yeux s’écarquillèrent de surprise.
   -Comment ?
   -Par la fenêtre, putain !
   Le garde, paniqué, quitta la pièce en courant, beuglant dans le couloir pour rameuter ses collègues. De nombreux bruits de pas se firent entendre, accompagnés du crissement désagréable des cottes de mailles et d’éclats de voix inquisiteurs.
   Au bout de quelques minutes, Vespérale rouvrit les yeux et relâcha l’enchantement de ses cheveux. Elle se décolla du mur et s’approcha de Yasmina, qui avait retrouvé une expression neutre et plate.
   -Mon plan a marché, commenta Vespérale.
   -Comment aurait-il pu en être autrement, Divine ?, demanda la servante en s’inclinant, la voix tremblante d’admiration.
   -Tu as bien agi.
   Tentant une expérience, Vespérale déroula son tentacule et vint gentiment tapoter l’épaule de sa subalterne. Celle-ci frissonna et un léger sourire fleurit sur ses lèvres. Elle s’inclina derechef.
   -Vous m’honorez, Divine.
   Expérience concluante, donc, songea l’Homoncule en rétractant son appendice. Elle apprenait beaucoup de choses depuis son arrivée à Miderlyr. Notamment sur cette “loyauté” qui la fascinait. En Arézumie, tout le monde lui obéissait. C’était simplement l’ordre naturel des choses. Elle était une Homoncule, ils n’étaient que de misérables mortels.
   Ici, les choses étaient différentes. Les individus semblaient attendre certaines choses en retours pour leurs services. De la “reconnaissance”, du “respect”. Des notions étranges. N’était-il pas dans la nature des serviteurs de servir ? Cependant, elle avait observé de ses yeux d’oiseaux que les serviteurs les plus dévoués et efficaces étaient ceux que leur maître traitait le mieux.
   Elle s’échinait donc à essayer de se montrer plus… “avenante” ? “Humaine” ? D’étranges notions qui lui semblaient bien futiles. Mais ses récentes expériences avec sa propre suite se montraient concluantes. Ce qui lui donnait matière à réfléchir.
-Je vais faire tuer le lion, reprit-t-elle sur le ton de la conversation.
-Bien, Divine.
-Que penses-tu de cela ?
-Divine ?, s’enquit la servante en penchant la tête, peu habituée à ce qu’on lui demande son avis.
-Je te demande ce que tu en penses.
Yasmina prit une seconde pour y réfléchir.
-Je pense que cela pourrait être dangereux. Il semble être quelqu’un d’important pour la Zandriarchie. Sa mort provoquera certainement une enquête. Et puisqu’il est votre geôlier, les soupçons se porteront rapidement sur vous.
-Oui, j’y ai pensé. C’est très probable. Dis moi, Yasmina. Lorsque je pense à cela, à sa mort, il se passe quelque chose, ici.
Vespérale tapota l’endroit où un coeur se situerait, sur un mortel normalement constitué.
-Qu’est-ce que c’est ?, continua-t-elle en penchant la tête, ses yeux ronds ne cillant pas.
-Peut-être que sa Divine ressent… une émotion ?, tenta prudemment la servante.
-Une émotion ?
Vespérale resta coite un instant.
-Je ne pense pas que je puisse ressentir d’émotion.
-Divine, pardonnez mon affront.
-Non, c’est une notion intéressante. Imaginons que je puisse ressentir des émotions. Laquelle serait-ce ? La joie ?
-Je ne sais pas, Divine. Qu’est-ce que… Qu’est-ce que vous… ressentez ?
Vespérale se retourna et vint s’accouder à la rambarde de la fenêtre. Elle jeta un regard sur la cité qui s’étendait en contrebas, sur la faille béante qui la défigurait.
-Quand mon Père m’a prise dans ses bras j’ai… “ressenti” comme une boule de feu. Une chaleur intense et agréable. La caresse du vent sur le sable du désert.
Un sourire béat et étrange étira ses lèvres, dévoilant sa double rangée de crocs.
-Quand je pense à la mort d’Aarath, je ressens comme une douleur. Une lame sur ma peau. Les crocs d’une vipère dans mes artères.
-Alors je pense que sa Divine ressent de la tristesse.
-Tristesse ? Est-ce lorsque de l’eau sort de vos yeux et que vous vagissez des mots sans cohérence ?
-Oui, Divine. Oserais-je insinuer que sa compagnie ne vous est pas désagréable ?
-Il est un obstacle. Je ne peux pas accomplir pleinement la volonté de mon Père tant qu’il est là à surveiller tous mes faits et gestes. Mais… voir sa queue frétiller lorsqu’il est en colère est amusant. J’aime rire à ses dépens. Sa tête sérieuse qui vire au rouge. Quelle joie.
Ne sachant que dire, Yasmina se contenta de rester silencieuse.
-Merci pour tes précieux conseils, finit par dire Vespérale. Je les garderai à l’esprit.
-Divine, je n’ai rien fait de…
Elle s’interrompit lorsque le tentacule de sa maîtresse fouetta l’air pour venir l’enlacer par la taille pour la projeter violemment dans les bras de l’Homoncule. Celle-ci l’étreignit, essayant d’imiter au mieux la mère qu’elle avait vu enlacer son fils au marché, la veille. Yasmina se raidit, pensant sa dernière heure arrivée, mais sa maîtresse se contenta de lui tapoter le dos, comme à un chien docile.
-Tu peux disposer à présent. Je vais aller comploter avec la Résistance.
-O… Oui, Divine, s’inclina la servante, troublée, avant de sortir en refermant la porte de la chambre derrière elle.


Vespérale
7 jours avant la fin
Dans une cellule obscure.


   Jaillissant de l’ombre, Vespérale observa la silhouette piteuse et pathétique de l’homme attaché au mur par des chaînes épaisses. La salle était exiguë et puait la saleté, le sang et l’humidité. Le Résistant pendait au bout de ses entraves comme une poupée de chiffon. Entièrement nu, son corps était zébré de plaies effroyables, la plupart de ses ongles avaient été arrachés et certaines parties de son anatomie avaient été brûlées au fer rouge.
   -Joaquim ? appela doucement Vespérale de sa tendre voix chantante.
   L’homme eut un soubresaut avant de redresser péniblement le cou. Un énorme hématome masquait son oeil gauche mais son oeil droit brilla d’une légère lueur d’espoir en apercevant la silhouette insolite de sa visiteuse.
   -Vous… souffla-t-il. Vous êtes venue… argh… Venue me sauver ?
   -Te sauver ?
   Vespérale pencha la tête sur le côté. L’idée ne lui avait pas traversé l’esprit.
   -Non point. J’ai besoin de savoir ce que tu as dit aux inquisiteurs.
   -Q… Quoi ?
   Hébété par la douleur et par les nombreuses sessions de torture qu’il avait récemment subies, l’homme peinait à trouver un sens à ses mots.
-J’ai besoin de savoir ce que tu as dit aux inquisiteurs, répéta l’Homoncule.
Ses yeux d’oiseau ne cillaient pas en l’observant et cela le fit frissonner.
-Faites moi sortir de là et… et je vous dirais tout ce que vous voulez… savoir.
-Je préférerai que tu me le dises maintenant.
Un petit rire douloureux franchit les lèvres du Résistant. Malgré leurs quelques échanges précédents, il ne parvenait toujours pas à comprendre cette étrange femme.
-Et moi je préférerai… sortir d’ici… Avant qu’ils ne reviennent finir le boulot.
-D’accord. J’aurai essayé la diplomatie.
Sans plus attendre, Vespérale déroula son long tentacule à la vitesse de l’éclair pour venir saisir l’homme à la gorge. L’appendice se contracta violemment jusqu’à produire un léger craquement, faisant suffoquer Joaquim. Ses yeux se révulsèrent alors que la fourrure qui couvrait le tentacule se teintait de pourpre. Fermant les paupières, Vespérale siphonna les souvenirs récents de son contact. Elle vécut comme il l’avait fait la torture, à la fois physique et mentale, que lui avait fait subir les bourreaux de la Croisade. Elle n’eut pas à remonter bien loin pour l’entendre révéler l’emplacement du QG de sa cellule de résistants.
Ayant obtenu l’information qu’elle désirait, elle le lâcha. Joaquim s’effondra en avant, la tête pendant dans le vide, de la bave s’écoulant des commissures de ses lèvres. Il ne respirait presque plus.
-Merci, lui dit Vespérale.
Elle lui tapota maladroitement l’épaule de la pointe de son tentacule, ce qui ne provoqua aucune réaction.
Expérience non concluante.


Vespérale
6 jours avant la fin
Dans le QG d’Aube l’Aveugle.


≪ Tout cela est fort généreux, fit Aube prudemment après un instant de silence. Mais qu’est-ce que votre ≪ Maître ≫ désire en retour ?
ㅡ Le succès de votre entreprise, répondit Vespérale du tac au tac, sans sourciller. Il partage votre vision et souhaite vous voir réussir. Oh et, j’ai failli oublier, une petite condition préalable.
ㅡ Laquelle ?
ㅡ Trois fois rien, vraiment. Il faudrait que vous assassiniez un Croisé pour moi. Son nom est Aarath et vous ne pouvez pas le manquer, il ressemble à un gros chat tout mignon ! ≫

    Vespérale rit. Elle s’était imaginée Aarath sur le dos, ses grosses pattes en l’air, et elle lui caressant son gros ventre tout doux.

≪ Mais j’exige que sa mort soit sans douleur, reprit-elle aussitôt, son éclat de rire envolé. Je l’aime bien. ≫

    À la vérité, elle n’avait aucune intention de les laisser réussir. Elle avait repensé aux mots plein de sagesse de Yasmina et était d’accord avec cette dernière. Non seulement il serait difficile d’éviter les soupçons, et cela produirait tout un tas de complications qu’elle préférait éviter, mais en plus, elle ne pourrait plus s’amuser à le rendre furieux.
Non, non, non. Vespérale avait pris sa décision.
    Aarath était à elle et à elle seule. Il était son gros chat tout mignon.
    Bien sûr, demander à la Résistance d’essayer de l'assassiner faisait partie de son nouveau plan. Elle s’arrangerait d’être là pour le sauver. Ainsi, la Croisade aurait une nouvelle provocation de la Résistance contre laquelle réagir, et les Résistants seraient sûrement paniqués d’avoir raté une tentative d’assassinat sur un haut dignitaire. Tout cela arrangerait bien ses affaires.

