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Pourquoi les jeunes vont-ils si mal de nos jours ?

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D_Y:
Pour quelqu'un comme moi qui avec du recul considère son existence comme assez médiocre, la littérature m'a probablement sauvé la vie. Elle m'a aussi permis de découvrir d'autres arts. De fait j'en suis arrivé à considérer les questions que tu te poses comme largement secondaires, tant ce qui me parait central dans ma vie sont les arts et la recherche de la "beauté".

Je ne dis pas que les livres sont une réponse miracle, il faut se trouver une passion et s'y accrocher, c'est selon moi tout ce qui importe dans le monde.

Neyrin.:
@Cap Il y a encore bien d'autres problèmes, mais je ne suis pas là non plus pour raconter toute ma vie privée, ha ha.

À propos du travail-passion, c'est tellement rare que c'est presque une chimère pour moi. Ça fait longtemps que j'ai abandonné cet espoir... Maintenant, je me dis : « Tu dois trouver un boulot qui paye bien, avec très peu d'heures et... et...» mais... c'est impossible, à moins de faire des tas de compromis. Je sais que la vie est faite de compromis, mais le travail est un compromis sur une grande majorité de notre vie. Pourquoi je ne pourrais pas me l'épargner ? Même avec un travail qui me plairait un minimum, j'aurais juste envie de fuir. J'aurais l'impression de perdre mon temps. Avec ce temps consacré à un job peu intéressant, je pourrais faire des choses épanouissantes plutôt que de m'épuiser dans les mêmes tâches.

Mais ne t'inquiète pas, je ne cherchais pas à être rassurée. Je vois déjà autour de moi ce que fait le travail. Les gens rentrent, ils sont épuisés, ils ne font plus rien. Ils n'ont plus le temps, plus l'énergie. Ça ne donne pas envie. Je ne peux pas vraiment y échapper, sinon je finis sans rien. Malheureusement, je n'ai pas le confort d'une famille aisée pour mes caprices existentiels...

@D_Y Ce qui me permet de tenir dans la vie, ce sont les arts. Je suis régulièrement au bord du suicide, au bord de la fenêtre ou face aux médicaments, mais ce qui me permet d'oublier ma souffrance pendant une après-midi, c'est l'art. C'est peindre, c'est écrire, c'est dessiner, c'est créer.

Cependant, dans mon quotidien, les arts sont considérés secondaires. Je ne deviendrai jamais une génie de l'art, très prisée et célèbre. Je ne pourrai jamais en faire mon métier, en faire ma vie et le placer comme primaire. Dès lors, l'art ne me rapportera pas suffisamment d'argent pour vivre. L'art ne m'offrira pas une retraite. L'art ne m'offrira pas une sécurité financière, un toit ou un frigo plein. Oui, il pourra m'aider à souffler mais quel intérêt si c'est seulement durant les soirées et la journée du dimanche ? Le burn-out me guettera de nouveau. v.v

Barbicotte:
Je me permets, j'ai pas tout lu mais je réagis sur un truc : j'ai un travail-passion, ça m'empêche pas d'être épuisée et d'avoir envie de rien faire de mes soirées. Mais j'aime aussi ne rien faire, donc ça aide surement !

D_Y:
On aime pas l'art parce qu'on a envie de devenir soi même un artiste reconnu à l'international ou le prochain Shakespeare qu'on connaitra dans plusieurs siècles. On peut tout à fait être mélomane très profond sans jamais avoir tenu d'instrument de sa vie ou être soufflé au Louvre sans avoir jamais tenu un pinceau. Ou encore aimer la gastronomie sans être un chef étoilé. Même si c'est ce que tu veux comment tu sais que tu seras jamais publiée ou autre ? Si c'est ton rêve faut rien lâcher avant d'être sûre que tu as échoué.

Pour moi aimer l'art n'est pas une question de priorité, soit on l'aime soit on ne l'aime pas, ça ne peut pas être secondaire (ou si ça peut mais dans ce cas on ne l'aime pas, on l'apprécie juste). C'est une philosophie, et tout comme on ne devient pas bouddhiste pour éventuellement gagner sa croûte mais pour s'enrichir spirituellement, aimer les arts ne peut être subordonné à des contraintes matérielles (tout au plus les deux coexistent au même niveau de préoccupation).

