Auteur Sujet: L'émotion dans l'art  (Lu 16758 fois)

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Hors ligne Drac

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L'émotion dans l'art
« le: lundi 02 novembre 2015, 21:28:26 »
Qu’est-ce donc que l’art ?
Un jour, une personne que j’estime beaucoup m’a dit « Une œuvre est réussie quand elle arrive à créer des émotions, quelles qu’elles soient, chez ceux qui la contemplent. »

En partant de ce principe, j’ai réfléchi à pas mal d’œuvres qui m’ont marquée, en m’inspirant des émotions intenses éprouvées, ou que j’avais peu coutume de ressentir, face à l’art.

On peut éprouver toutes sortes de sentiments, de la joie à la tristesse, la colère, l’oppression, le dégoût... On ressent tous un jour quelque chose en présence d’art, sous quelque forme qu’il soit.

Bref, ce sujet est dédié, comme le titre le suppose si bien, aux œuvres qui vous ont le plus marqués, que ce soit en vous touchant fortement ou d’une façon inattendue.

Pour ma part, et pour citer des exemples, je vais parler brièvement de deux œuvres qui m’ont provoqué des émotions ne me venant que très rarement  lorsque je suis confrontée à une œuvre.

Je veux tout d’abord évoquer Mushishi de Yuki Urushibara, un manga que l’on m’a fait découvrir assez récemment et qui, étrangement, m’apaise à chaque page.
C’était jusqu’alors une sensation que je n’avais que légèrement ressenti dans la musique et j’ai été agréablement surprise de la découvrir en lisant un manga.

La deuxième œuvre est un tableau qui me hante depuis mon enfance : Guernica de Picasso. Je ne suis pas du tout adepte du cubisme et je n’apprécie Picasso que dans ses dessins sortants de ce mouvement. Mais ce tableau-là, présent chez une amie sur tout un pan de mur, m’a toujours provoqué un profond malaise au point même de ne plus vouloir m’y rendre lorsqu’elle m’invitait et de refuser d’y dormir.
Je trouvais assez fort de la part de Picasso d’arriver à provoquer une telle émotion chez une hérétique de la peinture telle que moi et cela avec un tableau qui n’a rien de réaliste.

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Enfin, assez parlé de moi. À votre tour maintenant de faire partager vos émotions par rapport à différentes œuvres.
Turtle Powa!!!!

Hors ligne Yuan

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L'émotion dans l'art
« Réponse #1 le: mardi 03 novembre 2015, 00:47:41 »
Bonne initiative de topic, ça peut être intéressant de discuter un peu de ce qui a le plus marqué les membres du forum ! :^^:

Pour ma part, je partage cette vision de l'art depuis que je suis assez jeune, mais la première œuvre à m'avoir vraiment marqué de ce côté là est un bouquin. Les Chants de Maldoror du Comte de Lautréamont, plus précisément. Il s'agit de poèmes en prose excessivement longs et d'un style pompeux, qui content des horreurs en tous genres, avec une précision chirurgicale. Le lecteur est constamment insulté et rabaissé en dépit de l'éloge de Maldoror, un personnage qui ne symbolise qu'effroi et noirceur, dont les desseins sont insaisissables et écœurants.
Le livre est très long, mais si vous devez en lire un extrait, c'est le plus connu, la quatrième strophe du Chant IV, qui est devenu un classique résumant globalement bien le livre :
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C'est avec cette œuvre que j'ai découvert le concept de fascination du macabre, qui m'avait vraiment dérangé à l'époque tant il est déstabilisant. Mais, avec le temps, c'est devenu mon outil préféré lors de n'importe quel type de création, et je pense que c'est le plus percutant, surtout quand il est allié au Beau de l'art. Pour rester sur de la littérature, l'auteur qui m'a le plus impressionné par son usage des deux ensemble risque de rester Baudelaire avec ses Fleurs du Mal. Un contraste sublime entre le beau et l'horreur, qui fascine autant qu'il émerveille.

La forme d'art qui me fait vivre le plus de sensations, en revanche, est sans doute la musique de par sa façon de s'imposer (on ne la perçoit pas, elle nous affecte), mais pas que. Je pourrais citer une ribambelle de morceaux et d'artistes qui ont su me faire vivre un tas d'émotions, mais on y serait encore demain, et j'aurai même pas réussi à en citer la moitié. v.v
Je vais donc faire court, et en choisir un seul. Moanin' interprété par Mingus Big Band. C'est du jazz vraiment percutant, qui laisse difficilement insensible, qui noie une ribambelle de sons entre eux... Je ne vois pas comment qualifier cette œuvre avec un autre mot que fort. Tout le morceau est d'une telle puissance d'un bout à l'autre, dans son tempo, ses nuances, ses mélodies... J'ai vraiment l'impression de décoller quand je l'entends, je trouve difficile de m'en contenter comme d'un bruit de fond ; je me retrouve toujours à gigoter un minimum tant le son me fait vibrer. Je ne peux pas trouver une émotion en particulier qui collerait à ce morceau tant il y en a : confusion, colère, fougue, ivresse... Bref, un thème de guerre, quoi ! Une putain de claque quand je l'ai entendu pour la première fois, et que je ne cesse de revivre à chaque écoute tant je ne m'en lasse pas.

Je pourrais aussi parler d'une liste interminable de films et de BDs tant je suis sensible à ces formes d'art (dans le cas des films, l'animation me fait encore plus voyager que les jeux d'acteur - probablement à cause de ce côté intégralement artificiel, où chaque forme et mouvement sont créés de toute pièce).
Mais je vais plutôt me contenter de parler d'une peinture d'Amano Yoshitaka pour passer sur les arts visuels :

C'est loin d'être son œuvre la plus dingue au niveau du dessin, de l'expression, des couleurs... Mais dès que je l'ai vue pour la première fois, ça a été un coup de cœur instantané. Ce regard dérangeant, du coin de l'œil, pas exactement vers le spectateur mais plutôt un point derrière lui, couplé à ce visage lisse, sans défauts, et ancré dans le mouvement par les cheveux et cette tête tournée derrière l'épaule, pourrait créer un tableau particulièrement beau. Mais à la place, on a une palette de bruns et de jaunes ternes, et un sourire à la dentition terrible, qui suggère la maladie ou la bestialité. Ça me... brrr, j'en perds mon latin.
Je pourrais évidemment mentionner des tonnes de tableaux de Van Gogh (la façon dont il peint avec tant de véhémence des objets du quotidien, fuck), Gustave Moreau, Egon Schiele, Toulouse-Lautrec... La liste continue encore loin.

Et enfin, pour mentionner les jeux vidéo sans m'étaler, celui qui m'a vraiment fait vivre une expérience hors du commun est un titre qui doit revenir sur beaucoup de lèvres : Shadow of the Colossus. Pas besoin de le présenter, il est vraiment à découvrir si ce n'est pas déjà fait, sans gonfler ses attentes.

(Sinon, j'adore Guernica et Mushishi, bon choix !)
« Modifié: mardi 03 novembre 2015, 01:10:38 par Yuan »

Ah the ticking of the clock
And the ringing of the stocks
Are relics of our lives

Hors ligne Leena

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L'émotion dans l'art
« Réponse #2 le: mardi 03 novembre 2015, 20:09:04 »
Très intéressant comme topic !

