Après
@Chompir je ne dis pas qu'il ne faut pas chercher des réponses ! Au contraire même, ayant fait des études littéraires pendant un long moment, en parallèle de la philo, j'en ai expliqué des poèmes ! Il n'y a pas de vérité d'un poème, il n'y a pas de message, mais le message il faut le dégager en interprétant justement, souvent je veux pas "expliquer" les poèmes parce que je ne veux pas enfermer la lecture du poème dans une seule direction. En expliquant "ce que j'ai voulu dire", vu que je suis l'auteur, ce serait le sens unique et exclusif du poème alors qu'il ne faut pas en rester là, je ne détiens pas nécessairement la vérité de ce que j'écris
(Pour reprendre une phrase que j'ai souvent citée ici, de Rimbaud, " ça veut dire ce que ça veut dire, littéralement et dans tous les sens". Voir aussi
la lettre dite "du voyant" de Rimbaud, qui théorise tout ça.)
Mais un poème c'est une démultiplication de(s) sens, il y a des sens qui partent de partout, dans le rapport de la forme et du fond, du sens et du visuel etc... et peut-être pas "un sens", un message caché ou crypté qui est ce que l'auteur veut dire, de façon ferme et stricte. Pour autant, ça veut pas dire qu'on peut voir ce qu'on veut dans un poème non plus ! Il y a des interprétations qui sont puissantes, qui embrassent la pluralité du poème, permettent une multiplicité de lectures, et d'autres qui ne se basent sur rien, qui sont abusives, qui trahissent le texte...
Sinon donc, pour proposer quelques pistes sur ce poème, il y est en partie question de
l’Éternel Retour, de l'expérience de l'instant, du rapport à l'existence humaine dans sa pure relativité, dans sa pure construction. D'où la mort des poèmes et des théorèmes, des sages et des lois qui sont des entités que nous croyons immuables, que nous voyons comme des réalités transcendantes, qui nous dépassent alors qu'elles ne sont qu'humaines, qu'elles ne sont rien de différent de nous, qu'elles ne viennent que de nous en tant qu'humains et de la valeur que nous leur conférons. Mais ce n'est pas pour le déplorer ! (d'où le passage du Je mourrai -> Vous mourrez -> Je ne meurs pas), car cette pure existence humaine, c'est le flot de la vie, qui est mortelle, mais qui est éternelle, infinie dans l'instant de son existence qui pousse dans tous les sens, qui se redéfinit, reprend et repart toujours, malgré sa finitude, son horizontalité, sa stricte immanence... Et penser cette éternité immanente, ce recommencement permanent dont on fait partie malgré la finitude et la mort, c'est accéder à une forme d'immortalité sans transcendance, sans "au-delà" de quelque type que ce soit, sans sens du monde, de l'humanité ou que sais-je !
Bref, la forme tente ensuite d'évoquer cette idée, par le changement de temps, de personne, par la construction, la répétition, les chutes, voilà !