|
(Cliquez pour afficher/cacher) C'était avec un cœur serré en trois solides nœuds que l'enfant s'était avancé vers le lit du Corbeau. Il tremblait et faisait de son mieux pour se retenir de faire des gestes trop brusques, qui auraient pu réveiller l'oiseau endormi. Il ne voulait pas que celui-ci lui glisse entre les doigts et s'envole. Pas maintenant qu'il avait réussi à trouver le courage d'accomplir sa mission. Ce n'était pas du courage qu'il lui avait fallu pour passer à l'acte. C'était de la faiblesse. Une incapacité à supporter ce qu'il avait sous les yeux maintenant qu'il les avait enfin ouverts. Rien que de voir ce nez crochu et ce visage si torturé par les grimaces qu'il affichait sans cesse, il avait envie de vomir. Cette maigreur, ces jambes couvertes de piqûres d'insectes, ces poignets trop fins, ces mains minuscules, ce genou torturé... Il avait envie d'expédier tout ça en enfer. Et c'était pour ça qu'il s'était avancé dans la pièce sans faire le moindre bruit, pas même celui de sa respiration. C'était pour servir la justice. Ses mains, qui étaient restées cachées dans son dos, se levèrent lentement, pointant vers le bas une petite machette courte. C'était l'une des innombrables armes que le Corbeau avait collectionnées au fil des ans. Alors autant qu'elle serve pour l'achever, s'était dit le gamin. Il inspira lentement une bouffée d'air, sans que cela ne fasse le moindre bruit audible. Il fallait qu'il donne un coup sec en plein dans le thorax. Et après, si le monstre se réveillait, et ça serait sans doute le cas, il lui resterait deux solutions : soit porter d'autres coups, soit, si la bête n'a pas été suffisamment sonnée (et au vu de sa ténacité, ce n'était pas impossible), s'enfuir pour essayer de l'essouffler et de la vider de son sang aussi vite qu'il le pourrait. Tandis qu'il s'imaginait le monstre recouvert de sang, en train de haleter et d'hurler des obscénités dans toutes les langues qu'il parlait, il revit son visage couvert de sang qui avait brutalement ouvert la porte de leur demeure, le jour de son procès. Il n'avait pas dit un mot, il avait juste brusquement poussé la porte, sans se soucier qu'elle bouscule le gamin sur le coup. Il s'était avancé en boitant douloureusement, et s'était traîné jusqu'au canapé. Puis, machinalement, Wilhelm était parti en courant pour chercher tout ce dont son maître avait besoin. Il lui avait juste dit : « Si je m'évanouis, ranime-moi. Et finis le travail si je ne suis pas en état ». Et c'était en suant et en respirant l'air à grosses bouffées qu'il retira tout seul la balle qui s'était logée dans son genou avant de raccommoder sa prothèse. Ce, sans tomber dans les pommes, sans difficulté apparente. Et si Wilhelm ne lui avait pas apporté les outils aussi machinalement ? Et s'il l'avait laissé mourir ce jour là ? On n'en serait pas là. Il n'aurait pas à lui enfoncer une machette dans le torse si sauvagement. Et c'était justement en se rappelant cette scène qu'il porta attention au visage de la bête. Une bête, certes, mais humaine. Et endormie, ses traits étaient paisibles. Le Corbeau avait même la bouche entrouverte, respirant calmement, sur le dos, les bras écartés de façon insouciante. À cet instant là, son visage n'était pas celui de Faze. C'était celui d'un humain comme un autre, en plein sommeil, sans doute en train de rêver. Et à cet instant précis, il ne méritait pas de mourir. Wilhelm crispa d'avantage ses mains sur l'arme blanche, puis soudain ferma les yeux. Il le sentait. Il sentait le regard de Faze sur lui. Il devait avoir les yeux entrouverts. Il allait se relever un peu brusquement, puis hurler en voyant l'arme. Il le savait, c'était prévisible. Et il lui suffirait d'une fraction de seconde, même mal réveillé, pour désarmer Wil et lui tordre le bras au passage. Il devait agir vite. Maintenant. Il fallait enfoncer l'arme. Maintenant ! Wil ouvrit brusquement les yeux et fit un petit geste mais s'arrêta net. Non, Faze dormait toujours, sans se soucier de rien. L'enfant eut une petite secousse dans sa respiration. Il vérifia que celle-ci n'avait pas réveillé le Démon. Mais non, toujours rien. Ses yeux étaient toujours clos, innocemment. Le môme tenta de calmer ses battements de cœur et son tremblement, mais rien n'y faisait. Il baissa lentement l'arme et remit ses bras à ses côtés. Il regarda à nouveau son maître assoupi, et laissa une larme ou deux glisser sur ses joues rondes. Il les essuya d'un revers de main, puis recula un peu avant de tourner les talons et de s'en aller, le plus silencieusement et le plus lentement possible. Il ne pouvait pas tuer cet homme. Il était certes horrible, mais c'était un génie. Et surtout, c'était sa seule famille. Il ne pouvait pas comprendre pourquoi, mais il n'arrivait pas à s'en détacher. Il savait que la Rébellion l'accepterait facilement une fois Faze parti, mais ce ne serait pas pareil. Il n'y aurait plus personne pour faire de l'humour cynique sur tout et n'importe quoi et pour lui dire d'aller bosser d'un ton sévère. Il n'y aurait plus rien. L'homme qui l'avait tiré de son orphelinat serait perdu à jamais. Et ça, il ne le voulait pas. Une fois Wilhelm hors de vue, deux grands yeux noirs s'ouvrirent sur le monde. L'expression paisible de ce visage si laid se fit foudroyer sur le champ. Réduite à néant, la colère habituelle qui demeurait habituellement sur ces traits était revenue à la surface. Le Corbeau tourna les yeux vers la porte ouverte de sa chambre, puis esquissa un grand sourire épris de sadisme et de moquerie. « Wilhelm, petit con... » Puis il fit un mouvement brusque avec son bras, et recouvrit ses yeux avec la paume de sa main avant de sombrer à nouveau dans un sommeil profond. « On dirait que je ne t'ai rien appris. Ce n'est pas comme ça qu'on butte quelqu'un. » |
(Cliquez pour afficher/cacher) 能 【no — faculté】 Acte Second 深井 【fukai — mère en peine】 (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Comme si elle avait été guidée par une corde qu'il lui suffisait de suivre pour avancer, la jeune femme avait traversé forêts, plaines et montagnes, dans un silence qui se voulait pour elle comme une coutume. Mais bientôt, cette corde lui ferait approcher une nouvelle bourgade, une nouvelle infection à traiter, de nouveaux jours. Son voyage était devenu monotone et routinier, ne la laissant même plus réfléchir ou penser. Elle agissait comme une machine programmée, dont les algorithmes tourneraient en boucle jusqu'à son dernier souffle. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Lorsqu'elle atteignit sa nouvelle escale, son ouïe fut aussitôt agressée par les marchands qui hurlaient pour attirer les passants afin de vendre ce qu'ils avaient à proposer. Tout lui paraissait atrocement insupportable, d'autant plus qu'elle savait pertinemment qu'elle devrait s'en contenter jusqu'à ce qu'elle rejoigne un lieu qui lui servirait d'hébergement. Elle s'arrêta un moment, le temps d'observer les lieux et de comprendre la structure des ruelles. Elles semblaient remonter sur une colline au loin et s'arrêter brusquement à côté d'une forêt. Les bâtiments lui paraissaient tous strictement identiques, et il n'y avait pas moyen d'en localiser un plus grand que les autres, qui aurait pu être une auberge. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Vous avez l'air de chercher quelque chose. Puis-je vous aider ? » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)C'était une voix dénuée de vie et d'émotion qui venait de s'adresser à elle, provenant d'un homme assis sur une caisse de bois — sans doute pleine de marchandise — que personne dans la rue ne semblait remarquer. Il était couvert d'un vêtement de tissu épais, entièrement noir, lui servant à la fois pour tenir au chaud ses épaules et pour masquer son visage d'une cagoule, ne découvrant que son nez droit et ses lèvres fines. Son menton et ses joues étaient recouverts d'une barbe mal rasée et ses yeux, dont l'éclat brillait parfois sous le froid soleil de début d'hiver, étaient tout aussi sombres que son vêtement, tout aussi vides de sentiments que sa voix. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« En effet, je viens d'arriver ici. Je suis une apothicaire itinérante qui échange ses services contre un peu d'hospitalité. Je cherche justement où trouver cette dernière, puis je proposerai mes services à ce village. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Mugon avait parlé d'une traite, sans aucune hésitation. Elle avait prononcé ce discours tant de fois qu'il avait dépassé le stade d'habitude ou de routine. Il était devenu une véritable part d'elle, un fragment intégrant de son identité. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« On dirait que vous avez fait mouche en tombant sur ce village, lui répondit aussitôt son interlocuteur avec un sourire au coin des lèvres. Si vous continuez de remonter l'allée jusqu'à la colline, vous verrez une rangée d'habitations. Au bout de celle-ci, vous trouverez une maison où un forgeron fait refroidir le fer qu'il travaille sur sa terrasse. Si vous pouvez apporter de l'aide à sa femme, il vous logera sans hésitation. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— Qu'a donc cette femme ? (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— Elle est enceinte. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Mugon grimaça un peu. Elle avait du mal à saisir le problème posé ici. L'homme en noir sourit à sa réaction. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Je ne connais pas bien les détails, mais apparemment, tel est le problème : elle est enceinte, continua l'homme. Je ne sais pas si les services d'une simple apothicaire seront suffisants, mais vous ne perdez rien à y aller, n'est-ce pas ? » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Mugon détourna un peu le regard à l'annonce des faits. Tout cela lui paraissait plutôt étrange, mais ce n'était pas très important. Dans tous les cas, elle savait à présent où se rendre et qui traiter. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Bien. Je vais me diriger là-bas dans l'espoir d'aider cette femme. Merci beaucoup pour votre aide. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)L'inconnu se contenta de lui faire un signe d'au-revoir et de la regarder s'éloigner, pas à pas, accompagné par le cliquètement de ses getas contre le sol. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Allez donc, ma bonne amie, murmura-t-il sans que Mugon ne puisse l'entendre. Du travail vous attend. » ⁂ (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Après quelques instants, elle parvint à la colline qui lui avait parue si lointaine depuis le quartier marchand. Elle n'avait pas profité de son chemin pour remettre en question l'étrange personnage qui l'avait guidée jusqu'à son prochain travail. Elle en avait croisé dans sa vie, des énergumènes. Et celui-là n'était pas aussi étrange que d'autres. Peut-être souffrait-il lui-même d'une maladie pour voiler ainsi son visage. Mais si cela avait été le cas, Mugon aurait dû le sentir, avec la même habileté qui lui avait permis de savoir que cette ville contenait un malade. Elle n'en avait perçu qu'un, pas deux — peut-être alors que cet homme n'aimait pas le soleil... Bon nombre d'hypothèses pouvaient être émises, et elles n'intéressaient pas l'apothicaire. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Elle vit bientôt se dessiner devant elle les ruelles d'habitations, telles qu'elles avaient été décrites par son guide improvisé. Et en même temps qu'elle pénétrait ces lieux bien plus calmes que le marché d'en bas, elle se rapprocha aussi d'un bruit répété de cliquètement de métal propre aux forges. Le son lui parut comme un rythme régulier et agréable, et elle en profita le temps de s'en rapprocher. Enfin, elle put apercevoir le bout de la ruelle, et avec celle-ci, la fameuse terrasse sur laquelle on pouvait voir divers outils en métal en train de refroidir et de sécher. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Le temps que Mugon se place devant, un homme aux yeux cernés de fatigue et à la coiffure courte et négligée débarqua brusquement depuis son atelier. Il tenait à la main une lame qu'il venait de tailler et qu'il accrocha afin de la faire refroidir. Il essuya son front ruisselant de sueur et attrapa une gourde d'eau accrochée à sa taille afin de se réhydrater. Il lui fallut du temps pour remarquer la femme maquillée qui se tenait devant sa demeure, et il sursauta lorsqu'il la vit enfin. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Bonjour Monsieur, dit Mugon en s'avançant encore vers l'homme afin de créer un dialogue. Je suis une apothicaire errante qui vend ses services pour de l'hospitalité. J'ai rejoint ce village, et un homme m'a envoyée chez vous, disant que votre femme souffrait d'une condition quelque peu étrange. Je suis donc venu dans le but de l'aider. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Le forgeron se gratta le menton face à l'annonce de l'inconnue, puis il baissa les yeux d'un air gêné. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« À vrai dire... Je ne sais pas si un apothicaire peut lui venir en aide, hélas. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— Vous ne pourrez le savoir qu'une fois que vous m'aurez décrit le problème. S'il me reste une chance d'aider votre femme, j'aimerais le savoir, insista Mugon. Et je suppose que vous aussi souhaitez la voir guérir. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)L'homme se mordit la lèvre et hésita un instant. L'apothicaire s'impatienta. Qu'avait-il donc à cacher ? Même si la maladie était gênante, elle ne méritait sans doute pas d'en faire autant. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Je vous prie de m'excuser un instant. Je vais lui demander si elle souhaite recevoir votre visite. Puis je vous expliquerai de quoi il en retourne. Ça vous convient ? » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Mugon hocha brièvement la tête et suivit du regard l'homme qui disparut aussitôt dans sa maison. Elle attendit calmement son retour, en profitant pour admirer les outils tout juste forgés. Le temps qu'il lui fallut pour contempler les détails du travail du jeune homme fut suffisant pour lui permettre de patienter jusqu'à ce qu'il revienne. Soudain, sa tête ressortit de la porte coulissante qui restait grande ouverte sur sa forge, et il fit un geste du bras pour que Mugon le suive à l'intérieur. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Ils traversèrent l'atelier du mari, puis arrivèrent dans une grande pièce principale, de laquelle on pouvait sentir le doux parfum d'un plat en train de mijoter. Tous deux se déchaussèrent aussitôt, se débarrassant de leurs sandales respectives pour ne pas abîmer les tatamis. À en juger par la table basse située au centre et les petits coussins autour, c'était sans doute ici que la famille partageait ses repas. Deux larges portes en paille de riz se faisaient face — l'une d'entre elle était légèrement entrouverte et semblait mener à un couloir qui abritait sûrement les chambres à coucher, et de l'autre provenait l'odeur du plat en train d'être cuisiné. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Ma femme est en train de préparer le dîner, dit enfin l'homme. Vous le partagerez avec nous. Nous allons donc vous loger le temps de votre séjour ici. Même si vous ne pouvez rien pour ma femme, il doit bien se trouver quelques malades en ville qui apprécieront grandement votre aide. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Il invita Mugon à s'asseoir à la table, puis partit chercher du thé et des verres dans la pièce de droite. Il revint aussitôt et en servit à son invitée ainsi qu'à lui-même. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Je ne me suis pas présenté, reprit-il. Mon nom est Sato Genkishi1. Et vous ? (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— Je me prénomme Mugon, » lui répondit l'apothicaire après avoir avalé une gorgée de thé chaud. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Genkishi marqua une pause le temps de boire un peu lui aussi, puis reprit la parole. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Ma femme Anko et moi avons emménagé ici après notre mariage, ce qui remonte déjà à quelques années. Si notre demeure est aussi grande, c'est parce que nous voulions qu'elle puisse accueillir nos futurs enfants sans mal. Seulement, pendant longtemps, Anko n'arrivait pas à tomber enceinte. Il n'y avait rien à faire, et l'herboriste de notre village n'avait rien à nous proposer en guise de traitement. Nous en étions même venus à penser qu'elle était sans doute stérile, ce qui nous causa une grande peine... Nous ne savions vraiment pas quoi faire. Mais surtout, elle souffrait de ne pas pouvoir tomber enceinte. Elle voulait vraiment avoir des enfants. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Mugon l'écouta calmement en sirotant son thé, attendant qu'il en vienne aux faits. Seulement, plus son récit avançait, plus il semblait balbutier tant il avait du mal à trouver ses mots. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Eh bien... Elle a enfin réussi à tomber enceinte cette année, reprit-il. Et aussi à donner naissance. Le problème, c'est... qu'elle est toujours enceinte. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— Elle a donné naissance mais est restée enceinte ? demanda Mugon, visiblement intriguée. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— On peut dire ça comme ça. Elle a donné naissance, puis aussitôt, une autre grossesse est survenue. Dit ainsi, ça peut paraître naturel. Seulement, c'est arrivé trois fois de suite cette année. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Mugon écarquilla les yeux et s'arrêta net. Elle fixa le forgeron, interloquée, incapable de placer une quelconque réponse. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« L'automne est presque fini, et c'est la quatrième grossesse que fait ma femme en cette année. Les trois enfants précédents sont nés sans difficulté apparente. Alors, forcément, il y a le fait que les grossesses s'enchaînent et qu'à force, ça risque de nuire à la santé d'Anko. Mais il y a aussi le fait que ces enfants... » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Il marqua une pause dans ses paroles, baissant les yeux d'un air presque gêné. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Je les aime, évidemment que je les aime. Et je suis heureux d'être père. Mais je ne peux qu'avouer qu'il y a quelque chose qui ne va pas avec ces enfants. Mais ça, vous le remarquerez quand vous les verrez, je pense... » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)L'apothicaire n'avait rien à ajouter au sujet des enfants, du moins pas tant qu'elle n'en saurait pas plus. En revanche, le problème des grossesses la troublait vraiment. Elle réfléchissait déjà à comment il lui serait possible de traiter la jeune femme. Son regard se posa sur la bague de jade qui ornait son pouce gauche, qui avait la forme d'un ongle affiné et pointu. Elle resta ainsi pendant quelques instants, perdue dans ses pensées à la recherche d'une solution. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Je pense pouvoir aider votre femme, dit-elle enfin après avoir médité le problème. Je crois avoir une petite idée du mal qui la ronge. Je m'y prendrai avec un traitement à base d'herbes, et je devrais déjà avoir en ma possession toutes celles dont j'ai besoin. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)À peine eut-elle fini sa phrase que le visage de Genkishi lui parut s'illuminer de bonheur. Ses yeux étaient marqués d'une joie sincère tandis qu'un sourire se dessina sur ses fines lèvres. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Si vous arrivez vraiment à guérir ma femme, je ne pourrai jamais assez vous remercier... (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— Ce ne sont pas des remerciements que je désire, lui répondit Mugon d'une voix calme et bienveillante. Ce que je souhaite vraiment, c'est qu'Anko-san2 se rétablisse pleinement. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Elle ôta sa caisse en bois de son dos, et l'ouvrit afin de chercher dans ses nombreux compartiments ce dont elle avait besoin. Elle en attrapa quelques herbes ainsi qu'un petit bol pour les broyer. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Je vais immédiatement me mettre à l’œuvre, et je devrais avoir de quoi lui procurer son premier breuvage d'ici demain matin au plus tard. Le traitement risque de durer quelque temps, mais je pense qu'il sera efficace. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— Merci du fond du cœur, Mugon-san, lui répondit aussitôt le mari enjoué à l'idée de savoir que sa femme pouvait être aidée. Je vais vous laisser travailler. Ce soir, nous souperons tous ensemble. Je vous laisserai alors expliquer à Anko en quoi consiste le traitement que vous avez prévu pour elle. Sur ce, je vais retourner à ma forge... » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)La femme maquillée lui répondit d'un hochement de tête, puis Genkishi prit le plateau avec les tasses et la théière, les déposa dans la pièce voisine, puis retourna travailler, un sourire heureux collé sur son visage. ⁂ (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)L'après-midi passa en un éclair, et la nuit arriva en recouvrant le village. Les commerces cessèrent leurs activités, les passants s'infiltrèrent dans des restaurants ou bien directement chez eux, et les rues se firent de plus en plus silencieuses. Le ciel, déjà couvert de gris depuis le début de la journée, s'était obscurci avec une vitesse déconcertante, et avait conservé ses nuages opaques qui ne laissaient pas même une étoile briller. Mugon avait passé ce temps dans le calme le plus absolu, et avait broyé ses herbes avec soin. Le produit n'était autre qu'une bouillie sombre et épaisse, un peu visqueuse, prête à être diluée dans de l'eau. En plus de ce breuvage à ingurgiter, l'apothicaire avait prévu quelques séances d’acupuncture pour la jeune femme. Elle n'avait jamais eu affaire à un phénomène de cette sorte, mais elle était confiante. Tant que sa bague serait avec elle, cet étrange démon ne pourrait pas lui résister. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Le forgeron revint dans la salle, exténué après sa journée chargée de travail. Derrière lui, deux ombres semblaient se dissimuler tant bien que mal dans son dos, tirant un peu sur les bouts de son kimono. Comme lors de leur première rencontre, il sembla qu'il lui fallait un peu de temps avant de remarquer Mugon à genoux à côté de sa caisse en bois, un large morceau de tissu étalé devant elle pour ne pas tacher les tatamis en travaillant. Elle était encore en train de remuer légèrement le contenu du bol, et avait l'air intriguée par ce qui semblait se cacher derrière son hôte. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Allez les enfants, ne soyez pas timides ! dit Genkishi en jetant un coup d’œil aux ombres derrière lui. Mugon-san va rester chez nous quelques jours. Alors soyez polis ! » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Il se gratta la nuque, visiblement embarrassé, puis s'inclina en une légère révérence à son invité. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Je vous prie de m'excuser, Mugon-san... Quand ils sont rentrés de l'école et que je leur ai dit qu'il y avait une invitée, ils ont décidé de passer l'après-midi dans la forge avec moi. Ils sont plutôt timides... (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— Aucun souci à vous faire, répondit l'apothicaire en arrêtant de malaxer son produit. La plupart des enfants ont tendance à passer par une période de timidité. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Elle avait tenté de réagir aussi naturellement que possible au fait que ces enfants soient rentrés de l'école. Ils avaient moins d'un an, et pourtant ils étaient allés et venus des cours du village, sans que personne n'ait à les y déposer. Et puis même s'il s'était agi d'une garderie, Genkishi n'aurait pas eu à leur parler ainsi. Elle avait beau avoir été avertie que quelque chose n'allait pas à leur sujet, voilà qui dépassait ses attentes. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Le forgeron s'en alla dans la pièce voisine chercher sa femme, dévoilant alors les deux silhouettes qui étaient restées cachées dans son dos jusqu'alors. Mugon resta impassible au phénomène qu'elle avait sous les yeux tandis que la plupart des gens auraient manifesté un certain choc. Il faut dire que ces deux petites paires d'yeux enfantines avaient quelque chose de troublant, à fixer l'invité comme s'il s'agissait pour eux d'une peste noire. Ils semblaient non seulement timides, mais aussi pris de peur. L'apothicaire, quant à elle, se contentait de dévisager l'unique être qui était sous ses yeux. Mononoke, te voici donc... C'est un aspect bien original que tu auras choisi cette fois. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Sous ses yeux impassibles se tenaient deux enfants, le premier arborant un physique avoisinant la dizaine ou la douzaine d'années, et le second semblant en avoir sept ou huit. Physiquement, ils étaient exactement similaires, l'un se contentant d'être plus jeune que l'autre. Leur visage était formé de deux grandes joues rondes reliées en un petit menton. Au-dessus de celui-ci se situaient de fines lèvres, surplombées par une gouttière peu marquée et un nez en trompette. De grands yeux d'enfant scrutaient l'apothicaire de leur sombre couleur vermeille, et des sourcils épatés et épars n'arrivaient pas à en transcrire les sentiments. Une chevelure légèrement bouclée et coupée court recouvrait leurs crânes respectifs, et paraissait particulièrement singulière par le fait qu'elle était presque rousse. Leur peau avait une teinte étrange, d'une couleur chaude sans pour autant paraître bronzée. Sous leurs petits kimonos verts se dissimulait une ossature sans doute très fine et un corps particulièrement maigre pour des enfants. La seule chose qui les distinguait vraiment l'un de l'autre était sans doute leur taille — l'aîné faisait quelques centimètres de plus que le cadet. Et c'était leur unique différence. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Bientôt, Genkishi revint avec un plateau qui portait une partie du repas, et sa femme le suivit dans sa marche avec les bols manquants, tous déjà remplis de nourriture. Un petit enfant haut comme trois pommes venait clore le cortège, tenant entre ses mains une carafe d'eau comme s'il s'agissait d'un trésor précieux. Mugon se leva pour saluer sa future patiente, qui la salua à son tour et la remercia pour s'occuper d'elle. C'était là une femme que l'apothicaire ne pouvait trouver que belle, tant ses traits étaient fins et sa peau lui parut pâle. Ses longs cheveux raides caressaient ses épaules avec une grâce similaire à celle qu'ont des pétales de fleur. Et son visage ne paraissait plus aussi jeune qu'il devait l'être, marqué par quelques traits signifiant la sagesse d'une mère. Seulement, il y avait une chose qu'elle se retint de méditer : le fait qu'elle ou son mari ne possédaient pas une seule ressemblance avec leurs enfants. