Hohoho, je suis de retour!
Bon, tout d'abords, je vous donne une bonne occasion de relire l'ensemble du Cycle, étant donné que toute l'histoire, depuis le premier chapitre (Dieu, ça commence à remonter!) jusqu'à maintenant a subit un gros lifting orthographique! Bon, il doit surement en rester pas mal, mais une très très grosse partie, essentiellement des fautes de frappes, d'inattentions, ou simplement de pure connerie de ma part a été corrigée!
Voilà! Je pense que ça lui a fait du bien à ce cher Cycle ^^ Tout cela pour fêter ses 50 pages word! Enfin, bientôt, je n'en suis qu'à 48 pour le moment ^^
Nehëmah==> Ca me fait plaisir de te revoir dans le coin, j'attends tes commentaires au tournant donc
PdC==> ho oui Content que ce chapitre t'ai autant plu^^ Mais bon, pour le parachèvement du Cycle, tu as encore le temps
Hé oui, le petit magicien trace doucement son petit bonhomme de chemin. Les voiles d'un bateau le conduise à présent vers le Continent si redouté...
Mais voyez plutôt ça vous même dans la fin du chapitre 14, le plus long à ce jour étant donné qu'il fait 10 pages word! Bonne lecture!
EDIT: et c'est donc moi qui inaugure la 4ème page de la Tour ^o^
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Chapitre 14 : Mon nom est Zackary, je suis magicien. (2ème Partie)
Le capitaine empocha les pièces avec un regard avide.
-Très bien, nous partons dans quelques instants, il y a des cabines à l'arrière, si tu désires t'isoler où déposer ton barda.
Samyël le remercia d'un signe de tête en raccrochant la bourse à sa ceinture. Il se rendit au pont inférieur, trouva une cabine libre et y stocka ses affaires -arc, épée, sac et carquois. Il se frotta le cou en pensant à ce qui l'attendait sur le Continent. Une certaine anxiété lui nouait les entrailles, il ne savait pas pourquoi. C'était toujours comme ça avec le Continent. Il n'y faisait plus attention; il s'y était habitué avec le temps.
Samyël regarda par le petit hublot. Il ne voyait rien pour l'instant, à part les petits docks de Gontarion. Il était assez excité à l'idée de partir en mer. C'était sa première fois, et il se demandait ce que cela faisait. Sentir le roulis sous ses pieds, l'air marin sur son visage...
C'est en songeant à tout cela qu'il remonta sur le pont. Des hommes finissaient de charger les marchandises que le bateau passeur acheminerait jusqu'à Port-Ebène. Il n'y avait pas beaucoup de passager en plus de lui, peut être cinq en tout. Mais le bateau n'était pas bien grand non plus, ce petit nombre de voyageur arrangeait donc le capitaine. Selon ses dires, la traversée durait environ trois heures, avec un bon vent arrière. Et justement, une brise venue du sud soufflait depuis les hauteurs de l'île.
"Tout semble être fait pour que j'aille sur le Continent", pensa Samyël tandis que la caresse du vent effleurait son visage.
Il laissa son regard vagabonder dans le bleu étincelant de la mer. A quelques kilomètres plus au nord, perdu dans sa brume, le Continent étendait sa sombre masse partout à l'horizon. C'était une vision impressionnante pour qui n'y était pas habitué.
Samyël ferma le poing. Il était prêt. Il l'avait toujours été.
-Dit Jorge, t'y crois toi, à ces histoires de fantômes?
-Pff, bien sûr que non. Ce ne sont que des racontars de marins ivres. Ne te prend pas le chou avec ça.
-...
-Il n'y a rien qui se ballade sur ces mers hormis des vaisseaux composés d'équipage humains rentre toi bien ça dans le crâne.
-Oui, mais comment expliques tu la disparition de l'Intrépide II le mois dernier?
-Un tempête les aura surpris et ils se seront échoués un peu plus loin sur la côte; ce sont des choses qui arrivent.
-Oui, mais quand même! Quatorze navires en un an. Ça fait beaucoup, rien que pour Port-Ebène.
-Bon écoute Tom. Tu commences à me chauffer les oreilles avec tes prétendus fantômes. Si tu as si peur que ça, tu ferais mieux de rentrer chez tes parents et cultiver tes patates.
Samyël, accoudé au bastingage, observait le lent balai des mouettes criardes en écoutant la conversation des marins d'une oreille distraite. De quoi parlaient-ils?