ㅡ Attendez un instant, intervint le duc de Prestor en levant les mains. Tout cela va un peu trop vite. Vous voulez que nous assassinions un inquisiteur ? Et contre quoi ? De belles paroles ?

    Vespérale tourna ses yeux d’oiseau vers lui.

ㅡ Vous savez qui je représente, duc. Mais je peux comprendre votre réticence. Permettez moi d’élaborer un peu plus en détails ce que vous rapporterez cette… collaboration.

    Elle leva son bras humain, paume tendue vers le plafond et une petite sphère d’énergie pourpre s’y matérialisa, flottant à quelques centimètres de sa peau. Dans ses tréfonds brumeux apparut l’image claire d’une grande bâtisse, au style Miderlyrien.

ㅡ Nous avons fait l'acquisition de ce manoir dans la Haute-Ville par l’entremise d’un prête-nom local, expliqua Vespérale. Ses caves sont reliées au réseau de souterrains dans lequel nous nous trouvons. Cela vous permettra d’y entrer et sortir à votre guise, sans attirer d’attentions mal venues. Elle est à vous. Nous y avons également fait entreposer plusieurs coffres remplis d’or et de gemmes, pour vos frais divers. Enfin, je me tiendrai personnellement à votre disposition pour vous apporter mon assistance dans toutes vos entreprises plus… mystiques.

    Son exposé terminé, Vespérale referma le poing, dissipant son illusion. Il y eut un léger silence médusé avant que le duc ne se raclât la gorge pour prendre la parole.

 ㅡ Qui… Qui voulez-vous que nous tuions, exactement ?
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Yorick26 le jeudi 21 mai 2020, 00:00:13
Pleureur
Citoyen
7 jours avant la fin
Un chambre à l'auberge de la Porte d'or
Du jus sur la chaire des dindes

Pleureur trempa sa plume dans l'encrier une nouvelle fois. La nouvelle page blanche qui restait posée devant lui était un défi. A combien de reprise devrait-il s'y prendre avant d'arriver à la bonne formulation ? Il était impérieux de choisir les mots qui resteraient sans ambiguïté pour le destinataire sans pour autant révéler ses intentions à quiconque d'étranger qui serait amener à intercepter le message. Mais ce n'était pas tant le problème. Il savait ce qu'il avait à dire et il savait comment le dire. Le problème venait d'ailleurs.
Cette belle soirée ne l'aidait pas à se concentrer. L'homme d'une quarantaine d'années n'était pas habitué à cette chambre d'auberge pour écrire les messages qui concernaient ses petites affaires. Il avait coutume d'être dans son bureau dans lequel reposait tout le matériel nécessaire afin de pouvoir écrire dans les meilleures conditions. Dans cette pièce, il y avait un lit simple, quoique procurant exceptionnellement une nuit de bonne qualité, une chaise et une table sur laquelle l'aubergiste avait fait installer un petit bouquet de fleurs blanches des champs dans une chope de bière en guise de vase. Des meubles qui auraient suffit à n'importe qui pour rédiger cette lettre, mais pour Pleureur, il ne s'agissait que d'un handicap. Dans son bureau, il aurait pu s'installer à son pupitre et rédiger en lettres calligraphiées sa missive sans craindre qu'une larme ne tombe sur le papier et ne fasse couler l'encre. Et à en juger le nombre de feuilles froissées au pied de la chaise, l'homme brun avait déjà fait plus d'une douzaine de tentatives. A chaque fois qu'il se mettait à écrire, il y avait toujours un moment où, pour vérifier qu'il n'avait pas oublié un mot, pour recharger sa plume en encre, pour telle ou telle raison, il se penchait légèrement et laissait perler une larme qui ruisselait sur sa joue déjà humide et finissait par s'écraser sur la feuille.

Cette belle soirée ne l'aidait pas à se concentrer. Ce n'était d'ailleurs pas une si belle soirée que cela. Certes, c'était le crépuscule et le soleil couchant se reflétant sur les pierres pavant les rues de Miderlyr donnait à la ville des airs romantiques, mais c'était également l'heure où les habitants sortent pour s'adonner à des activités douteuses que la pénombre facilite ou rentrent chez eux après une journée chargée d'un travail éreintant. Toute une populace accompagnée d'un remue-ménage sonore composé de claquements de portes, d'éclat de voix et d'autres bruits de projections émétiques à l'oreille. Il n'y avait pas d'heure pour boire et pour dégobiller à la porte d'une auberge dans cette ville. Encore une fois, ce n'est pas dans son bureau qu'il aurait à subir cette nuisance sonore. Tout d'abord sa fenêtre avait été renforcé par magie pour l'isoler des bruits extérieurs. Un privilège qu'il avait acquis en échange d'un bon nombre de services, mais il ne regrettait pas son investissement. D'une part le prix à payer n'avait pas été si coûteux que cela ; son métier consistait principalement à rendre des services après tout. D'autre part, le plaisir qu'il tirait du calme que cela lui prodiguait était sans valeur. 

Pleureur finit enfin d'écrire sa lettre. Il la scella avec un morceau de cire rouge qu'il fit fondre. Il n'avait pas besoin d'y appliquer un quelconque poinçon. Son correspondant saurait très bien à qui il aurait à faire. Avant de la transmettre au messager qui l'attendait devant la porte de la chambre, il prit d'abord la peine de se rendre présentable et se saisit d'un bout de tissu du linge de lit pour s'essuyer le visage. Ses joues seront trempées dans quelques minutes, mais au moins, elles seront sèches pendant quelques instants. Puis, avant d'ouvrir la porte, il ramassa tous les brouillons qu'il avait jetés par terre pour les fourrer dans une des grandes poches internes de sa pelisse. Il n'y avait évidemment pas de cheminé dans la chambre, mais il y en avait une dans l'auberge de la taverne. Il n'aurait qu'à les y jeter avant de partir pour couvrir ses traces.
Lorsqu'il fut enfin prêt, il frappa à la porte de sa propre chambre. Une à deux secondes plus tard, elle s'entrouvrit laissant passer une main gantée. L'homme de l'autre côté du mur ne dit pas un mot. Il savait ce qu'il avait à faire. Il avait juste besoin qu'on lui fournisse le message et le destinataire.

≪ A la Volière. Pour ce soir. Un homme roux à la barbe fournie, portant un gambison à six boucles. A la question "Quelles sont les spécialités de l'établissement ?", il vous répondra "Le patron arrose régulièrement de jus la chaire de ses dindes." ≫

Il n'avait pas besoin d'en dire plus. Le messager attendit d'éventuelles indications supplémentaires, puis s'en alla. Pleureur alla alors s'asseoir sur le lit. En définitive, il s'était essuyé le visage pour rien. Non seulement son interlocuteur avait fait preuve de professionnalisme et n'avait pas montré son visage, mais en plus ses joues étaient déjà humides. Il ne prit cependant pas la peine de les sécher à nouveau. Il ne quitterait pas tout de suite la chambre et lorsqu'il était seul, il laissait ses larmes couler.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Vaati the Wind Mage le mercredi 27 mai 2020, 16:14:49
Alaïa
6 jours avant la fin
Laboratoire de Sébastide
Prise de conscience


“Vous faites maintenant partie des leurs”. Serait ce possible ? Après trois ans dans le sang et la puanteur, c’était la première véritable lueur d’espoir depuis plusieurs années. Mais non, ce n’était pas possible, ce n’était pas… et si ça l’était ? Pour la première fois, je réussissaii à écarter les souvenirs de la torture, les souvenirs de la solitude, pour quelque chose de nouveau, de bon. Après trois ans, le spectre d’Alaïa rejaillissait. Mais cette jeune fille restait morte, rien ne saurait la ramener. Mais quelque chose d’autre pourrait remplacer cette froideur et cette peur constante que j’avais en moi. Une version de moi même qui n’était ni cette jeune fille niaise, ni cette perpétuelle solitaire; une version neuve. Syl et Hyldegarde avaient raison, et peut être que l’heure était venue pour moi de m’ouvrir à nouveau. Et s’ils ne voulaient pas de moi ? S’ils m’abandonnaient ici pour que j’y pourrisse, comme l’avait fait Öh… Non. Ce n’était pas comme ça que je devais penser. Plus maintenant. Plus jamais. Syl avait réussi, pendant un bref moment à me donner le sentiment d’être… acceptée. Je devais me raccrocher à ça, m’y tenir et laisser le reste partir. J’en avais assez de tuer et de me cacher, il fallait à présent me rendre plus utile. Aube ne voyait en moi qu’un joli visage; j’allais devenir plus que cela.
“Syl, ai je commencé, avec une légère appréhension”
Que se passe-t-il, répondit-elle, tournant la tête immédiatement.
Je voulais simplement savoir, que faisais tu avant de nous rejoindre ? Avais tu une raison pour errer dans la Faille ?”

Syl resta un moment sans rien dire, comme si elle pensait à ce qu’elle allait répondre. Elle baissa les yeux quelques instants, puis plongea son regard dans le mien.
“Je faisais partie du Cercle, répondit elle, d’un ton presque froid mais qui se voulait neutre”

Malgré cette intonation, une part de moi fut assez enthousiaste : intégrer cette partie de la résistance me permettrait peut être de développer mes capacités, d’apporter mon aide à la cause tout en restant éloignée d’Aube. Si auparavant je voyais le Cercle comme une cause perdue, désormais je le voyais surtout comme un nouveau départ; l’occasion de repartir sur de nouvelles bases.
“Est ce que tu penses que tu pourrais m’y intégrer ?
-Je… je ne sais pas, répondit elle d’un ton hésitant.”

Une fois encore, elle resta pensive un long moment, avant de répondre :
“C’est d’accord. Mais j’aurais besoin que tu m’obéisses au doigt et à l’oeil, compris ?
Pourquoi, ai je répliqué, surprise de ce changement de ton radical.
Je pense qu’il se trame quelque chose au sein du Cercle. Tu pourrais peut être m’aider, mais il ne faut surtout pas commettre d’imprudence.
Je… je ne comprend pas. Le Cercle combat pour contre la Croisade, pour nous réhabiliter non ? Qu’est ce qu’ils pourraient faire qui aggraverait notre situation ?
Crois moi, il est des choses bien pires que ce que nous vivons en ce moment.
Comme quoi ?
Rien que tu aies envie de voir.”

