Je rajoute un peu de MyLife : aujourd'hui, j'ai mis réellement à profit pour la première fois toutes mes années à apprendre les arts martiaux, et c'est aussi l'une des journées où j'ai vu le plus de sang versé en dehors d'un don du sang.
J'allais à mon club, et j'entends des cris dans une ruelle. Curieux, je regarde. Je vois que c'est une dispute pas tendre entre deux personnes. Je m'approche en essayant de voir ce qui se passe, et là, il s'avère qu'une nana avec un marteau dans la main menaçait verbalement un type qui devait 15 années (et tout autant de kilos) de plus qu'elle. A ce niveau, sans plus de détails, trois options s'offrent à moi :
Option 1 : jouer à Captain America et leur défoncer la gueule à tous les deux au nom de la justice et de la vérité.
Option 2 : jouer à Dr Strange et me carapater dans une dimension parallèle où il ne s'est rien passé.
Option 3 : jouer à Doctor Who et jouer l'apaisement en les séparant.
J'ai opté instinctivement pour la troisième solution. Je les ai chopés à bras le corps tous les deux en leur hurlant dessus comme un putois enragé pour rameuter tout le quartier. Je suis parvenu à les tenir à l'écart, en usant autant de muscles que de psychologie, mais j'ai pas réussi à empêcher la nana de mettre un coup de marteau sur le nez du gars (rien de grave mais le visage ça saigne toujours fort). Au bout du compte, ils se séparent pour de bon quand un autre gars vient en renfort. Si ça vous intéresse, à ce niveau de l'intrigue, pas un pékin n'avait encore appelé la police, tous observaient pour voir comment ça évoluait.
Pendant que la nana rentre chez elle, j'hérite du mec agressé, qui me raconte une histoire abracadabrante au possible ; la seule chose certaine, c'est que la nana au marteau est sa voisine de palier. Je prends les coordonnées d'un deuxième témoin au cas où, et je l'accompagne au poste de police pour porter plainte. On se fait dire que le bureau ferme dans 40 minutes et que deux personnes attendent leur tour, donc, faut pas rêver.
Je laisse mes coordonnées au gars pour qu'il les donne en repassant le lendemain matin, et on retourne à notre case départ.
Evidemment, on y tombe sur la nana au marteau, accompagnée de sa mère. Le mec décide de faire un détour pour pas les avoir en face. Je m'en tiens à ma troisième option, je vais à la rencontre des deux dames, je réussis à force de douce voix et de phrases simples à leur faire comprendre que je ne prends parti pour personne, je constate simplement des faits. Elle me raconte son histoire, qui n'a pas une ligne en commun avec la précédente, bien entendu. Si je devais choisir, je dirais que l'histoire de la nana est plus crédible, mais son attitude est moins cohérente (genre elle voulait se défendre d'une agression-surprise, mais elle se trimballe avec un marteau à la ceinture ?...). Je leur laisse mes coordonnées à elles aussi, puis je les accompagne à son tour au commico par acquit de conscience, pour le même résultat, et enfin je les raccompagne jusqu'à chez elles, pour être sûr que le mec ne traînait pas dans le couloir à les attendre. La réponse a été non, mais à peine ont-elles passé la porte, le mec surgit d'une pharmacie où il avait été prendre un pansement pour son nez. Je me retrouve à le raccompagner lui aussi jusqu'à sa porte.
Le tout m'a pris une heure. L'utilité des arts martiaux dans cette affaire, ce n'était pas pour mettre en oeuvre une seule des leçons que j'ai suivi, et quelque part tant mieux : la loi est un peu ambivalente sur l'usage des techniques dans la rue.
L'utilité a été que j'ai pu m'interposer sans pisser de trouille. C'est déjà quelque chose, je suppose.
... Pour le sang versé, à part l'égratignure au nez, quand j'ai finalement été au club (pour la deuxième séance, ayant passé la première dans cette affaire) une fille s'est ouverte je ne sais pas comment la plante du pied et le sol a été bien taché de rouge. Y a des soirs.