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Le repas prit place et les discussions habituelles de la famille débutèrent. Mugon se contenta d'écouter, mâchant ses aliments longuement et calmement. Elle semblait presque invisible tant il était impossible de la remarquer. Parfois, Anko ou Genkishi lui adressaient une remarque ou un remerciement de plus, ce à quoi elle répondait d'un hochement de tête ou par quelques mots brefs. Lorsqu'elle n'avait pas le regard perdu dans son assiette, elle jetait un coup d’œil furtif à l'un des enfants. Et à chaque fois qu'elle le fit, il lui sembla que ces derniers la fixaient déjà intensément depuis le début du repas. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Le dîner se conclut dans un calme reposant et agréable. Les enfants aidèrent leurs parents à rapporter les bols, verres et baguettes dans la pièce voisine. Puis, après avoir ri à quelques taquineries de leur père, ils disparurent tous les trois dans le couloir, regagnant leur chambre commune. Mugon n'avait pas bougé durant tout le long de cette petite cérémonie, attendant tranquillement le retour des parents. Lorsqu'ils furent sûrs que les enfants s'étaient tous les trois endormis, ils retournèrent s'asseoir autour de la table pour parler un peu avec l'apothicaire. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Je ne saurais vous exprimer ma gratitude, Mugon-san, lui déclara aussitôt Anko d'une voix sincère. Aussi, maintenant que mes fils sont partis se coucher, j'aimerais savoir en quoi consistera le traitement. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— Trois fois rien par rapport aux grossesses continues que vous avez supportées, répondit aussitôt l'apothicaire. Je vous ai préparé un remède à base d'herbes. Vous le diluerez dans un verre d'eau chaude et en boirez le tout une fois par jour jusqu'à ce qu'il n'en reste plus. Avec cela, nous ferons une séance d'acupuncture tous les jours pendant une semaine. Après quoi votre grossesse actuelle devrait prendre fin. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— Est-ce que ce mal a une cause particulière, ou un nom ? questionna le mari. Il faut dire que je n'en avais jamais entendu parler, et pourtant ma mère était acupunctrice... (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— Il n'a pas de nom à ma connaissance, lui répondit Mugon. Personnellement, il entre dans la catégorie de ce que j'aime appeler mononoke. Quant à sa cause, elle est similaire à celle d'un parasite. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Lorsqu'elle prononça ce mot, le visage d'Anko se tordit de colère. Elle apaisa rapidement cette grimace soudaine, puis se tourna entièrement vers son invité. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Je vous interdis d'utiliser ce mot. Mes enfants ne sont pas des parasites. Je sais que vous les avez regardés en vous disant qu'ils se ressemblaient tous et qu'ils avaient grandi trop vite pour leurs âges respectifs. Mais ce sont mes enfants et je les aime comme toute mère se doit d'aimer ses fils. Et si votre traitement doit affecter leur santé ou leur bien-être d'une quelconque façon, je refuse de m'y prêter. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Mugon s'était attendue à cette réaction depuis qu'elle avait commencé à broyer ses herbes pour préparer le remède de la jeune femme. Et c'est avec un calme de soldat qu'elle y fit face. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Je n'ai rien à redire à cela. Je ne toucherai pas vos enfants, ne serait-ce que du bout d'un cheveu. Le traitement vous est destiné à vous, et à personne d'autre. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Anko parut aussitôt soulagée. Quant à son mari, il semblait ne rien dire, laissant à sa femme le choix de s'exprimer comme elle le désirait, puisqu'après tout c'était elle la première concernée par le traitement. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Et moi-même je n'ai rien à ajouter, répondit-elle en souriant. Cela me convient parfaitement. Sur ce, je vais vous mener à votre chambre, Mugon-san. Je vous prie de me suivre. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Elle se leva en même temps que son invitée, et ils disparurent l'un après l'autre dans le couloir, laissant un Genkishi pensif assis devant la table. ⁂ (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Une semaine et demie s'écoula, rythmée par des séances d'acupuncture et des tasses de médicament à ingurgiter. Son goût âpre était infect, aussi bien pour la jeune mère que pour la chose qui la parasitait. Enfin, au bout du traitement, elle vécut un avortement inattendu, lui faisant perdre l'enfant qu'elle tenait en son sein. En réalité, il s'agissait plutôt d'un accouchement duquel aucun nouveau-né ne vit le jour. Il n'y eut que du sang et un petit caillou aux couleurs chaudes, que Mugon tâcha de récupérer sans que personne n'y fasse attention. Il s'agissait de la source même de l'être qu'elle chassait, et maintenant qu'il en était réduit à cette forme, il était hors d'état de nuire à Anko. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Encore quelques jours passèrent et la jeune mère sentit ses forces lui revenir, elle qui avait été si fatiguée par ses nombreuses grossesses en une année. Son mari et elle-même passèrent des heures entières à remercier Mugon pour ses soins et lui proposèrent de rester autant qu'elle le désirait. Elle les remercia de leur hospitalité et accepta leur offre, ce qui lui permit de passer quelques journées à s'occuper de divers malades dans le village. Aucun ne semblait avoir quelque chose de grave, et leurs infections n'avaient plus de secrets pour ses longues années de pratique. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Lorsqu'Anko se sentit complètement rétablie, son visage s'illumina d'une jeunesse nouvelle. Elle était à présent guérie et heureuse de pouvoir s'occuper de ses enfants. Après une année entière passée à la maison dans une routine de maux de ventre et de tête, elle put se permettre de revoir les ruelles et les quartiers marchands pour la première fois. Son mari l'accompagna pour profiter de son bonheur, laissant l'apothicaire en qui ils avaient désormais pleinement confiance rester avec leurs enfants en ce jour de repos. Mugon accepta, promettant de leur préparer un repas pour leur retour. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Une fois le couple parti, elle s'occupa à éplucher les légumes dont elle aurait besoin pour la soupe du dîner. Les enfants qui jouaient dans la pièce principale la regardaient parfois, comme si c'étaient eux qui la surveillaient plutôt que l'inverse. Puis, l'aîné s'approcha de l'apothicaire et la dévisagea d'un regard étrange, bien trop adulte pour son âge. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Tu as tué notre frère... » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Mugon ne se retourna pas et resta silencieuse pendant un certain temps, continuant d'éplucher ses légumes avec soin. Elle sentait sur son dos le regard pesant de l'enfant, mais attendait qu'il dise quelque chose de plus sensé pour lui répondre. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Tu vas nous faire du mal ? » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Elle se figea à cette interrogation, et daigna enfin regarder le gamin. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Si je vous voulais du mal, j'aurais déjà pris les mesures nécessaires pour vous en faire, non ? lui répondit-elle comme s'il s'agissait d'une évidence. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— On ne peut plus causer de problèmes. Laisse-nous tranquilles... » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Mugon posa le couteau et la carotte qu'elle venait de finir d'éplucher, puis accorda toute son attention à l'enfant. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Sitôt que je serai partie, cette femme sera de nouveau enceinte. Alors pour te répondre : si, vous pouvez encore causer des problèmes. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— Tu vas tuer notre mère ? (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— N'importe quelle femme ferait votre affaire. Ce n'est pas une mère à proprement parler pour vous. C'est un œuf à féconder. En retour, elle vous aime vraiment comme si vous étiez ses fils. Je pense qu'on peut juger la situation comme étant plutôt malsaine, n'est-ce pas ? » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)L'enfant recula et fronça les sourcils. Les propos de Mugon avaient semblé le dégouter un peu — pas pour ce qu'ils étaient, mais parce que le fait de les entendre sous forme de mots lui déplaisait particulièrement. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Tu ne nous auras jamais ! » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Mugon jeta ses yeux limpides comme du cristal sur le garçon apeuré. Depuis l’entrebâillement de la porte coulissante, elle pouvait voir ses deux frères en train de jouer, sans donner l'impression d'écouter. Pourtant, elle savait très bien qu'ils entendaient la conversation : ce que l'un d'entre eux voyait ou entendait, tous le percevaient également. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Les mesures nécessaires pour vous tuer que je t'ai mentionnées... Et si je les avais déjà prises ? » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)L'enfant n'attendit pas la fin de la question de Mugon pour déguerpir en courant et chercher à s'enfuir par la porte d'entrée. Avec une synchronisation parfaite, ses deux frères firent de même, courant aussi vite que leurs jambes plus courtes le leur permettaient. Mais aussitôt qu'ils eurent franchi la cloison de papier, ils se retrouvèrent dans une autre salle de la maison. Sans réfléchir, ils continuèrent à courir, traversant ainsi une multitude de chambres, perdus dans un labyrinthe monté de toutes pièces à leur égard. Dans leur course effrénée, ils se perdirent de vue et se retrouvèrent bien vite isolés dans le fouillis des murs qui défilaient devant eux. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Mugon écouta le bruit de leurs pas affolés dans le calme le plus total. Elle plaça tous ses légumes dans de l'eau et se dit qu'il n'y aurait plus qu'à faire chauffer le tout pour que le couple puisse apprécier le dîner. Elle recouvrit la marmite avec le petit couvercle qui lui était destiné, puis se leva tranquillement, attrapa sa caisse en bois et traversa la pièce principale. À l'entrée se trouvaient encore ses getas, qu'elle n'avait chaussées que pour parcourir le village et aller aux bains depuis le début de son séjour. Elle les mit à ses pieds et passa la porte qui était censée mener à l'entrée de la maison. À la place, elle se retrouva dans une pièce rectangulaire, plutôt étroite, et se situa en son milieu. Lorsque l'un des marmots viendrait en courant vers elle, elle n'aurait qu'à lui enfoncer sa bague dans la gorge, et il en serait fini de sa misérable existence. Elle jeta un regard vers son bijou et le prépara à être pointé pour tuer. Sans lui, la procédure aurait été bien plus compliquée — mais puisqu'il était destiné à l'extermination des mononoke, autant en abuser. Et créer un labyrinthe de la sorte à partir d'une maison ou d'une forêt était un véritable jeu d'enfant pour elle. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Après quelque temps d'attente avec pour seule musique les cris des enfants qui ne savaient pas où ils étaient, elle en vit enfin un apparaître devant elle. C'était le plus jeune, dont le visage était recouvert de larmes. Lorsque son regard croisa Mugon dans les dédales qu'il parcourait, il manqua de s'uriner dessus, et fit un demi-tour brusque pour repartir dans la direction inverse. L'apothicaire, d'un geste rapide, attrapa son kimono de sa main droite, et le tira vers elle d'un mouvement sec. L'enfant hurla dans sa détresse, mais son cri prit fin lorsque la bague de jade de la jeune femme vint loger sa pointe aiguisée dans sa carotide. Lorsqu'elle fut sûre que suffisamment de sang s'était écoulé de la gorge de l'enfant, elle laissa retomber son cadavre sur les tatamis et sortit un mouchoir de son kimono pour essuyer le sang qui avait éclaboussé ses vêtements. Malheureusement, certaines taches ne seraient pas possibles à enlever. Voilà qui lui déplaisait beaucoup, attachée comme elle l'était à son kimono. Tant pis, elle trouverait bien un moyen de s'en procurer un nouveau, même s'il lui serait difficile d'en trouver un qui soit aussi beau. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Elle changea de pièce pour ne pas avoir à rester à côté du corps inerte et de la mare de sang qui l'entourait. Puis elle se posa tranquillement dans un des coins de cette nouvelle chambre et attendit patiemment qu'un autre des deux enfants restants se jette dans la gueule du loup. Elle ne tarda pas à voir l'aîné arriver en courant, couvert de sueur et terrifié à l'idée de faire face à la mort comme son frère cadet. Mugon ne perdit pas un instant et se jeta sur lui avant qu'il n'ait le temps de réagir, attrapant fermement son cou. Le gamin se débattit férocement en gigotant dans tous les sens et en essayant de frapper son agresseuse, mais une pression mortelle empêcha sa trachée de laisser passer de l'air, et il se mit rapidement à suffoquer. L'apothicaire, déjà lassée des grimaces qui défiguraient l'enfant, mit fin à ses jours en enfonçant à nouveau sa bague dans l'artère de ce dernier, et la retira rapidement afin de laisser l'hémoglobine s'écouler de la plaie. Elle ne se releva que lorsque le garçon ne donna plus aucun signe de vie. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Son vêtement s'en retrouva davantage sali, cette fois-ci surtout au niveau des jambes. Elle ne put s'empêcher d'exprimer sur son visage un sentiment de dégoût à la vue du sang qui était venu abîmer son truculent kimono auquel elle attachait beaucoup d'importance. Cette fois-ci, il n'y avait plus rien à faire, elle devrait s'en débarrasser pour de bon. Tel serait le prix à payer pour un mononoke coriace comme celui-ci. Car en effet, c'était la première fois qu'elle faisait face à un ennemi qui avait non seulement une apparence intégralement humaine, mais qui menaçait de se propager aussi dangereusement. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Elle prêta attention au silence anormal qui s'était installé. Le dernier garçon avait cessé de courir. Soit il était fatigué, soit il espérait que Mugon se perde dans son propre labyrinthe. Dans tous les cas, sa situation lui était fortement défavorable, et il ne tarderait pas à se prendre lui aussi un coup de bague dans la gorge. L'apothicaire ne put s'empêcher de sourire au triomphe qui lui tombait déjà sur les bras. Elle était maître de ces dédales : elle n'avait plus qu'à traverser les pièces qu'elle avait simulées une à une, et elle tomberait bien sur l'enfant désœuvré. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Elle avança calmement, tentant de minimiser le bruit de ses pas, et traversa la pièce pour rejoindre la suivante. Mais elle s'arrêta net sur son chemin. Ce n'était pas l'enfant qu'elle avait sous les yeux, mais un homme qu'elle avait déjà vu quelque part. Sa mémoire se brouilla soudain et tout son corps cessa de fonctionner. Qui était cet homme ? (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Ne vous souvenez-vous pas de moi ? L'amie, sans moi, vous ne seriez pas ici ! » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)L'homme encapuchonné qui l'avait mené jusqu'à cette demeure. Voilà qui se trouvait devant elle avec une soudaineté déconcertante. Personne n'était censé pouvoir entrer à l'intérieur du labyrinthe que Mugon avait réservé au mononoke. Mais il n'y avait pas que ça — il y avait aussi le fait que la présence de cet homme en imposait par elle-même. C'était comme si la pression de l'air venait de monter avec une rapidité prodigieuse, étouffant presque l'apothicaire. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Tuer l'enfant et sortir d'ici. Vite. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Telles furent les seules pensées que réussit à formuler Mugon dans sa tête. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)L'apothicaire fit une volte-face brusque et retourna dans la pièce d'où elle venait. Sans jeter un œil derrière elle, elle sentait le regard de l'homme peser comme une pierre sur son dos. Elle traversa les deux chambres décorées de cadavres au sol, et courut en laissant défiler autour d'elle son labyrinthe. Où s'était caché ce sale gosse ? (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Oh, prenez votre temps, lui dit la voix de l'homme en noir comme s'il était à côté d'elle. Si vous pouviez m'éviter d'avoir à me débarrasser de ce cruel mononoke moi-même, vous me seriez bien utile. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Mugon grimaça de dégoût à ces paroles. Qui était donc vraiment ce personnage ? Était-il de la même espèce qu'elle, quelqu'un qui s'est résigné à chasser des démons pour exorciser son infâme existence ? Alors que des questions et leurs possibles réponses fusaient dans sa tête, elle retrouva enfin l'enfant, complètement abattu et épuisé dans un recoin d'une chambre. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« J'ai arrêté de courir parce que je l'ai vu... Toi aussi tu l'as vu... » balbutia le petit roux. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Mugon s'approcha du garçon. Ce dernier n'opposa aucune résistance lorsqu'elle porta sa main gauche à sa gorge. Il eut tout juste le temps de reprendre la parole. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Il nous en voulait parce que nous étions forts... Mais toi, il t'en veut encore plus. Parce que tu es plus forte... » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)L'apothicaire mit fin à ses délires en enfonçant sèchement sa bague au même endroit que pour ses deux frères. Elle patienta un instant, puis se releva brusquement et passa la porte. Elle s'y attendait évidemment — l'homme était en face d'elle. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Qui diable es-tu ? hurla Mugon. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)— Je suis la Fatalité qui mettra fin à tes jours, la Réponse aux questions que ta futile liberté te permet de te poser. Je fais partie des Entités qui régissent ce monde, et je ne laisserai pas ma Terre être souillée par ta présence. Tu n'es qu'une part infime de cet être que j'ai jadis envoyé au noyau, et tu le sais. Si je suis ici aujourd'hui, c'est pour te réduire à néant. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Ce qu'elle avait toujours craint était enfin sous ses yeux. Une Entité, un être pouvant détruire et créer aussi facilement qu'en claquant des doigts. La puissance infinie de cet être expliquait aussi pourquoi il n'avait eu aucun mal à s'incruster dans le labyrinthe créé par l'apothicaire et pourquoi il en avait compris la structure dès qu'il avait mis le pied dedans. Les faits avaient beau être impressionnants, Mugon n'avait pas la possibilité d'être émerveillée. Sa vie dépendait du prochain geste de cet homme, et elle s'attendait évidemment à ce que celui-ci lui soit fatal. Elle resta figé de terreur pendant un certain temps, ne sachant que dire ou faire, incapable de trouver une solution à sa situation désespérée. Elle avait sous ses yeux l'un de ces êtres qui régissait le monde, ce que les humains auraient appelé avec admiration « Dieu ». Mais elle ne pouvait ni le vénérer ni l'adorer. Il ne pouvait que le haïr et le maudire. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Ne t'en fais pas, Mugon. L'enfer que tu vis est sur le point de prendre fin. Tu n'étais pas sensée exister. Je te renverrai au néant d'où tu viens. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)L'apothicaire n'eut pas le courage d'entendre la fin de la phrase de l'Entité. Elle tourna brusquement les talons et s'enfuit en courant, tordant son labyrinthe pour créer une sortie aussitôt. Retournée dans la ruelle du quartier d'habitations, elle déguerpit avec toute la force que ses jambes avaient, poussées par un stress inégalable. Pas une seule fois elle n'eut le courage de regarder derrière elle pour voir si elle avait été suivi, que ce soit par le Dieu ou par un passant qui aurait vu ses vêtements tachés de sang. Elle s'enfonça avec hâte dans la forêt sur la colline et continua de courir sans se soucier d'où elle allait. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Mais ce ne fut pas dans son dos que vint la surprendre son bourreau. Ce fut juste devant son nez que l'homme en noir réapparut, attrapant le beau visage maquillé de sa victime dans sa main droite, tirant fermement sur son menton. Ce simple geste fut suffisant pour pétrifier l'apothicaire, qui sentait progressivement son corps s'alourdir, comme si elle était soudain devenu un rocher de plusieurs milliers de kilos. (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)« Allons allons... Ce n'est pas dans mes habitudes de faire souffrir les malchanceuses de ton genre. Je vous réserve à tous un sort indolore. Ne t'en fais pas. » (https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fi45.tinypic.com%2F28uqx6b.jpg&hash=60db2d3c8097152076e4d67ba6c4861d1dd8a0fa)Les yeux de Mugon furent clos par une force qui n'était pas la sienne, et un sentiment d'étouffement s'éprit de son rythme respiratoire déjà accéléré par sa peur. Bientôt, elle sentit un engourdissement attaquer chacun de ses muscles, y compris son cœur. Mais, étrangement, comme l'avait décrit la Fatalité, elle ne ressentit aucune douleur. Notes & lexique : * — Le fukai (http://image.noelshack.com/fichiers/2013/13/1364696300-url.jpg) est un masque propre au théâtre no japonais. Il symbolise une mère en peine ou bien une femme éprouvée par la vie. 1 — Comme le veut le format japonais, le nom de famille est situé devant le prénom. 2 — Le suffixe -san est une marque de respect en japonais. On peut le comparer à la coutume occidentale de mettre Monsieur ou Madame devant le nom. |
(Cliquez pour afficher/cacher) Volière 「鸟笼」 Première Éternité 嘵 Il n'avait aucun souvenir de tout ce qui avait précédé l'instant où il ouvrit les yeux. Quelques idées lui revenaient de ce passé lointain, mais elles avaient tous l'horrible point commun d'être floues, comme s'il s'était agi d'un rêve que la mémoire ne veut pas garder. Son Goku était son nom. Rester ici était sa punition. Il était l'auteur d'un crime impardonnable. C'était la seule chose qu'il avait. Ces informations simples, sans profondeur, qu'il était condamné à revisiter en boucle afin d'espérer y trouver d'autres souvenirs. Depuis sa petite grotte derrière des barreaux de pierre, il regardait l'extérieur s'assombrir puis s'éclaircir de nouveau, sans trouver le sommeil pendant quelques jours. Il ne trouvait pas les forces de bouger ou de se déplacer. Le seul sentiment qui le gouvernait était l'ennui. Il ne savait pas ce qu'il devait faire. Était-il sensé de tenter de s'évader ? Devait-il pleurer et regretter le crime dont il n'avait aucun souvenir ? Que voulait-on de lui ? Plus que ses muscles engourdis, ce qui le faisait vraiment souffrir était son amnésie. Il ressentait un regret profond pour tout ce qu'il avait pu faire et qui avait amené à son emprisonnement. Mais il n'avait aucune erreur dont il pouvait apprendre. Il n'avait rien du tout, à part sa petite cellule, les chaînes qui gardaient son corps accroché au sol, et lui-même. Il ne savait pas quel crime il devait expier en restant ici. Et plus les jours passaient, plus ce fait nourrissait en lui une colère bouillante. Était-ce vraiment dur d'envoyer quelqu'un pour lui expliquer ce qu'il devait ruminer en étant ici ? Le temps ne faisait qu'alourdir sa peine, creusant davantage le vide qu'il abritait. La seule chose à laquelle il pouvait penser était la raison de son emprisonnement. Il était incapable de quantifier les secondes, et pourtant il savait qu'avec chacune d'entre elles qui s'écoulait, sa haine envers sa condition grandissait. Il sentait bouillir en lui l'envie de réduire en charpie celui qui avait choisi une punition aussi sadique. Peu importe quel était le crime qu'il avait commis, il ne devait sans doute pas mériter d'ignorer ce qu'il avait fait. Enfin, un matin, après avoir fait une courte sieste, sa rage explosa. Il se leva brusquement, et serra aussi fort qu'il le put sur la chaîne qui entourait son cou. Il se débattit nerveusement, canalisant toute son énergie dans ses poings et son buste, se remuant avec toute la force qu'il avait afin de défaire ses liens. Il essaya de mordre la chaîne de métal, mais s'arrêta aussitôt qu'il comprit que le métal aurait raison de ses dents avant qu'il ne puisse l'entailler. Puis il s'abaissa au sol, plaqua son lien contre la terre, et s'efforça de l'y garder ainsi de sa main gauche. Dans son poing droit fermé, il enferma toute sa hargne, et le projeta contre le métal sans aucun succès. Il répéta l'opération jusqu'à ce qu'il soit entièrement inondé de sa sueur et de ses larmes, n'émettant que de faibles gémissements en guise de musique à son acharnement machinal. Il passa la journée entière à répéter ce manège, ne s'arrêtant que pour changer de bras ou de position. Malgré la fatigue qui lui montait aux yeux et la douleur qui lui arrachait les phalanges, il ne voulait pas s'arrêter. C'était la seule chose qu'il avait à faire, de toute façon. Lorsqu'il se réveilla, il n'avait pas le souvenir de s'être endormi. Il avait sans doute dû tomber de fatigue sans s'en rendre compte. Il se passa les mains sur le visage et en tira la peau afin de se remettre d'attaque pour reprendre son travail. Une fois debout, il se sentit étrangement léger. La chaîne ne l'avait pas suivi en se relevant. Il regarda plusieurs fois la chaîne qui traînait au sol et le petit bout restant qui pendait à son cou. Il toucha les deux pour s'assurer qu'il ne rêvait pas. Il caressa la cassure au niveau de la chaîne à son cou, puis la fit tomber sans le faire exprès du reste des chaînons. Dans tout cela, quelque chose le tracassait horriblement, au point où il n'arrivait pas à sourire ou être heureux que son travail ait porté ses fruits. Devait-il s'attaquer aux autres liens puis aux barreaux de la prison ? Qu'était-il sensé faire ? Il regarda le trou qu'il avait creusé dans le sol en frappant la chaîne, puis porta son regard à ses poings couverts de sang. Les os de ses mains étaient probablement broyés par la douleur. Il devrait peut-être attendre d'être rétabli pour continuer, se dit-il. Mais il savait très bien que ce n'était pas pour cela qu'il abandonnait son travail. Il n'avait tout simplement pas envie de continuer. Il n'avait pas envie de sortir d'ici. L'idée de quitter sa prison le rendait triste à chaque fois qu'il y repensait. Comme s'il