Auteur Sujet: Le topic des idées impopulaires  (Lu 146308 fois)

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Le topic des idées impopulaires
« Réponse #240 le: dimanche 08 mars 2015, 13:53:04 »
Ce qui m'énerve avec les dizaines de journées "thématiques" qui existent dans une année, c'est qu'on a du coup droit chaque année aux mêmes débats, mêmes discussions et mêmes polémiques (avec les mêmes arguments). Alors que ce soit le Sida, les droits de la femme (je préfère cette appellation à "journée de la femme"), ceux de l'homme ou les amoureux (14 février) ce sont des causes à défendre toute l'année.

C'est le même problème que pour un anniversaire, l'idée d'un jour en particulier est plus symbolique qu'autre chose, et ce serait cool que les gens qui se répandent en discours moralisateurs restent cohérents avec leurs discours tout au long de l'année, et n'exploitent pas juste ces causes pour du retweet/like/buzz. (un beau fléau du XXIè siècle)


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Le topic des idées impopulaires
« Réponse #241 le: lundi 09 mars 2015, 14:39:53 »
La stigmatisation du mot 'nigger' est discriminatoire envers les blancs

Heeeeeeeeeeeiiiiiiiiiiiiiiiiin.

T'es conscient que t'es, en gros, en train de pleurnicher parce que tu n'as "pas le droit" d'utiliser... une insulte ? Et pas genre n'importe quelle insulte, mais l'une des plus dégueulasses, des plus humiliantes et des plus chargées d'Histoire ? Et tu présentes ça comme une souffrance personnelle de ne pas pouvoir l'employer ?

Oui, les noirs l'utilisent eux-mêmes. Ça s'appelle de la réappropriation, et ça n'a rien à voir. Se désigner soi-même par un terme à ce point humiliant, c'est prendre à contre-pied celui (= le blanc, soyons clairs, hein) qui l'utilise pour rabaisser. C'est dire "tu pensais m'insulter, mais tu ne m'insultes pas, je suis fier de ce que je suis". Ramener ses petits problèmes d'ego de blanc là-dedans quand on vit dans une société encore profondément raciste, c'est particulièrement déplacé.

Le racisme, comme tout système discriminatoire, est excluant. Il dit à une partie de la population : "nous ne voulons pas de vous dans notre société, vous n'êtes pas les bienvenus". Alors quand ceux qui vivent cette discrimination répondent "très bien, nous allons créer notre propre communauté, notre propre culture, notre propre Histoire", chercher à s'approprier cette culture et se plaindre d'en être soi-même exclu, quand on fait partie de la majorité excluante, c'est une forme d'oppression supplémentaire. Evidemment, ce n'est pas TOI personnellement qui as donné aux noirs la place qu'ils ont dans la société, mais c'est pas interdit de respecter au moins ça.


(même si on voit pas trop des homos s'accoler comme ça, contrairement au terme "nigger").

Bah si, c'est quand même ça qui a donné son nom au mouvement queer.


La journée internationale de la femme m'agace.

Sans doute la journée de l'année où je me sens le plus dévalorisé en tant que femme.
C'est peut-être parce que, quand je lis un article ou que je regarde un reportage sur le sujet, j'ai toujours la désagréable impression que les femmes sont présentées comme des petits êtres fragiles qu'il faut protéger (genre des pandas). v.v

En même temps, si tout le monde parlait de "Journée Internationale des droits DES femmes", ça aiderait un peu. Déjà parce que "LA femme" ça ne veut rien dire et que ça mérite de se prendre quelques baffes. Ensuite parce qu'il s'agit bien de droits, pas d'offres promos spéciales pour les femmes ou de donner gratuitement des roses dans les supermarchés. Les médias et les grandes marques sont quand même assez doués pour détourner complètement le sujet, d'une manière qui contribue d'ailleurs plutôt à renforcer les inégalités, puisqu'apparemment les "avantages" de la "Journée de la femme" dépendent uniquement du bon-vouloir des hommes : que ce soit à base de "ce soir c'est moi qui fais la vaisselle", ou en invitant exceptionnellement plus de femmes sur un plateau télé, ça semble systématiquement relever du "cadeau", donc de l'exception.


J'aimerais tellement, un jour, entendre parler de l'égalité des droits sans que l'on mentionne le sexe. Dire "tous les êtres humains doivent avoir les mêmes droits" au lieu de "les femmes doivent avoir les mêmes droits que les hommes"c'est si compliqué que ça bordel ?