Sa dernière réponse était plus froide encore que les autres, mais Syl n’avait fait qu’accentuer mon désir de rejoindre le Cercle : si elle devait combattre quelque chose de pire encore que la Croisade, je voulais pouvoir l’aider, je voulais pouvoir me rendre utile.
Après cet échange, un silence de plomb régnait dans la salle. Alors que je réfléchissais à ce que j’allais faire, mes comparses restaient obstinément silencieuses.
“Je veux t’aider, ai je fini par annoncer. Et je ferai tout ce que tu me demanderas.
Entendu, répondit elle.”

Quelques temps après, Cheiralba et le Draconien firent irruption. Je ne pus réprimer un sursaut lorsque je la vis, auquel elle réagit par un regard déçu, presque imperceptible.
“J’ai trouvé ce que je cherchai, annonça-t-elle. Nous pouvons désormai quitter cet endroit.
Mais auparavant, ajouta Hundwiin, nous pouvons profiter d’un instant de répit bien mérité ! Mes compagnons, j’ai arpenté les couloirs sinistres et étroits de cette forteresse, et je vous apporte ces quelques victuailles, afin de reprendre nos forces !”

Sur ce, notre prince sortit quelques aliments du sac en toile de jute qu’il avait apporté : nous avions droit à des tranches de pain endurcies, un peu de fromage, quelques légumes à l’allure douteuse et, miracle, un peu de viande dont je préférai ignorer l’origine, à peine suffisante pour nous tous. Ce repas était mince et semblait de piètre qualité, mais après ce que nous avions vécu, c’était plus que suffisant. Profitant de l’abri que nous offrait le laboratoire de Sébastide, nous décidâmes de ne pas le quitter, et nous dirigeâmes ensemble vers le réfectoire. Nous étions tous assis pendant qu’Hundwiin faisait cuir la viande grâce à un feu qu’il avait créé pour alimenter le four.

Il ramena la viande sur la table, alors que nous étions toutes installées, et nous commençâmes le repas.

Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Cap le samedi 13 juin 2020, 17:49:49
Je l'avais repris, mais je ne l'avais pas posté. Oupsi :niak:

Aarath
6 jours avant la fin
Ville Basse
Recherche et tribulations

ㅡ Hey minou !
Trois hommes étaient là. Celui qui l'avait alpagué se trouvait au milieu de la ruelle. Un autre était appuyé contre le mur tandis que le troisième était assis à même le sol.
Aarath haussa un sourcil. Perdu dans ses pensées, il s'était engouffré dans ce passage sombre sans trop y prêter attention. Il faut dire, il ne se sentait pas non plus en danger dans cette ville, même s'il se trouvait dans un des quartiers les plus sordides et malfamés.
ㅡ Ouais, toi. On aime pas les fouineurs ici.
Tandis qu'il parlait, le piège s'était refermé sur le léonin. Deux autres hommes avaient surgi derrière lui et lui coupaient toute retraite. Aarath restait parfaitement impassible. Ses sens accrus l'avaient informé de la tentative de guet-apens des deux hommes. En face de lui, la personne assise s'était relevée.
ㅡ On te conseille de dégager. Et rapidement.
ㅡ Quand j'aurai retrouvé la créature que je cherche
Les hommes rirent. Un rire gras et bruyant, teinté d'alcool. Aarath ne broncha pas, attendant dans un calme apparent que la personne, qui jusque là avait parlé, se reprenne. Seule sa queue fouettant l'air témoignait de son agacement grandissant.
Une fois que les esclaffades se furent calmées, l'homme reprit la parole.
    ㅡ Ecoute le chat. Personne n'a vu ton machin.
Son ton changea brusquement, devenant beaucoup plus sec et cassant.
    ㅡ Et on va te faire passer l'envie de fouiner ici.
Ce fut au tour du léonin d'avoir un rictus réjoui. Le combat était pour lui un jeu. Et même s'il n'avait pas de temps à perdre, l'idée de s'amuser un peu n'était pas pour lui déplaire. Un combattant aguerri aurait vu sa posture changer légèrement tandis que ses pupilles s'agrandissaient pour capter un maximum de lumière dans l'obscurité de la ruelle. Mais aucun des hommes qui l'entourait n'était un combattant aguerri.
ㅡ C'est une mauvaise idée.
Il n'eut pas le temps de continuer. L'homme devant lui le frappa. Voulu le frapper. Pour le guerrier qu'était Aarath, le mouvement de l'individu était lent et maladroit. Le léonin n'eut aucune peine à esquiver d'un simple déplacement d'épaule.
La frappe de l'homme marqua le signal d'assaut pour les quatre autres, qui se jetèrent eux aussi dans la danse. Aucun ne parvint à toucher le combattant. Aarath s'était mué en un tourbillon de poils et de coups. Les perles de sa crinière cliquettaient tandis qu'il se débarrassait un par un de ses assaillants. Il ne sortit pas ses dagues. Ces hommes ne méritaient pas son acier.
En quelques secondes, les hommes étaient tous au sol, seulement assommés pour les plus chanceux. Aarath haussa les épaules. Il aurait bien aimé que le combat dure un peu plus. La victoire avait un goût amer de la bataille trop vite gagnée.
Il reprit sa route.




    ㅡ Eh m'sieur ! C'est toi qui cherche la chimère ?
Un enfant. Huit ans tout au plus. Les cheveux sales, les vêtements élimés, il paraissait minuscule à côté de la haute stature du léonin. Néanmoins, il relevait la tête avec fierté pour attraper son regard, sans paraître le moins du monde impressionné. À survivre dans la rue, il en avait vu d'autres.
ㅡ Tu sais quelque chose ?
ㅡ Il se pourrait bien, ouais...
Un air de défi planait sur le visage de l'enfant. Aarath leva les yeux au ciel. Il n'aurait eu aucun scrupule à soutirer de force ces informations à un adulte. Mais ce n'était qu'un gamin... Il soupira donc en sortant une pièce à l'éclat doré de sa bourse avant de la donner à l'enfant. Son visage s'illumina.
ㅡ Suis moi !
ㅡ Attends petit, je cherche...
Aarath ne continua pas sa phrase. L'enfant ne l'écoutait pas et était déjà parti, le laissant sur place. Si tant est qu'il avait vu ou entendu quelque chose, il fallait le suivre. Le léonin se mit en route sur un battement de queue agacé.

Le gamin guidait le léonin dans le dédale de ruelles qu'était la Basse-Ville sans la moindre hésitation. Il galopait devant, s'arrêtant régulièrement aux croisements pour s'assurer qu'il était toujours suivi. Aarath suivait, ses grandes enjambées lui permettaient de simplement marcher.
Cette poursuite dura quelques minutes. Enfin, l'enfant tourna dans un minuscule passage qui débouchait sur une petite place déserte. Lorsque Aarath arriva lui aussi, plus aucune trace du gamin. La place était un cul-de-sac. Le léonin repéra très vite un petit passage sous un palissade en bois, par lequel l'enfant avait dû disparaître. Il l'entendait par ailleurs courir de l'autre côté. Mais ce n'était pas ce qui le préoccupait. Les bruits derrière lui, venant de la ruelle, laissait entendre que le piège était en train de se refermer.
ㅡ Aarath ? Tu vas nous suivre, faut qu'on parle.
Le léonin jeta un coup d'oeil par dessus son épaule. Trois hommes se tenaient à l'entrée de la ruelle, chacun tenant une petite arbalète. Aarath devina trois autres personnes cachés dans la pénombre derrière eux. Il était attendu. Et c'était bien un piège. Son instinct lui hurlait qu'il était en danger et qu'il ne fallait surtout pas rester là. Et c'était exactement ce qu'il comptait faire.
Il n'attendit pas. La prise d'information ne lui prit qu'une fraction de seconde. C'était suffisant. Tandis qu'il se retournait complètement, il se saisit de sa dague et la lança à la fin de son mouvement. Le geste était fluide et l'exécution parfaite. L'acier se ficha dans la gorge d'un des trois hommes, celui qui avait parlé.
En un battement de cils, Aarath avait rejoint sa dague. Il grogna en frappant du gauche : il n'avait pas été assez rapide et un carreau s'était fiché profondément dans son épaule. Cela ne sauva pas le pauvre homme, qui s'effondra en un gargouilli affreux.
Un deuxième carreau se ficha cette fois dans sa cuisse. Ignorant la douleur, le léonin continuait son avancée. Cette fois, son lancé toucha une des personnes en arrière, prétendument cachée dans la pénombre. Ses gestes se faisaient plus patauds et il pouvait sentir comme un engourdissement le prendre progressivement. Il avait loupé la gorge, comme il visait initialement, mais avait réussi malgré tout à toucher l'épaule.
Il sauta, rejoignant sa dague tandis qu'un troisième carreau se planta cette fois dans son dos. Puis il frappa. Mais son geste fut trop lent. La femme esquiva son coup avant de cogner, visant le tube planté dans sa cuisse.
La douleur fit vaciller le léonin. Le monde autour de lui était de plus en plus flou. Aarath posa un genou à terre. La femme devant lui frappa une nouvelle fois, projetant le léonin au sol.
Étendu à terre, Aarath ne bougeait plus. Le poison était redoutablement efficace. Et tandis que son esprit sombrait doucement dans l'inconscience, il réalisa que le seul but de cette manoeuvre était de le capturer. Vivant et globalement en bon état.
La femme s'approcha prudemment du corps immobile du léonin. Avant de lui décocher un violent coup de pied.
ㅡ Judith arrête !
ㅡ Il a buté Oleg et Piotr merde.
ㅡ Aube nous avait prévenu qu'il était dangereux. On n'a pas été assez prudents...
Judith frappa encore une fois avant de s'accroupir pour être à la hauteur du léonin. Il ne pouvait l'entendre, mais elle s'adressa à lui.
ㅡ J'espère au moins que tes réponses seront satisfaisantes...
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Yorick26 le lundi 24 août 2020, 22:20:43
Pleureur
Citoyen
17 ans avant la fin
Devant la porte de la Volière
Le Patron

Pleureur croqua dans sa pomme. Elle était farineuse et n'avait aucun goût, mais il ne la mangeait pas pour lui caler sa faim. Il l'avait prise parce qu'il savait qu'il devrait attendre et être patient. Ainsi, il prenait tout son temps pour manger ce fruit à la chaire désagréable au goût comme au toucher. Il mâchait chaque morceau comme s'il s'agissait d'un produit exotique qui se savoure avec raffinement car nous n'étions pas sûr d'en manger une nouvelle fois dans sa vie.

