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[Fiction Collective] Miderlyr - Saison 2

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Cap:
Je m'attelle à la suite du côté des mages du coup :oups:

Ivyal l'Invisible
22 juillet - tard
Guilde des voleurs
De l'infiltration au conseil de guerre
    Trouver les quartiers de la naine ne fut pas très compliqué. Laisser traîner des yeux ou des oreilles en toute discrétion était, après tout, largement dans mes compétences. Et obtenir les informations voulues faisait partie de mes talents. C'est de cette façon que j'appris la cheffe naine voyait les jeunes recrues ce soir. Je n'avais qu'à profiter de ce moment pour m'introduire dans ses appartements et enquêter à ma guise.
    J'arrivais ainsi devant une simple porte de bois, au bout d'un couloir désert. La porte semblait simplement verrouillée, mais une rapide inspection révèla une sécurité supplémentaire. Irradiant doucement du bois, une rune magique protégeait la porte, paralysant quiconque tenterait de crocheter la serrure.
    Ce sort discret était néanmoins commun. Je fouillai dans mes poches, en sortant un petit morceaux de papier sur lequel luisait une rune semblable, mais présentant malgré tout quelques différences minimes. J'appliquai le contre-sort contre la porte, à côté de la serrure. La rune sur la feuille noircit en un léger crissement. Tant que le papier resterait sur le bois, la protection magique était désactivée.
    La serrure ne me posa pas de problème. En quelques secondes, j'étais à l'intérieur. La porte se referma sur moi en silence. La seule marque visible de l'extérieur de mon intrusion était le petit morceaux de papier collé discrètement à côté de la serrure.
    Je jetai un regard autour de moi. Les appartements de la naine n'étaient pas très grands. Un lit occupait la place sur la gauche, accompagné d'une petite table de nuit en bois sombre. Sur la droite trônait un énorme bureau, couverts de papiers en tout genre. Une sphère de lumière magique y était également posée, éclairant toute la pièce. Une autre porte me faisait face, elle devait sûrement mener à une pièce d'eau. Il n'était pas rare de trouver une source d'eau dans le réseau de tunnels souterrains de la Guilde, et il était plus que probable que la cheffe naine en ait réquisitionné une.
    Je m'avançai vers le bureau. Je n'avais pas beaucoup de temps pour mes recherches : il ne fallait surtout pas qu'on me découvre ici sous peine de... Non, il ne fallait mieux pas y penser. Je passai en revue rapidement du regard les papiers sur le bureau. Ce n'était que des affaires en rapport avec la Guilde. Un arrivage chez un marchand, un pot-au-vin payé, untel en prison ou encore un commerce à faire couler. Du travail de chef de guilde quoi. Rien ne m'intéressant.
    La commode sous le bureau contenait, de toute évidence, les affaires classées. Je m'approchai alors de celle près du lit. Un rapide examen ne révèla ni piège, ni verrou, j'ouvris la petite porte de bois sombre. A l'intérieur se trouvaient quelques livres, et un petit coffret de bois, richement ouvragé. J'eus un petit sourire. Voilà une pièce intéressante !
    Je le pris entre les mains, et l'examinai attentivement. Le bois était clair, gravé de motifs abstrait. Un métal argenté -sûrement de l'argent vu la qualité de l'objet- couvrait les arêtes. Le coffret était clairement l'oeuvre d'un maître ébéniste. La serrure, verrouillée mais pas piégée, fut ouverte en quelques instants. A l'intérieur se trouvait un petit pactole. Quelques pièces d'or d'origine naine, au vu de la face, un rubis, deux saphirs et un diamant.
    Je résistai à l'envie de m'en emparer, et referma le coffret. Tandis que je verrouillais la serrure, je remarquai un détail qui m'avait échappé jusque là. Le coffret contenait un double fond ! Je l'ouvris rapidement, pour découvrir un médaillon doré sur lequel avait été gravé la tête stylisée d'un nain casqué. Une famille importante naine, mais impossible de me souvenir laquelle. Je pris quelque seconde pour mémoriser le motif. Les nains ne manquaient pas avec les festivités, et il ne serait pas compliqué d'obtenir quelques informations dans une taverne contre quelques bières.
