Auteur Sujet: Écrits et tableaux  (Lu 51485 fois)

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« Réponse #120 le: dimanche 13 février 2022, 21:59:33 »
*NOELLE CAST SNOWGRAVE



La qualité de la photo est plutôt médiocre...

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Un projet qui traîne depuis un petit moment — depuis décembre pour être précise — que je n'ai fini que récemment pour diverses raisons. Il s'agit de Noelle Holidays du jeu Deltarune, la suite d'Undertale de Toby Fox, durant la route Snowgrave où le joueur ordonne à celle-ci d'exécuter l'attaque du même nom. Ce personnage n'est pas le plus apprécié visiblement, à part par une certaine communauté (hm hm [furries]) mais je ne l'ai découvert que bien plus tard. :oups:

Le sujet du tableau est très précis, je ne pense pas que beaucoup de gens ont la référence mais ce n'est pas grave ; je me suis fait plaisir, c'est l'essentiel. Même s'il reste coloré, ce tableau là se démarque de mes « œuvres » précédentes par son côté plus inquiétant... J'aime bien, j'ai tenté autre chose finalement.

En-dessous, vous retrouvez le processus commenté (ah le retour du commenté !!). :-*

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« Modifié: dimanche 13 février 2022, 22:01:14 par Neyrin. »

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« Réponse #121 le: lundi 09 mai 2022, 15:45:05 »
COLLECTION DE MINIATURES



Une petite collection de miniatures peintes sur des supports en bois de 4 centimètres de diamètre, et à la peinture à l'huile. Dans l'ordre : Pont japonais et nymphéas de Claude Monet, une carpe koï avec des paillettes dorées — mais elles ressortent grises sur la photo, ce qui est dommage —, un petit oiseau avec marqué « oiseau » en japonais (tout simplement), un léopard couché dans un arbre et enfin, un chat dans un style estampe japonaise.

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« Modifié: lundi 09 mai 2022, 22:31:11 par Neyrin. »

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« Réponse #122 le: lundi 09 mai 2022, 19:40:38 »
C'est toujours aussi beau ! Gros faible pour le léopard dans l'arbre :3
Et du coup, j'ai peut-être raté un épisode (désolée si c'est le cas), mais ça avait donné quoi l'entreprise pour les cadrans de montres ?

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22:25:26 ‹Yan930› cocotte > admin site > admin forums > modo
22:26:09 ‹Chompir› oui ça c'est vrai par contre :oups:
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D_Y: si t'étais un délit, tu serais un excès d'intelligence

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« Réponse #123 le: lundi 09 mai 2022, 19:46:49 »
Ça a été décalé à demain, le 10 mai du coup !! :niak: Les employées étaient trop dans le rush les semaines précédentes, et donc elles ne pouvaient pas m'accorder de temps.

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« Réponse #124 le: dimanche 29 mai 2022, 18:44:48 »
LA SAUVAGEONNE DU METROPOLITAIN

1

Un vent gondolé s’extrayait de la bouche de métropolitain comme la profonde expiration d’un géant. Il surprenait les indécis, les rêveurs et les non initiés lorsqu’ils descendaient les escaliers, mais jamais les coutumiers ; il s’évanouissait, une fois la descente vers le sous-sol terminée, pour laisser place à un air lourd et comprimé. Pour pénétrer en son sein, il ne suffisait pas de dévaler des escaliers partiellement défoncés : il fallait détenir un sésame fait de papier à l’impression rouge. Petit et rectangulaire, sa vocation était de s’introduire dans une fente d’une même couleur que sa robe, d’en ressortir dans un cliquetis qui précédait le rabattement des portes durant quelques secondes, le temps que l’individu s’engouffre dans l’étroite ouverture et s’éloigne vers les quais souterrains. Il arrivait que des personnalités dépourvues de sésame — des fraudeurs — violent ce système en bloquant les portes pour accéder au corps même du métropolitain, et cela agaçait particulièrement une personne qui ne supportait pas que l’on entache les règles qui régnaient en cet endroit.

