Auteur Sujet: [Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2  (Lu 74799 fois)

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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #75 le: lundi 12 août 2019, 17:56:08 »
Cheiralba
Vétéran
Jour 7 avant la fin
Anciens réseaux d’égouts
Alaïa et Cheiralba

≪ C'est par ici.
— Ici ? Et il venait de quelle direction ?
— De par là. ≫

L'elfe pointait du doigt l'un des trois conduits qui se croisaient à cette intersection si on ne comptait celui par lequel elles étaient arrivées. Le trajet jusque là n'avait pas été très long, mais assez laborieux pour Cheiralba. Elle n'avait pas pu se déplacer en longeant les murs comme elle l'avait fait avant de rencontrer cette étrange Alaïa. Maintenant elle devait patauger dans l'eau sale des égouts. Autrefois ces vêtements blancs n'auraient pas supporté un tel supplice. Aujourd'hui elle était résignée à son sort, ainsi qu'à celui de la cité. Ainsi, ce n'était que pour éviter que l'eau imbibe le tissu et alourdisse la robe que Cheiralba tenta tant bien que mal de relever cette dernière.

L'elfe, quant à elle, se déplaçait avec beaucoup plus d'aisance, mais présentait un pas lent. Tant pour éviter de vexer ce qu'elle considérait comme une vieille femme que pour ne pas à avoir à attendre régulièrement que sa suiveuse la rejoigne. Malgré cette attention, elle menait la marche et gardait une certaine distance avec son accompagnatrice ce qui n'invitait pas à engager la conversation. Cheiralba ne faisait pas mine de vouloir parler non plus. Au contraire, elle restait attentive à tous les détails qui lui permettraient de retrouver son chemin. Elle ne pouvait pas se permettre de tisser un fil devant elle. Bien que l'elfe ait vu une partie de son ouvrage dans les égoûts de Miderlyr, elle n'avait peut-être pas compris quelle était son exacte nature.

Cheiralba ne souhaitait pas se l'avouer, mais elle était mal à l'aise dans ces égouts. L'obscurité ne la gênait pas d'autant que l'elfe s'était munie d'une lampe recouverte offrant une lumière tamisée suffisante pour distinguer le chemin à suivre et assez faible pour ne pas éblouir les yeux sensibles de la femme araignée. C'est l'humidité. Il était bien connu que les arachnides préféraient les endroits secs et peu ventilés. Cette angoisse l'empêchait de se concentrer convenablement. Par où était-elle passée ? Fallait-il d'abord tourner à droite, puis deux fois à gauche et continuer tout droit pendant trois intersections avant de reprendre sur la droite ou était-ce complètement autre chose ? Au fur et à mesure qu'elle progressait dans les égouts, elle avait perdu le chemin.

 ≪ Je crains de devoir vous demander de rester avec moi plus longtemps que prévu. Une fois arrivé à destination, je comptais vous libérer, mais je dois vous demander un service. Je suis complètement perdue. Pourrais-je vous demander de m'attendre pour m'indiquer le chemin du retour ?
— Non.
— Je vois. Tant pis.
— Je ne vais quand même pas vous attendre une éternité pendant que vous faites je ne sais quoi et pendant je ne sais combien de temps.
— Je comprends. Il n'est pas dans mon caractère à vous inviter à me suivre plus loin. Cela pourrait être dangereux. Quand on voit ce qu'on a fait à ce pauvre jeune homme, je ne voudrais pas vous imposer de vous mettre en danger pour moi.
— Ce n'est pas le danger qui me fait peur. Le danger est partout à Miderlyr. Le fait que je sois encore vivante devant vous est une preuve que je sais me débrouiller. Ce que je ne souhaite pas, c'est me mêler des histoires qui ne me regardent pas. C'est comme ça qu'on survit en ce bas-monde, si je puis dire.
— Vous n'accomplirez rien toute seule.
— Je suis toute seule et je vous aide. Cela me semble déjà pas si mal comme contribution.
— Et vous ? Qui vous aidera en cas de problème ?
— Personne. C'est le jeu.
— J'espère que vous n'aurez jamais besoin de mes services, mais si un jour cela devait être le cas, sachez que ce serait avec grand plaisir. En guise de remerciements. ≫

La jeune elfe s'était arrêtée, la tête baissée. Son regard était fixe et elle ne disait plus rien. Cheiralba s'attendait à une réponse de sa part. Elle semblait vouer une haine à quiconque s'approchait d'elle. Une carapace ? Cheiralba n'était pas psychologique pour deux sous, mais elle croyait comprendre ce que ressentait la jeune femme. Elle aussi s'était interdit de se lier avec d'autres personnes que sa famille. Pour éviter qu'ils connaissent la vérité sur sa nature. Et maintenant, pour éviter de souffrir à nouveau. Peut-être était-ce la même chose pour elle. Ou bien autre chose, mais il y avait quelque chose. Alaïa voulait que cela reste enfoui en elle, ce n'est pas Cheiralba qui irait contre sa volonté.

 ≪ On est arrivé ? C'est là que vous l'avez retrouvé ? dit la vieille femme une fois qu'elle fut arrivée à sa hauteur.
— Non. C'était un peu plus loin.
— Très bien. Alors pourquoi s'arrêter ? Allons-y !
— Non plus. Vous n'irez pas plus loin. C'est trop dangereux.
— Je vous demande pardon ?
— Regardez. ≫

Alaïa se baissa et trempa ses doigts dans l'eau croupie. Trois séries d'ondes concentriques se succédèrent à la surface, mais quelques centimètres plus loin les vibrations se répercutèrent sur un mur invisible. Au-delà, la surface du liquide restait aussi lisse qu'elle pouvait l'être.

 ≪ Vous allez avoir besoin d'une magicienne. Qui qu'il soit, il a placé un mur invisible. Peut-être empêche-t-il d'entrer et pas de sortir. Peut-être qu'il a placé après que votre patient se soit échappé. En tout cas, vous avez besoin de moi. Car je ne peux pas prédire ce qu'il adviendra de vous si vous faites deux pas de plus.
— Je vous remercie. Ma dette envers vous ne fait que s'allonger semblerait-il.
— Je tâcherai de trouver une compensation. Cependant, si je veux que vous me la remboursiez un jour, il faut que vous sortiez vivante de cette histoire. Je vais devoir m'assurer de votre sécurité un peu plus longtemps que prévu. Peut-être même que je vous ramènerai jusqu'à chez vous ensuite.
— Merci. Encore. Je crois comprendre que ça vous coûte.
— Ce n'est pas grave. Même si je vous ai dit que je ne me mêlais pas des histoires d'autrui, j'ai quelques menus projets où vos talents pourraient être utiles… Voilà ce que je vous propose. Une collaboration temporaire. Je vous rends service, vous me rendrez service et nous retournerons à nos activités respectives. Marché conclu ?
— Marché conclu. ≫
« Modifié: lundi 12 août 2019, 18:33:51 par Yorick26 »

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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #76 le: jeudi 29 août 2019, 23:16:11 »
Alaïa
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Jour 7 avant la fin
Anciens réseaux d'égouts
Alaïa et Cheiralba



Après avoir un conclu notre marché, un silence pesant s’était abattu, tandis que nous nous avancions toujours plus dans les égouts. Craignant la présence d’autres pièges, je précédais Cheiralba de plusieurs pas, toujours alerte. Pour l’instant, aucun obstacle sérieux ne s’était dressé. Néanmoins, je restais sur mes gardes : pour continuer, nous allions devoir traverser une énorme salle, où autrefois arrivaient toutes les eaux de la ville. Cette salle était très proche de l’endroit où la Faille était apparue, et de fait, les monstres y apparaissaient plus souvent. Une protection supplémentaire très efficace pour qui aurait intérêt à se cacher, en somme. Sur notre chemin, nous avons croisé d’autres cadavres atrocement modifiés, mais je préférais ne pas y porter attention. Cheiralba, en revanche, semblait très intriguée par ces corps, et je me retournais parfois uniquement pour la voir penchée sur l’un d’eux. Alors, je la rappelais à l’ordre, et l’incitais à avancer. Je ne me retournais que rarement, simplement pour voir si elle suivait toujours…. ou si quelque chose ne l’avait pas emportée. Je préférais conclure cette collaboration au plus vite, tout en évitant de perdre Cheiralba : elle semblait avoir des compétences qui pouvaient m’être utiles dans ma résistance solitaire, et de plus elle reste nécessaire aux personnes qui la sollicitent, ai-je pensé, avant de me ressaisir : c’était ce genre de considérations qui m’avaient conduites là où j’étais…
Plus nous nous approchions de l’endroit où j’avais trouvé le corps, plus je ressentais un malaise grandissant, semblable à celui que j’avais ressenti quand j’avais commencé à errer dans les souterrains de la ville.
Finalement, nous avons atteints cette salle.... Plusieurs arrivées d’eaux, depuis longtemps inactives, ne faisaient que plus de tunnels, plus d’entrées…
La salle était ronde, immense, mais avait été grandement endommagé par l’apparition de la Faille, laissant un trou béant s’ouvrant sur les ténèbres, d’où pouvaient surgir d’horrible créatures, et ce à tout moment. Une étrange brume, que je n’avais jamais vu avant remplissait l’endroit. Mieux valait ne pas trop s’y attarder...
Je me suis accroupie près de l’endroit où j’avais retrouvé le jeune homme.
“Alors nous y sommes, dit alors Cheiralba.
-Oui, c’est bien ici, ai je répondu. Au moins, nous savons d’où il vient…”

En effet, plusieurs autres…. choses jonchaient le sol, et une longue traînée de sang s’enfonçaient dans un tunnel proche.

Nous allions nous y engouffrer, quand, au loin, je l’ai apperçu. Alors, je me suis redressée, et je l’ai regardé, figée. Il était là, sa forme mince se promenant innocemment au milieu des ruines. Son torse blanc le rendait flagrant ici bas, et ses yeux verts se baladaient, se posant sur moi par instants. Il finit par disparaître derrière une pierre. Mon premier réflexe fût de m’avancer de quelques pas, avant de m'arrêter : j’étais en train de foncer droit dans un piège. Une larme avait commencé à couler le long de ma joue, avant que je la balaye du dos de la main. Cheiralba, ayant remarqué mon désarroi, s’approcha de moi, et posa une main sur mon épaule
“Alaïa, dit elle… que se passe-t-il ?
-Nous devons partir, ai je rétorqué d’un ton sec. Maintenant.”

A peine avais je fais un pas que quelque chose me fit chuter. Je sentais une espèce de bras s’enrouler autour de ma jambe. J'eus à peine le temps d’hurler à Cheiralba de fuir, avant que cette chose ne commence à me traîner vers les ténèbres.
J’avais rapidement dégainé un couteau, mais j’avais beau le planter dans cette espèce de tentacule, celui-ci ne lâchait pas sa prise. Soudainement, avec une rapidité que jamais je ne lui aurais soupçonné, Cheiralba s’est jeté sur ce bras. De sa longue robe blanche, elle a fait dépassé une sorte d’appendice. On aurait dit une espèce de dar, long et noir. Celui-ci se planta dans le bras qui me retenait, qui aussitôt, me lâcha. Une sorte de plainte, lugubre, se fit entendre dans le noir. Je me relevais avec difficulté, aidée par Cheiralba. Sitôt qu’elle m’eût relevée, je dégageais sa main, avant de faire un pas en arrière, et de la scruter de haut en bas.
“Mais…. qu’est-ce que vous êtes, lui ai je demandé ?”

Mais elle n’eût pas le temps de répondre. La créature qui avait tenté de m’entraîner venait d’apparaître. Gargantuesque, celle-ci ne semblait être qu’un abominable tas de chair, sur lequel avait poussé des excroissances s’apparentant à des yeux, ou à des langues. De longs tentacules parsemaient ce corps infâme, prêts à traîner une éventuelle victime vers l’une des innombrables bouches de la chose. Tandis qu’elle lui faisait face, il émanait de Cheiralba cet air de dignité, cette aura si particulière qui l’accompagnait toujours. Moi-même, je fis avec difficulté un pas un avant. Tous les sorts que je pouvais lancer ne pourraient, et avec de la chance seulement, que blesser cette chose. Mais qui sait ce que Cheiralba cachait encore sous sa longue robe…

Avec une extrême rapidité, la créature m’envoya un énorme coup de tentacule, me projetant contre un des murs, avant que je ne tombe lourdement sur le sol. Ne restait plus que Cheiralba, seule, fière face à ce monstre que je ne saurais nommer. Le combat semblait impossible. Mais tout d’un coup, une forte lumière jaillit de derrière l’abomination. Un sort, d’une redoutable efficacité, toucha le monstre, et le projeta un peu en arrière. D’autres cris, semblables à celui qu’il avait poussé auparavant, sortirent de ces ignobles bouches. Une ombre, si rapide que mes yeux peinaient à la suivre, se faufila derrière son dos, et lança encore une fois ce sort, qui terrassa la créature. Puis, cette ombre s’avança vers nous, se révélant sous la faible lumière qui provenait de la surface. C’était une jeune femme, qui avait des yeux verts splendides, et une longue chevelure noire. Elle me tendit une main, que j’acceptais, et m’aida à me relever. Je sentais une douleur, se diffuser dans tout mon corps.
“Vous venez de faire face à un Azleye, nous dit elle tandis que Cheiralba s’approchait. Bien que ces créatures aient l’air redoutables, leur coeur est faiblement exposé à l’arrière de leur corps.
- Je crois bien que nous vous devons la vie, mademoiselle, dit alors respectueusement Cheiralba. Comment vous nommez vous
-Vous pouvez m’appeler Syl. Maintenant, j’aimerais comprendre ce que vous faîtes toutes les deux ici, visiblement sans défenses, et dans un lieu aussi dangereux ?”
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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #77 le: lundi 09 septembre 2019, 23:03:12 »
Ce serait bête de laisser sombrer cette deuxième saison, nan ? :niak:




Syl
7 jours avant la fin
Anciens réseaux d'égouts
Une bien étrange compagnie

    Le plan, ou du moins l'esquisse de plan qu'avait présenté Alkebath me laissait songeuse. Un rituel sans précédent... Qu'avait-il derrière la tête ? Avec l'influence d'Imielda, et la situation actuelle, je redoutais qu'il ne pensât qu'à déverser les Enfers sur Miderlyr. Au sens propre comme au sens figuré. Mais une assemblée de mages tous plus puissants les uns que les autres le laisseraient-ils faire n'importe quoi ? Malgré le fait qu'ils soient désespérés, et qu'ils n'ont plus rien à perdre ? À moins que...
    Tu as trouvé quelque chose sur la bague ?
    La réponse fusa. Rapide, directe et visiblement contrariée.
    Non fillette, je n'ai pas percé son sort...
    Quelque chose lui résistait, et il n'aimait pas ça. D'autant que c'était une création d'une créature inférieure terrestre. Je réprimai un petit rire nerveux. Soit le sortilège était diablement puissant et subtil, soit il n'y avait rien à craindre, et Thargraktrug s'était trompé. Cette dernière option me paraissait nettement moins plausible, laissant juste planer un voile d'inquiétude. Mais qu'avait planifié Alkebath ?

