Auteur Sujet: La Tour du Rouge : [Random | Très court] Sans titre #1  (Lu 96141 fois)

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La Tour du Rouge : Les Carnets du Mercenaire 7 à 10.
« Réponse #30 le: lundi 04 juin 2007, 11:28:44 »
* Arrive en trombe * Me voilà! Le commentateur officiel est arrivé! Tu croyais sincèrement que j'allais te laisser la place, Nehëmah? Sûrement pas! ;)
J'ai simplement oublié de commenter, ou je l'avais lu trop tard, ou après j'avais plus d'inspiration... Hum... Ah si je m'en souviens, j'avais des choses à dire! ^^'

Tout d'abord que j'ai beaucoup aimé l'histoire du Vieux Lyon Assoupi, ensuite Roi de Solanéa, cette intrigue triste qui l'a chassé de ses terres, à cause de fanatiques au cerveau atrophié, j'espère une belle petite fuite moi... Enfin bref, c'est toi qui décide! (se souvient de Falenz et de l'assaut entre vaisseaux, le meilleur que j'aie jamais lu chez toi, mon petit mage aux cheveux écarlates! :niais:)
Donc après, jsute quelque chose qui m'a frappé concernant Samyël, son évolution sombre très bien retranscrite, bien amenée, et qui me satisfait amplement, même si c'est vrai que tout ce passage reste plutôt statique avec pas mal de clichés... J'en reparlerai après...  Eh bien tout ça combiné à Samyël m'a fait penser à Sothe, dans Fire Emblem. Tu te souviens de lui? Je le vois exactement pareil, sauf avec des pupilles et cheveux rouge sang... Une assimilation, comme ça... Dis moi si je me trompe hein, mais c'est déjà ancré dans mon esprit, je n'y peux rien, ayant déjà fait le rapprochement. Le voilà, petit, puis plus évolué... La ressemblance m'a frappé ==>Sothe petit dans Path of Radiance / Sothe grand dans Goddess of Dawn (pour le voir mieux que dans ma signature, je l'adore! Par contre j'ai pas réussi à le trouver vraiment bien comme je voulais petit, mais tu peux te faire une idée! ^^)

Voilà, voilà, après je reviens sur l'histoire en elle-même, le petit Samyël qui a évolué pendant six ans, se recroquevillant sur lui-même, plus de bonheur, des expressions figées et froides, il ne veut plus parler, les autres le traitent de démon, mais il est un prodige en matière de magie et de tir à l'arc, attentif à l'enseignement de ce cher Rirjk qui regrette toujours... Pas mal, même si c'est du déjà vu, moi j'aime bien... Par contre c'est fou comme Erik m'a fait penser à Colin de Twilight Princess! C'en est presque hillarant! :)  Ahlàlà... Le petit timide qui se fait martyriser par les autres de son âge, ne pouvant rien faire à part pleurer et subir, attendre Samyël qui vient héroïquement le secourir... Le petit Colin, ah non, le pauvre petit Erik... Barf, je suis d'accord avec Nehëmah sur ce coup-là, franchement. Mais si t'étais pas inspiré, je te pardonne, ça arrive!

Mais ça évolue, et c'est toujours aussi bien écrit et plaisant, donc s'il fallait en passer par là, je te fais confiance GMS! (et bravo pour ta première place dans le concours de fictions! Dire que j'ai été victime du vote utile, on me l'a dit! ^^' Tu la mettras dans ta gallerie hein, ta fiction le mérite amplement! Je veux la voir trôner parmi tous tes écrits. ;)) Et vivement la suite!

PS: Tu voulais un commentaire? T'en as un, là! Pas aussi bien que celui de la page précédente (mes commentaires arrivent toujours en première page, un signe du destin?), mais te voilà satisfait, n'est-ce pas? ^^


Yuan du pays de l'amûr tûjûrs

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La Tour du Rouge : Les Carnets du Mercenaire 7 à 10.
« Réponse #31 le: lundi 04 juin 2007, 17:13:54 »
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* Arrive en trombe * Me voilà! Le commentateur officiel est arrivé! Tu croyais sincèrement que j'allais te laisser la place, Nehëmah? Sûrement pas! Clin d'oeil


Je n'aurais pas cette prétention voyons :niak: !
Mais faudra faire preuve de volonté hé hé !

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La Tour du Rouge : Les Carnets du Mercenaire 7 à 10.
« Réponse #32 le: mercredi 06 juin 2007, 23:22:43 »
Yop, lecteurs ^^

Bon, un peu de changement ici bas^^ Tout d'abord, vous avez sûrement dû remarquer le changement de titre du Topic. Les raisons en sont fort simples: De une, c'est un titre plus général qui englobe donc tous mes écrits, et deuxièment comme il est plus court je vais pouvoir y annoncer l'arrivée d'un nouveau chapitre^^

Ensuite, retournez faire un p'tit tour du côté du chapitre neuf. J'ai complétement supprimé la scène de l'attaque d'Erik, et j'ai complétement remanier mon chapitre. Parce qu'au final, ce n'était pas du tout ce que je voulais faire^^ Maintenant, c'est mieux^^


PdC==> Merci bien pour ton commentaire^^ Sothe? Moui, m'enfin, c'est pas le personnage qui me serait venu à l'esprit, mais pourquoi pas? ^^
Cependant, j'aimerais revenir sur un point, Samyël n'est pas un prodige de magie et de Tir à l'arc^^ En tir à l'arc, étant l'un des rares archers de Solanéa, il est le plus habile de l'île. Mais le Continent grouille d'archer beaucoup plus forts que lui.^^ Pour ce qui est de la magie, je dis rien, vous verrez bien héhé^^
Sinon, lors de cette fameuse soirée MSN (t'oublies pas notre promesse, hein? ^^), quand tu m'as parlé de Madame Delacrée, je me suis rendu compte que je ne t'avais pas adressé mes plus sincères félicitations pour ton texte ^o^ J'ai adoré! Les descritpions, la pensé de cette dame face à son monde lorsqu'elle est Nature... Brrr, je m'en suis pas encore remis^^ Alors pour répondre à la question que tu m'as posée ce soir là, à savoir "Qu'est-ce que tu penses de Mme Delacrée", je te réponds "Tu me la présente quand? ^x^".

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La Tour du Rouge : Les Carnets du Mercenaire 7 à 10.
« Réponse #33 le: jeudi 07 juin 2007, 14:25:39 »
Très jolie remaniement de chapitre, mais ceci à annhilé le pôvre fils de Jrick... Pourquoaaaaaaaaa????!!!!!!

Sinon je ne crois pas avoir commenté sur le forum. Et bien.

Commentaire numéro un : C'est très bien (superbe même), tes deux histoires (même si les chrétiens en prennent plein la gueule ;-P)

Commentaire numéro deux : Je préfère les aventures de Falenz (bateau volant :niais: ).

Commentaire numéro trois : A quand la suite, Saperlipopette!!! :papy:.

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La Tour du Rouge : Les Carnets du Mercenaire 7 à 10.
« Réponse #34 le: samedi 16 juin 2007, 01:03:33 »
Buenas tardes, People! ^o^ Voici venu le temps glorieux du chapitre 10 (c'est un cap! Que dis-je, c'est une péninsule!)! Mais avant...

Guiiil===> Merci bien pour le commentaire^^ Cependant, désolé de te decevoir, mais la suite des aventures de Falenz n'arriveront pas avant un bon bout de temps, j'ai beaucoup de texte à écrire avant cela (notamment deux textes de concours :niak:). ^^

So, have fun! (Oui je sais, vous devez vous dire que c'est pas une heure pour poster un chapitre, mais il était là, tout frais tout chaud, alors j'avais pas le coeur d'attendre demain :niak:)
 


___________


Chapitre 10:  Réveil.


Six ans. Il avait attendu six longues années, ici, tapi au fin fond des abysses ténébreux de l'Océan. Six ans à se morfondre, à ressasser encore et toujours la même idée, la même envie. Six ans à devenir plus fort, repousser encore et toujours les limites de son pouvoir. Il avait une tâche à accomplir, il n'avait attendu que trop longtemps.
"Il connaissait le prix!" Ces paroles haineuses résonnèrent dans toute la mer, envoyant des ondes gorgées de pouvoir maléfique dans toutes les molécules d'eau. Des ombres indistinctes se réveillèrent, et leurs souffles titanesques firent vibrer le sol. Des bulles d'air s'élevèrent un peu partout, l'entourant.
"Il connaissait le prix!" Hurla-t-il, d'une voix déformée qui n'avait plus rien d'humain. Des cris graves et profonds lui répondirent, et la même haine les agitait. Une nageoire monstrueuse passa au dessus de lui, silencieusement. Il ne voyait pas son possesseur, mais il le sentait. Il les sentait. Les monstres des Abysses. Les titans de l'Océans, les anciens dieux.
Ils semblaient partager sa colère, et bientôt la mer se remplit de leur chant mélancolique. Le ballet qu'ils dansèrent dans les ténèbres des abîmes déclencha des tempêtes, agita les flots.
"Il connaissait le prix!" Ils reprirent sa plainte dans leur langue archaïque, perdue depuis des millénaires.
Il était venu le temps de la vengeance, l'ultime châtiment. Les pêcheurs devront payer pour leurs crimes, telle était la sentence divine. Un rayon de lumière rouge perça l'épaisse noirceur Abyssale. Un énorme oeil rouge, sans pupille s'ouvrit doucement, flamboyant d'un feu démoniaque. La bête émergea du sommeil éternel dans lequel elle était plongée. Les chants des ses fils l'avaient réveillé. Il bougea une infime partie de son corps titanesque, et le sol trembla, se fissura, une onde envoya  les eaux dans tous les sens et une raz-de-marée se leva au beau milieu de l'Océan.
La secousse qu'avait provoquée le réveil de la bête L'avait envoyé valser. Il sentit la lente danse des monstres lorsqu'ils l'effleuraient, le propulsant toujours plus haut.
"Il connaissait le prix!"  Cette unique pensé le parcourait sans cesse alors que, lentement, sûrement, il se dirigeait vers la lumière, vers son but, entouré du maelström que provoquaient les géants marins. Le rayon rouge de l'oeil infernal se braqua sur lui, et le hurlement le plus terrifiant que la terre n'ait jamais entendu explosa du fond des abîmes. L'eau de l'Océan sembla se tasser sur elle même, puis l'oeil commença à se mouvoir, avec une lenteur infinie.
Levyathan s'était réveillé.
Ses fils entonnèrent une ode à son honneur, et le remous que provoqua leur danse L'envoya vers la surface.
"Il connaissait le prix!"
 

