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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2

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Cap:
Aïe aïe aïe je suis lancée :oups:


Syl
7 jours avant la fin
Souterrains
Complots et mystères dans les ombres du Cercle

    Tu es sûre que c'est une bonne idée fillette ?
    Je soupirai. Non ce n'était pas une bonne idée. Mais il n'y avait pas d'autres moyens pour tirer les choses au clair.
    Je m'arrêtai un instant, écoutant le bruit autour de moi. Le rendez-vous était fixé dans les profondeurs du réseau de cavernes près de la Faille. Les monstres étaient certes peu nombreux, mais malgré tout existants. Et puis, l'Inquisition rôdait toujours.
    Il n'y avait pas un bruit. Je n'avais croisé personne depuis que j'avais commencé à m'enfoncer dans les boyaux souterrains, et je commençais à douter du lieu et de la date du rendez-vous.

    Le lieu indiqué par le mage elfe était désert.
    - Peste ! crachais-je.
    Sur le mur fillette.
    Je me tournai vers l'emplacement indiqué par Thargraktrug. Maintenant qu'il l'avait pointé, effectivement, je devinais la discrète rune appliquée sur la pierre. N'importe qui de non averti serait passé à côté. Je m'approchai, et posai ma main au centre du cercle. Le tracé s'illumina doucement. Je chuchotai les quelques mots que m'avait indiqués Aklebath.
Pour que toujours la magie ait la place qui lui revient de droit...
    Le mur devant moi s'effaça, montrant un nouveau couloir. Je m'y engageais. À peine l'entrée franchie, les pierres reprirent leur place derrière moi, fermant tout passage.
    Je fis quelques pas qu'une voix forte s'éleva.
    - Plus un mouvement jeune fille !
    Je m'immobilisai. Je ne savais pas d'où venait ces quelques mots. Je ne voyais personne devant moi, il ne pouvait y avoir personne derrière moi. À moins que l'homme ne soit couvert pas une illusion.
    Alors que j'allais prendre la parole pour me présenter, je sentis l'air vibrer autour de moi. Je me mordis la lèvre. Ils voulaient s'assurer que je ne dissimulais rien. Sauf que mon déguisement ne devait pas tomber ! Je ne pouvais...
    Ne t'inquiète pas fillette, je m'en occupe.
    Je me rassènai quelque peu. La magie démoniaque fonctionnait différemment de la notre, elle ne serait sûrement pas détectée, et encore moins contrée.
    L'inspection magique dura une vingtaine de secondes. Puis l'air s'arrêta de vibrer, aussi rapidement qu'il avait commencé. Un homme apparut alors devant moi, un arbalète au poing. Un simple sort d'invisibilité ! Il n'était pas très grand, mais il dégageait de lui une assurance à toute épreuve. Ses yeux verts me fixaient d'un regard perçant.
    - Ton aura est étrange jeune fille...
    Je ne détournai pas les yeux.
    - L'influence de la Faille sans doute.
    Il haussa les épaules, visiblement moyennement convaincu par ce que je venais de dire. Néanmoins, il ne posa pas plus de questions. Il devait avoir une confiance aveugle dans son sortilège.
    - Allez, hâte-toi si tu ne veux pas manquer le discours d'Alkebath.
    Je ne me le fis pas dire deux fois, et continuai ma route.

