J'ai vu
RoboCop 2, suite de l'un des 85 647 films immanquables/mythiques/cultes de tous les temps réalisé par Verhoeven, pseudonyme bien connu de Robert Landé (on comprend toutefois qu'il ait du mal à assumer d'être né R.Landé).
Je ne partais pas du bon pied, aidé par la réputation du film et même des suites de films d'action des années 80 en général. La suite est en effet tenue d'être toujours bien moins bonne que le premier, vous pouvez la confirmer en regardant
Rambo,
Conan,
Superman,
Rocky ou
Terminator. La seule exception connue à cette règle est bien entendu
Alien, mais le premier
Alien était tellement naze que ça n'est franchement pas un exploit de faire mieux.
Bien, maintenant qu'on a un ou deux membres qui se convulsent au sol la bave aux lèvres, on va pouvoir parler du film lui-même.

Toute tentative de troll digne d'un connard fini mise à part, il est vrai que
RoboCop 2 est moins bien que le
1. Ca, c'est dit.
A qui la faute, d'autres y répondront mieux que moi, mais la réponse que j'avance, c'est que la structure narrative manque de liant. Le film enchaîne les scènes, mais on dirait qu'il montre pour montrer, et non pour développer un propos. Plusieurs scènes auraient pu devenir anthologiques si elles n'avaient pas été tournées au premier degré. Le cyborg qui tire sur l'ambulance, c'est sans doute le meilleur exemple. Et là où c'est criminel, c'est que le film, manifestement, est capable de second degré, comme le court instant où RoboCop est reprogrammé en mode bisounours. Ca semble être un gag jeté entre deux feux, pourtant, ça m'apparaît comme le point d'orgue du film.
Frank "
Sin City" Miller, scénariste et storyboarder du projet, adresse là une forme de propagande redneck reaganienne comme quoi un flic pétri de bonnes intentions et de mots doux n'est pas ce dont a besoin une ville gangrénée par la violence. C'est bien joli pour les riches et les planqués de faire la morale "oh là là mais il tue et il frappe ce flic c'est tout pas bien oh là là comment qu'on est trop la choquance" mais dans la réalité, ça ne marche pas. Ce qu'il faut pour endiguer la violence, ce n'est pas un SJW qui ânonne à tout va comme quoi c'est pas gentil d'être méchant, et même qu'à cause de ça, y a tout plein des innocents qu'ont du gros bobo partout. Ce qu'il faut, pour endiguer la violence, c'est s'en prendre à la source, à ceux qui font en sorte que les gens n'aient pas d'autre recours, aussi bien pour survivre, que pour exister.
C'est un message que, au moins trois fois, le film tente d'aborder, mais étant un blockbuster calibré et financé par les gros studios, il ne pouvait pas se permettre d'aller plus loin que le superficiel "corporates are evil". Si on ne scie pas la branche sur laquelle on est assis, on ne va pas non plus tirer au fusil sur celui qui tient l'échelle.
Je considère personnellement que
RoboCop 2 est un projet qui n'a pas eu de chances. Pas eu la chance d'avoir une vision aussi constante et cohérente que celle de Robert Landé (il ne fait que la plagier sans rien y comprendre, aux limites de la caricature), pas eu la chance d'avoir un ton bien défini (il se veut comique dans l'ensemble mais il s'en dégage malgré tout de la noirceur) et surtout, pas eu la chance de développer un vrai propos.
Pourtant, le film reste joliment troussé en terme de film d'action avec des scènes bourinnes à souhait, des plans lisibles et un jeu d'acteur correct. Toutefois, Tex Avery n'aurait pas renié les dernières bastons, ce qui est fort dommage car ça ruine presque tout le showdown.
12/20.