    J'avais enfin une piste ! Autant ne pas m'attarder du coup. Je pris soin de bien ranger le coffret où et dans l'état dans lequel je l'avais pris avant de sortir discrètement. Je verrouillai la porte derrière moi, puis arracha le contre-sort. La rune de protection se reactiva en un léger bourdonnement tandis que le morceau de papier se consuma. Je disparu dans les ombres. Il ne restait aucune trace de mon passage chez la naine.


    Alors que je me rendais vers la taverne de la Guilde pour me rafraîchir après ces quelques aventures, Elsyäh vient à ma rencontre. Le conseil se réunissait en urgence, et il souhaitait ma présence. Je la suivis donc dans le dédale de galeries jusqu'à une petite salle. L'elfe me fit entrer avant de fermer la porte sur nous.
    La pièce était occupée par une énorme table circulaire, autour de laquelle siégeaient six personnes.
    Aube, évidemment. La cheffe naine faisait face à la porte. Elle portait son éternel masque d'or sous sa capuche noire. A sa droite siégeait son premier lieutenant, un jeune homme brun aux yeux verts à l'air décontracté que je n'avais jamais vu jusque là ; et à sa gauche se trouvait Ir'Saal, le maître mage de la guilde. Cet elfe à l'air plutôt hautain portait ses longs cheveux clairs détachés, et caressait nonchalamment sa petite barbichette tressée, les yeux dans le vague.
    Le tour de table se complétait par Gontran, un petit homme rondouillet au visage habituellement amical, Astrea, une féline aux multiples perles dans son pelage clair qui regardait ses griffes et une silhouette enroulée dans une longue cape noire irradiant d'une aura mauvaise. Il restait deux sièges, qui nous étaient visiblement réservés.
    Alors que l'on s'installait rapidement, Aube prit la parole d'une voix douce :
    - Au nom du conseil, je te remercie de ta présence parmi nous. Si tu y es convié ce soir, c'est suite à des événements particuliers. Ta venue dans notre Guilde est, initialement, pour nous aider à nous emparer de la Tiare. Mais d'autres priorités retiennent, pour l'instant, toute notre attention, et c'est la moindre des choses de t'en tenir informé. Kal, si tu veux bien continuer.
    Le jeune homme à sa droite pris la parole d'une voix grave.
    - Il y a moins d'une heure, les Assassins, représentés par un certain Serpent, ont exécuté un de nos contact, Raymond Thraryth sur la place publique. Puis il a demandé la tête d'Aube avant demain 14 heures. S'il ne l'avait pas, il a annoncé vouloir brûler une église.
    J'eus un sourire. Drôle de menace. Ce à quoi Ir'Saal réagit immédiatement :
    - Mais c'est absurde ! Une église ? Mais qu'est-ce que ça peut nous faire ? Jamais...
    - Calme toi Ir'Saal, le coupa Kal. Nous sommes tous d'accord, ces menaces sont ridicules.
    - Mais néanmoins présentes, continua Astrea. Nous sommes des voleurs, donc pas forcément bien vus. Mais si en plus nous refusons de livrer notre cheffe, ce sera de notre faute si une église brûle. Et cela devrait relancer les recherches pour nous localiser...
    Profitant d'un instant de silence, je pris la parole :
    - Les autorités auront, je pense, plus intérêt à chercher les assassins. Ce sont eux qui brûlent des églises, pas nous.
    Kal approuva mes paroles d'un hochement de tête.
    - Ils ont néanmoins pris assez d'assurance pour nous provoquer de nouveau...
    - L'arrivée de ce Serpent ne doit pas y être pour rien. Nos deux infiltrés ont des infos à son sujet ? demanda Elsyäh.
    - Pas de nouvelles depuis trop longtemps. Il est fort possible qu'ils aient été découverts... grimaça Kal.
    - Et nos prisonniers ont parlé ? répondit l'elfe du tac au tac.
    - Pas encore, siffla la silhouette en noir, mais cela ne saurait tarder...
    J'eus un frisson. Il irradiait de cette homme quelque chose de mauvais, et le crissement de sa voix me confirma une certitude : si les assassins ne parlaient pas, il leur réservait un sort pire que la mort.
    - Le conseil semble d'accord pour dire que la provocation des assassins de restera pas impunie.