    Le couloir débouchait dans une petite salle circulaire plongée dans l'obscurité. Un rapide coup d'oeil révéla qu'elle était bien remplie. Les mages discutaient par petits groupes, à voix basse. Mais impossible d'estimer leur nombre à cause de la pénombre. Je n'eus pas le temps de déambuler et de commencer à me mêler à eux. Alkebath apparu. Il était juché en hauteur sur un rocher, et un léger sort projetait de la lumière sur lui. L'assemblée se tut immédiatement.
    L'elfe parcourait l'assemblée du regard, savourant le silence qu'avait provoquée son entrée. Puis il prit la parole d'une voix forte :
    - Bonsoir mes frères et mes soeurs, et merci à tous pour votre présence. Si je vous ai tous réunis ici, c'est pour vous présenter, enfin, le plan que j'ai établis pour nous faire accéder à la place qui nous revient de droit !
Depuis toujours, les mages sont présents dans l'ombre des royaumes. Ils chuchotent aux rois les mesures à adopter. Ils gagnent des batailles d'un simple sort. Ils agissent dans l'ombre pour assurer la stabilité et la pérennité du gouvernement. Mais jamais, au grand jamais, leur place, et leur rôle n'a été reconnu ! Officiellement, les mages sont les sages gardiens du savoir, relégués dans leur académie.
Mais aujourd'hui, les mages, nous, sommes accusés de tous les maux ! Cette Faille, si elle s'est ouverte, c'est de notre faute ! Ce sont les mages qui ont tenté une énième expérience qui a échouée. SI Miderlyr est tombée, c'est de la faute des mages, qui ont ouvert ce fossé béant, duquel en sort des aberrations toutes plus horribles les unes que les autres. Et ces incapables ont échoué et à la refermer, et à protéger Miderlyr. Il ne reste plus rien à attendre d'eux...
Et bien le peuple se trompe ! Nous sommes là, plus forts, plus soudés que jamais ! Nous allons leur montrer de quoi sont capables les mages les plus puissants de la ville. De quoi nous sommes capables ! Rien ne peut résister à notre magie combinée, et nous allons leur montrer !
    Il se tut quelques instants, laissant à l'audience le temps de digérer ses mots. Puis il reprit, galvanisé par son discours :
    - Je vous propose un rituel. Un rituel sans précédent. Un rituel qui nous permettra de prendre le contrôle de Miderlyr. Unissons-nous, invoquons leurs pires cauchemars, laissons croire qu'ils se sont échappés de la Faille. Faisons les attaquer les croisés. Laissons pense que tout espoir est perdu pour le peuple. Puis nous apparaîtront, nous, les mages déchus. Et nous les arrêterons. Nous serons élevés en héros par les simples gens. Et nous pourrons alors prendre la place qui nous revient de droit.
    Il s'arrêta. Le public était songeur. Le flottement dura de longues secondes. Alkebath se tenait bien droit, les bras croisés sur son torse. Il portait à l'audience un regard hautain et amusé.
    Un demi-elfe prit la parole. Ses cheveux argentés tombaient négligemment sur ses épaules. Il portait une robe d'érudit bleue aux reflets de glace. Son aura était impressionnante.
    C'est son anneau fillette.
    J'ignorais les mots du démon pour me concentrer sur les siens.
    - Et c'est tout Alkebath ? Tu ne nous en dit pas plus ? Pas quoi, pas où pas quand ? C'est un peu léger comme plan, nan ? Ou alors, tu ne nous fais pas assez confiance pour nous en dire plus ?
    - Voyons Aryn, répondit l'elfe d'une voix douce. Tu sais comme moi comme l'information est importante. Si par malheur l'un d'entre nous tombait entre les mains de l'inquisition, moins il en sait, mieux c'est pour nous. Et puis, j'ai encore quelques points à régler, et des personnes à contacter.
    Alkebath ne laissa pas le demi-elfe répondre. Il continua d'une voix forte, cette fois destinée à toute l'assemblée
    - Aryn soulève néanmoins un point important. Je dois pouvoir vous contacter rapidement et de façon sûre. Si tout se passe bien, nous nous réunirons dans quelques jours, et nous procéderons au rituel à ce moment là. En attendant, je vous laisse vous emparer des bagues de communications que j'ai préparé.
    Un des hommes au pied du rocher ouvrit la caisse qui se trouvait à côté. Elle était remplie de petits anneaux argentés. Une pierre ronde était scellée sur le dessus. Cette dernière servirait d'affichage du lieu et de l'heure du prochain rendez-vous.
    J'attendis un peu que la foule se disperse pour m'approcher m'emparer de la mienne. L'objet était très simple, clairement de mauvaise qualité. Mais le sortilège était habillement dissimulé. Plus qu'à la glisser à mon doigt et...
    Je ne ferai pas ça si j'étais toi fillette.
    D'une impulsion mentale, je demandai à Thargraktrug de continuer.
    Il y a quelque chose de louche avec ce sortilège. Mais impossible de savoir quoi tant qu'il ne se sera pas activé...
    La voix du démon n'avait pas son air amusé habituel. Il y avait vraiment quelque chose (ou il voulait me le faire croire). Néanmoins, je choisi de lui faire confiance. Je glissai le bijou dans ma poche.
    N'étant plus pressés par leurs camarades, les mages autour de moi prennaient également un peu de temps pour observer la bague. Si beaucoup la passaient au doigt et partaient rejoindre leurs collègues, certains la faisait discrètement disparaître dans leur poche. Ils étaient rares, mais néanmoins présents. Mon regard croisa celui d'Aryn qui, comme moi, observait ses comparses, les mains dans les poches. Ses yeux bleus me fixèrent intensément. Je frissonnai avant de détourner le regard.
    Ne restons pas là fillette. Partons !
    Je m'éloignai rapidement. La salle s'était quelque peu dépeuplée, mais de nombreux petits groupes discutaient encore ensemble. Sans surprise, Alkebath avait disparu. Je secouai la tête. Plus rien ne me retenait ici, il était temps de quitter les lieux !

Yorick26:
Ptite joueuse ?


Cheiralba
Vétéran
Jour 7 avant la fin
Souterrains
Intrigue indéterminée
La trace était ténue, mais elle était bien là, sous ses yeux. Une autre victime qui vociférait et portait sa marque.