    Perdue dans mes pensées, mes pas me guidaient à travers le réseau d'égouts. Vers la Faille. Il nous fallait profiter de son aura pour déployer un peu de puissance, et examiner plus en détails cette bague. Pour avoir fait ce chemin entre le monde de la surface, et la profondeur de la fissure de nombreuses fois, je le connaissais comme ma poche. Ce n'était certes pas le plus agréable à cause de l'odeur parfois forte des égouts, mais c'était un des itinéraire les moins dangereux, et surtout, l'un des moins surveillé.

    Alors que j'étais presque arrivée à la grande salle concentrant de nombreux tunnels, un écho se fit entendre. Un cri. Une voix de femme. Toute proche. Et visiblement dans une bien mauvaise posture. Je grognai en accélérant. Au vu des atrocités qui pouvaient émerger de la Faille, il y avait peu de chance qu'elle soit encore en vie lorsque j'arriverai. Mais avec un peu de chance...

    Je déboulai dans une grande salle circulaire de laquelle partaient de nombreux boyaux dans les ténèbres. Un rapide coup d'oeil me suffit à comprendre la situation. Une jeune femme était étendue sur le sol, tandis qu'une vieille femme, tout de blanc vêtue faisait face avec beaucoup de dignité à une créature infâme. Immense, ce n'était qu'un tas de chair sombre parsemé de tentacules, toute son attention focalisée sur ses victimes. Un Azleye. Son coeur, faiblement exposé dans son dos, me faisait face. Je n'hésitais pas plus. J'inspirai un grand coup avant de puiser dans la magie de Thargraktrug. Un frisson me parcourut l'échine 一 comme à chaque fois 一 tandis que mes mains se chargeaient de pouvoir.
    Le sort fusa. Rapide, précis, dévastateur. L'abomination poussa un cri affreux avant de se tourner pour m'attaquer. Mais je fus plus rapide. Anticipant son mouvement, j'avais bougé telle une ombre pour de nouveau être dans son dos. À nouveau, mon sortilège le frappa, en plein dans son point faible. Cette fois, ce fût suffisant. La créature s'effondra en un dernier râle affreux.
    Je m'avançai alors vers les deux femmes. Celle en blanc me fixait de ses yeux gris, inquisiteurs. D'un pas calme, je m'approchai de celle au sol. Arrivée à sa hauteur, je pu deviner des oreilles pointues dépassant de ses courts cheveux clairs. C'était donc une elfe. Je lui tendis une main pour l'aider à se relever, qu'elle attrapa immédiatement. Tandis qu'elle se redressait douloureusement, je pris la parole :
    - Vous venez de faire face à un Azleye. Bien que ces créatures aient l'air redoutables, leur coeur est faiblement exposé à l'arrière de leur corps.
    La vieille femme s'était approchée, et me répondit d'une voix douce teintée de respect :
    - Je crois bien que nous vous devons la vie mademoiselle. Comment vous nommez-vous ?
    - Vous pouvez m'appeler Syl. Maintenant, j'aimerais comprendre ce que vous faîtes toutes les deux ici, visiblement sans défense, et dans un lieu aussi dangereux ?
    La jeune elfe secoua légèrement la tête, avant de lever les yeux au ciel. Sa comparse prit la parole :
    - Je me prénomme Cheiralba, je suis... à la recherche de réponses et cette jeune elfe, Alaïa, a accepté de me guider dans ce dédale.
    Alors qu'elle parlait de sa voix douce et posée, je remarquai un léger pas de côté de la jeune elfe, ainsi qu'un regard en coin, vers le volant de la robe de la vieille dame. De la... Méfiance ? Néanmoins, elle ne dit pas un mot. Thargraktrug ne fit aucun commentaire : soit il n'y avait pas de menace, soit il jugeait que je n'avais pas besoin d'être informée.
    - Sans votre intervention fortuite, je pense que nous ne serions plus de ce monde, continua la vieille femme. Nous vous sommes reconnaissantes et...
    - Et je vous conseille de remonter vers la surface, la coupai-je d'un ton plus sec qu'escompté. Les lieux sont dangereux, et vous n'êtes clairement pas assez préparées.
    Cheiralba ne s'en formalisa pas. Elle continua, égale à elle même :
    - Je crains de ne pas avoir le choix, malheureusement...
    Elle se tourna alors vers la jeune elfe :
    - Si tu désires te retirer, je comprendrai. Je t'en ai déjà demandé beaucoup.
    Alaïa haussa les épaules.
    - J'ai pour habitude de tenir mes engagements.
    Je repris la parole :
    - Comme vous voudrez, je ne vous retiendrai pas. Sachez néanmoins que l'Azleye n'était qu'un avant-goût de ce que vous pourrez trouver plus bas...
   Un silence pesant fit suite à ma déclaration. Cheiralba et Alaïa se jetèrent un regard chargé de questions et d'appréhensions. J'en profitai pour les détailler du regard. L'elfe était frêle, sale, négligée. Une dague pendait à sa ceinture, et elle se tenait toujours l'épaule gauche. Sa chute avait dû être plus violente que ce qu'elle voulait admettre. La vieille femme était certes vive, mais son âge avancé n'apportait que faiblesse. D'autant que sa tenue, une longue robe à crinoline, blanche avant sa visite des égouts, n'était absolument pas faite pour ce genre d'aventure. Elle ne semblait pas armée, et aucune magie n'émanait d'elle.
    Je soupirai. Elles n'avaient aucune chance de survie.
    - Pour vous engager comme ça dans les profondeurs de la Faille, vous devez avoir une sacrée bonne raison. Une raison suffisamment bonne pour vous pousser à continuer, malgré le fait d'avoir frôlé la mort.
    Cheiralba hocha la tête. Je continuai mon discours avant qu'elle ne me coupât la parole.
    - Écoutez. Je m'engage aussi vers les profondeurs. Si vous le souhaitez, on peut faire un bout de chemin ensemble.
    - Mademoiselle, votre proposition nous honore, mais nous ne voudrions pas abuser de votre gentillesse.
    - Si on veut survivre ici, il faut se serrer les coudes. Tous les Traques-Faille et Chasses-Fortune vous le diront. Peut être que demain, c'est moi qui aurait besoin de vous.
    Cheiralba approuva mes mots d'un signe de tête. Alaïa, quant à elle, baissa légèrement les yeux. Je repris la parole d'un ton plus léger :
    - Et plus de mademoiselle. Je suis Syl. En route !

Fiertés ?
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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #78 le: vendredi 13 septembre 2019, 12:52:11 »
Cheiralba
7 jours avant la fin
[Fin du premier jour]
Anciens réseaux d'égouts
Avoir confiance
Alba et Syl


Cheiralba peinait à comprendre ce qu'il se passait. Elle s'était lancée seule dans une quête qu'elle ne pensait pas vraiment pouvoir venir à bout, mais des coups du destin avaient rassemblé leur trois présences en ce même lieu. Il ne pouvait pas s'agir que d'un hasard. Les profondeurs de cet ancien réseau d'égouts étaient inexplorés depuis des années et voilà qu'un mage semblait y faire des expériences et que trois femmes s'y croisaient et allaient à s'entraider.
Et si c'était une ruse. Si le magicien qu'elle cherchait n'était pas celui qu'elle espérait. Cette jeune femme était de toute évidence une magicienne. Entre le fait qu'elle ait réussi à vaincre l'immondice qui les avait attaquées toute à l'heure et qu'elle ait pu pénétrer jusqu'ici en passant les barrières magiques, il n'y avait plus aucun doute. Elle pouvait être la raison de sa venue jusqu'ici. Et si tel était le cas, le savait-elle ? Savait-elle que Cheiralba était à sa poursuite ? Alors pourquoi elle avait sauvé leur vie ?

La vieille femme se sentit pris au piège dans une toile d'araignée qui n'était pas la sienne. Il allait falloir être malin pour ne pas mourir bêtement des mains de son adversaire. Jouer les innocentes et taire le plus de détails possibles tout en révélant assez pour inspirer confiance.

 ≪ Puisque vous insistez, Syl, je me dois de vous exposer un minimum la situation afin que vous sachiez quelles sont nos raisons de notre venue ici bas. Il serait injuste de vous garder dans l'ignorance. Vous nous avez sauvé la vie et vous risquez encore un peu plus la votre. ≫

Cheiralba laissa l'opportunité à Syl de répondre, mais elle semblait préférer garder le silence par prudence.

 ≪ Nous cherchons à débusquer, ou tout du moins en apprendre plus sur une activité qui pourrait porter préjudice à toute la population de Miderlyr. Nous ne savons que peu de chose malheureusement. C'est un témoin qui nous a mis sur la voie. Il nous a apporté la preuve que quelque chose se tramait par ici. Quelque chose de magique probablement. Nous ne saurions en dire plus, mais nous avons été confronté à une barrière magique que vous avons peiné à contourner.
— De la magie, dites-vous ?
— Exactement. C'est pourquoi votre présence parmi nous ne peut que me rassurer. Je crains que nous nous soyons aventurées dans une quête trop dangereuse pour toutes deux. Une magicienne à nos côtés semble être notre seule chance de salut.
— Savez-vous de quel type de magie il s'agit ? Combien sont-ils ?
— Je ne peux pas répondre à vos questions car j'en ignore tout simplement la réponse. Comme vous l'avez deviné, nous ne sommes pas des expertes en la matière. Nous ne savons même pas par où continuer. Les indices que nous avions à notre disposition nous ont menées jusqu'ici, mais, comme vous pouvez le constater, plusieurs chemins s'offrent à nous.
— Deux chemins peuvent être déjà éliminés. Ceux par lesquels nous sommes venues.
— C'est certain. Cela en laisse quelques uns. La salle est grande et les raccordements au réseau des égouts sont nombreux. Suffisamment pour qu'on se perde.
— Pourtant, il y a un moyen simple de trouver votre chemin.
— Ah oui ? Quel est-il ?
— Suivre la magie... ≫

La magicienne se retourna pour inspecter du regard les différentes possibilités qui s'offraient au groupe. Aucune lumière, aucun sort ne fut lancé. Elle restait simplement le regard plongé dans chacun des trous noirs qui perçaient la salle. Cheiralba ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'elles fonçaient toutes deux vers un piège. Quel autre choix avaient-elles ? Choisir un autre passage au risque de se perdre ? Deux chose l'une. Soit elle les menait en bateau et elle les amènerait sûrement dans sa tanière, ce qui était leur but originel ; soit elle était innocente et suivre la magie paraissait la meilleure option qui se présentait à elles. Et même si c'était un piège, la magicienne ne connaissait pas la véritable nature de Cheiralba, tout comme elle ne connaissait pas Alaïa. La vieille femme comptait sur son apparence pour garder un effet de surprise si jamais elle devait la combattre. Néanmoins, elle préférait croire qu'elles étaient tombées sur une bonne âme prête à l'aider. Si Syl était l'origine de toutes ces expériences, cela voulait dire que Sébastide Hordefeu n'existait probablement plus et sa vengeance perdrait alors en saveur. Elle en serait forcément déçue.

Rassurée par ses raisonnements, la vieille femme se détacha de la magicienne, qui inspectait un à un les orifices de sortie, pour s'intéresser plus attentivement à Alaïa. La jeune femme semblait amochée et se tenait l'épaule avec douleur. Alors que Cheiralba tendit une main pour l'examiner, la jeune elfe eut un mouvement de recul qui lui fit interrompre son geste.

 ≪ Il serait plus sage d'examiner cette épaule.
— Je ne préfère pas... ≫

La réticence dans sa voix était palpable. L'intonation se voulait menaçante, mais c'était de la crainte qui la modulait.

 ≪ Le danger ne va faire que se renforcer. Si je peux vous aider de quelques manières que ce soit, je me sentirai plus rassurée d'avoir au moins pu essayer. Pour la sécurité de nous toutes. Nous avons besoin également de vous. ≫

Alaïa semblait bien recevoir les messages réconfortants, mais elle ne lâcha pas son épaule pour autant. Elle était méfiante. Beaucoup plus méfiante qu'avant le combat contre la créature. La vieille femme la regarda dans les yeux avec intensité afin que l'elfe l'observe en retour. Afin qu'elle l'observe vraiment, qu'elle sonde son âme à travers un contact visuel forcé. Sans forcer le trait, sans faire semblant, Cheiralba essayait d'exprimer sa bienveillance et sa conviction d'être juste. Un moment passa. Assez longtemps pour que Syl revienne vers elle en annonçant toute fière :

 ≪ J'ai trouvé la sortie. Il y aura plusieurs embranchements, mais il y a des sorts de protections qui ont été placés dans certains conduits. Je ne peux pas les évaluer avec précision à distance, mais certains m'ont l'air d'être assez costauds. Il vaudrait mieux se dépêcher. 
— Nous vous suivons. Nous vous faisons confiance... ≫

Sur ces quatre derniers mots, Cheiralba posa sa main sur l'épaule intacte d'Alaïa et l'invita à avancer. Elle sentit un léger frémissement, mais devant la magicienne, il n'y eut pas de mouvement de recul.

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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #79 le: dimanche 13 octobre 2019, 22:52:51 »
                     
   Alaïa
              7 jours avant la fin, fin du premier jour
                  Anciens réseaux d'égoûts
              Le début de la décadence



Bon sang, qu’est ce que c’était ? Cheiralba avait toujours semblé étrange, mais ce que j’avais vu… Était-elle une créature venue de la Faille ? Si oui, étais-je en train de m’enfoncer dans un piège ? Ce sourire…. Il semblait si naturel… Encore une désillusion ? Encore un abandon ? Une manipulation ? Jamais je ne la laisserai m’approcher, devrais-je en perdre mon épaule. Elle m’avait sauvée de la créature, certes, mais peut être voulait elle juste être celle qui me dévorerait.

Malgré tout, la présence de Syl me rassurait : elle semblait assez puissante et je ne lui portais aucun soupçon. Néanmoins, je préférais garder mes distances avec ces deux étranges femmes, bien que condamnée à rester à leurs côtés, ce à cause de cette maudite blessure ; je marchais donc nettement en arrière. L’odeur commençait à devenir insupportable, et la lampe, que j’avais déléguée à Syl, commençait à être futile : c’était comme si l’obscurité opprimait la lumière, qu’elle l’empêchait de se diffuser. Nous marchions difficilement, sans dire un mot et une certaine tension commençait à s’installer. Quiconque était resté dans les failles assez longtemps connaissait cette odeur, celle de la mort, celle des corps qui en perdent l’aspect. Cette odeur de chair en putréfaction était forte et l’on se rapprochait de sa source quand la douleur due à ma blessure commençait à être insoutenable. La douleur avait été progressive et elle était maintenant à son paroxysme. Tentant en vain de l’intérioriser, je n’ai pas été en mesure de faire un pas de plus et me suis lourdement écrasée sur le sol trempé. Le bruit de ma chute attira mes deux comparses, qui me retrouvèrent adossée contre une paroi, avec une expression de souffrance imprimée sur le visage, bien que je tentais de la réprimer. Voyant Cheiralba arriver, je tentais de me décaler légèrement, mais la douleur me rappela vite à la réalité. Je lui ai jeté un regard de défi, lui faisant face.
“Je vous en prie, dit Cheiralba en posant sa main sur mon épaule. Je ne vous veux aucun mal. Croyez-moi, je ne suis pas ce que vous pensez que je suis. Je suis persuadé que vous vous faites des illusions à mon propos.
-Vraiment, lui ai-je lancé ?”

