Chacun à sa propre expérience et aura sans doute son conseil alors si je peux partager ma petite experience et si ça peut éventuellement aider :
- J'ai très mal vécu sur le plan personnel ces années de médecine et je crois qu'il ne s'est pas passé une semaine pendant un temps où je ne songeais pas à me réorienté.
J'avais pas mal de problèmes plus ou moins intriqués
Financiers d'abord car on s'en rend pas compte mais les études coutent chers, que je viens d'une famille très modeste et personne pouvait m'aider de ce côté là et j'ai du me débrouiller entre le peu de bourse que j'avais, des jobs d'été par pagaille et pas mal de nuits d'aide soignants. Déjà que ça prenait du temps de travailler à côté, chose qui empiétait forcément sur mes études et mes rares loisirs, mon humeur en a prit un sacré coup aussi et ça se ressentait sur tout.
Je pense qu'il faut être dans ces études pour se rendre compte de ce que c'est, de bosser non stop pour des prunes au départ, combien de fois je me suis senti nul, déphasé par rapport à certains autres (alors que j'étais dans la moyenne mais quand je voyais d'autres ... bonjour le complexe d'infériorité), certains stages c'était la misère, alors déjà qu'on avait peu de pratique au début, j'ai commencé en uro ou alors en traumatologie et autant dire que c'est tout ce qui me plaisait pas.
J'avais heureusement un petit noyau d'amis dans mes études mais je me suis quand même renfermés surtout vis à vis de mes autres amis et aussi un peu de ma famille (qui ne comprennent souvent pas pourquoi tu passes autant de temps dans tes études et à qui c'est difficile d'avoir une discussion quand tu es rivé sur tes études, que ça devient 90% de ta vie et que j'avais l'impression de ne pouvoir aucun autre sujet de conversation que ça alors que ça les intéressait pas).
J'ai fais quelques rattrapages également et ce serait mentir de dire que ça me minait et que je me sentais nuls de les passer (même si les 3/4 de la promo les passait aussi ...), au bout de quelques années, j'arrivais même plus à aller à certains cours, ouvrir les bouquins (c'est looong les études de médecine ><)
Nan sérieux, ces années étaient un calvaire, j'ai failli quitter plus d'une fois, j'ai touché le grand fond.
Du coup dis comme ça, c'est pas très vendeur et j'en suis vraiment conscient mais ce qui m'a aidé à m'accrocher :
- Ma famille très proche, finalement ça m'a servi qu'ils soient pas du tout du milieu médical et ça me permettait/m'obligeait de discuter d'autre chose que de médecine. ils m'ont épaulés même si c'était pas financièrement et bizarrement c'est durant ces années de galère que j'en ai les plus beaux souvenirs.
- A chaque fois je me suis demandé pourquoi je voulais faire ce métier, je me suis accroché à cette idée et heureusement les stages qui s'approchaient de ma spécialité (la médecine générale) étaient ceux qui me plaisaient le plus et de loin, là où j'ai vu des gens humains, me donnant envie de faire ce métier et je pense que malgré tous les à priori, je pense que c'est sur ce qui t'a donné envie d'y aller qu'il faut t'accrocher.
ça empêche pas les cours d'être en majorité chiants, mais au moins avoir de bonnes experiences en pratique aide énormément à relativiser. Dis toi aussi que clairement les CHU donnent une très mauvais idée de ta pratique plus tard (sauf si tu souhaites travailler dans un CHu bien sûr), tu y verras des patients avec des maladies super rares, des patients déshumanisés à la chaine, j'ai connu des visites professorales insupportable où tu vois un malade entouré d'une 30aine de personnes soignantes écoutant la messe du grand professeur sans que personne ne se soucie du bien être du malade, un boulot d'externe où tu joue plus les secrétaire, les faire de paperasse/d'ECG/d'observ que personne lira jamais/ faiseur de GDS à la chaine, ...
La suite, rien qu'en tant qu'interne n'aura rien à voir, surtout dans ma spécialité où je n'avais qu'un choix obligatoire au CHU (j'ai pris les urgences à Nice) et le reste, c'est le jour et la nuit.
Maintenant, je fais que des remplacements et vraiment, ça me parait être un autre monde ce que j'ai vécu. ça m'empêche pas d'être compétent je pense (ou en tout cas j'essaye :p), je fais de la medecine intéressante avec une formation continue car plus que jamais ça m'intéresse et qu'on peut pas tout savoir, des patients humains et une vraie relation médecin/patient.
Je pense pas t'avoir répondu mais je me retrouve pas mal dans ce que tu décris et encore une fois, regarde vraiment ce que tu attends de la médecine, ne desespère pas pour tes notes, par experience les meilleurs en pratique ne sont pas forcément les meilleurs en théorie et je connais beaucoup de surdoués sur papiers qui étaient incapable de faire quoi que ce soit quand il s'agissait de vraies personnes. Tu as le droit de pas savoir, y compris en pratique (ça m'arrive tous les jours, encore cette aprem j'ai appelé je ne sais combien de spécialiste dont un uro parceque j'avais un patient avec un penis bleu et j'ai aucune honte de dire je sais pas, d'ailleurs dans beaucoup de services de spécialité où je suis allé en tant qu'interne, autant ils étaient bons dans leurs spécialité, autant dès que tu en sortais un tout petit peu il n'y avait plus personne) et l’expérience fera beaucoup et ça rentrera.
C'est sur qu'il vaut mieux un bagage suffisant de base mais déjà là où tu en es, j'ai nul doute que tu as les capacités de cette base, le reste pour le moment à ton niveau ne sert qu'à avoir des points pour avoir une belle place aux ECN, passé ce moment, tu sélectionneras très vite tes connaissances.
Je te mentirais en disant que la fin des études sera plus facile mais c'est un moment à passer et il passera quoi qu'il arrive en bien ou en mal mais je pense qu'arrivé là où tu en es, ce serait dommage d'arrêter là car la médecine est suffisamment vaste pour que tu puisse trouver au moins un truc qui te plait (et qu'encore une fois le CHU donne souvent de mauvaises idées quand à ta pratique future).