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Suijirest:
Certains le savent, je suis le genre de connard fini qui peut plonger les mains dans la fange pour en extraire la substance, pour cerner les intentions de ses créateurs, au détriment du contrat habituel d'un jeu.
Pour vous, un jeu doit être joli et jouable ? Pour moi, il doit être sincère et cohérent.
J'ai déjà testé un petit paquet d'univers de ce genre, il fallait que je passe un jour par le Sudaverse. v.v


No More Heroes, développé par le studio Grasshopper sous la tutelle de Suda51, un "auteur de jeu vidéo" à qui on doit chaque idée de chaque titre, pour le meilleur ou pour le pire ; un rôle similaire à Hideo Kojima, Peter Molyneux ou Yoko Taro.

Sorti à l'origine sur Wii, porté récemment sur Switch, je joue à la version PS3 Heroes Paradise, livrée avec sang sans censure et enrichie de moult détails.
Le jeu est classé 18+ pour de bonnes raisons, je vous invite donc à arrêter de lire si les ouvrages gorgées de sang et de scènes de nu, ainsi que les jeux pas super bien calibrés ne vous branchent pas outre mesure. :mouais:


On suit les aventures de Travis Touchdown, un loser patenté qui n'a jamais trouvé sa place dans le monde réel. Il se noyait dans ses désirs et ses plaisirs (le catch, le porno, la collection de figurines) en attendant que la mort l'emporte, jusqu'à ce qu'une enchère sur eBay le rende propriétaire d'un authentique sabre laser. Cet achat va le mettre sur le marché des tueurs à gages, et sa vie en sera bouleversée.
Le jeu est un GTA du tiers-monde, on jongle entre mini-jeux daubés et les "missions de massacre" jusqu'à avoir assez d'argent pour payer l'inscription au combat classé de l'United Association of Assassins, qui consiste en un BTU de couloirs conclu par un boss fight aussi éprouvant que technique.
L'action est à la frontière de l'illisible, les coups ne sont pas très nombreux, l'IA est aux fraises et la réal, déjà sur Wii c'était pas terrible, alors upscalée en 720p c'est pas mieux.

Vous aurez donc compris qu'on est face à un de ces jeux japonais des bas-fonds de Steam qu'une personne douée d'intelligence ne toucherait pas même s'il était gratuit. v.v
Quelles peuvent donc être ses vertus ?

Ben si on me demande, je dirais que c'est l'écriture du jeu.
Déjà, parce qu'on sent que Suda51 verse tous ses fantasmes, sa vision du "cool" à travers le personnage de Travis, les visuels du jeu (qui font très "Persona 5 pour les vrais grands") ou encore les petites blagounettes pas subtiles du tout à la moindre occasion. Par exemple, Travis recharge la batterie de son sabre en se branlant, on doit fouiller toutes les poubelles de la ville et on se trimballe dans une moto que même dans Star Trek on trouverait ça de mauvais goût.
Ensuite, à travers des dialogues de 3 minutes, il arrive à poser un vrai passé, un vrai présent et une vraie conclusion à nos cibles, ou encore à développer de vraies relations entre Travis et sa "secrétaire". Ça suinte de nihilisme, de dépression, de personnages qui ont douillé leur misère toute leur vie de ne pas "intégrer la norme" et qui ont essayé de s'accomplir dans une autre voie, une autre dimension, sans jamais atteindre le vrai bonheur, la vraie consécration.

On aime à présenter No More Heroes comme l'un des pires jeux de la création, et sans doute a-t-il largement mérité cette réputation.
Mais n'est-il vraiment que ça, et n'a-t-il nul autre argument à faire valoir ? :/
Je me permets d'en douter.

Rodrigo:
Cool, merci pour ton retour, je me le suis pris sur Switch il y a un moment, et j’ai décroché assez vite a cause des tares que tu signales (système de combat pauvre, action peu lisible, jeu complément fauché), mais je vais essayer de m’accrocher un peu pour tomber sur les qualités du jeu. En plus j’aime bien Suda, et j’attends le bon moment pour essayer le légendaire Killer 7 (déjà testé à l’époque sans avoir compris quoi que ce soit).

Tu l’as fini ? Tu vas enchaîner avec le 2 et le 3 ?

Suijirest:

--- Citation de: Rodrigo le dimanche 20 juin 2021, 11:00:26 ---Tu l’as fini ? Tu vas enchaîner avec le 2 et le 3 ?

--- Fin de citation ---

Non et non. :niak:

Pour l'instant, j'ai fini le 3ème boss sur les 10 du jeu, et je maintiens mon opinion générale.
Tout ce qui touche au GTA-like est moyen au mieux, mais chaque antagoniste mérite les efforts à faire pour les atteindre.