De plus quand je parlais de "passion" je ne parlais pas spécifiquement de ça mais de quelque chose qui te tiens vraiment à coeur et que tu ne peux juste pas mettre en dessous des contraintes matérielles dont tu parles (parce que ça te fait vivre autant que le mécanisme qu'est la respiration) Ça peut être les jeux vidéo, le bricolage, les animaux, la planche à voile, la salsa, le chocolat belge, qu'importe, tant que ça te fait vivre et que ça te fait oublier les angoisses du quotidien. Parce que sans ça la plupart des gens ne tiendraient pas.

Du reste sans être un grand admirateur du système salarial moderne je pense que tu noircis beaucoup le travail, beaucoup de gens ne sont pas passionnés mais aiment bien leur job parce qu'ils y font des rencontres, ou bien ils utilisent l'argent pour faire des choses qu'ils aiment justement, pour voyager, s'offrir des belles choses. Le monde du travail c'est pas un film de Chaplin avec tout le monde à l'usine pendant 16h par jour et tu fais que ça 7j/7 en étant épuisé le reste du temps. Même si ton job est difficile ou chiant tu te reconvertis dans un truc que tu aimes bien ou qui te fais envie. Cela existe nécessairement.
Il faudrait aussi mieux définir ce qu'est le travail parce qu'ayant eu moi même une période d'inactivité assez longue, je peux t'assurer que c'est ça qui te ronge plutôt que de bosser. C'est comme faire du sport sur le moment c'est difficile et fastidieux mais c'est bien plus sain que de rester le cul sur une chaise, aussi confortable cela puisse paraitre sur le moment (et btw ça libère une molécule dans le cerveau qui engendre plaisir et bien être, si tu veux creuser cette piste).

Pour finir je ne suis pas psy donc rien ne dis que ce post te sera d'un quelconque bénéfice mais sur la question "est ce que je m'en sortirais un jour ?" j'ai un début de réponse parce que sans être suicidaire j'ai eu une période assez noire dans ma vie où je me disais que j'étais foutu et que je m'en sortirais jamais (plot twist, tous les dépressifs se disent la même chose) mais le "bout du tunnel" (pour parler en cliché) est littéralement neuro-chimique et t'auras nécessairement des phases dans ta vie future où tu iras mieux, même si ça te parait impossible sur le moment (tellement que tu ne crois sans doute pas ce que je suis en train de te dire). Pour moi c'est venu par vague, je suis passé du plus profond abime à la joie de vivre, parfois très rapidement. S'il y a bien une maladie où tu remets en question ton libre-arbitre et ton pouvoir de décision c'est la dépression. Ce que tu penses quand tu broies du noir tu ne le pense pas vraiment, c'est ton cerveau qui te joue des tours.

Aussi tu es sûrement suivie d'office maintenant mais si c'est pas le cas va voir un psychiatre, qui peut te préscrire des molécules qui sont un vrai soutien (oui je sais ça fait pas rêver, moi même à l'époque je disais que je prendrais jamais ces merdes mais c'est arrivé). Concentre toi sur les gens que tu aimes (et qui t'aiment, ceux ci faut s'y accrocher comme une moule sur son rocher car il y a des gens dans ta situation qui sont en misère affective et vivent dans la solitude, si tu n'es pas dans ce cas profite de ces avantages), sur des choses qui t'épanouissent sans te préoccuper si tu pourras en vivre ou non (et en règle générale je te donnerais ce conseil : sépare la passion de ton métier professionnel, j'ai essayé de mêler les deux et j'ai profondémment détesté). Pour les petites préoccupations pro (parce que oui ce sont des petites préoccupations, tu t'en rendras compte quand tu seras guérie) ne te pourris pas la vie avec. La vraie colonne vertébrale de l'existence est le hasard et tout le monde se construit au fur et à mesure autour de lendemains incertains. Au fond se préoccuper jusqu'à la névrose du futur c'est propager l'illusion que nous avons le contrôle.

Neyrin.:

--- Citer ---Pour moi aimer l'art n'est pas une question de priorité, soit on l'aime soit on ne l'aime pas, ça ne peut pas être secondaire (ou si ça peut mais dans ce cas on ne l'aime pas, on l'apprécie juste). C'est une philosophie, et tout comme on ne devient pas bouddhiste pour éventuellement gagner sa croûte mais pour s'enrichir spirituellement, aimer les arts ne peut être subordonné à des contraintes matérielles (tout au plus les deux coexistent au même niveau de préoccupation).
--- Fin de citation ---

Lorsque je dis que l'art est « secondaire », c'est en terme de temps que je peux y consacrer au quotidien. Etant donné que je consacre moins de temps à l'art qu'aux études (pour le moment), je considère qu'il est secondaire et non primaire. Ce sont les études qui sont primaires.