C'est quand même très bisounours comme vision des choses. Parler des "droits des femmes", ce n'est pas parler de droits particuliers qui leurs seraient destinés, mais bien des mêmes droits que tout le monde. C'est bien beau de ne pas mentionner le sexe (ou le genre, la couleur de peau, l'orientation sexuelle, la religion ou whatever) et prétendre qu'il faut en faire abstraction, mais la réalité, elle, n'en fait pas abstraction, et les femmes subissent des violences (au sens large) bien précises, parce que la société est ce qu'elle est.

Oui, dans un monde idéal, on peut raconter des trucs comme "tous les humains doivent être égaux", "les femmes n'ont pas à être 'plus égales' que les hommes", ou ce genre de choses, mais on vit dans le monde réel, et les inégalités existent dans un cadre précis, pas dans un monde théorique déconnecté de la réalité.


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Le topic des idées impopulaires
« Réponse #242 le: lundi 09 mars 2015, 20:05:10 »
(même si on voit pas trop des homos s'accoler comme ça, contrairement au terme "nigger").

Bah si, c'est quand même ça qui a donné son nom au mouvement queer.

Oups, j'avais oublié "queer" (que j'ai plutôt tendance à assimiler aux genres non-binaires qu'à la sexualité non-hétéro), my bad. J'avais plutôt "faggot" en tête qui, même s'il a été réapproprié depuis, ne se voit que très peu utilisé par rapport à un terme comme "nigger".

Le racisme, comme tout système discriminatoire, est excluant. Il dit à une partie de la population : "nous ne voulons pas de vous dans notre société, vous n'êtes pas les bienvenus". Alors quand ceux qui vivent cette discrimination répondent "très bien, nous allons créer notre propre communauté, notre propre culture, notre propre Histoire", chercher à s'approprier cette culture et se plaindre d'en être soi-même exclu, quand on fait partie de la majorité excluante, c'est une forme d'oppression supplémentaire. Evidemment, ce n'est pas TOI personnellement qui as donné aux noirs la place qu'ils ont dans la société, mais c'est pas interdit de respecter au moins ça.

Tu pourrais peut-être m'accuser de jouer sur les mots, et j'ai tout à fait conscience que ce n'était pas ce que tu voulais dire, mais j'aimerais quand même tracer une limite (pour quiconque intéressé par ce sujet) : « se réapproprier une culture » est assez difficile à définir. Par exemple, à l'époque où la présence de musiciens noirs sur les grandes scènes était encore un grand débat, on voyait des gens parler d'appropriation culturelle irrespectueuse en voyant un blanc jouer du jazz ou chanter du gospel. Ce qui est, à mon sens, con. Il faut quand même faire la différence entre quelque chose de strictement inoffensif, qui aide même les cultures différentes à s'unir entre elles (et là je reprends l'exemple du jazz), et quelque chose qui avait une origine discriminatoire et vraiment insultante, c'est à dire, au sens large du terme, violente.
Et là où le mot "nigger" trace la limite, contrairement à un musicien blanc de jazz, c'est que "nigger" ramène, comme l'ont dit Poulika et Blue, à ce modèle du « blanc qui insulte le noir », même si ce n'est pas l'intention voulue. Alors que le musicien de jazz, lui, s'intéresse vraiment à la culture développée par les noirs, et il y a une forme de respect au sens le plus véritable du terme (puisqu'il faut vraiment s'investir et apprendre les codes du genre musical, voire carrément collaborer dans le cas d'improvisation en ensemble de jazz).
Enfin voilà, simple précision.

Et je rajoute qu'on peut parfois voir des gens parler de censure du mot "nigger" totale lorsqu'il est utilisé par des blancs. Je trouve ça con par contre, parce que la censure c'est con dans le principe même, et elle ne sert à rien en tant que telle ; il faut qu'elle soit « éducative » et non « brute », en d'autres termes, « en tant que blanc, tu dois savoir que c'est insultant d'accoler un noir en lui disant "nigger" », et pas « tu ne peux pas utiliser "nigger", tu dois toujours l'écrire "n*****" quel que soit le contexte, y compris en citation d'un livre où il figure ».