Y a quelque chose de très Shadow of the Colossus dans le délire, où les boss sont le coeur de l'expérience et le reste n'est qu'un poumon d'air pour nous aider à décompresser.
Sauf que la différence majeure, c'est que SotC brillait par son dépouillement, son lyrisme, le simple voyage dans la nature. NMH s'acharne beaucoup trop à se remplir de saloperies qui, non seulement ne servent pas le propos, mais en plus, alourdissent le jeu. :cfsd:

Pour autant, j'ai pas l'impression que le titre aurait pu être un film ou un anime. Remarque, y a Gungrave qui a l'air de nager dans ces eaux-là, même si je ne le connais que de loin, et peut-être Darker than Black.

... Ouais, un anime NMH, ça aurait pu le faire, en vrai.  :-| Mais il aurait fallu un budget assez confortable pour bien l'écrire, et surtout, le réaliser. Et vu la street-cred' de Suda51, je ne sais pas s'il l'aurait eu. X.

edit : tiens, tant qu'à avoir mentionné SotC, je partage ça. Gratuit. ;D

Suijirest:
Bon, après une petite pause de deux semaines pour publier ma vidéo sous contrat sur Disgaea 6, j'ai repris No More Heroes : Heroes Edition.

Il ne me reste que trois boss à battre, peut-être quatre si le plot le décide mais je n'y crois pas trop... C'est pas le genre de jeu à avoir un scénario truffé de rebondissements. v.v


Je ne démentirai pas un seul reproche que je lui ai fait précédemment, mais je pondérerai légèrement quand même.
A force de déambuler à Santa Destroy et de se concentrer sur le BTU, on finit par oublier la pauvreté graphique.
A force de débloquer les extras (trois sabres ayant trois pattern, quelques techniques/boosts à glaner) on peut prétendre avoir un BTU correct.
A force de pratiquer le sabre, on comprend "le rythme" du combat, on sait au bout de combien de coups les mobs seront stun ou down.
On peut aussi apprendre à réagir instinctivement à leur garde pour les briser (ça, j'ai pas encore la technique).

Je maintiens également que chaque boss est une vraie récompense en soi. En quelques minutes, ils ont une présence, une identité, un message et on entend très clairement Suda51 nous susurrer à l'oreille ce qu'il veut dire. J'avais comparé à Shadow of the Colossus, ce que je maintiens, mais il y a aussi un côté très Metal Gear Solid 1 à mettre en avant.
Vraiment, pas besoin de 25h de blabla stérile pour camper un personnage qualitatif. :niak: Il suffit d'avoir une certaine culture de l'entertainment, d'avoir vu assez de films, de comics et de mangas pour avoir une idée de comment brosser un portrait crédible et cohérent. C'est sûr que, quand on se contente de théoriser "alors, je pense que mon public a envie de voir ça, ça et ça, donc je vais tout mettre dans un carton et appeler ça un personnage, je suis trop un génie" ben on ne peut pas prétendre à cette qualité... :mouais:
(Cliquez pour afficher/cacher)Pour celleux qui n'ont pas suivi, j'adresse là un reproche cinglant à la majorité de la production japonaise, et nullement à un titre spécifique. :ange:
Même si, je le confesse, certains s'y illustrent mieux que d'autres.  :-X
Cependant, il n'y a rien à faire pour la répétitivité de la boucle de gameplay, ni la lisibilité catastrophique des combats, surtout dans les "missions de combat" où un coup = échec.
Dans pas mal de jeux, ce genre de challenge, ça motive ; dans un jeu où la moindre attaque s'accompagne de gerbes d'étincelles, la moindre mort d'une éclaboussure de sang, avec une caméra presque à l'épaule, c'est débile.
Impossible de voir venir les coups, combien de fois j'ai dû recommencer dès le premier duo de mobs parce que la console a jugé drôle de me pondre un coup imparable venu d'un angle mort. J'avais le choix entre lâcher la garde pour m'esquiver, et prendre le coup rapide du premier, et maintenir la garde pour bloquer le coup rapide mais en me prenant le coup imparable, sauf si j'avais eu le timing précis pour l'esquiver d'une roulade juste après le blocage. C'est humainement faisable, oui, mais pas avec mes doigts raides... Sachant que je joue en Normal, l'IA est donc moins agressive et les mobs n'ont pas trop de HP...

No More Heroes, typiquement le genre de jeu auquel il est impossible de donner une seule note ; entre ce qu'il apporte d'un point de vue artistique, et ce qu'il est d'un point de vue ludique, ce n'est même pas que l'écart est grand, c'est que ça revient à comparer la mousse au chocolat maison d'un grand chef pâtissier avec du caviar d'aubergines de chez Aldi... :/

Suijirest:
En l'an 12 après Demon's Soul, toute la section JV est occupé par les Fromiens.
Toute ? Non ! :niak:
Quelque part, un petit connard fini  à nom d'animal résiste encore et toujours à l'envahisseur bon goût. :mouais:

Et aujourd'hui, c'est d'un de ces jeux oubliés de l'ère 8-bits disponibles sur le catalogue NSO que je vais parler.
Il s'agit d'un jeu d'aventure en vue du dessus assez basique, vraiment pas évident à prendre en main mais doué d'un fort pouvoir d'attraction. On va de tableau en tableau, on extermine toute la faune, et on essaie comme on peut de comprendre ce qu'on est censé faire pour finir le jeu.