Syl nous regardait d’un air incrédule, tentant vainement de comprendre la situation. Cheiralba m’observa longuement, puis souleva le pan de tissu qui recouvrait mon épaule. Je détournai le regard, et l’entendis pousser un soupir.
“Ecoute, m’a-t-elle dit, je te conseille de ne pas regarder. Ton épaule est dans un sale état, mais si on agit assez vite, il sera possible de la sauver.
- Ne m’approche…. pas !
- La chute a été dure pour toi. Je l'ai déjà dit. Crois moi, je ne vous ferai aucun mal. Mon unique but est de vous guérir, d’accord ? J’ai sur moi le nécessaire pour stabiliser ton état, mais je vous conseille de faire demi-tour pour rejoindre l’endroit où nous nous sommes rencontrés. Vous vous reposerez en attendant que je puisse vous guérir pleinement.C'est grâce à vous que je suis parvenu jusqu'ici. Je n'ai jamais été aussi proche de mon objectif et je vous suis redevable. Mais il est hors de question que tu continues dans cet état.
- Et qu’est ce qui me prouve que ce n’est pas un piège hein ?
- Alaïa… Je vous en prie… soyez raisonnable.

Résignée, je commençai à laisser Cheirlba panser mes plaies, quand j’entendis un petit bruit métallique. J’ai alors entendu un bruit métallique au loin. Mes oreilles commencèrent à vrombir. Mon esprit commença à s’endormir, le sons devenaient distants, les silhouettes floues. Néanmoins, je pouvais nettement sentir quelque chose me saisir le poignet. Tout alla très vite : cette chose me traîna rapidement sur le sol. Trop rapidement. Tellement que Cheiralba et Syl ne purent pas me rattraper. J’ai été entraînée dans un tuyau , tortueux et sombre. L’odeur de charogne était plus présente que jamais. Finalement, ma course infernale s’arrêta, quand ma tête tomba lourdement sur le sol. J’entendis alors une voix
“Eh bien, celle-ci est en mauvais état… Tu penses vraiment qu’il pourra en faire quelque chose ? Oh mais… une elfe. Voilà qui plaira à Sébastide. Traîne-la vers lui… Je suis sûr que ça lui plaira.”


« Modifié: dimanche 13 octobre 2019, 22:55:17 par Vaati the Wind Mage »
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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #80 le: mardi 15 octobre 2019, 20:10:27 »
Bon, retard rattrapé, progression, me voilà enfin !!!! :nain:


(Cliquez pour afficher/cacher)


Hundwiin Drakonia III
Vétéran
Jour 7 avant la fin
Dans les tréfonds de la faille, là où tout a commencé
Espoir


Le temps, le temps, le temps… Combien de temps s'est-il écoulé ? Le temps à l'air figé ici. Combien. Combien. Combien de temps s'est-il passé depuis que nous sommes descendus ? 3 jours ? Une semaine ? Des mois ? Je ne saurai le dire. Le temps est figé.

         Hundwiin Drakonia était posé sur ce qui semblait être un rocher, il ne saurait le dire réellement, cela semblait en être un au toucher mais il faisait trop sombre pour voir, ça aurait tout aussi bien pu être autre chose, mais cela n'avait aucune importance. Il était seul, plus personne n'était là, ils étaient tous partis, sûrement morts dans ce portail, dans cette faille. Ils avaient été aspirés. Il l'avait été aussi d'ailleurs. Ils étaient tous allés de l'autre côté, tous. Aussi bien Eugénie d'Euphorie : la noble guerrière ; Roland Vonldrann.; le valeureux nain qui aurait vaincu un dragon à lui seul ; Byleth Danilys : l'elfe à la vision de faucon qui ne ratait jamais sa cible ; Wraexius Hex : le plus puissant nécromant. Ils étaient tous restés de l'autre côté. Il s'étaient battus à ses côtés tout au long, ils s'étaient donnés corps et âme afin de refermer ce portail. Ils espéraient tous rester ensemble en le refermant et disparaître dans l'oubli. Mais non, cela ne put se passer ainsi. Hundwiin fut éjecté de la faille. Il n'en connaissait pas la raison. Pourquoi avait-il été éjecté, pourquoi ne pouvait-il pas rester avec ses compagnon ? Que s'était-il passé ? Il s'était pourtant résigné à disparaître. Enfin il lui semblait être le cas. Qu'était-il advenu de ses compagnons ? La faille s'était refermée devant ses yeux mais sa présence semblait toujours active. Certes les monstres ne sortaient plus, mais son influence était toujours présente. L'odeur était toujours là, l'oppression était toujours la même. C'est comme si deux mondes avaient essayé de fusionner ensemble.

        Hundwiin se ressassait encore et encore les mêmes pensées, il ne devait pas oublier, il ne pouvait pas oublier. Il devait porter en lui la mémoire et la bravoure des Paladins de la Faille. Ceux qui ont donné leurs vies pour stopper le flot d'abominations.
        Bien sûr, des monstres, il en restait. Hundwiin le savait très bien. L'aura du portail en attirait encore quelques-uns qu'il extermina. Ils faisaient office de nourriture dans ce lieu désolé. La chaire de ces monstres était répugnante, mais on finissait par s'habituer tant bien que mal. Hundwiin n'avait pas le choix de toute façon, pour survivre et tenir sa promesse faite pour ses compagnons, il devait vivre et remonter à la surface. Cela faisait quelque temps, selon lui, que des monstres n'étaient pas revenus dans cette zone. Hundwiin avait dû en éliminer une grande partie. Il le sentait à l'odeur qui avait une légère pointe de sang et de décomposition. Avec la forte chaleur, ce processus allait plus vite et si les monstres ne venaient plus, il allait commencer à manquer de vivres à attendre plus.
Il était temps de remonter mais aucune échappatoire ne semblait se présenter dans cet enfer. Il avait beau chercher encore et encore, rien ne semblait faire connexion avec les grottes du haut. Les monstres pourtant devaient bien arriver de quelque part. Mais il avait beau faire tous les murs, essayer de sentir les odeurs, il était totalement déboussolé par l'influence de la zone.

* * * * *

        La situation devenait critique, les monstres ne venaient plus et les vivres n'étaient plus. Hundwiin devait trouver par tous les moyens une sortie dans cette grotte immense. Le plafond était très haut et sûrement inatteignable, les monstres ne devaient pas venir de là, la hauteur aurait été mortelle, même pour eux. Non, il devait y avoir des grottes plus haut dans les murs, mais où ? Il faisait si sombre à cause de l'influence. Impossible de distinguer à plus d'un mètre. Il avait beau faire le tour en longeant les murs, il ne trouvait rien. Mais aujourd'hui, cela allait être différent. Il avait beau faire si sombre, il lui sembla voir une ombre sur un mur. Elle avait l'air de danser, de se moquer de lui, de son piteux état. Il pouvait presque l'entendre rire. L'entendre lui dire : "Regarde-toi, misérable que tu es, tu as tout perdu, tu vas mourir ici, petit dragon de pacotille. Ta promesse disparaîtra avec toi, vos exploits aussi. Cette faille sera votre tombeau."
        La rage s'empara de lui, Hundwiin allait la tuer, lui faire ravaler ses mots, il dégaina Yoltuz et s'acharna contre une ombre imaginaire. La faim, le manque de sommeil et le désespoir était en train de le faire sombrer. Hundwiin n'en prenait pas conscience et continuait de s'acharner, encore et encore, il ruait de coups un simple mur là où il croyait voir un démon.
        Après bon nombre de coups, Hundwiin reprit raison et comprit qu'il n'y avait rien devant lui. Il s'adossa contre le mur sur lequel il s'était acharné, empli de désespoir. Tout était fini, se disait-il. Il allait mourir ici, son hallucination avait raison. Alors qu'il était sur le point de se laisser tomber de désespoir, Hundwiin sentit comme un léger courant d'air là où il avait frappé. Pris d'une lueur d'espoir, il chercha de sa main d'où elle pouvait venir. Elle était là : une légère fissure dans le mur laissait passer un faible courant d'air. Hundwiin chercha de ses griffes à gratter la roche, il y avait un passage derrière, une sortie, sa sortie. Le draconien mit ses dernières forces à l'oeuvre afin de réaliser un trou qui lui permettrait de passer.

* * * * *

       Après de nombreux efforts, Hundwiin parvint à créer une brèche assez large pour passer. Il y avait bien une grotte derrière, une sorte de tunnel qui avait l'air de remonter. Hundwiin se pressa et puisa dans ses dernières forces, mais surtout dans l'espoir qu'il venait de retrouver et se mit à courir. Il allait remonter, il allait tenir sa promesse, il allait raconter à Miderlyr, au monde entier même, les exploits de ses camarades dans cette faille.
« Modifié: mardi 12 novembre 2019, 10:44:09 par Chompir »
Merci à Haine et Jielash pour le kit <3

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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #81 le: mardi 15 octobre 2019, 21:30:43 »
Aïe aïe aïe trop d'activité ici



Syl
7 jours avant la fin
Anciens réseaux d'égouts
Distension, discorde et disparition

    J'avançai prudemment, tous les sens en alerte. La maigre lumière fournie par Alaïa ne permettait pas de voir très loin. L'atmosphère, déjà oppressante, se faisait toujours plus lourde à mesure que l'on s'enfonçait dans les profondeurs.
    Thargraktrug avait détecté une faible source magique et c'était cette piste que l'on suivait à présent. Chaque intersection demandait un arrêt de quelques dizaines de secondes, le temps que l'on trouve le meilleur chemin. Ce qui renforçait d'autant plus la tension de la situation.
    Derrière moi, Cheiralba avançait fièrement. Elle tenait la cadence malgré ses vêtements alourdis par l'eau poisseuse, faisant preuve d'une solidité et d'une endurance remarquable pour son âge. Alaïa avait plus de mal par contre. Elle se tenait toujours l'épaule et marchait en retrait. Néanmoins, son visage n'affichait que de la détermination.
    Jusqu'au moment où elle tomba. La douleur avait été trop forte. Tandis que la vieille femme se précipita pour l'aider, je me demandais pourquoi elle n'avait pas demandé de l'aide. Je compris en voyant sa réaction. La jeune elfe avait... Peur ? Mais qu'avait-il bien pu se passer pour que de la crainte naisse entre elles alors qu'elles s'enfonçaient au plus profond de la Faille ? Non. Pour que Alaïa ait peur Cheiralba ?
    Perdue dans mes pensées, je ne prêtai pas attention au petit bruit métallique. Ce fut le cri de surprise des deux femmes qui m'alerta. Je n'eu que le temps d'apercevoir Alaïa trainée sur le sol et disparaître dans un minuscule conduit. Le bruit de la grille se refermant sur elle résonna dans le couloir redevenu silencieux. L'action avait duré une poignée de secondes.
    Nous échangeâmes un regard inquiet avec Cheiralba avant que je ne secoue la tête.
    - Un piège hum ?
    La voix de la vieille femme était acide. Je ne m'en formalisai pas.
    - Mécanique. Pas une trace de magie. J'avoue que je ne m'attendais pas à ça...
    Le silence se fit quelques instants. Cheiralba me fixait sans ciller, droite et fière. Je repris la parole :
    - Néanmoins, elle a été enlevée, pas tuée. Elle ne devrait pas être loin, je devrais pouvoir retrouver sa trace facilement.
    - Tant que vous ne nous guidiez pas encore dans un piège...
    Une nouvelle fois, son ton était froid et acerbe. Je soupirai. C'était donc ça le problème ? La confiance mutuelle ?
    - Cheiralba. Je comprends que tu sois méfiante. Après tout, tu es à la recherche d'un mage, et un mage apparaît comme par hasard pour vous prêter main forte. C'est un hasard, et ma démarche est vraiment sincère. D'autant que rien ne vaut un mage pour en affronter un autre. Et si je ne m'abuse, aucune de vous deux ne maîtrise la magie...
    Je laissais passer un petit silence. La vieille femme se tenait toujours très droite, face à moi, immobile et visiblement songeuse. Je repris :
    - J'ai bien vu ton altruisme et ton envie de soigner Alaïa, malgré le fait qu'elle ait peur de toi. Je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous, et je m'en fous. Mais si tu veux toujours l'aider, c'est maintenant. Je ne sais pas combien de temps ils la garderont en vie. Il faut se mettre en route !
    Sans attendre sa réponse, je me retournai et fit quelques pas dans le conduit avant d'envoyer une impulsion mentale pour retrouver Alaïa. Une jeune elfe, un peu plus bas,sa localisation devrait êt...
    Pourquoi fais-tu ça fillette ?
    Je grognai. Ce n'était pas le moment pour les questions métaphysiques de Thargraktrug.
    Regarde. Tu ne les connais pas. La vieille cache quelque chose, c'est flagrant. Elle a peut être tissé sa toile pour nous amener plus sûrement dans son piège. Et l'elfe. Rien ne dit qu'elle reste en vie le temps qu'on la retrouve... Es-tu sûre que ce soit une bonne idée fillette ?
    Je l'ai ! A gauche, plus bas. Deux... créatures avec elle. Inidentifiables.
    Elle ne nous apportera rien que des ennuis. Nous pourrions simplement nous... débarrasser d'elle. Et repartir. Qu'en dis-tu fillette ?
    Je soupirai avant de me retourner. Cheiralba s'était approchée de moi le temps que je sonde les conduits. Je plongeai mon regard vert dans ses yeux gris.
    - Je sais où elle se trouve. Elle en vie.
    Je marquais un autre temps. La voix du démon se faisait insistante et entêtante.
    - Sache que je ne te poserai pas de questions. Tout le monde à ses secrets. Néanmoins...
    Je ne pus résister. Ma voix se fit plus grave et mon regard se changea en braise alors que je m'entendis prononcer ces derniers mots :
    - Si d'aventure tu venais à nous trahir... Je te tuerai.

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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #82 le: mardi 15 octobre 2019, 22:30:35 »
Saltior
7jours avant la fin
Appartements de Saltior
Le retour de l'impératrice




Le noir. Le noir total. Des ténèbres épaisses, opaques. Et dans cet océan de noirceur, je me tenais, seul, désemparé. Quand soudain, une lumière jaillit, plus éclatante, plus éblouissante, plus aveuglante que tout ce que j’avais jamais vu. Et dans cette lumière, je pouvais enfin distinguer une silhouette, qui se transforma en corps, celui d’une personne bien connue : Zarastra. Elle me regardait, puis soudainement son visage prit une émotion de dégoût profond. Elle regarda la lumière plus loin, puis son regard retourna vers moi. Témoignant d’un dédain profond, elle se retourna puis s’en alla. Pétrifié de honte, je tentai quand même de la retenir en tendant un bras vers elle. Quand soudainement, j’entendis un rire. Ce rire. Ce rire qui des années après m’empêchait encore de dormir quelquefois. Ce rire qui pénétrait ma chair, faisait trembler mes os, et irritait mes yeux. Ce rire qui restait mon seul véritable adversaire, le seul qui pouvait me mettre à terre. Ce rire qui appartenait à la personne dont seule la pensée me tétanisait.
“Saltior , s’exclama enfin la voix moqueuse. Si tu savais comme cela me réjouit de te revoir après toutes ces années !”