≪ Arrachez-le-moi ! Je vous en supplie. Enlevez-le-moi. Enlevez-moi ça. Je… Ah. Ca fait mal.
— Je vais faire ce que je peux. Tâchons tout d'abord de te soulager. ≫

Les mots de Cheiralba n'avaient aucun effet. Le jeune homme, ou plutôt ce qu'il en restait, gesticulait et criait sur la planche de fer qui lui servait de lit de soins. Il devait n'avoir qu'une quinzaine d'année. La femme araignée avait l'impression de l'avoir déjà vu auparavant. Ce n'était alors qu'un enfant avant la fracture. Aujourd'hui, il aurait toujours dû n'être qu'un enfant, au lieu de ça, c'était plutôt quelque chose de difforme. D'un de ses membres elle se saisit d'une paire de ciseaux et commença à découper les vêtements de son patient. Il portait une simple robe de bure dont la couleur d'origine restait à déterminer. Le passage de cette dernière à travers les égouts de Midelyr l'avait teinté de marron et de noir. Le tissu était épais si bien qu'elle eu du mal à mettre à nu la poitrine du jeune homme. Et c'était sans compter les mouvements frénétiques de ce dernier qui menaçaient à chaque instant de se faire blesser par l'instrument de Cheiralba.
Une fois sa première tâche accomplie, la soigneuse improvisée pu se rendre compte des abjectes expérimentations qui avaient été réalisées sur ce jeune homme. Le tissu ample avait jusque là masqué l'aspect déformé de son bras gauche. Une couche kératineuse le recouvrait complètement jusqu'à sa poitrine émaciée par l'effort et la dénutrition, remontant même sur le bas de la gorge. On aurait pu croire que son membre était recouvert d'écaille, si des lueurs légèrement orangées ne se déplaçaient pas sous l'épaisseur vitrifiée de la peau. Une entité se trouvait dans se bras et semblait lui ronger les chairs lui provoquant cette douleur insupportable responsable de sa folie.

 ≪ J'aurais besoin que tu ne bouges pas pendant quelques secondes. Je suis moi-même quelqu'un qui n'est plus tout à fait humain, j'ai tâché d'en tirer parti. Je peux grâce à ça injecter grâce à mon dard un puissant anesthésiant. Tu ne sentiras plus la douleur, ni ton bras. Après nous discuterons.
— Faîtes vite. Je m'en fiche de savoir ce que vous allez me faire. Je ne veux plus souffrir.
— Très bien. Ferme les yeux. ≫

Étrangement, le jeune homme s'exécuta. Resserrant contre lui son bras valide, il attendit quelque chose. S'il avait gardé les yeux ouverts, il aurait alors vu Cheiralba retirer un pan de sa robe pour en dévoiler son appendice caudal terminé par un dard. Elle se retourna pour planter ce dernier à hauteur de l'épaule où se trouvait le plexus brachial. La peau s'était partiellement rigidifiée et la femme ne s'était pas attendu à autant de résistance. Néanmoins, l'aiguillon perfora la couche kératineuse et injecta son venin. Son patient ne s'endormirait pas tout de suite. Elle voulait discuter d'abord avec lui, mais il ne pourrait plus bouger le bras et comme promis, il n'aurait plus mal.
Les traits du jeune homme se relâchèrent et ce dernier se calma un peu. Assez pour oser ouvrir les yeux quelques secondes plus tard et observer enfin la vieille femme qui l'avait soigné et qui fermait un bouton de sa robe.

 ≪ Ca va mieux ?
— Qu'est-ce que vous m'avez fait ?
— Je croyais que tu t'en fichais. Comme je te l'ai déjà dit, je t'ai injecté un simple anesthésiant. Il ne durera que quelques heures. Le temps pour moi de trouver des alternatives ou des solutions à ton problème. Quel est ton nom ?
— Luxien.
— Très bien, Luxien. Pour comprendre ce que tu as et savoir comment te l'enlever. J'ai besoin que tu répondes à plusieurs questions. Tout d'abord, qui t'a fait ça ? ≫

Cela faisait maintenant deux ans qu'elle avait ouvert cet espèce d'hospice. La Fracture lui avait tout pris. Alors qu'elle recherchait l'assassin de la fille d'une grande famille marchande, elle avait commencé son enquête dans la Basse-Ville dans une zone qui ne fut pas touché. Très rapidement l'inquisition eut vent des particularités de la Dame Blanche et tout de suite son sort fut scellé. Elle était vouée à être tuée pour sorcellerie. Ce n'était évidemment pas le cas, mais un simple regard un petit peu curieux aurait confirmé à tous qu'elle était pire que ça. La vérité n'avait pas eu le temps d'éclater que sa famille qui l'avait adopté, avait été exécutée pour l'avoir protégée. Peut-être avaient-ils gardé le silence. Peut-être l'avaient-ils dénoncé sans pouvoir dire cependant où elle se trouvait. Pour l'inquisition, ils étaient complices et c'était bien suffisant. D'autres avaient été exécutés pour moins que ça. Désormais, elle était alors seule.
Elle avait commencé à haïr la Zandriarchie et bientôt elle rejoint un groupe de rebelles. Ce ne fut pas une approche directe. Elle les avait d'abord observé de loin, épiant grâce à ses sens développant leur mode de fonctionnement. Elle s'était rapprochée d'un certain Docteur Malassius. Il opérait dans un souterrain de la ville et avait ouvert une espèce d'hôpital. Tout le monde y avait accès si tant est que l'on en connaisse l'existence et que l'on jure de la garder secrète. Sur plusieurs années, l'hôpital avait recueilli toute sorte de gens : traque-faille, cherche-fortune, résistants. Le secret fut de nombreuses fois répandu, l'hôpital fut déplacé à de nombreuses reprises. La première fois, Cheiralba avait pu les avertir en s'aidant de ses sens développés et prévenir une fouille des lieux compromettantes. Depuis, elle avait rejoint les bénévoles. Le Docteur Malassius lui avait appris beaucoup de choses et elle avait vite appris. Il était un bon professeur et, elle, une parfaite élève.