Il était une légende qui disait que lorsque la Lune éclairait le beffroi de l'ancien temple, les Sept se réunissaient. Ho certes, personne n'y croyait cependant elle existait tout de même. C'est ce qui intriguait la Fouine. Pourquoi diable avoir inventer une légende si personne ne se donner la peine d'y croire?
La Fouine était un jeune garçon d'une quinzaine d'année, petit, fin et qui avait une tête qui ressemblait étrangement à celle d'un rongeur. Il devait son nom de Fouine à sa manie de toujours vouloir tout savoir sur tout. Il était rusé, intelligent même pour certain.
C'était donc ce mystère qu'il ne s'expliquait pas qu'il était venu élucider ce soir là. La pleine lune éclairait de sa lumière argentée le beffroi du temple. Toutes les conditions étaient remplies, selon les dires de la légende, pour que les Sept apparaissent.
La Fouine était caché derrière un petit mausolée, non loin de l'allée centrale du cimetière. Il se l'avouait sans mal, il avait la frousse. La nuit était tombée depuis un moment, il devait être aux alentours de minuit. Un vent fort et glacé soufflait sans relâche, gelant littéralement le pauvre Fouine qui commençait à se dire qu'il ferait mieux de partir. Le temple en lui même était une immense bâtisse de plus de quatre étages, construite dans un style ancien que les historiens n'arrivaient pas à reconnaître. Elle était faite tout en arcs, en flèches et en arches, finement décorés. Cependant les ornements étaient des plus dérangeants, car ils représentaient des crânes grimaçants, des diablotins dansants, des démons cornus avec des jambes de boucs... Il y avait également d'anciennes écritures gravées sur les murs, mais dont le sens échappait même aux érudits les plus sages. L'ensemble donnait quelque chose de lugubre, malsain, de jour comme de nuit.
Le cimetière était vaste, et encerclait l'ensemble du temple. Il était gardé par des statues représentant des silhouettes encapuchonnées tenant une large faux. Elles étaient au nombre de dix. Les sépultures formaient un labyrinthe hétéroclite de cairns, de tombes, de pierre tombales, de petites cryptes...
La Fouine se raidit soudainement; le grincement horrible du vieux portail retentit dans la nuit. Le jeune homme retint son souffle. Son coeur accéléra. Il n'osait pas jeter un coup d'oeil dans l'allée pour voir ce qui avait ouvert le portail.
"C'est juste une bête, ou le vent, il y en a beaucoup ce soir..." pensa-t-il pour se rassurer.
Un frisson lui parcourut l'échine lorsqu'il entendit des pas lents dans le gravier. Il se laissa glisser sur le sol, se recroquevilla et se tint la tête des deux mains. Il ne s'expliquait pas cette peur soudaine et viscérale qui lui nouait les entrailles.
Les pas s'arrêtèrent l'espace d'une seconde lorsqu'ils passèrent devant le mausolée derrière lequel La Fouine s'était caché. L'adolescent craignait que l'inconnu n'entende les battements de son coeur affolé. Il porta une main à sa poitrine, mais déjà les pas s'éloignaient, se dirigeant vers la grande arche à moitié brisée qui faisait office d'entrée. La Fouine voulait partir, quitter cet endroit maudit, oublier cette stupide légende, courir jusqu'au village. Mais ses jambes refusèrent de lui obéir.
C'est alors qu'il l'entendit. C'était un son vague, ténu, comme un appelle, très doux, caressant, cajolant. On aurait dit un murmure spectral, tant il paraissait irréel. La Fouine ne comprenait pas les mots, mais il "saisissait" le sens de ce murmure. Ce chant étrange le fascinait, le captivait et à sa grande surprise il se leva. Il fit le tour du petit mausolée et vint se placer au milieu de l'allée. Un homme en robe noire, capuche sur la tête, marchait devant lui, lui tournant le dos. Il marchait d'un pas lent, sûr et incroyablement régulier. Sans en être vraiment sûr, La Fouine était persuadé que le murmure provenait de cet homme. Il se sentait attiré par lui, captivé. D'une démarche gauche et claudicante, il s'engagea à sa suite. Ils passèrent sous la vieille arche, et entrèrent dans le temple. L'intérieur ne ressemblait pas du tout à ce à quoi s'attendait La Fouine. Il s'était imaginé un dédale de couloirs, des corridors secrets, des autels encore maculés de sang...
Au lieu de ça, ils se retrouvèrent dans une large et haute pièce, qui s'élevait sur toute la hauteur du bâtiment. Le vent s'engouffrait dans les petites fenêtres non vitrées qui trouaient les murs un peu partout, produisant un son horrible, semblable à une plainte affreuse.  Cependant, La Fouine était apaisé par le murmure bienveillant qui continuait de le guider. Sur le sol de pierre, un immense pentagramme avait été tracé avec de la peinture rouge. Dix escaliers étroits avaient été creusés dans le marbre des murs. Ils s'élevaient en spiral, jusqu'à une espèce de plateforme où de grands fauteuils finement décorés attendaient leurs possesseurs.
L'étrange homme grimpa l'un des escalier, puis pris place dans le siège qui y était associé. La lune éclairait la salle depuis un trou béant au plafond. Mais, étrangement, les sièges avaient été placés de telle façon que le visage de ceux qui y étaient assis reste dans l'ombre.
Le silence se fit soudainement sur l'endroit, une certaine solennité s'installa. Le murmure cessa également, et la Fouine retrouva ses esprits. Cependant, il ne put s'empêcher d'assister à ce qui se produisit ensuite. Un corbeau traversa le plafond pulvérisé, et décrivit un large arc de cercle à travers toute la pièce, avant de venir se poser en croassant sur l'un des neuf sièges restants. Ses petits yeux rouges se fixèrent sur la Fouine, puis le corps de l'oiseau commença à changer, à se déformer. Les pattes s'allongèrent, les ailles se changèrent en bras, le crâne s'étira, grossit. Puis, en l'espace de quelques instants, le volatile laissa la place à un homme, habillé de la même robe noire que son prédécesseur. La Fouine ne distingua pas ses traits,  cachés dans l'ombre.
Ces mêmes ombres s'agitèrent soudainement derrière l'un des fauteuils encore libre, elles prirent peu à peu une forme humain, quoiqu'aux contours indistincts. Une main d'albâtre se matérialisa sur le dossier du meuble, suivit d'un corps vêtu de noir. Le troisième venu s'installa à son tour à sa place.
Et ils vinrent l'un après l'autre, chacun d'une façon différente. Ils étaient au nombre de sept. Trois sièges restaient inoccupés.
Le murmure retentit de nouveau, mais cette fois ci il était plus fort, et il exprimait des mots, non plus des idées.
-Messeigneurs, nous voici de nouveau réunis, sous le regard bienveillant de Dame Lune. L'heure est grave. Marche-La-Nuit va nous rappeler les ordres de cette assemblée présente.
L'homme qui avait surgis des ombres se mit à parler.
-Le monde va bientôt entrer dans une phase d'évolution intense, qui pourrait signifier sa destruction. Ur-Les-Ombres est en émoi. Des déficiences dans les courants Arcaniques ont permis à plusieurs démons mineurs de se retrouver dans le monde des mortels, sans maître pour les commander. De plus, la magie dans le Sud du Continent est en voie d'extinction, suite à l'action de cette fameuse "Sainte Expédition". Et enfin, hier soir, un pouvoir immense s'est réveillé au fin fond des océans du Bout du Monde, suite à un phénomène Arcanique, mais d'origine inconnue.
Ils parlaient tous d'une voix lente, froide, monocorde, qui évoquait à La Fouine la tristesse de la mort. La scène qui se déroulait devant lui avait quelque chose de fascinant, de malsain. Mais il était contraint au rôle de simple observateur.
Ainsi donc la légende disait vrai. Ainsi donc, les Seigneurs Nécromants étaient toujours en vie.


Arkonn se dépêcha. Il était encore en retard pour le dîner. Son père allait lui passer un savon, une fois de plus. Mais avec la tempête de la nuit dernière, il avait espéré que plusieurs gros poissons s'étaient échoués sur la plage de sable fin. C'est pourquoi il l'avait arpentée sans cesse depuis le point du jour, à ce moment là, le crépuscule.
Il courait aussi vite qu'il le pouvait, essoufflé. Il n'avait jamais été féru d'activité sportive, il manquait d'entraînement. C'est pourquoi il s'arrêta un moment afin de reprendre son souffle.
Si Arkonn avait écouté son frère, qui lui disait qu'un véritable pêcheur se devait d'être fort et robuste comme un roc, alors peut être ne se serait-il pas arrêter, et il aurait ainsi éviter le coup du Destin qui lui tomba dessus.
Le dos voûté, les mains sur les genoux, il ahanait de souffrance, un point de côté lui déchirait les flancs. C'est ainsi qu'il remarqua le scintillement qui provenait du bord de mer, un peu plus loin. Intrigué, il se releva, puis marcha jusqu'à la source de cette lumière. Il s'agenouilla dans le sable humide, puis il aperçut une sorte de pierre précieuse enchâssée dans une espèce de barre métallique. Ses yeux s'arrondirent de surprise, et il pensa que grâce à ça, sa famille pourrait vivre des années et des années dans le luxe. Alléché par l'appât du gain, il s'empara de l'extrémité de la tige, puis tira un coup sec.
"Il connaissait le prix!" Le hurlement avait éclaté dans sa tête, comme gronde l'orage les soirs d'été. Le choc mental avait été violent, chargé d'énergies démoniaques. Le système neurologique d'Arkonn ne résista pas,  et ses nerfs s'enflammèrent, provoquant une douleur infernale dans tout son corps. Dans son poing fermé se trouvait la garde d'une épée finement ciselée, à la lame d'un rouge éclatant, sur laquelle des milliers de runes grouillaient sans cesse. Cinq d'entre elle s'embrasèrent et se positionnèrent de telle façon qu'un nom se forma: Haz'Rael, L'honnie.
"Il connaissait le prix!" Le nouvel assaut envoya Arkonn en arrière, ses yeux se révulsèrent, son corps se cambra tandis que sa mémoire, ses souvenirs et ses pensées se disloquèrent pour faire place à un flot de sensations, d'odeurs, le tout empli d'une haine sans bornes. Une entité démoniaque s'empara de son corps, annihila le peu de volonté qui lui restait. Le joyau sur la garde se scinda en deux, et un oeil jaune avec une pupille rouge se darda vers le Sud.
'Et pour cela, il devra payer!"
Lentement, Arkonn se remit debout. Des arcs d'énergies violets s'allumèrent autours de lui, puis disparurent. Les yeux bleus du jeune homme se changèrent en deux brasiers ardents. Puis, sûrement, l'entité se dirigea vers le Nord.
"Il connaissait le prix!"


Quelques jours plus tard, on découvrit aux portes du petit village de Verte-Colline, loin dans le Nord, par delà les Montagnes de l'Infinie le corps de La Fouine. Il n'avait subis aucune blessure, aucun coup, rien de visible. Mais sur son visage aux yeux exorbités était inscrite une pure terreur, comme personne n'en avait encore jamais vu...  

______________

Juste une petite précision, les fautes de genre sur les actions de La Fouine sont voulues. Même si il s'appelle comme ça, ça reste avant tout un homme^^

Par contre, je ne sais pas du tout quand la suite arrivera. Comme je l'ai dit un peu plus haut, je suis assez débordé en ce moment au niveau des écrits, donc je mets le Cycle en Stand-by pour le moment ^^"


BRZ: [I (dé) love U]²

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La Tour du Rouge : Les Carnets du Mercenaire 7 à 10.
« Réponse #35 le: samedi 16 juin 2007, 12:46:32 »
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La femme rousse lui tendait la main, une fois de plus. Il l'admira, une fois de plus. Sa beauté était renversante, le fait de poser ses yeux sur elle lui procurait une sensation qu'il ne connaissait pas. Il se perdit dans l'intensité de son regard émeraude, ses cils gracieux battirent plusieurs fois, lui renvoyant un regard féerique. Son front était ceint d'un fin tiare d'argent, qui retenait ses cheveux soyeux qui cascadaient jusqu'au sol, si bien qu'elle semblait auréolée d'un halo de feu. Ses oreilles ornée d'anneaux d'or étaient longues et pointues, ce qui la rendait plus encore plus irréelle car cela accentuait la perfection de son visage.
Les courbes de son corps étaient parfaites, à peine cachées par la tunique verte qu'elle portait. Ses gestes respiraient la grâce et la volupté, et elle possédait un port noble, telle la princesse esseulée d'un château de conte de fée. Dans sa main gauche elle tenait une longue et magnifique lance, où deux dragons, l'un d'un blanc immaculé, l'autre d'un noir de jais, s'enroulaient autours dans une étreinte mortelle.
Un rire cristallin retentit, se répercutant à l'infinie dans la nébuleuse étoilée qui les entourait. Elle lui sourit, et une soleil s'alluma dans son coeur. Il tendit la main vers elle, avec l'espoir fou et secret de pouvoir la toucher, la serrer contre lui, la garder à jamais.


Que dire que dire ? En relisant le chapitre 9 qui a en effet bien changé, je suis absolument tombé amoureux de cette description. Je sais pas elle est vraiment belle, les figures de style tout ça, ça colle une sacrée personnalité au personnage (sa mère ? :niak: )

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abysses ténébreuses

-> Attention, abysse est un nom masculin ! Et abysses ténébreux c'est moyen comme terme ! Allez, tu peux mieux faire :niak:

Le réveil de Levyathan (drôle d'orthographe !) est un poil confus à mon sens même si ça a l'air fait exprès :niak:

Sinon les Seigneurs Nécromants ont pas mal de classe pour les deux que l'on a pu voir (celui avec les ombres et le corbeau je crois bien ? Plus celui qui attire la Fouine...). En tout cas j'attendais un rôle plus important pour la Fouine bah c'est raté xD
Quant à Arkonn, aps de chance non plus, et je me demande le lien qu'il y a avec Levyathan.
Enfin bref, ça fait du beau monde, trois forces auxquelles devra sûrement s'opposer Samyël ? Bref j'en peux plus de cette attente, tu as tellement bien posé les bases de l'aventure que je veux que ça pète maintenant :niak:
Allez, au boulot, on s'en fiche des concours :niak: ...
Mais non je plaisante :love:

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« Réponse #36 le: samedi 16 juin 2007, 14:47:26 »
T'as regardé Cyrano de Bergerac hier, toi! ;) J'adore cette suite, mon GMS chéri!

En effet, la chapitre 9 a bien changé, il s'est transposé en qelque chose de bien meilleur à mon sens, j'ai toujours aimé ces descritptions de femmes mystérieuses, belles à en mourir, inaccessibles... Une beauté froide et parfaite comme on n'en voit que dans les rêves. Même si cette descritption est très bien amenée, hélas je dois déplorer les fautes d'accord qui viennent tout gâcher (je déteste ça, j'ai essayé d'y faire abstraction! ^^'). Je ne sais pas pourquoi, mais tu en as fait pas mal dans ce passage, dommage! Sinon j'aime beaucoup, ça me refait penser à ma chère mme Delacrée tiens... (faut que je la rappelle de sa fugue celle-là! :) ). Un remaniement empreint de talent!

