Allez, je vais me permettre de donner le fruit de ma réflexion sur l'avortement, et sur le pourquoi des questions que j'ai pu te poser, Arksword !
Il y a plus d'une dizaine d'années, tu m'aurais demandé ce que je pensais de l'avortement, ma position était claire : Fallait l'interdire. Pour moi, c'était comme l'esclavagisme de ne pas considérer un être vivant comme il l'est : Un être vivant. Ma position n'a pas évolué sur ce qui est vivant et ce qui ne l'est pas, c'est ma vision du monde qui a changé.
Déjà, j'ai pu remarquer et comprendre l'énorme hypocrisie qu'il y a autour de l'avortement : Si c'est un droit pour la femme, alors pourquoi le bloquer à 12 semaines (ou 24 au RU) ? Le seul pays qui n'est pas, pour moi, hypocrite autour de cette question, c'est le Canada : Techniquement on peut y avorter jusqu'au terme, et la justice ne s'y est pas trompé, elle a globalement relaxé des mères qui avaient tué leurs gamins à la naissance parce qu'elles avaient fait un déni de grossesse (et auraient donc pu avorter si ce déni n'avait pas eu lieu).
Lisant plusieurs débats sur le sujet, j'ai pu voir un mot revenir souvent : Science. "Les anti-IVG ne sont pas pour la science", "c'est la science qui détermine ce qui est vivant ou ne l'est pas". Je n'ai pas besoin, je pense, d'expliquer l'erreur dans ces propos, puisque chaque nation a son approche sur le sujet. En France, les 12 semaines sont déterminées, parce que... Ben on ne sait pas vraiment pourquoi, puisque l'embryon devient fœtus à 8 semaines (si un médecin passe, qu'il me contredit ou confirme), même si ça correspond à peu près au moment où le risque de fausse couche se réduit très fortement, donc on peut y mettre un regard scientifique derrière ce choix (ce qui est plus difficile à faire avec les 14 semaines que Laurence Rossignol tente régulièrement de faire passer). Au RU, j'ai pu lire que le choix s'est porté sur 24 semaines, parce qu'après, le fœtus commence à ressentir la douleur (ce que je trouve, personnellement, ultra cynique, comme raisonnement). Et pour le Canada, un article avait circulé il y a quelques mois autours de l'histoire d'une femme qui voulait se faire avorter à plus de 5 mois, sauf qu'au moment d'être dégagé par le placenta après avoir été théoriquement éliminé, le fœtus s'est mis à crier. La mère s'est alors mis à hurler "rendez-moi mon bébé" ! Pas de miracle, le fœtus est mort juste après. Mais quand je lisais les commentaires sous l'article, beaucoup se résumaient à : "Pourquoi vous parlez de ça, ça donne du terreau pour les anti-IVG !", avis partagé par certains français... Qui pourtant étaient satisfait des 12 semaines en France (ce qui correspond à trois mois).
Bref, pour moi, tout ça, c'est de l'hypocrisie puissance 1000. Surtout si on y ajoute les phrases toutes faites genre "l'avortement c'est terrible pour une femme comme acte" alors qu'on a régulièrement (entendu perso deux fois dans les grosses têtes (c'est ma femme qui écoute)) des stars qui disent "J'ai avorté et puis c'est tout, ça ne m'a pas marqué plus que ça". Ou les phrases genre "pas d'uterus, pas d'avis" alors que ma femme (puisque je parle d'elle) est totalement contre l'avortement, mais on sait tous qu'un pro-IVG lui demandera de la fermer, uterus ou pas uterus, si elle osait donner son avis sur l'avortement. Hypocrisie, vous dis-je.
Hypocrisie qui est aussi de la responsabilité des anti-IVG, parce qu'on est purement dans le registre du "loin des yeux, loin du cœur" : "Je veux forcer cette mère à garder son enfant, mais ne m'obligez pas à donner de moi pour que cet enfant soit élevé dans un cadre favorable.
C'était là la plus grande hypocrisie de l'Alabama, qui a supprimé l'IVG, tout en diminuant les aides aux jeunes mères. Et c'est pour cela que mon positionnement a évolué par la suite, Arksword. En soit, si tu es croyant, tu dois être initié à la notion de Chute. Et le monde actuel a échoué, puisque des personnes veulent avorter. Tu veux que les gens arrêtent d'avorter ? Et bien il faut se battre pour créer un monde où l'avortement ne sera plus une option qui viendra à la tête d'une personne concernée. Un monde où ta carrière n'est pas bloquée si tu tombes enceinte. Un monde où ta famille ne te rejette pas si tu tombes enceinte. Un monde où c'est le garçon qui va arrêter ses études si sa copine tombe enceinte, lui donnant la possibilité de continuer les siennes. Et dans le monde qui est le notre actuellement, c'est utopique. Si tu veux que les gens arrêtent de penser à l'avortement comme option, il faut que tu acceptes que le capitalisme, sur ce sujet, a échoué, et que tant qu'il y aura capitalisme, des gens voudront avorter.
Et sur un registre beaucoup plus personnel : Dans le cadre de mes démarches d'adoptions, j'ai pu entendre des témoignages parlant de jeunes détruits par les épreuves qu'ils ont vécu. Dans les témoignages, les jeunes en question ont globalement fini par bien s'en sortir (après avoir fait de la vie de leurs nouveaux parents un enfer), mais je n'ai pu m'empêcher de penser à tous ces jeunes qui n'ont pu être adopté. Qui n'ont pas pu s'en sortir.
Pour l'euthanasie, je pense que la plupart des gens qui en viennent à un suicide n'ont justement pas envie que les personnes autours d'elles soient au courant, ou alors veulent partir en marquant bien plus les esprits (les gens qui s'auto immole, qui se jettent par la fenêtre de leur boulot). Les deux cas que j'ai donné dans mon message précédents restent des cas assez rares. D'ailleurs, je me demande si ça pourrait donner lieu à du chantage, genre : L'employé qui va se faire virer, et qui menace à ses patrons d'entamer des procédures d'euthanasie, comment ça marchera, juridiquement ?