Appuyée contre le mur externe du Grand Hall, la Volière était exactement à sa place pour ce qu'elle avait à faire. Assez proche de sa clientèle fortunée, elle ne pouvait pas prétendre avoir une place dans le Grand Hall en raison de sa marchandise atypique. L'esclavage et la prostitution était du domaine de la Basse Ville. Un appui, un soutien pour la Haute-ville et pour tous ces hommes fortunés insatisfaits dans leur chambre à coucher. Pour ce qui était des femmes fortunées, ou les hommes aux goûts originaux, il fallait plutôt se tourner vers les Jardins de Selmane, de l'autre côté de la cité, toujours dans la Basse Ville.
La tenancière de la Volière tenait ses filles d'une main de maître et faisait payer cher ses clients afin de s'assurer qu'ils en prendraient soins. Ancienne fille de joie, elle savait ce qu'il fallait faire pour soutirer un maximum d'argent à la clientèle et faire en sorte pour qu'elle revienne. Elle était très exigeante, mais attentionnée et protectrice. Ses filles, comme ses clients, l'appelaient "le Patron". Cela avait permis à la tenancière de créer son établissement à ses débuts. Les gardes cherchaient d'abord un homme… Lorsqu'ils comprirent qu'il s'agissait d'une femme gérant d'autres femmes, le surnom était installé et plus personne ne sait à ce jour quel est le vrai nom du Patron.

Un peu comme Pleureur. Personne ne connaissait son vrai nom. Lui-même ne s'en souvenait pas. Sa mère avait bien dû lui en donner un à sa naissance, avant qu'elle ne le dépose sur les marches d'un des temples Pang'Gyaniste de Miderlyr. Mais elle ne l'avait jamais transmis à quiconque. Elle était partie avant que qui que ce soit la voit, sans un mot. Elle laissa un juste un enfant taché du sang de sa naissance dans une corbeille remplie de tissus sales.
Quand les prêtresses de Gyana le trouvèrent, il pleurait en silence. L'enfant semblait dormir mais sur ses joues coulaient de chaudes larmes. Et elles ne cessèrent jusqu'à ce jour de couleur. Bien sûr, parfois des cris accompagnèrent de vrais pleurs, mais même dans la joie ou dans son sommeil, le petit orphelin pleurait. On l'appela alors le pleureur, puis tout simplement Pleureur.

Un homme sortit de la Volière. Le Patron recevait habituellement peu de personne en pleine journée. À sa manière de remettre en place ses vêtements de manière ostentatoire, il s'agissait d'un client de la Basse Ville qui avait profité d'une rentrée d'argent importante pour tout claquer dans un petit plaisir. Les tarifs du Patron étaient élevés et elle réservait une partie de sa marchandise aux clients fortunés. Si cela avait été un homme de la Haute Ville, alors il serait sorti par une des portes qui menaient discrètement dans le Grand Hall. Et il ne serait pas sorti fier comme un coq de l'établissement.
Ce n'était pas l'homme qu'attendait Pleureur, mais il avait eu le mérite de le sortir de sa rêverie. Il n'avait à peine touché à sa pomme. La chaire auparavant blanche commençait à brunir. Le fruit toujours dans sa main, il s'étira et fit des mouvements de la tête qui firent craquer sa nuque. Il ne savait pas quelle heure il était, mais son client était en retard. Il ne s'était pas rendu compte que son corps s'était ankylosé.

La porte s'ouvrit à nouveau et en sortit une femme à la peau brune. Ses cheveux noirs comme la nuit retombaient jusqu'à ses hanches. Une ruse typique de la Volière. Même les nobles au coeur tendre et prude pouvait alors admirer les formes de la marchandise tout en inspectant la chevelure de la jeune femme. Elle portait la tenue habituelle de la profession. Deux bandes de tissu croisées recouvraient la poitrine qui, loin de l'écraser, en épousait parfaitement les formes et un drap en demi-cercle attaché à l'une de ses hanches autour d'un anneau doré. Sa peau et la couleur ocre de sa tenue laissait un doute sur ses origines. Le Patron la vendait sûrement comme une fille exotique venant de contrées lointaines au sud de Miderlyr, mais Pleureur ne serait pas étonné d'apprendre qu'il s'agissait simplement d'une pauvre fille qu'elle avait ramassée dans La Basse ville.
La jeune fille semblait cherchait quelqu'un ou quelque chose dans la rue. Lorsque ses yeux se posèrent sur Pleureur, elle fut d'abord surprise, puis elle sourit. Elle avait dû le reconnaître. Ce n'était pas la première fois qu'il avait rendez-vous devant la Volière.

≪ Vous n'auriez pas vu un gentleman partir d'ici il y a quelques instants ?
ㅡ Si vous parlez de l'homme qui se croit le roi des Terres Bannières après avoir passé une nuit entre vos draps, il a dû rejoindre sa femme et ses enfants en prenant cette route.
ㅡ Merci.  ≫

Elle s'éclipsa en lui faisant un clin d'oeil et emprunta le chemin qu'avait pris le client. Pleureur n'était pas insensible à ces charmes, mais il avait un travail qui lui prenait trop temps et qui ne le payait pas assez pour qu'il puisse s'offrir ses services. Elle revint quelques instants plus tard, visiblement contrariée et bredouille. Elle s'arrêta devant la porte de la maison, close, jeta un dernier regard à Pleureur et prit une grande inspiration avant de pénétrer dans l'établissement.
Le jeune homme croqua à nouveau dans sa pomme. Il ne restait pratiquement plus que le trognon. Il leva le bras pour la jeter à nouveau lorsque la porte s'ouvrit à nouveau. Ce n'était pas la femme que tout à l'heure. Celle-ci était légèrement plus vêtue et arborait une chevelure rousse flamboyante.

≪ Ah. Pleureur… Qu'est-ce que … ? Vous ne comptiez pas jeter ce trognon dans la rue, j'espère. Donnez-moi ça. Je m'en occuperai. Je ne tiens pas à ce que des ordures traînent devant mon établissement.
ㅡ Des ordures dans mon genre aussi, j'imagine.
ㅡ Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, jeune homme. Mais il est vrai que vous faites tâche dans le paysage. Je sais très bien que vous n'êtes pas là pour faire du lèche-vitrine. Et si c'est le cas, je vous le déconseille. Vos petites affaires ne nous intéressent pas.
ㅡ Vous savez très bien que ce n'est pas moi qui décide des lieux de rendez-vous.
ㅡ Je vous laisse passer le message.
ㅡ Normalement, je suis payé pour ce genre de chose.
ㅡ Ne pousse pas le bouchon un peu trop loin. Ce n'est pas le moment. Je te rappelle qu'il ait toujours bon de donner un coup de main à quelqu'un comme moi.
ㅡ Comment pourrais-je vous refuser quelque chose ? Vous êtes…
ㅡ Faites attention à ce que vous allez dire.
ㅡ Vous êtes le Patron. Je verrais ce que je peux faire. ≫



Cheiralba et Hundwiin
Vétéran
Jour 5 avant la fin
Ruines de la Volière
Preuve nécessaire

≪ Où sommes-nous ? ≫

Cheiralba laissa la question du Draconien en suspens. Ils en étaient enfin sortis. L'appréhension avait pris le dessus sur l'excitation de revoir la lumière du jour. Voilà maintenant trois ans qu'elle n'avait pas mis le nez dehors. Même si elle savait que s'exposer ainsi était source de dangers et de menaces perpétuelles, il fallait quand même qu'elle savoure un peu l'instant. Après tout, elle avait tué Hordefeu, elle pouvait quand même savourer un instant sa victoire en prenant une grande inspiration. Pas trop longue tout de même.
Elle inspira bruyamment et garda pendant quelques secondes l'air dans ses poumons. Elle ne put pas s'empêcher de se mettre à tousser. L'air était sec et poussiéreux, bien loin de l'ambiance moite et nauséabonde des égouts. Cette respiration n'était pas aussi bénéfique qu'elle l'avait espéré. Tant pis.

≪ Je ne sais pas vraiment. Le plan indiquait la Volière, mais je ne suis pas sûr que ce soit le bon endroit.
    ㅡ Cela ne ressemble pas à ce que j'imaginais d'une maison close.
    ㅡ Moi non plus. Mais depuis la faille, elle a peut-être été abandonnée.
    ㅡ Il n'y aurait pas tant de poussières. On dirait que personne n'y a mis les pieds depuis des années. ≫

Durant tout le trajet, Cheiralba n'avait pas eu le coeur de briser ses illusions. Elle s'était même prise à espérer. Peut-être était-elle revenue dans le passé et le règne de la Zandriarchie ne serait alors qu'un lointain souvenir. Comment être certaine quand Hundwiin faisait preuve de tant de conviction ? Il y en avait un qui tomberait de haut et il aurait mieux valu que cela soit la femme araignée. Mais hélas, ce n'était pas le cas. La chute serait d'autant plus rude pour le Draconien qu'elle l'avait ménagé. Elle ne pouvait cependant pas continuer ainsi. Dès qu'ils franchiraient les portes, ils seraient des cibles des Répurgateurs et des Castigateurs. Epuisés comme ils l'étaient, ils ne feraient pas le poids face à une armée.

≪ Hundwiin, écoutez. Je sais que vous ne me croirez pas tant que vous ne l'aurez pas vu de vos yeux. Hélas, nous ne pouvons malheureusement pas prendre de risques pour l'instant et nous montrer ainsi aux yeux de tous.
    ㅡ Vous recommencez avec vos fariboles. Si j'ai raison, il n'y a aucune raison qu'on vous inquiète. Je suis à vos côtés.
    ㅡ Si j'ai raison, nous mourrons tous les deux. Ou pire, ce qui est largement possible dans cette cité.
    ㅡ Nous nous retrouvons donc encore une fois devant ce dilemme où chacun ne veut pas céder à ses propres convictions.
    ㅡ Exactement, c'est pourquoi…
    ㅡ C'est pourquoi nous allons nous séparer. Vous allez rester cachée, cloîtré dans ces ruines et moi je vais reprendre ma vie, annoncer à tout le monde mes exploits.
    ㅡ Vous ne pouvez pas faire ça…
    ㅡ Bien sûr que si que je le peux. Vous l'oubliez peut-être, ou je ne l'ai peut-être pas dit, mais je suis un Prince. Le Prince de Drakonia.
    ㅡ Excusez-moi alors cette offence, mais pour être Prince, il faut avoir avant tout un royaume.
    ㅡ Puisque je vous dis que j'ai un royaume.
    ㅡ Plus maintenant. Depuis longtemps.
    ㅡ Ce n'est pas parce que vous m'avez sauvé la vie une fois que vous pouvez vous croire tout permis.
    ㅡ Alors permettez-moi de vous la sauver une seconde fois. Ecoutez-moi. ≫

Cheiralba ne faisait pas preuve de beaucoup de tact. C'était ce qui lui avait manqué avec Alaïa et elle le regrettait amèrement. Il ne fallait pas qu'elle fasse la même erreur une seconde fois.