Et quelle suite, quelle suite! Les choses s'accèlèrent, les ombres se détachent d'un monde qui semblait fait entièrement de lumières et qui se trouble de ces démons qui surgissent du plus profond des abysses de ton imagination. J'aime particulièrement les 7 Seigneurs Nécromants, et l'ambiance que tu as amené avec eux. Ils possèdent toute la classe qui définit ce genre d'antagonistes machiavéliques, j'adore la manière dont tu as retranscris leur arrivée et cette atmosphère glauque et oppressante. Leur façon différente d'arriver, de s'assoeir sur leur siège, cette légende accomplie, des secrets sombres, cette obscurité qui s'en dégage... Brrrr! Moi qui n'aime pas trop habituellement ce genre d'ambiance gothique, là je suis comblé, avec l'église étrange et effrayante, cette noirceur, cet innocent charmé par des méloppées funestes et trompeuses, ce meutre finalement, dont on ne saura pas tout de suite les circonstances ... Absolument délicieux, j'en veux plus maintenant! Moi qui aime le mystère et ces sensations glaciales, je suis fasciné... :niais:

Ahlàlà... Et le réveil confus du Lévyathan, tout cet envirronement magique et ténébreux, sans qu'on ne sache qu'une infime partie de ce monde et de ces règles d'anciennes légendes et d'antiques fureurs démoniaques... Toutes ces allusions à la souffrance et à la terreur, cet univers d'ombres silencieuses et terribles se réveillant dans leur haine redoublée de Dieux oubliés... Et cette épée qui ma intrigué dès le départ, qui a l'air d'être la source de tous ces murmures mortels... Je ne donne pas cher de la peau de ce brave Rirjk! :conf:


Bravo en tout cas, j'ai vivement envie de connaître tous les tenants et aboutissants de ces nouveaux arrivants majeurs! Je demande la suite! ^^ Mais prends tout ton temps, mon cher Great Magician Samyël!

Bonne chance pour le concours au fait! Tu en auras besoin... Ksh! Ksh! Ksh! ^^' Moi je n'ai pas commencé, mais bon... J'espère être assez inspiré, car je n'aime pas les suites. L'affrontement sera difficile, je sens que cette finale va être très intéressante... ;)


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« Réponse #37 le: jeudi 23 août 2007, 22:34:13 »
Hohoh, et l'GMS est arrivéééé, sans s'presséééé hééhéé!  :note:  
J'ai honte, ça fait plus de deux mois que je vous ai laissé sans nouvelles fraiches en provenance du Continent. Je vais me morfondre dans les ombres en espérants que la lumière de votre éventuel pardon salavateur vienne m'en tirer... :niak:
M'enfin, tout ça c'est du passé! La tour du Rouge a été dépoussiérée, sortie de force de la deuxième page de ce forum littérature béni où elle gisait, inerte, dans son carcan de topic en tout genre! ^^
Car oui, réjouissez vous, c'est Noël avant l'heure! (Bien en avance d'ailleurs ^^).
Le Super Magicien que je suis enfile un manteau rouge, une chapeau à grelot et une barbe blanche à la mode naine! Avec du chapitre en veux-tu en voilà plein sa hotte à merveilles! ^^

Mais tout d'abords, les réponses à vos questions ^^ (je vais aller dans l'ordre^^)

Nehëm' (tu me permets de t'appeler comme ça? ^^" C'est plus imple à écrire :niak:) ==>

Cette beauté flamboyante tout droit sortie de mon imagination n'est pas la mère de Samyël, c'est tout ce que je peux dire :niak: Wait and See... ^^

Tu es très clairvoyant :niak: effectivement le passage lié au Levyathan (le "y" c'est ma petite patte^^) est confus, mais ce volontairement, afin d'entretenir le mystère... :niak:


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Sinon les Seigneurs Nécromants ont pas mal beaucoup de classe


C'est la meilleure chose que tu pouvais me dire à leur propos, je t'en remercie :niais:
Les réponses à tes autres questions viendront bien assez tôt héhé ^^
Mais ne t'en fait pas, ça va péter très prochainement héhé :niak:

(j'aime dire héhé, héhé... :niak:)


PdC <3 ==>Merci pour ton commentaire crépusculien :<3:

Sans plus tarder, le chapitre 11 ^^



__________
 

Chapitre 11 : L'épée.

Soulever. Descendre. Expirer. Inspirer.
L'odeur âcre de sa propre sueur agaçait son odorat tandis que des gouttes du liquide acide coulaient le long de son visage, sous ses aisselles et sur son tors nu. Trois lignes rosées et rigoureusement parallèles barraient son abdomen, à l'endroit où il avait accroché les branches d'un sapin lors d'une chute, six ans plutôt.
La chaleur était étouffante, et le rougeoiement infernal du métal en fusion lui brûlait les yeux. Il contracta une nouvelle fois les muscles de ses bras et tira de toutes ses forces pour actionner le lourd soufflet qui gardait la forge à température voulue. Un peu plus loin, Silex martelait consciencieusement une barre de métal encore rouge dans le but d'en faire la lame d'une épée courte. Des gerbes d'étincelles jaillissaient à chaque contacte entre le marteau et l'enclume. Silex était concentré sur sa tâche, autant qu'un homme pouvait l'être. C'était un homme d'expérience, qui avait acquis avec l'âge la patience dans son labeur. Il pouvait travailler plusieurs jours sur une seule commande, afin d'atteindre la perfection. Un véritable maître artisan.
Depuis trois semaines que Samyël s'atteler jour et nuit à activer le grand soufflet, sa musculature s'était considérablement développée, il était devenu robuste et fort, mais gardait toujours une silhouette athlétique, limite déguindée, ceci dû au fait qu'il ne mangeait plus beaucoup. Au début, il avait eu du mal à travailler convenablement, se fatiguant vite et étant obligé de s'arrêter régulièrement à cause de crampes. Le vieux Silex s'était montré très patient, lui conseillant de ne pas se forcer de trop. A présent, il pouvait actionner le soufflet toute la journée, sans être trop fatigué.
Le forgeron avait voulu le rémunérer, mais Samyël avait refusé, l'argent ne l'intéressait pas et il ne savait pas quoi en faire de toute façon. Alors au lieu de lui donner des pièces, Silex forgeait des pointes de flèches en fer, avec les surplus qui restaient toujours d'une commande. Avec ça, Samyël avait enfin pu se confectionner des flèches dignes de ce nom, qui pouvait transpercer la chaire. De plus, le poids plus important permettait un meilleur équilibre au trait, lorsqu'il était décoché.
Silex se redressa puis trempa le fruit de son travail dans le bac d'eau fraîche posé à côté de lui. La lame se refroidit instantanément dans un geyser de vapeur d'eau sifflant. Il admira le résultat, paru content de lui, puis la reposa sur l'enclume avant de s'éponger le front.
-Parfait! Je crois qu'on mérite une petite pause mon garçon. Va te débarbouiller puis rentre chez toi, on a finit pour aujourd'hui.
Samyël lâcha le manche du soufflet avec reconnaissance. Sa poitrine se soulevait au rythme rapide et saccadé de sa respiration. Il rangea les outils de son employeur -cette tâche faisait aussi partie de son travail- puis il récupéra sa chemise en coton et ses bottes, confectionnées avec le cuir d'un daim qu'il avait abattu quelques mois auparavant. Puis il sorti de la forge non sans avoir saluer Silex au passage.

Il retira son pantalon de toile, qu'il déposa à côté de ses autres affaires. Il resta un moment ainsi, nu comme à l'aube du monde, profitant de la caresse du vent sur sa peau qui rafraîchissait son corps brûlant et sal, les yeux perdus dans le fond de la marre qui lui faisait face. Puis il pénétra dans l'eau limpide, et retira le bandeau de tissu qui retenait ses cheveux en arrière. Ils lui arrivaient à présent jusqu'aux omoplates, et la magnificence de cette étrange couleur vermeille en avait abasourdit plus d'un. Cependant, à  cause de cela, certaines personnes un peu superstitieuses le prenaient pour le fils d'un démon. Il n'y faisait pas attention, détaché du monde qu'il était. Plus grand chose ne pouvait l'atteindre à présent, et d'une certaine façon cela le chagrinait, car à part la tristesse, il ne ressentait plus d'émotion. Que de la tristesse, et un peu d'amertume.
Il plongea complètement son corps dans l'eau claire, afin de le laver des souillures de la forge. Il se délecta de la sensation revigorante que lui procurait le rafraîchissement instantané de son être. Il ferma les yeux, et se contenta de rester immobile, sous l'eau, jusqu'à ce que le souffle lui manquât.  Il creva la surface doucement, et de l'eau dégoulina de ses membres. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il n'était plus seul.
Rose, la seule jeune fille de son âge au village, lui rendit son regard, accroupie près du bord de l'eau. Samyël ne tenta rien pour cacher sa nudité, se contentant de fixer la jeune femme de ses yeux ternes et éteints.
-Je savais que je te trouverais ici, fit-elle dans un grand sourire.
Ses yeux marrons suivait avec appétit les courbes du corps de Samyël, s'arrêtant un moment sur sa virilité. Elle ne semblait pas être mécontente du spectacle.
-Qu'est-ce que tu veux?, dit l'apprenti magicien, doucement.
Elle était mignonne, mais sans plus. Ses cheveux de jais cascadaient le long de son dos et ses yeux bruns brillaient d'un éclat de malice. Elle se releva, et fit glisser les bretelles de sa robe le long de ses bras, puis le vêtement tomba complètement. Cette fois, ce fût au tour du jeune homme de la dévorer des yeux. Elle était de taille moyenne, mais sa silhouette possédaient des courbes alléchantes, bien qu'encore marquées par l'enfance. Elle frissonna sous la caresse du vent, puis le rejoignit dans l'eau. Elle s'approcha de lui doucement, provoquant un sillon d'eau derrière elle. Elle se stoppa à quelques centimètres de lui. Ils se regardèrent l'un l'autre, la première grelottante, le deuxième aussi immobile et droit qu'une statue.
-Tu as froid, fit-il remarqué au bout d'un certain temps.
-Oui, l'eau est glaciale, je ne sais pas comment tu fais pour la supporter.
Les chants des petits oiseaux forestiers les entouraient, et un rayon de soleil darda de sous la dense voûte végétale de la forêt pour illuminer le petit plan d'eau, conférant à la scène un aspect enchanteur.
Elle fit quelques pas hésitants dans sa direction, puis elle l'enlaça de ses bras. Ses seins naissants se pressèrent contre la poitrine de Samyël, répandant dans son corps une douce sensation comme il n'en avait encore jamais connu. Il sentit dans l'aine une chaleur agréable.
-C'est toi que je veux, souffla-t-elle dans son oreille.
Puis elle releva la tête et posa ses lèvres contre les siennes. Samyël se laissa faire, puis finit par lui rendre son baiser. Sans trop savoir pourquoi, il passa ses bras autours de sa taille et l'attira tout contre lui. Leurs bouches se séparèrent un instant, où ils échangèrent un long regard. Rose se perdit dans les yeux étranges et fascinant de son compagnon, puis elle lui caressa la joue d'une main tendre. Elle se réchauffait au contacte du corps brûlant du jeune homme.
Samyël était en proie à un doux mirage. Les traits de Rose s'étaient peu à peu estompés pour faire place au visage de la femme de ses rêves. Il sentait la douce caresse de sa longue chevelure rousse sur sa peau mouillée. Il entendit son rire cristallin dans sa tête, tandis qu'il se perdait une fois de plus dans la féerie de son regard vert.
Puis, mû par quelque instinct dont il ne savait rien, il l'entraîna doucement vers la terre ferme, puis il la coucha tendrement dans l'herbe satinée où ils firent l'amour pour la première fois, sous le regard vif d'un épervier perché dans l'arbre qui les couvrait de son feuillage bienveillant...  