    Aube marqua un temps d'arrêt, laissant aux membres la possibilité d'exprimer un éventuel désaccord. Personne ne le fit. La cheffe naine continua donc :
    - Préparez vos meilleures unités ainsi que vous. Dès qu'Iobolos obtient des informations, les représailles seront lancées. Nous avons que trop fermé les yeux sur les récents agissements des Assassins. Si c'est la guerre qu'ils veulent, ils l'auront.
    Je restai songeur un instant. Les Assassins étaient donc la priorité numéro un à régler pour la Guilde. La Tiare, malgré l'occasion en or provoquée par le tournoi, passait après. A moins que j'en sois écarté volontairement... La voix de la naine conclu le débat.
    - Le conseil est levé.

Cap:
Petit double post oklm :hap:

Sylvanyël Al'Jak
22 Juillet - Soir
Bibliothèque du Collégium
Quand une secte recrute

    Le soir était tombé, et j'étais toujours attablée dans la bibliothèque. Malgré mes réflexions de la veille, et ma volonté d'enquêter, j'avais passé une nouvelle journée plongée dans des vieux livres. Mais je n'avais pas oublié le puissant appel de la nuit, et je comptais, s'il se reproduisait ce soir, en profiter pour tenter de savoir d'où il provient. Même si j'espérais secrètement que ce ne soit qu'un mauvais ressenti de ma part, et que rien de tout cela n'ait été réel.
    - Je me doutais que je te trouverais encore ici...
    Je relevai la tête. Alklebath était revenu. Il me fixait, une lueur amusée dans le regard. 
    - Toujours dans tes traités d'invocation ?
    Je soupirai. Je n'étais pas venue ici pour rencontrer de beaux jeunes étudiants en manque de conquête.
    - J'ai du travail...
    - Peut être, mais il faut faire des pauses de temps en temps.
    Il s'assit en face de moi, un sourire flottant sur ses lèvres, avant de reprendre la parole :
    - Et si je ne viens pas, tu ne t'arrêtes pas. Tu trouves ce que tu veux dans tous ces vieux bouquins ?
    Il balaya d'un geste de la main les livres étalés sur la table avant de reprendre :
    - Le but de la magie n'est-il pas de pratiquer ? Ne faudrait-il pas que tu as ailles expérimenter ce que tu as pu découvrir ?
    - Et invoquer des démons ? Voyons, tu dois bien savoir que ce sont les créatures les plus dures à soumettre...
    Je n'avais pu m'empêcher de répondre avec virulence. Si ce jeune novice pensais pouvoir invoquer et contrôler un démon, il se trompait lourdement. Et hors de question qu'il fasse la même erreur que j'avais faite.
    Alklebath eut un léger mouvement de recul. Visiblement, il ne s'attendait pas à autant de force dans ma réponse. Il se repris néanmoins très vite et ricana :
    - Je ne pensais pas que tes recherches se focalisaient uniquement sur les démons...
    Il pris une grande bouffée d'air avant de continuer :
    - Ecoute. Je comprends parfaitement que tu ne souhaites pas invoquer de démon. Néanmoins. Sortir un peu pourrait te faire du bien. Et je... Tu pourrais nous faire une petite démonstration. On est quelques étudiants intéressés...
    C'était donc ça. Ils n'avaient sûrement jamais vu d'invocation et ils voulaient une petite démonstration. Je grimaçai. Leur but était louable, mais je ne pratiquai qu'en cas de nécessité. Pas pour le plaisir.
    - Je...
    Je m'interrompis. L'appel. De nouveau, si fort, si présent, si total. Je serrai les dents. La Bête allait forcément y répondre. Et surtout, impossible de chercher la provenance. La puissance courrait dans les murs du bâtiment, résonnant dans tout le Collégium. Le choix du lieu avait été bien pensé. Et surtout, j'avais été sotte de penser pouvoir en trouver la source.
    Alklebath me dévisageait. Il n'avait pas entendu l'appel. Soit il n'avait pas ressenti cette magie, soit il l'ignorait totalement. Par habitude, ou pire, par complicité. Je ne pouvais donc pas lui en parler. La Bête s'agita. Je devais m'en débarrasser. Et vite. Et pour cela, le plus simple restait encore d'accepter sa proposition.