L'année dernière, son mentor était mort d'une fièvre qui avait emporté tous les patients.  ≪ Ce sont les risques du métier. ≫ avait-il déclaré le front dégoulinant de sueur. Il  avait essayé de sourire pour rassurer son acolyte, mais la douleur et les quintes de toux qui l'assayaient ne lui permirent pas. Elle ne devait son salut qu'à sa nature chimérique. Elle n'avait pas contracté la maladie et avait pris le relais des opérations. Elle avait continué sa formation en essuyant de nombreux échecs. Peu des personnes qui faisaient appel à leur service étaient sauvables. Mais son venin était d'un incroyable réconfort. Bien dosé, il pouvait faire disparaître les petites douleurs localement. Bien dosé, il pouvait vous endormir à tout jamais. Un outil particulièrement précieux qu'elle avait perfectionné toute une année durant.
Elle avait également appris à écouter. Elle ne pouvait pas se montrer en plein jour et n'avait pas l'occasion de savoir ce qu'il se passait à la Surface. Elle ne pouvait pas s'éloigner de l'hospice trop longtemps ou trop loin. Trop de gens pouvaient avoir besoin d'eux, d'elle particulièrement, à tout moment.   

≪ Un vieux fou. Je ne sais pas qui. Vous pouvez me soigner ?
— Il me faut plus d'informations. Qui était-il ? Où était-ce ? Vous êtes venus ici par vos propres moyens, je le sais.
— Je ne sais pas. Je ne me souviens plus. Vous pouvez me soigner ? Vous pouvez me rendre mon bras ? ≫

Cheiralba devait peser ses mots. Malgré l'anesthésie, il était encore sous le choc. Lui dire la vérité, à savoir que son bras était irrécupérable, ne ferait que le bloquer. Elle perdrait une monnaie d'échange précieuse : l'espoir que tout redevienne comme avant. Si elle disait qu'elle pouvait le soigner, et ainsi lui mentir, il ne ferait plus aucun effort en attendant de pouvoir récupérer son membre. Lorsqu'il se rendrait compte qu'il n'en était rien, la trahison lui clouerait le bec. Elle devait plutôt être prudente et ne pas lui donner trop de faux espoirs… seulement en laisser quelques uns en essayant de faire bonnes figures.

 ≪ Je vais essayer, mais je ne vous promets pas de réussir complètement ou d'y arriver du premier coup. Je vous promets au moins d'essayer. Cela vous convient, Luxien ?
— Je vous en supplie.
— Souvenez-vous de ce qu'il vous a fait pour que votre bras devienne comme ça ?
— Non. Je crois que je ne préfère pas me souvenir. Je crois également que je me suis évanoui à plusieurs reprises. C'est comme dans un rêve. On passe d'une étape à l'autre sans transition. On était en train de chercher des reliques ou quoi que ce soit qui se vendent près de la faille. L'instant d'après on m'enfonce une tige dans le bras et j'hurle de douleur. Un moment encore plus tard je me réveille comme ça. Je tente de m'échapper et je cours dans la ville souterraine. Quelqu'un m'attrape et puis je suis ici.
— On vous a donc enfoncé quelque chose dans le bras. Les souvenirs vous reviennent. C'est bon signe. On va pouvoir en apprendre d'avantage sur ce qu'il vous a fait et ainsi réussir peut-être à vous guérir.
— Je ne veux pas me souvenir.
— Mais vous voulez guérir.
— Oui… ≫

