Art > Longs métrages et Télévision
Aujourd'hui j'ai vu...
Duplucky:
@Neyrin. Ben j'ai toujours adoré les Transformers quand j'étais gosse. Du coup, les voir adapté au cinéma de façon réaliste, c'est quand même quelque chose, sachant que j'ai bien aimé les 3 premiers films (en particulier le tout premier.)
Ici, les films ont beau faire dans la surenchère, avoir un scénario à priori n'importe nawak absolu over 9000, ils développent quand même en toile de fond un lore suffisamment intriguant pour que je m'y intéresse. Après à voir ce que ça va donner dans l'épisode suivant s'il sort un jour.
Mais je suis d'accord pour dire que les derniers films sont moins prenant que les premiers et sont loin d'être des chefs d'oeuvres. :hihi: Ca reste de l'ordre du petit plaisir coupable et divertissant. :oups:
Suijirest:
Arte.tv propose des films gratuits, et il en était un que je voulais voir avant de mourir.
J'ai donc regardé (en VF parce que pas le choix) They Live, connu en France comme Invasion Los Angeles.
Le film date de 1988 et est signé John Carpenter, si tu crois qu'il vaut pas un clou touche du bois parce qu'il brûle les planches, même s'il a pas toujours un toit au-dessus de la tête.
Mais a-t-il accouché du Messie pour autant, chacun en est juge. v.v
L'histoire est celle de John Nada, un vagabond qui atterrit à Los Angeles nul ne sait comment, et qui va tenter de s'y installer. Sauf que certains événements vont le faire douter du monde qui l'entoure, jusqu'à ce qu'il voit la vérité.
Derrière chaque publicité, il y a un ordre à la consommation, derrière chaque magasin, il y a un mode de vie lénifiant qui s'impose, et derrière certains visages, il y a ceux qui profitent du système. Une révélation qui va le conduire à la révolte, à reprendre son destin et celui de son espèce en main.
They Live, c'est typiquement le genre de film qui peut percuter un ado ou un post-ado de pleine face, mais quand tu as un certain vécu, c'est plutôt un déballage de portes ouvertes au bazooka.
Oh mon ami imaginaire collectif ! Comment ai-je pu ne pas m'en rendre compte avant, l'Amérique est donc une société capitaliste !
Mais, la faute à un manque de moyens, le film n'a pas la durée de ses ambitions. Si la chaîne événementielle est tout à fait crédible, on zappe pas mal de développements pour caser des scènes pas forcément utiles, la NRA a dû financer une partie du film, et la conclusion, bien que très porteuse, est terriblement forcée.
J'ajoute d'ailleurs qu'on peut interpréter le message du film vraiment comme on veut, il est bien assez vague pour être de la terrible ultra-gauche que de la pure alt-right. C'est limite éblouissant.
Je me permets quand même de vous le recommander, que ce soit pour les références qu'il a apporté au cinéma ou par respect pour l’œuvre de Carpenter, mais faut pas en attendre la révolution intellectuelle à 720° non plus. Sauf si vous avez 15 ans. v.v
D_Y:
Il ne critique pas seulement le capitalisme en général mais la société de consommation en particulier, et pas seulement aux USA. Il a aussi évidemment un mot à dire sur la propagande, les médias, la généralisation des états policiers, les inégalités économiques artificiellement crées pour maintenir l'ordre en place. Bizarrement il colle encore plus au monde néo-libéral moderne que les USA de Reagan de l'époque. J'aimerais bien savoir en quoi il peut être lu comme un film d'extrême droite aussi.
"They Live" est très certainement la meilleure satyre économico-sociale avec "Invasion of the Body Snatchers". C'est vrai c'est pas du Tarkovski ou du Kurosawa et le film n'a jamais eu la prétention de bouleverser le cerveau non plus pour nous apprendre quelque chose de nouveau ou nous faire avoir une révélation. C'est juste une réflexion sur un système racontée avec des outils du cinéma fantastique, rien de plus. Il y aurait d'ailleurs beaucoup de choses à en dire, comme la présence au casting du catcheur de l'ex-WWF Roddy Piper (ce n'est pas un hasard) ou du fait que la "vérité" est en noir et blanc (ou dit autrement, que l'illusion est en couleur).