Alors pour ma part ça sera un peu moins détaillé que les posts d'au dessus je pense mais je vais essayer de vous faire partager un peu mes expériences tout de même :niak:

Déjà j'avoue ne jamais avoir vraiment été touchée par un tableau. J'aime contempler des dessins ou peintures mais je ne me souviens pas avoir déjà été marquée par une oeuvre. Je ne m'y connais pas particulièrement, je ne sais pas si ça joue, mais je trouve ça dommage parce que ça reste quelque chose que j'apprécie. Je n'ai peut être pas encore découvert la perle rare ^^

Niveau films, ce sont surtout les films d'animation qui me marquent. La découverte des films de Miyazaki, Mamoru Hosoda ou encore Makoto Shinkai a été une révélation pour moi :^^: Pour n'en citer que quelques uns je dirais Princesse Mononoké, Les Enfants loups ou encore Le jardin des mots. J'aime leurs univers, je me sens réellement transportée pendant toute la durée du film et je suis souvent dans un état second lorsqu'il se termine ^^ Je ne me souviens pas avoir ressenti ça pour un film "normal".

Par contre, comme Yuan, l'art qui me fait ressentir le plus de choses reste la musique. Je joue de la musique depuis longtemps mais je n'avais pas cette sensibilité dès le début. J'ai pas mal été baignée là dedans, tout le monde dans ma famille étant de grands adeptes de musique. Puis arrivée au début du lycée j'ai commencé à en écouter et à apprécier d'en jouer beaucoup plus qu'avant. Je dois avouer que les sensations que l'on ressent lorsque l'on joue devant un public après de longues heures à s’entraîner chez soi est assez exceptionnel. Aujourd'hui je peux dire que j'écoute quasiment tout le temps de la musique. J'en suis limite accro, par exemple j'ai dû mal à bosser quand je ne trouve pas la musique que j'ai envie d'écouter à ce moment là :niak:
J'aurais dû mal à vous citer des morceaux qui m'ont particulièrement marqué tellement il y en a. Evidemment il y a des styles pour lesquels je suis plus réceptive (rock, pop, folk, jazz, oriental ...) et c'est assez facile de connaitre mon humeur en général, il suffit de voir ce que j'écoute ;D Un simple morceau peut me faire ressentir tellement de choses : bonheur, nostalgie, mélancolie, tristesse, ...

Voilà quelques morceaux qui me viennent à l'esprit sur le moment, mais la liste pourrait être beaucoup plus longue et je vais sûrement regretter de ne pas en avoir mis d'autre plus tard :niak:

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Ça me fend le cœur de devoir en choisir si peu :'(

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Hors ligne Sigurico

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L'émotion dans l'art
« Réponse #3 le: mardi 03 novembre 2015, 20:28:22 »
Oui, excellent sujet. Et puis, personnellement, j’aime bien connaître les goûts et la culture de chacun, d’autant plus sur un tel forum avec de tels membres, n’est-ce pas.

Bref, quant à moi, je vais faire vite et me restreindre aux domaines de l’art que je "connais" le mieux : le manga, l’animation et le jeu vidéo. (Vous la ressentez, la puissance de ma culture ? :x)

Je tiens aussi à citer Mushishi, car il s’agit d’un manga fabuleux. (C’est moi qui l’ai fait découvrir à Drachérie. :3) Chaque tome se savoure paisiblement. La sérénité, la philosophie et la poésie de l’œuvre nous transportent.
Je trouve que l’adaptation animée perfectionne et sublime l’œuvre. Nous pouvons davantage admirer et traverser paysages et saisons, le tout accompagné de musiques absolument magnifiques. Bref, nous nous faisons encore plus transporter.

Ensuite, il y a le manga Pluto. Comme je le disais récemment, c’est une œuvre qui m’a filé une vraie claque à chaque tome. Tout en proposant un scénario haletant et passionnant, ainsi qu’un dessin remarquable et une mise en scène phénoménale, le manga évoque de nombreux sujets (scientifiques, philosophiques, politiques, etc.). Cela en fait une œuvre magnifique d’une grande richesse, et d’une grande intelligence.
Je rêve toujours d’une adaptation animée, mais je crois que cela va être difficile.

Et puis, il y a One Piece. Ah… One Piece. Chaque semaine, j’attends comme un sale garnement le nouveau chapitre. On ne va pas le présenter, mais ce manga est doté d’un vaste univers absolument génial, d’une incroyable richesse, et notamment, d’une grande cohérence. One Piece, c’est une ode au voyage et à l’aventure vous faisant passer par une ribambelle d’émotions (justement).

Du côté de l’animation, je tiens à citer Princesse Mononoke. Quand j’étais gosse, l’aura et la "violence" de ce film m’avaient troublé, et j’en étais resté à ce stade quelques années. En grandissant, c’est tout simplement devenu une œuvre me tenant grandement à cœur. Dessin, animation et musique de maîtres pour une ode à la nature d’une beauté exceptionnelle.

Enfin, au niveau du jeu vidéo, comment ne pas citer Ico ? Mon jeu favori, et toujours le seul (il me semble), à ce jour, à m’avoir fait verser une larme (des larmes). Un jeu d’une beauté pure et réellement touchante. Cependant, il faut aussi préciser que le jeu possède un gameplay et un level design de grande qualité, alternant énigmes et plates-formes. En fait, je trouve son gameplay limite novateur, car il a une approche assez particulière, basé sur le "naturel", l’intuition et le ressenti, je dirais.

Voilà. Je cite juste, pour terminer, le film The Fall, qui a aussi une place particulière dans mon cœur. Après, évidemment, j’aurais pu parler de tellement d’autres choses encore, mais c’est déjà pas mal pour l'instant, et je dirais que dans les domaines concernés, j’ai cité celles qui m’ont le plus fait ressentir des émotions (et le fait que je ressente beaucoup d’émotions demeure assez rare et difficile, à vrai dire).
« Modifié: mardi 03 novembre 2015, 20:33:17 par Sigurico »

Hors ligne D_Y

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L'émotion dans l'art
« Réponse #4 le: mardi 03 novembre 2015, 22:08:45 »
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Un jour, une personne que j’estime beaucoup m’a dit « Une œuvre est réussie quand elle arrive à créer des émotions, quelles qu’elles soient, chez ceux qui la contemplent. »

J'y pense depuis hier, à ta phrase, et je pense qu'il manque un truc. On peut ressentir de l'émotion devant un plat de pâtes bien assaisonné par exemple, de même qu'on peut être heureux devant quelque chose qu'on rattache difficilement à l'art. Je sais pas, tu peux avoir des frissons devant Avengers, si t'es un peu con, sans que ça ne soit artistique pour autant, mais un peu modelé par les goûts de la société dans laquelle on vit (j'imagine, sinon je ne vois aucune raisons d'aimer Avengers).
Je sais pas, par exemple je trouve que Retour Vers le Futur est un film inestimable, mais ce n'est pas une oeuvre d'art pour moi v.v Peut être trop familial ou hollywoodien à mon goût, mais je cherche dans l'Art un sentiment surhumain, une partie de réponse à la question primordiale, que je sens hors de portée mais à la fois si proche.