Luxien n'avait pas le choix. Il le savait et, surtout, la femme araignée le savait également. Il existe des traumatismes qu'on n'arrive pas à se souvenir, d'autres qu'on ne veut pas retrouver. Il n'y avait ni dans l'un, ni dans l'autre aucune honte à ça. Cheiralba ne se souvenait pas de sa naissance comme tout un chacun. Ou plutôt de sa création dans son cas. Elle savait juste ce qu'on lui avait répété et on lui avait peu répété. Le secret ne devait pas s'ébruiter alors on lui avait rapidement dévoilé le strict minimum dès qu'elle fut en âge de comprendre. Depuis, les années passant ont fait le reste effaçant ici et là des détails qui en ce jour auraient pu se révéler bien utile. Peut-être lui avait-on dit ce qu'était devenu Sébastide. Peut-être avait-elle oublié, mais elle avait beau cherché dans sa mémoire, aucune information ne lui revenait. Luxien, lui, refusait de se souvenir. Se souvenir était souffrir à nouveau et tous les analgésiques de Cheiralba n'y feraient rien. Mais Cheiralba lui imposait un ultimatum : ne pas se souvenir ou guérir. Avait-il saisi la nuance intéressée de cette négociation implicite ? Pas nécessairement, mais il réfléchissait aussi vite que ses neurones le lui permettaient endoloris par la substance injectée par sa soigneuse. Il n'avait pas le choix et la femme aux cheveux immaculés lui laissait le temps de la réflexion et de l'acceptation.

 ≪ Je comprends que ce soit douloureux. Essayons autre chose, vous le voulez bien Luxien ? Parlez-moi plutôt du chemin qui vous a mené jusqu'ici. Laissons de côté les atroces souffrances qu'on vous a faite. Avez-vous remarqué un élément particulier sur votre route qui me permette de remonter à celui qui vous a fait ça et vous venger. ≫

C'était la première fois qu'elle lui parlait ouvertement de vengeance. Peut-être que l'idée que son tortionnaire ne lui ait pas fait ça impunément le motiverait un peu plus à fouiller dans ses souvenirs. Elle préférait cependant rester vague dans ses déclarations. Ses objectifs n'appartenaient à qu'à elle et personne d'autre.

 ≪ Je ne vous demanderai pas quelles directions vous avez prises. Ce serait être trop gourmande. Il me suffit d'un détail, d'une piste.
— Ce n'était que des tuyaux. Ils se ressemblaient tous.
— Etaient-ils en cours d'utilisation ? Vous souvenez-vous d'avoir marcher dans l'eau ?
— Je me souviens que oui. En tout cas sur la fin. J'avais plus de mal à marcher, surtout quand… surtout après qu'elle m'ait trouvé. Au sortir du… de là où je venais, les murs étaient plus usés et plus secs, comme oubliés. Après, mes mains glissaient sur les parois humidifiées et mes pas étaient plus lourds et plus pénibles. Je dus rapidement m'épuiser car c'est lorsque je suis tombé dans les eaux d'évacuation qu'elle m'a trouvé. Le bruit l'avait peut-être alertée. Je ne sais pas. ≫

Les indications étaient déraisonnablement imprécises, mais cela lui donnait une indication précieuse. Ainsi, Sébastide Hordefeu se tairait dans les anciens égouts de la ville. Sa recherche se résumait encore à une aiguille dans une botte de foin, mais la botte de foin venait de passer de gigantesque à plus ou moins grande. Une grande partie était inexplorée et à la connaissance de Cheiralba, il n'existait aucune carte des lieux. Pour autant, la femme araignée avait tissé sa toile dans les égouts de la ville si bien qu'elle connaissait parfaitement les environs entourant chacun des centres de soin qu'elle avait ouvert jusqu'à maintenant. Ses fils de soie, invisible pour l'oeil humain, discret pour un elfe, lui servaient d'alarme contre les intrus, mais également de repères géographiques.

 ≪ Qu'en est-il de cette femme qui vous a aidé ? Vous la connaissez ?
— Je ne l'avais jamais vue. Elle sentait plus les égouts que les égouts eux-même. Elle était dépenaillée. Une de mes semblables en somme. Elle était grande, les cheveux blancs ou gris, sauf qu'elle n'était pas vieille comme vous. Plutôt jeune, les oreilles pointues. Elle devait avoir du sang d'elfe qui lui coulait dans les veines. Mais on trouve de tellement de choses étranges près de la faille que je ne peux pas vous le certifier.
— Près de la faille ?
— Je pense. Lorsqu'elle m'aida à me relever, un courant d'air… enfin, je veux dire, qu'il y avait un courant d'air que j'avais presque trouvé salutaire me libérant pendant quelques instants de l'odeur de ma sauveuse. Je ne devrais pas dire ça, après tout elle m'a sauvé la vie et c'est bien ingrat de parler d'elle en ses termes.
— Elle n'en saura rien. ≫

Voilà que l'étau se resserrait. Cheiralba savait de quelle direction il venait grâce à ses fils, que son tortionnaire se trouvait dans les anciens égouts de la ville et que Luxien était passé près d'une embouchure près de la faille où il avait été ramassé par une elfe à l'aspect négligé qui, de toute évidence, connaissait sa cachette et les soins qui étaient prodigués. Une petite discussion ne serait pas de refus.