Cette personne, c’était une femme ni trop grosse, ni trop maigre dont les cheveux ne tombaient ni trop bas, ni trop haut. Elle n’était ni trop bizarre, ni trop normale. Elle était un juste milieu de l’humain, de sorte qu’elle était invisible au milieu de ses semblables. Elle était intellectuellement et physiquement invisible ; personne ne prêtait attention à son existence comme elle ne prêtait attention à l’existence de personne. C’était une chair parmi des chairs, un corps malodorant qui suaient parmi d’autres corps malodorants qui suaient. Tous les jours, son sésame rabattait violemment les portes dans un cliquetis accompagné d’un signal sonore, puis elle se dirigeait sur les quais pour attendre. Attendre un grand serpent blanc, endommagé par le temps, qui glissait sur des rails comme du savon sur une faïence trempée. Lorsqu’il ralentissait, il produisait un crissement fort désagréable puis, une fois brusquement arrêté, tout son bagage intérieur — c’est-à-dire principalement des voyageurs — bringuebalait. Les portes coulissaient avec vacarme et là, un flot d’inconnus se déversait sur les quais et si quelqu’un avait le malheur de se précipiter dans le wagon avant le vidage complet de celui-ci, il était emporté par la vague humaine. Inutile était de lutter : personne ne s’écarterait, et tous forceraient le passage. C’était le même effet que les pôles positifs de deux aimants qui s’abhorraient réciproquement, qui jamais ne souhaitaient se rencontrer et, avec force, se rejetaient l’un l’autre.

Dès qu’elle était vidée, la rame enflait de nouveaux voyageurs et dans un son strident, les portes se condamnaient. Chacun se retrouvait prisonnier dans une capsule étouffante au beau milieu d’autres prisonniers silencieux. Pas une voix ne s’élevait car personne, semblait-il, ne souhaitait être individualisé. Le véhicule démarrait et en quelques secondes, était lancé à pleine vitesse dans les couloirs noirs des souterrains. Les wagons étaient pourvus de fenêtres, mais cela n’avait pas grande utilité car à l’extérieur, tout était d’un noir profond et abyssal. Si profond et si abyssal que les éclairages blafards de la rame faisaient des vitres des miroirs approximatifs où tout un chacun pouvait observer les autres, sans que ces mêmes autres ne le sachent. Les bancs et sièges arboraient des renflements de textile dont les fibres renfermaient une crasse emmagasinée sur plusieurs années, une crasse qui provenait des culs sales qui s’y posaient, des vêtements souillés, des bagages encrassés qui avaient roulé, traîné et noyé dans la boue urbaine, des sacs de courses alourdis par des bouteilles de lait percées, des boîtes d’œufs cassés et des briques de soupe perforées. L’aspect de ces sièges n’avait rien d’attrayant, sinon tout de repoussant et pourtant, les gens s'asseyaient. Les très mauvais jours, il arrivait qu’une vomissure aux couleurs chaudes tapisse le sol, qu’elle infeste les lieux d’une odeur nauséabonde mais que personne ne semblait la fuir, et même que certains usagers s’en accommodent en s’y installant non loin. Sûrement devaient-ils se dire :  « Une place est une place, et je ne la céderai pour rien au monde ». Du moins, c’était ce que cette femme s’imaginait. Sinon comment serait-il possible que des individus, pourtant dégoûtés par ces fluides humains, supportent une telle nuisance olfactive ? Au sein du métropolitain, il semblait que tout un chacun s’oubliait, mettait un certain confort à l’écart et ne relevait pas, de quelque manière que ce soit, les pollutions urbaines qui dégradaient l’espace public.

Dans sa course linéaire, unique et sans déviation, le grand serpent mécanique produisait un bruit insupportable pour les tympans fragiles ou désaccoutumés. Le moteur vrombissant mêlé au frottement du vent entre le véhicule et les parois du tunnel en étaient les responsables. Outre son vacarme, ce jour-ci, le métropolitain accueillait des profils que la citadine se réjouissait d’avance de déchiffrer. Les têtes semblaient s’être multipliées par dizaine et formaient comme un champ de maïs sous serre dont elle avait décidé d’être le céréalier. Cependant, aucun épis ne se démarquait particulièrement des autres tant ils étaient nombreux. Elle décida de descendre au prochain arrêt avec quelques autres usagers, puis s’installa sur l’un des sièges métalliques qui longeaient le mur du quai. Les silhouettes quelconques se dirigeaient toutes vers la sortie indiquée par une flèche verte providentielle, tandis que d’autres arrivaient vers elle pour monter dans le prochain train. Leurs regards se croisaient parfois parce qu’elle les étudiait sans gêne ; c’était toujours eux qui baissaient les yeux les premiers.