Prenant sur moi pour accomplir cet effort surhumain, je me retournai pour lui faire face. Et elle était là. C’était d’elle que venait toute cette lumière : et elle ne faisait pas que la diffuser, elle était cette lumière. Ses longs cheveux blancs étaient attachés autour de sa couronne. Son visage était toujours d’une beauté surnaturelle, et ses yeux posaient sur moi un regard indifférent. Ses lèvres noires étaient retroussées en un sourire sadique, et elle arbhorrait une robe superbe, où le blanc se mêlait à l’or. Eladora Lux, impératrice éclinienne, me faisait face à nouveau. Et soudainement, tout me revint : toutes ces tortures, tous ces ordres, ces années de service pour cette femme horrible.

“Enfin te revoilà. Si tu pouvais savoir comme tu as manqué à tout le monde au palais… Mais maintenant tout va redevenir comme avant ! Tu vas revenir parmis nous, et Je vais oublier tous ces incidents malencontreux. Allez Saltior, il faut y aller.”

Soudainement, Eladora devint gigantesque. Elle me saisit de sa main blanche, et me porta jusqu’à hauteur de son visage. Et elle se remit à rire. Ce rire dément, qui ne pouvait appartenir qu’à la pire des personnes que ce monde ait porté. Et puis, posant sur moi un regard très intrigué, elle se mit à presser mon corps. A le presser plus fort, toujours plus fort, jusqu’à ce que je commence à sentir mes os se briser. Mais je ne pouvais rien faire, pas même crier. Et elle continuait de sourire, et elle continuait à me fixer.

Enfin, mon corps se relevant d’un coup, je me réveillais, dans un lit trempé de sueur. Les événements de la journée avait été durs. Je me levai, me dirigea vers une commode, et but cul sec un verre de l’alcool le plus fort que je possédais. Sur mon corps, se trouvaient de multiples cicatrices : beaucoup venaient de combats. Mais les autres… elles se différenciaient immédiatement du reste. Elles étaient droites, à motifs, et extrêmement nombreuses. Eladora était incapable de blesser un être qui n’appartenait pas à son espèce. Sauf que me voir souffrir lui procurait un plaisir immense, cruel. Demander à ses sujets de me torturer devant elle ne l’avait jamais dérangé, au contraire, cela la détendait. Je n’étais pas un esclave, j’étais un jouet. Mais tout cela était loin derrière, mais malgré tout si proche…
Jamais Zarastra ne devait savoir comme cela m’avait marqué. Je serrai les poings : perdre ma valeur à ses yeux signifiait perdre ma valeur tout court. Et je préférais la mort à ce destin.

Les événements de cette journée avaient été longs et pénibles : malgré tout, elle avait très bien commencé, le rebelle nous avait révélé l’endroit où il se cachait avec ses alliés. Je l’ai alors laissé, en bien piteux état, mais il pourrait toujours servir. J’avais alors demandé à des hommes de surveiller les lieux nuit et jour, après m’y être rendu pour observer que plus personne n’y était, mais qu’on avait fui dans la précipitation. Malheureusement, ces rats avaient malgré tout pensé à prendre avec eux tout ce qui pourrait nous donner des informations sur la rébellion. Néanmoins, ils avaient laissé différentes potions, ainsi que quelques objets et armes magiques qui pourraient se révéler indispensable. Et la surveillance avait payé : nous avions capturé un rebelle. Un Eclinien. Ce fut à moi que revint l’honneur de l’interroger, cet imbécile étant revenu le jour même, tard le soir. L’interratoire fut long et pénible : l’Eclinien refusa de me répondre, et se murait dans le silence, malgré toutes les tortures infligées. Je dois malgré moi admettre que son silence le rendait respectable, dans une certaine mesure. Mais c’est à cause de cet individu que ces souvenirs sont remontés…
Il n’était plus qu’une ruine en cet instant. J’avais arraché tous les ongles de ses mains, il lui manquait quelques dents, quelques un de ces doigts avaient été brisés, et il était couvert d’échymoses. Il m’a alors regardé, et m’a jeté une lueur de défi. I Pour la première fois, il a alors commencé à parler :
“C’est donc vous Saltior Tellardet… l’esclave des Ecliniens hein ?
- Je vois que ma réputation me précède
-J’espère que vous garderez un bon souvenir de notre très chère tyranne…
- Aussi exécrable que vous visiblement. Toujours en vie ?
- Vous savez comment elle est… Increvable. Intouchable.
-Malheureusement…
-Empathis Memoriae.”

En entendant ce sort, je me suis précipité sur lui. Aussitôt son regard a changé. Ce n’était plus que du défi. C’était bien plus que cela. Pris d’une rage folle, j’ai commencé à le frapper, encore et encore, sans retenir mes poings. Après l’avoir salement amoché, je l’ai jeté au sol
“Vous croy… vous croyez vraiment, m’a-t-il lancé, que j’aurais été assez….stupide…. pour aller chercher ces objets après notre fuite ?”

Puis il s’est évanoui. Sa condamnation ne tarderait pas, et j’allais veillé à être le bourreau. Mais ces mots, ce sort… Ce serait un piège ? Ce serait lié au cauchemar. Peu importe ! La rébellion prendra fin, et Zarastra dominera...
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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #83 le: samedi 19 octobre 2019, 15:09:18 »
Cheiralba
Vétéran
Jour 6 avant la fin
Vestibule du laboratoire de Sébastide
Syl et Cheiralba

Résumé du jour 7 avant la fin :
Citer
Cheiralba, ancienne expérimentation du docteur Sébastide Hordefeu, tient un hospice souterrain pour soigner sans discernement des rebelles ou des traque-failles ou autres blessés en tout genre jusqu'au jour où elle découvre Luxien. Il présente des remaniements anatomiques qui rappelle à la femme araignée les expérimentations qu'elle a subit par le passé. Les souvenirs du jeune homme sont flous, mais mènent jusqu'à Alaïa, une jeune elfe qui s'est isolé dans les égouts et qui avait amené le pauvre Luxien jusqu'à l'hospice de Cheiralba. Cette dernière, voyant se dessiner une opportunité de retrouver son créateur et de se venger, propose une alliance avec Alaïa afin de retrouver le laboratoire d'où provient le jeune homme. Sur leur chemin, elles rencontrent la magicienne Syl qui les sauve de l'attaque de créatures démoniaques résidant dans les anciens réseaux d'égouts. Cependant, Alaïa en sort blessé au bras et meurtrie dans sa confiance qu'elle commençait à porter envers Cheiralba. Malgré leur méfiance, le trio s'enfoncent alors un peu plus dans les tunnels se rapprochant de plus en plus du laboratoire de Sébastide, comptant sur la magie de Syl pour les diriger et déjouer les pièges protecteurs qui sèment leur chemin.

Alors qu'elles n'ont jamais été aussi près, Alaïa se fait capturer par un piège que ni Cheiralba, ni Syl n'avait vu venir et se retrouve dans le laboratoire de Sébastide. Sous la pression, Syl fait par de sa méfiance et laisse Thargraktrug, l'esprit infiltré dans la magicienne, s'exprimer qui en profite pour menacer de mort la femme araignée en cas de trahison.

Sommaire :



Ce n'était pas vraiment dans ses habitudes, et encore moins dans une telle situation, mais Cheiralba se mit à rire. Un rire clair et doux, qui partait loin amplifié sur les parois métalliques des canalisations de l'ancien réseau d'égouts. Elle essaya de se calmer, mais elle dû s'y prendre à plusieurs reprises avant de pouvoir prendre enfin la parole. En face d'elle, Syl semblait perplexe. La réaction de la vieille femme n'était certainement pas celle escomptée. Cheiralba, légèrement honteuse, ne put s'empêcher d'apporter quelques explications à son étrange comportement :

 ≪ Je suis désolé. Je n'aurais pas dû me laisser m'emporter comme ça, mais la situation était tellement cocasse... Vous essayez de m'intimider avec vos tours de passe-passe, vos changement de yeux ou de voix, afin de me demander de ne pas vous trahir alors que c'est à moi de vous le demander. Non. Vraiment. Je suis désolé. J'espère que mon rire ne trahira pas notre présence, même si je doute maintenant que notre arrivée soit une surprise.
— Je…
— Ecoutez. N'en dites pas plus. Vous ne me faîtes pas confiance, moi non plus. Je suis venu ici pour arrêter un magicien. Si vous êtes de mèche avec lui, alors bien évidemment que je vous trahirai et que vous essayerez de me tuer et probablement vous y arriverez sans le moindre mal. Si ce n'est pas le cas, je n'ai aucune raison de vous trahir. Donc cessez un peu vos effets de sons et lumières et gardez vos menaces pour celui qui a capturé Alaïa. ≫

Ses dernières paroles semblèrent rassurer la magicienne qui retrouva son allure habituelle. Cette dernière ne chercha pas à s'excuser et reprit la route comme si rien ne s'était passé. Cheiralba n'était pas dupe. Elle savait que Syl s'était inutilement ridiculisée. Elle aurait pu prendre au sérieux cette menace ou même envisager qu'il s'agissait là d'une ruse maladroite pour lui témoigner de sa bonne volonté. Mais non. Cheiralba avait certes peu vécu, mais elle avait beaucoup et vite appris. Dans des situations comme celles-ci, ce qui compte c'est l'instinct. Les réactions sont souvent dictées par la peur et l'agressivité, surtout face à une menace dont on distingue mal les contours. La femme araignée l'avait appris à ses dépens dès son plus jeune âge.

Les deux femmes couraient côte à côte dans les tunnels. Cheiralba qui, jusq'à maintenant était toujours en retrait, essayait de suivre le rythme de la magicienne au prix de quelques efforts supplémentaires. Une vie était maintenant en jeu. Quant à Syl, elle semblait concentrée, comme en perpétuelle recherche de quelque chose, sûrement d'Alaïa. A moins qu'elle ne contrecarre les pièges magiques que Cheiralba ne pouvait pas voir.

Au bout de plusieurs croisements ponctués de salles, Syl s'arrêta et ordonna à sa compagne de faire de même d'un geste de la main. Puis, toujours en silence, indiqua du doigt qu'Alaïa se trouvait derrière une lourde porte circulaire, en compagnie de deux autres personnes… créatures… choses ? Une manivelle permettait d'en actionner l'ouverture, mais la magicienne avait raison, il valait mieux agir avec prudence.

Cette dernière jeta un dernier coup d'oeil à Cheiralba, puis leva les yeux au ciel en signe d'exaspération, puis prit un air irrité. La vieille femme sentit alors un picotement léger la parcourir de la tête aux pieds. Elle aurait bien aimé savoir ce que cela signifiait, mais Syl avait déjà tourné la tête vers l'entrée de la prochaine salle dont la porte coulissait en silence.

Deux hommes semblaient se disputer. Tout du moins, ils en avaient la silhouette, mais leur grand manteau cachait une grande partie de leur corps. Ce qui en dépassait, que ce soit les chevilles, les mains ou le visage, était recouvert de bandages dont les auréoles laissaient imaginer un manque d'hygiène flagrant. A côté d'eux, un corps recouvert d'un drap reposait sur une table à roulette.

 ≪ Je te dis que c'est ton tour. Point final.
— Allez, sois sympa. J'ai pas encore cicatrisé de la dernière fois et j'ai bien peur que ce soit infecté. S'il me voit dans cet état-là, il va vouloir me charcuter encore.
— Non. Je ne vois pas pourquoi ce serait moi qui l'emmenerait à Sébastide. On s'était mis d'accord sur une fois chacun, à tour de rôle, c'est pour une bonne raison. Et je te rappelle que j'y suis allé la dernière fois.
— Justement. Comme ça ne fait pas longtemps, peut-être qu'il ne te fera rien.
— C'est chacun son tour. Point à la ligne. Et si tu continues à essayer de m'entourlouper, c'est mon poing en cataplasme que tu vas recevoir… On verra si ça aidera ta cicatrisation. ≫

Cheiralba serra les poings. C'était bien Sébastide qui était à l'origine de tout ça. Même si la colère et le désir de vengeance dominaient, la vieille femme ressentit une pointe de soulagement. Elle n'avait pas fait tout ça pour rien. Elle n'avait pas risqué sa vie, et celle d'Alaïa, pour une fausse piste. Restait la question de Syl. Allait-elle la livrer à Sébastide ou était-elle vraiment une alliée ?

Elle jeta un coup d'oeil à la magicienne, mais elle avait disparu. Une traîtresse… Elle la chercha des yeux et remarqua vite qu'elle se cachait sur le côté de la porte, à l'abri des regards des deux hommes toujours en train de discuter. Elle se rendit compte alors que plongée dans ses réflexions autour de l'implication de Sébastide, elle n'avait pas bougé d'un pouce et qu'elle n'avait pas noté les grands gestes que lui faisait Syl pour lui dire de se cacher. Le moindre regard dans sa direction et elle serait découverte.

 ≪ Mais qu'est-ce que vous faites là ? ≫

L'un des deux hommes avait fini par remarquer la porte ouverte et, a fortiori, Cheiralba postée en plein milieu du vestibule. C'était foutu pour l'effet de surprise. Le second personnage avait fini par lever la tête, lui aussi, pour voir ce qu'il se passait. A présent que la femme araignée les voyait de face, elle se rendit compte à quel point leur corps avait été remanié. Même sous les bandages, on pouvait distinguer des excroissances ou des altérations anatomiques qui n'avaient rien de naturelles. Des manipulations sûrement bien pire que celles qu'elle avait vues sur Luxien. Pires, mais suffisamment réussies pour les maintenir en vie.

 ≪ Maintenant, tu cours rejoindre Sébastide en emportant son nouveau spécimen tout de suite, pendant que je m'occupe de la demoiselle en détresse.
— Mais…
— Hors de ma vue. ≫

Le second homme n'insista pas plus. Il se saisit à deux mains du chariot sur lequel reposait le corps et se mit à courir en le poussant vers le fond de la pièce jusqu'à disparaître dans un virage. Il n'allait pas vite à cause du poids du corps, mais Cheiralba ne pouvait pas le rattraper sans se faire arrêter par l'homme qui les séparait. Pendant ce temps, ni le laborantin, ni les deux femmes n'avaient bougé. Cheiralba ne comptait d'ailleurs pas bouger. C'était bien son intention. D'une part, elle ne connaissait pas cet homme et la menace qu'il représentait, d'autre part, ainsi exposée, elle jouerait très bien le rôle d'appât. Une ≪ demoiselle en détresse ≫ avait-il dit ? On n'attrape pas une mouche avec du vinaigre après tout. Quoi de mieux qu'un peu de miel, une pauvre vieille femme sans défense, pour attirer cet homme dans sa toile.

Feignant la crainte, la femme araignée recula d'un pas, puis de deux tandis que son adversaire avançait d'un air confiant, allant jusqu'à rouler des épaules pour montrer qu'il dominait la situation. Sciemment, elle le laissa s'approcher et, convaincu de pouvoir faire main basse sur un nouveau sujet d'expérimentation sans le moindre effort, il ne remarqua pas Syl qui attendait à côté de la porte lorsqu'il la dépassa.