 ≪ Ne t'inquiète pas. Elle n'en saura rien. Tu dois être exténué, je vais t'aider à te reposer. Si j'ai besoin de t'opérer, il faut que tu reprennes des forces. Endors-toi. ≫

Faisant mine de poser sur lui une couverture, elle en profita pour injecter une nouvelle dose d'anesthésiant dans le bras déjà insensibilisé de Luxien dont les paupières se fermèrent au bout de quelques secondes. Il ne l'avait pas encore remarqué, mais son avenir était fichu. Alors qu'ils discutaient, la femme araignée avait remarqué que les marques avaient discrètement progressées. Elle avait envisagé de lui amputer le bras, avec de forts doutes que ça suffise. Maintenant, c'était peine perdue. Toute l'épaule était prise et la moitié de la nuque avait été envahie. Il était trop tard. Elle avait pensé à abréger ses souffrances, mais comme à chaque fois, elle ne pouvait pas s'y contraindre sans l'accord de son patient. Il était épuisé, ce n'était pas le moment de lui asséner le coup final avec cette demande. Et puis, elle gardait un infime espoir qu'elle trouve un remède au mal qui le rongeait. Ou un infime espoir qu'il puisse encore se rendre utile. Cheiralba doutait de ses propres intentions. Ne risquait-elle pas de succomber à un désir de vengeance qui lui ferait perdre raison et morale ?

Une fois qu'elle se fut assurée que Luxien était confortablement installé, elle sortit de l'hospice et en scella l'entrée. Et elle se mit en route… ou plutôt en chasse.



Cap:
Petit chapitre histoire de mettre en place des choses :_i _i:


Aarath
7 jours avant la fin
Palais des croisés
Le poids des secrets
    - Tu sens le sang Saltior.
    Le fidèle bras droit de Zarastra se tenait devant moi. L'air satisfait, il empestait le sang. Il était grand, mais je le dépassais d'une bonne tête.
    - Tu es allé interroger notre invité ? continuai-je d'un ton dépassé.
    - Décidément, on ne peut rien cacher à ton odorat Aarath, bougonna-t-il.
    Un mince sourire se dessinait sous sa barbe. Il continua :
    - Laisse-moi passer, je dois aller faire mon rapport à Zarastra.
    - Sans m'en dire un peu plus ? Voyons cher ami...
    Un sourire carnassier éclaira mon visage, tandis que je regardais distraitement les griffes de ma main droite. Saltior ne se laissa pas impressionner et répondit en un éclat de rire.
    - Aha ! Tu ne manques pas d'air. Zarastra t'informera si elle le juge nécessaire. En attendant, retourne donc jouer au chat de garde !
    Sur ces mots, il reprit sa route, passant à côté de moi. Songeur, le regard dans le vide, je méditais sur ses mots. Des informations que j'avais pu avoir, l'orc noire savait beaucoup de choses des résistants. Leur organisation, leur but, leur plan pour faire tomber la croisade. Mais il lui manquait une information capitale : leur emplacement ! Pour que Saltior ait cet air si satisfait, il avait forcément appris quelque chose. Et vu son empressement...
    Je plissai les yeux. Leur emplacement donc. Les prochains jours allaient vraiment être intéressants.

    Perdu dans mes pensées, mes pas m'avaient, par habitude, menés jusqu'à l'aile occupée par l'envoyée. Comme tous les matins, je la rejoignis, et m’enquis de ses occupations de la journée. Elle ne pouvait quitter ses quartiers sans que je ne l'accompagne. Officiellement pour garantir sa sécurité. Officieusement pour surveiller ses faits et gestes. Cette mission m'horripilait, mais j'étais obligé d'obéir.

    L'étrange créature était accoudée à la fenêtre. Elle ne se retourna pas lors de mon entrée dans la pièce. Elle observait la ville vue d'en haut, sûrement absorbée par ses pensées.
    - Salutations Vespérale. Quels sont tes plans pour aujourd'hui ?
    Elle se retourna, vive comme l'air pour poser sur moi ses yeux brillants. Son apparence était déconcertante, mais j'avais depuis longtemps arrêté d'en chercher une logique.
    - Je pense que... je vais comploter avec la résistance aujourd'hui.
    Régulièrement, Vespérale proposait un projet un peu fou. Si au début je réagissais en conséquence (notamment la fois où elle avait dit vouloir assassiner Zarastra), et elle s'en amusait beaucoup, aujourd'hui je tiquai à peine. Néanmoins, et elle le savait, je ne pouvais m'empêcher de répondre à sa provocation.
    - Avec la résistance voyons ça ? Tu as rendez-vous avec eux ?
    Elle eut un petit rire cristallin.
    - J'ai un contact. Ici même.
    - Dommage pour lui, il a atterri dans nos geôles. Et il a parlé.
    Je mis fin à ma phrase brusquement tout en fouettant l'air de ma queue. La réponse avait fusé, immédiate, bravache, et j'avais failli en dire plus. En dire trop.
    La créature ne sembla pas remarquer mon trouble. Elle continua de sa voix chantante :
    - Oh et qu'a-t-il dit ?
    - Rien, répondis-je en haussant les épaules.
    Ses yeux brillants me fixaient intensément. Je maintiens son regard. Après quelques instants, elle se retourna à la fenêtre.
    - Je vais rester tranquille dans mes appartements. Tu peux disposer, je ferai appel à toi si besoin Aarath.
    Un sourire s'étira sur mon visage. Une journée tranquille en perspective.
    - Très bien je te laisse dans ce cas.
    Et sur ces mots, je quittai la pièce, laissant l'homoncule à ses occupations.