Mais bref, avant que ça parte en philosophie de comptoir à bière, je contribue au topic. Le sujet est en effet intéressant surtout que Yuan m'a permis de connaître la poésie de Lautréamont que je ne connaissais pas avant hier soir, et rien que pour ça, ce topic devrait être reconnu à sa juste valeur v.v
En restant dans les livres, même si j'ai commencé la lecture intensive assez tardivement, j'ai toujours Edgar Allan Poe en tête comme auteur marquant, en grande partie grâce à son merveilleux livre Nouvelles Histoires Extraordinaires qui m'a fait sacrifier des heures de sommeil pour arriver au bout. J'ai bien entendu lu une grande partie des livres de cet auteur, sans vraiment retrouver cette sensation unique cela dit, même si ses autres ouvrages restent plutôt cool (Arthur Gordon Pym, Histoires Grotesques et Sérieuses notamment). Si vous avez l'occasion, ne surtout pas hésiter, certaines de ces histoires sont glaçantes.
Pour rester dans l'américain, j'ai été pris de passion pour l'autodidacte Jack London et ses chef d'oeuvre comme Croc Blanc, ou l'Appel de la Forêt, mais surtout le Loup des Mers. Ce dernier est une superbe leçon de vie, à moitié philosophique d'ailleurs, et très intéressant, parce qu'il met en lumière la valeur de l'existence (question ô combien complexe :note:).
J'ai également été assez mordu de mythologie (grecque mais je tenterai sûrement d'autres choses par la suite) pendant un temps. Mon premier bouquin là dessus était Les Métamorphoses d'Ovide que j'ai dévoré en quelques jours tellement il était fascinant. Je l'ai dévoré de bout en bout, et j'ai ensuite enchaîné sur l'Eneide de Virgile, que je trouve déjà moins percutant mais il y a, dedans, un chapitre dans lequel le héros (Enée, donc) descend en Enfer, à la manière de Orphée ou encore Ulysse. Sauf que chez Virgile, pour une raison que j'ignore, ça m'a complètement retourné le cerveau, et je l'ai relu trois fois à la suite tellement c'était prenant. Et bref, parce que la Genèse de l'Humanité et ses croyances est un des sujet les plus passionnant qui soit (pour ma part :R) j'ai également lu Le Paradis Perdu de Milton, qui n'est pas du tout de la mythologie grecque, pour le coup, mais qui est devenu, sans que je l'attende, mon livre de chevet, parce que c'est un peu un orgasme imprimé :coffee: Vaut-il mieux vivre enchaîné dans un bonheur illusoire ou vivre libre dans la souffrance ? 
(non sérieux, lisez le, en plus la traduction française a été faite par Chateaubriand, et donc pas par Joe le Clodo).
Autrement j'ai beaucoup lu du travail de Tolkien, d'abord par le Seigneur des Anneaux, comme tout le monde, puis je me suis surpris à adorer le Silmarilion (que tout le monde déteste), et ensuite les Contes et Légendes Inachevés et les Contes Perdus. Un des plus grands auteur du XXe siècle, et pourtant j'ai une aversion inexplicable pour les romans de fantasy modernes, même si j'adore les vieux récits comme Beowulf (peut être un "c'était mieux avant" à échelle x10 ?).
Sinon je considère que Alice in Wonderland et Through the Loooking Glass sont les livres les mieux écrits du monde, et d'une extrême profondeur/richesse. Un retour vers l'enfance mais pas que, un non sens qui prend forme dans une parfaite utilisation du langage. Alice, ça ne peut pas exister autrement qu'en livre, et c'est en lisant qu'on s'en rend compte.

En terme de peinture, je ne m'y connais pas des masses, loin de là, d'ailleurs c'est ce qui m'accroche le moins, mais je suis quand même plutôt réceptif aux représentations mythologiques, justement, notamment les métaphores (bon y'a que ça dans la mythologie, mais vous avez compris).

Par exemple :



C'est un tableau représentant les Erynies, divinités persécutrices (en train de persécuter un type qui s'appelle Oreste, un matricide, mais osef v.v). Elles représentent les remords, en gros (d'ailleurs c'est le nom du tableau), et je trouve cette façon de les représenter vraiment excellente. J'ai connu ça justement en lisant Virgile, car dans le livre on retrouve une Erynie qui s'appelle Allecto (une nana pas gentille du tout), et j'étais curieux de voir de quelles façon on l'avait représentée.
De manière générale, j'aime les peintures de dieux et de choses divines (donc pas forcément catholiques, hein), et je peux passer des heures à me renseigner sur le sujet. Du reste, j'ai toujours été ultra fasciné par le tableau de Botticelli, la Naissance de Vénus, pour une raison que j'ignore totalement (le premier qui me sort que c'est parce qu'on voit une femme à poil, je lui envoie du nu de Dup).



Ensuite, pour ce qui est des films, je vois franchement pas quoi dire là dessus. Il y en a plein que je peux me matter en boucle tellement ils sont magnifiques, c'est pas le problème : Blade Runner, Mad Max 2 (et Fury Road :R), Conan le Barbare, Casablanca, King Kong, Le Kid, La Fiancée de Frankenstein, Excalibur, 2001 L'Odyssée de l'Espace, Gallipoli, The French Connection, et j'en oublie beaucoup. Mais voilà, j'ai tellement d'oeuvres qui m'ont marqués (ça se voit, je pense) que je serais incapable de dire lesquelles en particulier. C'est tout le 7e Art en général qui me heurte :ange:

Pour finir concernant la musique, ça va en surprendre certains mais c'est quelque chose qui a le pouvoir de me convaincre de l'existence d'un "Dieu" bien plus que certain livres saints. En écoutant certains compositeurs classiques, ça bouleverse les tréfonds de mon âme et je vois la vie d'une autre manière. Il me semble que du coup ça correspond bien, même plus, à ce que tu appelle comme émotion dans l'art v.v
Je précise qu'elles sont rares les musiques contemporaines qui m'ont fait un tel effet. Pink Floyd peut être. Enfin bref, je suis un gros mordu de Verdi (surtout la Marche Triomphale), Bach (la Toccata v.v), Beethoven et ses magnifiques symphonies, Vivaldi (référence évidente) et surtout Mozart, qui, je pense, est un des plus grand génie que l'humanité a jamais fait :ange:
Pour la peine, son dernier Requiem, qui ferait changer d'avis n'importe quel athée :


(mais en vrai j'ai le plus écouté sa 25e Symphonie, le morceau le plus parfait qui soit)
O proud Death ! What feast is toward in thine eternal cell ?

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L'émotion dans l'art
« Réponse #5 le: mardi 03 novembre 2015, 22:24:50 »
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Un jour, une personne que j’estime beaucoup m’a dit « Une œuvre est réussie quand elle arrive à créer des émotions, quelles qu’elles soient, chez ceux qui la contemplent. »

J'y pense depuis hier, à ta phrase, et je pense qu'il manque un truc. On peut ressentir de l'émotion devant un plat de pâtes bien assaisonné par exemple, de même qu'on peut être heureux devant quelque chose qu'on rattache difficilement à l'art. Je sais pas, tu peux avoir des frissons devant Avengers, si t'es un peu con, sans que ça ne soit artistique pour autant, mais un peu modelé par les goûts de la société dans laquelle on vit (j'imagine, sinon je ne vois aucune raisons d'aimer Avengers).

Je vais sûrement faire chier mais je pense pas qu'on puisse dire que quelqu'un qui a des frissons devant Avengers soit "con". Je sais que tu as une façon assez franche de dire les choses D_Y mais c'est peut être un peu fort v.v Evidemment y a plus artistique/poétique ou tout ce que tu veux comme film. Mais les raisons qui font que tu vas apprécier ou être touché par une oeuvre sont tellement nombreuses que c'est trop facile de dire ça. Tu as parlé de musique classique par exemple, j'ai beau avoir joué de nombreux morceaux classiques je n'ai jamais réussi à être réellement secouée par ceux-là. Après c'est des sensibilités, les goûts et les couleurs toussa toussa v.v Et juste pour préciser, j'ai jamais vu Avengers :-*

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L'émotion dans l'art
« Réponse #6 le: mardi 03 novembre 2015, 22:58:22 »
message qui s'autodétruira blabla.