-Mais je te jure que c'est vrai! C'est le fantôme du vieux Barbu, il est revenu hanter les mers pour se venger.
-Et qu'est-ce que tu en sais toi? Tu l'as vu?
-Non... Mais je le sais!
-Mais oui, et moi je suis la grande tante de l'oncle du roi.
-Fais le malin, mais tu rigoleras moins quand tu l'auras en face de toi...
-Tu vas trop loin dans tes propos, fais attention ou tu pourrais le regretter...
-Ha! Ca prouve que tu y crois toi aussi.
-Ca ne prouve rien du tout. Mais tu sais très bien qu'il n'est jamais bon de parler de malheur sur un navire... Aller, aide moi plutôt avec ce cordage, au lieu de fabuler...
L'autre marin, Tom, grommela quelque chose mais s'exécuta.
Au fur et à mesure que le temps passait, le Continent se faisait de plus en plus précis. Ils ne tardèrent d'ailleurs pas à entrer dans la chape de brume qui entourait ses côtes. Le silence se fit sur le pont, et les marins s'activaient sans un bruit. Le Continent avait disparu de la vue de Samyël, caché par le brouillard qui ondulait doucement sur l'eau. L'apprenti magicien avait l'impression de se trouver au coeur d'un monde devenu entièrement gris.
-Impressionnant n'est-ce pas?, dit soudainement le capitaine, qui s'était rapproché discrètement, rompant par la même l'aphonie générale.
-Oui, très, répondit Samyël sans même se retourner.
-Il n'est pas courant de voir une personne de ton âge se rendre sur le Continent.
-Je le sais.
-Puis-je te demander ce que tu vas y faire?
-Je me rends à Arendia.
-Dans quel but?
-Je... Je souhaite m'enrôler dans l'armée, mentit le jeune garçon, tandis que la mise en garde de Rirjk lui revenait à l'esprit.
-Hum, intéressant....
-Dites, qu'est-ce qu'on entend là?
-Ce n'est rien, sûrement une mouette. Avec cette purée de pois le bruit de leurs battements d'aile est amplifié, n'y fais pas attention. Tu as de la famille sur le Continent?
-Non. Du moins, je n'en ai pas connaissance.
-Dans tous les cas, sois prudent. L'Arch'Land n'est plus ce qu'il était, depuis le début de cette guerre... Surtout, ne dis jamais quelque chose qui pourrait s'apparenter à un blasphème pour ces foutus fanatiques, ils y verraient une bonne occasion de...
Voyant que le capitaine ne semblait pas vouloir continuer sa phrase, Samyël se retourna vers lui dans le but de le lui enjoindre. Ses yeux s'agrandirent alors d'horreur et de stupeur; sa bouche s'ouvrit sur un cri tandis qu'un liquide chaud s'éclaboussait sur son visage. Il tomba à la renverse.
Là où quelques instants plutôt se trouvait le Capitaine, il n'y avait plus qu'une paire de jambe. Toute la partie supérieure du corps avait disparu, sectionnée proprement à partir du bassin. Un mini geyser de sang s'échappait de la plaie béante, et les membres, encore crispés, restaient debout. Samyël contemplait cette vision de cauchemar sans comprendre, et les souvenirs de la chose qui l'avait poursuivi dans la forêt un soir lui revinrent en mémoire. Samyël les entendaient. Les battements réguliers d'ailes géantes, cachées dans la brume. A quoi pouvaient-elles bien appartenir?
Les jambes de feu le capitaine partirent en arrière, lentement, comme dans un rêve. Lorsqu'elles touchèrent le pont dans un bruit mat, un cri perça le brouillard. Une main déchiquetée voltigea dans les airs, tournoyant sur elle même, et vint s'écraser sur Samyël. Le jeune homme la repoussa au loin avec dégoût, puis la peur franchit une fois de plus la barrière de son esprit. Ses yeux se changèrent en deux pupilles démentes qui cherchaient frénétiquement un endroit ou se réfugier. Un rire nerveux le parcourut alors qu'il rampait dans les entrailles et l'hémoglobine du capitaine.
Tout était calme sur la mer. L'on n'entendait que le vol de créatures inconnues, et les lamentations des mourants. Mais tout allait bien. Oui, tout allait bien. Il allait se cacher derrière cette caisse, là, puis il se recroquevillerait, la tête dans les genoux en attendant que cela passe. Une mauvaise passade, voilà tout. Ce n'était qu'un songe, non?