Quant au fait que le film serait justement pertinent pour des pré-adolescents, l'histoire du scenario du film est elle-même intéressante. Elle a été écrite originellement par l'auteur Ray Nelson, qui dans sa jeunesse est passé en France et a côtoyé Jean-Paul Sartre ou Simone de Beauvoir (pas vraiment des figures de proue de l'extrême droite). Plus pertinent encore, il était proche des auteurs phares de la Beat generation (Ginsberg, Burroughs, etc) qui ont notamment inspiré le mouvement hippie avec leur littérature, qui entre autres choses était très critique envers le capitalisme et la société industrielle, et ce en pleine Guerre Froide et sous le risque permanent de guerre nucléaire sur fond de guerre économique. On peut dire ce qu'on veut mais ce mouvement n'est certainement pas un courant d'adolescents naïfs.
Enfin pour la qualité de l'histoire elle-même, car après tout avoir de bons amis ne fait pas le talent, le dit Ray Nelson a fait ses armes avec non moins que Philip K. Dick, qui était un de ses amis d'enfance. Il a d'ailleurs collaboré avec lui sur plusieurs histoires. En résumé on parle d'une histoire pondue par un proche de Sarte, Beauvoir, Dick, de la Beat generation, adaptée par un des plus grands réalisateur de cinéma fantastique pendant au moins deux décennies. Pas d'une fic d'un blog Skyrock d'un ado.
Bref pas besoin de prendre de haut non plus les amateurs de ce film v.v Les fans ont carrément des raisons de l'apprécier sans qu'on rabaisse leur intelligence, ta critique aurait été plus pertinente sans cela.
Suijirest:
(attention je vais spoiler)
Tu as sans doute raison dans ce que tu dis des intentions des créateurs, D_Y.
Je suis même d'accord avec toi, objectivement le film est plutôt de gauche, si ce mot a le moindre putain de sens.
Les résistants sont discrédités en étant accusés de communisme, qu'on assiste à des scènes de razzia qui fileraient la gaule à Darmanin, Castex, Valls et Hortefeaux réunis.
Quant au message du petit confort quotidien qui est le meilleur moyen d'empêcher les gens de prendre conscience de leur propre asservissement, c'est un thème que j'ai vu d'ailleurs, utilisé différemment peut-être mais avec la même portée, chez Lewis Trondheim aka mon auteur de BD favori. J'essaie d'être assez original pour ne pas citer Orwell avec toute la gratuité habituelle, je préfèrerai donc le V pour Vendetta d'Alan Moore.
Cependant, on parle quand même de repérer "l'ennemi invisible qui nous envahit depuis des siècles" et qui contrôles les médias l'économie le monde, tant qu'à y être donnons-lui un nez crochu et le cheveu noir, on tire à balles réelles sur les cibles après un plan bien détaillé sur les panpan, on n'est jamais cru du grand public parce que théories du complot égalent caca, il faut faire un forcing hors du commun pour faire "accepter la vérité", la violence est presque l'unique moyen de faire face (quant bien même le protag' lui-même dit qu'il n'est pas très intelligent et que les lunettes ne font pas du bien au cerveau), on planifie une grande fusillade générale sur la place forte de l'envahisseur, vous les appelez terroristes je les appelle résistants tmtc.
Tous ces éléments, si tu les présentes à un incel ou un facho de bas étage, c'est pas la fine lecture de l'après-guerre signé Sartre et Beauvoir qu'il va retenir, à mon avis. :/
D_Y:
Dans ce sens là je comprends mieux ce que tu veux dire, même si dans ce cas là autant éviter de critiquer un système avec des puissants quelconque car l'amalgame serait automatiquement fait. Je doute quand même qu'avec 35 ans de recul le film soit devenu un classique de la fachosphère, mais je ne suis pas familier de ce milieu. De mémoire le film ne fait rien d'autre que justement déshumaniser ses antagonistes sans aucun reflet d'une communauté réelle (et d'ailleurs ironiquement ils n'ont pas de nez). Cela n'a pas plus de sens de dire que They Live est un film fasciste que de dire que Nietzsche est une littérature nazie ; si des œuvres ne sont pas comprises par certains ce n'est certainement pas la faute de leurs auteurs. Un neo-nazi peut tout à fait dire que Tolkien est d'extrême droite mais bon si on commence à les prendre au sérieux...
Quant à ce que tu dis il me parait évident que le film traite de la violence d'une manière parodique, d'où la présence de Roddy Piper comme je le disais, qui est volontairement con et caricatural, un peu comme dans le "Starship Troopers" de Verhoeven, donc je comprends pas ton argument du film pro-NRA. Pour les "on n'est jamais cru du grand public", oui c'est une critique de la propagande et des idéologies artificielles. Quel est le problème avec "vous les appelez terroristes je les appelle résistants" ?
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