Justement, on en parlais (un peu) sur le tchat aujourd'hui. C'est pour ça que je disais qu'il manquait un élément au post de Drac. Je trouve qu'il y a une différence à faire entre la perception subjective d'une oeuvre, et sa véritable valeur artistique. En gros, je ne critique pas ceux qui aiment Avengers (ils font ce qu'ils veulent), mais ceux qui pensent pouvoir affirmer sans honte que c'est un film vraiment réussi, dans tous les sens du terme.
Mais comme t'es pas la première à m'interpréter comme cela, je précise que je ne juge pas les goûts des gens, mais je pense simplement que l'art (en général) répond à quelque chose d'un peu plus profond que "moi j'aime et j'ai des émotions donc c'est de l'art". Par exemple je suis comme un enfant devant les Goonies, pourtant sur le plan artistique je suis conscient que ça ne vaut pas un sous...

Sinon je trouve ça triste que la musique classique ne te secoue pas tant que ça (vraiment, sans sarcasme).
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L'émotion dans l'art
« Réponse #7 le: mardi 03 novembre 2015, 23:15:52 »
Mais comme t'es pas la première à m'interpréter comme cela, je précise que je ne juge pas les goûts des gens, mais je pense simplement que l'art (en général) répond à quelque chose d'un peu plus profond que "moi j'aime et j'ai des émotions donc c'est de l'art".

C'est un peu ce que j'ai ressenti c'est pour ça que je me suis permis de faire la remarque. Mais je comprends parfaitement ton point de vue, j'ai d'ailleurs failli rajouter dans mon post précédent qu'on parle d’œuvres d'art sur ce topic et que considérer Avengers comme une oeuvre d'art est encore un autre débat.
Je pense également que l'art ne se résume pas au fait de provoquer des émotions chez les gens (même si ça reste une part importante), mais c'est difficile de se baser sur quelque chose d'aussi subjectif pour juger si une oeuvre est artistique ou pas. J'ai un peu l'impression que c'est un débat sans fin :^^':

Sinon je trouve ça triste que la musique classique ne te secoue pas tant que ça (vraiment, sans sarcasme).

Bon j'exagère peut être un peu en disant que la musique classique ne me fait rien mais ce n'est pas ce qui m'a le plus marquée on va dire. Mais c'est tellement vaste que je pense qu'en cherchant un peu plus je pourrais trouver des morceaux qui me feront changer d'avis :^^:

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L'émotion dans l'art
« Réponse #8 le: mardi 03 novembre 2015, 23:51:47 »
Personnellement, plutôt que l'émotion que je trouve parfois être un peu factice et provoquée facilement par des productions qui n'ont rien d'artistiques, je préfère dire que dans l'art, je recherche dans une certaine mesure, le sublime, une autre fenêtre de la réalité et une autre forme de vraie. Pour m'aider à montrer tout cela je vais simplement ressortir ma citation favorite sur l'art telle que je l'ai apprise en philo il y a maintenant quelques années, une définition écrite par Henri Bergson, philosophe Français de la fin du XIX début du XXème.

"A quoi vise l’art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? Le poète et le romancier qui expriment un état d’âme ne le créent certes pas de toutes pièces, ils ne seraient pas compris de nous si nous n’observions pas en nous, jusqu’à un certain point, ce qu’ils nous disent d’autrui. Au fur-et-à-mesure qu’ils nous parlent, des nuances d’émotions et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps, mais qui demeuraient invisibles : telle l’image photographique qui n’a pas encore été plongée dans le bain où elle se révèlera. Le poète est ce révélateur. " Henri Bergson, la pensée et le mouvant 1934

( Faudra vraiment que je lise ses livres un jour.)

Mais soit, vu qu'il est un peu stérile d'en rester avec une simple réflexion philosophique je vais faire comme tout le monde et laisser parler mon égo et ce que j'aime.

Depuis tout petit, j'ai toujours été un grand amateur de peinture, saisir une image pour l'éternité est quelques chose qui me fascine au plus haut point d'autant plus quand on sent que l'artiste a réussi à saisir "l'instant" de l'art.
C'est un peu pour cela que le style impressionniste et sa capacité à capter tout ce qui est important dans la peinture, ou même simplement les croquis ont toujours eu ma préférence, je trouve les tableaux très travaillé souvent un peu trop figé.
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Dès que l'on arrive à des médias qui accordent plus d'importance à une histoire, comme les livres ou le cinéma mes attentes changent. Comme dis plus haut j'apprécie d'être plongé, "dans une autre vérité" littéralement un autre univers avec ses règles. En terme de film, ma foi, les films d'animations de Miyazaki ( le vent se lève (tellement mésestimé ce film), Princesse mononoké, Le chateau dans le ciel ), ou de Satoshi kon ( Paprika, millenium actress ) me font toujours rêver. Après encore difficile de résumer ça à une question d'émotion pure, les thèmes abordé, la maturité de l'oeuvre ou encore son originalité sont encore ce qui font pencher la balance je pourrais citer des films comme blade runner, Harakiri, ou encore le chateau de l'araignée.

Niveau littérature, je citerai des grands classiques comme du Victor Hugo ou encore le comte de Monte Christo. Voir pour être plus récent, la horde du contrevent , la Roue du temps ou gagner la guerre. Que je trouve formidable à plus d'un titre pour la qualité de l'univers qu'ils savent poser et des formidables envolés lyriques qui terminent de dépeindre des tableaux fabuleux dans ma tête.
Bref on sent que la thématique du voyage et de la découverte m'est très chère dans l'art.
Ce qui n'est que confirmé par mes goûts en terme de bande dessiné entre Watchmen, Nausicaä de la vallée du vent, Berserk ou encore V pour Vendetta.

Ca me permet de rajouter un autre petit paragraphe sur ce que j'aime entre la relation art/vérité. J'aime quand l'art prend le parti de la nature de l'homme à son plus juste. Il n'y a rien que je déteste plus que les parti pris moralistes ou critique, l'être humain est en même temps capable d'être la pire raclure de l'univers et la seconde d'après d'atteindre le sublime sans autre raison que parce que sa nature est parfaitement paradoxale.
En ce sens je me suis toujours senti artistiquement attiré par ce qui peut paraître visuellement dérangeant, voir subversif, et je trouve dans de nombreuses représentations violentes et atroces des spectacles d'une grande beauté.

Je terminerai en citant quelques jeux vidéo qui me sont cher pour toutes les raisons que j'ai évoqué si dessus, Chrono cross, Tactic ogres ou encore Xenogears.

Bref je rejoins un peu D_Y pour le coup en disant que si l'émotion est une composante de l'art elle est loin de l'expliquer en entier, et qu'il faut souvent aller chercher plus loin, dans nos valeurs profondes pour comprendre pourquoi certaines œuvres arrive à rentrer en résonance avec notre soi profond et à devenir des piliers fondateurs de notre imaginaire ou de notre vision du monde.

Bref c'était confus et j'ai sans doute dis plein de conneries, mais j'avais envie de me lancer dans le débat moi aussi.
« Modifié: mardi 03 novembre 2015, 23:53:38 par un modérateur »
Merci Alice Lee pour la sign
Sing to me of a time long past
A Time when men answered to power alone
Ruled by steel, Steeped in darkness
Sing of an Age called Xytegenia.

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L'émotion dans l'art
« Réponse #9 le: mercredi 04 novembre 2015, 08:41:16 »
Bon bah moi alors l'art m'a toujours ému et ça depuis tout petit, je me souviens d'une émission de 30 seconde tout au plus qui parlait de tableau célèbre.Enfin bref voici ce qui m'émeut dans l'art.