Une corne de brume résonna dans ses oreilles, mais le son était flou, indistinct. Il crût entendre des rugissements, ponctués d'hurlement d'agonie. Mais ce n'était pas son problème.
Samyël les entendaient, les choses. Il ressentait leurs pas lents et lourds à travers le bois du pont. Il entendaient leurs grandes ailles battrent en rythme.
Une main attrapa son mollet. Il leva les yeux et son regard rencontra celui d'un homme dont la peau de la partie gauche du visage avait été arrachée, laissant l'oeil pendre au bout du nerf, inerte. Le marin semblait lui dire quelque chose. Mais Samyël se refusait de l'écouter. Pourquoi venait-il l'importuner? Soudain, une forme sombre apparut au dessus du blessé. Deux petites flammeroles rouges, semblables à des yeux, étaient fixées sur lui.
Samyël aimait bien le rouge. C'était une jolie couleur. La même couleur que le liquide qui forma une traîné lorsque l'inconnu fut tiré de force dans la brume.
Samyël se mordilla le pouce en remuant d'avant en arrière. Il entendait des tambours quelque part. C'était peut être son coeur. Il battait vite. Il ria de nouveau. C'était un joli son.
Des échardes de bois lui tombèrent dessus. Il ne s'en rendit pas compte. Ce sera bientôt finit de toute façon. Il n'y avait plus beaucoup de cris.
Et puis soudain, ils n'étaient plus là. Repartis dans les brumes de la mer. Envolés.
C'était fini, enfin.
Samyël s'autorisa un sourire. Une goutte de sang coula le long de son pouce. Il agita sa main afin d'atténuer la douleur. Puis il se releva. Il y avait des gens par terre, beaucoup de gens. Et puis le pont était rouge, tout rouge. Comme ses cheveux. Oui, ses jolis cheveux...
Et il rit.
Et rit encore.
Il ouvrit les yeux doucement. Face à lui s'étalait l'infinie bleutée du ciel. Et sous lui un sol instable, tangible. Il sentait l'iode et l'odeur de la mer. Il voyait les mouettes qui volaient là haut, en criant joyeusement. Le vent était calme, doux.
Samyël se mit sur son séant, l'esprit encore embrumé par la sieste qu'il venait de faire. La surprise s'inscrivit sur son visage lorsqu'il constata qu'il était au beau milieu de l'océan. Sur une petite barque. Son épée, son arc, son carquois et son sac traînaient sur le fond plat. Mais que faisait-il là? Il fronça les sourcils. Que s'était-il passé? Il se rappelait avoir pris le bateau à Gontarion. Puis il y avait eu le voyage, et le Capitaine qui était venu le chercher. Et une légende, sur un certain Barbu. Mais au delà, le vide mémoriel.
Finalement, il haussa les épaules. Il avait sûrement du chuter dans l'escalier menant vers le pont inférieur, et le choc l'aurait assommé, provoquant par la même une petite amnésie. L'équipage, paniqué, aurait cru qu'il était mort et l'aurait mis à l'eau. C'était sûrement ça, il ne voyait pas d'autres explications. Mais c'était curieux qu'ils aient mis ses affaires dans la barque. Avec des rames qui plus est. Et puis, pourquoi avait-il les mains pleines de peinture rouge?
-Etrange journée, souffla-t-il en s'étirant.
Il bâilla à s'en décrocher la mâchoire, puis se retourna afin de voir s'il était proche de la côte. Sa bouche resta grande ouverte, et ses yeux s'agrandirent d'émerveillement.
Face à lui, s'étalant dans l'horizon de toute leur verdoyante splendeur, les côtes Continentales. Il se trouvait à trois ou quatre kilomètre du cap d'Ebène, mais il distinguait au premier plan l'immense cité de Port-Ebène, le plus grand carrefour maritime et commercial du monde, après Arendia. Samyël pouvait voir les centaines de navires, goélettes, galions, frégates et caravelles qui mouillaient dans les eaux du port, avec leur florilège de voiles bariolées. Plus loin, il apercevait la grande plaine de l'Arch'Land, et ses forêts géantes. Et encore plus au Nord, les deux embouchures Est du fleuve Nyr.
Cette vision avait quelque chose de magique et de rassérénant. Les angoisses liées au Continent avaient disparues. Seul restait un sentiment d'extase et d'excitation.