Les voyageurs défilaient et tous sortaient de voitures bondées. La femme dût attendre une bonne trentaine de minutes avant d’estimer qu’elles étaient ni trop vides, ni trop pleines pour se laisser engloutir par la bête longiligne. À l’intérieur, les gens étaient bien moins compressés et la vue n’était pas obstruée par des boules chevelues en tout genre. À quelques centimètres d’elle, un couple, jeune et de bonne famille, se tenait debout. Le conjoint s'agrippait à la barre d’une main, et retenait sa compagne par la taille de l’autre. Dans un élan de galanterie, peut-être lui épargnait-il un intime contact avec les bactéries qui envahissaient ce point d’accroche. Puis il lui caressa superficiellement le dos (il semblait que le gros manteau qu’elle portait ne lui permettait pas de sentir avec précision les gestes de son compagnon), et l’embrassa. Elle n’y répondit pas ; elle ignorait que beaucoup de filles rêvaient d’être à sa place et que par respect pour ses comparses, elle devait absolument répondre à cette marque d’affection. Pourtant, rien de plus ne se produisit. Cela eut le don d’agacer l’observatrice de cette scène. Ils descendirent à Charles de Gaulle.

De cette manière, la vision de la femme se dégagea. Elle s’aperçut qu’elle était face à un petit garçon à la chevelure châtain qui imbibait son gâteau sec de salive. Il ne semblait pas décidé à le croquer, et sa mère ne semblait pas décidée à lui en donner un autre. Alors il faisait profiter ses papilles de chaque molécule de sucre qui composait cette friandise avant que celle-ci ne se désagrège dans sa bouche. Elle trouva cela fort dégoûtant, car l’enfant traînait ses mains sur les sièges crasseux et tenait sa confiserie dans l’une ou dans l’autre. Ce n’était plus seulement imbibé de bave, mais aussi de toutes sortes de bactéries !

Elle finit par détourner son regard, fatiguée et lassée de son après-midi dans le métropolitain ; il fallait rentrer désormais. Alors elle quitta le véhicule lorsqu’elle fut à son arrêt, franchit les escaliers qui la conduisit à la surface et se retrouva sous un ciel maussade. Les rues empestaient la pollution ; l’air était étouffant d’une autre manière à l’extérieur. La citadine extirpa ses clés de la poche de sa veste puis, après un peu de marche, parvint jusqu’à son immeuble. Une fois rentrée dans son petit appartement du cinquième étage, elle s’effondra sur son lit sans même se déshabiller. Rapidement, le sommeil la gagna et ses rêves se composèrent de quais souterrains et de transports en commun.



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« Réponse #125 le: lundi 30 mai 2022, 20:54:45 »
Très jolie la collection de miniatures !

J'ai lu le dernier texte, intriguée par le titre. J'aime bien l'idée derrière cette description détaillée du métro, il y a un certain contraste entre des parties qui poétisent certaines actions/scènes, et des moments plus crus. C'est particulier mais intéressant.

La narration me semble un peu balancer/être un peu vague entre un narrateur omniscient et le point de vue du personnage que l'on suit.

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« Réponse #126 le: samedi 25 juin 2022, 16:24:22 »
PETITE MÉSANGE

 

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Une petite mésange toute simple pour l'anniversaire de ma maman dans quelques jours. Comme pour les miniatures précédentes, elle est peinte sur un support en bois de 4 centimètres de diamètre, et à la peinture à l'huile. Quelques nouveautés cependant : j'ai appliqué les conseils donnés par les miniaturistes que j'avais rencontrés. J'ai donc poncé mon bois pour le lisser et retirer les aspérités, j'ai travaillé avec des pinceaux extrêmement fins (ce sont, en réalité, les pinceaux les plus petits du marché coupés aux ciseaux pour qu'il ne reste presque que quelques poils) pour être encore plus détaillée et précise, et j'ai mélangé ma peinture avec un médium à peindre (ce que je ne faisais jamais jusqu'à présent :hap: bravo le veau). Bref, voilà.

À venir prochainement j'espère, un grand tableau et une broderie pas folichonne.