savait qu'au fond de lui, il ne devait pas. Il avait un pêché à expier, même s'il n'en connaissait pas les détails. Il en venait même à regretter d'avoir cassé la chaîne qui reliait son cou au sol. En réalité, il ne savait pas quoi faire. Il avait envie qu'on lui dise ce qu'il devait faire, pour être sûr de ne plus commettre de crimes. Plus simplement, il voulait être pardonné pour tout ce qu'il avait fait, aussi bien le pêché qui avait causé son emprisonnement que sa destruction de l'une des chaînes. Mais peut-être que s'il tentait de s'échapper, quelqu'un viendrait l'enfermer à nouveau, et il pourrait être sûr de comment il devait agir. Ou bien cela aggraverait la situation. Personne ne viendrait le retrouver, et il se retrouverait seul pour l'éternité, à errer dans l'inconnu. Malgré le malheur qu'elle lui infligeait, sa cellule avait au moins l'avantage de lui apporter un certain confort, un sentiment de sécurité. S'il ne pouvait demander de l'aide à rien ni personne, cela voulait aussi dire que rien ni personne ne pouvait venir lui faire du mal. Mais personne ne pouvait pas non plus venir lui accorder son pardon. Et au fond, c'était la seule chose qu'il désirait. De tout son être, il regrettait profondément la faute qu'il avait faite. Il se leva et agrippa les barreaux de sa cage. Il les serra avec autant de force qu'il pouvait passer en ses mains meurtries, puis se mit à sangloter nerveusement. Il se sentait incroyablement anxieux et mal à l'aise. Une migraine lui grignotait le crâne, s'intensifiant petit à petit. « Pardon. » Un cri déchira le paysage paisible qu'il avait sous les yeux. Pendant son hurlement, il ne put pas entendre les oiseaux qui s'étaient envolés à cause du bruit, ni la grosse vague qui se préparait à s'éclater sur la plage. La seule chose qu'il entendait, c'était le son de sa voix, qui se déchirait au fur et à mesure qu'il prolongeait les voyelles de son mot, avec l'espoir vain que quelqu'un lui réponde. Lorsqu'il s'arrêta enfin, il avait l'impression d'entendre un sifflement strident bourdonner dans le creux de ses oreilles. Il se concentra longuement, espérant entendre une réponse. Mais il n'y avait personne. Il s'écroula au sol de fatigue, pris d'un vertige qui frappa sans prévenir. Et en ce court instant, il comprit quel était sa punition. Le crime qu'il avait commis ne pouvait être pardonné. |
(Cliquez pour afficher/cacher) Volière 「鸟笼」 Seconde Éternité 嗈 Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas bougé. Recroquevillé au sol face aux barreaux de sa cage, il laissait son regard se perdre sur un détail au hasard du paysage, sans réfléchir à ce qu'il voyait. Dans son profond ennui, il se concentrait parfois sur des bruits qu'il entendait sans voir d'où ils provenaient, qu'il s'agisse du chant des oiseaux ou des cris d'animaux distants. À chaque instant, il était en quête de nouvelles formes à observer, et ses grands yeux dorés ne cessaient de naviguer entre les différentes choses qu'il regardait avec attention. Mais s'il y avait bien une chose qu'il refusait d'ausculter, c'était sa grotte. À la simple pensée qu'il y était enfermé, il ne pouvait s'empêcher d'avoir un léger frisson. Il commençait à en devenir claustrophobe. Si possible, il voulait oublier à quoi elle ressemblait dans ses moindres détails, jusqu'à la couleur des pierres dont elle était formée. Il voulait l'effacer de sa mémoire, tout comme son passé s'était échappé de ses souvenirs. Au cours de ses différentes observations, il en vint à se regarder lui-même. Il avait remarqué que ses cheveux avaient poussé depuis son éveil, et il s'amusait parfois à les froisser entre ses doigts pour en sentir la texture. Ses ongles grandissaient eux aussi, lui faisant ressentir l'obligation de les entailler avec ses dents de temps à autre. Il ne comprenait pas trop d'où venait le sentiment compulsif de garder ses ongles courts ; il se disait que c'était peut-être un vestige du passé qu'il avait oublié. Mais plus le temps passait, moins la nécessité se faisait sentir. Après tout, il ne faisait rien avec ses mains. Et se ronger les ongles était parfois un peu désagréable, lorsqu'il avait le malheur de les couper trop courts. De temps à autre, une question revenait dans sa tête, avec plus d'insistance que toutes celles qui concernaient la perte de sa mémoire : à quoi est-ce que je ressemble ? Au fil de l'éternité qu'il devait subir, il lui était arrivé de se toucher le visage afin d'apprendre à se connaître. C'était le seul visage humain qu'il avait pour lui tenir compagnie, et il ne pouvait même pas le voir. Il était contraint de procéder de la même façon qu'un aveugle, en essayant de se représenter les formes dans sa tête, incapable d'en voir les couleurs et le rendu visuel. Parfois, il lui arrivait de toucher les chaines qui le retenaient dans sa prison. À chaque fois qu'il ressentait leur froideur, un sentiment de regret s'emparait de lui. Pourtant, inconsciemment, ses mains revenaient souvent sur celle en or qui pendait tristement de son cou, et ses doigts s'enroulaient autour du chaînon abîmé qui avait survécu à sa colère passée. Sans comprendre pourquoi, il lui arrivait aussi de porter ses deux mains sous son visage, et de serrer ce qu'il pouvait en attraper, aussi fort que ses faibles doigts le lui permettaient. Lors de ces instants, il fermait les yeux et essayait de sentir son souffle se couper. Il cherchait à appuyer sur sa gorge sans pouvoir l'atteindre, en essayant de se frayer un chemin derrière le collier d'or. Mais il n'y avait rien à faire. Il voulait quitter cet endroit où il n'y avait qu'ennui et désespoir. Il désirait partir loin des barreaux qui lui laissaient regarder la mer sans pouvoir en toucher l'écume. Il désirait apprendre à connaître son visage qu'il ne pouvait que caresser de ses doigts sans savoir de quelle couleur étaient ses yeux. Quelque part au fond de lui, il attendait avec impatience le moment où tous ces rêves seraient réalité. Mais il savait aussi très bien qu'il était peut-être condamné à une véritable éternité. Et alors, quoi ? Il errerait sans rien faire dans sa cage trop petite pour toujours ? Seconde après seconde, ces deux notions devenaient floues pour lui. S'il ne pouvait pas partir, alors il préférait disparaître que de rester ici à jamais. C'était sans doute pour cela qu'il ne se rongeait pas toujours les ongles, afin de voir un peu de son sang couler après s'être gratté répétitivement les bras. C'était également de là que devenait provenir sa profonde envie d'arrêter de respirer, que son corps refusait de mettre à exécution à cause d'un futile instinct de survie. À quoi bon cela servait-il à son organisme de garder une chose si inutile, puisqu'il n'avait visiblement besoin de rien rien faire pour être maintenu en vie ? Pour le protéger de quoi ? De lui-même ? De l'homme qui avait commis un crime si impardonnable qu'il méritait une punition où on ne peut même pas s'ôter la vie ? Il serra les dents aussi fort qu'il le put, jusqu'à sentir un grincement désagréable sur ses incisives. Il passa sa lèvre inférieure dans sa bouche et la mordit à la place, comme s'il voulait en arracher un bout. Mais là encore, son corps l'arrêta avant qu'il ne puisse assouvir ses désirs. Foudroyé par une colère similaire à celle qu'il avait ressenti au début de son séjour dans sa prison, il se débattit dans tous les sens, cherchant à s'ôter le collier d'or qui lui pesait au cou. Au cours de ses gesticulations effrénées, il parvint à se faire plusieurs égratignures contre le sol et les parois de la grotte, et à se griffer à plusieurs endroits au niveau de la mâchoire et du haut du cou. Il en réussit aussi à hurler de rage, à pleurer d'anxiété, à sangloter de désespoir. Mais pas à faire ce qu'il avait à faire. Après de longues heures, son corps l'arrêta dans ses désirs destructeurs, avec la douceur d'un ange gardien. Goku s'effondra au sol et abandonna sa quête vaine. Pourquoi cherchait-il à s'étrangler, puisque la chaîne d'or qu'il avait autour du cou le faisait déjà à sa place ? |
(Cliquez pour afficher/cacher) On lui avait confectionné un trône avec une vieille chaise de jardin et une couverture en lambeaux. On lui avait dit qu'il pouvait y dormir et on lui apportait ses repas chaque matin. Parfois on le soulevait et on le caressait en souriant. Il n'avait rien de plus à demander. Il ramenait parfois un cadeau ou deux sur le pas de la porte, puis avait cessé lorsqu'il comprit que les maîtres ne le mangeaient pas. Au cours des années, de nombreuses choses se passèrent. Il était impossible de prédire ce qu'amènerait l'hiver ou l'été. Il devait sans cesse être à son poste d'observateur impassible pour comprendre comment les choses allaient évoluer. Un nouveau chat qui grandit dans la maison, qui en sort, qui en meurt. Des humains qui partent, qui reviennent, qui déplacent leurs affaires, qui ne reviennent plus. Des livraisons de choses très lourdes dans de très grands camions, des gens qui hurlent et qui empestent la haine. Devant le cours du temps, s'il devait résumer la façon dont il s'était tenu, il pouvait le faire en un mot : seul. Il ne savait pas trop si c'était parce qu'il le voulait ou pas, mais c'en était ainsi, et il n'y avait rien de plus à savoir. Un jour, le petit chat gris qui avait grandit dans la maison s'enfuit loin, et plus jamais on ne vit à nouveau le bout de son museau. Lui, il trouvait ça bizarre, parce que les deux maîtres qui tenaient à ce chat n'étaient pas là. Seraient-ils tristes en voyant sa disparition ? En tout cas, il y en avait un qui l'était. Son frère, qui était visiblement incapable de se débrouiller tout seul. Ou plutôt, il l'était. Mais il faisait constamment preuve d'une maladresse sans égale. Au début, il le chassait. Il n'avait pas à partager son repas avec un imbécile. Puis, quand il vit que malgré le fait qu'il le chassait, ce crétin ronronnait de plaisir, il abandonna. Mais il ne le laissait quand même pas trop s'approcher non plus. Parfois il l'attaquait par surprise puis lui courait un peu après, pour faire jouer ses vieilles pattes aigries. C'était si drôle de le voir détaler à grande vitesse dès qu'il avait peur. Et il avait tout le temps peur. Il fallait bien qu'il s'occupe le temps que le jeune maître revienne, et désormais, il n'était plus seul dans son attente. |
(Cliquez pour afficher/cacher) Volière 「鸟笼」 Troisième Éternité 淊 Cela faisait plusieurs jours qu'il pleuvait sans relâche. À travers les temps et les âges, c'était la première fois qu'un orage se faisait aussi violent et insistant. Le niveau de la mer montait petit à petit et dévorait le sable de la plage que Son Goku avait pris l'habitude de scruter intensivement à chacun de ses éveils. Sa notion embrumée du temps ne lui permettait pas de se rendre compte que l'averse durait déjà depuis plusieurs semaines, ne s'arrêtant que pendant de très courtes périodes. Pourtant, il n'en avait pas peur. Il ne s'était pas blotti au fond de sa petite grotte pour avoir plus chaud. Il était resté planté devant les barreaux, se laissant submerger par toute l'eau qui ne cessait de tomber du ciel, comme s'il s'agissait de bataillons de guerre fonçant sur leur ennemi. Parfois, il léchait sa peau humide ou bien ouvrait grand la bouche pour essayer de goûter un peu de ce qui tombait du ciel, le plus souvent sans succès. Le temps passait en accéléré devant ses yeux habitués à scruter l'éternité. L'eau continuait ses ravages, et elle avait fait grandir l'océan avec autant d'amour qu'une mère nourrit son enfant. Bientôt, elle s'éclatait aux pieds de Goku dans un vacarme tonitruant, troublant son sommeil et son éveil. Le ciel restait constamment sombre et déchiré d'éclairs, le rendant incapable de savoir s'il ouvrait les yeux de jour ou de nuit. Mais bientôt, il ne fut même plus capable de les fermer, tant l'eau ne cessait de lui rappeler son existence, que ce soit en faisant un bruit insupportable ou en se claquant contre la peau de ses pieds nus. Inconsciemment, il se repliait petit à petit vers le fond de sa grotte, cherchant à fuir l'adversité accablante de cet élément dévastateur. Et malgré son attitude calme, une adrénaline nouvelle bouillait dans ses veines. Il avait cherché pendant si longtemps à s'échapper d'ici, que ce soit en détruisant sa cage ou en réduisant son existence à néant. Et voilà qu'il était face à son bourreau. L'eau avait le pouvoir de détruire les barreaux de sa prison une bonne fois pour toute. Il avait déjà l'impression qu'ils étaient moins épais qu'avant, tant les vagues se voulaient insistantes. Mais si jamais elle y parvenait, que se passerait-il après ça ? Il était toujours lié au sol par ses chaînes, et il faudrait sans doute un long moment pour que l'océan ne puisse les briser. Un moment suffisamment long pour qu'il puisse mourir noyé. Il espérait au plus profond de lui que cet orage cesse bientôt. Mais il n'y avait personne pour entendre sa prière. Pas de Dieu, pas d'ami, pas de personnalité propre à l'eau elle-même. Il était seul au milieu des éléments, des rochers, de l'eau et de ses chaînes, et rien n'avait de conscience. Et ce sentiment faisait grandir en lui une anxiété indescriptible, le faisant trembler sans arrêt et battre son cœur de toutes ses forces. Comme si chacun de ses battements pouvait être le dernier. Alors que l'eau commençait déjà à monter au niveau de ses cuisses, il se rendit compte d'une chose qui ne fit qu'accroître sa douleur. Ce qui avait causé son malheur, toutes ces éternités, ce n'était pas l'ennui pur et simple. C'était