Sans attendre une minute de plus, il saisit les rames et les mit en mouvement afin de se rapprocher des quais du port. Le vent charriait déjà jusqu'à lui les effluves des docks où l'on déchargeait les précieuses marchandises, venues de tous les coins de l'Arch'Land: épices, herbes aromatiques, armurerie, étoffes, oeuvres d'arts, nourriture, bois, acier, pierres précieuses, or et la liste était longue encore. Un énorme navire fendit les eaux en longeant la petite barque de Samyël. Celui-ci observa le béhémot de bois et de cordages, admirant sa voilure colorées, sa figure de proue en forme de femme aux jambes de poisson, et les fiers guerriers en armures rutilantes qui se tenaient alignés le long du bastingage.
Dieux, que c'était impressionnant.
-Salutation Messire.
Samyël finit d'enjamber le rebord de sa barque afin de prendre pied sur les quais. Il récupéra ses affaires dans la foulée puis se retourner vers son interlocuteur. C'était un petit homme d'âge mur, vêtu d'une toge orangée; il tenait un parchemin dans sa main droite, et une plume dans la gauche. Un jeune garçon le suivait, transportant une bouteille d'encre.
-Salutation, Monseigneur, répondit l'apprenti magicien en s'inclinant légèrement.
-A l'entente de votre accent, je déduis que vous n'êtes pas Arkandéen (c'est ainsi que l'on nommait les habitants de l'Arch'Land), mais Solanéen, est-ce exacte?
-Effectivement.
L'homme esquissa un petit sourire, tout en restant extrêmement courtois, chose qui étonna Samyël, du fait de la grande différence d'âge qu'il y avait entre eux.
-Êtes vous au courant des lois sur le mouillage en vigueur dans ce port?
-Et bien... Je crois que non.
-Laissez moi vous expliquez, si vous le voulez bien.
-Je vous en prie.
-Merci. Afin de contrôler le trafique maritime, je suis dans l'obligation de vous demander nom et prénom.
-Je m'appelle Samyël. Mais je n'ai pas de nom.
-Orphelin?
-Oui.
-Que venez vous faire en Arch'Land?
-Je me rends à Arendia.
-De la famille?
-Une formation.
-Quel genre?
-Militaire.
Au fur et à mesure de leur dialogue, le commissaire Docker, tel qu'on les appelait, prenait des notes sur son parchemin.
-Je vais devoir prélever de votre pécule une taxe sur le mouillage de votre embarcation.
Le jeune garçon se retourna, et regarda son "embarcation" en se grattant la tête.
-Heu... D'accord. Combien vous dois-je?
-Tout dépend du temps que vous souhaitez laisser votre esquif ici.
-Et bien justement, je ne souhaite pas le conserver. Je continuerais mon voyage à pied.
-En êtes vous sûr? Le chemin est long jusqu'à Arendia.
-Je le sais, je suis résolu.
-Bien. Dans ce cas je suis autorisé à vous racheter votre bien, au nom de Port-Ebène, si vous le désirez.
Le commissaire sortit une petite bourse des manches de sa toge, et y prit une trentaine de piécettes en argent, tout en comptant à voix haute.
-Voilà ce que je peux vous en donner.
-Vendu, annonça Samyël avec un sourire tout en empochant la monnaie.
-A présent si vous voulez bien m'excuser...
L'homme s'inclina puis reprit sa route, toujours accompagné de son jeune page.
Les enfants le regardaient d'un air émerveillé. Leurs petites bouches béaient d'un trop plein de joie.
Le vieil homme envoya la flamme dans les airs. Puis de l'autre main, il en fit jaillir une nouvelle. C'est ainsi qu'il commença à jongler avec le feu. Les bambins qui faisaient office de spectateurs battaient la cadence avec leurs minuscules mains potelées. Les adultes regardaient de loin. Leurs visages étaient sombres.
Magie, Blasphème.
Zackary lança alors les boules, l'une après l'autre, au dessus de sa tête. Puis il ouvrit grand la bouche, et les avala, une par une, sous les applaudissements et les rires de sa jeune assistance.
-Merci, messeigneurs, vous êtes trop bons envers moi, ria Zackary en s'abaissant dans une parodie de salut. Pour mon prochain tour, j'aurais besoin de l'aide de l'un d'entre vous. Qui est intéressé?
Des dizaines de mimines se levèrent à l'unisson à grand renfort de cris d'excitation. Le vieil homme sourit devant la fougue de la jeunesse et en choisit un au hasard.
-Viens, approche. Voilà. Comment t'appelles-tu?... Ian? Très bien. Regardez bien les enfants. Dans un instant je vais faire...