Commençons par les livres, j'ai surtout étais ému dans l'écriture par les grands auteurs telle que Victor Hugo, qui a écrit les misérables et Notre Dame de Paris deux magnifiques ouvrages à avoir dans sa bibliothèque, le comte de Monte Cristo, que je vous conseillerais de lire, tellement je le trouve magnifique et pour ceux qui aurait trop peur de lire ce livre qui se compose de 2 tomes il y'a l'excellente version réedité par Koba Film en 4 épisode avec Jacques Weber.

 J'ai beaucoup étais ému par Marcel Pagnol aussi, en fait je remarque ce qui m'émeut le plus dans les livres sont tous très anciens, je ne retrouve pas la même chose dans les livres d'aujourd'hui, bien que j'en aime des plus récents mais je ne suis pas triste vous voyez de quitter  la lecture avec des livres plus récent. Comment ne pas cité aussi Roméo et Juliette, et Tristan et Iseult qui sont facile à lire et très beau par simplicité et qui me font toujours pleurer quand je les lis.


Ensuite dans  les tableau, les sculptures , j'aime beaucoup l'art religieux et mythologique, on y retrouve de très belles oeuvres et comme D_Y je suis un mordu de la mythologie grecque même si je sais que je ne suis pas aussi calé que lui, j'ai toujours aimé ça.

Bon je rajouterais les tableau quand j'aurais retrouvé les même tableaux qui m'ont ému.

Ensuite certains films , "Roméo et Juliette "de Bartz Lurhmann  par exemple sont des exemples d'art, c'est vraiment bien fait on sent la réalisation impeccable et la chorégraphie des combats sont de toute beauté.Je pourrais aussi citer le "Prince d'Egypte" par dreamworks, Paulie, le drôle de Noël de Scrooge, le bossu,....Et encore d'autre films sont des chef d'oeuvre mais je peut pas tout mettre, alors voilà.

Maintenant la musique, bon avant toute chose je suis quelqu'un qui n'écoute que de la musique de film, de série, de jeux vidéo et de la musique classique. Donc voilà les œuvres que j'aime beaucoup écouter :

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Bon je peut pas tout mettre mais voilà.
« Modifié: mercredi 04 novembre 2015, 10:16:22 par un modérateur »

Hors ligne Yuan

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L'émotion dans l'art
« Réponse #10 le: mercredi 04 novembre 2015, 12:39:38 »
Citer
Un jour, une personne que j’estime beaucoup m’a dit « Une œuvre est réussie quand elle arrive à créer des émotions, quelles qu’elles soient, chez ceux qui la contemplent. »

J'y pense depuis hier, à ta phrase, et je pense qu'il manque un truc. On peut ressentir de l'émotion devant un plat de pâtes bien assaisonné par exemple, de même qu'on peut être heureux devant quelque chose qu'on rattache difficilement à l'art. Je sais pas, tu peux avoir des frissons devant Avengers, si t'es un peu con, sans que ça ne soit artistique pour autant, mais un peu modelé par les goûts de la société dans laquelle on vit (j'imagine, sinon je ne vois aucune raisons d'aimer Avengers).
Je sais pas, par exemple je trouve que Retour Vers le Futur est un film inestimable, mais ce n'est pas une oeuvre d'art pour moi v.v Peut être trop familial ou hollywoodien à mon goût, mais je cherche dans l'Art un sentiment surhumain, une partie de réponse à la question primordiale, que je sens hors de portée mais à la fois si proche.

Je saisis bien la nuance dont tu parles D_Y, mais je pense que tu as du mal à mettre le doigt sur ce qui te gêne exactement avec cette « définition » d'art. En fait, c'est parce qu'elle ne distingue pas l'œuvre d'art du divertissement.
Le sport est aussi un moyen pour nous de nous divertir, et parfois de ressentir des sensations fortes (l'émerveillement devant la technique des athlètes, la tension devant l'adversité, etc). Mais on s'accordera pour dire que le sport ne nourrit pas son public intellectuellement, qu'il a vraiment vocation de le distraire, le divertir (de son état de misère constant #Pascal). C'est pareil pour un tas d'œuvres, qui peuvent faire vivre des émotions, nous faire nous attacher à des personnages, passer un bon moment... mais qui n'ont pas vocation de présenter le monde sous un autre angle, de porter à réflexion. Retour Vers le Futur en est un exemple, je pourrais aussi citer les Star Wars, ce qui ne m'empêche pas de beaucoup les apprécier.
Donc non, ce n'est pas parce qu'un produit nous fait ressentir des émotions que ça en devient de l'art. Un exemple assez facile peut être celui des films d'horreur : en quoi est-ce différent de visiter une maison hantée ? On fait ça pour se donner un peu les chocottes, et à la fin on en est plus ou moins satisfait selon si le film a réussi à nous faire voyager ou pas. Mais on n'aura pas forcément redécouvert le monde.
J'adhère donc beaucoup à la vision de l'art de Bergson qu'a partagée Lypphie, qui est aussi celle d'Oscar Wilde au passage. #cultureconfiture
Après, il faut aussi noter que le « message » d'une œuvre, i.e. le changement de paradigme qu'elle procure en nous, ou la « leçon » qu'elle diffuse, ne sont pas forcément liés à l'intentionnalité de l'auteur. Et c'est là que tout devient très compliqué. Parce que la façon dont une œuvre nous affecte aura de facto un rapport subjectif, lié à notre vécu, et il devient donc de plus en plus difficile de se rapprocher d'une définition universelle de l'œuvre d'art, ou d'œuvre de qualité. Il y aura la façon dont elle s'inscrit dans son époque, comment elle contribue à son médium d'expression, etc... Oui, mais Retour Vers le Futur s'inscrit dans les 80s et c'est un film de qualité, alors comment trancher tout ça ? Qui décide de ce qui est une œuvre d'art ou pas ? Les critiques ? Bref, c'est vite compliqué, et quand on lance le débat avec des gens suffisamment peu motivés en philo, on retombe sur la vieille doxa du « d'toute façon les goûts et les couleurs ça s'discute pô », allons bon v.v
Mais personnellement, j'aime beaucoup cette discussion, je trouve qu'il y a beaucoup de choses à dire dessus (oui j'ai eu mon 20 en philo avec ça ;D)
Je finirai juste par conclure que selon le médium, il devient de plus en plus difficile de faire la distinction : la musique par exemple, où il n'est pas question de découvrir une autre réalité à travers le son (plutôt de voyager dans des ambiances différentes), et où la soupe musicale de certains films peut très bien nous faire ressentir des choses sans que ça vaille un sou sur le plan de la composition (slt einaudi). Et pour en revenir à l'émotion dans l'art, quid de la gastronomie ? On ressent rarement des émotions autre que le plaisir devant un plat beau et bon (ou du dégout s'il est mauvais lel), pourtant l'art culinaire est très riche.
BREF :niak:

Déjà j'avoue ne jamais avoir vraiment été touchée par un tableau. J'aime contempler des dessins ou peintures mais je ne me souviens pas avoir déjà été marquée par une oeuvre. Je ne m'y connais pas particulièrement, je ne sais pas si ça joue, mais je trouve ça dommage parce que ça reste quelque chose que j'apprécie. Je n'ai peut être pas encore découvert la perle rare ^^