surtout le fait de penser, d'avoir une conscience, et de ne pas pouvoir la mettre à l'œuvre. De penser sans pouvoir s'exprimer. C'était encore bien plus profond comme peine que la solitude. La solitude n'empêche pas de retranscrire ses idées, puisqu'il peut rester un certain espoir que quelqu'un tombe sur ce que l'on a créé plus tard. Mais la prison dans laquelle il était l'empêchait d'accomplir quoi que ce soit. Il ne pouvait pas gratter la pierre pour retranscrire un message à quelqu'un. Au mieux, il y perdrait ses ongles. Et au pire, personne ne tomberait jamais dessus. Lorsqu'il se mit à pleurer, l'eau atteignait déjà son torse. Il était contraint à rester debout pour ne pas finir entièrement sous l'eau. Et sa peur ne cessait de grandir. Il avait déjà l'impression de ne plus sentir sa peau tant celle-ci était moite et ses membres engourdis. Il sanglotait constamment, se noyant davantage lui-même, incapable de se retenir. Et vint le temps où il dut lutter pour respirer. Entre ses larmes qui obstruaient ses yeux et empêchait son nez de respirer, il ne voyait qu'une immonde masse brune et floue à la place du plafond de sa cage. Et entre ses halètements et ses sanglots, il essayait de prononcer quelques paroles inintelligibles, sachant qu'il n'y avait personne pour les entendre, mais qu'il était incapable de garder pour lui-même. « À l'aide... » Sa voix était enrouée, et sa gorge lui faisait mal. De temps à autres, il buvait la tasse. Son supplice était infernal et sans fin. « Je ne veux pas mourir ici... » Il devait lutter pour laisser sa bouche ou son nez émerger de l'eau. Plus que jamais, ses chaînes étaient un poids qui l'empêchait d'exister. Et l'eau n'en n'avait que faire. Puis, son corps devint léger, et ses sens disparurent. Ce devait sans doute être la fin. Il était exténué. Il ne pouvait plus lutter contre son sort. Et si la mort pouvait lui servir de salut, d'une façon ou d'une autre, et bien tant mieux. Noir. Lorsqu'il rouvrit les yeux, le niveau de l'eau avait baissé. Elle envahissait toujours sa prison, mais il n'en n'était couvert que jusqu'au torse désormais. Et c'était amplement suffisant pour qu'il se sente reconnaissant, sans savoir décrire envers qui ou quoi. Chaque bouffée d'air qu'il respirait lui paraissait agréable, et chaque pigment de sa peau qui touchait le vent frais plutôt que l'eau lui semblait revenir à la vie. Une autre éternité passa, et petit à petit, goutte par goutte, la mer retrouva son niveau initial. Ses vêtements séchèrent, sa peau retrouva sa forme originelle. Après l'orage, le soleil. Les oiseaux étaient sortis de leur nid et on entendait à nouveau leur chant égayer le silence au loin, accompagné par un orchestre de cigales. La saison des pluies s'éloignait, et un arc-en-ciel vint décorer l'horizon. Il le savait désormais. Il n'était pas fait pour vivre dans les profondeurs. Il avait besoin de sentir le vent sur sa peau, la lumière du soleil s'éclater sur son visage. Et peu importait la longueur de son attente si un jour il pouvait y avoir droit. |
(Cliquez pour afficher/cacher) Coffee Cup La chaleur de la nuit avait soudain refait surface dans l'atmosphère de la pièce. D'un mouvement de tête brusque, Miller se souvint où il était et ce qu'il faisait. Le chant des cigales et les moustiques qui se cognaient contre l'écran prévu à les piéger revinrent soudainement à ses oreilles, qui avaient pris le soin d'oublier leur existence pour le laisser s'assoupir. Il passa sa main sur son visage, mais heurta en chemin ses lunettes de soleil en cherchant à se frotter les yeux. Il les retira hâtivement du bout de son nez duquel elle tombaient déjà presque, et les laissa atterrir sur la table, incapable de s'en préoccuper davantage. Elles auraient bien pu se cogner par terre sans que ça ne le dérange, lui qui était pourtant si soucieux de cet accessoire. De son pouce et de ses doigts, il balaya tout débris de fatigue du coin de ses yeux, puis se massa longuement les tempes. Lorsqu'il en eut fini, il laissa le poids de sa tête retomber sur sa paume, soutenant le tout par le front, tirant légèrement la peau au niveau des sourcils pour garder les yeux ouverts. Il sentait également ses cheveux lui glisser entre les doigts, un peu trop gras à son goût. Il grimaça. Il avait transpiré en s'assoupissant, et il avait clairement besoin d'une douche. Mais il fallait finir de s'occuper de la paperasse. Mais il avait besoin d'une douche... Un autre mouvement brusque. Il allait se rendormir alors qu'il n'en avait clairement pas le loisir. Il avait promis à son supérieur de gérer les charges administratives de ce petit ramassis de mercenaires, et il devait le faire. Il avait léché les bottes de suffisamment d'hommes dans l'armée pour savoir comment s'y prendre pour monter en grade : belle parlotte et yeux doux, liés à un travail rapide et efficace. Peu importait s'il devait cacher des cernes hideuses en plus de ses traits asiatiques sous ses lunettes de soleil. Il n'avait jamais été si près du but. Il suffisait de se hisser à un rang duquel il pourrait donner autant d'ordre que le Boss, et voilà. Il l'aurait, son armée sans frontières, qu'il avait passé tant d'années à envisager sous tous les angles. Un rêve de gosse. Il souffla un petit sourire pour essayer de se motiver, qu'il interrompit promptement pour bâiller en s'étirant. Il fit rouler la plume sèche qu'il tenait entre ses doigts, puis la trempa dans l'encrier. Il retrouva en un éclair l'endroit où il s'était arrêté avant de s'endormir, puis retourna à l'occupation qui constituait son quotidien depuis plusieurs jours déjà : cocher des cases, remplir des formulaires, poser des signatures. Un procédé long et fastidieux qu'il aurait sans doute déjà abandonné si le café colombien n'était pas aussi bon. Alors qu'il avait presque atteint le bout de la page, il crut entendre la porte s'entrouvrir. Il l'ignora complètement, pensant à un courant d'air, mais fut rapidement surpris de croiser une tasse de café trôner sur les feuilles entassées à sa gauche. « Tu devrais envisager de prendre une pause, » lui déclara une voix grave. Miller avait beau être mort de fatigue, les réflexes qui lui étaient propres ne lui firent aucun défaut. À peine eut-il croisé l'œil unique de Snake qu'il posa sa main gauche sur le bas de ses yeux, dans une tentative aussi ridicule qu'inefficace de dissimuler les cernes violacées qui les soulignaient. « Merci pour le café, » gromela-t-il, non sans laisser entendre un manque de sommeil évident. Snake ne put retenir un ricanement. D'un côté, il était incapable de comprendre comment quelqu'un pouvait être aussi soucieux de son apparence alors qu'il venait d'enchaîner plusieurs nuits blanches, et ça le faisait rire. De l'autre, le blond faisait clairement peine à voir, et Snake avait clairement médité l'idée de glisser un somnifère dans son café pour le forcer à prendre une pause. Mais il n'était pas sûr que ce soit un mélange très recommandable, alors il avait abandonné. « Ça ne fait rien si tu n'y touches pas, lui répondit Snake avec un peu de retard. D'ailleurs, ça serait sans doute mieux si tu allais directement au lit. Tu peux toujours finir ça plus tard, ça n'a rien d'urgent. » Les yeux bleus de son cadet le fusillèrent aussitôt derrière la main qui lui servait de masque. « Merci de vous inquiéter pour moi, mais—il appuya sur le dernier mot et marqua un temps d'arrêt avant de continuer— ça ira. » Le borgne donna rapidement un petit coup dans le poignet gauche de son interlocuteur, avec autant de force qu'une pichenette. Non seulement le bras entier du blond perdit tout son appui sur la table, mais sa tête, qu'il avait inconsciemment appuyée sur sa main sans faire attention, chuta elle aussi. Il se rattrapa rapidement, et jeta un regard mauvais à Snake. Le commandant en chef fut presque pris d'un léger recul en voyant l'expression à la fois en colère et complètement exténuée de son homme de main. « Ça. Ira. » Les deux mots étaient partis lentement, l'un après l'autre, comme des balles de pistolet dans un crâne. Il tendit le bras pour attraper la tasse sur la pile de papiers, mais le temps de l'atteindre, elle était déjà entre les mains de Snake, qui le regardait avec un petit sourire, bien caché derrière l'angle de sa moustache. Si Miller avait eu une arme en main, la fatigue et l'agacement l'auraient peut-être poussé à appuyer sur la gâchette pour retirer ce sale rictus de mangeur de merde de la tronche de son supérieur. Il entrouvrit la bouche pour marmonner une demande, celle de reprendre la tasse — avec un 's'il vous plaît' pour la forme, parce qu'il la voulait quand même, sa promotion. Mais il n'eut le temps d'émettre aucun son tandis que Snake était déjà en train de vider la tasse, cul-sec, sous son nez. Il le regarda faire, bouche bée, se surprenant lui-même à écarquiller les yeux alors qu'il peinait à les garder ouverts. En un instant, toute motivation de rester bon diplomate s'échappa de sa conscience. « C'est quoi votre problème, exactement ?! » balança-t-il en faisant un geste brusque de la main droite... avant de se rappeler qu'il tenait sa plume pleine d'encre, et de regarder d'un air complètement affolé s'il avait fait des dégâts sur des feuilles non loin. Snake ne put s'empêcher de rire en observant la scène. Le blond retourna aussitôt sa tête vers son aîné, les sourcils toujours aussi froncés, et les lèvres toujours aussi pincées par un agacement sévère. Il reposa la tasse calmement sur l'assiette et adoucit son regard. « Lève-toi et va au lit. » Miller avait envie de répondre, mais il était trop fatigué pour choisir ses mots. Il ne fallait pas que son supérieur se préoccupe de sa santé. Il devait être efficace, sinon adieu la promotion, adieu les rêves de gosse, adieu les cigales dehors, adieu... Il rouvrit les yeux. Il ne devait pas non plus lui donner raison et s'endormir devant lui. Ça, c'était non. Mais il n'arrivait pas à répondre pour autant. Snake, en tout cas, n'appréciait pas le fait que Miller ne se soit toujours pas levé. Il reprit la parole, plus fermement cette fois : « C'était un ordre. » Miller grimaça. Il n'avait pas envie de prendre d'ordres du borgne. Son but était d'être celui qui donne des ordres. Il en avait suffisamment reçu dans sa vie. Et l'ordre d'« aller dormir » était un ordre de trop. « Tu ne peux pas être mon second si tu maltraites ton sommeil, Kazuhira. » Il s'était attendu à tout sauf ça. Il était vrai qu'il baissait inconsciemment sa garde quand il était fatigué, mais de là à ce que Snake parle de lui en tant que « second commandant en chef » et utilise son prénom en une seule phrase, le pas était grand. Le fait d'être désigné « second commandant en chef », même si ce n'était que le temps d'une brève phrase, était plaisant. Ce n'était pas encore exactement ce qu'il voulait, mais ça s'en rapprochait déjà plus que le titre de bête homme de main. Et ça l'aurait presque fait sourire de plaisir s'il n'y avait pas eu son prénom juste à côté. L'idée que Snake l'appelle ainsi lui était complètement étrangère. Il aurait même préféré l'ignorer entièrement. À vrai dire, il s'était même imaginé que son supérieur n'avait pas été foutu de se souvenir d'un nom pareil. En toute honneteté, l'intelligence de Snake, en dehors de tout ce qui concernait l'armée, n'était pas très haute dans son estime. Cela ne faisait pas si longtemps qu'il travaillait avec cet homme, et pourtant il s'était déjà retrouvé à lui faire des cours d'histoire et de sciences entiers tellement ses connaissances étaient maigres. D'un autre côté, Miller avait toujours aimé s'entendre étaler sa culture, alors, plus sincèrement, ça lui faisait plaisir. Mais ça ne l'empêchait pas de trouver Snake stupide à ses heures perdues. « ... Tu m'entends ? » demanda Snake, plus inquiet qu'autre chose. Il commençait à se demander si Miller ne s'était pas complètement déconnecté de la réalité par manque de sommeil. Le blond secoua la tête en fermant les yeux pour assurer à Snake qu'il n'était pas encore en train de s'endormir. Il entrouvrit les lèvres, en fixant sa plume d'un air bête. L'encre avait séché. « Oui, répondit-il à voix basse. D'accord, j'y vais. » Il rangea soigneusement la plume, referma le couvercle de l'encrier, puis réarrangea quelques feuilles afin de s'y retrouver lorsqu'il reprendrait son travail. Le tout sans lever une seule fois les yeux vers Snake, à la fois à cause de la fatigue et parce qu'il n'avait pas envie de laisser transparaître, d'une façon ou d'une autre, que les propos de son supérieur lui avaient convenu. Il poussa sa chaise et se releva lentement, mais ne parvint pas à s'épargner un violent vertige. Il ne sentait vraiment plus ses genoux et il avait l'impression d'être complètement engourdi. Une main chaude attrapa son épaule pour le faire tenir debout, le faisant sursauter un peu. Lorsqu'il fut certain de pouvoir à nouveau marcher, il regarda hâtivement Snake pour le faire retirer sa main. Finalement, le brun la laissa encore quelques secondes, puis l'ôta. Miller se massa la nuque en l'étirant, attrapa ses lunettes de soleil sur son bureau et les accrocha à son col, puis tourna le dos à Snake et se dirigea vers la porte le premier. « Kazuhira, c'est long comme nom, » déclara platement Snake, forçant Miller à s'arrêter afin de se concentrer pour l'entendre. Le blond haussa un sourcil. Il ne savait pas trop ce qu'il était censé répondre à une remarque aussi inutile que stupide. « Utilisez juste Miller, alors, » répondit-il hébété, incapable de saisir ce que Big Boss voulait