-Pas un geste de plus, engeance!, cria soudainement quelqu'un à l'autre bout de la place.
Zackary releva la tête. C'étaient deux hommes, deux soldats. Ils portaient la livrée immaculée du Corps Expéditionnaire. L'un tenait fermement une hallebarde étincelante à bout de bras, et l'autre pointait sur lui une arbalète peu engageante. Sur leur visage se lisaient une colère intense et une détermination sans faille. En quelques secondes, le silence se fit sur la place, les gens regagnaient leur maison ou l'auberge la plus proche, afin d'assister à la scène bien tranquillement. Les mères avaient rappelé leurs enfants.
-Allons bon, qu'est-ce que c'est encore?, grommela le vieillard.
-Ne fais pas un seul geste, où nous n'hésiterons pas à faire feu! Lève les mains bien haut, et pas d'entourloupe ou on te tire comme un lapin. Voilà, c'est très bien.
Les deux miliciens s'approchèrent doucement, méfiants. Zackary les regarda approcher sereinement. Que lui voulaient-ils?
-Où est votre bâton?, demanda le hallebardier quand il fut suffisamment près.
-Mon bâton, quel bâton?
-Ne faites pas le malin avec moi, démon!
-Mais qu'est-ce que vous me voulez à la fin?, s'écria le vieil homme en pointant son index.
Les deux soldats, visiblement à cran, prirent ce geste anodin comme une incantation. Ils prirent peur. Le manche de la hallebarde cogna violement contre la tempe gauche de Zackary, qui s'effondra sur le sol en gémissant. Une botte vint le frapper au visage tandis qu'une main le saisissait au collet pour le remettre à genoux. Le vieillard, sonné, se laissa faire.
-Comment oses-tu encore te montrer? Hein? , lui cria l'homme à l'arbalète en lui pressant l'arme sur le crâne.
Le vieil homme releva la tête et ouvrit la bouche pour parler...
-Grand père?
Deux mains s'abattirent soudainement sur les épaules de Zackary. Les yeux de ce dernier s'agrandirent de surprise. Les soldats sursautèrent et levèrent leurs armes. Un étrange gamin aux cheveux rouges s'était approché sans même qu'ils ne s'en rendent compte. Le nouveau venu fixait le vieil homme avec un regard où l'on pouvait lire la colère.
-Grand père! Qu'est-ce que tu as encore fait? (Il leva les yeux vers les deux miliciens) J'espère qu'il n'a pas causé de problème à quiconque?
-Que... Mais... Qui...
L'homme à l'arbalète reprit ses esprits et braqua son arme sur le petit fils présumé.
-Silence! Tu es un parent de ce monstre, de ce... magicien! Donc tu en es un aussi!
Les yeux du garçon d'agrandirent de surprise à leur tour, puis il éclata de rire, à tel point qu'il se tint par les côtes. Les deux missionnaires se regardèrent, décontenancés.
-Allons messeigneurs, ce vieux débris n'a pas une once de magie en lui. Vous savez, il se fait vieux, (en chuchotant) et entre nous je crois qu'il n'a plus toute sa tête. Il a besoin de se faire remarquer.
-Quoi?, s'insurgea Zackary en tentant de se relever mais il se fit remballer par son petit fils.
-Papy, je t'en pris. Je crois que tu as fait suffisamment de bêtises pour aujourd'hui. On ferrait mieux de rentrer, mamie doit s'inquiéter.
Le vieil homme grommela quelque chose mais se releva docilement.
-Messieurs...
-Attend petit.
-Qui a-t-il?
-Que fais-tu, équipé comme tu l'es?
-Je... Heu... Je...
-Fi dieux garnement! Tu n'as donc pas encore été revendre cette antiquité chez le marshal ferant? Et tu iras te débarrasser de fichu arc, tu sais très bien que je n'aime pas que tu joues avec ce genre de chose!
-Mais, Papy! C'est oncle Bill qui me l'a offert le mois dernier!
-Je n'en ai que faire, tu fais ce que je te dis! Fils de malappris!
-Je le dirais à mamie, et elle te grondera!
-Quoi? (Zackary saisit son petit fils par l'oreille) Tu oses me menacer?
-Aïe, arrête, tu me fais mal!
-Stop!, cria alors l'arbalétrier. C'est bon, circuler! Mais que nous n'ayons plus d'ennuis avec vous, ou vous y aurez bon. Vu?
-Vu.
-Vu.
-Très bien. Maintenant, disparaissez.
