Salut, j'ai ouvert une galerie où j'essaierai de publier assez régulièrement mais je ne promets rien, car j'ai souvent plusieurs projets en même temps...
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Il aurait dû s'écouler bien plus de temps avant que le Fléau ne resurgisse. Et pourtant, une décennie à peine avait passé depuis la victoire du Héros quand il frappa. N'étant guère plus qu'un esprit, il était néanmoins plus fort que jamais. Malgré le courage dont le Héros fit preuve et la puissance de la Lame purificatrice, celui-ci vit ses alliés tomber un à un. La princesse, qui se battait à ses côtés, fut l'une des premières victimes de la bataille. On peut aujourd'hui compter les Sheikahs qui ont survécu à cette journée sur les doigts d'une main. Quant au Héros... Il se battit vaillamment, menant ses troupes avec clairvoyance et sagesse. Au terme d'une bataille qui dura deux jours et trois nuits, il affronta la bête sous sa forme humaine, autrement nommée Ganondorf. On dit que ce fut un combat spectaculaire, dont, en tendant l'oreille, on entend encore les échos... Mais le mal gagna. Un grand Héros trépassa cette nuit-là. Blessé mortellement par son adversaire, dans un dernier sursaut de vie, il planta l’Épée de Légende dans le sol là où le combat eut lieu. On ne retrouva ni l’Épée ni le corps. Les survivants de la bataille frissonnent encore du rire de Ganondorf. A partir de là, les Hyliens et les Sheikahs n'eurent plus aucune chance de gagner. Submergés par le nombre, ils n'eurent pas d'autre choix que de se rendre. Certains en réchappèrent, d'autres eurent moins de chance. Ayant écarté tous ses ennemis, le Fléau put enfin régner sur Hyrule d'une main de fer. S'il cherche encore la Triforce, tous prient les Déesses pour qu'il ne la trouve pas...
Ce que la légende ignore, c'est qu'il y a quinze ans, avant la bataille, Le Héros confia un nourrisson à des amis de confiance. Ceux qui le savent espèrent que ce bébé devienne un jour le prochain Héros de la légende, qui débarrassera Hyrule du tyran qui l'a asservie.
- Liiiink ! Il faut te lever, il est tard !
- Non, pas tout de suite ! S'il te plaît !
A demi éveillé, Link tira sa couverture et se retourna dans son lit pour se rendormir mais il était trop près du bord. Résultat : le bruit et la collision assez violente contre le sol achevèrent de le réveiller. Il se releva en se grattant la tête, persuadé qu'il ne parviendrait pas à se recoucher. Néanmoins, il se réjouit d'une chose : il avait aujourd'hui quinze ans ! L'âge où un enfant devenait un homme, selon Chiru, l'un de ses instructeurs. Il s'habilla rapidement, tomba une deuxième fois dans l'escalier (son pantalon était mal mis) et trouva Lucas dans la cuisine :
- Deux chutes en moins de dix minutes, s'amusa ce dernier avec un grand sourire sans lâcher sa planche à découper du regard. Record battu, je me trompe ?
Link lui tira la langue. Lucas avait à peine vingt-cinq ans mais c'était un épéiste hors pair, ami d'un chef de la garde, et avec ça une très bonne personne sous ses airs un peu durs.
- Où ils sont, les autres ? demanda le garçon en s'asseyant pour prendre son petit-déjeuner.
- Chiru n'était pas sorti depuis longtemps donc il est allé au marché faire les courses et prendre un peu l'air. Manon... Je crois qu'elle avait plus de soufre. Du coup, elle est descendue jusqu'aux Mouettes pour en acheter. L'apothicaire du coin est parti à la retraite.
- Les Mouettes... A côté du ranch ? tenta de situer Link.
- Oui, c'est ça. Ah au fait, joyeux anniversaire !
Link le remercia et mangea une pomme et une miche de pain beurrée en guise de petit-déjeuner. Quand il eut terminé, Lucas fit une pause dans la préparation du repas pour l'entraînement de Link au maniement de l'épée.
- Bon, tu te rappelles de ce qu'on a fait hier ?
- Tout à fait, répondit Link avant de s'élancer et de porter une botte du cobra parfaitement exécutée, parée par Lucas sans difficulté.
- Je me demandais, reprit l'élève, est-ce que c'est possible de faire ça avec un bouclier ?