-Essai encore une fois, lui demanda Rirjk.
Samyël ferma les yeux, et se concentra sur son souffle régulier et calme.
-Visualise un feu, un brasier. Imagine toi sa chaleur sur ta peau, qui t'entoure de toute part. A présent, fais lui prendre la forme d'Azerioth.
La rune flamboyante apparut dans l'esprit du jeune garçon. Une goutte de sueur perla à ses tempes.
-Tend ta main, paume vers le haut. Capte les courants de magie qui t'entourent, et puises-y l'énergie nécessaire.
Samyël les sentaient, les courants de magie. Les voies des Arcanes, comme les appelaient les mages. Ils se déplaçaient sans cesse dans l'air, invisibles à l'oeil, mais qu'on pouvait ressentir avec un entraînement spécifique. Les magiciens y tiraient leur force, leurs sorts et leurs enchantements. Chaque particule de magie provenait des voies des Arcanes. Dans certaines parties du monde, elles étaient plus ou moins fortes. Ce qui expliquait certaines variations au niveau de la puissance magique que possédait chaque individu, selon qu'il venait de tel endroit ou de tel endroit.
Mais il avait beau les sentir, Samyël ne parvenait absolument pas à s'en servir, pour lancer le moindre sort qui s'apparentait à l'un des 7 Arts. Sauf pour l'Altération. Il parvenait à lancer les sorts et enchantements provenant de cette branche-ci de la magie. Ce qui étonnait fortement son maître qui n'avait jamais été confronté à pareil cas.
Samyël baissa de nouveau le bras, en secouant la tête.
-Désolé maître, je n'y arrive vraiment pas.
Rirjk se gratta la barbe, pensif. Si son jeune élève ne parvenait pas à lancer les sorts de base, ils ne pourraient pas aller plus loin dans l'apprentissage.
-Ba, finit-il par lâcher, on ne va pas te forcer... Nous nous concentrerons sur l'Altération uniquement pour le moment.
-Bien maître.
-Dis moi.. (Rirjk plissa les yeux de manière soupçonneuse avant de continuer :) Tu as fais quelque chose de particulier aujourd'hui?
Samyël leva les yeux, pour faire mine de réfléchir.
"Il va mentir", pensa son maître, qui s'était rendu compte que le jeune homme faisait fi de la vérité lorsqu'il faisait ce petit manège là.
-Hé bien, non. Je suis allé chez Silex, j'ai travaillé, comme d'habitude... Pourquoi cette question?
-Ho non, non, rien...
Mais Rirjk la voyait bien, la petite flamme qui s'était rallumée dans son regard. Cela se sentait aussi dans son parlé, plus vif et moins monocorde. Le vieil homme sourit mais ne chercha pas plus loin, c'était très bien ainsi.
Il se retourna et se dirigea vers un petit tabouret dans le fond de la pièce, où trônait un paquet entouré de linge blanc. Rirjk s'en saisit, et vacilla un peu sous le poids. Puis il revint vers son disciple et déposa son chargement sur la table qui lui faisait face. Le paquet s'écrasa dans un "clac" sonore.
-J'ai enfin reçu ça, du Continent.
-Qu'est-ce que c'est, maître?
-De longues nuits blanches pour toi, en perspectives.
Devant le regard interrogateur de son élève, Rirjk défit le linge d'un geste théâtral, révélant huit livres entassés les uns sur les autres. Sept volumes épais reliés de cuir lourd, et un petit carnet, recouvert d'un cuir plus souple, entièrement noir. Rirjk s'y appuya nonchalamment avec sur le visage le sourire radieux de l'homme content de lui.
-J'ai eu un mal fou à me les procurer. Surtout avec ses nouvelles lois sur le transport des marchandises, plus les taxes, les frais de transports, enfin, je te passe les détails.
Une certaine excitation s'empara de Samyël, alors que ses yeux parcouraient les livres posés devant lui. En plus, ils venaient du Continent! Son maître les étala devant lui, sauf le petit carnet, dont il s'empara lestement en lui disant que celui là n'était pas pour lui, et qu'il avait l'interdiction formelle d'y toucher. Samyël acquiesçait distraitement, alors qu'il touchait le cuir des couvertures. Ils avaient tous une couleur différentes, l'un vert intitulé "De l'Art d'invoquer" par Ford le Blanc; un violet intitulé "Métamorphoses de Caïm" par Caïm et qui semblait traiter d'Altération; un bleu intitulé "Les secrets de l'Enchanteur"  par Edwyck de la Tour; un orange intitulé "La Forge de Papy Marteau" par un certain "Papy Marteau" justement, et qui semblait traiter de Méta-Magie; un blanc intitulé "les Dons des Dieux" par Monseigneur de Méhorin et qui semblait traiter de la magie Divine; un rouge intitulé "Le Grand Livre des Mots (ou des Maux)" par un anonyme et qui semblait traiter de la Rhétorique des runes et enfin un marron intitulé "lorsque la foudre se déchaîne" par Baldwyck le Flamboyant et qui semblait traiter de Tellurisme.
-Et donc, poursuivait Rirjk inlassablement, ta prochaine tâche, est de lire et de retenir l'ensemble du contenu de ces ouvrages. Si tu as des questions ou si certains passages te posent problème, n'hésite pas à me questionner, je suis là pour ça après tout. Bien, à partir d'aujourd'hui, considère qu'ils t'appartiennent!

Silex s'enfonça dans la pénombre de sa forge, un immense sourire sur les lèvres.
-Par ici, par ici!, murmurait-il, comme en transe.
Samyël le suivait sans comprendre. C'était la première fois qu'il voyait son employeur comme ça.
-Ha, la voilà! Ma plus belle pièce! J'ai travaillé dessus toute la nuit, pour les finissions.. tu sais ce que c'est...
Le vieil homme s'abaissa vers l'enclume, et saisit un objet long d'environ cinquante centimètres, enveloppé dans une pièce d'étoffe. Il le caressa d'une main rêveuse, puis leva les yeux vers son employé, avant de le lui tendre.
-Tiens, prend la. Elle est pour toi!
Samyël s'en empara, non sans jeter un regard interrogateur à Silex. En palpant l'objet, il lui sembla le reconnaître, et ses yeux s'agrandirent de stupéfaction et de joie. Fébrile, il fit glisser l'étoffe le long de l'objet, révélant petit à petit la lame brillante d'une épée en acier. "Ma plus belle pièce", avait dit Silex. Il avait sûrement raison. La lame, coupante comme celle d'un rasoir, captait chaque petit éclat lumineux et semblait donc entourée d'un halo salvateur, qui soulignait la finesse du travail qui y avait été apporté. Quelques runes ainsi que l'image d'un ours redressé sur ses pattes arrières y avaient été gravées. La poignée et la garde, simples, semblaient avoir été adaptées pour sa main.  En plus d'être parfaitement équilibrée, l'arme pesait juste ce qu'il fallait.
-Pourquoi, commença Samyël, enfin je veux dire à...
-Joyeux anniversaire mon garçon!, s'écria soudainement le vieux Silex en l'empoignant par les épaules.
Et il se mit à sautiller tout autour de lui, comme un gamin heureux.
"C'était donc ça", pensa Samyël avec un sourire.
Sur le Continent, tout autant que sur Solanéa, l'anniversaire était une fête qui existait, mais que l'on ne célébrait que dans les classes élevées où l'on avait l'argent pour. Les gens issus des basses classes de la société ne le faisaient pas, ou très rarement.
Treize ans. C'était l'âge de Samyël. A présent, aux yeux du monde, c'était un homme. C'était la première fois qu'on lui offrait quelque chose pour son anniversaire. Mais, à ce moment là, serrant l'épée contre son coeur, il se promit qu'il le fêterait tous les ans.
-Alors, elle te plaît?, demanda Silex, son grand sourire ne souhaitant apparemment pas vouloir quitter son visage.
-Oui, beaucoup, elle est magnifique...
-De mon temps, dès qu'un jeune garçon atteignait l'âge de treize ans, on lui offrait une épée. Si il apprenait à s'en servir, il devenait guerrier ou soldat. S'il la cassait, il devenait magicien, ou érudit. S'il la revendait, il devenait marchand ou artisan.
-Et vous, vous l'avez revendue?
-Oui, c'est cela même.
-Et si on voulait devenir deux de ces choses là?
Silex se gratta la joue, pensif.
-Je ne me rappelle pas avoir déjà eu  à faire à pareil cas.
-Alors je serais le premier, fit Samyël avec un sourire.
Il montra du doigt les runes gravées sur la lame.
-Qu'est-ce que ça veut dire?
-C'est ton nom, enfin, d'après ton maître. Et l'ours, c'est pour que tu te souviennes de nous, finit-il, énigmatique.
Après quoi, Silex sortit deux choppes de derrière un établi, et ils burent de la bière. Sans le savoir, le vieil homme venait de développer ce qui serait le plus gros vice du garçon, l'alcool.

Cette nuit là, il reçut la visite de Rose, qui lui souhaita un bon anniversaire, à sa façon...    

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Cependant, je reste sur mon 1/chapitre semaine, pour ne pas épuiser tout le stock d'un coup^^

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La Tour du Rouge : Les Carnets du Mercenaire 7 à 10.
« Réponse #38 le: samedi 25 août 2007, 20:20:50 »
Eh bien Great Magician Samyël, ça me fait vraiment très plaisir de te voir poster l'une de tes suites que j'apprécie tant! ^^ Je sais que tu attendais une critique de ma part, et tu me connais, je n'y manquerais pour rien au monde, surtout quand il s'agit de ta chère fiction, ton cycle rougien. :)

Avant de commencer, j'ai relu le chapitre précédent pour me remettre "dans le bain", comme on dit. Et je dois dire que j'apprécie toujours autant les effets sombres et perturbants que tu as insufflé à tes lignes. Tu as l'art de savoir exprimer les sentiments et de dégager une atmosphère, aussi oppressante soit-elle, sans artifces et maints détours, c'est propre, bien amené (malgré quelques répétitions et encore et toujours des fautes, mais je ne t'en tiens pas rigueur, d'autant qu'il y en a de moins en moins.) Enfin, j'aime beaucoup ce que tu fais, petit Mage Vermeil, autant que par l'histoire, les personnages, l'ambiance que par le style, et en cela je ne te féliciterai jamais assez et ne t'encouragerai jamais assez de continuer, le plus sincèrement du monde. ^^

Dans cette nouvelle suite tant attendue (ravi que tu aies pu autant écrire pendant les vacances, tu auras le temps de trouver de meilleures idées encore :) ) j'ai retrouvé non seulement tout ce qui m'a plu, mais aussi une réelle évolution, une progression nette après le "prélude" introductif des ombres se déversant comme un flux mortel sur le Continent. Et je tiens à dire que j'ai adoré! Certes, quelques passages sont assez "torrides" si je puis m'exprimer ainsi, mais j'admire la teneur de tout l'ensemble, c'est d'une maîtrise, d'une avancée dans les effets et sentiments escomptés absolument superbes, que j'ai beaucoup apprécié et qui m'ont littéralement séduit. Et là s'insinue enfin un peu de féminité dans ce cycle de brute ( ;) ) en la personne de Rose, la découverte des sentiments amoureux, comment tu l'as retranscrite, tout en délicatesse et gradation, jusqu'au paroxysme de la passion, dans un sulfureux moment de communion... Tu as grandement réussi tout ça, vraiment, particulièrement l'ambiance féérique avant que "la magie ne s'opère"! J'ai pris grand plaisir à la lire! ^^ Peut-être est-ce un peu brutal et osé comme entrée en vigueur de la tendresse et de l'amour, surtout dans les expressions choisies, mais je trouve que ça correspond parfaitement à ton cycle et à ta manière d'écrire, moi j'ai aimé en tout cas, c'est ce qui compte à mes yeux. :)

J'ai hâte de découvrir l'évolution de Samyël, puis le véritable départ des péripéties, dangereuses et épiques! ^^ Sa formation, son apprentissage sont toujours aussi intéressants, le voir progresser, affronter les difficultés de la magie sous nos yeux est très plaisant. Et enfin, la scène du cadeau que reçoit Samyël de la part de Silex est touchante, elle m'a véritablement plu, on ne lui souhaite que du bonheur à ce petit bout d'homme! (enfin, façon de parler! Ksh! Ksh! Ksh! j'attends aussi le vrai drame moi, la vraie aventure! :niais: ).

Arf, je me suis emporté, enfin tu commences à avoir l'habitude. ( Voilà ce que c'est que d'avoir des moments de haute inspiration, je vous jure ^^") En un mot, j'aime beaucoup, continue comme ça et ne cesse pas de nous donner autant de plaisir, mister Great Magician Samyël, je ne peux que te souhaiter de poursuivre! :)

A bientôt pour la prochaine suite j'espère, un peu avant la rentrée de préférence! ^^


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« Réponse #39 le: vendredi 31 août 2007, 17:19:39 »
Hohoho, c'est le Géant en Vert :niak:
Finalement, la Kuvett que je suis temporairement aura poster un chapitre, dans ce haut lieu de connaissance des Arcanes (auto proclamé) :niak:
Le jour où Nehëmah rentre en plus, apparemment, si c'est pas merveilleux :niak:
Bref, contrairement à la coutume, pas de palabres aujourd'hui, va falloir attendre le retour du Magicien pour ça :niak:
Place au Chapitre 13, je vous assure, il n'est pas maudit, du moins, pas trop... :niak:



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Chapitre 12: Démonologie.



"L'essence des créatures, des familiers, des esprits et des animaux se déplacent le long des courant arcaniques. Pour les appeler, le conjurateur doit projeter son esprit dans les courants, afin de tisser un lien symbiotique avec l'essence souhaitée. Pour se faire, il doit [...] En récitant la formule appropriée, le conjurateur ouvre une brèche dans les Courants, permettant à l'essence de prendre forme dans notre monde [...] L'essence y restera un temps limité par les pouvoirs du conjurateur, la qualité des ingrédients utilisés pour le sort ainsi que d'autres facteurs trop compliqués pour le novice, qui ne seront donc pas expliqués dans ce présent ouvrage. (Voir "De L'art d'Invoquer vol II") [...]"
De L'art d'Invoquer, extrait.