Un éclat de magie et le pauvre homme s'effondra sans dire un mot. La vieille femme jeta un coup d'oeil à la magicienne. Celle-ci arborait un sourire jusqu'aux oreilles et, la main fermée sous le visage, l'index relevé à hauteur de lèvres, elle souffla comme pour enlever un surplus de magie.

 ≪ Je crois que nous commençons à bien nous comprendre. Vous avez joué votre rôle à la perfection.
— Tu n'étais pas mal non plus… dans le rôle de la demoiselle en détresse.
— N'insistez pas ou vous verrez de quoi elle est capable, la demoiselle en détresse. Néanmoins, je me dois de vous informer que ce Sébastide est exactement l'homme que je cherchais. Nous avons un lointain passif et pour résumer, il est l'auteur d'expérimentation anatomique que la magie est loin d'approuver… même au temps précédant la faille. Il est plus que vital de l'arrêter, et si nous pouvions le tuer, cela ne serait pas de refus.
— Un lointain passif ? Est-ce que ça aurait un lien avec ce qui a effrayé Alaïa tout à l'heure.
— J'imagine que oui. Souhaitez-vous vraiment en savoir d'avantage maintenant ? Il me semble plus important de ne pas perdre de temps et d'aller arracher Alaïa des griffes de ce savant fou. ≫
« Modifié: samedi 19 octobre 2019, 15:28:58 par Yorick26 »

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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #84 le: mardi 22 octobre 2019, 21:25:46 »
Alaïa
Vétéran
Jour 6 avant la fin
Laboratoire de Sébastide
Face face avec Sébastide


Je me réveillai difficilement. Mon corps était engourdi et je me sentai complètement perdue. J’essayai de lever un bras, mais celui-ci était attaché. Bientôt, je me rendis compte que j’étais attachée. J’étais dans une pièce, où une femme s’affairait à écrire quelque chose sur un calepin. Elle avait des lunettes, de longs cheveux noirs attachés de manière particulière et une blouse qui autrefois avait dû être blanche. Profitant de son inattention, je tentai de me libérer de mes entraves… sans succès, mis à part celui de me faire gémir de douleur. Elle me jeta alors un regard indifférent, puis se remit à écrire. Dès qu’elle eût fini, elle s’approcha de moi et commença à m’examiner de plus près. J’étais pétrifiée. Je ne savais pas pourquoi, mais cette femme me terrifiait : sa manière de bouger, froide, sans vie, ses yeux qui jetaient des regards méprisants et son visage toujours inexpressif, tout cela formait un ensemble assez dérangeant.

Soudain, la porte de la pièce s’ouvrit et en homme, quoiqu’il n’en avait pas tout à fait l’air, entra en faisant rouler une sorte de table à roulettes, où reposait un corps recouvert d’un drap blanc. Aussitôt, la femme perdit son visage impassible et se mit en colère :

 ≪ Mais qu’est-ce que vous faisiez ? Pourquoi cela a mis autant de temps pour ramener ce que vous avez trouvé ?
— Eh bien, Madame Mengel, c’est-à-dire que nous avons eu une… une déconvenue.
— Quel genre de déconvenue. demanda-t-elle en fronçant légèrement les sourcils.
— Il y a eu une intruse. Mais ne vous inquiétez pas, c’était juste une pauvre vieille femme. A l’heure qu’il est, l’autre tâche a du s’en occuper.
— Referme les portes.
— Mais Madame, je pense pas que…
— Est-ce que j’ai demandé ton avis ? Dois-je te rappeler ce qui t’est arrivé la dernière fois que tu m’as désobéi ? Ici bas, on ne peut pas se fier à la simple apparence. As-tu inspecté les environs ? Es-tu resté longtemps avec cette femme ? As-tu vérifié s’il n’y avait pas quelqu’un d’autre ?
— Eh ben…
— Non. Bien entendu. Je me demande pourquoi Sébastide tolère encore votre existence à vous deux…
— Je suis navré Ma…
— Va refermer les portes maintenant. On ne peut pas prendre le risque que qui que ce soit pénètre dans le laboratoire… Maintenant laisse-moi ! Je dois finir d’observer cette elfe avant de l'amener à Sébastide.
— Bien, Madame Mengel. ≫

Une vieille femme ? Ce pourrait il que ce soit Cheiralba ? Non… Impossible… Aussitôt, l’homme repartit. Madame Mengel posa alors son regard sur moi. Il était toujours aussi froid, aussi mauvais.

 ≪ Est-ce que tu peux toujours parler ?
— ...ou….oui.
— Alors dans ce cas tu ne dois pas être en trop mauvais état. ≫

Elle reprit son bout de papier, écrivit quelques mots supplémentaires puis appela quelqu’un. Aussitôt, quelque chose arriva dans la pièce. La créature était trapue, et recouverte d’une sorte de combinaison. Il saisit la table à roulette où j’étais installée, puis commença à m’emmener vers Sébastide. Madame Mengel nous suivait. Sur mon chemin, je pus observer de multiple portes, peut-être une vingtaine. Derrière elles, je pouvais souvent entendre des gémissements, des grattements. Derrière certaines, il semblait y avoir plusieurs personnes. Comment un bâtiment aussi grand avait pu rester caché, même au sein de la Faille ?

Enfin, je fus acheminée dans une grande salle blanche. Celle-ci contrastait énormément avec le reste du bâtiment. Elle semblait propre, pure. Néanmoins, au centre, se trouvait une gigantesque table d’opération. Un tuyau partait de dessous la table pour se jeter dans une rigole, elle-même se terminant dans une évacuation. Le long, des traces oscillant entre le jaune terne et le marron foncé ne laissaient rien présager de bon. Je frémissais à l'idée de la quantité de sang qui avait coulé par là à chaque opération et que personne n'avait jamais réussi à laver complètement.  Dans un coin de la pièce, me fixant, bougeant uniquement la pièce pour suivre mes mouvement. Il portait une combinaison intégrale en ce qui semblait être du cuir rouge. A son ensemble pendait de nombreux instruments qui réfléchissaient à qui mieux mieux la lumière de la salle. Leur vue me provoqua un sentiment d'angoisse que je ne soupçonnais pas possible, se rajoutant à l'effroi que je ressentais jusqu'à présent. Cherchant à détourner mon regard de mes futurs outils de torture, je levais les yeux vers le visage de cet homme. Seul son nez, long comme celui d'un corbeau, était vraiment visible. Sa bouche et son crâne étaient recouvertes de tissus. Quant à ses yeux, ils étaient masqués par d'épaisses lunettes. Sur l'une d'elles, deux lentilles grossissantes étaient raccordées grâce à des petites tiges métalliques.

 ≪ Alors tout va bien, j’ai examiné tout son corps et elle ne présente aucune blessure sérieuse si ce n’est à l’épaule, mais rien de trop grave.
— Très bien. Laisse-nous seuls maintenant Sofia.
— Attendez, Monsieur Hordefeu.
— Oui ?
— Je me dois de vous prévenir qu’il y a peut-être des intrus dans le laboratoire.
— Les portes ont été fermées ?
— Oui.
— Très bien, dans ce cas enclenche les fermetures hermétiques de la chambre opératoire. Je ne veux pas être dérangé. ≫

La femme quitta les lieux sans même se retourner, me laissant seule avec cet homme. Il s’approcha de moi, caressa ma joue. Il m’inspecta, promenant ses lunettes partout sur mon corps. Il resta longtemps sur mon épaule.

 ≪ Eh bien, eh bien, eh bien… Voilà quelque chose qui doit bien te faire souffrir, ma pauvre enfant. Mais ne t’inquiètes pas. Toi et moi allons trouver un intérêt commun à cette rencontre fortuite.
Connais-tu la pierre qu’on appelle obsidienne ? demanda-t-il. C’est une pierre très lisse, noire et extrêmement résistante. Elle donne son nom à une race de monstres, l’Etrobsi. Leur peau est semblable à l’obsidienne, noire, lisse, sans la moindre imperfection. Ils résistent aux chocs les plus terribles, mais ont une force… limitée. Depuis quelques temps, je tente de créer un croisement entre l’Etrobsi et une autre espèce. Les humains se sont révélés très insatisfaisants. Et je crois avoir trouvé… Normalement, les elfes ne se laissent pas attraper. ≫

Il alla ensuite chercher une sorte de tissu, qu’il imbiba d’un liquide étrange, puis il revint vers moi à nouveau en se rapprochant lentement.

 ≪ Les Elfes ont de grandes aptitudes magiques. Leur organisme est très différent des autres humanoïdes. C’est pourquoi je suis convaincu que cette fois… Ça marchera.”

Les souvenirs de Luxien ont surgi dans mon esprit et des larmes ont commencé à couler le long de mes joues.

≪ Non… non… non. ai-je imploré. Pas ça, s’il vous plait… Je vous en prie non…
— Allons mon enfant… Tu seras la première… La première d’une longue lignée de créatures dominantes. ≫

Alors, il plaqua le tissu contre ma bouche. Je tentai de me débattre, mais attachée, je ne pouvais rien faire. Je ne pu qu’observer mon environnement devenir flou, voir le monde disparaître. La dernière chose que je pu entendre fut la phrase de cet homme étrange :

 ≪ Après tant d’efforts… Peut-être te voilà enfin, Obsidianne. ≫
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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #85 le: dimanche 27 octobre 2019, 17:48:47 »
Syl
6 jours avant la fin
Laboratoire de Sébastide
Infiltration subtile et discrète

    — Un lointain passif ? Est-ce que ça aurait un lien avec ce qui a effrayé Alaïa tout à l'heure.
    — J'imagine que oui. Souhaitez-vous vraiment en savoir d'avantage maintenant ? Il me semble plus important de ne pas perdre de temps et d'aller arracher Alaïa des griffes de ce savant fou.

    J'eus un instant d'hésitation. La proposition était intéressante et ma curiosité ne m'avait jamais quitté. Néanmoins, des questions appelaient plus de questions. Et je ne pouvais répondre aux potentielles siennes.
    — Tu as raison. La vie d'Alaïa est en jeu. Allons-y !

    Les conduits des égouts avaient laissés place à des couloirs métalliques envahis par la rouille. Nous avancions prudemment, tentant d'atténuer l'écho de nos pas. Toute mon attention était portée sur la présence d'Alaïa, que je sentais au loin parmis d'autres sources de vie, ainsi que les éventuels pièges qu'il pouvait y avoir devant nous. Régulièrement, je devais désamorcer des glyphes magiques habilement placés sur notre chemin.
    D'énormes portes métalliques stoppèrent notre avancée.
    — Elle est derrière, murmurai-je doucement pour éviter que ma voix ne résonne trop. Et il y a du monde.
    — Pouvez-vous ouvrir cette porte ? demanda Cheiralba sur le même ton.
    Je pris quelques instants pour analyser la structure. L'ouverture était haute et large, et le battant, complètement métallique, était plutôt épais. Un glyphe de protection luisait discrètement, renforçant magiquement la solidité de la porte. Rien de bien difficile donc. J'eus un petit sourire carnassier :
    — Je peux. Mais ce ne sera pas très discret...
    — Et il y a-t-il d'autres passages ?
    Je pris quelques instants pour répondre. Le temps d'analyser rapidement les alentours, cherchant une potentielle deuxième entrée.
    — Hum. Pas à proximité en tout cas.
    — Très bien. Allez-y.
    Je hochai la tête avant de me placer face à la porte. Réprimant un frisson, je commençai par puiser la magie nécessaire pour mon sort. Désactiver la rune ne fut pas bien compliqué, elle se brisa dans un léger un éclat de lumière tandis que la puissance s'accumulait entre les mains.
    Un trait sombre fusa, s'écrasant contre la porte, qui crissa, se tordit avant de se faire projeter plusieurs mètres en arrière en un vacarme assourdissant.
    — Voilà, c'est ouvert, allons-y, appuyais-je une fois l'écho terminé.
    Sans me retourner, je franchis l'ouverture béante. La poussière retombait doucement dans ce que devait être l'entrée du laboratoire. Le battant de la porte avait écrasé ce qui semblait être le mécanisme d'ouverture, maintenant inutile, et... Un bras couvert de bandage ? Il se pourrait que le deuxième kidnappeur se soit trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Je haussai les épaules. Tant pis pour lui.
    Je désignai un tunnel avant de me tourner vers Cheiralba. Cette dernière se tenait au niveau de l'ouverture et regardait avec toujours un peu de surprise l'énorme battant sur le sol.
    — C'est par là, dépêchons-nous !
    La vieille femme secoua la tête avant de me suivre sans un mot.


    Nous courrions. Nos pas résonnaient dans le long couloir métallique. J'étais en tête, Cheiralba me suivait sans faiblir. Son visage ne reflétait que de la détermination. Au bout du couloir, une porte. Je m'arrêtai devant et fit un signe à la vieille femme. Une personne à l'intérieur. Seule.
    Je ne m'embarrassai pas des précautions d'usages, et fit voler la porte d'un rapide sort. Immédiatement, une douleur fusa dans mon épaule. Dans la petite salle, une femme se tenait derrière une table sur laquelle reposait un masse couverte d'un drap blanc. Elle avait de minces lunettes, ses longs cheveux noirs étaient attachés d'une manière particulière et elle portait une blouse autrefois blanche. Et surtout, elle pointait une petite arbalète de poing dans notre direction.
    — Je vous attendais.
    Encore une fois, je puisai de l'énergie pour la désarmer. Voulu puiser. La tête me tournait, et je peinais à me concentrer. Voyant mon trouble, la femme continua, un léger sourire sur le visage :
    — Les narcoleptiques sont décidément le meilleur moyen de traiter avec les mages...
    Je posais un genou à terre. La scène était de plus en plus confuse. Je sentis une main se poser sur mon épaule. Cheiralba ?
    — Et l'avantage de celui-ci est sa rapidité d'action...
    La dernière chose que j'entendis avant de sombrer dans l'inconscience fut un petit rire démoniaque...
« Modifié: dimanche 27 octobre 2019, 17:55:34 par Cap »

Fiertés ?
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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #86 le: lundi 28 octobre 2019, 21:44:54 »
Salut, j'ai vu de la lumière je me suis permis d'entrer.

