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Doutch écrit aussi, un peu... [Textes du Concours à 4 mains]
Anju:
J'adore ton texte ! ^^ C'est chouette de voir tout ce que tu t'imagines à partir d'une séance de roleplay ! J'aime beaucoup ton style. Tu n'écris peut-être pas souvent, mais en tout cas tu écris bien. J'ai lu toute ta galerie même si c'est la première fois que je commente. ^^
Même si on ne connaît pas tes personnages, on arrive à les imaginer grâce à toutes les petites allusions à la jeunesse de tes personnages que tu as glissés dans ton texte. ^^ On ressent la nostalgie de tes personnages, et bien que leur relation semble assez ambiguë, on sent qu'ils tiennent l'un à l'autre. Tu décris bien la scène, avec plein de petits détails qui rendent le tout plus réaliste.
Sinon, comme je ne connais pas bien cet univers, je me demandais quelle était la part d'imaginaire dans ton texte. Est-ce que tu as romancé une discussion qui s'était passé dans les mêmes conditions, ou est-ce que tu as presque tout imaginé à partir de quelques éléments, par exemple ?
J'ai bien envie de connaître la suite de ton histoire. Elle est déjà écrite ou c'est en cours ?
Doutchboune:
Merci déjà pour ton commentaire, il me fait très plaisir. Surtout si on retrouve ce que tu as dit sur les personnages, qui ont, effectivement, une relation ambiguë.
Pour ce texte, je me suis basée sur les échanges en jeu de nos deux personnages, et j'ai inséré du texte entre les dialogues en utilisant le point de vue du mien (Adelheidy, donc^^), pour enrichir un peu le texte. Sachant que pour tout ce qui est dit, c'est basé sur le passé du personnage, son caractère, ou ce qu'il ressent à ce moment. C'est un peu décrit en jeu avec les emotes, j'ai juste approfondi pour en faire un texte qu'un extérieur peut lire. Et en quelque sorte, un compte rendu amélioré de la soirée. Après, je préfère me baser sur des vrais échanges, parce que je ne veux pas faire jouer les personnages qui ne sont pas les miens.
Voici par exemple un extrait du log en jeu :
Sinon, oui, le texte est terminé, mais il est un peu long, donc je pense le poster en quatre fois, même si la coupure du milieu fera un peu artificielle je pense (pas facile de trouver un bon moment pour couper...). Il faut dire qu'on a bien dû jouer plus de 2h30 d'affilée ce soir-là (et comme en plus on a débuté en fin de soirée pour cette interaction là, on s'est couchés un peu tard xD mais ce fut une très bonne soirée RP donc je ne regrette rien !)
Anju:
D'accord, merci de m'avoir expliqué. :miou: Je n'osais pas trop développer, parce que je ne savais pas ce que tu avais écrit et ce qui est tiré de ta séance RP. En tout cas, comme je l'ai dit, on ne devinerait pas que ça vient de RP. On n'est pas perdus, tu expliques tout sans trop en faire, et les dialogues s'insèrent très bien dans ton texte. Bon boulot, j'ai bien envie de lire la suite ! ^^
Doutchboune:
Et voici la suite !
La Fête du Feu
partie 2
La question la prit un peu au dépourvu. A vrai dire, ce soir, elle était plutôt d’humeur à ne même pas penser au lendemain, mais l’expression du médecin l’incita à répondre. Sa voix était douce, calme, presque rêveuse, quand elle prit la parole.
- L’avenir ? Oui, j’y pense tout le temps, j’imagine le Nord à nouveau vert. Nos efforts récompensés, de nouveau des villages sur nos terres.
- C’est une image apaisante, dit-il.
- C’est ce pourquoi je me bats, rétorqua-t-elle sur un ton d’évidence.
- Je vous envie quelque part.
Sa voix semblait porter un lourd fardeau de regrets, et c’est avec une pointe de compassion qu’elle lui demanda :
- Pourquoi donc ? Vous n’imaginez pas l’avenir ?
- J’aimerais pouvoir espérer la même chose pour Alterac, répondit-il.
Pendant un instant, elle pensa au royaume déchu, à sa sombre réputation, et se demanda si l’on pouvait sincèrement regretter cet endroit. Puis elle se dit qu’elle était probablement injuste, elle ne connaissait pas grand-chose d’Alterac, finalement, à part ce que l’Histoire en avait retenu. Mais elle savait une chose, ses terres n’avaient pas été polluées par le Fléau, en tout cas nettement moins que les Maleterres.
- Et bien… hésita-t-elle, au moins, les sols n’y sont pas corrompus.
- Mais la région n’a aucun espoir, lâcha-t-il. Qu’il s’agisse des ogres, des Réprouvés ou même du Syndicat, les trois factions ont achevé de détruire le peu qu’il subsistait de nous sur place.