dire. Il tourna la tête vers Snake pour essayer de comprendre. Le borgne se rapprocha lui aussi de la porte, l'œil perdu dans quelques pensées. « Hmm— laissa-t-il s'échapper lentement en passant le bout de ses doigts sur son menton, caressant sa barbe. À part ça ? » dit-il, en tournant son regard vers Miller. Son cadet ne savait plus trop quoi lui répondre. Entre ce brin de conservation aléatoire et son manque de sommeil, il lui était vraiment compliqué de se concentrer. « Mes amis à l'université m'appelaient 'Kaz'... si c'est ça que vous demandez ? » Il n'était vraiment pas sûr de ce qu'il disait. Il n'était pas sûr de ce que Snake lui demandait, à vrai dire. Il n'était même pas sûr d'avoir une vraie conversation. Peut-être qu'il était déjà en train de dormir et qu'il avait rêvé qu'on l'avait appelé « second commandant en chef » et qu'en réalité il allait se réveiller dans un lit d'hôpital, le visage défiguré par un coup de poing de son supérieur. Snake ouvrit son œil et le tourna vers Miller, comme il avait l'habitude de le faire à chaque fois que son bras droit lui faisait une remarque pertinente - ce qui était fréquent. « Ça fera l'affaire, répondit-il en laissant un brin de sourire s'esquisser sous sa barbe, Kaz. » Miller, lui, n'était vraiment pas capable de savoir s'il parlait réellement à Snake ou s'il était en train de rêver. Il avait du mal à rester debout. Sans aucune transition ou autre réaction, il marmona un petit : « Bon, bonne nuit, Boss... » avant de tourner les talons et de s'enfoncer dans le couloir vers sa chambre. Avant qu'il ne soit trop loin, Snake lui ajouta sévèrement : « Première chose à faire en te levant demain : te noter officiellement en tant que sous-commandant en chef. » Miller s'arrêta. Il ne se retourna pas, mais il n'arrivait pas à s'empêcher d'étirer ses lèvres en un grand sourire. « J'y penserai, » dit-il en essayant de dissimuler l'enthousiasme dans sa voix en prétendant bâiller. (Cliquez pour afficher/cacher) Coffee Cup The heat of the night had suddenly crawled its way back into the atmosphere of the room. In an abrupt ticking motion of his head, Miller remembered instantly where he was and what he had been doing. He could once again hear the noisy cicadas outside and the mosquitoes hitting themselves against the screen covering the window, which his ears had chosen to ignore to let himself fall into a soft sleep while working. He put his hand to his face in an attempt to rub his eyes, only to meet a pair of sunglasses in the way. He hurriedly took them off, letting them fall onto his desk without a care— he usually was extremely cautious about this accessory of his, but for now, he was too tired to give a damn. With the tip of his fingers, he brushed aside any leftovers of sleep remaining in the corners of his eyes before moving his hand to slowly rub his temples. When he could function again, he let all of the weight of his head rest on his palm, very softly pulling on the skin of his forehead, as so to keep his eyes open. As some of his hair made its way between his fingers, he could not help but find it a bit too greasy for his taste. He frowned. He had ended up sweating from the summer heat as he fell asleep, and clearly needed a shower. But he had to get this paperwork over with. But he needed a shower… Another abrupt motion of his head. He was just about to fall back asleep when he clearly didn’t have the leisure to. He had promised his boss that he would take care of all the administrative junk this small group of mercenaries could need. And he had to do it. He knew too well how to make his way up in the ranks of any sort of military: rub your superiors the right way with both eloquence and efficient work, and there you had it— bonus points if you got the job done quickly, too. It didn’t matter if he had to hide the dark circles and bags under his eyes behind his sunglasses. He had never been so close to achieving his goal. He just needed to get to a rank from which he could give as many orders as his boss. And there he would have it, his borderless military, his army of mercenaries he had spent so many years envisionning from all possible angles. A dream come true. As a tentative of motivation, he sighed a tiny smile at the corners of his lips, which he promptly interrupted to yawn and stretch. He lazily rolled his pen between his fingers while his eyes scanned the sheet he had been working on before his sleep, and rapidly got back to duty. Ticking boxes, filling in names, putting down signatures. A long, fastidious and boring process he had gotten used to as the days went by, but that he probably would have given up on if Colombian coffee wasn’t as good as it is. As he almost reached the bottom of the page, he thought he heard the door crack open. He completely ignored it though, blaming the wind for it. But he was soon surprised to meet a hot cup of coffee on top of the papers piled up at his left. "You might want to consider taking a break," spoke his commander’s usual baritone. No matter how deadly tired Miller was, his typical reflexes never failed to act up on their own. As soon as he met Snake’s gaze, he raised his left hand to his face, in an attempt to cover the deep circles of fatigue under his eyes. "Thanks for the coffee," he mumbled back, incapable of hiding an evident lack of sleep. Snake wasn’t able to restrain a snicker at what he was seeing. On one hand, he was incapable of understanding how one could be so wary of their appearance when they clearly hadn’t gotten any proper sleep for many nights in a row, and he found the thought amusing. On the other hand, Miller was in a pitiful state to see, and Snake had even considered putting a sleeping pill in the coffee he prepared, but ended up giving on it, feeling it might not be a very recommandable mixture. "It’s alright if you don’t end up drinking it, though," answered Snake a bit late. "It’s probably better if you go straight to sleep. You can finish this off later. It’s nothing urgent." The younger man immediately glared at Snake before he could even finish his sentence. "Thank you for your concern, but,"—he clicked the consonnant of the last word and made a short pause before continuing— "I’m fine." The one-eyed man stared down at Miller for a while before giving him a little nudge on his left wrist— with absolutely no strength in it at all, but it seemingly was enough for a sleepless person. Not only did his whole arm lose balance on the edge of the desk, but his head also fell down a bit, as he had been keeping it up with the only help of his hand. He quickly caught himself, though, and followed through by glaring annoyedly at Snake. The look of Miller completely worn by both an intolerable lack of sleep and irritation was actually quite intimidating, he noted. "I. Am. Fine." The three words came out very slowly, one after the other, like bullets making their way through a skull. He reached his arm to grab the cup of coffee his boss had brought him, but didn’t get a hold of anything. The beverage was sitting in Snake’s hand, who was looking down at him, hiding a tiny smile behind his mustache. If Miller had had a gun of some sort, he might have been exhausted enough to lack both the self-control and rationality needed not to pull the trigger, if that was what it took to wipe the shit-eating grin off his commander’s face. He opened his mouth, getting ready to make a demand—the one of getting the coffee back, adding a "please" to it, because he was willing to use hypocrisy if that was what it took to get promoted. But he didn’t get the time to do so, as Snake was already emptying the cup in one gulp, right in front of him. He watched him going at it in awe, surprising himself as he raised his eyebrows—he didn’t even know he had enough energy for that much. In one instant, any and all motivation he had to stay diplomatic completely left his mind. "What the hell’s your problem, exactly?!" he uttered angrily, lifting his pen in the air as if it gave any power to his words, brows furrowed. His elder apparently looked content with the reaction he drew out of Miller, which was infuriating to watch. But the tired man had no effort left in him to start an argument of any kind, and just ended up staring, waiting for an answer, his lips sealed with anger. Big Boss softened the look in his only eye and slowly put down the cup on the small plate he had brought with it. "Now get up and go to bed." Kaz wanted to answer something—he didn’t even know what exactly— but was way too tired to choose his words. He couldn’t let his boss worry about his health or sleeping habbits. He needed to be efficient, otherwise he might as well say good-bye to his promotion, good-bye to his life’s dream, good-bye to the cicadas outside, good-bye to… He opened his eyes again. He couldn’t let himself fall asleep right in front of Snake. It would give him another argument in his favor. And that was the last thing on earth Miller wanted. But it still didn’t help him in wording an answer. Snake, on his part, wasn’t satisfied that Miller hadn’t gotten up. He started again, more aggressively this time: "That was an order." Miller frowned. He didn’t want to take any orders. His goal was to be the one giving them, and he had heard enough in his life. Besides any of that, the order of going to bed was something he didn’t want to obey at all. "You can’t be my second-in-command if you don’t get enough rest, Kazuhira." He was caught completely off guard. It was true that he couldn’t be ready to expect many answers when he was tired, but Snake calling him his ‘second-in-command’ and using his first name, both in a single sentence… was a lot to process. Being designed as ‘second-in-command’, even if it were to last only for one sentence, was very pleasing. He had rather been aiming for the title of first-in-command, but had to admit he was content with what he had just gotten. He almost would have smiled spontaneously at the thought— if it hadn’t been for his first name. The thought of Snake referring to him as anything other than simply Miller was completely foreign to him. In fact, he had been almost certain his boss couldn’t remember his full name. "… Do you hear me?" asked Snake, with more worry than anger in his voice. He really was wondering if Miller hadn’t fallen asleep eyes open on him. Kaz shook his head with his eyes closed in an attempt to reconnect with reality. He softly opened his lips, staring down at his pen with a blank expression on his face. "… Yeah," he answered in a low voice. "I’ll go." As soon as he spoke, he closed his pen and neatly arranged some of the sheets on his desk in a way he would be able to quickly manage whenever he would get back to work. He didn’t look at Snake once while doing so, though, both because of exhaustion and because he didn’t want to show in one way or another that he was pleased by the words his boss had used. He got up and pushed his chair back, soon closing his eyes to fight a violent dizziness. He couldn’t even feel his knees anymore, and his whole body felt numb overall. A warm hand reached for his shoulder, helping him stand up. When he was certain he could walk on his two feet, he brushed away Snake’s hand. He laid his hand on his neck, slowly massaging it while stretching, reached for the sunglasses on his desk, pinned them to his collar, turned his back to Big Boss, and made his way through the door. "Kazuhira’s a long name," flatly declared Snake, forcing Miller to stop his pace in order to concentrate on his words. The blonde man raised a brow. He wasn’t really sure what he was supposed to answer to a remark as random as useless. "Then just use Miller," he answered thoughtlessly, incapable of making his way into his boss’s mind. He turned his head back at Snake, trying to understand. Big Boss closed the distance between them, his single eye lost in thought. "Hmm," he let out, softly brushing the hair on his chin. "Besides that?" he quietly asked, looking at Miller. The younger man wasn’t sure what answer he could give. Between this small conversation he couldn’t understand and his lack of sleep, focusing on anything was a tremendous effort on his part. "Well, my friends in college called me ‘Kaz’, if that’s what you’re asking?" He couldn’t make out what Snake was really interrogating him about. He couldn’t even make out that he was having a conversation at the moment, actually. Maybe he had been sleeping and dreaming when he got called ‘second-in-command’. Maybe he would wake up in a hospital bed, disfigured by a punch from his superior. Everything was possible. Snake opened his eye wider and turned it to Miller, as he had the habbit of doing when he noted the man said something relevant. "That’ll do," he answered as he let one of the corners of his lips softly rise in a smile under his beard, "Kaz." In return, Miller wasn’t sure if he was sleeping, awake, dead, or alive. He was about to fall to the ground. Without any sort of transition, he mumbled a quick “yeah, g’night, boss…” and turned his back to Snake, walking straight down the hallway to his room. Before he could get too far, Snake stopped him and added: "First thing you do when you get up is write yourself down as second-in-command officially," he severely said. That, Miller was able to process easily, without any effort to be made. He didn’t turn around, but couldn’t help stretching his lips in a wide smile. "I won’t forget," he said, hiding the enthusiasm in his voice by pretending to yawn.