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« Réponse #127 le: samedi 25 juin 2022, 19:49:02 »
C'est encore une fois très beau et très détaillé !
As-tu senti une différence en appliquant les conseils que tu as reçus ? (que ce soit en travaillant ou sur le résultat final)

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22:25:26 ‹Yan930› cocotte > admin site > admin forums > modo
22:26:09 ‹Chompir› oui ça c'est vrai par contre :oups:
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« Réponse #128 le: samedi 25 juin 2022, 20:58:32 »
Merci ! <3 Et oui, j'ai constaté des différences clairement. Vu que mon bois était lisse, il absorbait moins la peinture et c'était beaucoup plus simple pour mettre la couleur. Ensuite, vu que le médium à peindre fluidifie la peinture et la rend plus brillante, c'était aussi beaucoup plus simple pour la travailler. :8):

Pour les pinceaux aussi,  ils sont beaucoup plus fins donc c'est super pour faire les yeux ou les petits détails comme les poils et les plumes. Je les utilise même pour les grands tableaux maintenant, et y a pas photo.

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« Réponse #129 le: mercredi 29 juin 2022, 20:56:47 »
BOULEDOGUE FRANÇAIS



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Un bouledogue français à la peinture à l'huile sur un carton toilé de 24 x 33 centimètres. Il ne reste plus qu'à attendre qu'il soit extrêmement sec pour le vernir ; ça le protègera et ça lui donnera plus de brillance.

Les plus connaisseurs d'entre vous sauront d'où vient exactement le modèle. :oups:
« Modifié: mercredi 29 juin 2022, 21:03:43 par Neyrin. »

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« Réponse #130 le: mercredi 28 février 2024, 20:24:33 »
(TR) THÉRAPIE BRÈVE

Je vois cette pendule dorée sous cloche, dont les boules tournent successivement dans un sens puis dans l’autre avec un silence et une légèreté déroutants.

Je vois la table basse en bois foncé avec un plateau en verre.

Je vois, sur cette même table, la petite statuette noire d’une femme recroquevillée sur elle-même, la jambe repliée contre sa poitrine et la tête reposant sur son genou, la serviette en papier carrée et orange dont les bords sont abîmés, cornés à cause de l’eau qui les a déformés, cette petite bouteille en verre à bouchon mécanique, ces deux verres aux côtés concaves et violets soigneusement posés sur cette serviette.

Je vois, par terre, cette corbeille en osier qui n’est ni ronde, ni ovale et dont je me suis souvent questionnée l’utilité.

Je vois le fauteuil de bureau sous le porte-manteau, dont l’ensemble est recouvert d’un épais tissu orange avec des éléphants indiens ; celui en tête de file a le corps emporté par une énorme couture et n’a plus qu’une seule patte arrière visible, mais qui semble indiquer le chemin aux deux éléphants qui lui succèdent.

Je vois les portes de placard blanches coulissantes, et les rails argentés au sol qui m’évoquent ceux de la chambre où j’ai vécu ce qui m’a amenée dans cette pièce.

Je vois les rideaux rouges qui ne sont pas symétriquement ouverts derrière vous, et votre regard qui semble chercher où mes yeux se posent au moment où vous me parlez.

Je vois le purificateur d’air en plastique blanc qui dénote dans cette pièce aux tons chauds, mais que vous avez dû mettre pour apaiser certains patients hypocondriaques ; il s’allume tantôt en bleu, tantôt en rouge.

J’entends la sonnerie du téléphone dans une autre pièce, sans pouvoir déterminer laquelle car je ne connaissais que celle-ci. Puis je vous entends me dire  : « Ne vous déconcentrez pas. La sonnerie vous gêne ? ».

Je me rappelle me demander s’il existait un bureau où sonnait ce téléphone. Puis si c’était ici que vous viviez, avec votre cabinet uniquement séparé par cet étroit couloir aux murs vierges.

Je vois l’étroit couloir aux murs blancs.

Je vois cette entrée où, en face de la porte, se trouve une commode blanche habillée d’un grand tableau encadré.

Je vois, posés sur la commode, les deux petits chats en porcelaine au regard singulier, côte à côte et orientés vers le couloir.

Je vois la sonnette jaunie à ma gauche.

Puis je vois ce siamois, qui s'est invité dans votre jardin, me considérer avec appréhension et prendre la fuite. Tout comme j'aurais aimé le faire à ce moment-là, mais vous me rappeliez toujours qu'il était temps d'affronter les fantômes.



(Merci beaucoup docteur de m'avoir sauvée.)
« Modifié: mercredi 28 février 2024, 22:51:35 par Neyrin. »