- C'est justement ce qu'on va faire aujourd'hui. Tu dois t'équilibrer différemment avec un bouclier mais c'est faisable avec un peu de pratique. Allez, on essaye.
Comme son élève, Lucas préférait se battre sans bouclier, mais il avait pour but d'initier Link à plusieurs types d'armes, ce qui comprenait les arts martiaux, le tir à l'arc et parfois le maniement d'armes plus lourdes. Au bout d'une demi-heure, Link maîtrisait la botte, qui consistait en deux petits coups rapides à deux endroits différents. Comme chaque jour, ils finirent leur session par un combat.
- Comme c'est ton anniversaire, tu choisis. On fait quoi ?
Link hésita quelques instants puis attrapa son épée et lança la sienne à son maître et ami.
- Hum, m'affronter dans mon domaine de prédilection ? taquina Lucas. Jeu dangereux, p'tit gars...
S'ensuivirent deux assauts de Lucas parés par Link. Ce dernier arrivait parfois à rivaliser, mais seulement parce qu'il connaissait par cœur le style de combat de son instructeur : tantôt un peu brutal, tantôt tout en finesse et en souplesse avec quelques mouvements aériens. D'après ce qu'il savait, cette façon de se battre venait de ses origines : la grand-mère de Lucas était une Gerudo, comme en témoignaient les cheveux roux et épais et le teint légèrement cuivré de l'épéiste. Il avait été formé au combat à l'épée dès son plus jeune âge. Associé à un talent inné, cela avait fait de lui ce qu'il était aujourd'hui. Link doutait de pouvoir atteindre un tel niveau un jour, même si on lui avait toujours dit que son père était un excellent épéiste. Son père... Tué par un autre Gerudo, bien différent de Lucas. Cet instant d'inattention permit à son adversaire de porter un coup trop rapide pour être esquivé. Link le para mal et son épée valsa face à la force du coup.
- J'ai gagné ! jubila Lucas. Tu t'es déconcentré au mauvais moment mais tu progresses. Tu tiens de plus en plus longtemps.
Quand ils rentrèrent, Chiru était revenu du marché. Il avait l'air sacrément mécontent :
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Link au vieil homme qui s'asseyait dans un fauteuil, les sourcils froncés.
- Il y a eu une émeute au marché, ce matin.
- Une émeute ? répéta Lucas. Un voleur ?
- C'est ce que je croyais aussi, répondit Chiru. Mais pas cette fois. Un commerçant a refusé de fournir Ganondorf en boulets et en poudre à canon. Ils l'ont emmené, le pauvre.
Un silence lourd de sens s'ensuivit.
- Quinze ans que ça dure, soupira l’aîné. Ce qu'il manque aujourd'hui, c'est un symbole. Rien ne pousse les peuples à se re...
Lucas lui lança un regard sévère, comme pour lui dire de se taire. Link ne le remarqua pas et Chiru enchaîna habilement :
- On m'a dit que c'était ton anniversaire, aujourd'hui, Link. C'est vrai ?
Link acquiesça en souriant. Jamais Chiru n'aurait oublié son anniversaire : il en parlait depuis deux semaines.
- Pour cette occasion, poursuivit le vieil homme, j'ai quelque chose pour toi.
Il sortit de sa poche un pendentif et le tendit à Link, qui le prit dans ses mains et l'examina. Un lacet de cuir solide avec une attache de métal fin. Mais le plus intéressant était le médaillon lui-même. Un cercle de métal argenté, épais d'un demi-centimètre, frappé d'un œil avec une larme. Le garçon réfléchit quelques instants et s'exclama :
- Mais ! C'est...
-Oui ! confirma Chiru. L'emblème de mon peuple : les Sheikahs. Il signifie que tu es assez grand et intelligent pour prendre des décisions seul.
Assez surpris par ce cadeau mais heureux et reconnaissant, Link remercia son ami et ce fut ce moment que choisit Manon pour entrer :
- Coucou tout le monde, lança-t-elle en refermant la porte. Joyeux anniversaire, Link.
Manon n'était pas beaucoup plus âgée que Lucas, cinq ans de plus, maximum. Brune aux yeux verts avec des cheveux descendant jusque dans le dos, elle était très attentionnée mais dure quand cela était nécessaire. Suite à une rapide conversation sur le voyage de Manon, le déjeuner était prêt.