Ah et tant qu'on y est, question que je me pose franchement : où se situent les ethnies non-concernées par de tels termes ? Par exemple, est-il considéré insultant qu'un asiatique utilise le mot "nigger" ? Étant exclus du contexte ayant forgé la culture qui a permis sa réappropriation, techniquement oui, mais il n'était pas inclus dans celle qui l'a créé en tant qu'insulte non plus.
J'aurais tendance à dire qu'un individu issu d'une telle ethnie ferait effectivement mieux de s'abstenir, mais ne pourrait pas être tenu pour « coupable » au même titre qu'un blanc. À moins, bien sûr, que son usage du mot ne soit qu'influencé par une culture blanche.

EDIT : Les blagues sur les homosexuels aussi ... En particulier la fameuse blague sur Facebook : Olol g piraté tn conte, g vé ékrir "Gem lé b*tes"  (Version féminine je suis pas sûr de ce que ça rend)
C'est tout pourri les gens, faites pas ça, c'est caca.

Merci (en plus de tout ce que tu dis sur les blagues).
Je dois avouer que c'est vraiment ahurissant de voir ça sur Facebook (et pas que) de temps à autre de la part de gens qui pensent que c'est l'apothéose du grand humour. Comme si un "coming-out" devait être amusant ou surprenant alors que c'est vraiment un sujet particulièrement difficile pour ceux que ça concerne.
Ne parlons pas des blagues sur les clichés du couple ou des femmes, qui donnent un peu envie de se recroqueviller tellement fort qu'on en devient une boule compacte.

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Hors ligne Rodrigo

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« Réponse #243 le: lundi 09 mars 2015, 20:22:29 »
J'aime bien ta réflexion sur les ethnies non-concernées. Jusqu'où remonter en fait ?  Il y a sûrement du y avoir des Japonais/Chinois aux États-Unis qui ont eu des esclaves noirs, tout comme on peut aussi englober les "Arabes" dans les ethnies qui ont participé à l'esclavage (et même certains peuples d'Afrique en fait). Est-ce que c'est un peuple en particulier qui est "responsable" ou des individus ?

J'vais faire un parallèle un peu maladroit avec la Shoah, mais un truc qui m'a toujours dérangé, c'est le fameux "devoir de mémoire" qu'on impose aux descendants européens, 3 à 4 générations plus tard. Évidemment qu'il ne faut pas oublier, et garder une forme de respect pour les descendants de ceux qui ont souffert de ces abominations humaines (esclavages/génocides), mais faire la distinction entre les coupables originels et leurs descendants est aussi primordial (tout en montrant à ceux-ci tout ce qu'ils ont gagné de par ces sévices, ce qu'on ne fait peut-être pas assez).

Je suis assez d'accord avec le post de Blue, sauf sur ce point de "communauté excluante" qu'il faut respecter. C'est un mécanisme de défense social tout à fait compréhensible, mais ça me semble à contre-courant des valeurs du vivre-ensemble de laisser le droit à une communauté de définir ses valeurs et de la laisser imperméable au reste de la société selon son bon-vouloir. Et justement, je n'ai pas l'impression que ce soit ce qui se passe concrètement dans nos pays d'Europe Occidentale (ou du moins dans le mien), les diverses communautés ethniques étant plutôt ouvertes entre elles, et plus dans une optique de partage culturel que de repli identitaire strict.

Edit : C'est marrant, je relisais récemment des vieux débats d'il y a deux-trois ans sur PZ, et je trouvais que les arguments étaient vraiment riches et intéressants, et j'étais un peu déçu que cette tradition de la discussion ouverte et argumentée, du débat, ait un peu disparu de PZ. Mais j'avais oublié ce topic qui permet des réflexions vraiment chouettes et pertinentes.
« Modifié: lundi 09 mars 2015, 20:26:40 par Rodrigo »

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« Réponse #244 le: lundi 09 mars 2015, 20:39:01 »
Tout ce débat sur l'emploi du terme "nigga" me rappelle le premier épisode de Scrubs (à partir de 1 minute 19) :
“My philosophy is basically this. And this is something that I live by. And I always have. And I always will. Don't ever, for any reason, do anything to anyone, for any reason, ever, no matter what. No matter ... where. Or who, or who you are with, or where you are going, or ... or where you've been ... ever. For any reason, whatsoever.” Michael Scott.

