Salut la compagnie ! Aujourd'hui, je vous propose un nouveau chapitre de ma seconde sur les PZiens du forum.
Oui je sais que ça fait un bail. Oui, je sais que ça fait deux ans que le dernier chapitre a été posté. Oui, je sais que cette histoire a sombré dans les méandres du forum. Oui, je sais que c'était inespéré voir impossible mais tout le monde a le droit à un
petit mais vraiment tout riquiquihiatus, non ? Oui, je sais que c'est l'excuse basique mais vous prendriez bien un bout de fic puisque vous allez lu jusque là, non ?
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Le reflet de la rivière
Il porta ses mains à son visage, l’éclaboussant avec des légers gestes. L’eau fraiche revigorait ses traits tirés par ses harassantes journées de marche et le doux remous du cours d’eau apaisait son esprit. L’homme leva alors la tête, les yeux fermés et l’air serein, avant d’humer les effluves que les vents amenaient dans cette épaisse forêt. Cet air
L’homme ramena ses pieds contre son corps, tandis qu’il s’appuyait contre sa garde de son épée. C’était une lame en acier gris, au pommeau orné par un modeste laçage en cuir daim d’une teinte brunâtre – à moins qu’elle ne fût orangée dans ses premiers instants. Son large dos était calé contre un sol, au bord de l’eau, et sa tête était légèrement penchée en avant. De là où il se trouvait, il pouvait apercevoir son reflet se mouvoir sous les ondulations du liquide.
Ses longues mèches de cheveux, attachées en une queue de cheval désordonnée, étaient éparses et hérissées telle une crinière de fauve ou il ne savait quelle bête. Des cernes apparaissaient sous ses yeux perçants, trahissant sa fatigue et sa mâchoire, endurcie par les années, était parcourue par une courte barbe mal rasée, à l’image des vagabonds qu’il avait rencontré au cours de sa route. Un vagabond, tiens ! Voilà ce que son apparence lui reflétait !
Le coin de ses lèvres se souleva en un rictus, tandis qu’il essuyait l’eau qui perlait sur sa barbe humide. À le voir ainsi, on le prendrait pour un vétéran. Il avait l’allure de ceux qui paraissaient invincible sous le soleil de plomb qui fouettait de ses rayons les vastes champs de bataille. S’il se croyait l’égal de son Dieu, celui des Arts de la Guerre et du Combat, nul doute qu’il se serait comparé à lui en se proclamant demi-dieu.
À cette pensée, il ôta le coude qu’il avait posé contre la garde de sa lame, l’attrapa, sortit la pointe de la lame de terre puis la contempla. De chaque côté de la gouttière de la lame, il pouvait voir son reflet. Ses yeux rouges dardaient avec ardeur l’image que sa lame lui renvoyait, remarquant ainsi à quel point il avait changé. Le voilà maintenant avec une allure de guerrier d’Aria et débarrassé de ses derniers traits juvéniles. On croirait qu’il avait quitté l’adolescence il y avait une dizaine d’années, alors qu’il y avait peu d’années.
Ah, sa jeunesse ! Temps des regrets et des perditions, il était également le temps où il trouva sa propre voie. Teinté de rouge et dénué de doutes, c’était ce qu’il s’était juré. Il mettrait sa foi dans sa lame et sa vie dans chaque frappe, à l’instar de cette plaie errante et funeste. Le Fléau des Déesses disait-on mais, à ses yeux, elle était la première à subir ce titre. Éternelle perdue, entre sa dévotion envers leur Dieu et la quête que lui en avaient incombé d’autres – les trois Némésis -, entre la rage inhumaine qui l’animait et cette naïveté à vouloir la réprimer, entre la fièvre des combats et la quiétude d’une vie simple. Sans cesse tiraillée, sans cesse indécise, elle était une girouette qui menaçait de céder à force des vents qui la mouvaient.
Le solitaire repensa alors au périple qu’il avait vécu au côté de ses anciens compagnons d’armes.
« Tu as perdu… »
Ce fut ses paroles qui s’imposèrent à lui. Les paroles d’une femme qui ne savait ce qu’elle voulait réellement, écrasée par le poids des responsabilités. Elle, à qui on l‘avait souvent comparé durant leur enfance puis leur adolescence, n’avait pu prononcer que grâce à cette chance insolente. L’hasardeux coup du destin ou la bénédiction de leur Dieu était ce qui lui avait permis de vivre jusqu’à alors. Sans quoi, elle aurait été vaincue. Elle ne devait sa victoire qu’à la lame que leur Dieu avait empoigné lors de son affrontement contre la Trinité. Ni plus ni moins.
L’homme aux mèches hirsutes leva alors son regard vers le ciel. L’azur était parsemé de nuages, larges tâches grises, et le Soleil caressait de ses rayons les abords où il se trouvait. Les feuilles de l’arbre contre lequel il se trouvait dansaient sous le vent et filtraient la lumière du soleil qui s’apprêtait à éclairer le sol. C’était là le calme avant la tempête qui les emportera tous, un simple instant de vie, loin de cris et des pleurs. Juste une paysage pittoresque que chaque combattant imprimait dans sa mémoire avant de trépasser au combat, afin d’avoir une dernière vision d’une nature reposante.
Ses lèvres s’entrouvrirent alors, puis il demeura interdit quelques instants. S’il était resté avec elle… S’il avait emprunté ce chemin brumeux, menant à un avenir certain, nul doute qu’il serait mort. Elle l’aurait tué par sa faiblesse, son incapacité à ne pas décider avec précaution. Elle l’aurait entrainé avec elle, dans tel le fléau qu’elle était.
Elle n’apportait rien de bon, une véritable plaie, incapable de sauver leur patrie. Que le premier qui arrive à faire rentrer du plomb dans la tête de cette imbécile, soit élevé au rang de Dieu. Stratège déplorable, infatigable girouette et sans doute une amante exécrable. La seule chose qui lui restait était son talent de bretteuse, dont les gestes étaient anarchiques et brutaux.
Ses traits se tirèrent à cette pensée, donnant ainsi l’impression qu’il vieillissait. Si elle ne succombait pas d’ici-là, nul doute que leurs routes se croiseraient de nouveau. La lame indécise croisa alors la lame décidée et cette fois, seul leur idéal guidera leur lame. Il portera l’avenir de son peuple et sa délivrance dans le tranchant de sa lame et si, par malheur pour elle, elle devait à s’opposer à lui, alors il la tuera tout comme cet insidieuse usurpatrice.
Ganonpow soupira profondément. La tempête qui s’annonçait ne cessait d’obscurcir le ciel de leur vie et de leur royaume, et il fera tout ce qui est en son pouvoir pour l‘enrayer.
J'espère que ça vous a plu ! Si vous avez une quelconque remarque, je serais ravie de la connaître pour m'améliorer ^^