≪ Je vous en supplie. Ecoutez-moi une dernière fois. Si après ça vous n'est pas d'accord et que vous souhaitez partir, je ne vous retiendrai pas. Je n'attendrai pas que vous ayez changé d'avis. Mais écoutez-moi une dernière fois. Je ne vous ai pas sauvé de ce laboratoire pour que vous vous fassiez tué par une milice dont vous ignorez tout. Nous avons jusque-là été prudents. Je vous propose que nous retournions sur des lieux que vous avez visité il y a quelques semaines. Peut-être les reconnaîtrez-vous, eux et les changements apportés par le temps. Je ne peux pas faire mieux. Vous protéger de vous-même tant que vous n'aurez pas accepté ma vérité.
    ㅡ Que l'on soit bien clair. Je vais accepter votre offre. Non pas pour que j'accepte votre vérité, comme vous le dites. Non pas pour prouver que j'ai tord et que vous ayez raison. Je vous prends en pitié dans votre folie et je prouverai que j'ai raison. Nous nous sommes tout simplement trompés de chemin et avons atterri dans une ancienne bâtisse abandonnée qui n'a rien à voir avec la Volière.
    ㅡ Où souhaitez-vous qu'on se rende ? Si possible, un endroit pas trop fréquenté et que vous avez connu récemment.
    ㅡ Peut-être cet hôtel dans lequel je résidais. Il y aura peut-être Aarsu, ma domestique en chef. En espérant qu'elle ait survécu à la Faille. Oh, cela me ferait plaisir de revoir son visage ou n'importe quelle autre tête Draconienne.
    ㅡ J'imagine qu'il était dans la Haute-Ville ?
    ㅡ Vous ne vouliez pas qu'un Prince réside dans la Basse-ville tout de même.
    ㅡ Dans ce cas, nous n'y aurons pas accès. Cela doit se passer dans la Basse-ville.
    ㅡ Ne pouvons-nous pas le voir de loin ?
    ㅡ Nous ne… Vous êtes passés par l'entrée principale pour y aller ?
    ㅡ Oui, bien sûr. C'était un tunnel surplombé d'une grande tour avec un clocher. Maudite cloche, elle m'empêchait de dormir à sonner toutes les heures pendant la nuit. Elle fut détruite par la faille. Il n'y aura pas grand chose à regarder.
    ㅡ Reconstruite quasiment à l'identique. La cloche ne sonne plus, mais de nombreux postes de vigie y ont été installés. Ce sera l'occasion de voir à l'oeuvre la milice de la Zandriarchie. Suivez-moi. ≫



Allez hop ça arrive sans prévenir. C'est gratos. Ca fait plaisir.
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Cap le vendredi 11 septembre 2020, 12:48:34
Syl
Soir du sixième jour avant la fin
Souterrains
Comme un air de déjà vu

Alaïa et moi marchions en silence dans le réseau souterrains. Le groupe s'était séparé. Non sans regrets, mais nos objectifs actuels divergeaient trop pour que l'on continue ensemble. Dans tous les cas, j'avais la certitude de rencontrer en ce groupe hétéroclite des alliés fiables. Cette pensée me réchauffa le coeur : cela faisait bien longtemps que je n'en avais pas trouvés.
Cheiralba souhaitait poursuivre sa quête de vengeance. De mon côté, je voulais reprendre mon enquête dans le Cercle. Alaïa avait émis le souhait de venir avec moi, et je n'avais pas eu coeur à la refuser. Elle présentait quelques affinités magiques, certainement pas assez pour qu'Alkebath l'accepte, mais je ne pouvais refuser le luxe d'un allié supplémentaire.
Et puis, il y avait son bras. Nous n'avions pas encore réfléchi à la question : devait-elle le montrer aux yeux de tous les mages, devenant certes une curiosité aux yeux de certains, mais d'autres pourraient nous renseigner sur des cas semblables, ou au contraire le cacher, perdant ainsi toute possibilité d'apport de connaissance par un mage. Le choix lui appartenait.
ㅡ Avant toute chose, je te dois des explications sur ce qui se trame dans le Cercle.
Je pris quelques secondes avant de continuer :
ㅡ Bien évidemment, ce que je vais dire reste entre nous...
Alaïa hocha la tête, approuvant ma demande implicite. Je repris :
ㅡ Tout n'est pas aussi simple que tu ne le penses. Comme tu le sais, le Cercle regroupe tous les sorciers, mages, enchanteurs, druides, chamans, astromanciens et autres telluristes en fuite face à la Croisade. Si certains ont trouvé un refuge, attendant que les choses se tassent pour simplement vivre en cachant leur pouvoir, d'autres n'ont pas supportés cet affront. Alkebath...
Je m'interrompis un instant, songeuse.
ㅡ Mais évidement tu ne sais pas qui est Alkebath.
Alaïa ne répondit pas, attendant que je continue mon récit. Pour qu'elle comprenne pourquoi j'étais inquiète vis à vis des projets de l'elfe, j'étais obligée de lui raconter son histoire, du début. L'omettre rendrait mon appréhension infondée et complètement disproportionnée.
ㅡ Pour que tu comprennes bien la situation, je vais devoir commencer du début. Cela remonte à mon arrivée à Miderlyr, quelques jours avant la Fracture. Je venais d'obtenir l'autorisation d'accéder à la bibliothèque du Collégium. Rapidement, Alkebath m'a abordée. Simple étudiant, il voulait une démonstration d'invocation, et éventuellement quelques conseils. Pour lui et son groupe de potes. Je sentais que quelque chose de pas net se profilait. J'ai accepté. Et il m'a présenté Imielda.
Je soupirai au souvenir de la jeune fille. Mon récit succinct me ramenait trois ans en arrière, dans le maelstrom d'émotions de cette fameuse nuit. Je me repris :
ㅡ Imielda n'était pas qu'une simple étudiante. Je ne sais pas trop ce qu'elle était, mais elle avait monté une sorte de culte dans le Collégium afin de mener un rituel abject. Et son objectif était d'invoquer un prince démon.
ㅡ Rien que ça... murmura Alaïa.
ㅡ Et Alkebath était son bras droit.
Je marquai un autre arrêt, songeant un instant sur ce que j'allais ajouter. La jeune elfe ne me laissa pas le temps :
ㅡ Et comment ça s'est terminé ?
ㅡ Imielda a pu mener à bien son invocation. Fort heureusement, une RepoussOmbre était également présente, elle a réussi à se débarrasser d'Imielda et nous avons... détruit le démon.
J'avais parlé de façon très détaché. Alaïa avait l'air songeuse. J'avais éludé beaucoup de détails, son imagination était sûrement en train de combler les trous de mon récit. Tant mieux. Je n'avais aucune envie de parler du duel des démons, et donc du mien, ni que c'était les derniers instants de Miderlyr avant l'ouverture de la Faille.
ㅡ Je ne sais pas comment Alkebath a survécu cette nuit là. Mais aujourd'hui, il contrôle la partie belliqueuse du Cercle. Il veut que les mages prennent la place qu'ils leur reviendraient de droit, en usant de la force si nécessaire. Il prévoit quelque chose pour les prochains jours. Un rituel sans précédent pour reprendre ses mots. L'influence qu'a eu Imielda sur lui est bien réelle, c'est pourquoi j'ai peur qu'il ne prépare quelque chose de terrible...
Peut être de pire que la Fracture. Cette pensée brûla mes lèvres, mais je ne pu me résoudre à prononcer ces mots. Je voulais rester positive. Mais il fallait se rendre à l'évidence : Miderlyr était instable magiquement. Le moindre rituel d'une trop grande envergure pouvait réveiller la Faille et ce qui s'y terrait. Ou déclencher une nouvelle cascade d'événements catastrophiques.
ㅡ Tu penses à quelque chose en particulier ?
ㅡ Pas vraiment. Il a distribué des bagues pour contacter les membres du Cercle, mais elle est louche. N... je n'ai pas encore pu en percer le secret.
Je me mordis la lèvre. Le nous m'avait presque échappé. Et contrairement au précédent, celui-ci ne se justifiait pas dans ma phrase. Alaïa ne réagit pas, se contentant d'un petit rire presque forcé :
ㅡ Effectivement, tu as passé pas mal de temps à courir dans les égouts.
J'eus un petit sourire amusé. Elle n'avait pas tort. Et même si, en soi, cette aventure m'avait fait perdre un peu de temps, ce n'était absolument pas du temps perdu, bien au contraire.
Le silence se fit suite à cette remarque, seulement brisé par le bruit de nos pas. Nous avancions dans un tunnel de roche, cicatrice laissée dans la terre suite à l'ouverture de la Faille. La pente était douce, remontant lentement mais sûrement vers la surface. Le sol irrégulier était faiblement éclairé par la lumière de nos lanternes, physique pour Alaïa, magique de mon côté. Il n'y avait aucun signe d'une présence humaine ou monstrueuse dans les environs, ce qui nous permettait de cheminer tranquillement.
Après quelques dizaines de minutes de marche, notre boyau déboucha dans un corridor, cette fois taillé par des mains. Le sol était lisse ainsi que les murs, sur lesquels on pouvait deviner des encoches pour y fixer des torches.
Je pris quelques secondes pour me repérer. Nous nous rendions à la cache principale du Cercle, où résidaient une partie des mages en fuite face à la Croisade, mais surtout où se trouvaient les ouvrages qui avaient pu être sauvés de l'Inquisition. Si Alaïa voulait se renseigner sur l'Estrobi, c'était là où elle devait commencer.
J'identifiais rapidement la route à suivre. Il nous fallait aller à gauche. Mais avant toute chose, j'éteignis la lumière qui m'éclairait jusque là. À partir de maintenant, il était bien plus probable de croiser des gens, et autant éviter tout risque. En voyant cela, Alaïa brisa le silence :
ㅡEt... Euh. Est-ce que tu pourrais... Je sais pas... Faire quelque chose pour dissimuler mon bras ? demanda-t-elle d'une voix étranglée.
Elle regardait le sol, visiblement gênée par cette demande.
ㅡ Bien sûr. Attends un peu...
Je commençais à concentrer notre magie, préparant un petit sort d'illusion.
Mauvaise idée fillette.
Je haussai un sourcil, enjoignant Thargraktrug à continuer.
Je ne sais pas comment son bras réagit à la magie. Et encore moins à un contact prolongé. Ce serait plus sage d'utiliser un moyen plus... Conventionnel.
Je m'interrompis. Il n'avait pas tort. Plongeant la main dans ma fidèle sacoche, j'en extrayais rapidement un gilet en tissu aux manches longues. Heureusement, Alaïa et moi avions la même stature.
ㅡ Mets ça ce sera le plus simple. Par contre, je n'ai pas de gants. Il faudra faire attention en ville le temps que l'on en trouve.
Alaïa me jeta un regard interrogateur. Je repris, répondant à sa question dissimulée :
ㅡ Je ne sais pas comment ton bras va réagir à la magie, et je n'ai pas envie d'avoir une mauvaise surprise au mauvais moment.
La jeune elfe hocha la tête. Elle semblait vouloir ajouter quelque chose, mais ne dit rien. Néanmoins, sa remarque me servait de rappel : j'avais moi aussi mon apparence à changer. Mes yeux vairons et ma chevelure de feu ne passeraient pas inaperçus.
Je m'en occupe fillette.
Mes cheveux prirent une teinte noire et mon oeil gauche devint vert tandis que la magie du démon faisait effet. Cela servit de déclic à la jeune elfe : mon apparence avait effectivement changé avant et après son kidnapping. Elle écarquilla les yeux, ouvrit la bouche prête à me questionner. Je fus plus rapide, répondant dans un petit rire :
ㅡIl vaut mieux qu'Alkebath ne me reconnaisse pas.
Ainsi qu'une autre personne... Encore une fois, je gardai cette remarque pour moi. Inutile d'inquiéter Alaïa au sujet d'Althanéa. Ni de la mettre au courant pour Thargraktrug.
Alaïa hocha simplement la tête, approuvant ma remarque et clôturant le sujet.