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« Réponse #245 le: lundi 09 mars 2015, 22:15:16 »

Et vous l'avez un peu évoqué, mais ça mérite la peine de le dire :

Les blagues, racistes, c'est même pas drôle.

Valable aussi, d'une autre manière, avec les blagues bien rétro sur les couples (Du style "Un mari au travail dit à son collègue 'L'autre jour, ma femme a cuisiné ...'), les blagues sur les blondes (Sérieusement, non) et les blagues sur les légumes (Nope, just kidding)

Et je suis d'accord pour dire que, même si acceptée par une personne de la "communauté" visée, une blague demeure un médium de divulgation de stéréotypes parfois malsains.


EDIT : Les blagues sur les homosexuels aussi ... En particulier la fameuse blague sur Facebook : Olol g piraté tn conte, g vé ékrir "Gem lé b*tes"  (Version féminine je suis pas sûr de ce que ça rend)
C'est tout pourri les gens, faites pas ça, c'est caca.
Je ne suis qu'a moitié d'accord.
Si la blague "raciste"/"homophobe"/sur les handicapés/etc.. est dite sans aucune pensée raciste/homophobe/malveillante envers les handicapés/etc... elle peut être comprise correctement, on peut alors se moquer non pas de la "minorité" visée par la blague mais du contexte de la blague.
Par exemple, "Rabi Jacob" est drôle justement parce que l'on se moque de ce qui arrive au personnage antisémite (joué par louis de funès), alors que "Qu'est ce qu'on a fait au bon dieu" me mets mal à l'aise parce qu'on rigole avec les clichés des personnages racistes de ce film. On ne rit plus du raciste mais avec lui.
Pour bien comprendre mon idée je vous conseille cette vidéo qui l'explique bien mieux que ce que je fais actuellement:

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« Réponse #246 le: mardi 10 mars 2015, 14:08:46 »
J'aime bien ta réflexion sur les ethnies non-concernées. Jusqu'où remonter en fait ?  Il y a sûrement du y avoir des Japonais/Chinois aux États-Unis qui ont eu des esclaves noirs, tout comme on peut aussi englober les "Arabes" dans les ethnies qui ont participé à l'esclavage (et même certains peuples d'Afrique en fait). Est-ce que c'est un peuple en particulier qui est "responsable" ou des individus ?

Il faut dire aussi qu'on admet depuis relativement récemment que l'esclavage est quelque chose de mauvais. En chercher l'origine me semble compliqué quand on pense que toutes les civilisations l'on déjà pratiqué, et que vraisemblablement cela date du moment où l'on s'est rassemblés en société.
Et ça ne concerne pas que les noirs et les arabes, bien évidemment. Les perses le pratiquaient, même les noirs qu'on a récupérés lors du commerce triangulaire le faisaient entre eux, sans parler des asiatiques, romains, grecs, américains, etc...

Enfin bref, l'esclavage est tellement ancré dans l'inconscient collectif de l'humanité que ça m'étonne pas qu'il joue encore un rôle dans les moeurs, surtout chez les peuples concernés.
« Modifié: mardi 10 mars 2015, 14:11:13 par D_Y »
O proud Death ! What feast is toward in thine eternal cell ?

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« Réponse #247 le: mardi 10 mars 2015, 16:36:37 »
A vrai dire je crois qu'il n'existe aucun "peuple" qui n'a jamais pratiqué ET subit l'esclavage.

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« Réponse #248 le: mercredi 11 mars 2015, 10:50:44 »
La nuance est entièrement là Ben, il y a rire avec et rire de ! Je pense que c'est pour cela que Bienvenue chez les ch'tis a eu autant de succès malgré sa relative qualité, c'était la première comédie française depuis très longtemps (en tout cas médiatisée) où on riait avec les personnages, et non pas d'eux !

D'ailleurs, ce film est intéressant, parce qu'il montre que les clichés sont pour beaucoup faux, mais que certains sont totalement vrai (la relation du Nord avec l'alcool), et il en rit, et ceux du nord en ont rit aussi. Mais était-ce parce que Boon vient du nord, donc ça passe ? (idem pour les inconnus, pouvaient-ils se grimer en noir parce que Légitimus était avec eux ?). Je ne pense pas uniquement, parce que les corses ont ri de bon cœur devant "L'enquête corse", qui pourtant n'a pas été fait par des corses. 