- Il faudra reconstruire depuis la base, dit-elle d’une voix apaisante, c’est peut-être l’occasion d’assainir la zone.
Elle souriait doucement, les yeux toujours rivés sur le feu quand un mouvement de foule la bouscula, lui faisant perdre l’équilibre. Elle s’appuya contre Solÿn pour ne pas tomber, mais lorsqu’elle se redressa, elle ne s’éloigna pas, restant en contact avec l’homme à côté d’elle. Elle s’excusa, machinalement, et il lui répondit que ce n’était rien, d’un air absent, comme s’il n’avait même pas remarqué l’incident. Il poursuivit son discours, suivant le fil de sa pensée.
- Je ne vois juste pas qui pourrait redonner à ce pays un semblant d’éclat. Le peuple originel a été tantôt massacré, tantôt dispersé aux quatre vents.
Adelheidy haussa les épaules. Elle n’avait évidemment pas la réponse, et le désarroi du barde l’attristait. Elle souhaitait lui remonter le moral, lui redonner espoir.
- Peut-être faut-il lui donner un nouvel éclat, plutôt que d’en rechercher un ancien, proposa-t-elle.
Il eut un rire amer, qui la troubla. Elle ne le pensait pas si désabusé, même si elle savait qu’il n’était pas du genre à se livrer, habituellement. Il enchaîna.
- Regardez les difficultés que les Fils du Nord rencontrent pour reconstruire une nation à l’héritage aussi fort.
- Je ne me fais pas d’illusions, répondit-elle en secouant doucement la tête, ce qu’on reconstruit dans le nord sera différent de ce qu’était le Nord avant. Notre héritage servira à bâtir nos fondations, mais les choses ne seront jamais pareilles qu’avant.
- Sans aucun doute, dit-il, et sa voix se chargea d’émotion contenue. Mais il reste en moi quelque chose de cet enfant qui a vu son monde s’écrouler et qui voudrait désespérément le voir revenir.
La jeune femme fut profondément touchée par cet aveu. Pas tant parce qu’il montrait à quel point le royaume disparu de Solÿn lui manquait, mais surtout car elle y perçut de la sincérité. Et la sincérité n’était vraiment pas habituelle chez cet homme. Elle sentit sa respiration s’accélérer alors qu’il tourna son visage vers le sien. Son œil brillait, et d’une voix émue, il lui souffla :
- J’imagine que vous comprenez.
Elle sourit, d’un sourire à la fois triste et plein de compassion. Dans sa tête défilaient des images de la petite ville qu’elle considérait comme son foyer. Les rues, les jardins, l’effervescence des jours de marché. Puis venait l’Andorhal qu’elle avait vue après la guerre, quand une nouvelle bataille avait fait rage entre l’Alliance et les Réprouvés. Elle était au front, et elle avait assisté avec horreur aux actes de la Reine Banshee, qui n’avait pas hésité à utiliser ses Val’kyrs pour relever les morts en poupées décérébrées et les faire attaquer leurs anciens compagnons. Elle détourna le regard, en proie à une émotion intense. Elle murmura :
- Je le ressens à chaque fois que je pose les yeux sur Andorhal. Surtout après ce que j’y ai vécu…
Elle ne put dire un mot de plus, mais pendant un court instant, elle serra le bras du médecin, là où sa main était toujours posée. Son regard revint croiser celui de l’homme à côté d’elle, et elle le regardait avec intensité. Il lui sourit alors, et dit sur un ton d’excuses :
- Navré, je n’aurais pas dû ruiner l’ambiance ainsi.
- Ne soyez pas navré, loin de là.
Leur échange de regard se prolongea en silence. Autour d’eux, les artistes commençaient à ranger leurs instruments, la foule se dispersait progressivement alors que la fête touchait à sa fin, mais il restait toujours quelques badauds pour discuter à la lueur des flambeaux. Adelheidy était restée appuyée contre le barde, dont elle appréciait le contact. Tout en elle criait l’envie de se rapprocher encore plus, d’étreindre cet homme qui avait su la toucher. Les flammes dansaient sur leurs visages, jouant avec leurs traits dans un étrange et joli ballet. Il rompit le silence.
- J’ai toujours aimé ces veillées au flambeau. L’artiste en moi a tendance à dire qu’ils mettent en valeur tout ce qu’ils éclairent et…
Il n’eut pas l’occasion de finir sa phrase. D’un mouvement rapide, elle posa ses lèvres sur celles de l’altéran, les pressant avec force. Puis, tout aussi vite, elle se recula. Elle le regarda, un peu interdite. Il semblait surpris, mais pas contrarié. Elle avait répondu à une impulsion, et réalisait seulement ce qu’elle venait de faire.
