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Domaine de Duplucky
Duplucky:
Bon allez, ce soir, j'ai envie de me lancer, d'enfin coucher sur papier une histoire que j'ai dans la tête depuis des mois, que j'hésite à balancer, car c'est une aventure qui s'annonce très très longue. Beaucoup de modifications de scénarios et j'hésite encore à incorporer certains éléments car j'avoue ne pas encore savoir comment les exploiter correctement dans mon histoire. Mais bon, là, j'ai vraiment envie d'écrire donc je m'y mets. J'éditerai pour mettre mon chapitre, une fois rédigé.
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Les cendres d'Iriel
Prologue
Pondormant était un petit village tranquille, sans histoire où chacun de ses habitants vieillissants vaquaient à leurs occupations. Brom pétrissait son pain tôt le matin pour le revendre plus tard dans la journée, comme d'habitude, Fleur balayait devant sa porte, discutant des derniers ragots avec Charlène, qui transportait, comme à son habitude, le seau remplit d'eau du puit du village, Ernest réparait les outils des bûcherons dans sa routine habituelle et Martin partait chaque jour dans le bois environnant pour chasser du gibier. Il n'y avait rien d'intéressant dans ce petit village, pas de valeureux héros qui naquirent ici et partirent vaincre un puissant ennemi, ni de tyran qui furent vaincus en ces lieux : c'était juste un rassemblement d'une petite dizaine de huttes en bois autour d'un puits, non loin d'un grand pont qui enjambait l'Asère, cet immense fleuve qui descendit des montagnes plus à l'ouest, s'engouffrait dans une vallée lui faisant faire une grande boucle dans les terres avant de rejoindre l'embouchure de la mer du Nord.
Après cette journée banale où rien d'anodin ne s'était déroulé, comme chaque autre jour, Martin rentrait tranquillement dans sa masure, rejoindre Fleur, cette femme qu'il aimait plus que tout au monde, avec laquelle il s'était unit jusqu'à ce que la mort les sépare et avec qui il avait voulut élever des enfants. Seulement voilà, le mauvais augure frappait Fleur, elle ne pouvait procréer, la tristesse étreignait le coeur des deux tourtereaux qui prirent sur eux et décidèrent de prendre sur eux et de vivre aussi heureux qu'ils le pouvaient, en attendant que la mort ne vienne les prendre. Le couple s'installa autour de la table en bois pour manger leur assiette garnie de pommes de terres et de salade. Cela faisait plusieurs jours que Martin rentrait bredouille, incapable de trouver la moindre trace de gibier.
- A croire qu'on leur fout tellement la pétoche que ces foutus bestiaux ont tous foutu le camp, maugréa-t-il en enfournant une demi-patate dans sa bouche.
- Il y a des jours comme ça, que veux-tu, répondit son épouse, je sûr que demain, ça ira mieux.
Et ils continuèrent à manger en discutant des choses banales de la vie, Martin demandant à Fleur de lui raconter les derniers ragôts.
L'orage éclata après le crépuscule, la pluie martela violemment le toit de la masure tandis que le tonnerre brisait régulièrement la monotonie du bruit de l'eau qui tombe du ciel. Martin pesta, comme à son habitude du mauvais temps car cela signifiait pour lui une journée à gambader et ramper dans la boue, chose dont il avait horreur. Mais bientôt, un autre bruit attira son attention, un bruit régulier, comme une voile qui battait au vent. Puis il entendit des grognements et rugissements venant du ciel, des coups qu'on donnait, de amples mouvements qui déchiraient l'air.
- Foutredieu, c'est pas l'orage, ça, commenta-t-il en se dirigeant vers la porte entrée.
Lorsqu'il mit le nez dehors, le bruit s'intensifia. Il regarda d'abord autour de lui, mais ne vit pas grand chose à part les ténèbres. Il leva alors les yeux vers le ciel et vit, au détour d'un éclair, deux grandes ombres qui combattirent dans les cieux. Parfois, un torrent de flammes s'échappa de la gueule d'un des deux monstres, l'autre riposta en donnant des coups de griffes ou d'amples coups de queues. Ils tentèrent parfois de se mordre leurs longs cous. Martin resta pantois devant un tel spectacle.
- Sainte mère de foutredieu, dame Iriel, priez pour nous.
- Martin, rentre, mets-toi à l'abri, ordonna son épouse, s'ils nous voient, ils voudront peut-être nous dévorer. Rentre et prions qu'ils s'éloignent.