Tu est loin d'être la seule, ne t'en fais pas ! En fait, je pense que ce qui fait que ce phénomène est très fréquent, c'est que pour manger du tableau, il faut vadrouiller de par les musées. Or, on finit par rarement le faire une fois passées les classes vertes de la primaire. C'est triste, mais c'est comme ça...
Mais il suffit de penser à des artworks d'œuvres qui t'ont plu esthétiquement, ou même des fan arts, voire carrément des plans fixes de films, pour comprendre toute la richesse de l'art visuel « simple » (qui se se suffit à une image). C'est incroyable tout ce que peut raconter une image unique, de par le mouvement qu'elle retranscrit, les formes qu'elle figure, la stylisation ou non, le choix des couleurs, l'angle de vue, la lumière...
Quand j'étais gosse, ma mère m'a donné un conseil qui m'a rendu dingue des musées : « Devant chaque tableau, imagine-toi l'image qui pourrait aller juste avant et celle qui pourrait juste après, parce qu'ils racontent tous des histoires. » J'en conviens, ça marche pas vraiment pour les portraits simples (et encore, quand on prend des personnages dont le regard a beaucoup de personnalité, comme Euler ou Van Gogh par exemple, ça devient dingue), mais pour n'importe quelle œuvre avec un minimum de mise en scène, on peut déceler ce que l'artiste raconte à travers un « simple » tableau, et ça vaudrait toute la durée d'un film.
Bref, je voulais juste sauter sur l'occasion de faire un plaidoyer pour le musée et pour les arts visuels :niak:

En réponse à vos posts, tous très intéressants à lire, je dirai juste que je suis content de voir beaucoup de gens citer des œuvres sur lesquelles je m'étais retenu d'élaborer. En particulier Van Gogh, où finalement je vais quand même développer un tout petit peu le détail sur lequel je l'ai mentionné.
Ce qui me fascine avec ses tableaux, et qui fait sans doute de lui mon peintre préféré, est sa façon de changer complètement notre regard à travers ses couleurs vibrantes et sa stylisation étonnante, inégalées dans l'histoire de l'art amha. Il m'est trop dur de citer un seul de ses tableaux, mais ceux qu'il a réalisé d'objets quotidiens m'ont beaucoup marqué, notamment celui-ci :
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« Ben quoi ? C'est des chaussures. » Ben oui, c'est des chaussures. Mais quelle personnalité ! Cette disposition désinvolte, l'usure des souliers, l'éclairage terne... On peut s'imaginer ces chaussures nous raconter toute l'histoire de celui qui les a portées, comme si de par ce simple tableau, on s'imaginait tous les endroits qu'elles ont visités. Et c'est des chaussures. Je vous mets au défi de me trouver d'autres peintres qui arrivent à donner autant de vie aux formes d'objets du quotidien sans les mettre en scène, en les prenant tels quels, simplement en posant sur la toile leur façon de les voir.
Van Gogh est l'un de ces artistes dont chacun des tableaux me procurent un pincement au cœur en plus de tout ce qu'ils me montrent, à cause de ces couleurs qui sont posées avec tant d'émotion qu'on dirait que le bonhomme saignait sur sa toile... et du fait qu'il a complètement été bidé de son époque, oh mon dieu :cry: S'il y a bien un homme qui me fait croire en l'injustice sur terre, c'est lui :cry:

Et que serait ce post si je ne finissais pas par cracher sur Mozart, comme je le fais à chaque fois qu'on le mentionne en ma présence :h:
Pour ta défense D_Y, t'as cité l'œuvre de lui que je préfère, parce que ouais ses Requiem sont cools. Mais je le trouve absolument imbuvable en dehors de ça. C'était une révolution pour l'époque parce qu'il a juste simplifié la richesse qui s'était faite avant lui, mais je trouve ça d'une platitude infinie, et je préfère largement les deux grands bonhommes de la musique qui l'ont encadré dans le temps (Bach et Beethoven, donc). Mais Mozart, wtf, on sent qu'il était surchargé par les commandes et qu'il avait plus d'idées, et que contrairement à Bach il avait pas la Foi Du Seigneur pour lui montrer comment révolutionner le contrepoint avec chaque ligne de musique qu'il produisait :h: Y'a qu'à écouter ses œuvres pour piano solo pour découvrir à quel point il était à sec, à part quelques instants agréables, les mélodies sont souvent toutes pourries avec un accompagnement bidon à en pleurer, bref, le mec qui me fait crier #RendezNousLeBaroquePls plus que n'importe quel autre, comme s'il était la confirmation ultime que l'ère classique est à jeter :h:
Sinon @D_Y, toi qui aime la mythologie, je peux te recommander la musique pour ballet de Maurice Ravel (mon compositeur préféré, le génie de l'impressionnisme en musique) qui risque de faire vibrer ta sensibilité athée pour le divin : la suite Daphnis et Chloé. De préférence interprété par Karajan (on se trompe jamais avec lui), mais si tu veux une interprétation avec des chœurs pour donner une dimension encore plus irréelle au morceau, celle de Pierre Boulez respecte cette volonté première de Ravel. Le passage le plus emblématique est évidemment le lever du jour, qui a une narration musicale absolument magistrale.
Sinon, parmi les compositeurs que tu as cité (Bach et Beethoven étant des indétrônables, le premier ayant le mérite de mettre absolument tous les amateurs de musique d'accord), je trouve que ta liste manque de romantisme russe et allemand. Tchaikovsky, Shostakovich, Rachmaninov, Rimsky-Korsakov (et ses 4 autres bros), et de l'autre côté, Brahms, Wagner, Mendelssohn, Schumann, Strauss... Le romantisme ayant un grand regard sur les histoires mythologiques, il y a de quoi faire ! :)

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L'émotion dans l'art
« Réponse #11 le: mercredi 04 novembre 2015, 14:19:11 »
Pour ma part, quand je te vois parler de Retour vers le futur, D_Y, j'ai en mémoire un passage de City Hunter qui me revient, et où Ryo (ou Nicky) explique qu'une fois sur je-ne-sais-plus-combien-mais-c'est-beaucoup, un flingue d'une précision exceptionnelle sort de l'usine. Un flingue si bien calibré et si parfait qu'un artisan chevronné aurait du mal à obtenir une telle alchimie.

Pour moi, c'est un peu ce que ce film est, une alchimie difficilement atteignable, surtout dans cette usine qu'est Hollywood, un peu comme Ghostbuster (en restant dans les années 80). Ce n'est pas mon film favori, mais il fait certainement parti du haut du panier.

En restant dans le domaine du cinéma, je pense que mon coup de cœur émotion se situe du coté de The Truman Show. Un film qui m'a marqué dans ma jeunesse, et qui m'a montré combien Jim Carrey pouvait être bon acteur. Certaines scènes sont d'une justesse rare, et la scène finale une belle explosion d'émotions !

En restant dans le milieu du gros cinéma, je pense que je peux citer la fin de Toy Story 3, certaines scènes de Gladiator (la BO joue beaucoup), Mad Max (le deuxième et le dernier, qui réussi l'exploit d'être percutant, violent, sale, mais jamais gore), la scène de la caverne d'Atlantide, Pocahontas (Des sauvages), la première partie de Bernard et Bianca 2, La fin du Chateau Ambulant, Chihiro devant ses parents, le discours de la colombe dans Blade Runner, l'intro de Chariot de Feu...

Dans le cinéma à (relativement, pour certains) plus petit budget, je pense que je peux citer la scène finale du Concert,  quelques scènes d'Historias mínimas, le mec au téléphone dans La Visite de la fanfare...

Dans le milieu de la littérature, je ne pourrais pas ne pas citer la danse finale du Faucheur, de Pratchett, ou bien l'épopée à cheval de Moite Von Lipwig, dans Timbré, du même écrivain ! Et comment ne pas citer... Eh oui, la Bible, et certains de ses passages qui me font encore vibrer (fortifiez-moi avec des pommes, car je suis malade d'amour (Cantique des Cantiques 2-5) :astro: ) :
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J'en reste là pour l'instant, mais il me reste encore à parler de l'Art tel qu'on le conçoit, les Bandes Dessinées et la Musique !