"Comme le disait Bertram le Métamorphe, "Altérer, c'est l'art de changer le monde, en bien ou en mal" C'est pourquoi le novice doit garder à l'esprit que si l'Altération n'a de limites que l'imagination et le savoir de l'Altérant, toutes utilisations excessive du 2e Art sera sévèrement réprimandée par l'Enclave des Mages. Ci dessous, une rapide liste d'exemples tirés de l'Histoire à ne pas suivre : [...]
Afin de pouvoir changer la réalité d'un objet ou d'un être vivant, l'Altérant doit connaître le nom véritable de sa cible (il en va de même pour un être humain). L'Altération repose sur une unique formule que l'Altérant adapte au cas auquel il est confronté. Ci dessous, ladite formule et le nom véritable de quelques éléments de base que le novice pourra s'entraîner à Altérer: [...]
L'Altération de soi est plus complexe, dans le sens ou la formule diffère et où la capacité imaginative de l'Altérant est mise à contribution [...]
A noter que si l'Altérant reste trop longtemps sous une autre forme, la transformation devient irréversible [...]"

Métamorphoses de Caïm, extrait.


"-Je suis enchanté de faire votre connaissance.
-Cette nouvelle m'enchante.
Ce sont là des phrases que vous avez déjà dû entendre. Bien, mais, qu'est-ce que l'Enchantement? L'art d'être heureux? Certes non!
D'un point de vue purement rhétorique, c'est l'Art de conférer à un support quelconque un pouvoir magique, pour une durée définie.
Concrètement, c'est l'Art d'apposer une rune sur un objet ou une surface afin de lui allouer une capacité.
Par exemple, renforcer une construction en bois, rendre permanent l'affûtage d'une lame...
Et ce ne sont que deux exemples parmi des milliers de possibilités! [...]"

Les Secrets de l'Enchanteur, extrait.


"Bien le bonjour, ami lecteur Tu viens de franchir le pas de la porte de la forge de Papy! On m'a demandé de rédiger un volume pour vous révéler tous mes secrets... Il paraît que je me fais vieux! Enfin, arrêtons de bavasser, nous avons du boulot devant nous!
Vous voici au seuil d'un monde rempli de métal, de runes et de bière, enfin je veux dire de magie! Mais, savez-vous ce qu'est la Méta-Magie? C'est très simple, c'est l'Art combiné de la forge et de la magie! L'Art d'insuffler la vie à vos créations! C'est un travail harassant et épuisant, autan que vous soyez prévenus, mais les méta-mages sont parmi les plus reconnus! Alors persévérez, vous verrez, vous n'en tirerez que des avantages! [...]"

La forge de Papy Marteau, extrait


""Lorsque Moryack apparut à l'Archimage Cantalor, celui-ci ne se doutait pas qu'il allait devenir le premier maître de la discipline la plus noble de l'ensemble de l'Art.
-Soit fier, mage, lui dit le dieu, tu vas devenir le réceptacle de mon savoir, que je te charge de transmettre à tes disciples."
C'est ainsi que commence le Sermon de Moryack, qui n'est autre que le premier traité sur le 5e Art, la magie dite Divine, car enseignée originellement par le Dieu Moryack en personne.
Son but est le plus noble qui soit, protéger, et préserver la vie d'autrui. [...]"

Les dons des Dieux, extrait.


"La Rhétorique des runes est un art complexe, réservé aux initiés. Avant de pouvoir commencer l'apprentissage, le Rhéteur doit connaître une base de runes basiques, suivant ci après: [...]"
Le Grand Livre des Mots (ou des Maux), extrait.


Samyël referma le livre et se frotta les yeux, qu'il avait fatigués. Il venait de finir le dernier livre, l'esprit plein de formules, de runes, de règles, de lois et de mises en garde. Il avait plus apprit en une semaine de lecture intensive qu'en six ans d'apprentissage. Il n'avait pas tout retenu, mais une bonne partie. Décidemment, la lecture était une chose qu'il appréciait grandement. Il regrettait à présent la quasi absence d'ouvrages sur Solanéa.
Il remonta la couverture jusqu'au menton de Rose, endormie à côté de lui, et elle bougea dans son sommeil.
Il souffla la bougie, et les ténèbres emplirent l'intérieur de l'ex maison d'Henry, où il avait continué à vivre après la mort de celui-ci.
Il s'endormit rapidement.

-J'ai fini de lire les sept ouvrages, maître.
-Ha! Parfait, en plus tu tombes bien. Aide moi avec la charrue. Elle est coincée. Mets toi de cet côté et tire quand je te le dirais. Qu'en as-tu pensé?
-Pardon?
-Les livres.
-Ha. C'était très... instructif. J'ai appris pas mal de sorts aussi. Mais...
-Tire maintenant.
-... je n'arrive pas à les lancer...
-Pourquoi cela?
-Je ne sais pas. C'est comme à l'entraînement. Je sens que ça vient, mais rien n'y fait.
Rirjk s'arrêta un moment et regarda son disciple.
-C'est un problème. Il faudra bien que nous y remédions.
Samyël acquiesça mais, étrangement, au fond de lui il se doutait que se ne serait pas possible...
-Je suis appelé à Gontarion pour une affaire urgente, et Erika et Erik sont chez la vieille guérisseuse au Vallon, il semblerait qu'il ait prit froid. Enfin bref, je veux que tu t'occupes de la maison et du potager aujourd'hui. Je suis sûr que tu t'en sortiras très bien! A ce soir! N'oublie pas de préparer le repas surtout! Huhu!
-Maître, attendez!
Mais déjà Rirjk sautait sur le dos du cheval qui l'attendais et s'éloigner sur le sentier au galop. Samyël soupira mais se résigna.
Il commença par le potager, il fallait ramasser les légumes mûrs, déraciner les mauvaises herbes, arroser, retourner la terre... Il s'empara de la bêche en soupirant à nouveau. La journée risquait d'être longue...
Il finit son labeur tard dans l'après midi, Erika n'était toujours pas rentrée. Il rangea les outils dans la petite cabane prévue à cet effet. Il rentra ensuite en traînant les pieds, pensant à l'avance à ce qui l'attendais encore. Il s'assit un moment à la table, pour récupérer un peu. C'est alors que son regard fut attiré par le noir de la couverture d'un petit carnet, posé sur le manteau de la cheminé. Le mystérieux carnet venu du Continent, que son maître lui avait interdit de toucher. Il n'y fit pas attention mais commença à balayer l'intérieur de la maison.
Alors qu'il faisait les poussières sur la cheminé, il fit tombé le carnet par terre, qui s'ouvrit sur la première page. Samyël se baissa pour le ramasser mais il se stoppa lorsqu'il lu le seul mot inscrit à l'encre rouge sur la page.
"Démonologie"
Une certaine excitation s'empara de lui à cette lecture, doublée d'une peur insidieuse qu'il ne s'expliquait pas. Il ne savait même pas ce que cela voulait dire. ¨Passant outre l'interdiction de son maître, il s'en empara et s'installa sur la table. Il tourna la page d'une main hésitante. Des centaines de runes écrites en rouge s'alignèrent sous ses yeux. Les battements de son coeurs s'accélérèrent sans raison. Sans vraiment savoir pourquoi, il se mit à les lire à haute voix. Un grand froid s'empara de lui et il eu l'impression que des serres s'étaient refermées sur son coeur. Mais il continuait à lire d'une voix tremblante, comme hypnotisé. Il entendit alors des chuchotements autours de lui. Des voix sépulcrales qui répétaient de façon angoissante tout ce qu'il lisait. Ses mains commencèrent à trembler.
Et soudain, il sut qu'il n'était plus seul dans la maison.  
Il releva vivement la tête, et renversa sa chaise en hurlant. Là, dans l'ombre devant lui, une forme sombre était tapie, dont il ne distinguait que deux yeux ronds et jaunes, sans pupilles, qui ne cillaient jamais. Ils étaient fixés sur lui. Des yeux inquiétants, inhumains. Il se dégageait de la "chose" une aura d'angoisse, accentuée par la nuit tombante. Sans s'en rendre compte, il avait dû lire le carnet au moins trois bonnes heures.
Mais qu'avait-il fait?  
Pendant un instant, le temps sembla figé. Un des derniers rayons du soleil couchant traversa l'unique fenêtre de la maison. Lorsqu'il révéla la créature cachée dans l'ombre, l'estomac de Samyël se retourna et son coeur se figea.
"Dieux, je vais mourir", pensa-t-il instantanément.
La gueule du monstre s'écarta de façon grotesque, révélant un sourire démoniaque. Lorsque la pièce se retrouva plongée dans la pénombre, il commença à se mouvoir; semblant glisser sur le sol, épousant les formes des obstacles pour les franchir. Les pupilles dilatées par la peur de Samyël suivaient chacun de ses mouvements, comme si ça vie en dépendait. Ce qui était sûrement le cas. Des paroles commencèrent alors à emplirent son crâne; des mots dits dans une langue qu'il ne connaissait pas, aux accents gutturaux et sauvages. Et lorsque ces voix éclatèrent de rire, quelque chose dans son esprit céda. Son corps se relâcha et il sentit son pantalon s'humidifier. Il commença à rire nerveusement, comme un dément, tandis que ses yeux n'étaient plus que deux petits points verts entourés de blanc nervuré de rouge.
Une langue longue, pointue et baveuse vint lui lécher la joue et dans les yeux jaunes, à quelques centimètres de son visage, il vit le reflet de sa propre mort. Cela le révolta. Il sentit naître en lui un sentiment alimenté par la peur: l'envie de vivre. Son regard se posa sur la porte, à quelques pas de lui. Mais aurait-il le temps d'y parvenir?
"Vas-y", firent les voix dans son esprit.
Sans se poser de question, Samyël leur obéit. Il se releva précipitamment, et se jeta sur la porte, qu'il ouvrit brusquement. L'air frais de la nuit lui sauta au visage. Il se mit à courir comme un fou, rythmant sa course sur les battements de son coeur. Des éclats de rires démoniaques lui parvinrent, et en jetant un rapide coup d'oeil derrière lui, il vit que la chose le poursuivait, son sourire ignoble ne le quittant pas. Elle agitait sa grande langue dans tous les sens, produisant une vision de cauchemar. Samyël s'enfonça dans la forêt sans réfléchir. Instinctivement, il avait cru qu'elle lui fournirait un quelconque secours. Mais le monstre gagnait toujours du terrain, sautant d'arbre en arbre avec l'agilité d'un singe.
Soudain, Samyël se stoppa net.
Devant lui, l'étendue infinie et noire de l'océan. La falaise. Il s'était piégé lui même.
Il n'eu pas le temps d'y réfléchir davantage car les serres du monstres se refermèrent sur ses épaules, déchirant les chairs et s'enfonçant profondément. Il hurla en s'effondrant en avant. Il eu le souffle coupé lorsque la créature atterrit sur son dos. Elle riait. Elle riait aux éclats. Elle se délectait de la peur et de la souffrance de sa proie. D'une geste rapide et violent, elle le retourna sur le dos et sa langue vint de nouveau lui lécher le visage. Son sourire atroce démontrait une joie sauvage à l'idée de tuer. Elle leva l'une de ses serres et d'un mouvement vif et précis, trancha dans la chair. Samyël hurla de plus belle, la douleur ayant atteint son paroxysme. Il sentait son sang quitter son corps et former une flaque sous lui. Il voulut se débattre mais la créature était trop forte. Elle commença à lui labourer le torse, envoyant de petits bouts de chair et du sang dans les air. De l'écume rouge se forma dans la bouche du jeune homme, et ses yeux se révulsèrent. Il sentait sa fin venir. Il eu soudainement envie de dormir. Fermer les yeux, et échapper au cauchemar...
C'est alors qu'un rayon  de lumière blanche jaillit de la forêt et vint percuter le monstre. Celui hurla et partit rouler un peu plus loin. Rirjk émergea de l'ombre. Son regard était plus noir encore que la nuit et ses traits faisaient transparaître une colère sans bornes. Alors que la créature se relevait, son sourire envolé, le mage prit une pincée d'une poudre violette dans une des bourses suspendues à  sa ceinture. Il la jeta dans les airs et incanta rapidement. Dans un hurlement de rage, le monstre se précipita sur lui. Rirjk tendit le bras vers lui en terminant d'incanter. Une explosion de lumière secoua la falaise. Samyël ferma les yeux pour s'en protéger. Lorsqu'il les rouvrit il vit son maître balancer le corps calciné de la chose dans la mer avec son pied.
Ensuite, il se retourna vers son apprenti. Et son regard le cloua sur place.
-Maître, je...
Rirjk le prit par le col, et le releva d'un geste brusque. Les pieds à quelques centimètres du sol, Samyël regarda son maître avec un regard apeuré. Le poing de Rirjk s'abattit sur le visage du jeune homme en craquant, le renvoyant à terre. Samyël haleta sous le coup de la douleur générée par ses multiples blessures.
-Considère ça comme une leçon, dit Rirjk en tournant les talons.
Samyël ferma les yeux, en gardant l'image des bottes de son maître s'éloignant de lui...