    - Ok. On se retrouve où demain ?
    Un grand sourire éclaira son visage tandis que je réprimais un nouvelle grimace sur le mien.
    - Demain midi, sous le grand chêne dans la cour. J'aimerais te présenter quelqu'un avant tout.
    - Comme tu veux, soufflai-je.
    Je fermai les yeux un instant. Il était temps de m'éclipser.
    - Si tu veux bien m'excuser... Continuai-je en me levant.
    - Ca va pas ?
    La Bête grogna une nouvelle fois. Je déglutis avant de répondre
    - Pas vraiment. Je vais aller me poser un peu, ça ira mieux demain.
    J'attrapais rapidement mon carnet de notes tandis que je posais le petit écriteau Merci de ne pas toucher sur la table. J'avais pu négocier ce petit arrangement avec la bibliothécaire.
    - Je vais te raccompagner.
    - Non ! Grognais-je d'une voix trop grave pour m'appartenir complètement.
    Le jeune elfe eut un mouvement de recul devant cette violence verbale. Je déglutis avant de reprendre d'un ton nettement plus doux et posé, un léger sourire factice sur le visage :
    - Ca va aller, je te remercie. A demain.
    Et je partis sans me retourner dans les couloirs, laissant le pauvre Alklebath sur place. Mes appartements, une petite chambre gracieusment mise à ma disposition, n'était pas très loin. Il fallait tourner à droite, traverser ce grand couloir, grimper les escaliers, tourner une nouvelle fois à droite, et c'était la quatrième porte à gauche.
    Je verrouillais derrière moi d'un geste saccadé, avant de me laisser tomber sur le dos sur le lit. Les yeux écarquillés, le regard perdu entre les poutres du plafond, je tentais de mettre de l'ordre dans mes émotions. L'appel avait été bien plus puissant ce soir. L'invocation était pour bientôt assurément. Quelques jours tout au plus. Je profiterai de ma ballade imposée demain pour enquêter. En espérant que les étudiants ne soient pas trop insistants. Même si, étonnement, la Bête n'avait pas été trop pesante ce soir. Comme si Elle souhaitait plus me mettre en garde que profiter des événements... Décidément, ce Collégium était vraiment étrange...


23 juillet - midi
    La lourde cloche du Collégium sonna douze coups. Midi. J'étais en retard au rendez-vous posé la veille par Alklebath. Je glissais mon précieux carnet de notes dans ma lourde sacoche, posai le petit écriteau sur ma table, et sortis hâtivement de la bibliothèque.
    Je n'eus aucune peine à trouver le lieu de rencontre. Le chêne était majestueux, et trônait au centre de la cour intérieur du Collégium, offrant une douce fraîcheur grâce à l'ombre de ses branches. Tandis que de nombreux étudiants passaient rapidement, sûrement pressés d'aller manger, deux personnes attendaient à côté du tronc. Je reconnus facilement Alklebath, qui me fit un signe de la main en m'apercevant. A ses côtés se tenait une jeune fille. Longs cheveux noirs, peau pâle, yeux couleurs noisettes pétillants d'énergie, et un sourire éclatant. Je l'avais déjà croisée par deux fois, mais surtout, elle avait éveillée la Bête. Et je la rencontrai maintenant directement. Cela ne pouvait être une coïncidence.
Alklebath fit quelques pas pour venir à ma rencontre.
    - Sylvanyël, je te présente Imielda. C'est elle qui mène notre petit groupe. Je lui ai un peu parlé de toi, et elle a souhaité te rencontrer avant de passer à la suite.
    Le jeune elfe s'écarta ensuite, me laissant face à Imielda. Elle pris la parole d'une voix douce, mais ferme :
    - Je te remercie de nous accorder un peu de ton temps qui doit être bien précieux. Alklebath m'a parlé de tes recherches bien prenantes dans la bibliothèque. Et puis, on s'y est déjà croisées je crois.
    Elle eut un petit rire clair et cristallin. Je lui rendis son sourire. Donc tout ce qu'Alklebath avait pu apprendre, il lui avait dit ? Pourquoi donc avait-elle besoin d'en savoir sur moi ? N'aurait-elle pas pu venir me voir directement ?