- Ouais, je crois bien qu'on peut rien faire d'autre, mais sainte merde, quelle histoire.
Ils rentrèrent tous les deux et s'assirent autour de la table, joignirent les mains, fermèrent les yeux et commencèrent à psalmodier.
- Sainte Iriel, enfant de la terre, offre nous ta clémence. Que la Reine louve nous élève vers ta grâce, comme elle t'élèva, que la sagesse d'Erethion qui t'habite nous offre un âge de paix...
Un énorme bruit fit trembler toute la maison, interrompant leur méditation. Un dernier rugissement retentit au loin puis le calme revint, interromput par les éclairs. Le couple échangea un regard qui voulait tout dire : ils ne dormiraient clairement pas cette nuit.
Le lendemain, Martin parti à la chasse comme d'habitude, mais contrairement à d'habitude, les gens ne discutaient pas des ragots habituels. Tous parlaient de ces deux ombres qui s'étaient affrontés cette nuit. Charlène, n'ayant pas eu le courage de sortir cette nuit,demanda à Fleur de lui raconter tout ce qu'elle avait vu. Ernest et Brom théorisaient sur ce qu'étaient ces créatures au lieu de travailler, le premier pensant à un duel de vouivres, le deuxième évoquant plutôt des gargouilles, admettant tout de même que ça semblait trop gros pour être ces créatures.
- Hey, Martin, fit Brom, en voyant le chasseur arriver, tu les as vu, les bestioles qui se sont bagarrés au-dessus de nos têtes ? A ton avis, c'était quoi ?
- Bah je sais pas trop, répondit l'intéressé, il faisait bien trop noir pour que je puisse voir. Mais à mon avis, c'était clairement pas des vouivres.
- Ah bon ? Faut dire que j'étais assez mal placé, répondit Ernest, j'avais les arbres qui bouchaient la vue.
- Ouais, ils semblaient se donner des baffes et les vouivres ont pas de bras.
- Qu'est-ce que je te disais, vieux schnocks, répliqua le boulanger en donnant une tape dans le dos du forgeron, file la monnaie !
L'intéressé versa deux pièces dans la main du gagnant en gromellant puis se tourna vers Martin.
- Fait gaffe quand t'iras dans le bois, y a un gros truc qui s'est écrasé là-bas, c'est peut-être la gargouille ?
- Ouais mais t'inquiètes pas, elle doit être dans un sale état. Dans le pire des cas, je l'achèverai de loin avec une flèche bien placée avant qu'elle me voit.
Et il prit congé d'eux avant de reprendre sa route vers le bois, laissant derrière lui le petit village qui, pour une fois en plusieurs décennies, avait vécu un évènement inédit.
Comme prévu, Martin râla. Ses belles bottes en cuir s'enfoncèrent dans la boue, il dérapa aussi sur les feuilles d'arbres et l'herbe mouillée tandis qu'il zigzaguait en position accroupie entre les bouleaux, les châtaigniers et les sapins. Exception faite des gouttes d'eau qui glissaient des feuilles pour s'écraser en contrebas, la forêt était une fois de plus silencieuse. Le chasseur s'enfonça de plus en plus profondément dans le bois. C'est alors qu'il commença à entendre un son régulier, une profonde respiration, rapide, comme si l'animal était essoufflé. Il se guida au son pour avancer à travers les fourrés, le plus silencieusement possible, encocha une flèche à son arc, le tendit à moitié et continua son avancée. Il constata bientôt des bouleaux arrachés qui s'étaient effondrés de tous leurs long sur le sol, ou s'étaient coincés contre d'autres arbres. Il avança plus lontement, le souffle coupé, escalada une petite colline, s'agrippant aux hautes herbes quand ils se sentit glisser sur la pente. Puis arrivé au sommet, il découvrit ce qui avait été la cause de ce désastre forestier. Ce n'était effectivement pas une vouivre qui s'était battue dans le ciel, ni une gargouille, mais un être rarissime, maitrisant une puissante magie et dont on dit qu'il était plus intelligent que toute créature existante. Martin s'était retrouvé nez-à-nez avec un dragon rouge.
La créature mesurait bien quinze mètres de longueurs de son museau jusqu'au bout de sa longue queue. Ses ailes déchirées gisaient misérablement autour de son corps couvert de plaies. La bête semblait incapable de se relever et se vidait de tout son sang. Martin se releva et se mit à jurer à haute voix, attirant l'attention de la créature mystique qui se mit à parler d'une voix rauque, brisée par la douleur.