Et ceci implique : On peut rire de tout, mais il faut pas !

(Cliquez pour afficher/cacher)

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« Réponse #249 le: jeudi 12 mars 2015, 18:08:15 »
Bah voilà une idée impopulaire :

Moi, j'ai aimé Bienvenu chez les ch'tis et je l'ai trouvé mieux écrit que bien des films :-*

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« Réponse #250 le: jeudi 12 mars 2015, 19:11:17 »
J'aime bien ta réflexion sur les ethnies non-concernées. Jusqu'où remonter en fait ?  Il y a sûrement du y avoir des Japonais/Chinois aux États-Unis qui ont eu des esclaves noirs, tout comme on peut aussi englober les "Arabes" dans les ethnies qui ont participé à l'esclavage (et même certains peuples d'Afrique en fait). Est-ce que c'est un peuple en particulier qui est "responsable" ou des individus ?

J'vais faire un parallèle un peu maladroit avec la Shoah, mais un truc qui m'a toujours dérangé, c'est le fameux "devoir de mémoire" qu'on impose aux descendants européens, 3 à 4 générations plus tard. Évidemment qu'il ne faut pas oublier, et garder une forme de respect pour les descendants de ceux qui ont souffert de ces abominations humaines (esclavages/génocides), mais faire la distinction entre les coupables originels et leurs descendants est aussi primordial (tout en montrant à ceux-ci tout ce qu'ils ont gagné de par ces sévices, ce qu'on ne fait peut-être pas assez).

Ce n'est pas tant ça la question, évidemment qu'on peut s'amuser à regarder qui a pratiqué l'esclavage et qui n'en a pas pratiqué. La question du mot "nigger" utilisé par quelqu'un exclu des ethnies noires et blanches ne soulève pas de savoir si les ancêtres de l'individu en question ont effectivement été opprimé, mais plutôt s'il est influencé par le « système » qui contextualise le mot "nigger" autour de lui.
Par exemple, je suis pour ma part issu d'un mélange ethnique, à majeure partie slave, et je compte comme « blanc » au niveau ethnique (du moins aux États-Unis) ; en tant que tel, je suis avantagé par les sociétés à dominance blanche. Par exemple, encore aux États-Unis, je ne serai pas discriminé par les employeurs racistes, ni perçu comme un criminel par un policier lambda ; alors qu'on entend des tonnes de témoignages de gens de couleur qui sont sujets à un racisme aberrant justement de la part d'employeurs, policiers, figures d'autorité, et j'en passe (encore une fois, et j'insiste, je parle pour les États-Unis en particulier - même si la France est clairement pas un exemple à ces niveaux, qu'on s'entende). Et en ce sens, on peut parler de « privilège », qui me serait octroyé à tort par ma simple couleur de peau. Et ça n'a rien à voir avec mes antécédents biologiques, le fait qu'ils ont souffert de la pauvreté sous l'URSS, que nombre d'entre eux étaient peut-être même des serfs, et gnagnagna.
Il faut donc regarder les influences de quelqu'un et pas sa descendance. Pour reprendre mon cas, quand j'étais plus jeune, il m'est arrivé d'utiliser le mot "nigger" pour « déconner ». Et je trouvais ça drôle, oui ; mais pourquoi ? Parce que j'étais influencé par d'autres gens qui l'utilisaient autour de moi, que je ne me rendais pas compte de son poids, et donc que je n'avais aucune conscience que j'étais en train d'être raciste. Là où je veux en venir, c'est que parfois (et c'est terrifiant), on peut se montrer raciste sans s'en rendre compte, voire tout simplement l'être (au moins un peu) sans le remarquer.

Pour en revenir à mon exemple de l'asiatique qui utiliserait le mot "nigger", le tout serait de savoir s'il le fait en étant influencé par une culture blanche, voire carrément juste en étant raciste lui-même (parce que j'ai déjà vu de beaux exemples de racistes asiatiques, et ce n'est pas parce qu'ils sont sujets à la discrimination eux aussi qu'ils ne peuvent pas en faire preuve envers les noirs - et inversement, etc.).