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« Réponse #40 le: samedi 01 septembre 2007, 17:57:32 »
Surprise, surprise, je viens commenter ta fiction! Original n'est-ce pas? ^^

Pour commencer dans la bonne humeur : Great Magician Samyël, si tu ne réponds pas à mes commentaires, je ne vois pas pourquoi j'en ferai, moi! Tout ce temps à tapper réduit à néant, je vous jure... Je suis vexé! ><' Non, je plaisante bien entendu, je continuerai à t'encourager et à te dire ce qui m'a plu en détail, et éventuellement à souligner certains aspects qui m'ont gêné pour t'aider, même si sur ce dernier point, je n'ai pas grand chose à redire. ;)

J'éprouve toujours autant cette soif intarrisissable de suite quand je finis de lire tes écrits, c'est rageant de ne pouvoir poursuivre cette belle épopée, palpitante au possible! Mais faire attendre les lecteurs est une bonne chose, je ne dis pas le contraire, surtout quand on ressent enfin la joie de pouvoir poursuivre l'aventure aux côtés de Samyël et de son maître Rirjk. ^^
Alors, d'une part j'ai beaucoup aimé la façon introductive dont tu as commencé ce chapitre (le treizième déjà, ça passe vite! Mine de rien, ça avance, ça avance. :) ) avec ces extraits des différents livres traitant des différentes magies, tu les a excellemment découpés et présentés, en essayant de varier les styles pour que ça paraisse plus réaliste. Moi, je te l'avoue, c'est le genre de choses auxquelles je ne penserai jamais (je leur préfère de longs poèmes laborieux et décousus que je ne sais pourquoi je continue à écrire, d'ailleurs... -_-"), et j'ai apprécié. ça ne donne qu'une dimension plus réelle à ton texte, ce genre de détail compte beaucoup pour la vraissemblance et l'apparence de maîtrise de l'auteur, également (et surtout même) que pour l'immersion totale du lecteur, fasciné par tant de travail et la minutie ingénieuse, l'inventivité de l'écrivain. D'ailleurs comme je l'avais déjà dit il y a plusieurs mois, les différentes magies et les notions auxquelles elles s'appliquent sont très intéressantes, cette nouveauté concernant cet "art" maintes fois revisité est véritablement la bienvenue. ^^

Ah! Le thème de l'interdit, de la frustration et de l'apprenti qui brise l'interdiction et les secrets auxquels ils se rapportent, c'est vieux comme le monde ça! Mais toujours aussi plaisant par contre. ça fera peut-être un peu cliché, et même si on le sentait dès le chapitre précédent que Samyël allait braver les ordres du sage Rirjk, j'aime toujours autant. Encore une fois, ça n'apportera que des catastrophes, heureusement réparées et justement sanctionnées (même si c'est un peu cruel, mais il nous faut notre dose! ;) ). Les ambiances sombres et oppressantes, faire évoluer tes personnages dans une atmosphère et des circonstances particulièrement angoissantes, terrifiantes même, te sied décidément très bien, GMS, je te félicite pour ces descriptions émotionnelles en même temps que très mouvementées. J'ai adoré! Le thème du doute, de l'oscillation de la vie et de la mort, la fuite, le danger qui vous rattrappe, une notion inconnue qui vous séduit, vous hypnotise, à lauqelle vous vous frottez et qui va se révéler (presque en l'occurence, par le miraculeux sauvetage de son maître) fatale pour le curieux (comme pour La Fouine précédemment d'ailleurs ^^), les scènes de cauchemards, d'abord figées puis rapides et mortelles, tu as merveilleusement combiné tout cela, par ton style et des termes bien choisis. :)

Qu'ajouter à cela? ça sent le roussi pour notre cher mage aux cheveux écarlates, il va se prendre une bonne fessée de la part de Rirjk, et amplement méritée, je le sens!  Bon, je crois que je t'ai assez retenu comme ça, moi qui croyait que l'inspiration ne me viendrait vraiment pas pour un commentaire aujourd'hui, comme quoi... ^^' Bonne continuation, Great Magician Samyël, continue de nous émerveiller comme ça! :niais:


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« Réponse #41 le: vendredi 07 septembre 2007, 19:11:01 »
Plop ami(s? :niak:) lecteur(s? again :niak:)! Tout d'abords, bonne rentré! ^o^
Voilà pour le sujet qui fache! =D
Enfin, malgré ces sombres jours qui s'annoncent, le Magicien reste fidèle au poste, et c'est donc avec joie que je vous délivre votre chapitre Hebdomadaire =D Enjoy it!
Je tiens également à m'excuser pour vous avoir induit en erreur (enfin, pas moi, la Kuvett V_v), car le précédent chapitre n'était pas le 13, mais bien le 12 ='D (Oui, comme tu me l'avais dit, PdC, mais il est bien connu que les Kuvett sont butées en plus de ne pas etre matheuses... V_v" [/excuse pitoyable])

PdC==> Que dire, que dire face à ce commentaire :niais: J'en veux des pareils tout le temps :niais: Oui, j'avoue, j'aime écrire ce genre de scène glauque, c'est presque comme un pêcher mignon ^^" Pour ce qui est du cliché vieux comme le monde "interdit==>bravage==>juste retour des choses" je suis d'accord, mais d'un autre côté, tellement d'idées ont déjà étaient utilisées que c'est parfois difficile de faire que de l'original, d'où ce léger cliché hukhuk^^

Enfin bref, trêve de parlote, place au récit! Bon chapitre 13, le vrai, cette fois ; )


________

Chapitre 13 : Maître...


-Erika! Dis à Rirjk que j'ai ramené le bois.
Samyël déposa son fardeau à côté de la porte, et attendit une réponse.
-Erika?
Il poussa le battant du pied et jeta un rapide coup d'oeil à l'intérieur. Personne. Sans savoir pourquoi, il eu soudainement un affreux pressentiment. Il regarda tout autours de lui, mais nulles traces de son maître et de sa famille. Tout était calme. Peut être trop. Même les oiseaux ne chantaient pas.
Il mit ses mains en porte-voix:
-Maîiitre! Erriika!
L'écho de sa voix se répercuta un instant, mais toujours aucune réponse. Il rentra de nouveau à l'intérieur, pour vérifier qu'ils n'avaient pas laissé un mot à son attention. Mais aucune trace de parchemin. C'est alors qu'il remarqua que le repas était encore sur le feu, en pleine préparation. Et ça ne ressemblait pas à Erika de partir sans l'avoir finit.
Quelque chose avait été jeté dans le foyer. Samyël saisit la pince et l'en extraya. Le carnet noir. Le carnet maudit. Le coeur du jeune garçon se glaça et il le jeta loin de lui avec répugnance. En même temps, si Rirjk l'avait mis là, c'est qu'il avait eu besoin de le cacher précipitamment.  Une peur insidieuse coula dans ses veines comme un poison sournois. En regardant bien, il remarqua que tous les ingrédients magiques de son maître avaient disparus: les poudres, les herbes, et les éléments divers. La couverture du petit Erik manquait à l'appel elle aussi. Dans l'esprit de Samyël c'était à présent clair, quelque chose ne tournait pas rond. Immanquablement, son cerveau fit le rapprochement avec les événements survenus six ans auparavant. Quand son grand père avait été...
Il ressortit en vitesse, faisant tomber la pile de petit bois au passage. Sans réfléchir, il se lança comme un dément sur le sentier, courant aussi vite qu'il le pouvait. Il distingua loin en contrebas, Gontarion, et le grand navire aux voiles blanches qui y était amarré. Maintenant il en était sûr, c'était de ce bateau qu'avaient débarqués les assassins d'Henry, six ans en arrière. Et maintenant ils venaient lui prendre son maître...
-Riiirjk!!! Eriikkaa!!
Il traversa la Dent sous les regards étonnés des villageois. Eux ne semblaient n'avoir rien remarqué. C'était possible, si les assassins étaient passés par la forêt.
Toute peur envolée, Samyël ne pensait plus qu'à une chose. Sauver Rijrk, et Erika, et Erik. Sauver sa dernière famille. Tout ce qu'il lui restait.
Ses cheveux flottaient derrière lui, formant comme une traînée de feu, lui conférant. , une allure éthérée. Il coupa par les bois pour gagner du temps. Sans prêter la moindre attention aux branches et autres buissons qui lui écorchaient le visage, les mains et les jambes au passage. Il se retrouva bientôt de nouveau sur le sentier. Il sentait l'air quitter ses poumons, ses gestes devenant de plus en plus en difficiles. Il maudit sa faiblesse et puisa dans ses réserves pour continuer. Déjà il apercevait les masures de Vallon Brumeux.
C'est alors qu'une forme sombre jaillit des fourrées en bordure du  chemin et se jeta sur lui. L'impacte lui coupa le souffle et les envoya tous deux au sol, où ils roulèrent dans la poussière.
C'était Lex.
Il se positionna sur Samyël et lui attrapa les poignets pour l'immobiliser.
-Lex? Mais qu'est-ce que tu fais?!, criait Samyël en se débattant. Rirjk! Ils l'ont pris! Ils vont le tuer! Il faut aller le sauver!
-Et comment tu feras?, lui répondit le vieil homme sur le même temps. Hein? Allez, dis moi comment tu ferais pour t'en tirer contre tous ces soldats bien entraînés et armés? Tu aurais le temps de tous les tuer avec ton arc avant de te faire prendre à ton tour, pour rien au final? Où alors tu veux les combattre avec ton épée peut être? Celle dont tu ne sais même pas te servir? Non, je sais, tu vas tous les faire frire avec une boule de feu c'est ça? J'ai raison? Oublis les, ils sont déjà morts.
-Ferme là!
Samyël propulsa son genou dans l'abdomen de Lex, qui le lâcha en grognant. L'apprenti magicien en profita pour lui assener un coup de poing qui le renvoya au sol. Ainsi ils inversèrent leur position et Samyël se retrouva sur lui.
-Qu'est-ce que t'en sais? Hein?! Dis!!
Le jeune garçon hurlait, ses yeux devenus fous scrutant les lèvres de Lex en attendant une réponse. Ses poings s'écrasaient à intervalle régulier sur le visage du vieil homme qui encaissait sans pouvoir riposter.
-Tu mens! Ils ne sont pas morts! Je vais les sauver, je vais les sauver je te dis!
Les jointures de ses doigts craquèrent et du sang commença à maculer ses articulations blanchies. Il haletait, en proie à une douleur horrible. Ses récentes blessures s'étaient rouvertes suite à ses mouvements brusques, et ses bandages étaient souillés d'hémoglobine. Ses coups se firent plus lents et plus mous.
-Tu mens... Ils ne sont pas morts. Pas morts. Pas morts... Pas eux... Ce n'est pas possible, c'est un cauchemar. Je vais me réveiller.
Lex, la mâchoire brisée, le nez cassé, les lèvres explosées, sentit des larmes s'écraser sur son visage meurtri.
-Ce n'est qu'une farce, une immonde farce. Ils vont revenir, et puis on mangera, on racontera des histoires. Héhéhé. J'ai raison, n'est-ce pas?
Le vieil homme ferma les yeux, et pris le jeune garçon dans ses bras. Il se fit violence pour pouvoir murmurer  quelque chose.
"Sois fort, petit"
Samyël rejeta la tête en arrière, et hurla de toute son âme, tandis que des flots de larmes amers se répandaient sur son visage. Lex lui prit la main, et la guida vers l'une de ses poches. Les doigts de Samyël se refermèrent sur du papier. Il l'en extirpa de là et parcourut le document des yeux. Il reconnu l'écriture soignée de Rirjk. Il la lut tout en sanglotant, puis, une fois qu'il l'eu finit, il hurla de nouveau en la déchirant.  

_______

J'en profite pour vous prevenir qu'il me sera à présent difficile de tenir mon délai d'un chapitre/semaine dû d'un côté à la reprise, et de l'autre par mon engagement auprès de DH (allez y faire un tour d'ailleurs, c'est le Bien °3°)

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« Réponse #42 le: lundi 01 octobre 2007, 19:18:30 »
Je profite du bide monumental provoqué par le dernier chapitre pour embrayer sur la première partie du suivant (qui fait tout de même 4,5 pages Works :niak:).

Pas de comm'= pas  de réponses à donner, donc pas de blabla cette fois-ci, place à la lecture.


___________________

Chapitre 14 :  Mon nom est Zackary, je suis magicien. (Première Partie)


"Samyël,
si tu lis ces mots, c'est que je suis mort, où que l'on m'a emmené. Quoi qu'il en soit, voici ma dernière volonté:
Oublie nous.
Cela vaudra mieux pour toi, comme pour tous les autres. C'est mon dernier ordre, en tant que ton maître. Je sais que nous n'étions plus en très bons termes, après l'incident de la semaine dernière. Je veux que tu saches que j'en suis désolé. J'aurais voulu m'excuser, trouver ton pardon, mais ma foutue fierté m'en a empêché. Tous les mages sont comme cela, têtus et trop fiers. Ne devient pas comme nous autres. Quoi qu'il en soit, l'encre de mes mots m'aidera à exprimer ce que j'ai toujours voulu te dire depuis ce fameux jour, il y a six ans. Alors je le fais aujourd'hui. C'est peu être lâche, mais je m'en fiche, ça n'a plus d'importance désormais.
Pardonne-moi, pour tout.
J'ai essayé de prendre la relève de ton grand père au mieux de ce que je pouvais. J'espère avoir réussi, en partie du moins. Je ne sais pas si Erika et Erik auront disparus lorsque tu recevras cette lettre; cela me fait une drôle d'impression décrire cela, alors que je les regarde dormir, juste derrière moi; mais si cela devait arriver, j'aimerais que tu ériges une stèle à leur mémoire. Pas pour moi, je n'en mérite pas. Je suis probablement déjà parti en Enfer. J'ai fais beaucoup de choses dans ma vie, et j'en regrette plus de la moitié. J'aurais aimé te raconter mon histoire, même si elle n'est pas toute rose, mais quelqu'un d'autre devra s'en charger à ma place."