Au moment de passer à table, Lucas et Manon jetèrent un coup d’œil appuyé à Chiru, qui hocha la tête.
- Bon, Link, commença Lucas en s'appuyant contre un meuble, il faut qu'on parle. Assieds-toi.
Le garçon répondit par l'affirmative et s'assit, un peu perplexe.
- On t'a déjà raconté ce qui s'est passé il y a quinze ans, enchaîna Manon avec douceur. Tu t'en rappelles ?
Comment l'oublier ? Quinze ans auparavant, son père, le Héros de la Légende, s'était battu pour le royaume, en combattant Ganondorf. Et il perdit. Cette légende était aujourd'hui interdite sous le régime dictatorial du Fléau. Mais, avant de partir sur le champ de bataille, le Héros confia son fils à Chiru, un ami de longue date, et Ganondorf l'ignorait. Link acquiesça.
- La nuit où ton père est venu pour qu'on s'occupe de toi au cas où il ne reviendrait pas, reprit Lucas, Manon avait ton âge et j'étais plus jeune encore. Mais du haut de mes dix ans, je l'ai écouté parler et je me souviens de ce qu'il a dit comme si c'était hier : "Si jamais le mal triomphe aujourd'hui, faites que mon fils devienne celui qui vaincra le Fléau."
- Tu te souviens de ce que j'ai dit tout à l'heure ? demanda Chiru. L'histoire du symbole.
Il prit une inspiration et parla lentement :
- Depuis ta naissance, nous t'élevons avec comme piliers trois valeurs : la force, le courage et la sagesse. Cela, dans un but bien précis : ces trois qualités sont obligatoires pour que tu deviennes le prochain Héros et le symbole d'une révolte : celle qui rendra à notre royaume sa liberté. D'ailleurs, le pendentif que je t'ai donné, dit-il en le pointant, n'est pas exactement ce que je t'ai dit. J'ai parlé ce matin avec le Conseil des Sheikahs et ce collier symbolise leur approbation pour notre projet et leur allégeance envers toi. Te voilà en possession de l'Aval des Gardiens.
Link déglutit. Cela faisait beaucoup en une seule fois. Manon parut s'en apercevoir puisqu'elle se leva et apporta un verre d'eau au garçon.
- Ça va ? demanda-t-elle.Tu te sens bien ?
- Non, ça va, répondit Link, ça fait juste beaucoup à digérer.
Ces révélations demandèrent un temps de réflexion à Link. Il regarda dans le vide et tenta d'ordonner ses pensées. Pendant quinze ans, il était persuadé de connaître toute l'histoire, et voilà qu'on lui annonçait qu'il était destiné à une quête, à un objectif dont il commençait à peine à prendre conscience. Chiru s'attendait à cette réaction, il préféra laisser le temps à Link de se remettre les idées en place.
- Je ne sais même pas ce que je vais devoir faire, rétorqua le garçon, toujours un peu tremblotant.
Chiru fut assez surpris que Link reprenne ses esprits. Il lui répondit calmement :
- Nous t'avons seulement préparé pour cette mission, expliqua le vieil homme. Toi seul peux décider comment la mener à bien. Mais je sais que tu en es capable. Aie confiance en tes capacités.
Cette phrase encourageante redonna confiance au jeune garçon. Il allait accomplir la tâche qu'on lui avait assigné. Il inspira pour se donner du courage et proclama d'une voix assurée :
- D'accord ! Je vais le faire !
Tous trois le regardèrent avec fierté, presque trop émus pour lui répondre. Ceci laissa le temps à Link de reprendre d'une vois plus posée :
- Mais pourquoi m'en parler aujourd'hui ? Pourquoi maintenant ?
- Il te faut quelque chose, répliqua Lucas en retrouvant sa voix, un artefact sans lequel tu n'auras aucune chance contre Ganondorf. Cet objet, c'est l'arme de ton père : l’Épée de Légende.
- Oui, tu m'en avais parlé. Mais on sait pas où elle est.
- Si, répondit Chiru.
- Comment ça, si ?
Le vieil homme jeta à Link un regard malicieux et annonça :
- C'est une énorme coïncidence que ça tombe le jour de tes quinze ans mais... Nous l'avons trouvée.