Je sais, putain, que l'Univers ne m'aime pas. Mais là, aujourd'hui, on entre dans le cadre de la torture.
J'en vois certains me dire que je fais une crise de parano. Je m'en vais donc vous conter les malheurs de Wolfy par le détail.
Déjà, aujourd'hui est un jour spécial : de par mes horaires, il existait une probabilité que je me retrouve dans une pièce sans témoins avec une personne qui m'a déjà fait des menaces physiques si je n'arrivais et partais pas à l'heure pile ; ajoutons-y que mon manager commence à grincer sur mes retards à répétition. Donc, j'arrive à la gare RER bien en avance. Là, on nous annonce un incident de signalisation à la Gare du Nord, tous les trains sont perturbés. Donc, ma confortable avance se transforme en retard de 10 minutes.
Et comme je n'ai dormi que trois ou quatre heures, comme souvent en ce moment, la matinée se termine sur une longue série de somnolences. Pour ne pas tomber le nez contre le bureau, je prends ma pause pour une microsieste des familles. Me regardez pas comme ça : je fais ça dans un coin tranquille, je gêne personne, je salis rien, on peut rien me dire, eh. Donc, je pars pour dix minutes de sieste, mais j'ai bien entendu choisi le jour et le moment où mon coin peinard se change en véritable carrefour avec pour couronner le tout un putain de chariot qui couine comme pas possible. Les dix minutes n'en seront que trois, on fait avec.
Le reste du temps, rien à signaler de spécial, si ce n'est que je passe mon temps à expliquer des trucs à des clients qui lisent en diagonale les mails qu'on leur envoie. Le truc gratifiant par excellence, quoi. Et vers la fin de la journée, c'est là que le best-of commence.
Je dois imprimer une centaine de feuilles, j'envoie à l'imprimante qui n'était, comment dire... pas vraiment d'humeur. Premier essai, les feuilles se bourrent, tout est à recommencer. Je prends sur moi, je relance. Idem. J'envisage de mettre le bodypump à profit pour lui foutre un coup de tatane qui la fera passer par la fenêtre à travers le mur, mais je reste zen, et j'envoie le travail sur l'imprimante du service voisin. Bien sûr, le temps que j'envoie l'instruction, un autre m'a devancé et a lancé deux cents pages ; je suis bien forcé d'attendre. Je lance le travail, il se fait enfin. Je reviens à ma place, et il me reste trois feuilles à imprimer. Je remets sur notre imprimante, je me dis que pour trois putains de feuilles elle va pas trouver le talent de se coincer, quand même. Ben elle m'a répondu "challenge accepted". Là, j'en peux plus, je lui décoche un coup de poing agrémenté d'un juron qui a dû s'entendre dans toute l'Île de France, ce qui attire ma responsable, qui constate à mon regard que c'est pas le moment de me contrarier...
Bref, j'expédie tout, tout, tout à la vitesse de l'éclair, je me défais de tous mes biens métalliques pour passer le détecteur plus vite et amener mes documents. Ca se passe bien, zéro souci, j'arrive même à finir trois minutes avant l'heure et donc à attraper la navette qui m'amène au RER, lequel m'amène dans ma ville, sur une partie de
Disgaea qui se passe moyennement bien parce que l'IA ennemie est trop suicidaire pour me laisser profiter à 100% des boosts du Monde des Personnages. Bref, je sors de la rame, je sens le bonheur qui m'envahit, les ennuis sont finis, je mets les mains dans mes poches et là, horreur ! Horreur, putréfaction, chiotte et diantre, j'étais tellement pressé de partir que
j'ai oublié mes clés et mon portable dans mon bureau !!!Et comme je ne compte pas sur la présence de mon colocataire pour m'ouvrir, il devait être au cybercafé pour jouer à
LoL, bah je fais la seule chose à faire : demi-tour. Retour à mon bureau, je me dis que la personne que je ne souhaitais pas croiser n'est pas là, elle est passée à l'autre bout des locaux puisqu'elle fait la nuit. Donc, je me procure mes clés, mon portable, je m'apprête à repartir, mais en passant dans un autre service, une dame me voit les cheveux détachés et me demande "bah alors, elle est où ta queue de cheval ?" et bien entendu, comme je suis au bord de la crise de nerfs, c'est sans réfléchir que je lui rétorque "dans ton cul !" ; passé la surprise de l'impolitesse, le quiproquo se dessine, ce qui provoque une hilarité générale... qui me laisse partagé entre satisfaction et irritation. Bref, je ne reste pas plus longtemps, je retourne chopper le bus et le RER. Notez que sur le chemin, pour me calmer les nerfs, je prends un Kinder Bueno. Là, je pensais que j'étais à l'abri d'un coup de pas de chance. Combien de chances sur cent cinquante mille pour que je tombe sur une barre qui avait un biscuit trop cuit avec un goût de grillé dégueulasse et l'autre victime apparemment d'un mauvais coup sur le dessus qui avait ravagé le premier quartier ?
Bref, le bus m'amène à la gare RER, et là, je vois au moins deux cents personnes sur le quai plus un télécran qui annonce "train retardé". Zen. Zen. Zen. Zen. Zen. Zen. Zen. Zen. Zen ! Zen ! Zen !
Zen !! Zen !! Zen !!! Bon, j'échappe au pire, c'est qu'un petit retard de cinq minutes à la con et les deux cents personnes c'est parce que le train précédent était un direct Gare du Nord. Je crois, soit dit en passant, que c'est la seule occurrence qui a trouvé son explication scientifique de toute la journée.
Et finalement, me voilà chez moi, tout seul vu que manifestement j'avais raison en ce qui concerne mon colocataire. Au moins, mon chat était content de me voir.