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L'émotion dans l'art
« Réponse #12 le: mercredi 04 novembre 2015, 18:37:43 »
Déjà j'avoue ne jamais avoir vraiment été touchée par un tableau. J'aime contempler des dessins ou peintures mais je ne me souviens pas avoir déjà été marquée par une oeuvre. Je ne m'y connais pas particulièrement, je ne sais pas si ça joue, mais je trouve ça dommage parce que ça reste quelque chose que j'apprécie. Je n'ai peut être pas encore découvert la perle rare ^^

Tu es loin d'être la seule, ne t'en fais pas ! En fait, je pense que ce qui fait que ce phénomène est très fréquent, c'est que pour manger du tableau, il faut vadrouiller de par les musées. Or, on finit par rarement le faire une fois passées les classes vertes de la primaire. C'est triste, mais c'est comme ça...
Mais il suffit de penser à des artworks d'œuvres qui t'ont plu esthétiquement, ou même des fan arts, voire carrément des plans fixes de films, pour comprendre toute la richesse de l'art visuel « simple » (qui se se suffit à une image). C'est incroyable tout ce que peut raconter une image unique, de par le mouvement qu'elle retranscrit, les formes qu'elle figure, la stylisation ou non, le choix des couleurs, l'angle de vue, la lumière...
Quand j'étais gosse, ma mère m'a donné un conseil qui m'a rendu dingue des musées : « Devant chaque tableau, imagine-toi l'image qui pourrait aller juste avant et celle qui pourrait juste après, parce qu'ils racontent tous des histoires. » J'en conviens, ça marche pas vraiment pour les portraits simples (et encore, quand on prend des personnages dont le regard a beaucoup de personnalité, comme Euler ou Van Gogh par exemple, ça devient dingue), mais pour n'importe quelle œuvre avec un minimum de mise en scène, on peut déceler ce que l'artiste raconte à travers un « simple » tableau, et ça vaudrait toute la durée d'un film.
Bref, je voulais juste sauter sur l'occasion de faire un plaidoyer pour le musée et pour les arts visuels :niak:

Bah écoute Yuan, j'ai justement visité quelques musées cet été, ça faisait un moment que je ne l'avais pas fait et ça m'a fait plaisir :^^: Même si aucun tableau/artwork/fanart ne me vient à l'esprit comme ça, je reste sensible à ce que tu appelles l'art visuel "simple". D'ailleurs j'aimerais bien rajouter une autre forme d'art qui reste dans le visuel : la photographie. Je pense que c'est quelque chose qui touche plus facilement les gens, dans le sens où un tableau peut être parfois abstrait et nous n'avons pas tous la sensibilité pour savoir apprécier ce genre d'art. La photographie est concrète, ça représente des choses qu'on connait, et l'on s'y identifie plus facilement (ce qui peut expliquer le fait qu'on y soit peut être plus sensible, même si ce n'est pas le cas de tous évidemment). C'est également quelque chose qui est à la portée de tous (non un selfie n'est pas une oeuvre d'art désolée), et qui peut paraître simple mais je trouve ça très compliqué de réussir à faire ressentir des émotions à travers une photo. Ça se prend en quelques secondes et ça permet parfois de capter l'atmosphère d'une scène, ou les ressentis des personnes présentes sur la photo. Il y a aussi pas mal de paramètres techniques qui rentrent en jeu. Je sais pas si je m'exprime assez bien (je ne pense pas) mais j'avoue être facilement touchée par une photographie. Il y en a d'ailleurs une que j'avais trouvé dans un article il y a quelques années, dont je me souviens parfaitement mais impossible de la retrouver X. Je vais essayer de fouiller un peu, parce qu'elle m'a particulièrement marquée.

Merci à Bilberry pour ce superbe kit !

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L'émotion dans l'art
« Réponse #13 le: mercredi 04 novembre 2015, 19:57:57 »
@Yuan

No offense, mais je trouve que tu te mélange les pinceaux. Je m'explique :
Dans la première partie de ton post, tu me dis que je n'ai pas su mettre le doigt sur ce qui clochait dans la définition de l'art entièrement émotif. Pour ensuite me dire que le sport qui apporte des émotions n'est pourtant pas une oeuvre d'art, et donc que tout ce qui apporte de l'émotion n'est pas forcément artistique. Or c'est exactement ce que je disais dans la partie de mon post que tu cite. Je vois pas trop où tu veux en venir donc.

(complètement débile la citation de Pascal d'ailleurs, imo)
 
Pour l'appréciation subjective d'une oeuvre, je pense qu'il faut différencier les deux points dont tu parles, d'une les intentions de l'auteur, de l'autre l'appréciation subjective d'une personne. Pour ce dernier point, je pense avoir déjà répondu à Leena sur la question, il faut savoir faire la part des choses. Une personne peut être touchée au plus profond de son coeur en lisant Martine à la Plage, et rester de marbre devant Les Misérables, pourtant on connait la valeur artistique de ces deux œuvres. D'ailleurs affirmer le contraire (en gros, que l'appréciation de l'art est totalement subjective) me semble très proche dans l'idée au très pauvre "chacun ses goûts".
Quant à l'intention de l'auteur, j'avoue que je ne vois pas non plus où ça mène. Nombre de personnes se disant "artiste" font de la daube, quand des anonymes font des chef d'oeuvres reconnus bien plus tard. Et vice versa, des inconnus font de la daube et des "artistes" des tueries. Enfin bref, je ne vois pas trop en quoi ce serait lié avec la "leçon" que l'oeuvre nous enseigne, et si j'étais vraiment très croyant, je te dirais qu'une oeuvre réussie n'est jamais vraiment intentionnelle mais dépend d'une inspiration plus profonde et limite sur-humaine. Un truc qui nous dépasse quoi (mais bon je vais passer pour un gros con naïf là). Dans tous les cas, dans sa portée, l'art dépasse largement l'homme.

Enfin bref, je ne dis pas qu'on peut classer catégoriquement l'art. D'autant plus que je ne pense pas que la réussite d'une oeuvre dépende d'un quelconque message, mais d'une émotion apportée par sa beauté. MAIS ! Partant de ce principe il y a un hic. On est d'accord pour dire que l'émotion n'est pas le seul facteur qui explique la réussite d'une oeuvre, et je suis également pour dire que la subjectivité n'est pas maître dans la question. Mais pourtant, la beauté est un concept subjectif, alors qu'il me semble que certaines choses sont objectivement artistiques. C'est ce mystère et ce paradoxe qui rend le débat aussi intéressant, je pense ;)
Quant à savoir qui décide de ce qui est de l'art ou pas, les frontières sont effectivement floues. Retour vers le Futur est peut être une oeuvre d'art sans que je m'en aperçoive, va savoir.
Et Guiiil, heureusement, Hollywood a sorti plus de bons films qu'une fois sur "je-ne-sais-plus-combien-mais-c'est-beaucoup". Retour Vers le Futur est un super film mais dans les années 70/80/90 y'avait quand même un sacré choix sur des métrages qui avaient cette "alchimie" dont tu parles.