    - Je vais donc faire vite. Nous sommes un petit groupe d'étudiants cherchant à pratiquer l'invocation, mais nous ne sommes pas sûrs de nous y prendre comme il faut. Peut être pourrais-tu passer nous voir, et nous donner quelques conseils ?
    Je restais songeuse un instant. Pourquoi ne pas demander aux professeurs de l'académie ? La situation était louche. Mais cela avait peut être un lien avec l'appel que je ressentait chaque nuit. L'occasion était trop belle pour en apprendre plus !
    - Bien sûr ! répondis-je d'un ton enjoué. Alklebath m'en a déjà un peu parlé hier soir, et c'est un plaisir de pouvoir aider des débutants en invocation !
    - Parfait ! répondis la jeune fille d'une voix mielleuse, un grand sourire sur les lèvres. On se retrouve ce soir ici ? Disons 20 heures ?
    Elle me tendit sa main.
    - Ca me va !
    Je saisis sa main, signant notre accord d'une poignée de main.
    - A ce soir alors ! me sourit une dernière fois Imielda.
    Elle fit un signe de tête à Alklebath, avant de se retourner et partir. Le jeune elfe me fit un dernier salut de la tête, puis lui emboîta le pas.
Je restai un instant pensive. Cette rencontre était forte en coïncidences. A n'en pas douter, nombreuses questions allaient trouver réponses ce soir. Néanmoins, si c'était bien leur groupe qui était à l'origine de l'appel, il ne me restait qu'à trouver un moyen de les empêcher d'invoquer un démon. Plus facile à dire qu'à faire !

Linkonod:
Attention, pavé en approche. :miou:


Öhlraj
Ami / Animal de compagnie d'Alaïa
21 Juillet – veille du Grand Tournoi de Miderlyr
Vol à la tire en plaine rue
   En cette veille de Tournoi, la Basse Ville de Miderlyr s'activait dans tous les sens pour finir les préparatifs de l'événement. Certains partaient faire leurs provisions pour les festins des jours à venir, d'autres allaient récupérer leur matériel où s’exerçaient en plein air avant de tenter leur  chance dans les nombreuses compétitions du Tournoi. Des voyageurs venaient profiter de la ville pendant qu'ils en avaient le temps, et les nombreux commerçants en profitaient pour remplir leurs coffres, de manière plus ou moins honnête. Des vendeurs de journaux à la sauvette promouvaient l'édition du jour du Canard Fouineur, le quotidien le plus réputé de Miderlyr. L'édition spéciale qui portaient sur le Grand Tournoi avaient l'air d’intéresser grandement les passants, qui dévalisaient les stocks de journaux pour se tenir au courant des nouvelles infos à propos des festivités.
   C'est dans ce cadre agité qu'Öhlraj accompagnait Alaïa pour son examen de vol à la tire. Alabaross les guidait à travers la citée en lui donnant ses ultimes conseils de larcin.
 - Quand il y a autant de monde dans les rues, la discrétion est de mise ! Tu ne peux pas arracher un sac à quelqu'un et t'enfuir en courant, tu risquerais de te faire attraper en moins de cinq secondes.
 - Je vois... Donc il faut éviter aussi tout ce qui est rentre-dedans, j'imagine ?
 - Et bien, il y a du pour et du contre. Tu te fais remarquer par la personne que tu vole, ainsi que par les passants, ce qui est embêtant ; cependant lorsque les rues sont bondées – comme actuellement – c'est assez fréquents et les gens y font moins attention. Donc si tu a la main particulièrement habile, c'est faisable, mais sinon mieux vaut se faire discret.
   Après quelques recommandations sur le choix du lieu et de la victime, ils décidèrent d'effectuer leur larcin dans une allée en travaux. Alabaross laissa à Alaïa (et Öhlraj) une certaine distance pour l'observer à l’œuvre.
   L'heure était venue. Alaïa allait voler quelqu'un pour la première fois de sa vie. Malgré toute la préparation qu'elle avait reçue, Öhlraj n'arrivait pas à l'imaginer faire quelque chose qu'elle considère comme « malhonnête ». Elle était tellement innocente que passer outre ses principes devait la retourner. Il l'observait marcher de l'air le plus serein possible. Malgré l'inquiétude qu'elle devait ressentir, elle paraissait plutôt naturel et les passants devaient la trouver tout à fait normale.