|
(https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fimage.noelshack.com%2Ffichiers%2F2014%2F26%2F1403952544-mononoke-28.png&hash=2aa85a3a8d876c8f9876b10612a47119011c23c8) MOT DE L'AUTEUR | VOILÀ. Je l'ai fait. J'ai relu cette immondice. Je parle bien évidemment du troisième Acte de No, présenté il y a maintenant plus d'un an au concours d'écriture de Lypphie. Diantre que cette bouse infâme est à chier. Ça se ressent tout le long du texte, j'étais tout sauf inspiré. J'ai bidouillé un truc en 24 heures (après la date limite pour rendre les textes, en plus), et c'est atrocement maladroit. Enfin, pour moi, tout No l'est, maintenant. J'ai beaucoup de mal à apprécier les deux autres textes (le second restant le moins pire). En fait, pour moi, il s'agit ni plus ni moins d'un rip-off maladroit de Mononoke et Mushishi, les deux œuvres qui m'ont inspiré à sa conception. Il ne s'en démarque pas assez, n'apporte pas assez de choses intéressantes. Donc j'ai décidé de le laisser tomber. Si je le reprends, ça sera pour le réécrire entièrement, et le tourner d'une façon complètement différente. Mais bon, voilà, au moins les trois textes rendus pour le concours sont maintenant sur ma galerie après tout ce temps, que d'émotions. Bonne lecture si vous décidez de vous infliger ça :'( |
(https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fimage.noelshack.com%2Ffichiers%2F2014%2F26%2F1403952964-candylace-bd04.png&hash=24611918c9a5fc57830f22e98086d50f679d9df2) MOT DE L'AUTEUR | J'ai eu quelques bons retours au sujet de l'un des deux textes qui figuraient sur mon dernier post, à savoir la Saynète de Sarutobi. Ça m'a fait chaud au cœur pour tout dire, même si je ne considère pas ce texte comme quoi que ce soit d'autre qu'un brouillon à la mise en scène de la bande-dessinée que le projet final est sensé devenir. Mais du coup, ça m'a motivé à fouiller dans les autres brouillons que j'ai pu élaborer, et j'ai retrouvé celui-là (le seul que j'ai gardé en dehors de celui que j'ai posté, en fait). Il se situe dans l'enfance de Tampopo. Pas trop de contexte supplémentaire à donner. Bonne lecture en tout cas. |
(https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fimage.noelshack.com%2Ffichiers%2F2014%2F26%2F1403953582-minolta-sparrow1.png&hash=a30393d638fd149a752310bec843d9a2289a06e2) MOT DE L'AUTEUR | Jamais deux sans trois. Pas plus tard qu'il y a quelques jours, mon compatriote Rictus a posté sur sa galerie un petit texte destiné à un recueil collectif intitulé Rencontres Aléatoires, dont le titre parle pour lui-même. J'en ai apprécié le concept, et à vrai dire, ça m'a motivé à écrire un peu. On a tous déjà croisé des gens qui ont l'air intrigants, peu importe si on a émis un contact avec eux ou pas par la suite. Et cette simple base m'a suffisamment motivé à lever l'ancre (ou devrais-je dire lever l'encre hihi mdr chui tro draul). Bref, c'est un machin écrit assez rapidement, sans trop de prétention. Je ne sais pas si je retenterai l'expérience ou pas, mais bonne lecture les zorus. |
(https://forums.puissance-zelda.com/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fimage.noelshack.com%2Ffichiers%2F2014%2F36%2F1409746648-ponyo-7.png&hash=63b41f098a042b31324290c242c6a9cd4a1ad44e) MOT DE L'AUTEUR | Je n'apporte rien de très neuf ici puisqu'il s'agit tout simplement de mon texte pour le premier tour du concours d'écriture. Je n'ai d'ailleurs pas grand chose à dire à son sujet, si ce n'est que c'est un texte complètement différent de ce que je fais d'habitude. C'était d'ailleurs particulièrement choquant d'avoir d'aussi bon retours à son sujet, mais ma foi, tant mieux s'il a pu plaire ! Pour le moment, il me satisfait tel quel, on verra si je le retoucherai un peu par la suite ou pas. En dehors de ça, le thème qui m'a été attribué était l'eau, et il y avait quelques mots à inclure dans le récit. Autant dire que ni l'un ni l'autre ne m'auront posé de problème. Ah ! Et si ça vous intéresse, voilà de quoi écouter la petite comptine glissée dans le texte : Un couplet chanté (http://web.mit.edu/jpnet/holidays/Jun/amefuri.mov) / Version orchestrale (https://www.youtube.com/watch?v=2l4fYuZCUz4&feature=youtu.be) Merci de votre attention et bonne lecture ! Lire sur Dropbox (https://www.dropbox.com/s/5uj5znzrcdbu65v/L%27%C3%89pouvantail.docx) | Fanfiction.net (https://www.fanfiction.net/s/10625598/1/L-%C3%89pouvantail) | AO3 (http://archiveofourown.org/works/2152560) |
(Cliquez pour afficher/cacher) Volière 「鸟笼」 Quatrième Éternité 哀 Il y avait quelque chose d'abrutissant à cette condition de prisonnier, entièrement seul face à un paysage lancinant, qui n'exerce que des va-et-viens continuels par ses vagues sur le sable chaud. Sans pouvoir connaître le monde, on s'ignore : c'était précisément le cas de Goku. Le temps s'égrainait depuis aussi longtemps que l'éternité le permettait. Ses premiers souvenirs lui étaient si lointain qu'ils étaient tout à fait discutables. Étaient-ce réellement les premiers ? Sa mémoire ne se débarrassait-elle pas au fur et à mesure de ces « premiers souvenirs » pour laisser la place au présent ? Il ne pouvait affirmer qu'il y avait véritablement eu un début à son emprisonnement. De même, il ne pouvait être certain qu'il y aurait une fin. Il était piégé en ce moment présent, dans ce gouffre, ce vide inquantifiable. Et c'était abrutissant. Il avait à peine conscience des couleurs qu'il percevait et des sons qu'il entendait. Il en devenait incapable de les identifier, de les distinguer les uns des autres. Ce n'était plus qu'une marée de taches floues, une soupe de bruits. Il n'avait que l'impression d'être noyé au creux de ces sensations sans réellement les vivre, comme si ses yeux, ses oreilles, sa peau lui mentaient. Seulement, il y avait le rêve, l'espoir, le désir. Les seules notions qui faisaient encore de lui un être humain, qui le gardaient en vie malgré lui. Quel monde existait au-delà de ces barreaux ? Y avait-il autre chose que du sable, de la pierre, de l'eau ? Une musique autre que le bruit des vagues et des sons lointains ? Il ne pouvait désirer ce qu'il ignorait. Il ne pouvait construire de rêves à partir d'imagination pure. Toute pensée qu'il avait était fabriquée à partir de ce qu'il connaissait – du peu qu'il avait pu connaître. Aussi abrutissante qu'ait pu être sa condition, il arrivait à avoir conscience de ce fait. Si cet endroit avait été au plus profond des entrailles de la terre, je n'aurais jamais rêvé du soleil. Un bruit inhabituel vint troubler la monotonie de sa quiétude. De petits tapement ou frottements, il n'aurait su dire. Il lui avait semblé que quelque chose de petit était passé derrière les barreaux, mais il avait passé si longtemps à scruter le même point à l'horizon que sa vision en était devenue trouble. Il cligna des yeux plusieurs fois, reprit le contrôle de ses sens, et pencha légèrement ses épaules engourdies. Derrière l'un des barreaux, il aperçut une petite chose. Elle avait un corps rond, surélevé du sol par des petites brindilles. Elle semblait constituée d'une matière très douce. Elle avait une tête, ornée d'un pic minuscule, et deux points noirs de part et d'autre de celui-ci. Voilà les mots qu'il aurait employé pour décrire un oiseau. Le moineau sautilla sur le sable en gazouillant, puis remarqua la présence de Goku. Ses yeux noirs identifièrent la créature, et le forcèrent à se figer sur place. Sa condition de proie força ses instincts à prendre le dessus. Que lisait-il dans les yeux dorés de cet étrange primate ? Fallait-il prendre la fuite d'un potentiel prédateur ? Sur le visage de Goku, il n'y avait que confusion. Curiosité, émerveillement, mais surtout, beaucoup d'incompréhension face à ce qu'il avait sous les yeux. Tout le corps du garçon était un appel à l'aide, tant sa vie au sein de sa cellule l'avait affaibli et amaigri. S'il y avait une chaîne alimentaire, le moineau aurait eu tout lieu de se situer au-dessus d'un être aussi misérable. Par pitié pour lui, l'oiseau s'approcha, lui aussi, curieux de ce qui avait rendu cet humain si lamentable. Goku, le voyant se déplacer en sautillant, tendit devant lui l'un de ses rachitiques doigts aux ongles cassés et trop longs. Le moineau resserra encore la distance qui les séparait, et posa vivement son petit bec contre la peau de l'humain. Enfin, d'un bon, il grimpa sur son doigt et s'y accrocha avec ses pattes menues. Délicatement, Goku releva sa main pour l'approcher de son visage, afin de mieux observer la petite créature. Le moineau gazouilla, manquant de faire sursauter le garçon qui se découvrait en ce nouvel ami le mensonge de sa solitude. Sa bouche, restée entrouverte d'étonnement, s'élargit en un petit sourire. Une telle expression, étrangère aux muscles de son visage, était une sensation entièrement nouvelle pour lui ; et elle lui procurait un plaisir infini, faisant sortir de sa gorge enrouée un petit rire, auquel le moineau répondit de plus belle en agitant ses ailes. L'oiseau voleta jusqu'au sol de la cellule, puis tourna autour de Goku, d'un air presque joueur. Le garçon continua de rire de plus belle, accompagnant du regard son ami, se retournant vers lui lorsqu'il partait dans son dos, ne le laissant pas le quitter un seul instant. Ils jouèrent ainsi un bon moment, mais qui parut trop court à un être trop habitué à l'éternité. Lorsque le moineau finit par s'envoler hors de la prison puis au-delà du champ de vision de Goku, il resta assis, incapable de comprendre pourquoi son ami venait de le quitter. Son sourire quitta son visage et son état précédent se mit lentement à le regagner. Il se demanda s'il ne venait pas de s'inventer tout ça, s'il ne s'agissait pas d'un souvenir antérieur à son emprisonnement tant il lui paraissait irréel. Tout devint incompréhensible et étrange tandis que la monotonie de son quotidien reprirent leur place. Le lendemain, l'oiseau revint rendre visite à l'humain, en lui apportant un asticot. Goku ne parvint à comprendre ce qu'il était censé faire de cet étrange fil épais et gluant, qui gigotait entre ses doigts, et qui ne lui paraissait pas aussi amical que la bestiole plumée. Le moineau, quoique confus, se contenta de manger l'annélide et de reprendre son jeu avec le garçon. La routine des deux amis s'instaura, et fréquemment, l'oiseau venait le rejoindre pour lui tourner autour, se poser sur sa tête ou l'un de ses doigts, lui donner des coups de bec affectueux. Parfois, il restait dormir dans le creux des mains du garçon, au chaud et en sécurité. Le paradis comme l'enfer sont des prisons. L'une est de bonheur éternel, l'autre de souffrance éternelle. Mais l'homme n'est libre ni dans l'une, ni dans l'autre. Un matin, Goku fut tiré d'un somme par les premiers rayons du soleil. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il distingua une forme inhabituelle sur la plage. Une fois mieux réveillé, il finit par reconnaître le moineau. Cette fois-ci, il n'était pas droit sur ses fines pattes ; il était étalé contre le sable chaud, une aile étendue vers le sol, blessée. Les battements de son cœur s'accélérèrent. Tout d'abord, il pensait ne pas comprendre, se disait que c'était quelque chose d'inhabituel ; mais ses instincts s'étaient déjà faits suffisamment éloquents. Il n'y avait aucun malentendu. L'oiseau n'était pas simplement au sol, ou peut-être en train de dormir. Il avait tout à fait conscience de quoi il s'agissait – sans l'avoir connue, sans avoir eu à la croiser auparavant. La mort. Il fut pris d'un léger tremblement. Ses sourcils se serrèrent. Sa bouche forma une moue. Des larmes coulèrent de ses yeux. Des sanglots s'échappèrent d'entre ses lèvres. Ses mains s'agrippèrent aux barreaux de sa prison, ses doigts s'y crispèrent. Il se sentait minable, inutile, minuscule. Impuissant. Mais, surtout, seul. Cette réalisation le fit pousser un hurlement de désespoir, embaumant son deuil le transformer en rage. Il se mit à frapper sa prison, à s'agiter, sans pour autant accomplir quoi que ce soit – ce qui redoubla sa fougue. Le temps s'écoula, et bien qu'il réussit à recomposer son calme, ses sentiments ne le quittèrent pas. Au fil des jours, le cadavre du moineau se dégrada, se décomposa, jusqu'à ce qu'une éternité s'écoule et que ses os appartiennent au sable, et que le sable appartienne à la mer. Si cet endroit se trouvait au plus profond des entrailles de la terre, j'aurais pu ne jamais connaître ni la solitude, ni la liberté. |