- C’était… inattendu, dit-il étonné.
- Je… bredouilla-t-elle. Pour moi aussi.
Il se rapprocha alors d’elle, et vint placer sa main dans la sienne, avant de tourner son regard à nouveau vers le brasier. Il lui susurra :
- Chut. Profitons un peu de l’instant.
Obéissant à sa proposition, elle posa sa tête sur son épaule, les yeux dans le vague, dirigés vers le feu qui crépitait devant eux. Elle le sentit se détendre et caressa doucement sa main avec son pouce. Avec tendresse, il déposa un baiser léger sur le haut de sa tête, et elle ferma les yeux, le corps parcouru par un frisson. Elle savourait le moment, sans penser aux conséquences et aux implications de son geste, quand il se racla la gorge. Elle se tourna vers lui, souriante.
- Avant d’être ainsi grossièrement interrompu, je disais… reprit-il d’une voix charmeuse, que la lumière des flambeaux embellit tout ce qu’elle touche.
Il plongea son œil dans les siens.
- Vous… tu es très belle ce soir, Adelheidy.
Les joues de la jeune femme rosir légèrement, et sa voix trahissait sa timidité.
- Et v… tu n’es pas mal non plus, un peu tout le temps.
Le barde répondit à la flatterie en lissant ses moustaches avec sa main libre, arborant un visage fier, ce qui fit rire la prêtresse.
- Vil flatteur, dit-elle avec un large sourire.
- Je suis démasqué, admit-il sans sourciller.
- Combien de fois l’ai-je déjà dit ? ajouta-t-elle sur un ton tragique. Un millier ?
- Je doute que cela soit quantifiable.
- J’avoue, concéda-t-elle, on finit par ne même plus prendre la peine de compter.
- Mais comme le dit la morale : « Le vil flatteur ne vit qu’au dépend de celle qui l’écoute. Cette leçon vaut bien un baiser, sans doute. »
A peine eut-il finit de parler qu’il se pencha, et vola à son tour un baiser à l’humaine. Loin de le repousser, elle savoura cet échange, et le fit durer. Après un long moment, leurs bouches se séparèrent. Ils se regardèrent, les yeux brillants, et il finit par briser le silence, parlant avec un sourire plein de dents, comme il aimait tant en faire.
- Moi qui pensait que le bûcher était le point le plus chaud de la soirée.
Elle sourit. Elle le reconnaissait bien là, et elle sentit une onde de chaleur parcourir son corps. Malgré tout, elle aimait leurs petites joutes verbales, cette façon qu’il avait de la titiller. Dommage que le plus souvent, il soit incapable de s’arrêter à temps. Mais ce soir, elle comptait bien jouer, elle aussi. Dans cette ambiance festive, loin du Beffroi, main dans la main, elle n’avait aucune raison de se retenir. Sa voix était clairement amusée quand elle lui répondit.
- Il semblerait que tu te sois trompé.
- Hmm pour ce genre de situations, j’accepterai d’avoir faux sur toute la ligne, reconnut-il beau prince.
- C’est bon à savoir, se réjouit-elle.
Tendrement, il passa un bras derrière le dos d’Adelheidy, en faisant bien attention d’éviter son épaule meurtrie. La blessure guérissait, mais elle était encore récente. Autour d’eux, les rues étaient redevenues calmes. La jeune femme se blottit tout contre le médecin en soupirant.
- Et voilà arrivé ce moment fatidique…
- Celui où tu dégaines l’épée d’Aurys et me décapites pour manquement protocolaire envers mon officier supérieur ? proposa-t-il faussement inquiet.
- Je ne pensais pas à ça, mais oui, c’est possible ! répondit-elle en riant.
- Zut, je savais que j’aurais dû lire les petits caractères, ajouta-t-il l’œil espiègle.
Malgré tout, elle s’assombrit un peu. Elle n’en avait pas envie, mais il fallait bien penser aux jours à venir. Sa voix laissait transparaître ses préoccupations.
- Non, celui où la raison nous implore d’aller dormir, alors qu’on ne veut que prolonger l’instant à l’infini. Ça va être un peu compliqué, non ?
Anju:
Cette histoire est en très bonne voie, après les anecdotes sur leur jeunesse, ils enchaînent avec des événements qui donnent une idée de l'état de leur monde actuel. On a besoin de connaître l'univers pour comprendre certaines choses, mais ça reste de l'ordre des détails et ça ne change pas la compréhension de l'échange entre tes personnages.
On dirait que leur relation est définitivement plus qu'amicale. :oups:
En tout cas, c'est bien intéressant, plus ça avance, et plus j'ai envie de lire la suite. ^^
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