- Qui es-tu ? Es-tu venu pour me délivrer le coup de grâce ?
- Par Iriel, foutredieu non ! C'est sacré, un dragon, qu'est-ce qui vous es arrivé ? Non, attendez, bougez pas, je vais aller chercher de l'aide, on va vous retaper en moins de deux !
- Ne me crains-tu donc pas ?
- Vous craindre ? Foutredieu, pourquoi donc ? Vous êtes blessés et avez besoin d'aide, j'ai surtout peur de pas revenir à temps pour vous sauver la mise, ça ouais !
- Alors reste. Ce n'est pas la peine d'essayer de me sauver. Je n'en ai plus pour longtemps. J'ai besoin de me confier, peux-tu prêter une oreille attentive à mes dernières paroles ?
- Heu bah, écoutez, si ça peut vous soulager un peu, je vous écoute.
Martin s'assit en tailleur près de la gueule du dragon et vit que ce dernier le fixait de son oeil jaune, humide.
- Une amie était sous l'emprise d'une malédiction. Elle ne pouvait mourir et en avait assez de voir ses enfants partir avant elle. Elle m'a un jour demandé de l'incinérer et de bénir ses cendres. J'ai accédé à sa requête et ait donc mis fin à son existence.
- Si c'est elle qui vous l'a demandé, je vois pas le problème.
- Le problème est qu'elle était aimée de tous, répondit le dragon avec agacement, elle a apporter la paix en ce monde et sa disparition a mit fin à quelque chose, je le sens au plus profond de moi, comme une malédiction qui me ronge de l'intérieur.
Martin garda le silence un instant et vit ce qui semblait être des larmes couler de l'oeil de l'animal mystique.
- C'est ce qu'on appelle la culpabilité, expliqua-t-il ensuite, on regrette nos actes mais je vais vous dire une chose. Je pense que vous avez bien agit.
- Le crois-tu vraiment ?
- Ouais, je sais pas qui était votre amie, mais vous l'avez libérée de beaucoup de souffrance sans tenir compte des conséquences. Moi, je pense que vous avez agit comme un ami devrait le faire : aider une personne que vous aimez avant tout autre chose.
- Tes paroles me mettent du baume au coeur, petit homme, répondit l'animal fabuleux, tout en fermant ses yeux ruisselants de larmes. J'aimerais récompenser ta gentillesse pour quitter ce monde sur une bonne action... Penses à ce que tu veux vraiment et je réaliserai ton voeu.
- Vraiment, c'est que je sais déjà c'est quoi mon voeu le plus cher. Moi et mon épouse, on aimerait beaucoup avoir une pitiote, mais Fleur a chopé un mauvais sort.
- Je vois....
Le dragon garda le silence quelques instants, ses mâchoires semblaient remuer silencieusement, puis il rouvrit son oeil.
- Ton voeu a été exaucé. Retiens bien ce que je vais te dire, petit homme. Le jour où la mort viendra prendre ta fille adorée, elle révèlera sa véritable nature aux yeux de tous. Et aussi... une dernière chose...
La créature avait de plus en plus de mal à aligner les mots, Martin compris que le moment serait bientôt venu. Il attendit patiemment la suite.
- Mets-la en garde contre le dragon noir... C'est lui qui m'a tué. Il est mon ennemi mortel et deviendra le sien. Qu'elle ne s'en approche jamais...
- Le dragon noir ? C'est qui celui-là ?
- Je n'en peux plus... Il est temps pour moi de partir...
- Attends, je connais même pas ton nom !
- Erethion...
Et il s'éteignit en prononçant son nom. Le chasseur caressa machinalement sa joue avant de se mettre à genou et de prier.
- Repose en paix, Erethion, noble dragon au destin tragique. On t'oubliera jamais.
Il se releva et retourna au village raconter ce qu'il avait vu aux autres.
Rapidement, les villageois aidèrent Martin à offrir une sépulture à la dépouille de la créature, le bruit du combat entre les deux dragons se répandit comme une trainée de poudre à travers le pays, puis Pondormant fût renommé Pondragon. Le petit village monotone accueillait dorénavant les voyageurs et plus rien ne serait pareil dans ce petit coin perdu. Neuf mois plus tard, Martin et Fleur eurent la joie d'assister à la naissance de leur petite fille...
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