 - Reste près de moi, Öhlraj. Tout va bien se passer, j'en suis sûre. Je vais trouver quelqu'un qui est facile à voler. Tiens, regarde, cet homme, là-bas, il a une bourse à l'arrière de sa ceinture...
   Elle n'avait pas l'air très convaincue par ces propos. Il valait mieux surveiller ses agissements, au cas-où. Alaïa s'approcha de l'homme en question, qui stationnait dos à eux en observant avec attention les passants. Elle s'approchait à présent discrètement, en calculant sa périlleuse manœuvre. Seul détail qu'elle n'avait pas dû prendre en compte : il portait une épée à sa ceinture, une armure en cuir et des jambières, signes distinctifs de la garde de la Basse-ville. C'était donc une très mauvaise cible pour une apprentie voleuse, en somme. Malheureusement, sous sa forme de Gento, Öhlraj ne pouvait que lâcher un miaulement pour tenter d'attirer son attention, et Alaïa était trop concentré pour remarquer quoi que ce soit.
   Elle sauta d'un pas léger – et peu naturel dans le dos du garde, et s'empressa d'ouvrir l'escarcelle. Mais elle hésita un court instant lorsqu'elle attrapa la lanière, et tira légèrement dessus. Des pièces tintaient. Catastrophe.
   Le garde entendit le son familier des écus qui s'entrechoquent, et alors qu'il s'apprêtait à tourner la tête Öhlraj dut prendre une décision. Il courut jusqu'au garde et se mis debout afin d'attraper la bourse avec ses griffes ; Alaïa eut le bon réflexe de s'écarter d'un pas au même moment. Lorsque le garde vit un chat en train de donner des petits coups de pattes à sa bourse, il lâcha un juron.
 - Malepeste ! Voilà que les chats sont attirés par l'argent, maintenant !
   Alaïa mis quelques instants pour réaliser ce qu'il vint de se passer et pour se calmer. Pendant ce temps, Öhlraj faisait de son mieux pour faire... le chat joueur. Et bien qu'il se forçat à jouer avec l'escarcelle, il y prenait vraiment du plaisir – son instinct naturel l'y poussait, après tout.
 - Oh, excusez-moi, monsieur ! Mon gento est incontrôlable dès qu'il voit quelque chose avec lequel il peut jouer !
 - Il va falloir lui trouver une laisse, mam'zelle ! Vous ne pouvez pas le laisser traîner comme ça votre gan... votre gint... votre chat, quoi. (Il se tourna vers Öhlraj et se mis à protéger sa bourse) Mais tu va me lâcher, sac à puce ! Morbleu, c'est vénal, ces bêtes-là !
   Quand le garde commença à tenter de lui donner des coups de pieds, Öhlraj s'écarta pour retourner auprès d'Alaïa, effrayé. Celle-ci se tourna vers lui et le souleva, chose qui l’insupportait. Il essayait de se débattre, mais la prise était bonne.
 - Allez, Öhlraj, calme-toi. On va rentrer si tu continue.
   Au niveau de l'improvisation, l'elfe n'était vraiment pas convaincante.
 - Aulrage ? Avec un nom pareil, pas étonnant qu'il tourne mal, vot'chat ! (Il jeta un regard dédaigneux aux voleurs) Bon, allez, circulez. Et surveillez cet animal !
   Ils s'en allèrent donc bredouilles. Alaïa avait raté son coup, mais au moins, ils s'étaient rattrapés rapidement... Mais qu'allait penser Alabaross ? Elle avait raté son coup, et en plus son chat supposé « inutile » agissait un peu trop intelligemment. La situation ne tournait pas à leur avantage... Surtout qu'Alaïa était bel et bien incapable de voler quelqu'un ! Il fallait trouver un autre plan.