L'aube rougeoyante nimbait son visage d'ombres vermeilles, et faisaient flamboyer ses cheveux. Une douce brise parcourait Solanéa en murmurant doucement, veillant sur l'île qui s'éveillait petit à petit. Quelques oiseaux matinaux commençaient déjà leurs vocalises, à l'ombre bienveillante des vieux sapins, qui écoutaient attentivement, leurs racines aussi vieilles que le Continent lui même vibrant d'un plaisir lyrique.
Un papillon se posa sur sa main, et il le regarda un instant. C'était un bel insecte, avec de magnifiques ailes jaunes et blanches. Le lépidoptère remua un instant, puis reprit son envol, planant dans le vent en pilote aguerri.
Il observa son balai aérien un moment, puis reporta son attention vers le lointain, son regard englobant la totalité de cette vieille île si chère à son coeur. Il apercevait au loin les fumées blanches des fours à pains, qui montaient en panaches virevoltants dans l'air du matin. A Gontarion, l'activité avait déjà commencé, et des hommes s'affairaient à charger et décharger des bateaux, à réparer une voile, un trou dans une coque. Insouciants et souriants à la vie. A l'est, l'Océan se parait de couleurs chaudes et miroitantes, baignant l'horizon d'un halo flamboyant.

"Il y a beaucoup de choses que je n'ai pas pu t'enseigner. Mais d'autres le feront à ma place. Du moins, si l'étude des Arts t'intéresse toujours. La Citadelle Blanche, à Arendia, t'accueillera et te protégera. La magie ne doit pas disparaître; et en tant qu'un des derniers pratiquants, tu te dois de transmettre ton savoir aux générations suivantes. L'Archimage et les Maîtres Mages te formeront; j'ai confiance en toi, tu deviendras un grand mage.
N'écoute pas ce que les faibles d'esprits pourront te dire. Les Arts ne sont pas un des outils du Mal. C'est une force bénéfique, qui doit aider le peuple, et non le détruire. A cause de ton pouvoir, les gens te craindront sûrement. N'emploie pas tes sorts pour leur donner raison. N'emploie pas ta magie à faire le mal, à détruire ou à blesser. Utilise la plutôt, pour aider les personnes autour de toi, fais en une alliée de la Justice et du Bien. C'est un don des dieux. Pas une malédiction.  
Malheureusement, nous vivons une époque où être magicien est synonyme de mort. Ne montre jamais tes pouvoirs lorsque cela n'est pas strictement nécessaire, et dans tous les cas, ne les utilise jamais contre quelqu'un. Cela influencerait d'avantage l'opinion publique.
Si tu décides de garder les livres que je t'ai offerts, sois prudents, ne les montre à personne en qui tu n'as pas une confiance absolue. Ou sinon, brûle les. Sauf le carnet. Non, le feu ne lui fera rien. Ses maléfices sont insensibles à la morsure du brasier. Enterre le plutôt, ou jette le dans l'Océan. Je ne suis plus là pour te guider, mais, surtout, quoi qu'il advienne, ne l'ouvre plus tant que tu n'auras pas les connaissances nécessaires pour le manier sans risques."


Samyël se leva, et passa son sac en bandoulière, et son arc et son carquois par dessus. Son épée pendait fièrement à son côté, battant ses hanches au rythme de sa marche. Il inspira une longue goulée d'air frais en fermant les yeux.
"Dieux, comme cette île va me manquer", réalisa-t-il soudainement.
Il rouvrit les paupières et se retourna. Il balaya l'intérieure de la maison de Rirjk une dernière fois, puis il referma la porte, tout doucement, avant de la sceller par un mot de pouvoir. Il y eu un léger déclique, et Samyël eu l'impression qu'une page de sa vie venait de se tourner, alors que se fermait cette porte.
Plus de larmes; plus de regrets; plus de chagrin. Seulement de la détermination, et l'envie de vivre. De vivre pleinement, d'en profiter.
La veille, il avait enterré les ouvrages de magie dans le petit potager que Rirjk aimait entretenir. Il n'avait pas pu se résoudre à les jeter en pâture au feu. Il avait du respect pour ces reliques d'un passé glorieux et oublié.
Il avait conservé le carnet. Enveloppé dans un linge épais et fourré au fond du sac. Mais même ainsi, il sentait les émanations démoniaques qui s'en dégageaient. Samyël avait pris le minimum, quelques affaires de rechange, ses bottes, un peu de nourriture, l'argent laissé par Rirjk et une couverture.

"Les gens qui m'ont emmené, ou tué, sont les mêmes que ceux qui ont tué ton grand père; même si tu as certainement dû t'en rendre compte. N'en conçoit pas de haine. La haine obscurcie la raison, et rend un homme malheureux. Je comprends que tu puisses êtres furieux peut être même désespéré. Mais ne cherche pas à te venger, car la vengeance entraîne la vengeance, c'est un cercle sans fin. Mais si jamais tu le souhaitais vraiment -et je ne pourrais t'en blâmer-, ne te venge pas pour moi, mais fais le plutôt pour Erika et mon fils, ainsi que ton grand père.
Ton grand père... C'était un grand homme. Maintenant que je ne puis craindre ton regard, j'ai envie de me libérer d'un fardeau qui pèse sur mon coeur et mon esprit depuis six ans. Ce jour, ils n'étaient pas venus pour Henry. Ils étaient venus pour moi, et moi seul. Ton grand père s'est sacrifié afin de me sauver la vie, et par la même celle de ma femme et de notre enfant.
J'espère que tu me pardonneras. Sincèrement.
Je vais clore cette lettre ici. Tu dois sans doutes te poser moult questions. Et je souhaite que tu en trouves les réponses.
J'ai dissimulé tout l'argent que j'ai pu amasser au cour de ses six dernières année, ainsi qu'une lettre de recommandation pour l'Archimage dans le creux du vieux pin, près de la marre.
Je t'ai aimé comme un fils, au même titre qu'Erik. J'aurais voulu que tu m'appelles "père", même si ça peut paraître égoïste. Je m'en fiche. Je suis enfin libéré de mes tourments. Je peux mourir en paix à présent.
A jamais,
Rirjk"


-Je pars Grand Père.
Samyël posa sa main sur la pierre tombale qui se dressait face à l'immensité de l'océan.
-Oui, je pars. Je quitte l'île, je vais sur le Continent. Comme toi, lorsque tu étais jeune. Tu m'as dis un jour que ton histoire serait la seule que je n'entendrais jamais. Tu te trompais. Je la trouverais. Oui, je la trouverais. Et j'écrirais une geste en ton honneur. Même si cela ne te plait pas.
Il rit doucement.
-Tu vas me manquer, Grand Père. Je ne sais pas quand je pourrais venir te voir à nouveau. Mais je le ferais. C'est une promesse. Ce n'est pas un adieu, juste un au revoir. Je vais écrire mon histoire sur les pages du livre qu'on appelle Destiné. Et je te la raconterais. Celle-là, tu ne la connais pas, hein?  (Un sourire) Je deviendrais un grand mage, et je protégerais tout les autres... Non, c'est faux. Je sais que je ne le peux pas. C'est un rêve. Mais c'est si bon de rêver; je crois que c'est la plus belle chose que tu m'aies enseigné... Merci. Et au revoir.
Samyël fit glisser ses doigt le long de la pierre lisse en une ultime caresse. Sa gorge se serra mais il ne pleura pas. Il se l'était promis.
A quelques centimètres à droite de la tombe d'Henry s'élevait un petit cairn de pierre solitaire, fait de pierres empilées. Samyël mit un genoux en terre face à lui, et adressa une prière silencieuse aux dieux, afin qu'ils veillent sur Erika et Erik durant leur voyage dans l'au delà.
Puis il se releva, remonta la bretelle de son sac sur l'épaule afin que celle-ci ne le gène pas, prit une grande inspiration et enfin s'engagea sur le sentier, qui le conduirait jusqu'à Gontarion, puis de là, sur le Continent. Il marchait d'un pas sûr et brave. Il ne regarda pas une seule fois en arrière. Il n'avait pas le temps pour avoir des regrets ou du chagrin. Il avait un but, il l'accomplirait. Ses pas le menèrent tout d'abords devant la ferme de la famille de Bill. Le jeune homme était assis sur sa souche, et mangeait un quignon de pain. Lorsque Samyël s'arrêta devant lui, il releva la tête, et tendit sa nourriture  vers son ami.
-Tiens, j'ai plus faim... T'as du courage. Partir pour le Continent... D'après ce qu'on raconte, c'est l'Enfer. Mais bon, si c'est ce que tu veux... Bon vent.
Samyël sourit, prit le pain avec reconnaissance et étreignit son ami, avant de reprendre la route, sans un mot. Il traversa pour la dernière fois la Dent d'Ours. Tout le monde dormait encore. C'était sans doute mieux ainsi. Il avait l'impression de s'éclipser comme un voleur. Il se sentait vaguement honteux. Mais le vieux Silex comprendrait. Et puis Rose... Rose était intelligente, elle aussi comprendrait. Une petite vie tranquille et heureuse l'attendait ici, sur l'île du Soleil. Elle se marierait, puis élèverait ses enfants...
Samyël se mordit la lèvre inférieure. Il n'aimait pas penser à cela car ça malmenait sa détermination. Il secoua la tête et se remit en route.

-Comment va-t-il?
La vieille guérisseuse le regarda d'un oeil morne, et haussa les épaules. Elle s'écarta de lui et sortie dehors, afin d'aller remplir sa bassine d'eau au puit.
Samyël s'approcha d'un pas hésitant du lit où gisait le pauvre Lex. Il se dandinait d'un pied sur l'autre, ne sachant trop que dire. C'était de sa faute s'il était dans cet état là, après tout...
-Lex? Tu... Tu m'entends?
Le pauvre homme respirait difficilement, une respiration sifflante et irrégulière. Il ne semblait pas s'apercevoir de la présence de Samyël
-Je... Je voulais m'excuser pour ce qui s'est passé. Je regrette sincèrement... Je voulais aussi te remercier. Pour tout ce que tu as fait pour moi. Je vais faire ce que me conseille Rirjk. Je vais aller sur le Continent; et je deviendrais un grand Mage. Je te le jure!
Le silence qui s'installa, à peine troublé par les mouvements respiratoire de Lex, mit Samyël mal à l'aise.  
-Je... Je vais te laisser, tu as besoin de repos. Adieu.
Samyël n'en était pas sûr, mais, en se retournant, il avait cru apercevoir un léger sourire sur les lèvres boursouflées de Lex.
Rongé par le remord pour ce qu'il avait infligé au vieil homme, Samyël sortit.
Lex mourut trois jours plus tard de ses blessures.

