Bouh !
Aujourd'hui, en bon patriote étudiant communiste bobo parisien, je suis allé voir, ou surtout apercevoir, la cérémonie du 11 novembre sur les Champs-Élysées. Déjà, c'était magique de profiter de Paris en matinée, à la fraicheur du jour, aux ombres des arbres, au manteau et à l'écharpe devant les vitrines enneigée et toutes de lumières magiques de Noël, puis de prendre une soupe dans un café à l'étage sur une baie vitrée. Je suis même entré dans la boutique Disney toute de princesse vêtue et j'ai eu quatre ans. Je me sens à Noël. L'hiver est magnifique.
Comme tout le public, je n'ai pas vu grand-chose, l'accès à l'Arc de Triomphe était bloqué bien 50 mètres avant. C'était bien retransmis sur des écrans mais, même aux premières loges, ils n'étaient pas très visibles. C'est drôle de voir comme la mise en scène des caméras à la télé offre bien plus de solennité, on a l'impression que c'est tout un monde, qu'il y a une gravité… alors que de loin, on avait un peu l'impression que les musiques étaient jouées par le joyeux orchestre de Tonton Lucien et tous ses musiciens de Monsempron-Libos, surtout quand j'ai commencé à entendre Auprès de ma blonde. Fun fact : Auprès de ma blonde a originellement été composée sous le titre Le prisonnier de Hollande. Voilà voilà.
J'étais de l'autre côté de la rue où ont commencé les émeutes, donc j'ai vu de loin, ce n'était pas très impressionnant, mais on se demandait ce qu'il se passait. Hormis que les cinquante voitures se sont une à une faites huer sans savoir dans laquelle était le Président, tout est revenu dans le calme. Mais j'ai trouvé ça triste. C'est déplorable que le FN, le Printemps Français et les Bonnets rouges profitent d'une commémoration de la Grande Guerre (je ne me prononcerai pas sur la honteuse proposition de Sarkozy d'avoir banalisé le 11 novembre comme la commémoration de tous les soldats morts, sans distinction, c'est vomitif) pour crier encore sa haine politique. On ne fait plus aucune différence entre les devoirs politiques et les ressentis envers les personnes, tous les présidents ont commémoré le 11 novembre, il a rempli son devoir, humblement, ce n'était pas le moment et c'est insultant pour l'histoire des victimes. Comment des jeunes (j'en ai vus, ils n'avaient même pas mon âge, et à mon âge je ne connais presque rien de la politique encore) qui se prétendent Front National peuvent ne même pas respecter une des principales commémorations de la mémoire des hommes et des soldats ?
Mais hors des considérations politiques, c'est bien de le voir pour une première fois. Il y a toujours des gens qui amènent des enfants sur leurs épaules, des jeunes amoureux, des bobos, des vieilles peaux. J'ai une pensée pour le mec qui habitait sur les Champs-Élysées juste après la zone délimitée pour le public et qui a dû se faire amener devant sa porte par les flics avec une pièce d'identité pour rentrer, et surtout, pour les employés de Swarovsky qui ont vu pendant trois heures leurs portes automatiques s'ouvrir et se fermer toutes les deux secondes derrière tous les gens agglutinés.