   Öhlraj s'arrêta net et fit un signe à Alaïa : il se gratta l'oreille gauche une fois, puis l'oreille droite. Il se dirigea ensuite vers une venelle. Alaïa comprit le message et le suivit, sans dire un mot ; c'était un de leurs codes qu'ils s'étaient définis, lorsqu'il voulait communiquer quelque chose sous sa forme féline. Il rentra dans la ruelle et se cacha derrière un tonneau, afin de se métamorphoser discrètement. Après une brève concentration, son corps se redressa et il perdit en pilosité. Il se tassa un peu, et se fit pousser des vêtements et un chapeau noirs. Il s'était transformé en un leprechaun noir.
   Alaïa était resté dans la rue principale, et guettait en faisant semblant de chercher une personne à voler – une bonne initiative de sa part.
 - Bon, Alaï', il faut que tu t'organise mieux que ça pour réussir cet examen. Alabaross a clairement vu ce qui s'est passé, et c'est mauvais signe pour toi.
 - Oui, mais ne t'en fait pas, je vais réussir mon second coup ! J'ai juste mal choisi ma cible...
 - Je préfère qu'on ne reprenne pas le risque une deuxième fois... S'il me voit réagir pour te sauver une seconde fois, il sera certain que je ne suis pas un chat banal. Il a peut-être même déjà compris...
 - Mais ça, encore, ce n'est pas si grave que ça ! Il va juste penser que tu es dressé !
 - Non ! S'il rapporte que je suis un changeforme à ses supérieurs, ils vont s'intéresser à moi. Et je ne veux même pas imaginer ce qu'il risque de se passer... Bref, je vais t'aider sous cette forme. Je te propose d'essayer le rentre-dedans.
 - Quoi ?? Mais c'est bien trop difficile pour moi ! Je suis incapable d'être aussi habile !
 - Écoute, ce qui compte, c'est qu'Alabaross croit que c'est toi qui a commis le vol. En réalité, tu vas juste rentrer dans quelqu'un près de cette ruelle pour le faire tomber, et je me chargerais de dérober quelque chose. D'accord ?
 - Euh... Tu es sûr de toi ?
 - C'est la meilleure solution...
 - Bon, alors essayons...
 - Une fois fait, tu t'éloigneras d'ici, et tu me retrouveras au bout de deux-trois minutes. Et pense à vérifier ta cible !!!
 - J'y pense, j'y pense !
   Alaïa retourna  sur l'avenue et s'éloigna. Cette fois-ci, ce sera la bonne. Öhlraj attendit quelques longues minutes dans la ruelle, en guettant les passants. Très peu passaient près des ruelles, ce qui n'arrangeait pas leur affaire. Mais finalement, alors qu'il s'apprêtait à relâcher son attention, il entendit des bruits de course. En un instant, il vit Alaïa réapparaître en heurtant violemment une pauvre vieille. Elles tombèrent toutes les deux en poussant un cri, et un bruit douloureux se fit entendre à l'impact du sol. Öhlraj sortit rapidement de derrière le tonneau, toujours sous sa forme de leprechaun, et se dirigea vers les deux affalées. La vieille portait un collier perlé où trônait une pierre orangée. Alaïa avait vraiment choisi la cible idéale, cette fois. Il jeta un œil rapide dans l'allée et vit que certains passants les observaient avec attention ; aucun ne s'approcha, cependant. En longeant le mur de la ruelle, il s'approcha discrètement de la tête de la vieille, encore sous le choc, et trancha le fil avec ses ongles. Alaïa se releva, paniquée, et vit d'un coup d’œil qu'Öhlraj retournait dans la ruelle avec le collier. Elle aida la grand-mère à se relever.
 - Oh là là là là ! Excusez-moi, madame, j'étais pressée et je n'ai pas fait attention !
 - Aaah, bon sang, je crois que je me suis déboîté la hanche ! Faites un peu attention, jeune fille !
 - Je suis vraiment désolé, je n'aurais pas dû, Je... C'est de ma faute, je fais n'importe quoi...
 - Aïe aïe aïe, je crois que je vais devoir aller chez le thérapeute, maintenant !
 - Oh, non ! Je suis vraiment irrécupérable ! Ce n'est pas la première fois que ça arrive, vous savez ? Quand je suis dans l'urgence, je ne fais plus attention à rien, et à chaque fois ça me porte préjudice ! Depuis toute petite, je provoque des accidents. Tenez, une fois alors que je me rendais chez un droguiste pour acheter des balais pour nettoyer la verrerie que j'avais cassée chez moi, je me suis retrouvé face à–
 - Oui, bon, ce n'est pas si grave ! À mon âge on se fait mal pour un rien, vous savez ! Mais j'ai cru comprendre que vous étiez pressée, c'est ça ? Ne vous préoccupez pas de moi, ce n'est rien !