D'ailleurs, je vous l'apprends ou non, avec les vieux jeux comme ça, on n'a pas toujours masse d'infos de fournies. Y a pas des dialogues de 600 lignes dans des cutscenes de 12 minutes, tout est dans le manuel de 25 pages qui, bien entendu, n'est pas fourni ici, donc je vais devoir beaucoup imaginer et recomposer avec le contenu. :niak:

On incarne donc un sale voyou, genre la pire teigne du pays, voleur, bagarreur, ingrat, tout ce que vous pouvez imaginer. A cause de ça, il s'est choppé une méchante malédiction, qui a deux effets majeurs.

Le premier, c'est que tout être vivant capable d'agir le déteste par réflexe, il est la cible à abattre de toute la création.
Dans ce but, les PNJ distribuent gratuitement des armes en tout genre à tout le monde pour se protéger de ce terrible fléau, mais ils sont si généreux qu'ils ne vérifient même plus s'ils n'équipent pas le fléau à combattre. L'important, c'est vraiment que la moindre bestiole de l'univers soit armée jusqu'aux dents pour se défendre contre ce fameux fléau.

Et le second effet de la malédiction, c'est qu'il nous est interdit de mourir.
Chaque fois que les velléités du monde nous rattrapent et épuisent son corps, on revient, frais comme un gardon, à l'endroit précis où la malédiction est tombée, mais avec tous les progrès et, forcément, le poids de nos crimes en plus.

Pour échapper à la malédiction, nous devons partir à l'assaut de places fortes avec une musique plus sépulcrale tu meurs, gardées par l'élite de la faune de ce monde, où sont conservés les fragments de l'âme de notre personnage. A priori, mais je répète que vraiment, j'interprète le peu d'infos à dispo, l'objectif est de recomposer notre âme, autrement dit de prendre conscience de tout le mal que nous avons fait, pour avoir enfin le droit de réellement mourir.
Et comme la malédiction est une grosse bâtarde, ça implique de lessiver jusqu'au dernier souffle de vie de ces places fortes : pas moyen de progresser sans tous les massacrer, on doit commettre des dizaines de péchés alors qu'on lutte pour avoir le droit d'expier nos péchés. :-o

On dirait que les scénaristes ont repris l'Atma de Schoppenhauer, la Volonté de Puissance et l'Eternel Retour de Nietzsche au plus pur premier degré pour un jeu, ben, assez intelligent dans le fond. :-|
Notre réflexe le plus instinctif, c'est de jouer justement la brutasse assoiffée de sang qui dégomme tout ce qui approche parce que ta gueule, mais on ne finira jamais le jeu dans ces conditions, on ne fait que s'enfermer dans un cercle de violence, de mort, de haine, de sang et d'ennui ; or, ce jeu est brutalement dur. X.
Si on veut voir l'écran de fin, on est forcé d'apprendre à chercher plus loin que la simple bagarre, à esquiver les conflits inutiles, et à ne faire que le mal strictement nécessaire. v.v

L'univers ressemble à celui de NieR en plus exagéré, une société qui était jadis ultra high-tech mais qui a régressé à l'âge de pierre.
Je dis ça parce qu'il n'y a pas de ville ni de village, juste des cavernes, mais la première arme qu'on chope, c'est une espèce de bazookamehameha, quand on ne peut plus tirer de salves on marrave les gueules avec juste le bazoo.
J'espère d'ailleurs qu'il y aura un marais, pour faire des bisous de bazoo dans le bayou. :-*
Autre indice d'une société jadis prospère, le peu de personnages qui n'essaie pas de nous occire, ce sont des marchands qui sont bien prêts à profiter de notre quête pour nous arracher des sous.
Le capitalisme a laissé ses traces, l'égoïsme plutôt que l'héroïsme comme moteur est encore vivace. :cfsd:

Braiffe, celles et ceux qui ont accès au catalogue de la NSO peuvent l'essayer pour se faire leur propre idée, elle vaudra pas plus cher que la mienne.
En plus, le jeu est loin d'être déplaisant à jouer malgré sa répétitivité et la rigidité de la NES ; par contre, je vous invite à oublier la manette pro, la croix directionnelle manque trop de précision, le perso part à la verticale sans arrêt. Les Joy-Con sont un peu plus découpés et précis.
Je serais d'ailleurs pas étonné qu'il y ait eu une suite, un concept aussi dark et amoral, ça ne peut que marcher sur la durée, mais il faut encore que je vérifie.


... Ha, au milieu de tout ça, j'ai oublié de vous donner le titre, honte à moi. :^^':
Ça s'appelle The Legend of Zelda. :)

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