De plus, j'aime créer, j'aime ce que je produis, j'aime l'art mais je n'ai absolument pas l'ambition d'en faire mon métier. Je n'ai jamais dit qu'il fallait être un artiste reconnu pour apprécier l'art que l'on peut produire. Ce que je dis simplement, c'est que si je devais envisager un métier passion, ce serait en fonction de mes centres d'intérêt (logique) et si je prenais, par exemple, la peinture, j'aurais très peu de chances de vivre de mes créations. Et comme tu l'as dit ensuite, mêler loisirs et travail, ce n'est pas forcément l'idéal ; on me l'a souvent dit et que j'ai souvent pu le constater.


--- Citer ---Du reste sans être un grand admirateur du système salarial moderne je pense que tu noircis beaucoup le travail, beaucoup de gens ne sont pas passionnés mais aiment bien leur job parce qu'ils y font des rencontres, ou bien ils utilisent l'argent pour faire des choses qu'ils aiment justement, pour voyager, s'offrir des belles choses. Le monde du travail c'est pas un film de Chaplin avec tout le monde à l'usine pendant 16h par jour et tu fais que ça 7j/7 en étant épuisé le reste du temps. Même si ton job est difficile ou chiant tu te reconvertis dans un truc que tu aimes bien ou qui te fais envie. Cela existe nécessairement.
--- Fin de citation ---

Je sais bien que le monde du travail, ce ne sont pas nécessairement les usines du XIXe siècle et le fordisme. Il n'y a pas besoin de travailler à la chaine dans une usine pour être épuisé et ne plus avoir l'énergie pour se consacrer à ses loisirs. Je comprends ce que tu me dis, et je noircis pas mal les traits effectivement.

Ensuite, c'est compliqué de trouver un travail qui nous plaît, même un minimum. Se reconvertir, c'est encore plus compliqué. Je ne pense pas que ce soit aussi simple... cf des connaissances qui galèrent.


--- Citer ---Il faudrait aussi mieux définir ce qu'est le travail parce qu'ayant eu moi même une période d'inactivité assez longue, je peux t'assurer que c'est ça qui te ronge plutôt que de bosser. C'est comme faire du sport sur le moment c'est difficile et fastidieux mais c'est bien plus sain que de rester le cul sur une chaise, aussi confortable cela puisse paraitre sur le moment (et btw ça libère une molécule dans le cerveau qui engendre plaisir et bien être, si tu veux creuser cette piste).
--- Fin de citation ---

Même si j'ai mis en suspens les études, je ne suis pas inactive pour autant. Je fais du sport, je créé énormément et si la pression universitaire ne m'avait pas flinguée, je pense que je serais plutôt heureuse de consacrer mon temps à faire ce que j'aime et à me garder en forme. Je fais quand même des efforts pour tenter d'équilibrer la balance entre bien-être et dépression... En espérant que la part du bien-être s'alourdisse de plus en plus. :oups: Pas facile.


--- Citer ---Aussi tu es sûrement suivie d'office maintenant mais si c'est pas le cas va voir un psychiatre, qui peut te préscrire des molécules qui sont un vrai soutien (oui je sais ça fait pas rêver, moi même à l'époque je disais que je prendrais jamais ces merdes mais c'est arrivé). Concentre toi sur les gens que tu aimes (et qui t'aiment, ceux ci faut s'y accrocher comme une moule sur son rocher car il y a des gens dans ta situation qui sont en misère affective et vivent dans la solitude, si tu n'es pas dans ce cas profite de ces avantages), sur des choses qui t'épanouissent sans te préoccuper si tu pourras en vivre ou non (et en règle générale je te donnerais ce conseil : sépare la passion de ton métier professionnel, j'ai essayé de mêler les deux et j'ai profondément détesté).
--- Fin de citation ---


Je suis déjà sous traitement mais bon... Les médicaments fatiguent énormément et m'empêchent d'être active dans la journée. Je trouve cela encore plus destructeur de somnoler en permanence et de ne pas pouvoir faire ce que l'on veut. Tu me diras (et je te répondrais « bien sûr ») que la dépression a les mêmes conséquences... Mais j'ai plus le sentiment de pouvoir me dépêtrer de l'inactivité engendrée par la dépression pour peu qu'on m'y pousse. Alors qu'une molécule, ça agit et tu ne peux rien y faire.

Je suis aussi suivie par des professionnels et je vais un peu « mieux ». Simplement, me motiver à continuer quand je sais la merde qui m'attend, c'est pas très encourageant.

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