 - Oh, euh... D'accord. Encore désolée, madame !
   Alaïa repartit hâtivement, mais s'arrêta au bout de quelques mètres. Elle regarda la pauvre vieille qui peinait à se remettre en marche. Pourquoi s'arrêtait-elle si près ? Elle devait s'éloigner bien plus !
   Elle retourna en arrière.
 - Madame ! Pour votre hanche, ça a l'air assez grâve ! Laissez-moi vous prodiguer un sort de soin.
 - ...Vous êtes magicienne ?
 - Oui, je pratique depuis longtemps. Je peux ?
 - Oh, et bien... Oui, merci beaucoup !
   Öhlraj était déconfit. Elle était réellement en train d'appliquer un sort de guérison à la personne qu'elle venait de voler. Qu'est-ce qui lui prenait ? Il fallait qu'elle parte le plus tôt possible ! Alabaross devait aussi être abasourdi. Décidément, elle ne peut pas s'empêcher de vouloir aider autrui. Tout simplement incroyable.
   Le sortilège achevé, la grand-mère fut impressionnée son efficacité.
 - Mais... C'est tout bonnement incroyable ! Merci beaucoup, jeune fille ! J'ai l'impression que ma hanche est maintenant en aussi bonne état que lorsque j'étais jeune ! (l'elfe rougit du compliment) Elle est même en meilleur état que mon autre hanche !
 - Dans ce cas, je peux aussi vous faire un deuxième soin !
 - Vous le feriez ?
 - Bien sûr ! Ne bougez pas...
   Il n'en croyait pas ses yeux.



   Le sourire aux lèvres, Alaïa tendit le collier à Alabaross. Celui-ci s'empressa de le récupérer et l'examina un instant, avant de le ranger dans une poche intérieure de sa veste.
 - Et bien, si quelqu'un m'avait dit un jour qu'une apprentie voleuse tenterait un rentre-dedans pour son examen, et qu'elle soignerait sa cible, je ne l'aurais jamais cru ! En tout cas, chapeau, Alaïa ! Je t'annonce que tu es officiellement membre de la guilde des voleurs !
 - C'est vrai ? Génial !!! Je vais donc faire partie du casse de la Tiare de Sanderline ?
 - Et bien, je pense que oui ! On le saura ce soir, lors du briefing d'Aube. D'ailleurs, on retourne à la guilde, pour officialiser ton adhésion, et parce que j'ai quelques bricoles à y faire.
 - Allons-y, alors !
   Ils partirent donc en direction de la guilde, après une après-midi courte mais riche en émotion. Alaïa chantonnait, visiblement très fière de ce qu'elle avait accompli. Alabaross partageait sa bonne humeur, probablement ravi de ne plus l'avoir sous sa tutelle.
   Mais pour Öhlraj, quelque chose clochait. Alabaross avait clairement vu qu'Alaïa avait raté son premier vol, et qu'elle s'était arrêtée pour soigner sa cible, et pourtant il n'a pas hésité un seul instant à la juger apte. Pourtant il n'aurait pas été étonnant qu'elle soit recalée... Ça paraissait un peu simple.
 - D'ailleurs, chapeau pour ton coup de théâtre avec la vieille, c'était bien joué !
 - Quel coup de théâtre ?
 - Quand tu t'es mise à paniquer !
 - Ah, oui, bien sûr ! Je... suis assez fière de moi pour ce coup !

   ...Ce n'était donc pas un coup de théâtre.

Great Magician Samyël:
Est-ce qu'on serait chaud pour tenter une saison 2 début/mi-juillet, pour profiter des vacances ?

Chompir:
Hum, moi je dis pourquoi pas, même si j'aurai des vacances qu'en août perso mais je pourrai toujours essayer d'écrire un week end ou l'autre. C'est vrai que cette première saison on a un peu tous laissé tomber, c'est un peu dommage mais j'avoue que j'ai pas eu le courage de reprendre de mon côté.

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