Pour répondre sur le sujet, ma première réaction a été la même que Chompir et Moon : c'est étonnant à tout le moins que du jour au lendemain, des centaines de millions sortent de nulle part pour financer un chantier, alors que la veille, on n'avait pas un kopek pour le petit peuple. Mais prenons le problème à l'envers : plutôt que de réagir à la polémique des dons astronomiques, quel aurait été le scénario parfait pour la reconstruction ? Quel moyen pratique aurait-on dû employer pour amasser les 500 millions d'euros du chantier, sans dépendre des grandes fortunes ni des impôts, qui n'aurait froissé aucun Français, fait aucun malheureux ?
Notre-Dame, j'y tenais pas plus que ça, j'ai connu pas mal de cathédrales qui la dépassent largement. Qu'elle soit rebâtie, c'était évident, ils allaient pas la laisser en ruine, et puis on leur aurait reproché. Que des grands groupes pondent des centaines de millions à cette occasion, vous préférez que ça soit raboté sur le budget des municipalités ou sur les subventions ?
Et puis, avec un peu de recul, je rejoins (sans sacrifier mon écœurement initial) Taiki :
C'est triste mais c'est bien la réalité des choses, oui un riche n'en a globalement rien à faire de pauvres inconnus. On est plus touché par ce qui nous concerne, ce qu'on connaît, tout le monde.
En tout cas, les gens "lambda", que font-ils pour les pauvres ? Même à leur échelle, ils pourraient aider, le font-ils ? J'imagine que pour la majorité la réponse est non, ils pourraient se sortir des excuses "mais j'ai pas beaucoup d'argent" "mais j'ai pas le temps" ils savent très bien que ce ne sont que des excuses, le temps ça se prend si on est vraiment concerné par une cause, l'argent ça s'économise si on veut vraiment aider plutôt que de partir en vacance ou s'acheter le dernier iPhone/une télé 4K ou que sais-je encore. Donc l'hypocrisie de tout ces gens ça va deux minutes ![Sarcasme inside :hap:](https://forums.puissance-zelda.com/Smileys/Olympia/hap.png)
Même si je ne suis pas exactement une grande fortune (je suis même classe moyenne par excellence) ben c'est totalement vrai : mon argent, il ne va pas souvent dans les gobelets des mendiants ni des assos, et c'est pas pour des raisons de "j'ai une vie j'ai pas le temps blablabla" ; c'est tout simplement parce que j'ai pas envie, et que je préfère dépenser mon argent pour mes raisons. J'en suis pas fier pour autant, hein.
Sur la suite du HS, je constate que l'opinion de Taiki et D_Y, que je rejoins dans l'ensemble, part du postulat que "arrêtez de vous plaindre, profitez de ce que vous avez et pensez que ça pourrait être pire". Je pense que la majorité des prolétaires tiennent le même discours : ils savent ce qu'ils ont gagné et ce qu'ils ont à perdre. La tienne, Neyrin, semble aller vers "arrêtez de vous contenter de ce que vous avez, réclamez toujours plus, crevons les ventres d'or pour créer un pays de Cocagne où on est tous riches et heureux, avec le SMIC à 5K€ et la semaine de 20h", qui me semble un poil moins réaliste et réalisable.
Ensuite, nous dire que le SMIC français est parmi l’un des plus élevés du monde, c’est une chose… Mais vivre avec, c’en est une autre. Sans ajouter que certains français vivent en dessous du SMIC, ou que ce même SMIC ne suffit pas à faire vivre toute la famille.
Oui, c'est ce qui s'appelle "pouvoir d'achat". Il est la conséquence directe d'un tas de facteurs, dont la hausse des prix suite aux variations de l'offre et la demande, ainsi que la fiscalité. C'est comme ça qu'on se retrouve avec un SMIC de plus de 3000 euros en Suisse, et je ne pense pas que tous les Suisses soient les rois du pétrole.
nous ne pouvons pas tous partir en vacances comme bon nous semble, ni même profiter pleinement de plaisirs qui, dans notre société actuelle, sont tout à fait normaux et il serait malvenu de dire qu’il faut savoir s’en passer. Ceux qui tiennent ce discours en disposent déjà, et si on venait à leur retirer, sûrement seraient-ils les premiers à s’en plaindre publiquement.
C'est précisément la corde sur laquelle a toujours tiré l'économie de rigueur : trouver sur quoi taper pour que les travailleurs se convainquent que "bon, en serrant un peu la ceinture, en diminuant l'inutile, je peux m'en sortir". Le domaine qui déclenche la majorité des révolutions, c'est la faim. Tant que le Français moyen il aura du pain dans son assiette, il ira pas décapiter la néo-noblesse.
Les français ne comparent pas leur situation à celles des pays les plus démunis, mais à celles des pays dont le niveau de vie des citoyens est supérieur au leur.
Techniquement, ça ne s'appelle pas de la jalousie, ça ?
De plus, cette comparaison entre un gilet jaune et un pauvre de 1789 n’a aucun sens. Le citoyen français de l’époque où les massacres sanglants étaient récurrents pour la République, et celui d’aujourd’hui qui lutte simplement pour obtenir ce qui lui revient de droit et est normal d'obtenir dans une société moderne n’ont rien en commun.
Ils sont insatisfaits de leur condition actuelle, considèrent que ce n'est pas normal qu'ils naissent, vivent et meurent sans espoir d'en sortir, et luttent pour que le gouvernement arrête de tout leur prendre pour entretenir une caste de nantis. Ca fait déjà un énorme profil commun à plus ou moins toutes les révoltes de l'humanité.
Par exemple, ce n’est pas normal de passer sa vie à tenter de joindre les deux bouts pour faire vivre une famille, à consacrer ses revenus au paiement du logement et de la nourriture, de devoir se serrer la ceinture pendant que d’autres se payent des vacances à l’étranger tous les ans, si ce n’est tous les mois.
Si ces "autres" gagnent dix fois plus par mois que ceux qui ne partent pas en vacances, ben si, c'est parfaitement juste, sauf si c'est "injuste" par nature qu'il y ait des écarts de revenus pareils en ce bas monde. Et on retombe précisément dans cette jalousie que je désignais avant. La France n'aime pas les riches, mais elle aime bien les hauts salaires, cherchez l'erreur.
Je pense que presque tous les prolétaires en galère du monde ont un jour pensé "moi si j'étais riche je serais la philanthropie incarnée, à tout sacrifier pour que tout le monde profite". Mais avant de faire la morale aux riches, faut essayer de le devenir, pour voir si on ferait mieux à leur place.