Vaati the Wind Mage:
                                                                                           Alaïa
                                                                                  7 jours avant la fin
                                                                             

Je rentrais, éreintée, les vêtements couverts de sang, comme presque tous les jours depuis l’apparition de la Faille. Mon ancienne demeure, l’endroit où j’avais passé toute ma vie, avait été engloutie, avait disparu dans les entrailles de la terre. Et moi, j’avais sombré avec le Manoir Montaliet. Je n’en étais revenue vivante que par miracle. Lorsque je rejoignis la surface, je vis à quel point Mydelir avait changé. J’essayai tant bien que mal de m’en remettre, de retrouver des marques… Mais lorsque la Croisade découvrit mon passé au Collégium, tout ça prit fin. Je ne m’en suis sortie qu’avec l’aide d’Öhlraj, qui par la suite sembla décider que fuir la Croisade Zandriarchale était la meilleure option. Et depuis je passais mes journées, là, à errer dans les égouts, ou à parcourir la Faille aidant les égarés, et tuant les Croisés qui avaient le malheur de me rencontrer. En surface, cela aurait été impossible. Mais ici, après s’être perdus dans la Faille, avoir massacré quelques monstres ou décimer une cellule de résistance, ils étaient épuisés, blessés. Cela va sans dire, il m’arrivait quelque fois d’être moi-même blessée. Grâce à tout ça, mes compétences en combat, quoique toujours relativement faibles, s’étaient considérablement améliorées : je maîtrisais à présent quelques sorts de défense assez efficaces, et je restais une excellente soigneuse. Ainsi, je receuillais les égarés dans lesquels je ne reconnaissais pas un des Croisés, les soignais, puis les chassais. L’obscurité, la puanteur… tout cela faisait à présent partie de ma vie, et j’en étais devenue partie intégrante.
Quelquefois, les blessures étaient trop graves, parfois même incompréhensibles. Dans ces cas là, je devais m’arranger pour les délivrer à quelqu’un d’autres. Les rencontres se faisaient rares ici bas, mais parmis les quelques personnes que j’avais croisé, certaines m’avaient parlé d’une étrange vieille femme, qui les avait guéris, et qui gérait une sorte… “d'hôpital”. Elle semblait posséder des aptitudes étonnantes. L’un d’eux m’avaient d’ailleurs révélé où elle se terrait. Et depuis, j’y abandonnais les blessés qui dépassaient mes compétences, les laissant entre ses mains. Leur sort m’intéressait peu à vrai dire, du moment qu’elle les aidait du mieux qu’elle pouvait. J’avais trouvé un endroit pour me reposer dans ces égouts où, tel un animal en fuite, je me terrais depuis des années. Il était assez proche de la surface, assez pour que je puisse sortir occasionnellement.
Soudainement, un bruit me fit tressaillir. C’était un bruit discret, presque inaudible, mais quand on est habituée au silence total, ce bruit s’entend autant qu’un coup de tonnerre. On aurait dit un bruit de pas, celui d’une personne qui ne voulait pas se faire entendre. Portant ma main à la dague qui reposait sur ma ceinture, avant de me tourner vers l’obscurité qui me faisait face.
“Qui est là ?”
Aucune réponse, évidemment. J’avançai de quelques pas, pointant ma dague devant moi, prête à attaquer quiconque s’avancerait. J’attendais, sentant mon coeur battant follement dans la poitrine, et la sueur couler le long de ma nuque. Doucement, paisiblement même, une vieille femme sortit de l’obscurité. Elle avait une longue chevelure blanche, et portait une robe ample. Je devinai aisément de qui il s’agissait.
“Ainsi donc, vous vous êtes enfin décidé à venir me trouver, lui ai-je dis.
-Nous venons de recevoir un patient, répondit elle. Il est arrivé quelque chose d’étrange à son bras, et il dit avoir été sauvé par une Elfe vivant dans les égouts.
-Oui, je m’en souviens. Et alors. Vous avez besoin d’aide supplémentaire ? Je vous préfère vous prévenir, je ne peux absolument rien pour lui.
-Malheureusement, je doute pouvoir faire grand chose également… Néanmoins, ce n’est pas la raison de ma venue.”
Je m’assis, m’adossant dos au mur, avant de tourner mon visage vers elle.
“Quelle est elle alors ?
-A quoi bon se précipiter, dit elle avec un sourire malicieux. J’aimerais tout d’abord savoir qui vous êtes.
-Je m’appelle Alaïa, ai-je répondu en poussant un soupir. Alaïa Delma. Avec l’apparition de la Faille, disons qu’il ne me restait plus grand chose à la surface. Et que mon aide était plus utile ici. Et vous. Qui êtes vous ?
- Êtes vous en train de me dire que vous amenez des personnes grièvement blessées jusqu’à moi sans avoir la moindre idée de qui je suis ?
- Disons que… des échos m’ont été rapportés. Et de ce que j’ai entendu, vous avez bien aidé quelques personnes.
- C’est juste… Si je puis…
- Cessons ce jeu ridicule si vous le permettez. Qu’êtes vous venue faire ici ?
- J’aimerais savoir comment vous m’avez trouvé.
- Eh bien pour tout vous dire, ce fut assez laborieux : premièrement, quelques personnes m’ont dit qu’elles avaient été guéries par une femme mystérieuse. Certains en revenaient juste d’ailleurs. En quelques semaines, et en suivant leurs indications, j’ai réussi à vous retrouver. Néanmoins j’ai remarqué quelques… fils sur le chemin. Ils étaient discrets, mais loin d’être invisible. Je suppose que vous avez un lien avec eux n’est ce pas ?
- Décidément, on ne peut rien vous cacher !
-Et ensuite ? Vous n’allez tout de même pas me dire que vous êtes venues ici simplement pour me demander comment je vous connaissais ?
- Pour être tout à fait honnête, il y a effectivement une autre raison. Ce jeune homme dont je vous ai parlé, j’aimerais savoir où vous l’avez trouvé.
- Eh bien… cela fait quelques mois maintenant que je trouve des cadavres… étranges dans un certain endroit de la Faille.
- Que voulez vous dire par étranges ?
- Eh bien… on aurait dit que quelqu’un les avait volontairement déformés. Certaines parties de leur corps avaient parfois été remplacées, amputées, ou monstrueusement déformées… Au début, j’ai juste pensé que c’était dû à un quelconque monstre, mais au vu de la concentration anormale de ces corps, j’ai du me résoudre à l’évidence. J’ai quelquefois trouvé des personnes vivantes, bien qu’en piteux état. J’ai bien essayé de les soigner, mais ils étaient morts avant même que je puisse les emmener jusqu’à mon “logement”. Alors comme ce jeune homme était en bien meilleur état que les autres, j’ai pensé qu’en vous l’amenant directement, il pourrait s’en tirer… comment va-t-il ?
-Eh bien, pour l’instant il est encore en vie… mais l’état de son bras laisse présager le pire.
-.... oui. Je… je m’en doutais.
- Pourriez vous me mener vers l’endroit où vous avez trouvé tous ces corps ?
- C’est d’accord, répondis je en poussant un soupir. Si vous le permettez, mettons nous en route immédiatement.
- Parfait, répondit elle.”