Si la blague "raciste"/"homophobe"/sur les handicapés/etc.. est dite sans aucune pensée raciste/homophobe/malveillante envers les handicapés/etc... elle peut être comprise correctement, on peut alors se moquer non pas de la "minorité" visée par la blague mais du contexte de la blague.
Par exemple, "Rabi Jacob" est drôle justement parce que l'on se moque de ce qui arrive au personnage antisémite (joué par louis de funès), alors que "Qu'est ce qu'on a fait au bon dieu" me mets mal à l'aise parce qu'on rigole avec les clichés des personnages racistes de ce film. On ne rit plus du raciste mais avec lui.

(Tout d'abord je précise que j'ai beaucoup apprécié la vidéo !)
L'exemple de Rabbi Jacob est, à mon sens, difficile. Oui, tout le but du film est de tourner en bourrique l'antisémite, c'est indéniable ; mais dans la réalisation ? On montre les personnages sous des formes très stéréotypées, et rien ne dit que ça ne pourrait pas énerver les communautés concernées.
Au final, je pense que c'est aux communautés visées de décider si quelque chose est offensant ou non. C'est encore le plus simple à faire, et ça évite des débats stériles sur ce genre de sujets quand on ne peut même pas être concerné.

D'ailleurs, ce film est intéressant, parce qu'il montre que les clichés sont pour beaucoup faux, mais que certains sont totalement vrai (la relation du Nord avec l'alcool), et il en rit, et ceux du nord en ont rit aussi. Mais était-ce parce que Boon vient du nord, donc ça passe ? (idem pour les inconnus, pouvaient-ils se grimer en noir parce que Légitimus était avec eux ?). Je ne pense pas uniquement, parce que les corses ont ri de bon cœur devant "L'enquête corse", qui pourtant n'a pas été fait par des corses. 

Il faut avouer que certaines blagues des Inconnus deviennent d'un très sale mauvais goût si on retire Legitimus, tout de même (je pense à un sketch en particulier où il se noircit la peau ; un blanc fait ça, c'est du blackface, c'est super limite. Or dans le sketch en question c'est amusant parce que justement, Legitimus a déjà cette couleur de peau, et la noircir ne rend la chose qu'absurde et doublement ridicule). Tout comme on pourrait s'amuser à dire que leur humour raciste envers les asiats est limite aussi, etc...
Encore une fois, aux communautés concernées d'en juger.
(J'ajouterais par contre qu'on ne peut pas vraiment comparer des blagues sur les gens du Nord ou les corses comme dans les exemples que tu as cités avec du vrai racisme... tout de même, il y a une différence entre rire un peu d'une culture (dont on est au fond proche, les Chtis et les corses restent français hein) et faire des blagues sur des stéréotypes racistes qui sont bassinés et répétés depuis trop longtemps.)

Que je sois clair : je ne suis pas du tout en train de dire que Rabbi Jacob et les Inconnus sont des sous-merdes racistes à condamner. Je tiens juste à spécifier que c'est difficile de définir l'humour raciste et pas raciste, a fortiori quand il est issu des propos d'acteurs aussi connus et respectés. Et ce n'est pas une tâche que j'ai envie de m'amuser à faire, très personnellement.
Quand je dis que l'humour raciste n'est pas drôle, je parle assez spécifiquement des gens qui sont racistes sans s'en rendre compte (et j'ai expliqué en haut de ce post ceux que ça concerne). Malheureusement, les seuls gens que j'entends faire de l'humour raciste, ce sont des gens issus de cette catégorie, voire carrément racistes sans s'en cacher... Comme l'a dit Ginger dans la vidéo qu'a partagée Coolben, c'est normal qu'au bout d'un moment ce genre d'humour fatigue, au même titre qu'elle est fatiguée de l'humour sur les femmes et les hommes efféminés (et je le suis autant qu'elle d'ailleurs).
Donc... ben, je vais encore une fois reprendre le propos de cette vidéo : oui, on peut techniquement rire de tout. Mais certainement pas avec tout le monde, et c'est à ça qu'il faut faire attention.