Notre escapade à la surface fut rapide et efficace. C'était la fin de journée, de nombreuses personnes déambulaient dans les rues, sans pour autant être une foule compacte. Quelques gardes patrouillaient, s'assurant mollement de la sécurité. Je sentais Alaïa tendue à côté de moi, mais les manches longues et les mains dans les poches suffirent à masquer la peau noire de son bras.
Nous trouvâmes sans peine une paire de gants pour la jeune elfe, qu'elle s'empressa d'enfiler dès qu'elle fut à l'abri des regards. Son bras était maintenant entièrement caché par des tissus. Nous fîmes quelques achats de provisions avant de regagner la tranquillité relative des tunnels sous la ville.
Le trajet jusqu'à la cache principale du Cercle se fit sans encombre. Nous étions encore proche de la surface et les créatures les plus dangereuses que nous pouvions croiser ici étaient des agents de la Croisade. Arrivée face à ce qui semblait être une impasse, j'activai la rune cachée sur le mur pour libérer le passage. Les pierres s'effacèrent sans un bruit, laissant une ouverture juste assez grande pour une personne. Je m'engageai la première, faisant signe à Alaïa de me suivre. Le mur se referma silencieusement derrière elle, ne laissant aucune trace de notre passage.
Le couloir débouchait très vite dans une petite salle déserte creusée à même la roche. Quelques sphères de lumière flottaient paresseusement, diffusant une lumière douce mais largement suffisante. De nombreuses ouvertures partaient dans toutes les directions, créant sans peine un dédale tentaculaire de galeries. Certaines étaient bien éclairées, d'autres plus sombres, de certaines provenaient des bruits de discussions ou de vie tandis que d'autres étaient complètement silencieuses.
Je me tournai vers Alaïa, lui glissant discrètement :
ㅡ Reste avec moi si tu ne veux pas te perdre.
La jeune elfe hocha la tête. Elle était calme, mais seulement en apparence. Son regard courrait partout et elle sursautait au moindre écho.
Sans hésitation, je m'engageai dans un petit couloir sinueux, sur la droite. J'étais très loin de connaître parfaitement le dédale, mais j'utilisais la magie pour me repérer. Je réussis à nous guider en évitant les rencontres (je n'avais pas spécialement envie de croiser quelqu'un que je connaissais) jusqu'à une petite alcôve fermée de rideaux opaques. Une petite sphère de lumière éclairait doucement la pièce, occupée d'un mobilier très simple : une table, trois chaises, deux lits. De quoi nous nous installer tranquillement et nous poser pour la nuit. Je pris néanmoins la peine d'indiquer la bibliothèque toute proche à Alaïa. Si elle voulait chercher des infos sur son bras, c'était un bon endroit pour commencer.
De mon côté, je voulais me reposer un peu. La journée avait été riche en action et en émotion. Un peu de repos ne pourrait que me faire du bien. C'est à ce moment qu'elle s'activa. La bague.
Elle frémit un instant, avant de s'éteindre et de redevenir le bijou simple qu'elle était. J'eus un instant d'abattement : évidemment que les choses s'enchaînaient sans me laisser le moindre répit. Puis je me repris. Après tout, je voulais me rendre utile pour cette ville. C'était un moyen pour moi de me repentir suite à tout ce que j'avais causé, d'une certaine façon. Je me reposerai plus tard.
J'attrapais prudemment la bague, et la sortit de ma poche. Le sortilège était des plus élémentaire. Un simple message mental lorsque la pierre passa dans mon champ de vision.
ㅡ Et bien. Alaïa, nous avons rendez-vous demain, à midi, dans les couloirs sous l'ancien Collégium...
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Yorick26 le dimanche 06 décembre 2020, 21:54:06
Cheiralba et Hundwiin
Vétéran
Jour 5 avant la fin
Ruines de la Volière
Pour Miderlyr et Drakonia


≪ Et maintenant, vous me dites que mon royaume a été réduit en cendres. Vous en êtes sûre ?
ㅡ Je n'y suis jamais allé, mais c'est ce qu'on sait des déclarations de l'Ambassadrice de la Tour d’Améthyste. Les Seigneurs-Djinns ont ravagé les terres de Drakonia. Ici, tous les membres de votre espèce ont été tués. Peut-être reste-t-il des survivants dans votre royaume, mais leur sort reste peu enviable au nôtre.
ㅡ Je dois me venger. Je dois les venger. Je dois restaurer mon pays. C'est ma responsabilité. ≫

Quelque chose s'était brisé chez Hundwiin. La vieille femme le revoyait tel qu'elle l'avait trouvé : faible et nécessiteux. Il avait besoin d'aide, mais rien de ce que disait Cheiralba ne lui permettait de se remettre sur pied. Il avait perdu ses amis, son royaume, sa sécurité. Il ne lui restait que Cheiralba.

≪ Si je puis-me permettre. Vous devez d'abord penser à vous. Si vous tenez à restaurer votre royaume et sauver les survivants, il faut que vous soyez vivant. Si leur roi est mort, qui viendra à leur secours ?
ㅡ Je ne suis pas un roi.
ㅡ Tant que nous n'avons pas la preuve du contraire, votre famille est morte et vous êtes le seul à avoir échappé à cet enfer. Votre père n'est certainement plus là. Vous êtes le roi.
ㅡ Je ne suis pas un roi. Je n'ai plus de royaume. Mais je vais le reconstruire. Je vous le promets.
ㅡ Ce n'est pas à moi de le promettre. Mais une promesse est une promesse. Tâchez de la tenir. Et pour cela, j'insiste, vous devez être en vie et libre. ≫

Le Draconien laissa un moment de silence s'installer. Les certitudes et les doutes se bouleversaient dans sa tête.

≪ Est-il prudent de quitter Miderlyr ?
ㅡ Pour aller où ?
ㅡ Je ne sais pas. Ailleurs. Établir un foyer de résistance. Lever une armée.
ㅡ Qui voudrait risquer sa vie pour un royaume qui n'est pas le sien ? Chaque royaume doit affronter ses propres ennemis. Ici c'est la Zandriarchie. Chez vous c'est la Cabale des Seigneurs-Djinns. Vous trouverez peut-être une aide auprès de la résistance, mais ils ne feront pas passer vos besoins avant les leurs.
ㅡ Tâchons qu'ils nous soient redevable alors.
ㅡ Nous ? Je ne pensais pas les aider. J'ai mes propres projets à réaliser.
ㅡ Vous voulez donc faire passer votre désir de vengeance au-dessus de la sécurité de tous et de l'espoir de restaurer un royaume déchu ?
ㅡ Je…
ㅡ Je crois comprendre que vous n'avez pas le courage d'essayer de sauver la cité. Ce que je ne comprends pas, c'est que cela ne vous ressemble pas. Vous avez tout fait pour sauver Alaïa, aux dépens de votre propre sécurité et voilà que vous faîtes preuve de lâcheté. Aider la Résistance, renverser la Zandriarchie ne serait bon que pour moi ? Vous êtes encore plus concernée que moi. ≫

En quelques secondes, le Draconien avait repris ses esprits et son autorité princière. Cheiralba avait un peu honte, mais pas tout à fait. Elle avait eu ses raisons de ne pas prendre part à la Résistance, mais elle avait changé dans les égouts de la ville. Elle n'était pas devenue une héroïne, mais mue par son désir de vengeance, elle avait oublié sa propre importance pour penser cette fois aux êtres qui lui étaient chers. Voilà qu'elle recommençait en voulant suivre la piste de cet étrange commanditaire. Était-ce si important ? Est-ce que cela ne pouvait pas attendre ? Elle avait peut-être sauvé Alaïa des griffes de Sébastide Hordefeu, mais était-elle en sûreté pour autant ? Les magiciens, les créatures hérétiques comme elles n'avaient pas le droit de vivre leur vie dans cette ville tant que l'inquisition serait là.

≪ Très bien. Rejoignons la résistance. Soyons prudents, mais rejoignons-la.
ㅡ Vous savez où la trouver ?
ㅡ J'ai travaillé avec eux pendant quelques années. Ne vous l'ai-je pas dit ? Je ne sais plus. J'ai mis à disposition mes capacités à soigner, mais je crois qu'il est temps d'offrir plus de ma personne. Peut-être pourrais-je jouer un rôle décisif dans cette bataille qui se dessine devant nous.
ㅡ Prêtons-nous mains fortes et je suis sûr que nous serons inarrêtable.
ㅡ Je ne partage pas votre confiance, mais votre enthousiasme fait plaisir à voir et m'encourage. Rejoignons les souterrains.
ㅡ Encore ? On a passé à peine une journée à la lumière du jour que déjà il faut se calfeutrer dans ces égouts immondes ?
ㅡ Vous ne pensez pas qu'ils puissent s'organiser aux yeux de tous. Nous vivons cachés.
ㅡ Vous avez raison. Pour Miderlyr et Drakonia.
ㅡ Pour Miderlyr et Drakonia. ≫

La vieille femme et le Draconien se levèrent de concert, l'un plus vite que l'autre, soulevant dans leurs mouvements un nuage de poussière. La Volière était devenu leur refuge temporaire, mais leur sécurité était précaire. Les deux nouveaux acolytes consultèrent pendant quelques instants le plan du réseau souterrain qu'ils avaient emporté du laboratoire.

