Vu hier soir également.
Voici ma modeste critique :
DJANGOUNCHAINEDde Quentin Tarantino
2h45
Trois ans après Inglourious Basterds, le retour de Quentin Tarantino était guetté comme le messie. D’autant plus lorsque l’on apprenait que celui-ci préparait un western, genre qu’il vénère et qu’il exploite depuis ses tous débuts. L’attente aura-t-elle était justifiée ? Django est-il le nouveau film référence de Tarantino ? Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle – morts ou vifs.
Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves…
Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et qui a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche… Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie…Dès le début du film, on sait déjà que l’on est devant quelque chose de grand. Une apparition de Christoph Waltz et le tour est joué. En pleine forêt on fait la connaissance de ce dentiste assez "original", et quelques minutes plus tard de Django. La scène est géniale tant elle est fluide et si bien orchestrée et nous annonce le meilleur pour la suite.
Déjà, les dialogues claquent comme des coups de fouet, la répartie du Dr Schultz est juste jouissive et les premiers coups de pistolet sont déjà donnés. La chorégraphie Tarantino est en marche !
Si
Django Unchained se démarquera par son écriture, c’est surtout par le traitement de nombreux thèmes qu’il prendra vraiment son envol. Déjà, par sa volonté de dénoncer une époque, une Amérique sauvage à la veille de la guerre de Sécession dans laquelle l’esclavage est naturel et les nègres considérés comme du bétail. Tarantino ne veut pas de cette histoire et, à l'instar de la vengeance des Juifs sur les Nazis dans
Inglourious, il décide de faire de son Django un héros romanesque, intelligent et déterminé. Dans son histoire, le réalisateur de
Pulp Fiction considère que la perversité vient des blancs (cette scène incroyable dans laquelle Schultz oblige Django à tuer un gangster devant son fils) et qu’ils sont seuls responsables de la révolte noire. Les blancs n’ont alors pas le beau rôle dans cette histoire et sont tous montrés du doigt pour leur vice et leur manque d’humanité.
Quentin Tarantino se rit de l’histoire Américaine et va à l’encontre du bien pensant en transformant son nègre en cavalier, en valet, en expert, en tueur à gages, et finalement nous racontant son histoire et celle de personne d’autre.
Au delà d’une violente critique de l’esclavage et de la traite des noirs (le personnage de Stephen - joué par Samuel L. Jackson - est sans doute le pire être humain rencontré dans le film),
Django Unchained dépeint une formidable histoire d’amitié entre deux hommes qui n’auraient jamais dû être amis. Dès que le Dr Schultz délivre et prend sous son aile Django, le duo ne se quitte plus pour notre plus grand plaisir.
Pour la première fois dans sa filmographie, Tarantino nous parle d’amitié au sens noble et nous fait vivre une aventure humaine saisissante et assez émouvante. La complicité et la confiance unissant Schultz et Django est aussi surprenante qu’elle marquera considérablement le film. Une histoire d’amitié sans frontières entre l’homme blanc et le nègre, entre le tueur à gage et le jadis esclave, qui fera tomber toutes les barrières.
Si Quentin Tarantino développe sa palette, impossible de nier l’impact de son cinéma sur
Django Unchained.
Il y a du Kill Bill, du Pulp Fiction et du Reservoir Dogs dans chacune des scènes du film et on reconnaît parfaitement la signature Tarantino dans la mise en scène. Les plans sont d’une beauté à en pleurer et pour une fois le réalisateur ne joue pas trop avec ses jouets préférés. Ainsi, il laisse tomber les zooms/dézooms au profil de plans plus larges mais toujours aussi impressionnants. Là où tout Tarantino prendra son sens c’est très certainement dans les scènes de violence hallucinantes qui peuplent
Django.
Pour le coup, on prend un véritable plaisir coupable à voir les murs se couvrir de sang, les cervelles exploser, et les coups de feu portés de plus en plus nombreux. Toujours aussi exigeant sur ses scènes de violence exacerbée, Tarantino se fait vraiment plaisir avec
Django et son plaisir est contagieux ! Ici, la règle du « Œil pour œil, dent pour dent » si chère au réalisateur est bien sur conservée et aucune issue pacifique n’est jamais envisagée. On prend alors un pied énorme devant ce spectacle de destruction et de vengeance incontrolable. La palme revenant bien sûr aux scènes se passant à Candyland dans le dernier tiers et dont je ne vous parlerai évidemment pas...
Si la durée fait un peu flipper (2h45 quand même), force est de constater que Tarantino a très bien su exploiter et équilibrer tout ce temps mis à sa disposition. Découpé en trois grandes parties (la rencontre entre Schultz et Django, la conversion de Django en tueur à gages et la découverte de Candyland),
Django Unchained ne sera jamais ennuyeux ou lourd et verra ses presque trois heures de péloch' défiler sans que jamais on ne regarde sa montre ou qu’on trouve le temps long. Tarantino réussit à maintenir du très grand cinéma pendant toute la durée de son film, fait très rare en général.
Django Unchained n’aurait pas été le même sans son casting parfait sur toute la ligne.
Christoph Waltz en haut de la liste bien sûr qui comme à son habitude accapare l’écran dès qu’il ouvre la bouche. Là où j'ai été surpris par contre, c’est par la prestance à l’écran de
Jamie Foxx que je n’attendais pas à un tel niveau. Il crève l’écran par sa fierté et son désir de liberté et parvient à faire mieux qu’ "exister" face à un Christoph Waltz impeccable. Le duo fonctionne si bien que lorsque
Leonardo DiCaprio arrive, il a du mal à s’imposer à l’écran. Pas pour très longtemps cependant tant son personnage arrogant et agaçant finira par redresser l’équilibre.
Tarantino a pris le temps de donner de la consistante à chacun de ses personnages et ça se voit ! Dicaprio, Waltz, Foxx et même L. Jackson peuvent remercier le réalisateur d’un tel cadeau !
Pendant 2h45, Tarantino nous assène une formidable leçon de cinéma et un hommage indéniable au film de genre. Django Unchained est un spectacle, une comédie humaine satirique qui fait passer les blancs pour des idiots assoiffés d’argent dont l’humanité est constamment remise en cause. Django est une chorégraphie où la vengeance est l’ultime réponse et où la rédemption n’a pas encore sa place. Le film n’en ressort pas moins fun (bien au contraire) et vient redorer le blason de Tarantino. Il voulait faire son propre western depuis longtemps, il l'a fait. Et en bien. La boucle est bouclée.
Il y a eu Pulp Fiction dans les années 90, il y aura Django Unchained dans les années 2000.
Dieu que 2013 commence bien…9/10Ça manque juste un peu de gros plans de pieds tout ça...
Prochain film, prochaine critique :
Lincoln de Spielberg, le 30 janvier.
See ya !