Sinon pour ta partie sur Mozart je trouve que t'as vraiment craqué. Ses symphonies (surtout la 25 et la 40 qui sont des tueries) sont tout le contraire de la pauvreté, de même que ses opéras (Don Giovanni et la Flûte Enchantée en tête), et j'en passe d'autre comme la Sérénade des Vents ou la Grande Messe. Je trouve une grande partie de son oeuvre absolument magnifique et je comprend pas comment on peut parler de pauvreté le concernant v.v
Mais oui, Bach et Beethoven sont des génies mais ont des styles quand même très différents, tellement que je pense que la comparaison n'a pas trop de sens. D'ailleurs point intéressant, Carl Philip Emanuel Bach, le fils de J.S, a été quasiment oublié alors qu'il était mieux considéré que son père dans le monde musical de son vivant. De quoi mettre en lumière la question fondamentale de l'appréciation d'une oeuvre, et aussi de dire qu'il y a mieux que Bach dans la vie v.v
Merci pour les conseils sur d'autres oeuvres classiques, sinon. Je connais déjà Ravel, Tchaïkovsky, Schuman, Strauss (2001, tmtc), que j'adore tous d'ailleurs. J'avoue ne pas trop connaître les autres de ta liste, mais j'aurais pu citer Dvorak ou Debussy qui sont pour moi des compositeurs majeurs. Mais je ne l'ai pas fait par simple gain de place et que citer tous les artistes que j'adore me prendrais un temps fou.
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L'émotion dans l'art
« Réponse #14 le: mercredi 04 novembre 2015, 20:39:56 »
No offense, mais je trouve que tu te mélange les pinceaux. Je m'explique :
Dans la première partie de ton post, tu me dis que je n'ai pas su mettre le doigt sur ce qui clochait dans la définition de l'art entièrement émotif. Pour ensuite me dire que le sport qui apporte des émotions n'est pourtant pas une oeuvre d'art, et donc que tout ce qui apporte de l'émotion n'est pas forcément artistique. Or c'est exactement ce que je disais dans la partie de mon post que tu cite. Je vois pas trop où tu veux en venir donc.

(complètement débile la citation de Pascal d'ailleurs, imo)

J'aurais du relire ton post avant de poste0r le mien, en fait (avec les 3 autres entre deux, j'ai zappé que tu mentionnais le plat de pâtes par exemple). Mais bon ça ne changeait pas vraiment mon propos.
Pour Pascal, je ne l'ai pas cité, j'ai juste mentionné une partie de sa philosophie à laquelle je n'adhère vraiment pas, de façon un peu moqueuse, ni plus ni moins (autant j'adore certaines choses qu'il dit, autant « l'homme baigne dans la misère et se distrait seulement pour oublier son état » ça me blase un peu).

Pour le reste, j'ai l'impression qu'on dit quasi exactement la même chose mais que je me suis juste mal fait comprendre, mais bon. :niak:
(Et quand je parle d'intentionnalité, ça peut rejoindre la volonté surhumaine dont tu parles, ou « le génie/l'inspiration », puisque je parle juste de volonté de création, de l'idée. Par ex les croquis de Cézanne pour prendre un exemple au pif, qui a un trait très libre et expressif. Ou encore l'improvisation en musique. Ça ne veut pas dire que le mec se figurait l’œuvre finie d'un bout à l'autre dans sa tête avant de la coucher sur le papier, je pense que ce n'est de toute façon le cas d'absolument aucun artiste. Mais tu te doutes que Picasso choisissait délibérément de dessiner en libérant les couleurs et les formes pour créer le cubisme ; il maîtrisait son trait à un point d'en faire ce qu'il voulait, y compris de le rendre naturel, de le lâcher, de se permettre d'être désinvolte. Ce n'est pas du hasard.)
Le « message », c'est ce que l'artiste essaye de faire passer (émission) par son œuvre (le médium) à son audience (le récepteur). La valeur que ça a (ou n'a pas) est jugeable sur ces trois critères : est-ce que l'idée valait le coup, est-ce que c'est bien mis en œuvre, et qu'est-ce que ça provoque chez l'audience (je simplifie bien sûr). Et oui, on peut ressortir l'éternel exemple du glandu qui se croit être un génie incompris mais qui produit de la merde aux yeux d'autrui (érotisation du soi à travers l'art) ou celui du Van Gogh qui a révolutionné la peinture mais tout le monde trouvait ça trop pourri (canons de l'époque qui parlent pour les gens ? audience inéduquée et ingrate ?). C'est pour ça que l'art s'ancre dans le temps et les subjectivités.
Le fait de ne pas avoir de message peut très bien être tout l'apport artistique d'une œuvre (beaucoup d'artistes modernes et contemporains ont bossé là-dessus, et l'absurde en est devenu un concept récurrent dans l'art).
Le divertissement de certaines époques peut être l'art d'autres époques. Le cinéma était au début une attraction de foire, ça a commencé à changer près de 30 ans après sa création. De même pour les jeux vidéo, on en est encore à un stade où c'est un simple divertissement, et pourtant il a été prouvé à de maintes reprises qu'il était possible de faire vivre des émotions profondes à travers ce que ce médium a à offrir (Ico, Shadow of the Colossus, Journey...).

Par exemple, quand je dis que Star Wars n'est pas une œuvre d'art, c'est parce que je ne vois pas derrière de réflexion profonde, de « point de vue », d'enseignement au spectateur à travers le médium. Il n'y a pas de propos de fond, l'œuvre est. Ce qui n'est pas un mal ! On y voyage, on y passe un très bon moment et c'est grandiose.
On peut évidemment me sortir des interprétations de chaque ligne de dialogue de Star Wars pour me montrer à quel point j'ai tort et à quel point c'est super profond, mais bon, c'est comme pour tout, ça. :niak:

Bref, j'ai du mal à m'exprimer, je m'arrête là.

Juste pour finir sur Mozart : Je n'ai plus de souvenir des symphonies et opéras que tu cites, mais je connais bien ses concertos (violon et piano) ainsi que son travail pour piano solo, et ça ne me fait juste rien vivre. Les procédés d'écriture sont aberrants d'évidence, et quand je vois exactement comment un musicien a écrit sa musique, c'est comme si je voyais le secret d'un magicien : ça ne prend pas sur moi. J'arrive à m'attendre à chaque développement, chaque résolution d'accord, et ça me blase. Ce n'est pas que Mozart d'ailleurs, c'est également le cas d'autres compositeurs classiques, et c'est pour ça que cette période m'ennuie profondément. On est loin des folies du baroque ou des excès du romantisme, qui eux me surprennent bien plus.
Si Mozart a une qualité, en revanche, c'est son génie de la mélodie, ça je veux bien le reconnaître. Mais son harmonie nada, c'est creux. Je pourrais ressortir des partitions pour appuyer mon propos et m'énerver dessus, j'ai souvenir de l'avoir fait moult fois en solfège. v.v Enfin, je le réécouterai je te dois bien ça.
En comparaison, d'autres compositeurs enfoncent vraiment leur auditeur dans leur harmonie (Ravel, Debussy, Tchai, etc), travaillent davantage sur le son. Je trouve ça bien plus audacieux (et judicieux) que le combo bateau mélodie+accompagnement.
Quant au petit Bach que tu cites (j'ai pris la sale habitude de l'appeler « l'autre » Bach ), il a fait plein de trucs cools pour l'avoir écouté à plusieurs reprises, et oui, de son temps il était plus adulé que JS. Mais il faut savoir que JS Bach c'était un peu le syndrome Van Gogh : gros bide de son temps, il a fallu attendre que Mendelssohn le déterre pour qu'on redécouvre tout ce qu'il a apporté à la musique. De son temps, il était d'ailleurs dans l'ombre d'autres compositeurs allemands (Telemann) et il est mort comme une merde dans la neige :cry:

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