Y a pas d'âge pour tenter des trucs chelous, j'ai voulu faire un gâteau au durian.
Déjà, si vous savez pas ce qu'est le durian, c'est une
arme biologique plante très courante dans pas mal de pays d'Asie, notamment la Thaïlande. Partout où se trouve un pictogramme représentant ce fruit à l'écorce hérissée, il est interdit d'en transporter. Cela inclut les bus, les métros, les banques, et, d'une manière générale, tous les lieux publics fréquentés, sous peine de forte amende.
Ce qui cause cette législation, c'est son parfum très délicat, qui lui a valu son surnom : le fruit-poubelle. Il est capable de provoquer des malaises, des vomissements, voire des pertes de connaissance en cas de forte chaleur.
J'ignore jusqu'où cette légende est vraie, mais pour avoir eu sous le nez un simple fruit pelé congelé... j'ai envie d'y croire. Misère, qu'est-ce que ça pue les ordures !
Et pourtant, j'en ai reniflé, des trucs dégueulasses, dans ma vie !
Bon, faut bien se douter, si ce fruit est si répandu dans son pays, c'est pas pour le bon plaisir de trimballer un truc qui pue la poubelle. C'est que sa chair, apparemment, est très goûteuse, archi-sucrée avec une pointe d'amertume, le genre de saveur délicate qui rencontre un accueil net et précis : on adore à pouvoir en manger des camions, ou on déteste à gerber d'en voir.
... Et je ne saurais même pas à quelle catégorie j'appartiens : j'ai foiré ma recette à un point que même Rémi de Ratatouille n'aurait pas rattrapé.
Le seul truc que j'ai réussi, c'est la génoise.
Dans tous les cas, si un jour vous avez la curiosité vous aussi, voici quelques conseils génériques :
- le durian, en France, c'est pas donné. Ca ne se trouve que dans des boutiques spécialisées en alimentation asiatique, et même en surgelé, ça coûte 9€ les 600g.
- assurez-vous que votre cuisine ait ces deux éléments indispensables : une porte qui se ferme, et une fenêtre qui s'ouvre. Même s'il devait faire -15° dehors, il faut une fenêtre qui s'ouvre.
- ne le cuisinez pas non-accompagné. Gardez un proche dans une salle voisine, qui viendra toutes les 15 minutes vérifier que vous faites encore du bruit. S'il n'entend rien, même en tapant à la porte, qu'il se prépare à entrer avec un linge sur le nez, ou à composer le 15.
- les chutes de durian ne se jettent pas directement dans la poubelle, sous peine d'en faire une bombe à retardement. Mettez-les dans un sac congélation, hermétique, de préférence déjà utilisé (inutile de gâcher un sac neuf pour des chutes de fruit puant).
- la vaisselle doit être faite immédiatement à l'eau bien chaude, sans lésiner sur le produit. N'hésitez pas à renifler le résultat, et si ça sent encore, relavez. Les traces seraient dures à faire partir.
Avec tout ça, vous pouvez vous lancer dans la merveilleuse recette du gâteau au durian, qui consiste à :
- cuire une génoise toute simple, peut-être parfumée d'une légère touche de vanille.
- monter une chantilly avec de la purée de durian dans l'appareil (c'est ici que je me suis lamentablement planté)
- préparer une crème au beurre nature.
- couper la génoise en deux, et la garnir de chantilly au durian.
- dresser l'extérieur du gâteau à la crème au beurre, avec des éclats de noisettes caramélisées sur les côtés.
- décorer le dessus avec des lettres en crème colorée ou en azyme.
Servez avec du thé vert ou toute autre infusion, de préférence bien parfumée mais pas corsée (donc pas de café ni de thé noir).
Enjoy !