Nous sommes en mars 2019, et tandis que tous les joueurs dotés d'un cerveau en état de marche et d'un portefeuille cossu s'évertuent sur
Sekiro, un certain connard fini poursuit sa quête de super-posts sur des jeux qui n'intéressent personne.
Yomawari : Midnight Shadows est la suite sur PS4 et Switch du jeu PS Vita
Yomawari : Night Alone (nul besoin d'y avoir joué). Ce titre est une sorte de nièce illégitime au troisième degré de la "trilogie kawaii des duos d'horreur" de NIS (en attente d'un nom officiel), composée de
Hotaru no Nikki,
A Rose in the Twilight et
The Liar Princess and the Blind Prince, car si plusieurs noms au générique s'y retrouvent, l'expérience de jeu est complètement différente.
L'histoire est celle de Haru et Yui, deux écolières qui vont voir un feu d'artifice au sommet d'une montagne. Mais, au terme du spectacle, les deux fillettes sont séparées dans des circonstances inquiétantes. Le jeu alterne entre Haru (le personnage principal au ruban bleu) qui tente de retrouver Yui (au ruban rouge), et cette dernière qui virevolte de danger en danger.
Car oui, la ville d'ordinaire paisible est frappée ce soir-là par une étrange malédiction, et tous les yôkais de la création, des plus inoffensifs aux plus belliqueux, s'y sont donnés rendez-vous. Telles les frêles jeunes filles désarmées qu'elles sont, Yui et Haru vont devoir redoubler d'efforts, d'ingéniosité, de discrétion, mais aussi de sprints et de lancers de cailloux pour se faufiler entre les diverses menaces révélées par la lumière de leur précieuse lampe-torche.
Vous aurez compris à ces quelques screens que la qualité majeure de
Yomawari, c'est sa direction artistique. Celle-ci fait se côtoyer un design chibi et des environnements chaleureux qui sentent bon le Japon rural, et des apparitions graphiques qui vous menacent constamment d'une mort brutale et sanglante. Sa deuxième qualité majeure, c'est la variété de son bestiaire, chaque créature demandant une approche différente selon son niveau de dangerosité.
Si la majorité vous tue au moindre contact, toutes ne vont pas forcément vous courir après, et même parmi celles-ci, les chances de leur échapper varient. De la même façon, certaines créatures s'évanouissent passé un certain temps, d'autre non. Leur apparition étant le plus souvent aléatoire, il vous faut écouter le coeur battant de plus en plus fort à leur approche, leur bruit caractéristique, et adapter votre réaction.
Pourtant, malgré toutes ses idées judicieuses et son ambiance plutôt bien posée, à mi-chemin entre un
Silent Hill et un
Fragile Dreams, il est regrettable que
Yomawari s'écrase contre un problème bien connu des jeux d'horreur. La faute à des mécaniques et features trop généreuses, des morts trop intégrées à la progression (car oui on meurt très, très,
très souvent dans ce jeu) et un univers sans queue ni tête, qui n'est développé ni par la narration ni par le lore,
Yomawari ne fait pas peur sorti de ses jumpscares, parfois bien foutus, parfois artificiels, mais souvent forcés.
L'horreur dans un jeu, on la doit à la gestion d'un équilibre délicat entre impuissance de l'avatar, omniprésence du danger, appel à la curiosité et surrégime de l'imagination. Et comme le jeu dont je parle ici a mal géré son point 2, puis foiré totalement son point 3, le 4 s'excuse poliment, pour ne laisser que le point 1 se débattre, et lui-même vient s'échouer contre la rive des jeux vidéo en général : un avatar impuissant, si ça n'est pas une composante d'un tout, ça n'est pas amusant à jouer.
Je ne vous recommande qu'à moitié ce titre, car il n'est clairement pas sans défaut, mais à qualités égales, je n'aurai vraiment de cesse de vous recommander bien plus chaudement l'inoubliable
Hotaru no Nikki, qui reste à ce jour l'apothéose de la formule.
Fanart reprenant l'essentiel du cast de la "trilogie kawaii des duos d'horreur", en attente d'un nom officiel