_________

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Hyldegarde
A l’aube de la Fracture
Au pieds des remparts
Flashback : Rencontre sur le pré


   Un petit vent frais faisait onduler les herbes du pré et voleter les cheveux d’Hyldegarde sous son casque à ailettes. La lune, énorme et ronde dans le ciel, se reflétait sur le fil des lames tirées, sur les courbes des spallières et des plastrons lustrés.
   Il n’y avait personne alentours et hormis le léger brouhaha continu en provenance de la cité, le silence était total. Face à la Naine se dressait la silhouette impressionnante d’Eugénie d’Euphorie, la géante des Terres Bannières, sa rivale, la seule qui ait jamais réussi à la déjouer en combat singulier. Tout comme Hyldegarde, elle avait revêtu son armure complète.
   La Naine serra le poing, faisant crisser le cuir de ses gantelets en assurant sa prise sur la poignée de son long bouclier, sur le manche de sa hache d’armes. Cela faisait de longues années déjà qu’elle attendait ce moment. Une chance d’assouvir sa revanche, de prouver au monde qu’elle, Hyldegarde Sigurndottir, était meilleure, meilleure que d’Euphorie et sa taille improbable.
   Il n’y avait pas de place pour le doute. Elle s’était entraînée dure, affûtant sa technique contre des adversaires plus grands, mettant toutes les chances de son côté. Toutes ces années passées à rêver à cette chance, cette revanche contre la grande guerrière, contre ses grands yeux turquoises aux reflets d’orage, contre son nez trop long et son attrayant et éternel petit rictus suffisant.
   Cette confrontation au clair de lune était très peu protocolaire. Le tournois ne commencerait qu’au point du jour, après tout. Mais leur rencontre fortuite en ville, au détour d’une taverne, avait fait bouillir le sang d’Hyldegarde. Le simple fait de poser les yeux sur sa haute silhouette, aux courbes puissantes et parfaites comme celles d’une statue de marbre,  provoquait en elle une chaleur insupportable, nouait ses boyaux et faisait monter une bile de rage au fond de sa gorge.
   Elle ne comprenait pas vraiment l’aversion suprême que lui inspirait la belle humaine, ni son besoin obsessionnel de lui prouver qu’elle était sa supérieure mais elle n’en avait cure : elle allait lui faire payer son affront. Leur rencontre avait commencé par quelques piques presques amicales qui s’étaient vite transformées en insultes avant de laisser parler les poings. Il avait fallu leurs écuyers respectifs et l’aide supplémentaire de quelques gardes pour les séparer. Dans la mêlée, Hyldegarde avait lancé son gant à la figure de la chevalière, qui avait répondu en lui renvoyant son propre gantelet.
   Un duel pour l’honneur, donc, avec la lune comme seule témoin.
   Les deux femmes s’observaient sans bouger, visages fermés. Chacune respectait trop le talent de l’autre pour oser faire le premier geste et potentiellement ouvrir sa défense.
-Que vous arrive-t-il, d’Euphorie ? La peur vous tétanise ? railla Hyldegarde, tentant de pousser la géante à agir.
-Non point. Il s’agit de cette herbe, voyez-vous. Elle est si haute, j’ai du mal à vous distinguer en son sein.
Malgré la tension, elles sourirent.
-Vous ne m’en voudrez point, je l’espère, mais je me vois dans l’obligation de vous infliger une défaite cinglante et sans appel, reprit l’humaine en faisant, enfin, un premier pas prudent. Votre suffisance m’horripile et il est temps que quelqu’un la remette à sa place.
-Je n’en prends point ombrage. Après tout, rétorqua la Naine en prenant elle aussi un premier pas, il est difficile de garder rancune envers les simples d’esprit.
Arrivées enfin à moins d’un mètre l’une de l’autre, elles armèrent leur bras de concert, prêtes à trancher, une fois pour toute, entre leur technique respective.
Un tremblement de terre soudain et brutal les fit vaciller, perdre l’équilibre et s’effondrer en avant, dans les bras l’une de l’autre et dans un fracas d’acier et de grognements. Une lumière intense illumina alors le pré, tandis qu’au loin, derrière les remparts de Miderlyr, une explosion titanesque retentissait, fracturant la ville en deux…


Hyldegarde
Quelques jours avant la fin
Quelque part dans la Faille
Flashback : Au bord du gouffre


   La main ensanglantée et tremblante d’Hyldegarde jaillit au bord du précipice, ses doigts sales aux ongles cassés cherchant frénétiquement une prise le long de la pierre coupante. Puisant dans ses dernières réserves, elle se hissa en grognant sur la corniche, son plastron cabossé, rayé, fracturés crissant désagréablement sur la roche grisâtre. A bout de souffle, elle se laissa choir au sol, se souciant peu de l’inconfort provoqué par son long bouclier, toujours attaché dans son dos par son épais baudrier.
   Ses yeux fatigués se dardèrent sur le ciel, petite bande bleuâtre loin dans les nuées, par-delà les falaises déchiquetées de la Faille. Cette vision provoqua en elle un vague sentiment d’urgence, lui donnant la force de se redresser sur les coudes, avant que cette étincelle de vigueur ne soit aussitôt soufflée, l’apathie s’emparant d’elle. Des larmes silencieuses se mirent à couler le long de ses joues, traçant un sillon plus clair dans la saleté accumulé sur son visage.
   Elle resta un moment prostrée là, une peur soudaine, viscérale, la saisissant alors qu’elle constatait qu’elle n’avait aucun souvenir des événements qui l’avaient menée jusqu’ici, où qu’”ici” puisse être. Elle ferma les yeux, fouillant frénétiquement dans sa mémoire. Des images, des flashs lumineux, remontèrent ; une descente interminable, des couloirs tortueux, obscurs, percés d’alcôves remplies d’horreur innommables. Des cris, des pleurs, le tintement du métal.
Le visage d’Eugénie.
Eugénie la repoussant, ses yeux exorbités par la terreur, lui hurlant de… de…
Une douleur sourde se mit à poindre derrière ses orbites et Hyldegarde poussa un petit gémissement plaintif. Elle ne se rappelait plus. Tout ce dont elle se souvenait, c’était son ascension le long de l’a-pic. Prise après prise, se déchirant les mains sur la pierre cruelle et déchiquetée, concentrée sur son objectif.
Eugénie lui avait dit de… lui avait dit de… elle devait...
Son regard se focalisa sur un nuage qui passait au loin, là haut dans le ciel.
A quoi bon, à présent ?


Hyldegarde
Il y a 3 ans
A l'intérieur des ruines de  l'hôtel particulier de monsieur de Montalgure
Flashback : Une promesse


   -C’est de la folie, fit calmement Hyldegarde en s’adossant contre le seul mur encore debout, les bras croisés.
   Eugénie s’arrêta un instant de régler les sangles de sa cuirasse, poussant un soupir avant de reprendre.
-C’est la chose à faire. Quelqu’un doit mettre un terme à cette horreur.
La Naine baissa les yeux, caressant distraitement ses favoris et laissant le silence s’installer.
-Je suis navrée, reprit l’humaine attrapant son heaume sur une commode éventrée et se retournant, son harnachement terminé, mais je crains que notre duel devra attendre une période plus propice.
Hyldegarde releva le regard. Elle n’avait jamais vu la chevalière aussi sérieuse. Son rictus suffisant avait disparu, remplacé par une moue résolue et déterminée. L’orage qui grondait d’ordinaire dans ses si grands yeux s’était tu, terrassé par les étincelles du devoir et de la résignation.
Cette vision perça le coeur de la princesse des Grimmonts d’une façon qu’elle ne s’expliquait pas.
-Il faut bien avoir votre esprit étroit pour songer encore à de telles futilités dans un moment pareil, railla-t-elle mais toute bile s’était envolée de sa voix.
Leurs regards se croisèrent.
-Bien, allons-y. Les autres nous attendent. Je vous autorise à me suivre, d’Euphorie.
Les sourcils de la grande humaine se haussèrent de surprise.
-Vous..?
-Cela va de soi. Je ne peux décemment pas vous laisser vous accaparer toute la gloire. Et puis j’ai fait une promesse à votre père de vous ramener vivante. Afin de pouvoir vous détruire une bonne fois pour toute sur le pré.


Hyldegarde
Quelques jours avant la fin
Quelque part dans la Faille
Flashback : Manteaux de cuir

 
   -Je t’avais dit que j’avais entendu quelque chose.
   Une voix derrière Hyldegarde lui fit rouvrir les yeux. Puisant dans ses forces déclinantes, elle se redressa tant bien que mal. Deux individus émergeaient d’une ouverture dans la parois. Ils arboraient de longs manteaux qui ne laissaient à voir de leurs corps que des membres enroulés de bandages.
   -Une Naine, fit l’autre en claquant dédaigneusement de la langue, d’une voix qui sonnait étrangement.
   -C’est toujours mieux que de rentrer les mains vides, reprit son comparse.
   -A peine. Tu sais à quel point Sébastide a horreur des Nains. Rapport à leur structure interne, ou je ne sais quoi. En plus, celle-ci a l’air sur le point de clamser.
   -Qu’importe, on l’embarque. Les ordres sont les ordres.
   -Je me demande ce qu’elle fout là, tout de même. Regarde son armure. Une Croisée, peut-être ?
   -M’étonnerait. Ca fait un baille que la Croisade ne fout plus les pieds à cette profondeur.
   Les deux hommes continuaient de discuter en s’approchant, faisant comme si elle n’existait pas. Après s’être remise péniblement debout sur ses jambes flageolantes, Hyldegarde porta la main à sa ceinture, pour découvrir que sa hache n’y était plus.
   -Du calme, du calme, susurra l’un des deux en sortant des replis de son manteau une seringue. Tout va bien se passer…

Hyldegarde
6 jours avant la fin
Laboratoire de Sébastide
Bruit de couloir

   Hyldegarde n’avait aucune notion de l’endroit où elle se trouvait, ni de combien de temps s’était écoulé depuis qu’on l’avait jetée dans cette cellule. Au moins quelques jours s’étaient succédés, si elle s’en référait à la fréquence des maigres repas qu’on lui dispensait. Elle avait repris des forces, récupéré quelque peu de sa fatigue mentale. Sa mémoire lui faisait toujours défaut mais plus elle essayait de se souvenir, plus les migraines devenaient douloureuses.
Elle n’avait qu’une certitude glacée, douloureuse, celle qu’elle devait retrouver Eugénie, qu’elle devait accomplir quelque chose. Mais quoi ? Elle rongeait son frein. Elle devait sortir d’ici. De ce qu’elle pouvait voir en s'agrippant aux barreaux de la petite lucarne qui ornait la porte de sa prison, elle se trouvait dans un long couloir bordé de cellules identiques à la sienne, desquelles s’échappaient des cris et gémissements.
Parfois, un homme vêtu de la même manière que ses ravisseurs passait dans le couloir, poussant une table à roulettes sur laquelle se trouvait un corps sous un drap. Ces mêmes hommes passaient une fois par jour pour apporter de la nourriture rance et de l’eau croupie. Ils n’ouvraient pas les portes, se contentant de jeter leur bagage à travers les barreaux et empêchant la Naine de tenter une échappée par la force de ses poings.
Les mots de ses kidnappeurs lorsqu’ils l’avaient capturées ainsi que les hurlements qui résonnaient le long du couloir par intermittence lui suffisaient à comprendre qu’il se passait ici des choses terribles et que son tour n’allait pas tarder.
Elle était assise dans un coin de sa cellule, ruminant sur sa situation lorsqu’un bruit assourdissant la tira de sa torpeur. Un bruit proche d’une explosion. Intriguée, elle se hissa le long de la porte, s'agrippant aux barreaux et collant son visage entre les interstices, curieuse de voir ce dont il retournait et désireuse d’en profiter si cela s’avérait être une chance de s’échapper.     
   

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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #87 le: dimanche 03 novembre 2019, 13:37:07 »
Cheiralba
6 jours avant la fin
Laboratoire de Sébastide
Catalepsie

Cheiralba se retrouvait seule. Alaïa était aux mains de Sébastide et voilà que son compagnon de route magicienne venait de se faire surprendre et mettre hors d'état de nuire. Deux femmes donc qui se faisaient face. L'une jeune et armée d'une arbalète. L'autre beaucoup moins agile et dépourvue d'arme ou de magie. Elle n'avait que son corps.

La femme araignée posa une main sur l'épaule affaissée de Syl. Le carreau avait traversé de part en part infusant au passage le sang de la magicienne du poison dans lequel il avait été plongé. Il valait mieux qu'il soit ressorti. Le tissu s'imprégnait déjà formant une tache sombre grandissante. Impossible de dire à présent quels avaient été les dégâts faits à l'intérieur, mais la magicienne risquait une perte hémorragique important si elle ne faisait rien. Cependant Cheiralba n'avait pas le temps de l'examiner. Elle se releva pour faire face à son nouvel adversaire, les doigts teintés de rouge qu'elle essuya sur le bas de sa robe qui n'était plus aussi blanche qu'auparavant.

La femme la tenait en joue avec son arbalète. Il ne lui avait fallu que quelques instants pour placer un second carreau. A vrai dire, Cheiralba n'aurait su dire s'il avait été placé là depuis le début, comme dans le cas des armes à deux coups, ou si elle avait usé d'une technologie novatrice pour que cette arbalète de petite taille se réarme rapidement. Elle n'eut pas eu le temps de se poser plus longtemps la question que la femme avait décoché son deuxième trait qui atteint l'épaule droite de Cheiralba. Cette fois le carreau resta planté dans la chair. La douleur arriva une demi-seconde plus tard. Par réflexe elle porta sa seconde main sur la plaie ce qui ne fit qu'intensifier la douleur. L'articulation était hors d'usage. Au mieux elle était luxée, au pire l'os était fracturé. Au moins, il n'y avait pas d'hémorragie.

Cheiralba releva les yeux vers son adversaire qui souriait et attendait. Cette dernière pouvait attendre longtemps. La femme araignée se saisit de l'empennage du carreau et brisa le tube à ras de la peau pour ne pas relancer le saignement. Elle l'extrairerait plus tard.

≪ Êtes-vous prête à rejoindre votre amie magicienne ?
    — Je compte bien vous tuer avant.
    — Vous n'en aurez, je le crains, pas le temps. Vous semblez l'ignorer, mais ce deuxième carreau était également imbibé de ce même narcoleptique dont souffre votre amie.
    — Oh, je ne l'ignore point. Je le sens bien lutter dans mes veines. Il aurait d'ailleurs déjà dû faire effet, n'est-ce pas. Si un simple passage dans l'épaule de la magicienne a suffit à l'endormir en quelques secondes. Avec la pointe qui distille encore son venin dans mon épaule, je n'aurais pas dû avoir le temps de vous répondre.
    — Je ne peux pas nier le bien fondé de ce raisonnement. Je ne sais quelle magie vous permet d'y résister, mais je gage que vous ne tiendrez pas assez longtemps pour me passer sur le corps. Surtout avec un bras inutilisable.
    —  Ne vous… Ne…  ≫

La vieille femme ne finit pas sa phrase. Elle qui se tenait s'était si fièrement relevée pour faire face à son ennemi se tenait maintenant accroupie. Elle n'avait eu le temps que de faire quelques pas pour essayer de prendre appui sur un mur. Cela ne semblait pas suffisant et elle s'allongea, glissant sans grâce le long de la paroi dans un bruit de frottement de tissus contre le métal froid du couloir. Une fois à terre, elle garda les yeux ouverts rivés vers le visage de l'assistante de Hordefeu sur lequel s'était dessiné un sourire victorieux. Seul un sommeil naturel pouvait les maintenir fermés.