≪ Ne vous inquiétez pas. Nous n'aurons pas longtemps à marcher. Si nous empruntons un rythme soutenu, nous y serons assez rapidement.
ㅡ Leur quartier général est si connu que ça ?
ㅡ Je n'ai aucune idée d'où se trouve le quartier général.
ㅡ Où allons-nous, alors ?
ㅡ A l'infirmerie, voyons.
ㅡ Evidemment. ≫



Cheiralba, Hundwiin et Aarath
Vétéran
Jour 5 avant la fin
Infirmerie de la résistante
Il y a des pointes

Alors que Cheiralba et Hundwiin s'approchaient de l'infirmerie, des voix leur parvenaient de manière distincte. Sans aucun doute, ils se criaient mutuellement dessus. D'un geste du doigt, la femme araignée fit signe au roi draconien de ne faire aucun bruit et d'écouter la conversation.

≪ Comment comptiez-vous l'interroger dans cet état ?! Vous êtes complètement inconscients ma parole ! Trois carreaux ! Un seul aurait suffit à l'endormir tranquillement pendant plusieurs heures. Avec trois, vous avez de la chance s'il tient la journée. Nous ne pourrons même pas l'interroger pendant des jours entiers s'il survit.
ㅡ C'était soit ça, soit il nous tuait tous. Et je vous rappelle que de toute façon, l'ambassadrice avait donné au départ l'ordre de le tuer.
ㅡ Depuis quand suivez-vous les ordres de cette traîtresse ? Nous sommes loyaux à Aube et à la Résistance. Pas à notre ennemi. Si elle veut le tuer, elle doit avoir de bonnes raisons. Nous avons tout intérêt à le garder vivant et à savoir ce qu'il se cache derrière cet assassinat.
ㅡ Vous aurez beau crier. Deux de nos gars sont morts pour le garder en vie.
ㅡ Peut-être pour rien. Je vais essayer de faire au mieux, mais je ne promets rien. ≫

Cheiralba choisit ce moment pour intervenir. Sa tenue était complètement défaite et quiconque regardait d'un peu près comprendrait qu'elle était sa véritable nature. Mais elle avait reconnu la voix du médecin. Elle avait eu affaire à lui à plusieurs reprises. A l'époque, ils étaient tous les deux des élèves du Docteur Malassius.

≪ Peut-être que je pourrais me rendre utile.
ㅡ Bonté divine ! Oserai-je croire à un miracle ? Cheiralba, est-ce bien toi ? Tu as tellement vieilli… Oui, pardon, ça ne se dit pas. Le temps a sur toi une emprise tellement différente. Et pourtant tu es toujours là. Je m'égare. Je suis juste stupéfait de te revoir après tout ce temps.
ㅡ Moi aussi, cela me fait plaisir de te revoir Handmond. ≫

A première vue, il ne ressemblait pas du tout à un médecin. Pas de tunique blanche, pas de costume similaire à Hordefeu. Il avait les bras nus et portait une simple veste sans manche surmontée d'une capuche qui lui couvrait seulement en partie ses cheveux bruns coupés courts. De mémoire, il avait toujours prétendu qu'il était plus facile de se laver les mains que de nettoyer ses manches. Une raison valable, mais qui avait toujours eu le don d'exaspérer le docteur Malassius.

≪ Bien sûr que cela me fait plaisir de te revoir, Cheiralba. C'est que je ne m'attendais pas à te voir. Bien sûr. Et que la Résistance va au plus mal. Je ne peux rien te révéler évidemment, mais je dois quand même te demander un service. Cela ne doit pas être un hasard si tu arrives maintenant.
ㅡ Il se trouve que j'ai également un petit service à te demander.
ㅡ Je crois malheureusement que je n'ai rien que je puisse t'offrir.
ㅡ Ton appui me suffira. Mon ami et moi souhaitons rejoindre la Résistance.
ㅡ Ce n'est pas trop tôt. Attends… tu viens de dire "ton ami" ? ≫

Dans un effet théâtral, Hundwiin choisit ce moment pour faire son apparition dans la lumière projetée dans la pièce. Les trois membres de la Résistance ne cachèrent pas leur surprise.

≪ Un Draconien. Je les croyais tous tués.
ㅡ C'est ce que je viens d'apprendre, hélas. De toute évidence, il en reste encore un. Et il a bien l'intention de faire tomber la Zandriarchie, détruire la Cabale des Seigneurs-Djinns et reprendre son royaume.
ㅡ Reprendre son royaume. Je dois rêver… D'abord l'arrivée miraculeuse de notre meilleure spécialiste en poison lorsqu'on nous avons affaire à un surdosage en narcoleptique et voilà qu'un membre de la famille royale draconienne fait son apparition.
ㅡ Ne me traitez pas avec déférence. Cheiralba m'a considéré comme son égal, et jusqu'à maintenant cela m'a plutôt bien réussi. J'ai l'intention de continuer ainsi. Si je parviens à récupérer mon royaume, peut-être alors cela fera de moi un bon roi. En attendant, je souhaite avant tout être un membre de la Résistance, si vous m'acceptez... ≫

Cheiralba était surprise d'heure en heure. Il avait retrouvé sa prestance et il jouait maintenant d'une diplomatie nouvelle qui arrivait à mettre en confiance de parfait inconnu. Elle-même se serait fait avoir par sa voix assurée et ses propos rassurants. En quelques instants, il avait pris l'attitude d'un meneur de troupe. Peut-être se révèlerait-il plus utile que ce qu'elle pensait.

≪ Je ne peux rien promettre au nom de la Résistance, mais je serais ravi de me battre à vos côtés. Aux côtés de tous les deux. Mais, je ne suis qu'un maillon… et comme je vous le disais, la Résistance n'est pas au meilleur de sa forme. Les rumeurs circulent que nous avons été découverts et que ce serait en lien avec ce Léonin. Pour l'instant, il n'est pas en état de dire quoi que ce soit, mais nous comptons bien l'interroger. Dès qu'il sera réveillé… Peux-tu faire quelque chose pour nous aider, Cheiralba.
ㅡ Je vais essayer. Mais tu dois me promettre d'essayer de nous faire rejoindre la Résistance.
ㅡ Je promets d'essayer. Quant à toi, je ne doute pas que notre "Empoisonneuse" ne puisse pas venir à bout de cet anesthésiant.
ㅡ Qu'avez-vous utilisé ? ≫

Handmond se retourna vers les deux résistants qui n'avaient pas dit un mot jusqu'à maintenant, ne comprenant qu'à moitié ce qu'il se passait et n'osant pas rapporter l'attention sur eux alors qu'ils se sentaient fautifs.

≪ Du venin d'aspic.
ㅡ Des rives de la Zalé'mon ou des Terres sauvages ?
ㅡ On ne sait pas. On nous a juste fourni ce poison en nous certifiant qu'il était efficace. ≫

Handmond leva les yeux au ciel et ne put s'empêcher d'intervenir.

≪ De toute évidence, c'est du venin de Vipera Aspis Milefica. Une vipère des Terres sauvages n'aurait pas eu autant d'efficacité. Les yeux sont basculés, la paralysie est flasque mais ne touche pas les organes vitaux. La durée d'une dose de contact avec le sang en intramusculaire est de plusieurs heures. Il a reçu trois doses. Outre le risque d'un arrêt respiratoire, je te laisse imaginer qu'il va mettre longtemps avant de pouvoir manipuler sa machoire.
ㅡ Il s'agit d'un Léonin, son organisme peut réagir différemment. Je n'en suis pas sûr, mais avec un peu de chance.
ㅡ J'espère aussi. En tout cas, cela veut dire qu'on n'a pas d'antidote connu.
ㅡ Connu non. Je n'ai pas d'antidote à te proposer. Mais essayons tout de même. ≫

Cheiralba dénoua sa tenue rapiécée relevant une bonne partie de son intimité, mais tous les yeux étaient braqués sur l'appendice se terminant par un dard qui restait jusqu'à maintenant dissimulé sous l'épaisse couche de tissu.

≪ Je vois qu'on ne se cache plus.
ㅡ A quoi bon.
ㅡ Je croyais que tu n'avais pas d'antidote.
ㅡ Je vais juste soutenir ses fonctions cardiaques et respiratoires, et j'en profite pour ajouter un petit stimulant pour que son organisme parvienne à éliminer le plus rapidement possible la toxine. D'ailleurs, si j'ai bien compris, c'est de votre faute s'il est dans cet état-là ?
ㅡ Oui, Madame.
ㅡ Dans ce cas, allez me chercher une sonde urinaire. Avec sa paralysie flasque, les sphincters vont se relâcher… Je suis déjà dans un état déplorable, je n'ai pas envie de patauger dans l'urine de chat. D'autant qu'on va forcer la diurèse...≫

Les deux acolytes restaient les bras ballants écoutant les paroles de la femme araignée sans vraiment les comprendre, toujours subjugués par la nature chimérique de Cheiralba.

≪ Bon, les deux lascards. Vous allez prendre le tube qui est là-bas, et vous allez lui enfoncer dans son orifice urinaire et on mettra l'autre extrémité dans un seau. Et je vous préviens… Il y a des pointes, donc ne faites pas les surpris.
ㅡ Cela me fait plaisir de travailler à nouveau avec toi, Cheiralba. Le Malassius aurait été fier de toi. Je m'occupe des fluides pendant que tu t'occupes du soutien interne.
ㅡ Je peux aider en quelque chose ?
ㅡ Hundwiin, je vous propose de surveiller vos deux assistants à ce qu'il fasse bien leur travail. ≫

Cheiralba avait eu le temps d'injecter son propre venin de sa composition que les deux que les deux Résistants étaient toujours en train de se passer à l'un ou l'autre la tube en plastique jauni. Hundwiin n'eut qu'à gronder une fois avant que l'un des deux s'en saisit une dernière fois et regarda avec colère son acolyte. Il commença à défaire le pantalon de son prisonnier et regarda avec dégoût ce qu'il s'apprêtait à faire. Il hésita trop longtemps et Hundwiin perdit patience et se chargea d'extraire l'origine urinaire de sa gangue de poil d'une main tandis que l'autre se saisissait de la sonde en poussant au passage son ancien propriétaire qui fut propulsé quelques mètres plus loin.