Et le but n'est pas de bannir le second degré, attention : juste de faire attention en l'utilisant, que son sens soit compréhensible. (Je pense par exemple à certaines en-têtes de Charlie Hebdo qui étaient vraiment limites de chez limites, comme par exemple « le Coran c'est de la merde, ça n'arrête pas les balles » ; non, Charlie Hebdo n'est pas une publication raciste, mais cette blague peut facilement faire rire assez grassement un bon gros raciste sans qu'il ne comprenne qu'elle n'est pas censée être faite pour ça.)
« Modifié: jeudi 12 mars 2015, 21:34:11 par Yuan »

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« Réponse #251 le: samedi 21 mars 2015, 15:02:29 »
Bah voilà une idée impopulaire :

Moi, j'ai aimé Bienvenu chez les ch'tis et je l'ai trouvé mieux écrit que bien des films :-*

Bah écoute, j'ai un avis assez mixte dessus. Parce que je reconnais quelques qualités au film, comme un humour parfois assez efficace, un traitement de la culture ch'ti assez juste (pour en être entouré, je peux vous affirmer que loin de s'en être senti salis, la plupart ont adoré le film) et une thématique de l'ouverture aux autres pas trop mal développé... M'enfin le film manque cruellement d'audace et d'originalité à mes yeux. Les acteurs sont pas toujours très bons, la réalisation est un peu molle, le scénario réserve peu de surprises et les calembours sont parfois un peu facile. C'est typiquement le genre de film familial qui marche mais qui me plaît pas spécialement. Donc je le bash pas mais comptez pas sur moi pour l'encenser.

Donc du coup, non. Je le trouve pas "bien écrit". Je le trouve sympa, comme beaucoup de chose sur lesquels j'ai un avis tiède.

Hors ligne Poulika

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« Réponse #252 le: jeudi 26 mars 2015, 23:09:34 »
Le concept et le mot "Star" (Pour évoquer une célébrité) sont malsains.

L'idée d'avoir des gens ayant une forte influence, visibilité et importance (En l'occurrence culturelle et artistique) est tout à fait compréhensible, ça me semble normal. Je conçois aussi le principe du "fan" (Particulièrement chez l'adolescent) aidé dans sa "recherche de modèle", dans sa propre construction humaine. Mais "Star" franchement, c'est plus qu'abusé. Genre "g sui 1 star ki brille o firmaman".

 Dire qu'il y a des stars, c'est dire qu'il y a des gens "au-dessus", qui en plus d'être supérieurs, sont "meilleurs" (Pour ce que ça veut dire ...). Le terme star implique qu'une personne, pour son talent et sa visibilité vaut mieux qu'une autre. Et la société favorise ce système en s'imposant des gens que l'on devrait aimer plus que d'autre : Lorsqu'il s'agit de "héros", pourquoi pas (Bien que je parte du principe que sur le papier, une personne ne vaut pas mieux qu'une autre) mais quand on parle de stars de cinéma ou musicales, ça n'a pas beaucoup de sens.
« Modifié: jeudi 26 mars 2015, 23:11:30 par Poulika »

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Le topic des idées impopulaires
« Réponse #253 le: jeudi 26 mars 2015, 23:34:28 »
Mon avis vaut ce qu'il vaut, mais quand on compare "modèle" (que tu dis trouver correct) et "star", je trouve que le premier terme a plus de poids.

Après évidemment, si on interprète star comme "machin qui brille tellement haut que c'en est supérieur à tout le monde", ouais, ça devient discutable, mais est-ce que le terme est aujourd'hui utilisé au delà de pour désigner quelqu'un d'extrêmement populaire ?
Ce ne serait pas la première fois qu'une métaphore un poil exagérée soit utilisée en voulant dire quelque chose de moins pompeux que ce que la métaphore ne représente.

Hors ligne Poulika

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Le topic des idées impopulaires
« Réponse #254 le: jeudi 26 mars 2015, 23:54:29 »
Le terme de star n'est même plus utilisé pour designer quelqu'un d'extrêmement populaire; N'importe quel Enfoiré est une star, la plupart des footballeurs sont des stars. Pour moi, ça évoque l'idée selon laquelle dés le moment ou tu es médiatisé, tu deviens "quelqu'un d'important". Métaphoriquement, évidemment que le terme star envoie le message "Les stars sont au dessus, tu peux pas les atteindre ... Et toi, t'es quoi ? T'as fais quoi de ta vie ?"

Quand je parle de modèle, j'évoque ces artistes populaires dont semblent avoir besoin les adolescents (One Direction, Bieber, Tokyo Hotel, ...) voir même les plus grands (Beyoncé, par exemple, qui se battrait pour la cause féministe). Avoir quelqu'un de connu comme modèle, c'est loin d'être une idée récente (Et pas forcément bête selon moi), il n'y aurait rien de honteux à se sentir inspiré par un mec comme Gandhi.