≪ Voilà qui est mieux. Deux magiciennes à terre. Une elfe. La récolte est merveilleuse ces temps-ci. ≫

Sofia s'approcha doucement vers la femme araignée, l'arbalète toujours à la main. Arrivée auprès d'elle, elle donna un premier coup de bottine sur le corps de sa dernière victime. Aucune réaction si ce n'est de basculer un peu plus sur le dos. Les traits de Cheiralba étaient relâchés et ne transmettaient aucune émotion si ce n'est celle de l'apaisement. Prudente, la jeune femme asséna un second coup, cette fois plus violent, en insistant sur la pointe de sa chaussure directement sous les côtes afin d'atteindre le diaphragme. Malgré cela, la vieille femme resta figée. Satisfaite du résultat de ses tests, elle se tourna vers Syl qui gisait un peu plus loin. Une mare de sang s'était répandue sur le sol métallique, mais elle prenait déjà des teintes plus foncées. Bientôt ce ne serait qu'un épais paquet gélatineux d'hémoglobine coagulée. Elle fit les quelques pas qui la séparait d'elle, s'agenouilla et déposa l'arme pour pouvoir soulever l'épaule de la magicienne et en examiner la blessure.

≪ Le saignement s'est arrêté. Note pour moi-même, avec un peu de chance, elle pourra être opérée par Sébastide dans quelques jours… Il faudra la remettre quand même sur pied. Le sang qu'elle a perdu devra la maintenir calme pendant le temps de sa convalescence. Ensuite, il faudra prendre relais avec de nouveaux narcoleptiques. Bon. Ce n'est pas si pire. On a peut-être perdu les deux andouilles, mais je suis sûr qu'il fera de vous des cobayes qui pourront les remplacer. L'une comme l'autre doivent bien avoir une utilité quelconque pour Sébastide. ≫

Lorsqu'elle se tue enfin, elle remarqua que sa voix recouvrait jusque-là des bruits de frottements discrets. Elle tendit l'oreille pour en comprendre la signification, mais n'arriva pas à distinguer leur nature. Afin d'éclaircir ce mystère, l'assistante du docteur Hordefeu tourna la tête.
Derrière elle se tenait une vieille femme, ou ce qui lui semblait être une vieille femme car le bas de son corps ressemblait à une des expériences de Sébastide. La lumière aseptique du plafond du couloir n'éclairait pas le visage de cette apparition incongrue si bien qu'elle mit plusieurs secondes à comprendre qu'il s'agissait de la même personne qui se tenait effondrée quelques temps plus tôt. Pendant que ses pensées tentaient de trouver une cohérence à ses nouvelles informations qui étaient contradictoires avec ce qu'elle tenait pour acquises auparavant, la vieille femme était toute proche d'elle.

Par réflexe, Sofia tendit le bras pour attraper l'arbalète et se retourna pour pointer cette dernière vers cette adversaire récalcitrante. L'aiguillon de la femme araignée frappa à ce moment-là et glissa le long avant d'atteindre l'épaule de l'assistante. Sofia poussa un grognement de colère, furieuse de s'être laissée dupée et touchée. Elle ressentait une brûlure à l'endroit de l'impact, mais tint bon et ne lâcha pas son arme qu'elle dirigea à nouveau vers la femme araignée.

Ce n'est que lorsqu'elle actionna le mécanisme de l'arbalète que Sofia se rappela qu'elle avait déjà utilisé la deuxième munition. L'assistante se targuait d'être une tireuse exemplaire. Elle faisait mouche pratiquement à chaque fois et la puissance du narcoleptique suffisait amplement dans tous les cas à tranquilliser suffisamment sa cible pour qu'elle puisse en venir à bout à mains nus s'il le fallait. Sauf cette fois. Il y avait quelque chose qui clochait. Avait-elle raté sa cible ? Non, le sang sur la robe de la vieille femme prouvait qu'elle l'avait touché. Si elle n'était pas à contre-jour, elle aurait même pu distinguer un bout du carreau qui faisait saillie à travers le tissu. Elle ne voyait alors qu'une explication, la vieille femme avait réussi à utiliser un sort particulièrement efficace pour contrer les effets du narcoleptiques.

Le regard fixé sur le visage, elle ne se rendit pas compte qu'elle avait reçu deux coups d'aiguillon supplémentaire, un dans la jambe gauche et un dans le bas ventre. Elle ne sentit pas le quatrième, mais elle le vit venir puisque l'appendice de son adversaire se courba plus en avant afin d'atteindre cette fois la gorge de Sofia. Devinant quelle était sa cible, elle voulut alors se protéger le visage, mais elle se rendit compte que ses bras ne répondaient plus. C'est une dernière hypothèse d'une résistance naturelle aux narcoleptiques de son adversaire qui avait feint de s'endormir que l'assistante du docteur Hordefeu perdit connaissance.

Lorsque sa tête frappa le sol métallique dans un bruit mat à vous tirer des frissons, Cheiralba s'asseya pour faire le point. La première chose était qu'elle avait mal. Mal à l'épaule, d'une part, mais mal également au ventre. Les deux coups qu'elle avait reçus avaient été violents. Sans un don hérité de sa nature arachnide pour feindre la mort, elle n'aurait pas pu masquer ne serait-ce qu'un gémissement.

La catalepsie. Cheiralba s'en savait capable, mais ne l'avait pas expérimenté depuis longtemps. Elle avait utilisé une fois lorsqu'elle vivait encore parmi la famille Du Murié. Elle ressemblait alors encore à une enfant, et par farce, elle avait fait semblant d'être morte, inquiétant tout son entourage. Elle lutta le plus longtemps possible, mais les pleurs de sa mère adoptive finirent par venir à bout de sa patience. Elle fit semblant alors de se réveiller ce qui tira aux personnes présentes des cris d'effroi. Contente de sa plaisanterie, Cheiralba se mit alors à rire aux éclats. Rires rapidement interrompu par la gifle que lui asséna son père. S'en suivirent des pleurs de joie mêlés à la colère, de longues explications et surtout la promesse de ne jamais recommencer. Les Du Murié avaient disparu, la promesse était maintenant caduque depuis longtemps, mais la femme araignée ne put s'empêcher de s'en vouloir d'avoir trahi leur souvenir.

La femme araignée dégagea sans ménagement le corps endormi de l'assistance pour pouvoir examiner plus attentivement celui de Syl. Comme Sofia l'avait dit, le saignement s'était arrêté. Tout espoir n'était pas perdu, mais la femme araignée se retrouvait face à un dilemme. Si elle prenait le temps de soigner la magicienne avec le peu de moyen, ce serait autant de temps perdu pour sauver Alaïa qui était aux mains de Sébastide. Si elle partait au secours de la jeune elfe, elle devait abandonner Syl dans ce couloir avec le risque que sa plaie s'ouvre à nouveau et que l'hémorragie reprenne.

La vieille femme aux jambes dévêtues souffla un coup et repris sa concentration. Depuis qu'elle avait repris l'hospice dans les égouts, elle avait déjà été confronté à des situations similaires où elles faisaient face à deux urgences à la fois. La plupart du temps, elle avait pris les bonnes décisions en suivant des règles simples : sauve celui qui peut être sauvé, repousse les incertitudes. C'est exactement ce qu'elle choisit de faire. Repousser les incertitudes, en l'occurrence le sort d'Alaïa. Elle pouvait maintenir en vie la magicienne, elle en était sûre. La jeune elfe était peut-être déjà morte et en partant à son secours, elle risquait de les perdre toutes les deux.

Cheiralba détacha le reste du haut de sa robe pour libérer les deux autres paires de bras qu'elle gardait cachées sous son corset. Quelques mains supplémentaires lui seront d'un grand secours, d'autant que son bras droit était pour l'heure inutilisable, et lui permettraient de gagner du temps. Elle commença par dégager le côté de la plaie auquel elle avait accès du sang qui s'était coagulé à l'intérieur. Par chance, aucun nouveau saignement ne fut à déplorer. Profitant de l'anesthésie apportée par le narcoleptique administrée gracieusement par l'assistante, elle fouilla à l'aveuglette la plaie afin d'analyser à tâtons les dégâts que le carreau avait faits. Par chance, le projectile était passé entre les os du bras et de l'épaule épargnant la clavicule et l'omoplate. Les muscles et des petits vaisseaux n'avaient pas eu cette chance et avaient beaucoup saigné.

Cheiralba commença par recoudre tant bien que mal les muscles superficiels déchirés. Elle en laissa certains tels quels, ils cicatriseraient plus tard avec un peu de chance. Elle ne pouvait pas y faire grand chose de toute façon. Alors qu'elle commençait à recoudre la peau d'un côté, ses autres mains soulevèrent l'épaule afin de commencer le travail sur l'autre plaie. La suture avançait vite et en quelques minutes le trou laissé par le carreau était refermé de part et d'autres. Un examen rapide soulagea Cheiralba : même si sa respiration était beaucoup plus lente que la normale, elle était toujours vivante. Le poison qui s'écoulait dans ses veines était puissant.

La vieille femme hésita. Il était improbable que ça suffise, mais même si la plaie était suturée et qu'elle ne risquait plus de nouvelles hémorragies, la perte de sang couplée à l'anesthésie maintenant la vie de la jeune femme en danger. Si son cœur ralentissait encore, il pourrait s'arrêter complètement. Elle ne pouvait pas se le permettre. Le risque était trop grand. Bien qu'elle ne connaisse pas la nature du narcoleptique utilisé, elle planta dans le creux du bras de la magicienne son aiguillon. Au lieu de lui injecter un autre narcoleptique comme elle l'avait fait sur l'assistante, elle instilla un excitant.

Cheiralba attendit quelques instants que les premiers effets de son injection apparaissent. Si la respiration toujours aussi lente, les yeux de Syl, auparavant basculés vers le sommet de son crâne, étaient pris de mouvements saccadés erratiques. En quelques secondes, ses pupilles se dilatèrent et s'agrandirent jusqu'à recouvrir l'iris et la sclère. Du noir abyssal naquit d'abord une lueur rougeoyante qui se transforma rapidement en un feu incandescent. Bien qu'aucune chaleur n'émanait de ses yeux, son regard était fait de flammes qui éclairaient le reste de son visage. La vieille femme se souvint d'avoir été confrontée à une telle vision lorsque Syl l'avait menacée.

≪ Tout le monde à ses secrets. ≫ répéta Cheiralba. La magicienne avait dit cela avant de l’interdire de la trahir. Elle l'avait pris pour elle, car elle avait bien un secret qu'elle venait de mettre à jour, mais elle n'avait pas vraiment envisagé que c'était également le cas de la magicienne. Même si elle ne comprenait pas exactement ce qu'il se passait, elle se doutait bien que ce changement de regard n'était dû ni au narcoleptique, ni à son stimulant. La magicienne cachait des choses, mais pouvait-on en attendre moins d'une sorcière.

La vieille femme se détourna des yeux de la jeune femme pour s'intéresser au reste du corps. Des spasmes parcouraient les membres : des successions de contractions et de relâchements lentes qui n'affectaient qu'un bras ou une jambe à la fois. Cheiralba craint dans un premier temps qu'il se soit agi de convulsions dues à une réaction chimique, mais les symptômes ne collaient pas.

≪ Vieille femme, aide-moi à me relever. dit Syl avec la voix gutturale qu'elle avait employé auparavant pour la menacer.
    — Que le ciel soit loué ! Syl, vous êtes réveillée.
    — Elle est encore loin d'être réveillée. La fillette ne peut pas résister à la dose de cheval que cette femme nous a administrée. J'ai déjà eu du mal à m'en réveiller sans ton coup de pouce.
    — Si vous n'êtes pas Syl, qui êtes-vous ?
    — Ce serait trop long à t'expliquer et j'en ai pas spécialement envie. Retiens que je suis un hôte clandestin de la fillette et que pour l'instant il n'y a que moi qui puisse t'aider.
    — Vous êtes un ami de Syl, j'imagine.
    — "Ami" n'est pas le terme adéquat non. Utilisons dans un premier temps celui d'"allié". Cela répond ainsi à la question que je devine, à savoir si tu peux me faire confiance. Dans un premier temps, il le faudra bien.
    — Dans ce cas, je vais faire avec.
    — Que tout cela est adorable. Donc, si tu pouvais te rendre utile maintenant que tu m'as mis dans la case des gentils, je t'ai demandé tout à l'heure de m'aider à me relever. Il va me falloir encore quelques minutes pour que j'élimine assez de poison pour reprendre correctement le contrôle de son corps. ≫

Cheiralba s'aida de ses différents bras pour remettre sur pied le corps de Syl qui, à sa grande surprise, réussit à rester debout. L'équilibre était précaire, mais suffisant pour se tenir droit. L'hôte qui contrôlait la magicienne réussit à faire un pas, puis un deuxième. A ce rythme, il n'avancerait pas vite, mais il avancerait. La vieille femme prit le temps de raccommoder rapidement ses vêtements pour les rendre plus confortables. Il n'était plus question de cacher sa véritable nature, mais il était hors de question qu'elle déambule dans le laboratoire à moitié nue. Son appendice et ses bras surnuméraires resteraient visibles, mais le reste de son corps de femme serait au moins couvert par décence et par pudeur. Avec le tissu restant, elle en profita pour fabriquer une écharpe qui maintiendrait son bras endolori, puis elle rejoignit l'esprit qui contrôlait le corps de Syl.

Il avait plus avancé que ce qu'il avait imaginé et ses mouvements étaient plus naturels, presque fluides. Peu à peu, il devait se débarrasser d'assez de narcoleptique, par magie probablement, pour maîtriser de mieux en mieux les gestes de la magicienne.
« Modifié: dimanche 03 novembre 2019, 15:39:18 par Yorick26 »

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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #88 le: lundi 04 novembre 2019, 00:47:23 »
Hundwiin Drakonia III
Vétéran
Jour 7 avant la fin
Quelque part dans les entrailles de la faille
La capture

     Enfin, enfin l'espoir revenait. Malgré l'épuisement et le manque de force, Hundwiin était poussé par l'espoir de remonter. L'espoir de transmettre les exploits de ses camarades. Enfin il allait pouvoir tenir sa promesse, raconter leurs actes héroïques, la façon dont ils se sont sacrifiés pour refermer la brèche. L'enfer qu'ils ont connus. Les faire élever au rang de héros et ainsi honorer leur mémoire.

     Les couloirs tortueux de ce dédale semblaient se ressembler encore et encore. Il faisait sombre, très sombre, mais pour Hundwiin, ces couloirs étaient bien plus lumineux que l'enfer qu'il avait connu avant ; il y voyait bien mieux et arrivait à se diriger sans trop de problème. Parfois Hundwiin croisait quelques monstres mineurs qu'il tuait pour les empêcher d'atteindre la surface.
     Après plusieurs heures de marche à errer dans ce dédale sombre et sans vie, Hundwiin arriva à un grand croisement ou plusieurs embranchements se faisaient. Tiraillé par la faim et la fatigue, cette épreuve paraissait insurmontable, il était sur le point de craquer.
     Le jeune Draconien se laissa choir au sol. Ses forces le quittaient, l'énergie qu'il avait dépensée pour ouvrir une brèche dans le mur et sa course n'avaient pas arrangé les choses. Ses dernières pensées furent pour ses compagnons tombés, il pouvait presque les voir devant lui, à le regarder en train de le juger. Il était désolé, il n'aura su tenir sa promesse.