≪ Pour Miderlyr et Drakonia. ≫

A peine avait-il touché l'organe reproducteur du Léonin que ce dernier ouvrit les yeux. Tous les muscles se contractèrent d'un coup. Heureusement, les membres étaient solidement attachés, sinon quoi il se serait précipité sur le roi Draconien.

≪ Vous avez fait encore de la magie, Cheiralba.
ㅡ Je crois qu'il s'agit plutôt d'Hundwiin. Il a dû déclencher un réflexe primitif ou quelque chose dans le genre. Je vous avais dit qu'on ne pouvait pas prévoir la réaction d'un corps d'un Léonin.
ㅡ Détachez-moi ou je vous tue. ≫

Le captif avait déjà repris complètement connaissance. Malgré son pantalon en bas des chevilles, il semblait ne ressentir aucune pudeur. Seuls la colère et un plaisir à l'idée de torturer tout le monde se dessinait sur son visage.

≪ Permets-moi de mettre ta parole en doute. Je crois plutôt que si on te détache, tu nous tues. commenta Handmond.
ㅡ Je vous tuerai de toute façon. Mais si vous me détachez, je ne vous ferai pas trop souffrir.
ㅡ Partons plutôt du principe que nous pouvons nous rendre service. Tu as envie de nous tuer. On devait te tuer et on n'a pas respecté le contrat qui a été placé sur ta tête. On peut faire quand même mieux que ça. ≫
Titre: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
Posté par: Vaati the Wind Mage le mardi 23 novembre 2021, 23:53:20
Alaïa et Syl
Vétéran
Cinq jours avant la fin
Ruines du Collégium
Le corps de la Bête




La rune était presque invisible, dessinée sur le mur. Syl me prit la main, me guida jusqu’à elle, et chuchota quelque chose que je ne pus entendre. Le mur disparut, laissant place à une immense galerie, qui semblait être le croisement de plusieurs autres plus petites, probablement protégées par des runes semblables. A peine nous y étions nous engouffrées que le mur derrière nous disparût. Soudain, semblant venir de nulle part, une voix se fit entendre, près de moi.
“Arrêtez vous ! Ne bougez plus !
Du calme, dit Syl, en sortant la bague ayant affiché le lieu de rendez-vous de sa poche. Nous avons été conviées ici.”

La voix ne répondit rien. Je senti l’air vibrer autour de moi; une inspection magique, sans doute. Je me tenais droite, sans rien dire, terrifiée à l’idée que l’on puisse découvrir mon bras. Mais quelque chose semblait… étrange. J’avais déjà subi des inspections de ce type, et je connaissais cette sensation. Mais quelque chose était différent, j’avais comme l’impression que mon bras était entouré, protégé par quelque chose. Lentement, je levai les yeux vers Syl, soupçonnant qu’elle devait y être pour quelque chose. Peu importe ce qu’elle faisait, je lui en étais reconnaissante.
“Toi, jeune fille aux cheveux noirs… tu as une…
Aura étrange. Je sais, c’est une conséquence de la Faille.
… Possible. Vous êtes libres de passer.”
Nous nous remirent à avancer; nous suivîmes les quelques personnes qui avaient fait irruption via les galeries environnantes et qui, après avoir subi l’inspection, s’engouffraient dans un tunnel complètement différent de ceux que j’avais l’habitude de parcourir : façonné par une main consciente, et non pas par les hasards de la Faille. L’entrée des sous sols du Collégium, sans doute.

Le Collégium. Cela faisait maintenant plusieurs années que je n’avais pas repensé à cet endroit. Pour beaucoup, c’était un symbole de la chute de la magie dûe à la Croisade, pour moi c’était le symbole d’un échec cuisant; au delà de toute considération personnelle, ce n’était qu’une ruine. Une ruine qui, fut un temps, avait eu son lot de créatures venues de là où débouchait la faille. Personne ne savait pourquoi ici plus qu’ailleurs, mais avec le temps, comme partout ailleurs, leurs apparitions se faisaient de moins en moins fréquentes. Quoiqu’il en soit, je ne me sentais déjà pas rassurée quand mes démarches solitaires m’entraînaient près du Collégium, mais les couloirs où Syl était en train de m’entraîner étaient beaucoup plus sinistres; tout ici semblait malsain. De ce qui avait été autrefois une académie prestigieuse ne restait que des cendres. Mais ses souterrains, qui avaient fécondé une multitude de complots en tout genres, semblaient avoir été épargnés par le cataclysme qui avait ravagé Mydelir. En les parcourant, j’avais l’impression d’être hors du temps; pas une brique n’avait été décalée, pas un mur n’avait cédé. Tout semblait parfaitement tel qu’il avait été avant l’apparition de la Faille. C’était très perturbant, jamais, en trois ans, je n’avais vu un endroit aussi préservé, surtout pas en dessous d’un bâtiment dont seul le nom et quelques pierres avaient subsisté.

Cela faisait quelques heures que nous ne marchions plus seules, et nous étions désormais entourées par une petite foule. Voir un aussi grand nombre de personnes réunies au même endroit, dans un lieu tel que la Faille, ne faisait que renforcer l’atmosphère particulière de ces ruines. Je prenais garde à ne pas m’éloigner de Syl, et à toujours la garder dans mon champ de vision. Je ne voulais pas me retrouver seule au milieu de cette foule inconnue. Enfin, nous arrivâmes sur ce qui semblait être un véritable théâtre, dans les sous sols du Collégium. Jamais je n’avais supposé qu’un tel endroit aurait pu exister, même si plus rien n’aurait du me surprendre. Des piliers soutenaient l’immense structure, et le tout prenait la forme d’un amphithéâtre. Syl et moi prirent place côte à côte; ma compagne de route semblait anxieuse. Je tentai d’approcher ma main de son épaule, dans un geste de réconfort, avant de me raviser : ce genre d’habitude était depuis longtemps oubliée. Mais il semblait que l’ancienne et candide Alaïa voulait se manifester, ne serait-ce que pour un bref instant.
“ Est ce que… tout va bien, lui ai-je demandé.
Nous en reparlerons plus tard. Ce n’est ni le lieu, ni le moment dit elle en jetant des regards partout autour d’elle.”
Je soupçonnai alors un lien avec Alkebath, et ce qu’elle m’avait raconté à son sujet. Mon imagination avait peut être amplifié (ou diminué, mais je n’envisageais pas cette possibilité) les faits, mais le Cercle semblait bien différent de ce que je pensais. Devant nous, au milieu de l’amphithéâtre, se trouvait une grande table en pierre, recouverte d’un drap noir. Sous le drap, il était possible de distinguer des formes. Des cadavres ? Possible, mais je me demandais quelle aurait été leur utilité. Après quelques minutes à attendre, le silence se fit parmi l’assemblée : un jeune elfe venait de faire irruption. Alkebath, probablement. Il avait un certain charme, avec ses cheveux bruns ténébreux, et un certain sens de la mise en scène. En des temps plus paisibles, il avait du être un grand séducteur, malgré son jeune âge. Il s’approcha de la grande table en pierre, puis se retourna de manière très théâtrale, afin de nous faire face. Puis il leva les bras, achevant de taire les quelques personnes qui osaient encore parler.

“Mes frères et soeurs. Cela fait trois ans que la Faille est apparue. Trois ans que nous vivons ainsi. Mais une grande avancée vient d’être faite. Pendant ces trois ans, j’ai étudié des arts qui m’étaient auparavant inaccessibles. J’ai acquis un savoir qui pourrait nous permettre de sortir de l’ombre. Je sais; ces paroles ont déjà été prononcées trop de fois. Et seul, le savoir ne vaut rien. Il est vrai. Mais des années de recherche m’ont permis de mettre la main sur l’outil de notre vengeance, la concrétisation de mon apprentissage. Longtemps j’ai gardé le silence; je n’avais pas toutes les clés. Je n’avais pas la clef. Mais désormais, je l’ai. J’ai retrouvé ce que je craignais à jamais perdu. Nous sommes à l’aube d’une ère historique, d’un événement comme il n’y en eût jamais. Aujourd’hui, nous qui avons été opprimés, avons enfin l’occasion de redevenir maîtres de notre destin. Mais avant d’en dire plus, voici sans plus attendre ce que j’ai retrouvé.”

Il souleva le drap noir. Sous celui-ci, se trouvait deux choses : l’une d’elle était un crâne aux canines proéminentes, probablement les restes d’un vampire ou autre créature nocturne. Mais l’autre… je n’avais jamais rien vu d’aussi perturbant. C’était une créature cornue, dont le corps semblait avoir été momifié. Il serait d’une main le crâne, et son visage était à jamais empreint d’une expression haineuse. Je tournai la tête vers Syl; elle ne bougeait pas, fixant avec horreur la chose sur la table.

“Ce que vous regardez, mes frères et soeurs, est le cadavre d’un démon, dit Alkebath avec fierté.
Alkebath, dit alors un jeune demi-elfe. Es tu en train de proposer de… ressusciter ce démon ?
Bien sûr que non, dit-il de manière arrogante. Ce démon a été vaincu, je ne pense pas qu’il soit en notre pouvoir de le ramener à la vie.
Dans ce cas… qu’allons nous en faire ?”

Alkebath fixa son interlocuteur quelques instants, puis sourit.

“ A l’aide de ces restes, nous allons créer une créature, bien plus puissante et bien plus terrifiante que n’importe quelle abomination sortie de la Faille. Tout du moins en apparence; la chose, maintenue sous notre contrôle, aura peut être assez de pouvoir pour détruire à elle seule tout la Croisade Zandriarchale. Et alors, dès qu’elle commencera s’attaquer à la population, et bien nous surgirons, de nulle part, pour sauver les citoyens. Nous serons leurs héros ! Nous serons des symboles ! Et plus grand encore que cela, mes frères et soeurs, nous serons les premiers à posséder sous notre contrôle une créature semblable à un démon ! Vous rendez vous compte ! Nous devenons, dès à présent, les véritables maîtres de ce monde ! Et ceci n’est peut être qu’un début; peut être qu’une nuée de choses semblables pourront être crées, rien qu’avec un seul corps ! Qui sait quels secrets cette dépouille pourrait livrer ?”