Dans sa voix, j’avais décelé une pointe d’excitation, bien qu’elle ait tenté de la réprimer.
“Au fait, lui ai je demandé, je ne connais toujours pas votre nom.
-Je me nomme Cheiralba, a-t-elle répondu. Mettons nous en route.”

Cap:
Bon. On va quand même pas laisser couler cette saison 2 à peine entamée, et bien prometteuse ?  :'(


Aarath
7 jours avant la fin
Palais des croisés
Aïe aïe aïe
    - Pardon ? rugis-je à quelques centimètres de son visage.
    Je tenais le messager par le cou, plaqué contre le mur. Un jeune humain, une vingtaine d'années tout au plus, blanchissait à vue d'oeil. Ses pieds s'agitaient faiblement en une tentative désespérée de toucher le sol tandis que ses muscles se paralysaient sous l'effet de la peur. Mes pupilles, rétrécies par la colère, captaient le moindre de ses frémissements.
    - Elle... Elle... Elle a disparue, bégaya de nouveau le gamin d'une voix frêle.
    Je grondais. La vile ! Rester tranquille dans ses appartements ? Par Obad-Hai, elle m'avait eu comme un lionceau !
    Je lâchai d'un coup le messager. Il empestait la peur. Le jeune homme s'affaissa au sol, visiblement partagé entre le soulagement et l'incompréhension d'être encore en un seul morceau. L'ignorant, je commençai à marcher en cercle, fulminant et battant l'air de ma queue. Comment avait-elle pu sortir au nez et à la barbe des gardes ? Pourquoi aujourd'hui ? Que comptait-elle faire ?
    J'interrompis ma marche.
    - Comment ? grognai-je sans regarder le jeune homme, toujours au sol.
    - Je... Je ne sais pas messire. Lorsqu'on lui a apporté son déjeuner, elle avait disparu.
    - Vous êtes des incapables... marmonnai-je.
    Songeur, je commençai à m'éloigner. Il me fallait la débusquer, et mettre au clair ses plans !
   - Je m'occupe de la retrouver, lâchai-je par dessus mon épaule à destination du messager.
    À défaut de surveiller les gens, il préviendrait les bonnes personnes. J'espérais. Je me mis en route vers ses quartiers. La piste commençait là.

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