     Des voix se firent entendre, semblant lointaine. Hundwiin n'aurait pu dire ce qu'elles disaient, si au moins cela fut réel ou si c'était la folie qui le rongeait. De toute façon, cela n'avait aucune importance, c'était la fin pour lui. Il était sur le point de mourir. Il allait devoir faire face à son échec devant ses camarades, devoir leur faire face.
     ≪ Bon sang, regarde moi ça, un Draconien. Non mais tu y crois, un draconien ici. Et regarde son état. Tellement lamentable qu'on aura aucun mal à le remonter. Enfin… Il faudra quand même un brancard.
— Effectivement, c'est une sacrée trouvaille. Le maître sera fier de nous et va peut-être nous promouvoir à un meilleur poste. J'en ai marre de descendre dans ces cavernes à la recherche de cobaye.
— Allez, aide-moi. On s'occupe de lui et on le remonte. ≫
Hundwiin perdit connaissance, incapable de comprendre ce qu'il se passait. Son dernier regard se porta sur deux figures floues en blouse de cuir blanc qui essayaient de le porter.

* * * * *

     ≪ Mais qu’est-ce que vous faisiez ? Pourquoi cela a mis autant de temps pour ... ?
— Eh bien, Madame .... , .... une déconvenue.
— Quel genre de déconvenue ?
— Il y a eu une.... Mais ne vous inquiétez pas, .... A l’heure qu’il est, ....
— ... les portes.
— Mais Madame, ....
— Est-ce que j’ai demandé ton avis ? Dois-je te .... la dernière fois que tu m’as désobéi ? Ici bas, on ne peut .... apparence. As-tu inspc.... ? Es-tu resté long.... ? As-tu véri.... quelqu'un d'autre ?
— ....
— Non. Bien entendu. Je me demande .... vous deux.
— Je suis ....
— Va refermer les portes .... ≫
     Hundwiin avait repris conscience à moitié, Il avait été traîné sur ce qui semblait être un brancard. Il avait l'air d'être attaché et sous un drap. Il avait entendu une nouvelle voix, elle semblait être féminine, quant à l'autre, elle avait l'air d'être l'une de celle qui l'avait apporté ici mais il n'en était pas sur. Sa tête le faisait souffrir, il perdit connaissance à nouveau espérant mourir une bonne fois pour toute afin de quitter cet état lamentable.

* * * * *

     ≪ Quel état lamentable quand même, un si beau spécimen de Draconien, en plus il porte des ailes, forcément quelqu'un de la haute. Il est en état de choc, fortement dénutri. Rien qu'un cocktail de ma fabrication ne puisse pas réparer, mais je ferai mieux de prendre mes précautions avant de le remettre en état. Il serait dangereux qu'il reprenne trop de force et puisse se libérer. Et une telle créature, maître Sebastide serai ravi et cela l'aidera surement beaucoup. Ne perdons pas de temps et commençons les soins dès maintenant. Mon beau Draconien, vous allez goûter à un de mes filtres. Ils pourraient réinsuffler la vie à un cadavre. Mais pas trop. Pas trop. ≫
     La voix féminine dirigea le brancard vers le fond de la pièce et sortit des sangles plus puissantes afin de s'assurer que le draconien ne bouge pas. Elle injecta ensuite quelque chose dans le corps.
     ≪ Ces deux boulets ne vont jamais réussir à retenir cette vieille femme, je vais devoir te laisser mon beau, je reviendrai à toi après pour te conduire à monsieur Hordefeu. Tu vas lui être très utile. ≫

     La voix féminine était partie. Hundwiin reprenait petit à petit connaissance. Où était-il ? Il distinguait vaguement de la lumière et des formes sous le drap. Il sentait une perfusion dans son bras, elle devait l'alimenter et c'est elle qui lui avait redonné des forces. Tout espoir n'était peut-être pas perdu, il allait peut-être encore pouvoir tenir sa promesse. Pour autant, il était solidement attaché et dans un lieu inconnu où on ne lui voulait pas du bien. Il devait trouver un moyen de s'enfuir de là, mais comment, les sangles qui le maintenaient étaient très solides et malgré les forces qu'il récupérait, il était incapable de bouger. La femme avait dû lui injecter une sorte de paralysant.
     Soudain, un bruit assourdissant se fit entendre, de quoi pouvait-il bien s'agir ? Avait-ce un rapport avec ce qu'avait évoqué cette femme ? Y avait-il quelqu'un qui attaquait cet endroit ? Dans ce cas, cette personne pourrait peut-être l'aider.
« Modifié: mardi 12 novembre 2019, 10:49:16 par Chompir »
Merci à Haine et Jielash pour le kit <3

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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2
« Réponse #89 le: vendredi 08 novembre 2019, 08:12:07 »
Syl
6 jours avant la fin
???
Relève

    Il n'y avait pas un bruit autour de moi. Pas de respiration. Pas de bruissement de tissu. Pas de bruit sourd. Le silence. Complet et absolu. J'ouvris les yeux. Tout était sombre. Quelques petits éclats de lumière flottaient dans les airs. Comme des petites flammèches. J'avais la bouche pâteuse, la gorge sèche. Sûrement un contre-coup de la toxine. J'avais été particulièrement imprudente, j'aurai facilement pu me protéger de ce carreau...
    Mon épaule. Je n'avais pas mal. Même pas une gêne. Rien. Etais-je encore sous l'effet anesthésiant ? Non. Je pouvais sentir mes poings se serrer et mes ongles appuyer sur ma peau. Que s'était-il passé ?
    J'avais encore du mal à me concentrer. Les idées s'enchaînaient sans que je puisse les saisir. N'entendant toujours rien, j'entrepris de m'asseoir. Je réussis sans difficulté. La tête me tournait, mais c'était supportable. Je jetais un coup d'oeil à mon épaule. Dans la pénombre, je ne vis rien. J'entrepris donc de la palper prudemment avec mon autre main. Rien. Pas la trace d'une blessure. Pas de trou dans le tissu. Mais. Comment ?
    Je regardais autour de moi. Des ténèbres. A perte de vue. Et autour de moi, en suspension, une multitude de petits éclats dorés. La lumière partait d'eux, douce, chaleureuse, pulsant lentement au gré de leur farandole. Je connaissais cette endroit. Je. Non. Impossible. L'angoisse me prit à la gorge tandis que j'appréhendais doucement la douloureuse vérité. Le Sceau avait explosé.
    — Tu te réveilles enfin fillette.
    La voix, grave, posée, aux résonnances gutturales provenait de derrière moi. Je n'avais pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s'agissait. Le démon. Thargraktrug. Ma tête me faisait souffrir, il n'était pas encore envisageable de me lever. J'entrepris maladroitement de me retourner. Le mouvement ne fut pas simple, mais je voulais au moins le voir et lui faire face.
    Je devinais sa haute stature dans la pénombre. Les grandes ailes membraneuses repliées dans son dos et les deux cornes torsadées qui émergeaient de son front donnaient à sa silhouette une forme étrange. Il se tenait bien droit, les bras croisés sur la poitrine. Ses yeux de feu étaient posés sur moi et brillaient d'un éclat amusé.
    — Ne fais pas cette grimace fillette. Tu sais comme moi que ça finirait par arriver.
    — Je... Je ne peux... m'entendis-je cafouiller.
    La bouche pâteuse, j'avais du mal à parler et articuler. Son petit rire stoppa ma tentative. Il fit quelques pas dans ma direction avant de s'arrêter à ma hauteur. Je n'essayais même pas de bouger, je savais que j'en étais incapable. Il s'accroupit alors pour se mettre à ma hauteur avant de saisir délicatement mon menton de ses longs doigts fins. Le contact était chaud et je pouvais sentir toute la puissance qu'ils contenaient, me faisant frissonner. Quoiqu'il envisageait de faire, je ne pouvais l'en empêcher.
    Je me surpris à le dévisager. Depuis tout ce temps ensemble, c'était la première fois que je pouvais le voir d'aussi près. Son visage, fin, était plutôt charmant, si ce n'est les deux longues cornes torsadées qui émergeaient de son front. Des petites dents pointues dépassaient sur ses lèvres trop sombres pour appartenir à un humain. Ses pommettes, saillantes, lui donnaient un air enjoué, appuyé par la flamme dansant dans ses yeux complètement noirs.
    — Regarde dans l'état où tu es fillette. Tu luttes depuis si longtemps. Forcément, tu es épuisée.
    Son sourire s'étira.
    — Repose-toi fillette. Je m'occupe de tout.
    — Non je...
    Ma faible protestation se perdit dans l'obscurité. Il avait disparu.


???
6 jours avant la fin
Laboratoire de Sébastide
Nouveaux alliés


    — Vieille femme, aide-moi à me relever.
    La voix de la magicienne avait prit des teintes plus graves et gutturales.
    — Que le ciel soit loué ! Syl, vous êtes réveillée.
    — Elle est encore loin d'être réveillée. La fillette ne peut pas résister à la dose de cheval que cette femme nous a administrée. J'ai déjà eu du mal à m'en réveiller sans ton coup de pouce.
    — Si vous n'êtes pas Syl, qui êtes-vous ?
    — Ce serait trop long à t'expliquer et j'en ai pas spécialement envie. Retiens que je suis un hôte clandestin de la fillette et que pour l'instant il n'y a que moi qui puisse t'aider.
    — Vous êtes un ami de Syl, j'imagine.
    — "Ami" n'est pas le terme adéquat non. Utilisons dans un premier temps celui d'"allié". Cela répond ainsi à la question que je devine, à savoir si tu peux me faire confiance. Dans un premier temps, il le faudra bien.
    — Dans ce cas, je vais faire avec.
    — Que tout cela est adorable. Donc si tu pouvais te rendre utile maintenant que tu m'as mis dans la case des gentils, je t'ai demandé tout à l'heure de m'aider à me relever. Il va me falloir encore quelques minutes pour que j'élimine assez de poison pour prendre correctement le contrôle de son corps.
    Cheiralba s'aida de ses différents bras pour remettre sur pied le corps de Syl. L'équilibre était précaire, les mouvements encore hésitants, mais il tenait debout. Les premiers pas ne furent pas faciles, mais rapidement, Thargraktrug pris de l'assurance dans la manipulation de ce corps. Une fois ses gestes devenus fluides, il désactiva avec un petit sourire le charme sur l'apparence de la jeune femme. Ses cheveux retrouvèrent leur apparence flamboyante. Il fit ensuite rouler son épaule fraîchement recousue, ce qui lui arracha une légère grimace. Néanmoins, son léger sourire ne le quitta pas : le travail était propre et le résultat lui convenait grandement.
    Il se retourna pour faire face à la vieille femme, qui s'était approchée. Cette dernière avait raccommodé ses vêtements, laissant apparaître deux paires de bras supplémentaires ainsi qu'un étrange appendice. Un de ses bras était tenu en écharpe, sûrement une séquelle de son combat contre la femme à l'arbalète. Le démon haussa un sourcil en détaillant l'apparence de Cheiralba, mais ne fit aucun commentaire sur cette dernière.
    — Vous avez l'air de bien vous remettre du poison, et ce, bien plus vite qu'escompté. Par ailleurs, vous devriez ménager votre épaule : je n'ai fait que des premiers soins rapides, la blessures pourrait se réouvrir après un mouvement trop brusque ou trop extrême.
    — Ca ira vieille femme. Allons-y si tu veux sauver ton amie elfe.
    Sur ces mots, le démon se retourna et se mit en route. La pièce n'avait que deux entrées, en éliminant celle par laquelle ils étaient arrivés, le chemin à prendre était tout tracé.
    Ils arrivèrent très vite dans une autre salle semblable à la précédente. Petite, elle était vide excepté le brancard laissé au milieu. Solidement attaché sur ce dernier était étendue une créature aux écailles sombres. Deux cornes rouges brillantes dépassaient de son front. Il avait tourné la tête dans la direction des nouveaux arrivants et les fixait de ses yeux rouges rubis. Un draconien.
    — Je... Aidez-moi... S'il vous plaît. demanda-t-il d'une voix faible.
    Le démon leva les yeux au ciel, complètement indifférent à la détresse du draconien. Cheiralba, quand à elle, s'était déjà approchée et examinait le corps de la créature de ses nombreux doigts agiles.
    — Nous n'avons pas le temps de nous occuper de lui vieille femme. Surtout si tu veux sauver ton amie elfe.
    — Cela ne prendra que quelques instants. Il n'est pas blessé, juste fatigué et retenu par ces sangles.
    Sur ces mots, Cheiralba entreprit de détacher les liens enserrant le draconien. Le démon n'attendit pas et se détourna de la scène. Si la vieille femme souhaitait s'occuper de toutes les créatures retenues ici, elle n'était pas prête de rejoindre l'elfe. Cette pensée lui arracha un sourire tandis qu'il s'engageait dans le couloir suivant. Il entendait des bribes de la conversation derrière lui mais ne prêta pas attention aux quelques mots qu'ils s'échangèrent.
    Devant lui s'étendaient de chaque côté du couloir des cellules fermées par d'épais barreaux métalliques. Si beaucoup étaient vides, certaines renfermaient des créatures plus ou moins identifiables et surtout, plus ou moins vivaces. Des gémissements se faisaient régulièrement entendre.
    Thargraktrug avançait lentendement, regardant avec curiosité des deux côtés. Si la plupart des occupants étaient prostrés et semblaient complètement amorphes, certains montraient des signes de peur à son passage, se tapissant au plus profond de leur cellule. Derrière lui, des pas se faisaient entendre : ceux légers de la vieille femme et ceux, plus lourds et plus patauds, de son nouvel ami draconien.
    — Mademoiselle !
    Une naine, le visage appuyé contre les barreaux, venait de l'interpeller. Contrairement à tous les autres prisonniers, elle semblait vive, volontaire et en plutôt bon état. Et surtout, c'était la seule qui s'était avancée en entendant des bruits de pas.
    — Je sais que vous ne faites pas partie des geôliers. Auriez-vous l'amabilité de me sortir de ce trou puant ?
    Le ton était sec et déterminé, appuyé par l'accent cassant du peuple nain. Le démon se plaça face à elle, la jaugeant du regard. De corpulence habituelle pour sa race, elle présentait également une musculature apparente et bien dessinée. Elle tenait fermement les barreaux, cachant une partie de son visage de ses poings. Des mèches rouges en pagaille chutaient sur son large front. Son large nez, ostensiblement cassé en son milieu émergeait de son visage. Elle fixait également le démon de ses yeux émeraude, ne montrant aucun signe de recul lorsque leurs regards s'attrapèrent.
    Ils se fixèrent quelques instants avant que Thargraktrug ne secoue la tête en soupirant. Cheiralba et le draconien étaient presque arrivés à sa hauteur. Le démon haussa malgré tout la voix afin d'être sûr d'être entendu par la femme araignée :
    — La vieille femme voudra te sauver aussi, pour sûr. Ecarte-toi !
    Sur ces mots, il tendit simplement son index, libérant un trait d'énergie en direction de la serrure. La naine n'eut que le temps de faire un bond en arrière pour éviter la déflagration. Le verrou explosa, laissant s'ouvrir doucement la porte en un petit grincement.
    Le démon se tourna alors vers Cheiralba, un sourire carnassier sur le visage :
    — Et voilà vieille femme. Une personne de plus de sauvée. Espérons que notre joyeuse compagnie arrive à temps pour sauver ton amie elfe.

Fiertés ?
It seems like we're fighting each other. But we both know that we're fighting against ourselves. - The Edge

Bêtatesteuse en chef des logiciels météo