J'ai acquis la version HD sur Switch et je me permets, du haut de mes 10h de jeu, de répondre à la question du sujet.
Alors,
Grandia est-il le meilleur RPG ?
Je ne saurais pas dire.
Faut dire qu'il a bien vieilli, et pas qu'en graphismes. Son ergonomie n'est pas toujours optimale, et l'exploration est parfois bien laborieuse sans axe vertical ni mini-maps. On sent aussi passer toute la fin des années 90, dans la direction artistique qui appuie bien fort l'industriel ou le naturel, et la narration générale qui ne rougit pas de l'artificialité de ses dialogues.
Par contre,
Grandia est-il l'un des titres qui réalisent les ambitions qu'il affiche, grâce à ses moyens, compte tenu de son époque et vu le passif de son studio ?
Ca, oui, très clairement.
Il parvient à insuffler une véritable innocence, une candide naïveté à toute l'aventure de Justin . Il est vraiment traité comme un enfant, tellement enfantin qu'il pourrait sucer des prêtres. Les personnages secondaires sont presque tous campés avec juste assez de douceur pour ne jamais abîmer le doux velours de ce périple, et les événements s'enchaînent avec surprise, sans jamais être hors-ton. Et on sent aussi que l'intrigue a une pleine conscience de n'avoir rien de renversant, de profond ou de quoi que ce soit à proposer, elle n'est qu'une classique aventure, elle l'assume, et elle le soigne.
C'est vrai que, même avec la mouture HD (bon c'est du travail de Squix fallait pas attendre un remaster 4K) la réalisation porte ses années. Le level design n'est pas forcément génial, mais depuis que j'ai testé les plaines démesurées de
Xenoblade sans buggy ni rien, je suis dur à gaver.
Et de toute façon, les cutscenes de fuite ou d'explosion sont encore tellement efficaces, je joue en partie pour en voir d'autres. J'ose même dire qu'elle peut en répondre à des studios qui n'arrivent pas à ce résultat avec des moyens de 2020.
*tousse* Falcom *tousse* NIS *tousse* Par contre, c'est plus agréable de jouer en portable qu'en docké : les mouvements de caméra omniprésents des combats donnent limite le mal de mer sur grand écran.
Justement, le gameplay, je connaissais déjà ses héritiers
Child of Light et
Caligula Effect, mais qu'à cela ne tienne, l'expérience est positive. Grandia est un de ces jeux dont on capte vite les commandes, mais qui ne se maîtrisent pas sans un certain apprentissage. Foin de tutos ou d'indices, le jeu attend que le joueur percute tout seul comment se gèrent les boss. Même les monstres communs m'ont parfois mis des branlées bien sévères, car j'avais pensé "pff c'est d'la piétaille j'roule ça passe".
A ce jour, j'aurais deux ou trois défauts trop gros pour être négligés à noter.
D'abord, la trad FR. Autant dans la ville de Parme, elle est de bon aloi, autant par la suite, elle se met à puer l'anglais. C'est parfois du mot à mot, comme Sue qui dit "Justin ! Tu es le pire !" whaaaat yar siriousse ? Donc si vous avez un niveau B1 ou même C2 en anglais, franchement, choisissez cette langue. Vous perdez pas au change et vous gagnez en pratique.
Ensuite, les officiers de l'empire Garlyle, qui cumule le pire du pire que le reste évitait avec tant de soin : les paroles rédigées par manie, les concours de cruauté, l'incompétence aggravée et le "kyaa Mullen-sama".
En fait, j'ai même envie de dire que tout ce qui touche, de près ou de loin, à l'empire Garlyle, est terriblement mauvais.
Mais je serais peut-être trop dur, si ça se trouve le meilleur est à venir.
Et enfin... L'inventaire limité à 12 places par personne, un héritage bien lourd à porter. Je n'aimerai jamais ce dilemme de devoir jeter un Antidote pour pouvoir ramasser une arme qui traîne.
Sorti de ces écueils, qui ne sauveront pas le jeu pour ceux qui n'en peuvent plus du J-RPG old-school bien fait, et qui n'inquiéteront pas les amateurs de vieilles pépites, ben je recommande chaudement
Grandia.