Petit fils et grand père ne se le firent pas dire deux fois, et ils prirent le large. Ils traversèrent un dédale de rues et d'avenus, avant de finalement se stopper sur une place bondée de monde.
-Merci, jeune homme. Je crois que je te dois une fière chandelle, fit le vieil homme, en reprenant son souffle. Comment t'appelles-tu?
-Samyël.
-Samyël...
Une lueur étrange passa dans les yeux du "grand père", qui disparut aussitôt.
-C'est un nom peu courant. Mais il est beau, soit en fière.
-Ne vous inquiétez pas pour ça... Et vous, qui êtes vous?
-Mon nom est Zackary, je suis magicien. Enchanté, jeune Samyël.
-Magicien?
Le jeune homme sourit et secoua la tête.
-Je comprends mieux pourquoi vous avez eu des ennuis. Si vous mentez à tout bout de champs sur un sujet aussi sensible...
-Je ne mens pas. Ce n'est que vérité, répliqua Zackary sur un ton sec.
Samyël leva les yeux vers son nouvel ami, et révisa son jugement lorsqu'il aperçut les flammes qui dansaient dans les yeux du vieillard avant de disparaître aussi vite qu'elles n'étaient apparues.
-Que? Mais... Vous... Je veux dire vous êtes vraiment...
-Certes il m'arrive de fabuler par moment, mais jamais je ne masquerais cette vérité. Pourquoi un homme devrait craindre de vivre car il est ainsi fait?
Il retrouva son sourire habituel.
-Mais pourquoi n'avez vous rien fait tout à l'heure?
-Hum... Qui sait? Peut être ne suis-je pas vraiment ce que dis être. Et puis après tout, je me fais vieux, je n'ai probablement plus toute ma tête, conclut-il sur un clin d'oeil entendu.
Samyël sourit.
-Mais vous avez encore l'esprit vif.
-Il est vrai. Il le faut, de nos jours.
-Que comptez vous faire à présent?
-Hum, j'avoue que je ne sais pas trop. Je vais où mes pas me guident, sans trop réfléchir. Je ne sais de quoi sera fait demain, mais cela me va très bien.
-Dans ce cas, je veux que vous m'enseigniez.
Zackary le regarda d'un air étonné.
-Que veux-tu que je t'enseigne?
-Les Arts, bien sûr, murmura Samyël tandis qu'un petit globe lumineux naissait dans sa paume, pour mourir aussitôt.
-Ho. Je vois. Très intéressant. Ainsi il reste encore de l'espoir pour nous autres.
-Il semblerait.
-Très bien, jeune Samyël. Tu m'as convaincu, j'accepte. Tu te rendais quelque part, je me trompe?
-Non. Je vais à Arendia.
-Hum... C'est un long voyage. Quel en est le but?
-Je veux entrer à la Citadelle.
-Parfait, ainsi il en sera. Le chemin vers la capitale est long, et pendant ce voyage je m'attellerais à te préparer pour tes études. Sais-tu te servir de ton épée?
-Malheureusement non...
-Dans ce cas je t'apprendrais aussi. J'étais bon escrimeur dans ma jeunesse...
-Vraiment?
-Oui oui, je ne suis pas un aussi vieux débris que tu ne le penses.
-Excusez moi, je ne voulais pas vous insulter je...
-Silence. Ce n'est rien, "fiston", le coupa Zackary avec un nouveau clin d'oeil. Mais sache que je me montrerais un professeur sévère et intrangisant.
-Cela me convient parfaitement. Combien de temps dure le voyage jusqu'à Arendia?
-Ho, environ six mois à pied, je dirais, en gardant un rythme moyen. Ce qui nous laisse amplement le temps. Il y a quelque chose qui m'intrigue chez toi.
-Oui?
-D'où te vient cette étrange teinte des cheveux?
-Je n'en sais rien. Même mon grand père n'a jamais su me répondre.
-Je vois... Ba, sûrement un caprice de dame nature. Tu as de la chance, à ce qu'il se dit, le rouge est à l'honneur chez les dames Arendiennes. En te débrouillant bien, tu pourras passer les nuits d'hiver bien au chaud.
Zackary lui adressa un petit sourire malicieux.
-Bien, assez bavasser. Va donc m'acheter une lame pour l'entraînement. Puis nous nous mettrons en route. La Nord nous attends, jeune apprenti!
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Et c'est ainsi que ce clos la deuxième partie du Cycle. Que de chemin parcouru déjà... ^^ Et moi je vous dis à la prochaine!