Une boule se forma dans la gorge de Samyël, et ses entrailles se nouèrent. Face à lui s'étendait l'infinité du Continent, sombre, angoissant, perdu dans les brumes, et pourtant, il ne se trouvait qu'à quelques kilomètres de sa position. Il se remémora toutes les histoires qu'il avait entendues sur ce sujet, souvent funestes et terrifiantes, et la peur qu'il inspirait à son Grand Père...
Samyël secoua la tête pour chasser ces sombres pensées. Il avait pris sa décision, c'est là qu'il se rendait. Il se fit soudainement la réflexion qu'il n'avait encore jamais été aussi loin de son village. Il se retourna, et admira quelque chose qu'il n'avait encore jamais vu, Solanéa s'élevant face à lui, et non s'abaissant pour lui délivrer une vue d'ensemble de l'île. Il leva le point vers les hauteurs, dans un geste symbolique.
Puis il pénétra dans Gontarion.  
Ses premières impressions furent déception  et émerveillement.
Déception, car le port n'était pas aussi grand que ce qu'il s'imaginait. Certes il faisait près du quadruple de la Dent mais une fois dedans, on se rendait vite compte que ce n'était pas si important que ça.
Émerveillement aussi, car malgré cela, c'était un endroit bondé de gens, de bruit, d'odeurs d'iode, d'alcool, d'épices,  du cri des mouettes et de la mer.
Samyël se faisait bousculer, écarter, piétiner parfois, mais il s'en fichait. Il était grisé par la foule, et même dans ses rêves les plus fous il n'avait jamais imaginé autant de gens réunis au même endroit.
"Et je ne suis même pas sur le Continent!", pensa-t-il avec un frisson d'excitation.
Mais sa joie fut rapidement douchée lorsque deux hommes en armes, portant des tabards rouges s'approchèrent de lui et le saisirent par les épaules.  
-C'est lui?, fit le plus petit, un homme d'un certain âge portant une petite moustache gominée.
-Aucun doute, répondit l'autre, les cheveux rouges et les yeux verts. Comme il a dit.
-Mais lâchez moi!, s'exclama l'apprenti magicien en se débattant. Qui êtes vous, qu'est-ce que vous me voulez?
Ses "agresseurs" le soulevèrent du sol et commencèrent à marcher vers la sortie du port, parallèlement à la mer. Ils avançaient d'un pas tranquille et lent, comme si rien ne les pressait.
-Le seigneur Expédition désirerait vous parler, c'est pourquoi vous êtes invité dans sa demeure.
-Expédition? Qui est-ce? Je ne le connais pas!
-Certes. Il est vrai que vous venez de loin, si je puis dire. N"ayez aucune crainte, il ne vous veut aucun mal. Il souhaite juste discuter.
-Dans ce cas lâchez moi! Je crois que je suis encore capable de faire aller mes jambes moi même!
-Mille excuses.
Les deux soldats le lâchèrent et ce fut donc sous escorte que Samyël se rendit au manoir Expédition, une bâtisse de pierre, la seule de l'île, haute de deux étages mais de superficie moyenne, située un peu à l'écart de Gontarion, sur une petite colline surplombant la Mer.
-Je... Je ne savais pas que des demeures en pierre existaient. Et puis elle est si grande..., souffla Samyël avec un air admiratif.
-Vous vous y habituerais, j'en suis sûr, répondit le vieux soldat.
Ce dernier s'avança et frappa deux coups à la lourde porte de bois massif. Ils attendirent quelques instants, puis elle s'ouvrit en grand, révélant un vieil homme qui semblait les attendre sur le pas de la porte.
-Marco, ce jeune garçon est la personne que sa Seigneurerie attend.
Le dénommé Marco posa ses yeux d'aigle sur Samyël, qui le jugèrent sur place, l'examinant, le détaillant, ce qui gêna profondément le jeune homme, car en comparaison avec le luxe des habits de Marco, il semblait sortir d'un ravin crotté. Cependant, le majordome plissa le nez, mais s'écarta pour les laisser entrer. Le deuxième soldat fit signe à Samyël d'avancer, ce qu'il fit assez timidement. Ils se trouvaient dans un petit hall, sobrement mais habilement décoré de tapisseries, de portraits et de fleurs.
-Venez, fit Marco avec un claquement sec de la langue, je vous montre le chemin.
Samyël acquiesça et s'engagea à la suite du serviteur. Ils grimpèrent un escalier qui s'enroulait doucement sur lui même, franchirent deux couloirs puis Marco s'arrêta devant une porte dénuée d'ornement. Il frappa doucement.
-Qu'y a-t-il?, répondit une voix lourde et profonde de l'autre côté du battant.
-Il est là, mon Seigneur.
-Parfait, faites le entrer, et laissez nous.
Marco fit un petit signe de tête vers Samyël et ouvrit la porte. L'apprenti magicien s'avança dans la pièce, un petit cabinet meublé avec goût, et avec, sur le mur de droite, une large fenêtre donnant sur la mer qui laissait entrer un flot de soleil.
Un homme, qui semblait avoir la trentaine, mais dont la sagesse qui brillait dans son regard donnait beaucoup plus, était assis face à lui, derrière un bureau en bois. Il rédigeait une lettre, des lorgnons sur les yeux. Lorsqu'il l'eu finit, il se relut puis plia le parchemin avant de le sceller en y appliquant son sceau -Un Lion. Puis il se laissa aller en arrière sur son siège, en jouant avec sa moustache.
-Tu es Samyël n'est-ce pas?
-Que... Comment connaissez vous mon nom?
L'homme se leva, puis se dirigea vers la fenêtre.
-Rirjk m'a beaucoup parlé de toi.
-Mon maître? Vous connaissiez mon maître?
-Oui. Il soignait ma maisonnée, mais c'était avant tout un ami. Je suis désolé pour ce qui est arrivé...
Samyël baissa les yeux, préférant ne pas ressasser ces souvenirs encore trop vifs en lui. Quand il les releva, il remarqua que son interlocuteur serrait les poings fortement.
-Je n'ai rien pu faire. Ils étaient trop nombreux...
-De... De quoi parlez-vous?
-Ces hommes... Ces démons, ils étaient au courant pour Rirjk. Je ne sais pas comment ils ont appris qu'il était toujours en vie. Ils ont débarqué ici un beau matin. Ils m'ont demandé où il vivait.
-Et vous... vous le leur avait dit?, murmura Samyël, abasourdi.
-Oui. Je n'avais pas le choix. Ils étaient environ trois cents, armés et bien entraînés. Résister n'aurait servi à rien si ce n'est faire couler plus de sang que nécessaire. J'ai n'ai pu obtenir d'eux que deux choses, qu'ils accomplissent leur besogne vite, discrètement, et loin de mon île.
-Vous... Vous l'avez vendu!, s'exclama le jeune garçon en serrant les poings à son tour, de colère.
Le seigneur Expédition se tourna vers lui.
-Crois ce que tu veux. J'ai fait ce qu'il fallait, j'ai fait ce qu'il aurait voulu que je fasse. Et tu le sais tout aussi bien que moi. Trois vies ont été prises, beaucoup plus auraient pu connaître le même sort si j'avais tenté de résister. Mais je ne t'ai pas fait venir pour parler de ce tragique événement.
Il retourna s'asseoir derrière son bureau et posa ses lorgnons.
-Je suppose qu'à présent tu vas partir pour le Continent?
Samyël tremblait; mais il n'aurait su dire si c'était de rage, de dépit ou de tristesse. Il ne voulait pas parler, mais quelque chose dans l'attitude de cet homme l'y incitait.
-Oui, c'est exact.
-Bien, je ne te retiendrais pas. Je te comprends, je crois que j'aurais fait pareil si je m'étais retrouvé à ta place. Que vas-tu faire?
-Je... Je me rends à la Citadelle Blanche, pour poursuivre mes études de magie.
-Rirjk avait de bons espoirs pour toi. Il disait que tu serais sûrement amené à jouer un rôle déterminant dans la guerre qui déchire le Continent.
-Pourquoi disait-il cela?
-Je ne sais pas. Personnellement, je ne te le souhaite pas. La guerre est quelque chose d'horrible, et je parle d'expérience. Elle ne devrait pas exister. Surtout, tu devras te montrer très prudent. Tu es probablement le dernier possesseur de magie en dehors de la Citadelle. Si cela venait à se savoir, sois certain que tu aurais le monde entier à tes trousses, tant que tu n'auras pas atteint Arendia.
-Je sais tout cela.
-Fort bien, cela nous fera gagner du temps. Rirjk disait que l'un de tes rêves était de devenir chevalier à la cour.
Samyël baissa les yeux de nouveau, ne sachant trop sur quel pied danser.
-A vrai dire, je ne sais plus. Je ne sais plus où j'en suis.
-Je vois..., répondit Ferdinand en se caressant la moustache. Quoi qu'il en soit, si tu devait être amené à rencontrer le Roi, remet lui ceci de ma part.
Le Roi de Solanéa prit alors la lettre qu'il rédigeait quelques instants plus tôt et la tendit vers Samyël. Ce dernier s'en saisit avec révérence, et la plaça délicatement dans son sac.
-Tu as une belle épée.
-Merci.
-Sais-tu t'en servir?
-Malheureusement non.
-Dans ce cas tu devrais apprendre. Parfois, une bonne lame est plus efficace qu'un tour de magie, crois moi.
-Je suivrais votre conseil.
Ferdinand sourit, la première fois depuis qu'ils discutaient.
-Le bateau pour le Continent ne va pas tarder à partir. Tu devrais te dépêcher. En sortant, Marco te remettra une bourse qui contient de quoi payer ton passage. Garde le reste, il te serra utile plus tard. Non, pas besoin de me remercier. C'est un minimum pour réparer ma faute.
Ferdinand se leva alors de son siège, et s'inclina légèrement en avant.
-Jeune Maître Samyël, ce fut un plaisir de vous rencontrer. Je caresse l'idée que lors de notre prochaine rencontre, nous parlerons d'égale à égale.
Samyël fit la révérence, mais ne comprit pas le sens des dernières paroles du seigneur Expédition Il s'apprêtait à sortir de la pièce lorsque Ferdinand le rappela.
-Il y a une dernière chose que je dois te dire. L'homme qui a tué ton grand père, ainsi que Rirjk et sa famille... Il s'appelle Eratius.
"Eratius"
Ce nom se grava en lettres capitales rouges dans l'esprit de Samyël. Une lueur étrange passa dans son regard, mais il ne se retourna pas et quitta la salle en fermant derrière lui.
Marco l'attendait effectivement, un plateau d'argent dans les mains où reposait une petite bourse de cuir.
-Si monsieur veut se donner la peine...
Le jeune homme s'empara de la bourse, salua le vieux majordome d'un signe de tête, puis s'engagea dans l'escalier et sortit du manoir.

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La Tour du Rouge : Les Carnets du Mercenaire 7 à 10.
« Réponse #43 le: lundi 01 octobre 2007, 20:05:48 »
Ah, je t'avais bien dit que c'est au moment où l'on s'y attend le moins que j'apparais :niak:

Quatre chapitres d'un coup donc, de longueurs plutôt inégales. On constate que l'histoire prend une fois de plus un nouveau tournant. C'est la fin d'une période et le début d'une autre. Que dire de plus ? On meurt d'envie de lire la suite, l'action est bien préparée, et la personnalité du magicien apprenti se façonne progressivement, avec la complicité du lecteur.
Les premières amours, les interdits, l'apprentissage et le développement physique sont autant de thèmes propres à l'adolescence qui sont bien retranscrits.
Bref, je suis franchement crevé et j'ai la flemme de commenter quatre chapitres à la fois, donc je m'arrête là en espérant que ça te motive xD
Vivement le nouveau chapitre !

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« Réponse #44 le: mercredi 03 octobre 2007, 20:48:47 »
Eh bien, chose promise chose dûe, d'autant que j'en ai très envie! Tu as donc droit à un commentaire de ma part, dès à présent. ^^

La première chose que je dois de te dire, c'est que l'émotion des ces deux derniers chapitres (le premier étant trop court pour que je le commente, je l'ai relu dans la foulée ^^) m'a littéralement transoprtée, d'abord par la fureur de Samyël, fou d'une amère colère causée par la perte de Rirjk, frappant à s'en faire saigner le vieil hoimme qui l'empêche d'aller à la rencontre de son très cher maître. Que c'est triste, Rirjk me manquera tellement! Tu connais ma sensibilité, et tu ne sais à quel point je le suis pour ce genre de scène, pour des adieux déchirants, ça me fait toujours un grand effet, à la fois grandiose et mélancolique, c'est si évocateur! Du moins s'il ne s'en sort pas, on ne sait jamais, je garde dans l'espoir de revoir ce vieux têtu au fil de ton fabuleux cycle, ce serait bien dommage de le perdre maintenant, même si ça signe une rupture complète du début de l'aventure et lance enfin Samyël vers de nouveaux horizons, encore plus sombres et dangereux! :)

Aussi l'idée de la longue et triste lettre de Rirjk entrecoupée de belles descriptions m'a littéralement ravi. Tu t'es beaucoup amélioré dans ce domaine, et comme j'adore ça, tu me vois tout content et émerveillé du résultat. Les évocations à la nature m'ont particulièrement plu, tu sais y faire cher Mage Vermeil pour susciter mon admiration et arrêter chez moi une émotion vibrante! :niais:
En tout cas, le petit Samyël grandit à vue d'oeil et évolue de manière très intéressante. Les thèmes du pardon posthume de son maître, de ses dernières recommandations pressées par la mort qui vient le saisir et des adieux à sa chère île de Solanéa sont vraiment bien retranscrites. Tout fuit et se meurt sur la terre paisible de son enfance, entre Lex qui meurt, sa dernière famille qui le quitte à tout jamais, l'ultime lettre mélancolique de son bien aimé maître, et enfin la confrontation dernière avec le Roi, très intéressante par ailleurs. J'aime, j'aime et j'aime! Voilà qui résumerais bien ce que je ressens sans m'étendre sur une page tout entière (même si c'est déjà fait je le crains :) ) et sans me dissiper trop et t'assommer avec un long commentaire emphatique.

Le destin de Samyël est en marche, j'ai tellement hâte de poursuivre l'aventure à ses côtés sur le Continent! Continue à me ravir toujours autant GMS, je te suis déjà tout dévoué! Parachève ce magnifique cycle que j'aime de la plus belle des façons, par ta plume que j'affectionne tant! Voilà tout ce que je souhaite pour l'avenir, et ce sera déjà beaucoup m'accorder. :<3:


Yuan du pays de l'amûr tûjûrs